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Vampires et Rock Stars & Co - Page 11

  • 31)

     

    Mon cœur bat vite lorsque j’entends la porte d’entrer s’ouvrir suivis des pas du mac de Sky. Une colère née en moi quand je l’entends prononcer son nom, et comme un claquement de doigts, je perds mon self-control. Je sors mon flingue, retire le cran de sécurité, enclenche le silencieux et quitte ma planque en une fraction de seconde.

    Je découvre Josh, une main caressant la joue de Sky. Le peu que je vois suffit à me mettre hors de moi. L’homme qui se tient debout face à ma femme est grand, bien habillé, il possède un air sur de lui et un sourire que je vais rapidement lui faire avaler.

     

    — Sky, dans la salle de bain ! je hurle.

     

    Je vois le mac se tourner vers moi, surpris. Je constate que cet idiot est seul, ses potes doivent être déjà en train de bouffer le sol.

    Il me foudroie du regard, et lève sa main pour baffer la joue de Sky. Ma femme n’a pas le temps de reculer que la violence du geste la fait trébucher. Son corps tombe, elle se tient la joue, je peux voir une marque rouge apparaitre sur sa peau.

    La tension se fait de plus en plus présente dans le studio miteux, je sens la haine ressortir de chaque pore de ce salopard. Je n’aime pas la façon dont il regarde Sky, ni même la promesse silencieuse qu’il lui fait de se venger. Je le vois lever le pied.

     

    — SALOPE ! gueule le mac, tu te fous de ma gueule !

     

    Il s’apprête à lui donner un coup pied quand j’interviens en braquant mon arme sur sa tête.

     

    — N’essaye même pas, je le menace d’une voix tranchante.

     

    Le mac se rappelle soudain de ma présence. Il se fige en me lançant un regard outré de s’être fait aussi facilement duper, d’un côté je le comprends, les femmes savent tellement bien nous baiser. On n’est jamais méfiant, mais alors lui, je crois que c’est le type le plus débile que j’ai rencontré dans nos business. À croire qu’il ne faut pas un bac plus dix pour taper et terroriser des filles.

     

    — Alors c’est vous, le prince charmant tatoué qui pense pouvoir la sortir de là, crache Josh avec colère.

     

    Je jette un coup d’œil à ma femme qui se remet debout, la claque était violente et avec ce qu’il s’est passé ses dernières quarante-huit heures, ça ne m’étonne pas de la voir mal. Quand ce cirque sera fini, il faudra qu’elle voie un doc.

     

    — SKY ! je hurle, dégage !

     

    Elle me jette un regard apeuré que j’ignore, on n’a pas le temps pour ça. Je la tire en arrière, et enfin Sky réagit. Je l’entends faire les trois pas nécessaires pour pénétrer dans sa minuscule salle de bain, suivis du son du verrou qu’on tourne.

    Nous voilà seuls, face à face avec l’enfoiré qui a osé menacer ma femme.

     

    — C’est bien moi, mec, et tu te trompes si tu penses t’en sortir comme ça, je reprends d’un air sérieux.

     

    Le Josh secoue la tête en riant amèrement.

     

    — Mes gars vont débarquer lorsqu’ils ne me verront pas revenir, tente-t-il.

     

    Je laisse échapper un son amusé.

     

    — Tu crois sérieusement que je suis venu tout seul ? Mec, tu t’en es pris aux mauvaises personnes en faisant ton petit effet sur notre parking. T’as essayé de kidnapper deux femmes à groupe de bikers, on ne parle pas d’une dispute dans un bar, mais d’une putain d’agression.

     

    — Sky est à moi, elle bosse pour moi, elle me doit beaucoup, marmonne Josh.

     

    Mon doigt se pose sur la détente, je le regarde un instant, puis, je dévie ma trajectoire et viens coller une balle dans le genou de cet enfoiré. Le coup est étouffé par le silencieux, mais pas les cris de ce porc qui laisse échapper sa douleur en se laisser tomber sur le parquet miteux. Derrière moi, je chasse le cri de surprise de Sky.

     

    — N’ouvre pas la porte, Sky ! je lance assez fort pour qu’elle m’entende.

     

    Je m’approche du bourreau de ma femme et le regarde se tordre dans tous les sens en constatant sa plaie. Ouais, il n’aura même pas le temps de voir ce que ça donne de marcher avec une canne.

     

    — Sky, c’est ma femme, enfoirée. Elle n’appartient qu’à moi, et je ne la fous pas sur un trottoir.

     

    Je m’approche de lui alors qu’il gémit comme une fille en se tenant la jambe. Le sang commence à tacher le sol, Raccer va devoir frotter comme un dingue.

    Je le vois gémir de douleur et me supplier silencieusement du regard de l’épargner. Il croyait quoi ? Qu’on se sort aussi facilement d’un merdier pareil ? Dans quel monde il vit ?

     

    — Tu m’as tiré dessus connard ! se plaint Josh, tu vas vite le payer !

     

    Il roule sur le côté, je le vois tenter d’attraper quelque chose, très vite je comprends qu’il s’agit d’une arme. Je n’hésite pas, un deuxième coup part dans son bras, le type n’est même pas assez intelligent pour sauver sa peau.

    Un autre hurlement rempli de douleur s’échappe de sa gorge, il me foudroie du regard avec haine, et je ne bronche même pas. Ça ne me fait rien de le tuer, il n’a que ce qu’il mérite. On n’est pas un homme lorsqu’on s’en prend à une femme, on n’est rien lorsqu’on les utilise pour se remplir les poches. Ce mec ne mérite pas de vivre.

    Je reste accroupi vers lui en soupirant.

     

    — T’n’as pas le choix mec, d’habitude, on est du genre à accorder le bénéfice du doute, à cogner pour faire retenir la leçon…

     

    Mon poing atterrit dans sa tête de rat pour illustrer mes propos. Josh tombe à la renverse en crachant du sang, en plus d’être une nana, il n’a aucun savoir-vivre.

    Je marche vers lui, mon pied rencontre malheureusement son ventre, Josh se cambre en grognant. Je m’accroupis pour être à sa hauteur, ma main libre vient appuyer sur son genou pour voir l’étendue des dégâts. C’est vraiment moche, et ça semble faire super mal si je me fie au cri étouffé qu’il lance.

    Je m’essuie sur son jean de marque en le regardant attentivement. Ce n’est pas mon genre de faire durer les choses, mais au fond de moi, ça me défoule de lui en faire baver. Ce mec a cru qu’il pouvait se ne prendre à nous, à Sky, à Gina, au club sans en payer les conséquences ? Il se trompe. Cet événement a foutu en rogne l’irlandais, et ça ne m’étonnerait pas qu’il ait usé de ses talents de tireurs sur les gars d’en bas.

     

    — Malheureusement pour toi, je poursuis, t’as ramené ta gueule un peu tardivement et on n’a pas le temps de simplement te donner une leçon. De plus, je ne suis pas certains que tu comprendrais. Pas vrai ?

     

    Josh essaie de me donner un coup de pied avec sa jambe valide, mais mis à part se vautrer davantage, il ne fait rien d’autre.

     

    — Donc, t’es un problème qu’on doit régler rapidement, je continue, tu sais ce qui va se passer ?

     

    — Je vais te buter, mes gars vont te descendre d’une minute à l’autre, enrage Josh en me crachant dessus.

     

    Je le dévisage en prenant un air agacé et diverti. J’attrape sa tête en tirant sur ses cheveux pour retenir sa tête. Je vérifie que son arme est suffisamment loin pour qu’il ne puisse pas l’attraper. Aucun risque de ce côté-là. Le mec pisse tellement le sang entre sa jambe et son bras qu’il n’aurait pas la force de les utiliser.

     

    — Mec, mes frères se sont déjà occupés de tes potes à l’heure qu’il est. Comme je te l’ai dit, tu t’en es pris à la mauvaise personne. Au lieu de lâcher l’affaire avec Sky en voyant qu’elle était revenue vers moi, t’as voulu jouer, mais t’as perdu. Et ça va te couter la vie.

     

    Une part de moi est surprise de la froideur que j’affiche face à mes actes. Mais les épreuves de ces dernières années nous ont appris à se forger, à devenir plus dur et moins tendre. On ne peut pas montrer de la compassion envers des gars qui n’hésiteraient pas à retourner leur veste et aller toquer chez le FBI pour venir foutre la merde. On ne doit plus laisser de parasites autour de nous, de potentiels ennemis qui pourraient devenir des balances, pas avec les temps qui courent.

     

    — Tu ne me descendras pas, sale enfoiré, tu ne sais pas qui je suis… continue Josh dans son délire.

     

    Je pointe mon flingue contre sa tempe, il se raidit et commence à trembler comme une fillette.

     

    — Tu n’es personne et tu vas crever comme un inconnu qui cherchait la merde, comme un petit bandit qui sera rayé de la liste des délinquants dans un fichier, on ira cramer ton corps, et tu disparaitras comme la poussière. Oublie Sky mec, elle a retrouvé son mari, et je peux t’affirmer que je ne laisserais plus un taré comme toi s’en approcher.

     

    Josh se met à rire de bon cœur, je crois qu’entre la douleur et sa débilité, son cerveau n’arrive plus à lutter. Le grand blond secoue la tête en lâchant :

     

    — T’es peut-être son mari, mais moi je la baisais, et je la faisais baiser par tous les mecs pour qu’elle puisse manger, boire et se loger, t’aurais dû la voir, elle n’était qu’un putain de trou ! C’est un trou ! Une salope ! N’est-ce pas SKY ? Tu lui as dit comme t’étais une grosse pute !

     

    Mon sang ne fait qu’une tour en moi, la colère explose et la rage de l’entendre parler ainsi de la femme que j’aime décide pour moi. Je le relâche, sa tête cogne le sol, Josh rit toujours en me regardant. Il marmonne des horreurs sur Sky, et je perds patience.

    Je m’écarte d’un pas, lève mon arme à hauteur de sa tête, et sans même hésiter, je dévisage cette ordure, et tire trois coups dans sa tête. Les bruits sont toujours un peu atténués par le silencieux. Je sais qu’on n’aura pas d’emmerde avec le voisinage étant donné qu’il y a toujours du boucan dans ses quartiers malfamés, un coup de feu, ce n’est rien. Plusieurs ? Une banalité dont tout le monde se fou.

    Je reste un instant à regarder le corps sans vie de Josh, et l’espace d’une fraction de seconde, je me rends compte à quel point on a changé. Avant, on n’aurait jamais eu une telle facilité pour descendre ceux qui nous posaient problème, on aurait beaucoup pesé le pour et le contre, on aurait peut-être tenté autre chose, mais plus maintenant.

    Désormais, nous sommes pieds et poings liés dans notre milieu, où la violence et le sang sont les seules possibilités de vengeance.

    Je sors mon téléphone, compose le numéro de Klaxon que je connais par cœur et l’appelle. Le frère décroche au bout de la première sonnerie.

     

    — J’ai un autre paquet, je souffle.

     

    — OK, on en a trois autres nous. Ça a été ?

     

    Je souffle en ressentant l’envie de me fumer un truc pour détendre la tension qui règne dans mon corps à cet instant.

     

    — Ouais, plus de gueule que de courage.

     

    — Ton paquet il pisse le sang ? me demande Klax en laissant échapper un rire.

     

    J’observe la grosse tache de sang sous le corps de Josh, sa tête est dans un sale état, il est défiguré, et je commence à croire que j’aurai peut-être dû me calmer avant de presque vider mon chargeur sur lui, sans une once d’hésitation.

     

    — Ouais, et y’a pas que ça qui tache le parquet.

     

    — Tu fais chier Nir.

     

    Je me laisse aller à un rire avant de raccrocher, les gars ne devraient plus tarder à arriver pour l’emballer et le transporter à l’arrière du fourgon, direction le crématorium où on va prendre u abonnement là-bas si ça continue.

    Je range mon flingue et mon portable, puis, je me dirige vers la porte de la salle de bain et toque deux fois en murmurant :

     

    — Sky ?

     

    Ma femme ne répond, alors j’insiste avant de soupirer et de renchérir :

     

    — C’est fini, il est mort, et ses potes aussi. On en parlera plus, Josh n’existe plus, et nos secrets viennent de crever avec lui d’accord ?

     

    J’entends un reniflement, puis de quelques pas et du verrou. La porte s’ouvre, et ma tête brune se jette contre moi en laissant échapper la pression.

    Je sais qu’elle a tout entendu, je sais de quoi elle me sait capable.

    Ma femme hoche la tête, je l’attire contre moi, elle laisse échapper la pression, et depuis longtemps, j’ai la sensation d’avoir agir correctement. Notre monde, n’est plus comme celui d’avant, nous avons changé, tout a changé. Je ferme les yeux en embrassant son crâne, tout en espérant que ce type d’événement n’arrivera plus dans notre vie personnelle. On doit se retrouver plus calmement, sans emmerde.

    Si t’écoutes le karma, sache que c’est à toi de jouer, enfoiré !

     

     

    ***

     

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    — Dites donc les gars, faut pas vous faire chier, lancent Freddy avec son accent du sud.

     

    On l’aide à fourrer le dernier gars, après celui-là, il ne restera plus aucune trace de nos actes de cette nuit. On a descendu toute la bande de Josh, et on vient de passer la nuit avec Klax à aider Freddy, le gars du crématorium à bruler le corps. Il nous a remis également les cendres de Scream, on a fait une magnifique urne, sans nom qu’on disposera dans le club, derrière le bar.

    Je récupère mon souffle alors que Freddy entreprend de faire les derniers réglages. Je suis crevé, mon corps me fait mal de l’effort, ces enfoirés n’étaient pas en sucre, ils pesaient encore plus lourd une fois mort.

     

    — C’est toujours un plaisir de bosser avec toi Freddy, déclare Klaxon.

     

    Le croque-mort se met à rire en nous faisant un signe de la main. Mon meilleur pote est aussi dégueu que moi, entre la transpiration due à la chaleur du four, et le sang, on ressemble à deux mecs qui ont passé une sale nuit.

    Ça a été le cas.

     

    — Tu passes chercher les cendres demain matin ? Ça devrait être bon.

     

    — Parfait, répond Klax.

     

    Le sergent d’armes cherche sa liasse de billets dans sa poche arrière, et la fourre dans la poche de chemise de travail de Freddy. C’est une énorme liasse.

     

    — N’oublie pas, dans les WC d’un chiotte publique, y’a tellement de gens qui pissent et chient dedans que tes traces seront vite effacer, jamais chez toi, nous informe Freddy.

     

    Je comprends que ce sont des conseils que Klax doit appliquer, je sais que son taff de Sergent d’Armes l’amène à faire des actes très loin d’être catholique, mais passer un marché avec le rameur du coin semble moins risqué que découper des cadavres.

     

    — Je note, à plus tard, Freddy.

     

    Le mec tourne un bouton de son four, et un bruit sourd me fait sursauter. Bordel, j’ai hâte de rentrer pour ne plus sentir l’odeur de brûler et la chaleur. Je rêve d’une douche et d’une clope.

    Klax me fait signe qu’on y va. Il emporte avec lui, l’urne noir mat, celle de Scream. Je le suis, et nous quittons tranquillement alors que le jour se lève, le crématorium par la porte de service.

    En chemin, malgré le froid, on retire nos t-shirts dégueula.

    Je sais qu’on brulera tout une fois arrivée au MC, jean, et t-shirt. Il n’y a que nos cuirs qu’on a épargnés et qui dorment sur les sièges du pick-up de Creed.

    Klax me lance les clés pour que je conduise, je les attrape au vol et finis par demander, un brin curieux :

     

    — Tu fais quoi à ce mec pour qu’il t’apprécie autant ?

     

    Klax se laisse aller à un rire en retirant à son tour son t-shirt. Il grogne face au froid avant d’ouvrir la portière et de déclarer :

     

    — Hé bien, je m’arrange avec les Hell’s pour qu’il est quelques soirées au Pink, ainsi que quelques branches que tu fais pousser chez toi, mec.

     

    Je me fige en le foudroyant du regard.

     

    — Tu quoi ? je répète.

     

    Klax s’installe à sa place, l’air de rien. Quel con !

     

    — Tu croyais quand même pas que tu fumais autant ? J’ai toujours ta clé, mon pote, et parfois, tes quelques plans, m’arrange bien.

     

    Je monte à mon tour en lui lançant un coup dans l’épaule.

     

    — Enfoiré.

     

    — Mais de rien.

     

    Je comprends que je ne rentre vraiment pas souvent chez moi pour ne pas m’en être rendu compte avant.

     

    — Sky en a dégagé plus de la moitié, je l’informe.

     

    Klax se met à rire en jurant.

     

    — Bordel, ces nanas elles sont chiantes.

     

    Je souris, démarre le pick-up en lui lançant un regard en coin, remplis de sous-entendu.

     

    — À qui le dis-tu, je souffle.

     

     AMHELIIE

  • Epilogue


     

     

    Cinq ans plus tard…

     

     

    Le bruit des vagues m’hypnotise. Lorsque nous étions dans notre chambre, dans le sous-sol qui nous a forgé durant notre captivé, je rêvais de rencontrer de nouveau la nature. Cette sensation de liberté.

    Maintenant, je vois l’océan comme le meilleur des confidents. Il n’y a que lui qui sait ce qu’il s’est véritablement passé il y a cinq ans, il est comme une maitresse qu’on s’appliquerait à cacher aux autres.

    C’est étrange d’apprendre à vivre sereinement. C’est étrange de s’habituer à ne plus faire de cauchemar chaque nuit, de ne plus sentir cette haine intérieure nous dévorer petit à petit.

    Réapprendre à vivre à presque trente ans a été une période difficile. On a vécu notre existence entière avec de fidèles compagnons malveillants.

    Je souris en regardant Vic courir dans le sable mouillé, après un petit bout pas plus grand que trois pommes. Elle est rayonnante et jamais je n’aurais cru voir cette expression dans son visage avec autant de vivacité.

    Ses cheveux bruns sont plus longs et ondulent légèrement. Mais son sourire, il est magnifique, elle respire la joie de vivre.

    L’organe dans ma poitrine s’emballe devant cette vision, d’elle, de son corps en maillot de bains qu’elle n’hésite plus à montrer à certaines occasions, de sa joie de vivre qui se ressent. Elle sait qu’il n’y a pas de monde à cette heure-ci sur la plage où nous allons tous les jours depuis notre déménagement sur la Côte Ouest.

     

    — Monsieur Kane ?

     

    Je sors de mes pensées, et me tourne vers l’homme qui se tient debout derrière moi, il est en costume cravate, alors que nous sommes à Los Angeles et qu’il fait plus de trente degrés.

     

    — Qui le demande ? je le questionne en fronçant les sourcils.

     

    Je retire mes lunettes de soleil pour croiser le regard de l’homme suant et qui ne semble pas acclimaté à la région. Ses yeux se posent une fraction de seconde sur les marques blanches dans mon dos, avant de reporter son attention sur moi.

    Il esquisse un fin sourire, une expression que je ne connais que trop bien auprès des journalistes et des hommes bossant pour la justice.

     

    — Disons personne, d’accord ? renchérit-il.

     

    Personne.

    Ce type bosse pour quelqu’un. Ça doit être un privé pour se montrer si discret.

     

    — Qu’est-ce que vous voulez ? je l’interroge un brin méfiant, ici c’est un coin tranquille, peu de gens savent comment le trouver.

     

    L’homme s’accroupit près de moi, je jette un coup d’œil amusé, comme si me retrouver sur une plage était la chose la plus compliquée à faire.

     

    — Un certain nombre de choses. J’ai vu que vous étiez rentré il y a peu d’Europe. Ça n’a pas été facile de vous mettre la main dessus.

     

    C’était le but.

    Après l’affaire Truman, les mois qui ont suivis ont été très compliqués, alors, lorsqu’a éclaté dans la presse sa disparition et qu’une enquête a été ouverte, nous avons été placés sur la liste des suspects numéro 1. Chose normale qui ne m’a pas tellement surpris, lorsqu’un matin, une brigade est venue chez nous, avec Vic, m’interpeller.

    Je suis resté calme, et j’ai laissé faire. Je ne m’inquiétais pas, et j’ai dit aux autres de ne pas s’inquiéter non plus. Vic a été la plus traumatisée de cette période, mais j’avais prévu le coup. Trois mois après avoir tué Cooper, nous nous sommes mariés. Un truc discret, avec nos familles et nos quelques amis.

    On a fait ça par amour, mais surtout, pour se protéger mutuellement. Parce que la justice américaine est toujours aussi mal faite. On ne peut pas forcer une femme à témoigner contre son mari en cas de meurtre. De toute façon, puisqu’elle ne savait rien aux yeux des autorités, elle ne risquait rien. J’ai passé un mois en prison, en préventive avant d’être relâché. Ça n’a pas été facile de vivre de nouveau entre quatre murs, mais j’ai tenu le coup, puisque je savais qu’on ne trouverait rien. Le bateau qui a servi à transporter le corps de Cooper s’est perdu en mer et n’a jamais été retrouvé, je m’en suis assuré. Personne ne s’en est même soucié. Il n’existait rien qui prouvait ma culpabilité. Cooper a laissé une carte à sa femme et puis c’est tout.

    L’avocat de Truman était persuadé que j’avais fait en sorte de le faire disparaitre, il n’avait pas tort, sauf qu’ils n’ont jamais rien trouvé. L’enquête à conclut à une disparition, et les journaux se sont emparés de l’affaire en traitant Cooper comme un exilé de justice. Sa fuite l’a rendu coupable pour ses crimes, mais nous n’avons pas relancé l’affaire. Le jugement a été prononcé, il en est sorti non coupable, mais pas aux yeux de la société, pas après

    Aux nôtres, il a payé. Si jamais personne ne l’apprend un jour, nous le savons avec Vic, et c’est ce qui nous a permis de nous reconstruire petit à petit.

     

    — Nous sommes partis vivre en Angleterre le temps que les gens oublient l’Affaire, je réponds d’une voix ferme.

     

    Nos proches n’ont pas tellement apprécié de nous voir nous exiler de l’autre côté de l’océan Atlantique, mais nous en avions besoin. Nous avions besoin de nous retrouver, de réapprendre à vivre comme nous aurions dû le faire à notre libération. Nous sommes partis nous installer dans Yorkshire en Angleterre, dans un petit patelin tranquille où personne n’avait entendu parler de nous. Vic a repris des études par correspondances en stylisme. Elle a trop de talent pour le laisser de côté, et j’ai commencé à écrire des articles pour des journaux indépendants. Des choses simples.

    Puis on a fait des tas de trucs dingues durant trois ans, on a voyagé dans cinq pays du monde, on a vécu. Simplement, librement, selon nos envies.

     

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    Et puis, il y a eu un léger accident après une soirée un peu arrosée pour le Nouvel An en Chine, qui nous a confirmé que la vie peut être surprenante et belle. Et seigneur, comme j’ai chéri ce moment avant de sentir la panique et la joie m’envahir lorsque Vic m’a appris qu’elle était enceinte. Une seconde fois. J’ai vécu ce moment comme une bénédiction. Tout allait être différent à présent, et cet enfant, nous pouvions l’avoir, et nous l’avons eu. Une magnifique petite fille se prénommant Sasha. C’est à sa naissance que nous avons décidé que lorsque nos affaires seraient mises en ordre ici en Angleterre, nous rentrerions dans notre pays, pour que nos familles profitent de la nôtre.

    On a pris le temps, de prendre notre temps, et je ne regrette rien. Je ne regrette pas la vie que je nous ai offerte à Vic et moi. Elle méritait un ultime sacrifice, elle méritait d’avoir les mains couvertes du sang d’un bourreau qui ne méritait pas de vivre.

     

    — Oui, vous vous êtes fondus dans la masse, reprend le détective. Même en tant que journaliste, vous étiez sur des sujets plus que calmes.

     

    — Je pense que je le mérite, non ? Je rétorque avec sarcasme.

     

    Le détective s’assoie à mes côtés et se met à regarder ce que je contemple bien trop souvent. Vic s’en amuse, mais j’aime gravé au fond de ma mémoire chaque petit bout de nos vies qui se déroulent sous nos yeux, pour pouvoir m’en rappeler plus tard, lorsque ça n’ira pas.

     

    — Vous savez pourquoi je suis ici.

     

    — J’ai cru comprendre que vous êtes un privé, c’est la première fois depuis notre retour que nous en croisons un.

     

    Mais oui, je sais pourquoi il est ici, mais je reste sur mes positions, l’océan m’est fidèle.

     

    — On m’a payé pour retrouver Monsieur Truman…

     

    Je me tourne pour le dévisager, ses yeux marron deviennent sombres.

     

    — Sauf que je ne le retrouverai jamais n’est-ce pas ?

     

    Je ne réponds rien et me contente de remettre mes lunettes de soleil. Ce dernier ne tape pas encore fort, il faut dire qu’il commence à se faire tard. Il descend pour se coucher à l’horizon, offrant un spectacle des plus merveilleux. Il sera bientôt remplacé par la Lune, et elle aussi m’est fidèle. La nuit ne m’effraie plus comme avant, pourtant, c’est bien dans la nuit que j’ai commis le pire acte qu’un homme puisse faire de sa main.

    Mais ça aussi, j’ai appris à vivre avec.

     

    — On dit que le crime parfait n’existe pas, lâche le privé, pourtant, il se pourrait que ce ne soit plus le cas. J’ai lu le rapport d’enquête, c’est impressionnant comme la police à trouver tous les éléments permettant de les envoyer sur la piste de la fuite.

     

    — Les journaux ont dit que Truman avait disparu. Combien de criminels coupables fuient le pays qui l’accuse vers un autre qui ne l’extraderait pas, j’explique.

     

    J’ai peut-être quitté le monde du journalisme criminel pour les faits divers sans importance, j’en ai encore de bons restes.

     

    — Hypothèse qui se tient. Mais sa fille pense le contraire.

     

    Je regarde Vic attraper notre fille, et la soulever dans ses bras pour la faire tournoyer. Sasha a un an et demi, elle marche à peine, mais elle sourit autant que sa mère. À vrai dire, on se demande si c’est bien la mienne et si Vic ne l’a pas fait toute seule tellement elle lui ressemble. Ses yeux, son sourire, ses cheveux, il n’y a que dans ses mimiques que je m’y retrouve, mais j’aime ça, voir sa mère à chaque fois que je la regarde. J’aime ma fille comme j’aurais aimé mon fils et comme je l’aime à chaque fois que j’y pense. Être parent a été la boucle finale à notre reconstruction. Ça n’a pas été facile de revivre ça, mais nous l’avons vécu différemment.

     

    — Parfois, l’ignorance est ce qu’il y a de mieux à supporter, je souffle.

     

    Je sens le regard rempli de compassion et de curiosité du privé. Il acquiesce en lâchant simplement :

     

    — La justice n’a pas été tendre avec vous,

     

    — La justice n’a que le nom de juste parfois, je réponds.

     

    Et elle ne l’a pas été avec nous. Certains pensent que faire justice soi-même est mal, je suis d’accord, c’est mal, mais lorsqu’on ne fait rien pour penser nos plaies, lorsque les salops s’en sortent, l’humain a besoin de trouver sa rédemption dans quelque chose. Il doit agir lui-même. Et je ne regrette rien. Quand je vois ma fille, et quand je pense aux moments où elle me parlera des monstres sous son lit, j’aurais la certitude qu’il y en a un de moins.

     

    — Qu’est-ce que vous comptez dire à sa fille ? je finis par demander au bout d’un moment.

     

    Le privé cesse de regarder Vic et Sasha jouer dans l’eau.

     

    — Je continuerai mes recherches avant de classer l’affaire, certaines personnes ont les moyens de disparaitre et Monsieur Truman les avait. Dans trente ans, peut-être que nous obtiendrons la vérité.

     

    — Peut-être pas.

     

    Le détective sourit en se relevant.

     

    — Vous auriez fait un excellent avocat, Monsieur Kane. Vous êtes une tombe.

     

    Je ne réponds rien, si certaines choses ont changé, je ne suis pas redevenu bavard avec les inconnus. Ma relation avec mes parents s’est améliorée, ma sœur s’est mariée avec Parker et ils ont eu un petit garçon il y a quatre ans. Elijah est un brillant avocat qui collectionne les filles, mais il finira par se calmer.

    Nos vies ont repris leur cours, il l’a fallu, et il était temps.

     

    — Profitez de la vie, vous le méritez, fini par déclarer le privé avant de s’en aller.

     

    Je ne réagis pas, à quoi bon, il ne pourra rien prouver et il l’a lui-même compris, s’il s’attendait à ce que je lui fasse des aveux, il est bien stupide.

    Certaines choses sont mortes et enterrées pour toujours.

    Vic se tourne vers moi, notre fille dans les bras, elle me lance un sourire radieux, sa voix résonne :

     

    — Reag, tu viens ?

     

    Toujours.

     

    — J’arrive, je lance en me levant.

     

    Je pose mes lunettes de soleil sur la serviette de plage, et marche dans le sable encore chaud. Une fois à hauteur de Vic, je glisse un bras autour de sa taille et embrasse le haut de son crâne.

    Elle se love contre moi, et ma fille en fait tout autant en réclamant mes bras.

    J’aime son odeur, j’aime tout chez cette femme mais surtout, je l’aime elle, d’un amour indescriptible. Comme je lui dis souvent, il est douloureux de t’aimer, mais tant que je l’aime, le reste ne compte pas. Rien n’a été simple, nous avons côtoyé le pire, mais dans la douleur, nous avons réussi à construire quelque chose. Ce n’est pas parfait, notre amour peut être jugé étrange ou incompréhensible, mais qu’importe.

    Je sais qui est Vic, ce qu’elle m’apporte. Elle m’a sauvé et m’a ressuscité. Elle est comme l’ange de mon cœur qui chasse les démons et ramène la paix.

    Jamais je ne serai devenu l’homme que je suis, si mon chemin n’avait pas croisé le sien. Et à trente-trois ans, j’ai compris que la vie pouvait être enfin belle, avec elle.

     

     

     Amheliie

     

    Fin

  • Criminals Dark, Epilogue

     

     

    Red

    EPILOGUE

    La vie de Famille

     

     

     

    Trois ans plus tard…

     

     

     

    — « Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais : “Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu’il préfère ? Est-ce qu’il collectionne les papillons ? »[1]

     

    — Papa, est-ce que tu collectionnes les papillons ?

     

    Je souris en glissant le marque-page dans le vieux livre abimé. Je pose ce dernier sur la table de chevet et me tourne vers ma fille, cette petite curieuse qui ne peut jamais s’empêcher de poser des questions.

     

    — Non ma puce, je collectionne autre chose, je réponds d’une voix amusée.

     

    Les culottes à ta mère par exemple. Tes dessins, les gueules apeurées des futurs agents fédéraux, les photos des leurs bizutages. Je collectionne des tas de choses futiles, mais pas de papillons.

    Maddy me dévisage, ma réponse semble l’intriguer, j’aime ce regard suspicieux qui ne lui va pas pour son âge, mais que je trouve adorable.

     

    — Et quel jeu tu préfères ? m’interroge ma fille.

     

    — Ceux avec ta mère, je réponds, en prenant ce regard même regardent.

     

    — Oui, mais lesquels ? insiste Maddy en me faisant son sourire qui lui fait battre des paupières.

     

    — Ceux pour les grands.

     

    Ma fille soupire, elle prend un air ronchon qui amuserait le pire des glaçons, même son oncle Tyler en rit.

    Je tente de la prendre dans mes bras, mais ma fille me fuit, en m’échappant à l’autre bout du lit.

     

    — Hé, c’est qui l’Agent du FBI dans cette pièce et qui doit poser les questions, comme « Maddy, est-ce que tu t’es lavé les dents ? ».

     

    — Maman, me répond Maddy en croisant les bras.

     

    Sale gosse.

    Je ris, Maddy fait semblant de bouder, je le sais, parce qu’elle a le même rictus aux coins de ses lèvres lorsqu’elle essaie de se retenir de rire. Je le trouve adorable.

    Mon regard se pose affectueusement sur cette petite tête blonde, elle a trois ans maintenant, et elle me rend complètement gaga. Je suis fan de ma gamine, de toutes ces petites choses qu’elle est et qu’elle m’apporte.

    La journée, elle est à l’école, le matin c’est moi qui l’amène avant d’aller à Quantico pour gérer nos classes. Le soir, je rentre pour la chercher. Je la ramène à la maison, on discute de sa journée, elle me raconte des trucs que seul un gamin de trois ans comprend l’importance. Des choses que nous les adultes, nous prenons trop à la légère. On se dispute pour savoir lequel de nous deux aura le dernier cookie, puis on part jouer. Avoir une fille nous apprend à foutre sa virilité et sa fierté de côté. J’ai accepté de me faire maquillé et coiffé pour l’amuser, de jouer à la maitresse, et au supermarché.

    Je me rappelle d’un soir, pendant que je faisais à manger et que Maddy colorier sur le plan de travail, J’avais ramené des évaluations à corriger, quand ma fille, me les a montrés toutes coloriés en disant « moi aussi je suis une maitresse ». Je me souviendrais toujours de la tête des élèves lorsque je leur ai rendu leur copie. Oui, l’Agent Red Calvagh, l’enfoiré qui vous fait courir en short en janvier, qui te hurle dessus pour te mettre la pression et qui n’hésite pas à organiser des séances en immersion avec des agents du SWATT pour les faires flippé quand ils deviennent trop chiants.

     

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    Je ne pensais pas que regarder quatre fois dans la même journée La Reines des Neiges 2, et l’entendre chanter faux m’amuserait autant.

    J’aime passer tout ce temps avec elle, en tête à tête. Je ne regrette pas d’avoir lâché le terrain pour aller former les futurs Agents. Ça me permet de vivre tous ces moments avec Maddy, la voir grandir, être présent pour elle me semble le plus important. J’ai fait mon temps en tant qu’acteur au sein de notre institution. Je préfère savourer les petites choses, m’occuper de ma famille, et ne pas me lever le matin en me disant « est-ce que je serais là ce soir pour croiser de nouveau le regard gris de Maddy ? ».

    Tempe est beaucoup présente aussi, elle aime ça, avoir sa famille, elle arrive mieux que moi à jongler avec son statut d’Agent et son rôle de mère. Je crois que c’est un truc de femme, pouvoir faire plusieurs choses à la fois, et les faire bien.

    En ce moment, Tempérance a énormément de boulot, elle est sur une affaire de cyberterrorisme contre plusieurs industries, elle rentre tard, et passe plusieurs jours de repos au bureau avec sa partenaire, une nana charmante, l’Agent Helen Ward. J’ai été content de voir que c’était une femme qui allait me remplacer, une part de moi n’aurait pas aimé que ce soit un homme.

     

    — Et toi, tu préfères quel jeu ? je finis par demander à Maddy.

     

    — Ceux avec Maman.

     

    — C’est vrai ce mensonge ? je la taquine.

     

    Je me mets à lui chatouiller les pieds, elle rit en secouant la tête. Puis, pour me faire m’arrêter, elle revient vers moi, et me grimpe dessus pour me faire un câlin. Je la laisse faire, cette gamine sait me mener par le bout du nez quand elle veut, et quand je peux me le permettre, je la laisse faire.

    Ses petites mains se posent sur mes joues, elle prend un air sérieux en me demandant de sa douce voix :

     

    — Papa ?

     

    — Oui ma puce.

     

    L’organe dans ma poitrine fait un bond lorsque j’entends ce mot sortir de sa bouche. Après la lutte que nous avons eue avec Tempérance pour la garder, lorsqu’elle est née à la fin de l’année 2016, j’ai vu mon monde changé. Notre vie a été bouleversée par son arrivée. L’accouchement s’est bien passé, je pensais que me prendre une balle était douloureux, je n’avais pas pensé que se faire écraser la main par une femme qui donne la vie était pire. Le plus dur a été de garder son sérieux alors que je me faisais incendier de toutes les façons possibles durant près de treize longues heures. C’était une journée fabuleuse. Le retour à la maison aussi avec Tempérance surtout s’est bien passé. Ma miss Amérique avait vraiment peur de ne pas s’y attacher, de ne pas être ce genre de mère qui ferait tout pour sa fille. Elle avait tort. Même si elle n’est pas aussi présente que moi à la maison, quand elle est avec Maddy, plus rien d’autre ne compte. Elle éteint son portable, et le monde pourrait s’écrouler qu’elle s’en ficherait. Lorsqu’elles sont toutes les deux, j’ai l’impression d’avoir obtenu une huitième merveille du monde à la maison. Car oui, on a déménagé en banlieue entrent Washington et Quantico pour fuir la ville et se partager les trajets.

    Alors certes, notre famille ne ressemble peut-être pas aux autres familles conventionnelles, mais qu’importent, la nôtre nous plait.

     

    — Tu peux me faire un bisou et partir ? Je suis fatiguée et j’aimerai dormir.

     

    J’éclate de rire.

    Ça s’appelle se faire virer de la chambre de sa fille avec classe.

    Je glisse Maddy sous sa couverture rose, et rajoute le plaid Olaf sur elle en me levant de son lit.

     

    — Dors trésor, il n’y a personne sous ton lit.

     

    — Demain on ira à l’école ?

     

    — Oui.

     

    — Toi aussi ?

     

    Je souris.

     

    — Oui, j’irais à l’école.

     

    — Sois sage, déclare-t-elle en fermant les yeux.

     

    — Toi aussi, je murmure en embrassant son front.

     

    Je la regarde un instant encore, elle tient fermement son doudou affreux que son oncle Topher lui a acheté. Une sorte de poupée vaudou immonde. Maddy ne la quitte jamais.

    J’éteins la lumière et active sa veilleuse avant de quitter sa chambre et de descendre à l’étage inférieur. La maison que nous avons achetée est grande sans trop l’être, c’est un mix de décoration entre une enfant de trois ans, et deux adultes ayant des goûts totalement différents. La dernière marche grince toujours, et ça m’amuse de savoir que personne ne pourra entrer ou sortir sans que je ne le sache.

    Trois ans ont passé depuis ma dernière affaire en tant qu’Agent du FBI sur le terrain. J’ai formé dix classes, soit près cent-cinq agents du FBI réparti dans tout le pays. Certains seront des hommes et des femmes d’exception, capable de faire beaucoup de choses. D’autres seront des casse-cous dont les supérieurs ne supporteront pas leurs présences. Si je pensais m’ennuyer et couler des jours heureux à l’Académie, je me trompais. Former les futurs Agents est un job épuisant et très enrichissant, transmettre son savoir est quelque chose que je ne pensais pas aimer à ce point. Je n’ai aucune pédagogie, les autres Agents Profs ne m’aiment pas plus que ça, mais les personnes, assises en face de moi la journée, elles, elles semblent apprécier ce côté décalé.

    Je regagne le salon, ou une table pour deux est dressée depuis une bonne heure, lorsque je vois quelqu’un assis.

    Je ne l’ai pas entendu rentrer.

     

    — Elle dort enfin ? me demande une voix familière.

     

    Tempérance est là. Elle m’a pourtant envoyé un message pour me dire qu’elle serait en retard, visiblement, elle a fait vite.

    Mon ancienne partenaire se lève, je me rapproche, mes bras encerclent sa taille, je me penche vers ses lèvres rouges et l’embrasse fiévreusement. Tempe répond à mon baiser en souriant. La tension monte rapidement, ne plus se voir tous les jours, tout le temps, n’a fait que booster notre complicité et cette alchimie entre nous.

    Elle finit par s’écarter, un sourire tentateur sur son visage, une lueur qui en dit long dans son regard et qui promet une nuit sympa.

     

    — Joyeuse Saint Valentin, Agent Calvagh.

     

    — Toi aussi, je réponds en l’embrassant de nouveau.

     

    Ses pouces glissent sur le côté de mes yeux, là où des petites rides se sont formées.

     

    — Tu serais sexy avec des lunettes, constate ma partenaire en souriant.

     

    — Dis que je suis un vieux ! je proteste.

     

    J’ai quarante-quatre ans, pas soixante.

    Tempérance se lève de sa chaise, elle me fait signe de me reculer un peu et monte sur mes jambes.

     

    — Vieux mais toujours sexy.

     

    Ses bras encerclent mon cou, elle sent contre son entre jambes, mon érection qui prend de plus en plus de place dans mon jean en sa présence.

    Je la dévisage un instant, ses cheveux sont plus courts, mais toujours aussi blonds. Son expression est moins stricte et plus douce, la trentaine lui va à ravir.

     

    — J’ai un cadeau pour toi, déclare-t-elle en fouillant dans la poche de son jean slim, tu te rappelles d’une conversation que nous avons eue, il y a quelques années ?

     

    — On en a eu beaucoup des conversations, toi et moi.

     

    Des bonnes et des mauvaises, des drôles et des tendus, des compliqués et des amusées. Six ans avec elle, et il faudrait que je me souvienne d’une conversation en particulier ? Elle me demande la lune.

     

    — Mais celle-ci, elle aurait pu jouer un rôle décisif dans nos vies.

     

    Je me fige, intrigué par ce qui va venir, je n’arrive pas à voir ce qu’elle sous-entend, alors j’attends que Tempérance me le dise, tout simplement.

    Elle me montre une petite photo carrée en noir et blanc. Mes yeux s’écarquillent lorsque je la vois, je comprends ce que c’est. Il y en a quelques dans l’album de naissance de Maddy.

     

     

    Tempérance sourit de plus belle en constant que je suis sous le choc, mais très heureux. La joie doit se lire sur mon visage alors que je comprends que je vais être de nouveau papa. Nous sommes en février 2019, et comme elle me l’avait promis, sa promesse a tenu.

     

    — Tu trouvais que ma poitrine avait grossi, et je te disais non. Mais si je te disais qu’un petit Red Calvagh viendrait troubler nos nuits en juillet, qu’est-ce que tu me dirais ?

     

    — Je te dirais que tu as tenu ta promesse, je réponds en la saisissant par les hanches.

     

    Je nous pose à l’autre bout de la table, je me glisse entre ses jambes, mes mains sont déjà sur l’ouverture de son jean.

     

    — Hé doucement ! rit Tempérance.

     

    — Je suis très heureux, Silver, sincèrement. Et je t’aime.

     

    Je me penche vers elle, ma bouche capture la sienne alors que nos mains commencent à retirer la surcharge de vêtements. Ma chemise s’en va, la sienne aussi. Il fait chaud dans le salon, la cheminé diffuse la chaleur nécessaire pour ne pas frissonner le cul à l’air.

     

    — Et qu’est-ce que tu as dit à Cooperman ? je demande contre ses lèvres.

     

    — Je lui ai dit que j’allais devoir calmer le terrain pour quelques mois.

     

    — Et qu’est-ce qu’elle t’a répondu ?

     

    — Elle a souri en me disant que j’avais de la chance d’avoir un compagnon présent pour se lever la nuit.

     

    La garce.

    Je dégrafe son soutien-gorge, ces deux petits seins pointent dans ma direction, je m’attaque à son jean que je retire en même temps que son string. Elle se retrouve nue, face à moi, et bon sang comme j’ai envie d’elle. Savoir qu’elle est enceinte de nouveau me réjouit, et emplis ma fierté de mâle.

     

    — Tempérance Silver, tu ne veux toujours pas m’épouser ? je la questionne.

     

    Elle se mord la lèvre en m’attrapant du bout des doigts mon menton rasé pour m’attirer contre sa bouche.

     

    — Non, mais dis-moi encore que tu m’aimes, que tu es content, et montre-le moi sur la table, qu’on fête dignement cette Saint-Valentin.

     

    Je baisse ma fermeture éclair et mon jean avant de grimper sur elle, et la table du salon. Je vais lui montrer tout ça et pas seulement une fois.

    Nous allons faire ce que nous avons toujours aimé faire, lutter l’un contre l’autre, que ce soit sur le terrain ou dans le privée, pour ensuite succomber, et tout simplement, s’aimer.

     

     

    FIN

     

     AMHELIIE

     

    [1] : Extrait du PETITE PRINCE d’Antoine Saint-Exupéry