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Fucking Love

  • Fucking Love #2 - For You - Epilogue

    Epilogue

    Demon

     

     

    Tu n’es qu’un monstre. Un putain de monstre.

    Mon cerveau se déconnecte lorsque j’ouvre la porte de ma salle de bain. Je m’approche de la baignoire, ouvre les deux robinets. De la vapeur commence à se former. Je m’assois sur le rebord, je dévisage la lettre froissée. Les quelques mots me révélant une abominable réalité.

    Je sais qu’ils sont vrais. Que ce n’est pas inventé.

    Parce que ça m’a toujours hanté. C’était la fois de trop, celle qui m’a bousillé et marqué au fer rouge.

    Ce n’était pas faux, c’était réel, tout était réel.

    Je suis un putain de monstre.

    Je froisse la lettre, il a réussi. On n’échappe pas tous à la justice et si nous n’avons pas plongé avec lui, il a réussi à me punir.

    Il sait comment je fonctionne, à quel point je suis électrique et rongé par mes démons. Il a allumé l’étincelle de ma folie, celle qui était endormie par ce semblant de stabilité qu’était ma vie.

    Avant que le passé ne revienne, avant que Dereck Cole n’arrive avec ces emmerdes. Avant que je ne plonge dans cette enquête, avant que je remue cette merde. Nos emmerdes.

    J’avais payé le prix pour ma liberté, mais c’était éphémère comparé à ce que j’ai fait.

    Je suis un monstre.

    Je ne mérite pas ce que j’ai, je ne mérite pas les gens qui m’entourent. La vie que j’ai.

    Je sors le briquet de la poche de mon jean, je relis une dernière fois ces mots, ceux venant signer ma sentence, celle que j’ai toujours redoutée lorsque je pensais à mon passé.

    La limite était tellement floue.

    Tu es comme moi, un monstre et si tu ne paieras jamais, où moins, je te hanterais.

    Je n’hésite pas. J’allume mon zippo avant de passer la flamme dessous. Le papier disparait petit à petit, je regarde l’unique preuve de ma cruauté disparaitre. Je laisse le dernier bout de papier brûler mes doigts, il tombe sur le sol sans un bruit.

    Je dévisage le vide, je ne réfléchis plus. Je me lève vers mon armoire, saisie ce dont j’ai besoin, et retourne près de la baignoire.

    Je n’hésite pas, pas un seul instant, je sais ce que je dois faire, ce que j’aurais dû avoir le courage de réaliser pour le bien de tous, il y a des années.

    Je m’allonge dedans, je ne prête pas attention à l’eau brûlante qui fait hurler ma peau, je n’enlève pas mes vêtements.

    Je veux souffrir. Je veux que cette douleur marque mon esprit avant la prochaine. La vapeur se fait de plus en plus présente dans la pièce, je transpire, j’ai mal, et j’aime ça.

    Je suis un monstre. Je l’ai toujours été, ce mal m’a toujours possédé. Il m’a fait basculer dans la drogue, dans la violence, dans le porno trash pour ma dose.

    J’ai aimé ça, j’ai terriblement aimé ça. Me venger de mes propres démons sur les autres. Même si je ne ressentais rien, même s’ils le voulaient, j’exorcisais.

    Je suis détraqué, brisé et humilié. J’ai eu beau faire croire que tout aller bien, ce n’était qu’un masque. Je n’irai jamais bien.

    Cette fois-ci, Archer ne pourra pas me sauver. Il n’a jamais pu. Mon âme est tellement pourrie.

    Je suis un monstre, il me l’a confirmé aujourd’hui.

    Je regarde la lame de rasoir entre mes doigts, elle brille au reflet de la lumière. J’en ai utilisé sur des gars chez SHADOW pour les couper, je sais quelle est la sensation d’une peau qu’on ouvre pour faire pisser le sang, la pression qu’on ne doit pas exercer pour ne pas ouvrir les veines. Je l’ai déjà fait sur moi. Je connais cette douleur, elle m’a plu.

    Sauf qu’aujourd’hui, elle n’aura pas le même but que d’ordinaire.

    Je suis un monstre, et je ne mérite pas de vivre.

    Aujourd’hui, je vais mourir.

    Je ferme les yeux, je suis vide de l’intérieur, je ne ressens plus rien de bon si ce n’est l’envie d’en finir.

    La mort est douce comparé à la vie.

    J’appuie mon avant-bras en parti tatoué sur le rebord de la baignoire, j’approche le métal tranchant. Lorsque j’enfonce la lame la première fois dans ma chair, la douleur me foudroie avec violence. Ça brûle, c’est une sensation horrible. Je tranche ma peau si profondément qu’on peut voir les veines que je romps.

    Ma poitrine monte et descend avec rapidité, mon bras me fait atrocement mal, il me lance, me pique. J’ai l’impression de sentir mon cœur meurtri dans ma plaie.

    Le sang fait un drôle de bruit lorsqu’il coule à flots dans l’eau.

    Je perds la tête, j’oublie la douleur, je m’ouvre, encore et encore, laissant échapper ce liquide rouge qui me maintient en vie. Je sens venir la libération.

    Ma respiration déraille, l’air me manque sous l’afflux de la douleur, mais ça ne m’arrête pas.

    Je m’entaille encore, m’ouvrant les avant-bras jusqu’à ce que la lame m’échappe. Les plaies sont immondes, mais elles ont leur effet. Je meurs, lentement, et j’en bande. Je suis en train de me mutiler et je suis excité.

    Je suis fou, un monstre, une abomination.

    Un gémissement m’échappe quand je laisse tomber mes deux bras dans l’eau brûlante.

    L’eau devient rouge et trouble, je me laisse aller, je ne résiste pas. J’attends que la mort vienne. Ma tête s’appuie contre le mur froid, il n’y a que le bruit de ma respiration et de l’eau qui continue de couler dans la baignoire pleine.

    Je fixe le sang qui se disperse, j’en ai tellement fait couler à l’époque où j’étais à Miami.

    Je suis un monstre, et dans sa lettre, Battle me l’a prouvé.

    Mon corps s’engourdit, je commence à trembler, mes bras me font mal, mais ça ne me fait plus rien au fond de moi.

    Mes idées s’embrouillent. Des flashs de ma misérable existence me parviennent.

    À qui je pourrais manquer ? Personne, même pas Archer s’il apprenait la vérité. Qu’il l’apprenne et cesse de croire qu’on peut me sauver.

    Je suis un monstre et les monstres méritent de mourir.

    La mort ne me fait plus peur depuis longtemps, c’est la vie qui me terrifie et l’horreur que je suis capable d’accomplir.

    La dernière pensée qui me traverse l’esprit avant que je ne sombre est pour Archer. Il ne comprendra pas, il m’en voudra, me détestera, mais c’est mieux ainsi. Je suis soulagé de le libérer de notre histoire qui n’était qu’un fardeau, une impossibilité, une utopie. Elle n’aurait pas dû commencer et maintenant, elle ne se poursuivra jamais.

     

     

    A suivre…

  • Fucking Love #2 - For You- Chapitre 20

    Chapitre 20

    Dereck

     

    Février

    Un mois plus tard.

     

     

    Je crois que c’est l’un des films les plus excitants que nous ayons tourné jusqu’à maintenant. Je suis en train de remercier le mec qui a eu l’idée folle de créer du chocolat. Bordel, il n’y a rien de plus sexy que de voir son partenaire laisser courir sa langue sur mon torse.

    L’ambiance de la pièce de tournage et les décors ont des allures de Saint Valentin. Ça rend très bien, l’effet tamisé, la légère musique d’ambiance et ce scénario des plus érotique.

    Rien que la scène d’intro du film était sexy. Découvrir Jax a moitié nue dans le lit en train de se caresser c’était une vision des plus plaisante, mais me retrouver sous lui, à la merci de ses mains et de sa bouche, je pourrais subir ce sort éternellement.

    Mon cœur bat vite, ma respiration est en vrac alors que Jax dessine une trainée de chocolat vers mon aine. Sa langue glisse à son tour sur ma peau, le contact de velours me fait frissonner. Mon sexe bandé n’attend que la suite. J’écarte les cuisses sans m’en rendre compte, Jax sourit contre moi, sa main remonte le long de ma jambe, son regard croise le mien. Une tension palpable nous habite.

     

    — Qu’est-ce que tu veux Dereck ? m’interroge Jax en frôlant mon érection.

     

    Toi. Encore. Comme ce matin, mais devant les caméras cette fois-ci.

    Bordel ce matin, je l’ai réveillé de la même façon, ma langue sur sa queue, j’ai observé Jax sortir du sommeil en gémissant sous mes assauts. J’ai cru défaillir quand il m’a demandé de le prendre avec sa voix ensommeillée encore. C’était vraiment tendre et passionné. De quoi bien commencé la journée. Et si Jax se laisse totalement aller dans l’intimité, au boulot, mis à part le Gentlemen’s club et notre live, l’acteur attend le bon moment pour ça. Et peut-être que ça n’arrivera jamais et ça m’irait aussi. J’aime ne pas partager ça avec les autres.

     

    — Ta bouche, je réponds d’une voix rauque.

     

    Il se penche pour embrasser l’intérieur de ma cuisse, je me demande quel goût aura sa bouche après le sexe. Un mélange étonnant avec le chocolat qui me fait jurer d’impatience. 

     

    — Et ensuite ?

     

    Bordel.

     

    — Ensuite, je déclare en respirant plus vite, je veux tes doigts en moi, ta langue sur mon sexe.

     

    — Et ?

     

    Jax lèche sa main pour l’humidifier, cette vision me fait toujours le même effet.

     

    — Toi.

     

    — Un programme des plus divertissants.

     

    Et le soulagement arrive enfin. Jax saisit ma verge dans son poing, ma main agrippe ses cheveux par réflexe, j’ai tellement envie de ça. Après plus de dix minutes à supporter la torture de ses gestes et de sa bouche sur mon corps pour m’exciter et donner aux caméras, j’ai enfin ses lèvres sur moi. Ces dernières sucent mon gland, sa langue me taquine, des spasmes de plaisir m’inondent. Je savoure ce contact chaud et plaisant. Jax prend son temps. Il redécouvre ma queue qu’il connait par cœur déjà. J’aime toujours le voir faire ça. Jax y met un certain talent à l’œuvre, on voit qu’il s’est perfectionné pour le boulot, mais avec moi, ça prend des allures plus intimes. C’est lent, excitant, rageant et provocant. Il sait m’amener au bord du gouffre.

    Jax bouge son poing en même temps que ses va et vient avec sa bouche. Sa prise est ferme, comme ses assauts avec sa langue qui taquine ma veine et mon gland.

    J’ai à peine le temps de savourer la chaleur de sa bouche, le mouvement de cette dernière sur moi, que Jax s’écarte.

    Un râle frustré m’échappe, mais très vite, il est remplacé par un gémissement d’impatience.

     

    — Oh bordel, je jure.

     

    Jax saisit la bouteille de chocolat liquide et sans hésiter, il en déverse une giclée sur ma queue tendue vers lui. Le contact presque froid sur moi me fait frissonner. Jax sourit, satisfait avant de se remettre au travail. Sa main reprend ma queue, et sa langue entreprend de nettoyer ma verge. La vision de son muscle allant et venant sur mon membre me rend dingue. Je la vois bouger, lécher et taquiner mon érection lentement, en poussant des gémissements appréciateurs.

    Bordel de merde, je ne vais pas tenir.

     

    — Jax… je murmure.

     

    Mon amant termine de savourer. Sa langue lape un restant de chocolat avec les quelques gouttes de liquide pré séminal qui s’échappe de mon gland. Je manque de jouir sur le champ en le voyant faire.

     

    — Ton goût mélangé au reste, mec c’est…

     

    Je cède. Une de mes jambes s’appuie sur son épaule, ma main le guide vers mon sexe tendu, et Jax reprend sa torture brûlante.

    Mes hanches remuent d’elles-mêmes dans sa bouche, Jax me laisse le baiser. Je m’enfonce en lui régulièrement, ses lèvres m’emprisonnent divinement bien. Il exerce différentes pressions, et je fais de même. J’ai besoin de ça, de m’engouffrer en lui, de le sentir m’entourer. Jax suce tellement bien que c’est l’une des choses que je préfère faire avec lui.

     

    — Jax ! je gémis quand ses doigts trouvent l’entrée de mon cul et s’y enfoncent.

     

    Mes yeux se ferment, je bouge plus vite. Sa langue me lèche de temps à autre, ma queue devient plus que sensible sous toutes ses stimulations. On s’active avec frénésie durant de longues minutes. Ma main tire les cheveux de Jax. J’ai besoin de jouir, besoin de plus. La sensation de ses doigts bougeant en moi, ma queue qui baise sa bouche, ses lèvres qui me sucent. Le mix est des plus excitants.

    Au moment où je me sens proche du gouffre, Jax le ressent aussi. Ses doigts effleurent ma prostate et m’arrachent une plainte des plus significatives. Je ne simule pas, et tout le monde comprend que si le tournage veut se poursuivre, ils ont plutôt intérêt à tout stopper.

    Et c’est ce que Scarlett fait.

     

    — Et coupez ! Merci les garçons.

     

    Comment briser le charme.

    Jax s’arrête immédiatement, je ne m’empêche pas d’exprimer ma frustration. J’avais envie de plus. De ne pas tourner un film scénarisé et que ce soit une improvisation filmée. J’aime tellement ça avec Jax, c’est beaucoup moins frustrant.

    Mon amant se redresse, je reste figé sur le lit, le corps tremblant d’excitation. Jax me surplombe, il m’écrase et j’ai enfin réponse à ma question. Quand sa bouche m’embrasse et que sa langue joue avec la mienne, je découvre ce goût bien spécial du sexe. Le baiser ne dure qu’un instant, j’ai à peine le temps de plaquer Jax contre moi pour profiter de l’étreinte qu’il s’écarte à nouveau. Son souffle me fait frissonner quand il murmure à mon oreille :

     

    — Je te promets que t’auras dix fois plus sous la douche et cette nuit.

     

    Le son de l’appareil photo en action résonne. Cette promesse me parait bien lointaine.

     

    — Tu auras ma langue de nouveau sur ta queue, mes doigts en toi, et… moi. Je te laisserai m’avoir comme tu veux.

     

    Comme ce matin.

    Je repousse mon amant qui m’allume ouvertement sur les draps blancs en partie recouverts de chocolat. Je me redresse pour chercher du regard notre boss. Scarlett est derrière la caméra principale, elle échange quelques conseils avec Leila.

     

    — Scarlett, on fait ce que tu veux, mais s’il te plait, rapidement.

     

    La belle blonde sourit, elle croise les bras sur sa chemise sexy en me jetant un regard des plus amusés. L’ambiance dans la pièce est chargée en humour et tension sexuelle. Personne n’ose imaginer le plus de délire que c’est de se faire littéralement lécher le corps par son amant. La bouffe et le sexe sont deux choses qui me rendent dingue et accroc. C’était tout simplement jouissif, surtout quand on a moyen d’observer Jax sa main autour de ma queue, ses lèvres à peine tâchées de chocolat me suçant.

    Le paradis bordel.

     

    — On devrait peut-être tourner la suite maintenant. Je crois que jouer avec le chocolat est en train de faire fondre les neurones de notre Australien.

     

    Ma réalisatrice se moque ouvertement de moi. Elle a raison, quand j’ai lu la suite du scénario, mes yeux se sont écarquillés de surprise. L’idée d’imaginer Jax me lécher le dos tout en s’enfonçant en moi me provoque des courts circuits. Ça me rappelle toujours une de nos meilleures scènes, celle dans la cuisine, avec le pot de miel.

     

    — Scar… je jure.

     

    Je crois qu’elle a enfin pitié de moi. Un rire la gagne et j’obtiens quelques instants de soulagement.

     

    — Pause de quinze minutes, me répond-t-elle, mais Dereck…

     

    J’ai compris.

    J’entends plusieurs rires derrière nous. Elle n’a pas le temps de finir que je sors du lit au centre de la pièce et tire Jax. On traverse la pièce, je l’entraine dans le couloir, vers notre loge désormais, avec les nouveaux arrivants, on a décidé de n’avoir qu’une seule pièce. C’est super pratique. Mon partenaire dit quelque chose, mais je ne l’entends pas, à vrai dire je suis concentré sur mon objectif : poursuivre ce qu’on a commencé, prendre du plaisir sans y succomber. C’est totalement sadique, mais incroyablement bon. Très pratique pour ne pas faire retomber la pression.

     

    — Tu vas enfin connaitre le boulot d’un Fluffleur, je déclare en le plaquant contre la porte.

     

    — On était à poil devant au moins dix candidats, Dereck, m’informe Jax.

     

    Je bande un peu plus à cette révélation. Je ne les ai même pas calculés. Je voulais juste profiter encore d’un instant supplémentaire, ne pas attendre pour qu’il me touche et ne pas avoir à entendre Scarlett nous dire « vous allez trop loin hors caméras ». Les inconvénients du job.

     

    — Bordel, ça va être encore plus compliqué de ne pas jouir maintenant après cette confession, je murmure en léchant son cou.

     

    Je me penche vers son oreille, nos deux torses se frottent l’un contre l’autre, nos verges bandées aussi. Jax frissonne et glisse ses bras autour de mes épaules en ondulant légèrement du bassin.

    Mes mains gravitent sur son torse musclé, j’ai du mal à me dire encore que cet homme est à moi.

     

    — Dereck…

     

    — J’ai envie de toi bordel. Encore. Même après ce matin, j’ai envie de toi.

     

    Je remercie le ciel de ne plus être chez SHADOWS ou un autre label ou le sexe en dehors des tournages étaient moins régulier : normal, il faut « concentrer » sa queue pour la performance, avec Scarlett, on a le droit d’avoir une vie sexuelle en dehors du studio.

    Je lui présente ma main, mon amant la lèche pour la mouiller, le contact de sa langue me fait jurer. Il laisse trainer sa salive et l’instant d’après, ma main se referme sur sa queue. Jax soupire de plaisir, nos visages se frôlent, je commence à bouger. Mon pouce taquine son gland, j’apprécie le contact dur et l’imagine très bien s’enfoncer en moi tout à l’heure. L’impatience me noue l’estomac.

     

    — Ne joue pas trop, murmure Jax.

     

    — Juste un peu.

     

    Je bouge un peu plus rapidement, Jax frisonne en ondulant des hanches pour raffermir la pression de mon poing sur lui. Sa queue durcie d’avantages entre mes doigts.

     

    — Tu ne sais pas t’arrêter, gémit mon partenaire. Ça va déraper.

     

    Je le ferais, mais je veux juste lui faire ressentir ce que je ressens à cet instant. L’excitation presque douloureuse. Le plaisir qui monte crescendo.

     

    — Si nous étions à la maison, je commence.

     

    — Dereck…

     

    Je bouge toujours plus vite, j’alterne le mouvement de mon poing. Je maintiens Jax contre la porte. Je bande comme un dingue de le sentir perdre de pied sous mes assauts.

     

    — Je t’allongerai sur le sol, je me mettrais sur toi, ma queue finirait dans ta bouche, et la tienne ferait de même. Je pourrai taquiner ton cul, et m’enfoncer en toi comme tu me l’as promis. Seigneur j’en ai tellement envie. De t’avoir encore, de t’avoir toujours.

     

    Sa tête tombe dans mon cou.

     

    — Plus vite, me demande-t-il en remuant des hanches.

     

    Je serre sa queue sensible, je le masturbe plus violemment, des gémissements gagnent notre loge. Je ne ralentis pas la cadence, je la rends folle. Et quand je sens mon amant se contracter, prêt à jouir, je le lâche.

    Jax jure en souriant contre ma peau.

     

    — C’est de bonne guerre. Mais j’aurai détesté jouer avec un fluffler, c’est bien trop frustrant, murmure-t-il.

     

    Frustrant, mais excitant. On va revenir sur le plateau avec une tension sexuelle des plus intenses. Ça va donner à la caméra un visuel passionnant.

     

    — On y retourne ? me rappelle Jax.

     

    — On y retourne, je confirme.

     

    Bon sang, je suis à fleur de peau, excité comme un dingue, j’espère que Scarlett ne nous fera pas faire dix mille pauses.

    On sort du couloir, toujours autant à poil, et effectivement, on voit une partie de la salle d’attende d’où nous sommes, certains regards n’hésitent pas à nous lorgner, et mon état d’esprit ne peut s’empêcher de la ramener.

     

    — Ce mec est à moi les gars, vous voyez l’érection que je me trimballe, c’est grâce à Jaxson Summers ! Quel dommage que vous n’en profitiez jamais !

     

    — Dereck !

     

    J’éclate de rire en regardant mon partenaire prendre des couleurs face à ma confession et à l’énorme érection que j’affiche sans honte en traversant le couloir pour rejoindre le premier studio. Je marque mon territoire auprès des nouvelles recrues. Je ne partage pas avec des inconnus, plus maintenant, pas quand je suis à ce point dingue de lui. Ma raison ne supporterait pas vraiment, même si ma queue penserait le contraire, j’ai compris qu’il y avait certaines tentations qui ne pouvaient pas être atteintes en compagnie de n’importe qui.

    Et pour l’instant, tant que c’est nouveau pour tout le monde, je préfère rappeler que Jaxson Summers n’est plus un cœur à prendre. Il reste peut-être le Gay For You le plus sexy de Los Angeles, il reste le mien. À moi seul.

     

    ***

     

    Première virée sur la plage de l’année, le froid se fait remplacer petit à petit par une chaleur apaisante. Mon deuxième hiver à Los Angeles et il n’a presque rien à envier à celui australien. J’ai définitivement emménagé chez Jax, maintenant, c’est notre appartement, et c’est tout simplement génial.

    Je n’aurai jamais cru vivre ça, devenir à ce point responsable et stable. Je partage mon quotidien entre un amant et l’éducation d’une petite fille. Beaucoup de nouveauté pour un mec qui ne pensait pas s’occuper d’une famille. Pourtant, c’est ce que j’ai. J’ai réussi à décrocher le jackpot en tournant des films de culs.

    Je suis heureux et serein pour la première fois de ma vie en dix ans, depuis mon départ d’Australie, je connais une forme de paix. Je n’ai pas peur de demain comme l’avenir pouvait m’effrayer.

    Je sors de mes pensées quand une petite main froide quitte la mienne et qu’une voix d’enfant résonne :

     

    — Dereck, est-ce qu’on peut la faire courir ? me demande Sage en me tendant le bâton.

     

    Je souris en acceptant le « jouet ». Je n’hésite pas, je lance très loin le bout de bois et deux flèches courent devant nous. Sage, et notre nouveau compagnon : Nyx, une magnifique Beagle marron et blanche. Derrière arrivé à l’appartement.

     

    — Nyx, attends-moi ! hurle Sage en courant.

     

    — Je n’en reviens pas que tu lui as pris un chien Dereck, m’engueule Jax d’une voix amusée.

     

    Je me tourne vers mon amant, il marche à la limite de la zone d’échouage des vagues. Il est tellement sexy avec son cuir sur l’épaule, ses converses et ses lunettes de soleil sur le nez. Je m’approche de lui, mon bras entoure ses hanches, je le rapproche de moi. Jax se laisse faire en souriant, il n’y a quasiment personne à cette heure sur la plage.

     

    — On voulait un chien avec Sage. Deux voies contre une. En plus tu l’adores.

     

    Jax acquiesce en prenant un air résigné.

     

    — Qu’est-ce que tu ne me ferais pas faire ?

     

    Quelques choses encore. Même si les meilleurs, on les partage déjà, il reste des péripéties qu’on n’a encore jamais approchées. Dont une qui n’est pas seulement un fantasme, mais un désir qui nait de plus en plus, comme la continuité de quelque chose. Ce ne sera pas pour maintenant, mais j’ose espérer un jour.

    C’est bien une idée qui ne m’avait jamais traversé l’esprit avant.

     

    — M’épouser, je déclare en riant, trop de stabilité pour le juge.

     

    Jax se fige face à ma remarque, il ne rit pas, non, il prend un air conspirateur et provocant qui me fait tout de suite bander. Mon partenaire me rapproche de lui, nos corps se frôlent, la tension augmente entre nous et ce qui sort de sa bouche me surprend.

     

    — Tu es si certain de ça ?

     

    Mes yeux s’écarquillent de surprise. Je retire ses lunettes de soleil.

     

    — Jax…

     

    Mon compagnon me surprend de nouveau en me faisant tomber dans le sable d’une prise simple. Mon corps encaisse le choc. Jax s’agenouille entre mes jambes, il sourit fièrement en essayant m’immobiliser totalement. Je me débats pour l’emmerder, ça nous fait rire. On entend Sage se « battre » avec Nyx pour que notre petite chienne se laisse faire.

     

    — Redemande-moi ça dans quelque temps, et tu verras.

     

    Il se penche pour m’embrasser, mais je le stoppe en posant une main sur son torse. Mon esprit a besoin de deux minutes là.

    Jax vient de dire ça.

    Tu verras ?

     

    — Jax ! Tu m’as demandé de te demander de…

     

    Il me fait taire à nouveau en m’embrassant. Je le laisse faire, un baiser simple et totalement chaste qui a des allures de moquerie.

     

    — Tu verras, Dereck.

     

    — Bordel…

     

    — On essaie plus, me rappelle-t-il.

     

    Nos regards ne se quittent pas, je plonge dans le sien, m’y noie encore. J’y lis des tas de choses, dont la sincérité et l’engagement définitif. Finis les peurs, place à la passion.

     

    — Papa ! Dereck ! Nyx elle fait caca dans le sable ! s’offusque Sage.

     

    On éclate de rire. Je sens qu’on ne va pas s’ennuyer ses prochains mois. Entre notre famille, le quotidien et les projets au studio, tout me semble désormais stable et rassurant. Même si l’enquête de Vinz plane toujours entre nous à cause de Demon qui vient de rentrer, je suis serein.

     

    — C’est vraiment ce que tu veux ? me demande mon amant.

     

    — C’est tout ce que je veux. Toi, nous, elle.

     

    Je l’embrasse à nouveau. Il sourit, je me demande si le bonheur ne ressemble pas à ça.

    Ça l’est.

     

    — Je suis foutu, tu ne t’en souviens pas ?

     

    Jax acquiesce en souriant, il prend cet air prometteur qui me séduit toujours.

     

    — Et moi je suis fou de toi, on fait un bon partenariat.

     

    Mon cœur vrille sous cette confession qu’il murmure parfois dans l’obscurité, à l’ombre des regards et dans la plus stricte intimité. Quelques fois, Jax me surprend à l’avouer en plein tournage et c’est juste exceptionnel. Ça me rend dingue et j’ai envie de tellement plus. Nos tournages ne font qu’augmenter en intensité, et j’ai cru halluciner l’autre jour en participant au montage d’un film promotionnel pour la première diffusion de FUCKING BOYS sur une chaine télévisée. Ce n’est plus simplement du jeu entre nous.

    On rit de nouveau en se retrouvant dans le sable mouillé, je n’ai pas le temps de prévenir Jax que la nouvelle vague nous trempe à moitié. L’eau fraiche nous fait nous relever d’un bon, Sage se moque de nous, Nyx se met à aboyer.

    Jax me fait une réflexion amusée et on termine de nouveau dans l’océan calme et plutôt frais à se tremper comme deux gamins qui découvrent encore et toujours, leur complicité.

    Je suis tombé amoureux d’un homme exceptionnel, comme un fou, dans un milieu qui ne s’y prêterait pas. Je suis dingue d’un homme trop bon pour moi, mais qui m’aime malgré mes erreurs et mon passé.

    Je chéris chaque instant, et je remercie le ciel que nos chemins se soient croisés, car malgré l’adversité et le regard des caméras, j’ai appris qu’il était possible de construire un « nous » quelque part. On forge le nôtre, ensemble, et c’est parfaitement imparfait, mais tant que ça nous appartient, le reste m’importe. Jaxson Howard, l’hétéro des caméras de films pornos est à moi, et je suis à lui. Que demander de plus quand on obtient une famille ? Rien, car il n’y a pas plus beau scénario que de succomber à l’aventure intense des sentiments. Surtout des nôtres. Surtout quand on serait capable de tout… juste pour toi.

     

  • Fucking Love #2 - For You - Chapitre 19

    Chapitre 19

    Jax

     

     

    Janvier

     

    Deux semaines plus tard.

     

     

    Après des vacances fantastiques malgré le plâtre de Sage, revenir à la réalité n’a pas été simple. Les parents de Dereck sont formidables, ils m’ont donné l’impression de faire partie entièrement de la famille. Notre séjour là-bas a été des plus intenses. Je ne suis pas habitué à tout ça et Sage non plus, mais les Cole sont comme Dereck : entier. Il n’y avait aucune raison de ne pas nous accepter puisque nous étions le quotidien et l’autre partie de la vie de leur fils. Sa mère n’a pas cessé de me poser des questions, elle est tendre et maternelle. Le genre de femme qui me fait penser à Scarlett en plus… simple. Moins pin-up. Taylor Cole a pris soin de Sage et nous a libéré quelques heures à plusieurs reprises pour que mon amant me traine dans la ville qui la vue grandir.

    Dereck m’a montré des tas de choses. Les coins les plus célèbres de Sydney, ceux plus personnels. C’étaient des moments hors du temps. Je les ai chéris comme jamais. Partir en Australie avec Dereck, c’était clore la découverte de cet homme secret.

    Ces vacances nous ont énormément rapprochés. Rien que ma décision de le laisser entrer dans nos vies de nouveau était un grand pas. Je n’attendais rien, j’espérais un peu, mais je voulais voir si Dereck serait suffisamment fou pour vouloir suivre ma cadence. Il voulait qu’on y aille à mon rythme, et mon rythme m’a poussé à désirer qu’on avance.

    Toutes ces histoires m’ont montré que rien n’est certain, il suffit d’une ombre pour que l’obscurité revienne. On a suffisamment perdu de temps durant ces mois de doute, certes justifiés, mais qui au final, nous ont mené à l’inévitable : nous.

    Dereck emménage petit à petit. Sage est ravie, elle ne cesse d’en parler. C’est concret désormais, ce n’est plus provisoire, dans l’attente de « et si » qui ne viendront peut-être jamais. Ils sont là, ça continue de me faire flipper et en même temps, ça me procure tellement de bonheur que je refoule cette peur. Dereck n’est pas Bell. Nous sommes des adultes qui ont fait le choix d’être semble, malgré tout un tas d’obstacle, malgré le regard des autres, malgré l’adversité et la nouveauté. C’est ainsi. Comme toutes les étoiles dans ce putain de ciel et l’amour que je porte à ma fille. Je suis tombé amoureux d’un homme alors que je n’étais pas prédestiné à ça. J’ai eu le cœur brisé par une femme qui se recolle petit à petit à côté d’un mec extraordinaire.

    J’ai de la chance qu’il soit là, dans chacun des combats que nous avons à mener depuis notre rencontre, Dereck est cette ancre solide sur laquelle je peux m’appuyer.

    Et il sera là ce soir, quand je rentrerai pour lui annoncer le verdict du juge. Celui qui est tombé il y a vingt minutes à peine.

    Nos existences viennent encore de changer.

     

    — J’imagine que tu dois être satisfait ?

     

    Je sors de mes pensées en voyant Bell se ternir devant moi. Je me suis isolé dans le parc en face du palais de justice pour prendre l’air et me faire à cette idée.

    Apparemment, on semble enfin avoir un point en commun avec Bell : la surprise mêlée à la déception.

     

    — Pas vraiment, je soupire, et toi ?

     

    Bell hausse les épaules, son visage féminin est marqué par les doutes, on dirait qu’elle est au bord de l’explosion. Je la comprends. Tant de pression pour tout ça…

    Mon ex s’assied à mes côtés. Je ne dis rien, j’attends que Bell ne rompe ce silence qu’elle est déjà venue briser. Je n’ai plus rien à dire de ce côté-là. Cette histoire a une clôture, peut-être pas celle que j’aurai souhaité dans mon orgueil, mais elle semble… juste.

     

    — On s’est livré bataille pour finalement perdre tous les deux.

     

    Un sourire amusé me gagne. Le destin aura eu raison de nous. Le juge a décidé de ne pas prendre parti. Apparemment, ça s’est joué aux derniers moments.

     

    — Je te remercie de ne pas avoir utilisé l’incident avec Sage pour faire pencher la balance, poursuit Bell, gênée. James n’a pas cessé de me dire que ça aurait pu jouer en ta faveur. Tu as été très… compréhensif.

     

    Je me tourne pour lui faire face, la mère de ma fille culpabilise encore. Jamais elle n’apprendra que ce n’est pas elle, la responsable. Je n’ai pas assez confiance en elle pour lui parler de l’affaire de Vinz. Mais cette frayeur lui a permis de redescendre sur Terre, Bell s’est rendu compte qu’elle pouvait perdre sa fille. Qu’un enfant n’était pas qu’un simple objet. Que l’éducation n’était pas une distraction. Elle a tout à apprendre encore, mais ma fille a besoin d’elle. Ça me tue de le reconnaitre, mais je l’ai vu. Au cours de ces dernières semaines, après notre périple en Australie, Sage voulait partager du temps avec Bell. Je ne pouvais pas aller contre ses désirs. Qui suis-je pour la priver de sa mère au final ? Je serai devenu un monstre. Je l’ai compris au travers de ma fille, lorsqu’elle me parlait de Bell, de ce qu’elle faisait pour elle. Des souvenirs qu’elles tentaient de partager ensemble pour se construire une relation qui n’avait jamais pu éclore.

    Chacun mérite une seconde chance, aussi compliqué que ça soit de l’admettre, le jugement ne me dérange plus. Il est juste et offre beaucoup de possibilités. Il va me permettre de lâcher les rênes et apprendre à Bell à se comporter comme une mère. C’est Sage notre priorité. Mes désirs n’ont pas leur place.

     

    — Je ne l’aurai jamais fait Bell. Je n’ai pas changé à ce point, je jure. La colère parlait pour moi ce jour-là.

     

    L’ambiance entre nous devient plus tendue, mais pas de manière brusque, non, il règne une certaine… mélancolie entre nous, assis, sur ce banc.

     

    — Non, c’est vrai, tu es toujours le même.

     

    En plus âgé et en différent quand même.

    Je soupire en pensant à tout ça. L’Australie m’a permis de faire le point, et j’ai l’impression d’avoir pris quelques années en y réfléchissant.

    J’avance, dans chaque cheminement de mon existence, et il était temps de le faire.

     

    — Je ne sais pas si je te pardonnerai un jour pour ce que tu as fait à notre famille, je murmure, mais je peux avancer, parce qu’il est hors de question que Sage continue de grandir dans cette situation. On ne peut pas se déchirer Bell, pas pour notre fille. Ça ne veut pas dire que je te pardonne ni que je n’oublie, encore moins que je te fasse confiance. Mais je veux croire que tu seras enfin la mère que Sage mérite même si la méfiance que j’ai à ton égard n’a pas de limites. Tu es sa mère, je n’ai pas le droit de t’en priver, tout comme tu n’avais pas à vouloir me la prendre. Nous devons être adultes, mais surtout des parents, ensemble.

     

    Je ne peux pas la rayer définitivement de ma vie, je dois faire avec son retour. Et pour notre fille, je préférerai que nous ne nous détestions pas.

     

    — Même si ça te coûte.

     

    — Même si ça me coûte, je confirme, sans la quitter des yeux. J’espère que tu penseras la même chose. Après tout, tu n’as peut-être pas obtenu la garde de Sage, mais tu l’auras un week-end sur deux, un soir par semaine et la moitié des vacances scolaires. Je ne voulais que tu n’aies rien du tout au départ. Mais j’accepte que tu puisses avoir tout ça.

     

    Le regard clair de Bell s’humidifie, et mon cœur vrille en la voyant. Je la trouve enfin, cette parcelle qui s’allume en elle, celle qui me rappelle une femme que j’ai tellement aimée. Comme un fou, à m’en damner et à faire n’importe quoi pour la garder. J’étais jeune et vraiment naïf de croire que tout pourrait aller. La vie m’a appris que ça n’était pas si simple. Et après un rapide détour dans le monde du porno pour m’apprendre des tas de choses me concernant, après six ans à élever un enfant, je commence à me trouver un peu sage.

     

    — Je suis désolée, Jaxson, pour ce que je t’ai dit, s’excuse soudainement Bell.

     

    Elle essuie quelques larmes traitresses aux coins de ses yeux.

     

    — Je sais pourquoi je suis tombée amoureuse de toi quand nous avions seize ans. Et je ne te déteste pas d’être avec un… homme. Tu as raison, je suis égoïste et maintenant que j’ai obtenu en partie ce que je voulais, je relâche la pression. Je suis désolée, répète Bell.

     

    La femme parfaite et imbuvable que j’ai côtoyée depuis des mois se brise petit à petit. Pour la première fois, je n’ai pas l’impression que ça ne soit pas sincère, même si je reste sur mes gardes, même si Bell lève enfin un masque, j’apprécie de la voir redescendre de son nuage.

     

    — Mon mari fait croire qu’il comprend, mais en vérité, je doute, poursuit Bell dans sa confession du siècle. Quand je lui ai appris pour mon passé, il a été très choqué. Il vient d’une famille assez… conservatrice. S’il n’était pas vraiment tombé amoureux de moi, je crois qu’il m’aurait quitté sur-le-champ. C’est lui qui m’a convaincu d’entamer des démarches pour obtenir la garde partagée de Sage. Ça lui semblait impensable autrement. Quant à moi, je… je pensais que je ne mériterais pas d’être une mère après tout ça. Mais James n’aime pas être regardé du doigt. Il ne supportait pas l’idée de ne pas être ce couple parfait, et moi… j’ai fini par penser pareil.

     

    Bell sourit tristement en essayant de ne pas trop anéantir son maquillage malgré son émotion. Je veux bien croire que ce procès pour la garde de notre fille n’a pas été simple pour elle aussi, tout comme j’entends une version de l’histoire plus vraie que la première.

     

    — Mon discours fait très prétention, mais Jax, je n’ai jamais menti quand j’ai dit que je n’avais pas cessé de penser à elle.

     

    Bell fouille dans son sac à main, elle en sort une photographie très abimée, mais qui n’a pas perdu de son charme. Mon cœur se serre devant une telle vision.

     

    — Elle ne me quitte jamais depuis six ans.

     

    C’est la première photo de nous trois. Celle prise à la maternité quelques heures après la naissance de Sage. On semble très heureux. À des milliers de kilomètres d’ici, et de penser que l’avenir ne serait pas clément avec nous. On s’aimait, comme on aime à vingt ans. Avec la passion des lendemains glorieux qui ne connaitront jamais l’ombre des doutes, et la fougue d’une jeunesse qui ne réfléchit pas toujours.

    On a quand même réussi à faire de belles choses ensemble, c’est indéniable.

     

    — Je n’étais pas prête Jax, murmure Bell en fixant la photo, je pensais l’être et… j’ai eu peur. Et dans la peur, j’ai voulu fuir la difficulté. Je n’aurai jamais dû, j’ai été lâche avec Sage. Je n’ai pas cru en nous comme toi tu l’as fait. Il n’y a pas un jour ou je ne regrette pas.

     

    L’organe dans ma poitrine se serre. Elle me l’a déjà dit tout ça, mais pour la première fois depuis longtemps, ça sonne vrai.

     

    — Je ne te l’ai jamais dit, mais… tu as fait un magnifique boulot, poursuit Bell sans me regarder. Elle est parfaite. Elle te ressemble tellement. Tu l’as élevé comme un chef. Sage est tellement… géniale. Je suis…

     

    Son corps tremble, Bell essuie de nouveau ses joues en respirant. Elle me jette un regard triste et bouleversé à la fois. Elle me fait penser au Dereck du café, quand il me suppliait de l’écouter et de lui pardonner pour ce qu’il avait fait.

     

    — Je ne te demande pas de me pardonner, surtout pas après tout ce que j’ai fait. Mais j’espère que tu me donneras une seconde chance pour que nous puissions avancer dans l’avenir et partager la vie de Sage comme nous aurions dû le faire si je n’étais pas partie.

     

    — On a fait quelque chose de magnifique ensemble, Bell, je déclare sans hésitation. Et pour elle, je suis prêt à prendre ce risque.

     

    Ma confession fige mon ex-petit ami. Sans doute, elle s’attendait à devoir ramper, mais non. Même si je n’oublie rien, même si je reste méfiant, je veux mettre fin à cette lutte maintenant que nous sommes fixés sur notre sort. Sage sera toujours sous ma garde, près de moi, et elle pourra voir sa mère. Je ne la perdrai pas même si je devrais la partager désormais. Je ne dois pas oublier qu’elle n’est pas qu’à moi.

     

    — Je suis désolée, répète de nouveau Bell.

     

    — Je sais.

     

    Et je comprends que c’est sincère, sinon, elle ne le dirait pas autant. Je me surprends à glisser un bras autour de ses épaules pour l’attirer contre moi. Bell succombe dans mes bras, et je la réconforte, comme avant. Parce que même si nous avons changé, même si nous nous sommes aimés puis déchirés, il reste encore une part de ces Jax et Bell qui se sont adorés. Mon cœur ne peut pas être à ce point éteint, pas quand il s’agit de ma fille et de son bonheur. L’intelligence n’est pas de rester braquer dans ses idées, c’est de les faire évoluer, au risque d’être surpris.

    Je ne pardonne pas, mais j’avance.

    Pour elle, pour Sage.

     

     

    ***

     

     

     

    — Nous avons une bonne nouvelle à vous annoncer, je commence.

     

    Mon partenaire me jette un regard amusé, on a parié sur la façon dont on allait leur annoncer. Dereck a remis la vidéo à Scarlett, mais apparemment, elle ne l’a pas encore visionné, sinon, nous aurons eu un retour. On s’est dit qu’officialiser notre relation pour débuter l’année serait une bonne nouvelle parmi tant d’autres. Surtout que tout le studio est présent pour ce brunch de rentrée.

    Face à mon court silence, je vois se dresser des sourires divertis. Une ambiance palpable nait dans la pièce de séjour, celle qui me dit qu’il se trame un truc.

    Je ne tarde pas à en avoir le cœur net. Zane a pitié de moi.

     

    — Dois-tu nous annoncer que tu es avec Dereck ?

     

    — Vous ne baisez plus pour de faux ? poursuit Lake.

     

    Un rire les gagne, je les dévisage comme un idiot en me demandant diable comment ils savent. Nous n’avons jamais rien montré depuis le retour de Dereck. Aucune intimité en dehors de chez moi. Rien au studio… mais nous sommes-nous trahis autrement ?

    Je jette un regard à mon amant qui termine son café d’un trait. Il m’offre un clin d’œil complice, celui voulant dire que ce n’est pas grave. Sommes-nous mauvais acteurs ?

     

    — Alors ce n’est plus une nouvelle, poursuit Dereck.

     

    — Plus vraiment, rétorque Leila.

     

    Comment ont-ils su ?

    Ma question doit se lire mon visage, j’encaisse le choc, un brin honteux d’avoir voulu me cacher de cette famille qui m’a toujours accueilli et ne m’a jamais jugé malgré mes différences. Je sais que je n’aurai pas besoin de m’expliquer, d’essayer de leur faire comprendre pourquoi mon silence, pourquoi nous avons décidé avec Dereck de nous cacher. Chacun pige ma situation, chacun a été confronté à ça. À ce moment où on finit par se foutre de l’avis des autres et où on s’assume pour dire ce qu’on est, qui on aime.

    Ce moment est arrivé pour nous. Et si Dereck le voit comme un événement simple, pour moi, c’est plus compliqué. C’est tout un regard sur moi qui va changer…

    Pas tant que ça quand j’observe mes proches.

    Comment ont-ils su ? je me répète en boucle.

    Dereck glisse un bras autour de mes hanches, comme pour me soutenir.

     

    — Sage me l’a dit à l’hôpital, je crois que ta gosse supporte mal les médocs, déclare Brooks, je n’allais pas garder cette info pour moi, Lake devait être au courant.

     

    — Comme son père se moque Mack.

     

    Chacun se met à nous taquiner un instant avant que notre patronne n’intervienne. Scarlett était restée silencieuse jusqu’alors. Elle ne semble pas surprise. Et je me demande si elle n’a pas déjà eu des échos de notre show au Gentlemen’s Club.

     

    — Je vous observe presque tous les jours tourner des scènes, les rater ou les réussir. Je ne suis pas aveugle. J’ai vu que vous aviez changé. Que vos gestes n’étaient plus si joués, poursuit Scarlett. J’ai vu beaucoup d’hommes s’approcher du point de non-retour par le sexe. Quand il cesse de n’être qu’un art pour devenir plus que ça. Je ne saurai dire quand je vous ai vu basculer, mais j’espérais que c’était ce que vous souhaitiez. C’est une très bonne nouvelle, elle nous fait plaisir, confirme Scarlett. On veut que vous soyez heureux, et évidemment que nous n’avons rien contre ça.

     

    Cette femme que je connais depuis toujours semble lire en moi comme un livre ouvert. Elle s’approche de nous, ses mains saisissent mon visage, nos regards ne se quittent pas quand elle rassure mes craintes.

     

    — On s’en fou des étiquettes Jax, tu es toujours le même, sauf que désormais tu es avec quelqu’un. Jamais nous te jugerons. Alors, ne t’inquiète pas. Tu seras toujours notre GAY FOR PLAY, même si ton cœur appartient à un homme.

     

    Elle m’embrasse sur la joue, je la serre contre moi alors que nos enfoirés de collègues applaudissent pour nous féliciter. Leur réaction ne m’étonne pas, même si je la redoutais un peu, comme toujours.

    On se prend quelques vannes et on apprend que nous n’avons pas été si discrets que ça. Mason avait des soupçons depuis notre live au Gentlemen’s par exemple. Mais tous se rejoignent sur un point : c’était dans nos regards et nos gestes que nous nous trahissions. Comme quoi, quand on aime, on ne compte pas et on ne peut pas le cacher.

    La matinée se poursuit et de détend. Je suis moins nerveux et je m’autorise même ma première marque de tendresse en public avec Dereck. Autant dire le putain de grand huit pour moi. Mon amant ne cesse de rire et de me taquiner à ce sujet. Il savait que c’était important pour moi ce moment.

    On parle des projets à venir et du reste. Je remarque qu’Archer reste discret. Il lève son verre en affichant un air triste. L’acteur blond, si jovial et passionnant n’est pas d’humeur à rire.

     

    — Je tiens à vous informer que nous débuterons les castings d’ici quelques jours, intervient Scarlett. Nous avons reçu pas moins de cinquante candidatures ! Archer sera le principal intéressé à mener ces rencontres, mais vous êtes les bienvenues.

     

    En l’absence de Demon qui est parti un mois à New York pour l’affaire, A se retrouve en solitaire. Je n’ai pas encore eu l’occasion de trouver le moment adéquat pour parler avec lui de tout ça, mais j’ai l’impression que la nouvelle lui ait tombé dessus avec violence. Sans doute, ne s’attendait-il pas à tout ça.

    Il a l’air d’avoir le cœur d’un homme brisé quand je l’observe. Ce regard triste quand on voit quelqu’un qu’on aime nous échapper. Ce regard hante souvent Archer. Surtout quand il s’agit de Demon. Et dans cette lutte auquel il ne peut pas participer, l’acteur semble voir se profiler à l’horizon, une chute dangereuse qu’il ne pourra pas éviter.

    Sa participation aux castings, je la vois comme un affront envers Demon, un moyen de le blesser, comme lui le blesse sans même le vouloir.

    Et si jamais l’un d’eux ose dire à nouveau qu’il n’y a rien les concernant, se serait là le pire des mensonges. Tout comme ça l’a été entre Dereck et moi. Nous n’avons jamais été de simple ami, il y avait déjà plus aux premiers regards.

    Car si le Donjon reste un endroit des plus secrets pour nous tous, il referme ceux de deux hommes qui ne savent pas comment vivre avec ses silences.

    Et j’espère qu’un jour, ils auront ce même courage que Dereck et moi : de les affronter ou de se laisser succomber.