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Une semaine un OS

  • OS 4 et 5 : Crack et Contes

     

     

     

    OS CRACK

     

     

     

    Perfectman ou Recette de sorcières

     

     

    - Parfois tu me fais peur, Sandra !

    Je regardais le poignard que m'avait tendu mon amie, cela faisait des mois qu'elle nous tannait pour faire son putain de sortilège du solstice d'été. Sandra était assez spéciale, un peu gothique, avec des croyances hors du commun comme la... sorcellerie. Non mais la sorcellerie ?! Le truc qu'on voit dans Harry Potter, le machin pour adolescent avec les baguettes magiques et tout et tout...

     

    Je ne savais pas qu'à trente ans, nous en étions encore là... Première nouvelle, mais comme on dit le ridicule ne tue pas... Encore heureux avec Sandra, on serait mortes plus d'une fois. Surtout ce soir... Nous ne sommes pas Halloween, non pas du tout, nous sommes en été, il est presque minuit, et d'après le vieux grimoire poussiéreux de Sandra, c'était l'occasion d'invoquer les pouvoirs de la déesse de l'été... etc... Je m'étais arrêté à minuit personnellement.

     

    Heureusement pour nous, la forêt dans laquelle nous étions était paumée, personne ne nous verrait, mais petit hic, c'était l'endroit PARFAIT pour des tueurs psychopathes, s'ils voulaient faire du tri dans la population, c'était le soir idéal, trois folles dans les bois, un feu de camp, un grimoire pour grand-mère dépressive avec des recettes contenant des ingrédients puants.

     

    Je regardais Candice et Sandra, ils nous manquaient plus que le chapeau pointu, le chaudron sur le feu et le balai, et nous aurions pu concourir dans le domaine, « Samantha, apprentie sorcière ».

     

    -Tiens Dal, c'est à ton tour de mettre ton sang.


    Sandra me regardait avec impatience, le sang me dégoutait ... Non, non c'était mort, jamais je n'aurai survécu si j'avais dû être un vampire dans une vie antérieure. Je serai morte de faim... Je regardais le couteau ainsi que le sachet dans lequel Sandra avait soigneusement préparé la mixture de mami la sorcière pour pouvoir réaliser son truc à la con. Je fermai les yeux et m'entaillai le pouce, ça fait mal ces merdes ! Rapidement, je versais le sang dans le sachet, puis passai l'arme à Candice.

    - Le sang est mis ? Demanda Sandra

    Je faillis me mettre à rire du sérieux de Sandra, elle était à fond, c'était amusant et ce qui serait le plus drôle, même si on ne le dira pas à voix haute, j'étais persuadée que ce ne serait pas le cas, c'est que cela marche, juste pour le plaisir de voir sa réaction : Sandra les jambes à son cou, fuyant à grandes enjambées.

    - Oui, répondit Candice.

     

    Candice était une fille comme moi, les pieds sur terre, logique dans ses propos (pas comme Sandra qui donnait l'impression d'user de ses rideaux un peu trop souvent) le seul truc qui nous différenciait, c'était qu'elle, elle savait se détendre et s’amuser en prenant l'événement à la rigolade, comme l'événement de ce soir.

    - Très bien, (le livre sur les genoux, Sandra lisait la suite du programme) il faut faire pareil sur la mine du stylo, normalement c'est une plume, mais on innove, hein !

    De nouveau, je regardai Candice, elle pensait la même chose que moi. Le sérieux de Sandra et l'événement qu'elle nous faisait vivre... Nous fîmes ce que l'apprentie Samantha nous disait de faire, riant dans nos barbes, c'était vraiment ridicule... Ça ne marchera pas, j'en étais sûre, d'ailleurs...

    - 100 dollars si ça ne marche pas ? Proposa Candice

    - Tenu !

    - 100 dollars si ça marche ! Rétorqua Sandra avec des yeux noirs.

    - Tenu !

    50 dollars pour une soirée, mieux que les pourboires que j'avais le soir au restaurant ! Cool ! Finalement, cette histoire de Perfectman allait me plaire.

    Ah oui, le Perfectman, (j'ai retenu les leçons de Sandra) c'est l'homme « parfait » Comme si parfait cela existait. Chez un homme surtout. Un homme parfait. Qui en a déjà rencontré un ? Personne, l'espèce est en voie de disparition. Remplacée par une évolution plus... défectueuse. Et j'emploie ce terme, car cela est vrai. Nos hommes à nous ne sont que, pour la plupart, ne pas en faire une généralité... quoi que..., feignants, coléreux, absolument pas romantiques, égoïstes, fâchés avec le ménage, le linge et la nourriture... et pour finir... de vrai idiots au lit (C'est faux je n'ai pas connu que des débiles dans ma vie... quoi que...) Le rituel devait m'influencer, c'était la première fois que je me parlais à moi même...

    - Bon, jetez le sac dans les flammes.


    Sandra interrompit le fils de mes pensées.

    - Si ça explose je te tue ! Lança Candice, je viens de refaire mon brushing.


    J'avais oublié à quel point Candice pouvait être nunuche parfois... Une vraie Paris Hilton... Pauvre fille... elle me fait de la peine parfois...

    - Quoi, ça peut exploser ? M’enquis-je

    Oui, oui, je n'étais pas très courageuse. À vrai dire, petite, je croyais tellement à ces histoires de fantômes, de sorcières, de loups et de vampires que j'en ai développé une phobie. Je ne m'en vente toujours pas, j'en ai honte un peu à mon âge. D'ailleurs, j'évitais de me retourner vers les bois, j'avais peur de voir quelque chose.

    - Mais non ! Allez, jetez !

    Je fermai les yeux et jetai avec crainte le sachet dans le feu. Un souffle s'abattit sur moi, mais pas d'explosion. Mon cœur put recommencer à battre normalement. Je ne ressemblais pas encore à une grenouille...

    - Maintenant à vos stylos.

    C'est là que je commençai à trouver le rituel amusant. Je pris le bloc-notes entre mes mains et attendis les instructions. D'après le rituel, il fallait jeter un sac avec ses ingrédients bizarres et noter ensuite les qualités dont nous souhaitons que notre homme parfait dispose... LA BLAGUE !

    - Ensuite ? Je demandai

    Sandra reprit son air « sorcier du dimanche » et ignora nos moqueries. Elle était à fond, il n'y avait aucun doute.

    - On peut commencer à jeter les « souhaits ».

    - OK, je commence, je voudrais... (Candice fronça les sourcils tout en réfléchissant) Un homme intelligent. (Elle décrocha le papier jaune et le jeta) Oh bon sang... (Elle se tourna vers nous) Je ne vais pas avoir Einstein quand même ?


    Nous nous mîmes à rire... là ce serait le summum de la bêtise !

    Quand le papier toucha le feu, il disparut dans une fumée bleue, nous nous regardâmes toutes les trois, surprises.

    - Oh putain c'est trop bien !!! Lança Sandra

    Moi, je serrais les dents, cela me faisait flipper !

    - A mon tour ! A mon tour ! Je voudrais... un homme... brun, (Sandra jeta un premier papier) beau (un deuxième, musclé (troisième papier qui s'enflamma en vert) C'est trop génial, ça marche !

    Je me tournai vers Candice, cherchant du soutien dans la connerie de Sandra, quand je la vis, elle était totalement sous le charme et complètement conquise. Mon dieu... Pauvres filles ! Je me retins de rire, il y a avait forcément une explication à tout ceci... la MAGIE N'EXISTAIT PAS !

    - A ton tour, Dal !

    Je regardai mon bloc note. Voulais-je vraiment un homme ?

    - Les filles, c'est n'importe quoi...

    Sandra et Candice soupirèrent ! Traitresse ! Je voulais bien être ridicule mais tout de même cela...

    - Oh et puis zut, hein !

    Je saisis le calepin, après tout, cela ne se ferait qu'une seule fois. Je n'en mourrai pas !

    - Un homme... Séduisant

    Je jetai le papier dans le feu qui se consuma dans une fumée rouge... Mon cœur se serra... j'avais rêvé...

    - Romantique et bavard.

    Je renouvelai l'expérience pour être certaine de ne pas avoir rêvé... Rouge encore une fois. Comme Candice, je fus hypnotisée et je voulus, par amusement certainement, revoir ce petit tour de magie.

    - Blond, les yeux bleus, bien foutu, (je jetai les trois papiers et recommençai, ignorant les protestations des autres filles) assez intelligent, romantique, et.... (Je rougis) doué au lit.

    - Hey non, il était à moi ce critère ! Protesta Candice

    Je me mis à rire.

    - Tu n'as qu'à mettre, donneur d’orgasmes !

    Candice me lança du regard un défi, elle oserait, je le savais. Sa main remua quand elle l'écrivit avant de le jeter.

    - Donneur  d'orgasmes

    Nos rires résonnèrent en cette nuit de pleine lune. Il était presque minuit, je pense... je le remarquai à l'allure dont Sandra jetait ses papiers, une chose est sûres, si son « PerfectMan » apparaissait, il ne manquerait pas de qualités.

    - Minuit dans cinq minutes les filles ! Prévint Sandra

    Oh oui, il fallait que je me bouge, si je voulais que l'homme parfait imaginaire qui ne viendrait pas soit parfait.

    Je n'entendis pas les qualités que les filles énuméraient, je me concentrais uniquement sur les miennes, avec beaucoup d'étonnement... Pour un simple jeu.

    Au fond de moi, j'étais persuadée que si cela marchait, je prendrais un plaisir fou à profiter de cet homme durant une année entière. Demain matin, l'effet de la drogue se sera envolé, je devais certainement être sous H pour penser à des choses pareilles.

    Jouir du mâle parfait (si bien évidement cela marchait, en espérant que ce ne soit pas que du mâle en lui même) le rêve pour n'importe quelle femme ! Un homme qui peut faire la vaisselle, le ménage, à manger, qui vous masse le soir en rentrant du travail, et qui vous fasse connaître le septième ciel chaque nuit.

    Faites que ça marche ! Lança ma conscience

    Oh oui ! Faites que ça marche !! Si un papier pouvait se transformer en fumée multicolore pourquoi pas ça aussi...

    A fur et à mesure que j'énonçais ce que je désirais, je jetais les papiers de l'espoir dans ce feu particulier. Moi aussi j'étais totalement sous ce "charme"

    - Sans poils (Ouais parce que les poils.... Beurk !), gentil et serviable. Un homme aventureux, beau, généreux, grand et Amoureux

    Mon dernier papier se consuma à minuit pile. L'alarme du téléphone portable de Sandra, l'apprentie sorcière résonna. Il ne se passa rien de plus.... Une pointe de déception m'envahit.

    - Il doit se passer quelque chose d'autre ? Demandai-je

    Sandra feuilleta rapidement la suite du bouquin.

    -Non, le reste, c'est les conditions de l'utilisation du rituel, sa durée, le pouvoir, qui peut le pratiquer, son but....

    - Ca a marché, non ? Vu qu'on a tout fait ? Questionna à son tour Candice

    - Aucune idée...

    Je jetai le reste du bloc note dans les flammes, merde j'étais déçue, je trouvais ce jeu amusant finalement, puis, c'était un moyen de se rappeler nos rêves d'enfant au sujet de cet homme parfait.

    - Sandra, ça n'a pas marché puisque qu'il n'y a personne ! Tu vois un... (Je me mis à sourire sous ce nom idiot) « Perfect Man » ?

    J'entendis un bourdonnement, mon regard se dirigea vers le feu devant moi qui se mit à prendre les couleurs de l'arc-en-ciel, rouge, bleu, vert, un mélange qui se transforma en tourbillon.

    - Oh putain ça va péter ! Hurla Candice en se levant d'un bond

    Je fis pareil et courus quelques mètres plus loin…

    - Tu fais chier avec tes idées à la con, Sandra ! Hurlai-je en courant

    Sandra soupira, OK moi aussi, j'étais d'accord, mais... c'est sa faute !

    Un boum retentit, c'est ce qui nous fit nous arrêter.

    - Pas bon, pas bon ça...

    Je me tournai vers Candice, elle avait l'air d'être dans les vapes... j'avais raison ! On était droguées ! Qu'importe, je pris mon courage à deux mains et me retournai. J'avais eu une belle vie, je pouvais désormais mourir dans les bras d'un vampire... Vampire ? Pourquoi un vampire ? Moi aussi ce jeu m'était monté à la tête, je ne disais que des bêtises ! A force de jouer à des jeux que je ne maîtrisais pas, et avec Sandra surtout, on avait dû invoquer quelque chose de pas très net.

    - Bon sang...

    - OH MON DIEU MAIS QUEL...

    Ma main s'appuya sur la bouche de Candice, il valait mieux ne pas entendre ce qu'elle voulait dire. Mais... je la comprenais, oh mon dieu ! Il était énorme ! Et pas seulement son corps, ce qu'il avait entre les jambes...

    Trois hommes, deux blonds, un brun, taillés comme des dieux de l'Olympe et... Aussi peu vêtus, voire pas du tout, se tenaient face à nous à quelques mètres. Le feu les éclairait, nous permettant d'admirer chaque détail.

    - C'est...

    - Ouais Sandra, c'est... Je répondis

    - MON PERFECT MAN !! hurla Candice en courant en direction de l'un des hommes.

    Je me tournai vers Sandra.

    - Tu lui as donné quoi ?

    Sandra sourit.

    -Rien justement, elle est folle de nature, c'est l'esprit sorcière, tu comprends...

     

    -C'est toi la sorcière, l'apprentie Samantha.


    Sandra se mit à sourire.

    - Ouais...

    J'allais me mettre à rougir quand je vis mon homme parfait me laner un clin d'œil. Ma main saisit dans ma poche arrière mon porte-monnaie, j'en sortis cent dollars, tout le liquide que j'avais sur moi que je tendis à Sandra.

    - Tiens sorcière, pour te payer ton bûcher.

    - Qu'est-ce que tu fais ? Me demanda-t-elle

    J'étais conquise par ce regard bleus pénétrant. Je n'allais pas rester là ne rien faire, surtout... Que je savais de quoi il était capable, puisque je l'avais créé.

    - User de ma propriété !

    A l’instar de Candice et comme une enfant, je courus en direction de celui que j'avais crée. C'était sûr, j'allais en profiter.

    Je ne vis pas Sandra sourire ni ses yeux changer de couleur, encore moins son claquement de doigts qui la fit disparaître. Je ne sus que bien plus tard, que Sandra était réellement une sorcière et pas Candice comme nous l'avions cru. Une sorcière avec des idées de génie, j'y repensais chaque nuit aux côtés de l'homme qui m’a fit vivre monts et merveilles... Durant un an. Et je sus que je croirai en la magie jusqu'à la fin de ma vie... ainsi qu'à l'homme parfait.

     

     

     

    Amheliie

     

     

     

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    OS Contes

     

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     Epopée Skypienne

     

     

     

    Petite explication sur la nature de cet OS. En plus du thème conte que j’espère avoir respecté, il m’a aussi et étais lancer un défis. Stupide peut-être, mais un défis quand même. Bref quoi qu’il en soit ce défit étais d’utilisé les pseudos d’un groupe sur Skype. Certaines d’entre vous reconnaitrons surement certain de ces pseudo. J’espère avoir relevé le défis ^^ Bonne lecture.

     

     

    Epopée Skypienne…

     

    Il était une fois, un jeune homme nommé Aron. Ce jeune homme avait un don. Il avait la faculté de voyagé par l’esprit. Dès qu’il fermé les yeux il se réveillé quelque seconde plus tard dans un autre pays, une autre dimension voir même un autre univers. Tout cela à n’importe quelle époque. Aussi bien dans le passé que dans le futur. Seule ombre au tableau, le jeune Aron ne maitrisé pas du tout son don. De ce fait il ne pouvait choisir ses voyages. Un jour il se retrouva dans un pays ou les volcans cracher en permanence de la lave. Une autre fois il se retrouva en plein milieu d’une bataille. Malheureusement pour lui, il devait survivre le temps de quelque heure. Parfois une, parfois huit. La durée de ses voyages variés.

    Chaque voyage était unique. Avec le temps il avait parfois fait la connaissance de personne avec qui il aurait aimé nouer des liens d’amitié, mais son incapacité a maitrisé la destination de ses rêves l’en empêcher. Parmi toutes ces année a voyagé, une rencontre en particulier lui revenait souvent à l’esprit. Une rencontre étrange et drôle qui fut courte. Mais ce voyage là l’avait marqué à jamais…

     

    Une nuit il y a de cela quelque temps Aron se coucha, s’endormi et comme chaque nuit depuis son adolescence, se retrouva dans un lieu inconnu. Et la commença son voyage.

     

    Couché dans l’herbe il ouvrit les yeux et regarda autour de lui. Il y avait une sorte de village devant lui. Curieux de connaitre ce nouveau monde il se leva fit un tour sur lui-même et ce qu’il découvrit le laissa bouche bée. La couleur aussi bien que l’obscurité semblé se fondre l’un dans l’autre. Le ciel par endroit d’un noir d’encre laisser place à un orange vif puis au gris et ainsi de suite. Toute la gamme de couleur y était représentée. Derrière lui se trouver une forêt. Très dense, et là ou l’obscurité aurait du régné, il ne voyait que de la lumière. Si bien que l’on pouvait facilement trouver son chemin entre les arbres.

    Il prit une inspiration et se mis en route en direction de la vile. Celle-ci avait une grande arche a son entrée. Son regard se porter partout, examinant ce tout monde qui s’offrait à lui. Il était tellement absorbé qu’il ne vit pas le groupe d’homme se dirigé vers lui. Aussi fut il surprit quand cinq colosse le stoppèrent.

     

    _ Suivez nous !

     

    Aron ne voulant pas d’ennuie obéit calmement et hocha la tête en signe de compréhension. La langue utilisé semblé la même que la sienne. Durant le chemin il étudia les cinq colosses. Tous immenses, très musclé et ne portant qu’un simple pantalon de cuir. Ce devait être des soldats pensa t’il. Il les suivie donc ainsi, traversant la ville ou les vieilles maisons de bois côtoyé celle en pierre ainsi que les tours de verre et d’acier, l’ancien et le moderne se côtoyés. Rien n’étais harmonieux et en même temps toutes ses différence fessait que si. Quelque minute plus tard les hommes s’arrêtèrent. Aron se demanda pourquoi jusque ‘à ce que l’un des hommes qui se trouvait devant lui s’écarte. Il se trouvait au pied d’un gigantesque escalier qui bien qu’enraciné dans la terre sembler flotté et s’élevé dans le ciel. Une couche cotonneuse comme des nuages en caché la hauteur.

     

    _ Ou suis-je ? demanda t’il

     

    Les soldats se regardèrent et l’un d’entre eux fini par lui répondre.

     

    _ Vous êtes au pied du palais des Déesses.

     

    Palais des déesses ? Aron ne savait quoi penser. Jamais encore au cours de ses voyages il n’avait rencontré de divinité.

     

    _ Comment se nomme ce pays ?

     

    _ Vous poserez vos questions aux Déesses.

     

    _ Quoi ? Je vais les rencontré ?

     

    Le soldat le fixa du regard et un coin de sa bouche se releva.

     

    _ Elles vous attendent. Montez l’escalier, une fois en haut… hé bien … bon courage !

     

    Aron frissonna. Pourquoi le soldat lui disait-il cela ? Sa dernière heure avait-elle sonné ? Mais il n’avait rien fait de répréhensible pourtant. Hé bien si tout ce que je peux faire et de rencontré ses déesse je me défendrais se dit il intérieurement.

    Il prit une grande inspiration et commença son ascension. Une fois la couche cotonneuse passé, qui n’étais en réalité que de la brume, l’escalier se prolongé. Une fois en haut il prit le temps de regarder autour de lui. Il se trouvait dans une sorte de grand hall ou l’on distingué clairement six couloir. Une voix interrompit soudain son examen des lieux.

     

    _ Il me semblé que c’était demain non ?

     

    _ Hannn Tahlly ! Tu es exaspérante ! Non c’est aujourd’hui que le voyageur doit arriver alors assied toi et ferme la ça changera pour une fois !

     

    _ J’adore ! Tu pars au quart de tour ma pauvre Mary.

     

    _ Quand vous aurais fini, on pourra peut-être s’installé ?

     

    _ J’espère qu’il sera mignon !

     

    _ Mix… Mais pense un peu à autre chose !

     

    _ Ben quoi ?

     

    Aron étais déconcerté par ses échanges. Les quatre voix différentes qu’il avait distinguées étaient toutes féminine. Ses voix appartenaient elle aux déesses ? Des déesses se comporteraient elle comme des enfants qui se chamaillent ? Non ça ne devait pas être elle. Surtout que l’une des vois sembler vraiment appartenir à une petite fille. Mais dans ce cas comment aurait-elle pu être au courant de son arrivé ? Car le voyageur ne pouvait être que lui.

     

    _ Je peux vous aider peut être ?

     

    Aron sursauta et se tourna en direction d la voix. Encore une femme se dit-il. Non une jeune femme. Ce n’était pas une adulte mais plus une enfant non plus. Il étudia la jeune femme de son regard vert et se dit qu’elle avait l'air trop innocent pour que cela soit vrai. Quelque chose d’enfantin dans son regard tranché clairement avec le sourire …. Oui sadique qu’elle affiché.

     

    _ Heu oui je … Des soldats m’ont conduit ici et m’ont dit que les déesses m’attendais.

     

    _ Ho vous êtes donc le voyageur.

     

    _ Il semblerait.

     

    _ Très bien suivez-moi.

     

    Il suivi donc la jeune femme. Ils traversèrent un couloir et s’arrêtèrent devant une porte à la dimension titanesque. La jeune femme leva la main et la porte s’ouvrit comme par enchantement. De la magie se dit-il. Il avait déjà assisté à ce genre de chose dans plusieurs de ses voyages. Ils entrèrent donc dans une pièce aussi grande sinon plus que… il n’avait pas de comparaison qui lui venait. La pièce d’une grandeur exceptionnelle était à ciel ouvert. Au milieu de cette pièce se trouvé une longue table en arc de cercle. Derrière cette table se trouver 4 femmes et une personne dont on ne pouvait deviner le genre car cette dernière étais cacher par une immense capuche qui dissimulé ses trait. Aron s’arrêta devant la table et vit sa guide s’installée a la place laisse libre jusque-là.

    Devant son regard stupéfait, elle sourit. Un sourire si doux qu’il aurait pu provenir d’un ange. Mais il n’avait pas oublié le premier qu’elle lui avait fait et celui-là n’avait rien d’innocent.

    Une fois installée la jeune femme le présenta.

     

    _ Je vous présente le voyageur.

     

    Toutes le regardèrent. Lui non plus ne se priva pas d’étudier l’assemblé que ces femmes formé. Il commença par sa guide. Blonde plutôt jeune dans les 15 ans environ. Regard d’ange et sourire de démon. Sur sa droite se trouver une jeune femme brune a l’expression neutre mais aux regards perçant. Ses yeux étaient d’un noir d’encre. A côté de celle-ci se trouvait une jeune femme rousse au visage rieur. Une grosse paire de lunette sur le nez et un bloc note et un stylo à la main. Elle lui sourit. Derrière ce sourire il crut déceler quelque chose mais trop rapidement la jeune femme pris une expression neutre.

     

    _ Très bien voyageur. Nous sommes les déesses, prêtresse bref les chefs de ce royaume. Présente-toi qu’on en finisse.

     

    Aron fut perturbé par le ton de la femme. C’était celle aux cheveux bruns et au regard perçant. Il pouvait ajouter froide a sa description.

     

    _ Heu...oui. Je suis Aron et comme vous le savez apparemment j’ai la capacité de voyagé pendant mon sommeil. Y a-t-il une medium parmi vous pour avoir su que je venais ?

     

    _ Non pas de medium enfin … rien d’aussi précis. Mais nous avons souvent la visite de voyageur dit la jeune femme rousse.

     

    _ Il y a d’autre personne comme moi ?

     

    _ Hé oui mon gars tu n’es pas unique ! Bon comment a tu réussi à franchir nos barrières de protection ?

     

    La jeune femme brune sembler s’ennuyé à mourir vu son ton.

     

    _ Quel barrière de protection ?

     

    _ Tu as surement du remarqué la couleur du ciel. Voilà la barrière de protection. C’était sa guide qui lui avait répondu.

     

    Aron étais perdu. Il n’avait jamais entendu parler de telle chose.

     

    _ Ho mais on s’en fiche ! Il est mignon tout plein ce p’tit gars ronronna une des femmes qui n’avais pas encore pris la parole. C’était la voix qu’il avait entendu tout à l’heure. Celle de la petite fille.

    Elle avait les cheveux rouge et court. Elle le détaillé sans vergogne de haut en bas.

     

    _ Mix !

     

    Cette fois c’était la personne sous la capuche qui avait pris la parole. Une femme donc. Sa voix posé exprimé en un seul petit mot un avertissement.

     

    _ Rhoooo T’es vraiment pas drôle Py !

     

    La jeune femme au cheveu rouge nommé Mix semblé contrarier.

     

    _ Je sais. Répondit la femme à la capuche.

     

    _ Ecoutez. Je ne sais pas comment je suis arrivé ici. Je ne maitrise pas mes destinations. Je ne veux pas d’ennuie. De toute façon d’ici quelque minute ou quelque heure je serais reparti.

     

    _ Tu sembles bien sûr de toi mon garçon.

     

    Cette fois c’était la dernière des femmes autour de la table qui avait pris la parole. Les cheveux longs d’un noir presque bleu, parsemé de mèche blanche comme la neige.

     

    _ Oui madame. Cela c’est toujours passé ainsi.

     

    _ Bon et si nous nous présentions à notre tour les filles ?

     

    _ Encore une perte de temps ! T, je n’ai pas que ça à faire.

     

    _ Ho allez Mary je t’assure que ça ne vas pas te tué !

     

    _ Si tu le dit !

     

    _ Je le dit !

     

    _ Très bien ! Alors nous sommes les déesses du royaume de Skype. Elle, dit La jeune femme brune du nom de Mary en pointant du doigt la jeune femme rousse, c’est Tahlly dite T. Mémoire de poisson rouge et myope comme une taupe mais utile de temps en temps pour faire des recherches.

     

    Toutes s’esclaffèrent à cette description loin d’être élogieuse. Y compris la dénommé Tahlly. Au moins pourrait-il mettre des noms sur leur visage.

     

    _ Moi aussi je t’aime Mary ! Et donc voici Mary dite Evil Mary. Comme tu l’auras compris grincheuse à souhait elle … non en fait elle ne sert à rien. La jeune femme rie. Non pour être honnête c’est elle qui gère l’obscurité de notre royaume. Les démons l’adorent ! Tu comprendras vite pourquoi.

    Mary visiblement peu heureuse donna un coup de coude à la rousse.

     

    _ Je continu en te présentant Amelhiie dite Am. Notre jeune et jolie ange/démons. Pour le moment encore en formation.

    Tahlly fit un sourire à la jeune apprentie.

     

    _ A moi !

     

    _ Oui ne t’impatiente pas comme ça Mix ! Donc voici Mixjux dite Mix. Notre nymphomane nationale.

     

    A cette description Aron ouvrit de grands yeux. Avait-il bien entendu ?

     

    _ Oui tu as bien entendu. Mix est chargé du recrutement et du…. disons … confort de nos soldats.

    Mix fit un grand sourire.

     

    _ Si tu veux tu peux postuler lui dit-elle avec un clin d’œil.

     

    _ Mix !

     

    La femme a la capuche semblé exaspérer.

     

    _ Oui oui je sais on ne touche pas ! Pff

     

    _ Apres nous avons Pyrine dite Py. Elle est en charge de la sécurité du royaume. Et notre bourreau a l’occasion.

     

    Cette fois Aron étais sur d’avoir bien entendu. Un bourreau. Voilà pourquoi son visage était caché. Enfin Lui étais caché. A ce moment-là, la jeune femme releva légèrement la tête. Juste assez pour qu’il puisse voir le sourire cruel qu’elle affiché. Il frissonna.

     

    _ Ho ne t’inquiète pas. Bon il est vrai qu’on ne compte plus le nombrez de genoux qu’elle a brisé mais si tu te tiens bien il n’y a aucune raison qu’elle s’en prennent au tient.

     

    Aron se demander vraiment comment un royaume pouvait semblé aussi prospère avec des dirigeantes aussi … bizarres.

     

    Ne se souciant pas de ses pensées Tahlly continua donc les présentations.

     

    _ Et enfin nous avons HDM61 dite Cat ou H. Notre doyenne. Elle nous permet, grâce à ses connaissances, d’établir des traductions et diverse chose en rapport aux textes.

     

    La femme inclina la tête. C’est à ce moment-là qu’il remarqua comme des lignes d’écriture le long de son coup. Mais le plus bizarre c’est que ses lignes sembler défilé sur la peau de la femme.

     

    _ Hé petit ! On ne fixe pas les gens ainsi !

     

    Aron sursauta. La femme a la capuche, Pyrine, venait de le remettre à sa place.

     

    _ Pardonnez-moi madame. Ce n’était pas intentionnel.

     

    _ Humm il parle bien en plus. Je ne peux vraiment pas l’essayé ? demanda Mixjux sur un ton suppliant.

     

    _ Non !

     

    _ Ce n’est pas juste !

     

    _ Je sais.

     

    Encore une fois, en deux mots, Pyrine avait tout dit. Son ton était toujours posé.

     

    Une fois le silence revenu Aron examina une fois de plus ces étranges divinités. Était-il vraiment dans le pays de Skype ? Ou rêver-t-il vraiment ? Cela n’était jamais arrivé mais l’étrangeté de cette rencontre le laisser perplexe.

     

    _ Aron ?

     

    La voix de Mixjux le sortit de ses pensé.

     

    _ Oui ?

     

    _ Il est temps de passé à l’interrogatoire !

     

    _ Mix ! dit Amhellie

     

    _ Mais laisse le arrivé enfin ! lui rétorqua Tahlly

     

    _ Ha là ça devient intéressant ! Jubila Mary

     

    Aron écouté avec attention ces échanges, quand soudain il senti ce frisson si particulier lui parcourir l’échine. Il savait qu’il ne resté que quelque minute avant que son corps ne se réveille.

     

    _ Tu ne peux pas lui infligé ça enfin Mix !

     

    _ Mesdames ? Tenta de les avertir Aron.

     

    _ Et pourquoi pas ? Continua Mix

     

    _ Mesdames s’il vous plait ?

     

    _ SILENCE ! Tonna la voix de Pyrine.

     

    Aron inclina la tête en direction de Pyrine pour son aide.

     

    _ Je suis désolé mesdames mais je vais devoir vous laisser. Mon voyage se termine. Ce fut un … grand moment que de vous rencontrer. A peine avait-il fini sa phrase qu’il disparut subitement.

     

    Quelque seconde plus tard Aron se réveillé dans son lit. Il ouvrit les yeux et se dit que se voyages et surtout ces déesses étais vraiment les personne les plus étranges qu’il avait rencontré.

     

     

     

     

    Tahlly

     

     

     

     

    ***

     

    IL ETAIT UNE FOIS…

    Sam, le curseur et les mots.

     

    Sam fixait l’écran de son ordinateur depuis vingt bonnes minutes. La page Word qu’elle avait ouverte restait désespérément vide et seul le clignotement du curseur indiquait que toute cette blancheur était vouée à être comblée à un moment ou à un autre. Le curseur était prêt, installé dans les starting blocks, attendant l’élan créateur qui le lancerait à l’assaut des mots à aligner et des lignes à remplir.

    Enfin, si l’inspiration venait.

    Et le problème était qu’elle ne venait pas.

    Sam n’était pas une littéraire, c’était peu de le dire. Pour elle, les mots n’étaient que chaos, confusion et anarchie. Non, elle, elle aimait l’ordre des mathématiques, la poésie des chiffres, la simplicité du binaire et la certitude que 2 + 2 feront toujours 4. Pas la peine d’ergoter pendant des heures sur ce point : c’était un fait acquis, une évidence, quasiment un dogme. Elle déposait ses offrandes sur les autels de Pythagore et de Thalès et se relaxait en complétant des grilles de sudoku.

    Elle rêvait d’une langue où un mot n’aurait qu’un seul sens, une seule définition, un seul usage. Elle était fermement convaincue que la plupart des malentendus naissaient de mots mal employés ou mal compris. Elle oubliait un peu trop facilement que les mots n’étaient que le moyen de transport de la pensée et de l’idée, que les mots n’étaient que l’arme et pas le tueur.

    Pour elle, lire Victor Hugo ou Jean-Paul Sartre revenait à s’offrir un voyage pour Dodoland en TGV première classe. Qu’on lui donne un livre et elle avait l’endormissement supersonique. Mieux qu’un somnifère.

    Et donc, devant s’aventurer dans un monde inconnu, elle regardait d’un air morne l’écran de son ordinateur, l’esprit vacant, sans même une pensée cohérente ou une idée valable pour commencer son devoir de français.

    Elle avait piqué du nez rien qu’en lisant l’énoncé du sujet qui, en gros, disait : « En vous inspirant des poètes français, écrivez un poème pour la Saint Valentin »…

    Blablabla….

    Beurk !

    Vingt minutes de plus et toujours aucune ligne. Ses neurones, paramétrés exclusivement pour les chiffres, s’étaient exilés au pays des grands absents et attendaient patiemment le retour des programmes habituels. Donnez-moi des chiffres et planquez ces lettres que je ne saurais voir !

    En d’autres termes, elle attendait un miracle ou une épiphanie.

    Au lieu de quoi elle glissa lentement mais sûrement dans le sommeil où, telle Dorothy au Pays d’Oz, elle commença le plus étonnant des voyages…

     

    Soudain, le curseur se mit à clignoter fébrilement, comme s’il cherchait à se libérer du lien symbolique que l’attachait à la feuille virtuelle. Ses mouvements ressemblaient à des appels au secours.

    Sam, que cette anomalie ne troubla pas outre mesure, trouva tout naturel de lui parler. Après tout, rien n’est impossible ou interdit dans un rêve.

    - Hey, toi, le curseur, calme-toi…. Pas la peine de t’énerver, hein. Si tu crois m’impressionner, c’est raté !

    Le curseur n’arrêta pas pour autant de clignoter comme un fou.

    - Je sais bien que tu dois trouver le temps long mais j’y peux rien : JE NE TROUVE PAS MES MOTS ! Tu crois que ça m’amuse, à rester là comme une débile à te regarder? T’es même pas beau ! Alors, si tu n’es pas content, t’as qu’à me donner un coup de main et on pourra toi et moi passer à autre chose !

    - ….

    - Tu dis rien, hein ? Pas étonnant ! Je suis sûre que Môssieur n’a pas plus d’inspiration que moi. Et puis d’abord, tu ne sais rien du tout, toi ! Tu es juste là pour marquer le début. Alors, arrête de me narguer parce que ça m’énerve !

    Et soudain le curseur se mit à bouger, semant dans son sillage des dizaines de points de suspension.

    Sam vérifia qu’elle n’avait pas laissé par erreur son doigt appuyé sur la touche d’espacement. Mais non. Le curseur bougeait tout seul, animé d’une vie propre : de gauche à droite, de bas en haut, en diagonale. Le curseur se baladait, tout simplement, et prenait en même temps possession de la page blanche et vide.

    Puis, soudain, l’écran devint noir. Le temps de deux ou trois battements de cœur.

    Et redevint blanc. Blanc mais pas entièrement vide.

    Il y avait un mot écrit en plein milieu de page, parfaitement centré tant verticalement qu’horizontalement. Un mot noir sur fond blanc.

    Immanquable. Mystérieux. Magique.

    U N

    - C’est quoi ce truc ?

    Sam frappa au hasard quelques touches sans qu’aucune ne produise le moindre effet. Le mot refusait de bouger ou de disparaitre.

    - Tu m’expliques ? Si c’est le début d’un cours pour m’apprendre à compter, tu perds ton temps. C’est pas pour l’arithmétique que j’ai besoin d’aide mais pour le français. Tu saisis la différence ?

    Le curseur réapparut.

    Je suis là et j’ai compris. C’est toi qui ne comprends pas. Car là où tu ne vois qu’un chiffre, d’autres voient un mot. Oublie tes certitudes et accepte de me suivre. Ouvre ton esprit à une autre dimension et laisse-moi de prouver que les chiffres n’ont pas le monopole de la vérité et de la beauté.

    Laisse-moi une chance, tu veux bien ?

     

    Sam se dit qu’elle ne risquait pas grand-chose après tout. Personne n’avait jamais entendu parler d’un curseur meurtrier. Et puis, ce n’est pas comme si elle avait d’autres projets…

    - D’accord. Je t’écoute. Mais si tu me barbes, j’éteins tout et je me fais un Tétris !

    Nouveau clignotement du curseur. Bref passage au noir total de l’écran. Puis :

    U N

    Un mot qui devient chiffre quand il s’agit de compter, de marquer l’origine ou de donner la cadence,

    Un mot pour le début, pour le départ, pour l’aventure et le voyage.

    Et des mots, des milliards de mots, pour se parler, pour se comprendre et pour s’entendre.

    Des mots pour la mort et des mots pour la vie, Des mots pour prier, célébrer ou pleurer, Des mots pour imaginer, pour créer ou inventer, Des mots pour maudire, pour haïr ou affaiblir, Des mots pour embellir, accueillir ou bénir.

    Des mots….

    Des mots d’amour, des mots d’excuses, des mots doux ou des mots durs, Des mots qui passent, des mots qui lassent, des mots qui durent, Des mots qui touchent, des mots qui tuent, Des mots louches et des mots crus,

    Des mots utiles ou des mots vains, Des mots creux ou des mots pleins,

    Des mots qui fâchent ou qui soulagent, Des mots foux ou des mots sages,

    Des mots de rage, des mots de haine, Des mots qui pèsent, des mots qu’on traine,

    Des mots bleus, des mots doux et des mots roses, Des mots rimés, des mots de prose, Des mots hauts ou des mots bas, Des mots purs ou des mots gras,

    Des mots faciles ou laborieux, Des mots acides ou mots mielleux Des mots sincères ou obséquieux, Des mots tendres ou injurieux.

    Le mot du jour, le mot de la fin, Le mot pour tout, le mot pour rien,

    Les mots qui fâchent ou bien qui tuent, Les mot de trop ou les mots tus,

    Le mot juste ou malheureux, Le mot léger ou le mot d’adieu.

    Et toujours plus de mots….

    Des mots comme des bras pour éteindre ou serrer, comme des poings pour frapper ou écraser, Des mots comme des lèvres pour embrasser, Comme des mains pour toucher ou caresser,

    Des mots pour lui, Des mots pour elle, Des mots pour eux, Des mots pour nous

    Des mots pour toi, Des mots pour moi, Des mots qu’on veut, des mots qu’on croit

    Des mots pour les vivants et les absents, Des mots pour les parents et leurs enfants,

    Les mots harangue, les mots discours, Les mots qui courent,

    Le mot qui condamne, le mot qui plaide, Le mot qui juge, le mot qui aide,

    Le mot remède, le mot magique, Le mot poubelle, le mot pratique,

    Des mots sans queue, des mots sans tête Des mots qu’on donne, des mots qu’on prête

    Des mots en tas ou en flopée, En litanie, en mélopée, Des mots sans suite, des mots en fuite, Des mots sans fins, en logorrhée….

     

    En parlant de logorrhée….

    Sam regardait interloquée les lignes s’afficher sur son écran et se sentait submergée par cet afflux soudain de mots. Pour sûr, son angoisse de la page blanche venait d’être résolue mais elle ne voyait pas très bien comment tout ça allait pouvoir l’aider. Tout ça, c’était bien joli, mais, ironie de la chose, ce n’était que des mots…. Et que du vent.

    - Dis, le curseur, je suis censée faire quoi avec tout ça ? Bon, d’accord, les mots ont leur importance et leur utilité. Et alors ?

    - ….

    - Je vois…. On joue les muets ou les timides maintenant !

    -….

    - Ho hé, il y a quelqu’un ? Tu t’es pointé juste parce que tu as vu de la lumière, c’est ça ? Ou alors c’est l’attrait de la page blanche ? Tu t’es dit : oh, une page blanche, si j’allais la noircir un peu ; ce serait un vrai gâchis de la laisser comme ça.

    - …

    - Ho, tu me réponds quand je te parle! C’est quoi, ton but ?

     

    Le curseur s’anima à nouveau.

    D E U X

    Tu crois que l’univers se résume en une suite d’équations et que les chiffres sont la réponse à tous les mystères de la vie. L’univers, peut-être, mais pas les êtres humains. Pas les émotions et les sentiments. Et certainement pas l’amour. Je t’entends déjà me répondre que les sentiments et les émotions trouvent leur source dans certaines zones du cerveau ou résultent de la sécrétion de certaines hormones. Rien de magique, rien de hasardeux, rien d’inconnu dans un tel processus. Rien que des réactions chimiques en chaîne.

    Pas de quoi écrire des romans, des chansons de geste ou des poèmes.

    Pourtant, les codes binaires si chers à ton cœur ne font pas rêver et ne font pas pleurer. Les mots, si.

    Les équations sur lesquelles tu t’extasies ne procurent aucun frisson. Les mots, si.

    Tu n’entends pas les mots et tu es insensible aux messages qu’ils transportent. Tu crains les mots mais ils sont le moyen et non le but. Le danger ne vient pas l’outil mais de celui qui l’utilise.

    Un chiffre pour l’infini mais un milliard de mots pour une vie.

    Moi, je peux te raconter une vie sans faire de grandes phrases et sans avoir besoin de noircir des centaines de pages. Je peux te raconter une vie avec une économie et une brièveté que même toi devrait pouvoir apprécier.

    Une vie, ramenée à l’essentiel, ramenée au Verbe.

    Tu es prête ?

     

    Le curseur s’arrêta, semblant attendre une réponse.

    Sam relut les quelques lignes et hocha la tête pour marquer son accord, avant de se rendre compte qu’il y avait peu de chance pour que ce signe suffise. A moins que le curseur ne soit en mesure de la voir, ce qui serait pour le coup carrément flippant !

    Rien que pour avoir le cœur net, Sam demanda :

    - Dis, le curseur, tu peux me voir ?

    -…

    - Bon, je demande comme ça, hein. C’est pas que j’ai particulièrement envie que tu me voies mais je préfère quand même savoir. Histoire d’éviter de mettre mes doigts dans mon nez, tu comprends ? Non, tu comprends pas ? Bon, laisse tomber !

    -…

    - Allez, je suis prête. Raconte-moi une vie. Fais court et précis, s’il te plait !

     

    T R O I S

    Tu es prête ? Alors suis-moi, je t’emmène…

    Naître. Crier. Respirer. Téter. Dormir. Grandir, Ramper. Jouer. Découvrir. Regarder. Sourire Entendre. Parler. Toucher. Marcher, Courir. Vouloir. Demander. Comprendre.

    (Et sans cesse) Apprendre…

    Voir. Ecouter. Chanter, Aimer, Jouir. Rire. Savoir. Attendre, Pleurer Construire. Espérer. Trahir. Résister, Pardonner. Echouer. Recommencer.

    (Et toujours) Murir

    Accepter. Tolérer. Accomplir. Profiter, Recevoir. Haïr. Blâmer. Donner, Désirer. Offrir. Tomber. Persévérer.

    (Et comme au premier jour) Aimer.

    (Mais un jour)

    Vieillir. Décliner. Dépérir. Oublier, Souffrir. Regretter. Trembler. Renoncer, Confesser. Expier. Gémir. Prier. Pleurer. Faiblir. Agoniser.

    Dormir

    Partir

    (Et finalement) Mourir.

     

    Sam relut la liste de verbes. Perplexe, elle la relut une fois, puis encore, et se rendit compte qu’elle comprenait de mieux en mieux l’ordonnancement des verbes. Cette liste de verbes avait en effet un sens, un schéma qu’elle pouvait désormais percevoir. Des verbes pour décrire des actions. Des actions pour construire une vie.

    D’accord.

    - Je commence à comprendre, le curseur. Mais j’ai quand même un problème. Je ne connais aucun poème, et encore moins un poème d’amour. Bon, je connais des chansons qui parlent d’amour. Mais est-ce que c’est la même chose ? Et puis en plus, je ne suis pas amoureuse, alors à qui je pourrais l’écrire, ce poème ?

    Sam, prise d’une subite inspiration, lança une recherche sur Google avec ces mots « poèmes d’amour ». Le nombre de résultats qu’elle obtint lui donna le vertige et acheva de la décourager. Elle n’avait pas du tout envie de passer sa nuit à lire des poèmes barbants. Elle ne lisait que des BD car elle trouvait les images plus parlantes. N’avait-on pas dit un jour qu’une image valait mille mots ?

    - Curseur, ô gentil curseur, tu pourrais peut-être m’aider ? Après tout, c’est toi qui es venu me voir. J’avais rien demandé ! Allez quoi ! Montre-moi un poème. Même un petit, un tout petit….

    En réponse à sa prière, le curseur réapparut, semant derrière lui les mots suivants :

    Q U A T R E

    Ma plume sinon vous ne sait autre sujet, Mon pied sinon vers vous ne sait autre voyage, Ma langue sinon vous ne sait autre langage, Et mon œil sinon vous ne connaît autre objet,

    Si je souhaite rien, vous êtes mon souhait, Vous êtes le doux gain de mon plaisant hommage, Vous êtes le seul but où vise mon courage, Et seulement en vous tout mon rond se parfait.

    (Pierre de Ronsard – 1524 / 1585)

     

    Voilà.

    Le voici ton exemple de poème d’amour, cette succession délicate mais habile de mots, des mots avec rime et raison. Des mots qui s’unissent créer une image, donner vie à une sensation ou à une émotion. Des mots qui parlent au cœur. Des mots comme des offrandes

    Tu dis n’aimer personne mais je sais que c’est faux. Regarde autour de toi, écoute ton cœur et oublie pour un temps ta raison. Tu aimes sans savoir le montrer, sans savoir le décrire et sans savoir l’écrire. Tu peux aimer un homme, une femme, tes parents, ta famille, un ami ou même un chien…. Mais tu aimes. Toujours et constamment. Tu connais l’amour et l’amour te connait.

    Alors, oublie qu’il s’agit d’un poème pour la Saint Valentin. Pense à ceux que tu aimes et laisse venir les mots. Ils sont en toi-même si tu les ignores.

    Je vais partir maintenant. Je t’ai dit l’essentiel.

    La page blanche t’appartient et elle sera ce que tu en feras.

     

     

    Le curseur disparut à nouveau.

    L’écran devint brièvement tout noir puis tout redevint normal.

    Sam se réveilla en sursaut, désorientée. Son ordinateur portable pesait lourdement sur son estomac et se rendit compte en regardant son réveil qu’elle avait dormi près de deux heures.

    Il lui fallut quelques minutes pour reprendre ses esprits. Les souvenirs revinrent et elle se rappela son devoir de français. Et son manque consternant d’inspiration.

    Elle fixa sa page Word, vierge, impressionnante, angoissante. Puis, lentement, une idée germa dans sa tête.

    Elle se redressa dans son lit, stabilisa son ordinateur et, d’une frappe ferme et décidée, commença son poème :

    Prends mon cœur dans tes mains et porte-le à tes lèvres…

     

     

    FIN.

     

     

    HDM61



     

     

     

  • OS 3 : Paranormal

     

     

    Hello tous le monde !! Cette semaine, le défi des Os est sur le thème du "Paranormal"

     

     

     

    Nous postons les OS au fur et à mesure qu'elles sont écrites. Les prochaines ne devraient pas tarder a arriver ^^

     

     

     

    Bonne lecture à tous, à dimanche prochain ;)

     

     

     

     

     

     

     

    Amheliie & Maryrhage

     

     

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    Rencontre insolite.

     

     

    _ Foutu baraque qui tombe en ruine !

     

    Cela fait maintenant une semaine que j’ai emménagée dans cette maison a la campagne. Sur le papier c’était une charmante maison de campagne avec cheminé et lambris, esprit « chalet ». Dans les faits c’est une bicoque pas isolé, ou la cheminé est un tas de pierre amassé dans un coin avec au moins 3 nid d’oiseau a l’intérieur du conduit d’évacuation. Et en ce qui concerne l’esprit « chalet » je dirais plutôt cabane d’un trappeur dans le grand nord ! Et encore je suis gentil ! La cabane du trappeur doit être plus confortable !

    Je continu a pester tout seul lorsque qu’un fracas se fait entendre. Je sursaute malgré moi et me dirige dans la direction du bruit qui se situe au premier étage. Je monte tant bien que mal l’escalier branlant en vérifiant ou je mets les pieds afin de conserver mes deux jambes valide et arrive enfin à l’étage que je n’ai toujours pas aménagé.

    Je pousse la première porte et ne vois rien. La pièce est vide. J’allais ouvrir la seconde porte lorsque le bruit se répète. Cette fois le bruit semble provenir de la pièce du fond. Je n’ai ouvert cette porte qu’une fois le jour de l’emménagement. Un tas de bric et de broc est entassé las bas. A tel point que je ne pense pas pouvoir la débarrassé avant un bon moment vu l’ampleur des travaux qui m’attendent.

    A peine arrivé devant cette fameuse porte, le bruit se répète une fois encore mais en beaucoup plus fort cette fois. J’ouvre et un nuage de poussière m’attaque les yeux et le nez. Je tousse en reculant essayant de me protégé du mieux que je peux. Plié en deux dans le couloir je tente de reprendre ma respiration lorsque j’entends une voix. Une voix féminine et pas commode qui plus est.

     

    _ Saleté de robe ! Vas-tu te décoincé oui !

     

    J’essuie mes yeux larmoyant et tente de maitrisé ma toux quand une pensée me traverse subitement l’esprit. Qu’est-ce que cette femme fait ici ?

     

    Je me redresse et essuies mes yeux larmoyant tout en avançant une fois encore dans cette pièce. Je scan l’endroit à travers mes yeux toujours remplie de larmes mais ne voit rien.

     

    _ Ok cette fois c’est sur tu es complétement cinglé Luc !

     

    Pourtant j’étais sur d’avoir entendu une voix de femme. Tout en me repassant la scène, j’avance péniblement en direction de la fenêtre en évitant les divers objets au sol. Manque de chance cette satané fenêtre est coincée et ne s’ouvre pas.

     

    _ Evidemment !

     

    Je force un peu et ô miracle fini par réussir à l’ouvrir. J’ouvre ce qui devrait être des volets à une époque et laisse entré l’air frais.

     

    _ Vous êtes le nouveau locataire ?

     

    Je sursaute enfin plus exactement je fais un bond en me tenant la poitrine tellement j’ai peur.

     

    _ Qu.. Quoi ? Qui parle ?

     

    Je dois être aussi blanc que ma chemise mais je suis effrayé. Je n’ai donc pas rêvé. J’avais bien entendu une voix de femme. Comment est-elle arrivée là ? Qui est-elle ?

     

    _ Eh bien moi !

     

    Cette fois c’est sur on me fait une blague. Ou je deviens dingue, car malgré tout je ne vois personne.

     

    _ Qui, vous ? Sortez de votre cachette et expliquez-vous ! Que faites-vous chez moi ?

     

    Je scrute la pièce mais ne voit toujours personne. Mon cœur se remet à battre à vive allure mais de colère cette fois.

     

    _ Si je pouvais bouger je l’aurais fait ! Mais ma robe est coincée !

     

    _ Ok au moins tu n’aies pas totalement fou. Je marmonne pour moi-même.

     

    _ Ça ne me dit pas qui vous êtes et ce que vous faites chez moi !

     

    Je rêve ! Ce n’ai pas possible autrement !

     

    _ C’est très compliqué a expliqué voyez-vous et …

     

    _ Bien sûr ! J’entends un bruit chez moi, quand je vais voir, j’’entend la voix d’une femme. Là je crois que je suis fou, mais non il y a bien une femme quelque part mais je ne la vois pas ! Et pour couronné le tout cette femme me dit que la situation est compliqué a expliqué quand je lui demande ce qu’elle fait chez MOI !

     

    Cette fois je suis en colère pour de bon. Je n’aime pas qu’on me prenne pour un imbécile.

     

    _ Ho calmez-vous bon sang ! Je vais vous expliquer et la-vous pourrais croire que vous êtes fou et partir en criant a la sorcellerie ! Mais d’abord pourriez m’aider à sortir de la s’il vous plait ?

     

    Je prends une profonde inspiration et expire lentement. Je ne vais pas passer loin de l’AVC si je continu a ce rythme.

     

    _ Très bien ! Je vais vous aider mais AVANT vous allez m’expliquer ou vous êtes exactement et m’expliqué ce que vous faites ici ! Ensuite j’appellerais la police. Le soupir qui me répond ne me dit rien qui vaille.

     

    _ Ecoutez Luc je...

     

    _ Comment connaissez-vous mon nom ?

     

    Cela voudrait-il dire que je la connais ? Non sa voix ne me dit rien.

     

    _ Seigneur … je connais votre nom pour la simple est bonne raison que vous vous êtes parlez a vous-même tout à l’heure en disant : cette fois tu es complètement fou Luc. Ou quelque chose d’approchant.

     

    Là je me sens un peu ridicule. Mais j’ai le droit d’être surpris quand même !

     

    _ Ha. Bref, j’attends toujours vos explications. Et avant dite moi ou vous êtes parce que j’ai vraiment l’impression d’être fou à parler dans le vide !

     

    _ Mon dieu ! Quelle amabilité ! Soit. Je suis coincé au fond de la chambre. Ma robe c’est accroché et je n’arrive pas à la décoincé.

     

    _ Désolé si découvrir qu’une femme inconnue ayant élu domicile dans une piece de ma maison ne me fasse pas sauté de joie !

     

    Tout en parlant je me dirige tant bien que mal vers le fond de la pièce. Comment cette femme a-t-elle pu arriver là ? Les meubles et divers objets sont entassé les uns sur les autres jusqu’au plafond ! En déplaçant un meuble je m’égratigne la main.

     

    _ Aïe ! Bordel !

     

    _ Quel langage ! Vous ne devait pas être un gentleman pour parler ainsi devant une dame.

     

    Cette fois la coupe est pleine.

     

    _ Effectivement je ne suis pas un gentleman ! Et pour l’instant je parle au mur ! Donc je ne pense pas qu’il en a quelque chose à faire de comment je parle !

     

    _ Certes …

     

    Le ton hautin de cette femme m’agace prodigieusement. Pourquoi je n’ai tout simplement pas appelé la police ? Parce que l’histoire de cette femme t’intrigue et qu’après tout ce n’ai qu’une femme Persifle une voix dans ma tête.

    Je continu d’avancé lentement vu tous les objets que je dois déplacer pour me frayé un passage quand un éclat doré attire mon regard. Je poursuis mon chemin et vois enfin cet inconnu. Je reste bouche bée. Elle est n’est pas très grande, les cheveux brun presque noir, la peau halé. L’éclat doré que j’avais aperçu provenait de sa robe. Une robe de soirée des années folles d’après mon peu de connaissance. Plutôt courte, à paillette et à frange. Dos à moi elle lutte visiblement pour enlever les franges de sa robe prises dans un clou. Elle se retourne et c’est un deuxième choc. Un visage fin de grand yeux bleu très maquillé de noir et une bouche rouge vif.

     

    _ Hé bien qu’attendez-vous pour m’aider ?

     

    Je me reprends et me dit intérieurement qu’elle est aussi belle qu’agaçante.

     

    _ J’attends maintenant vos explications.

     

    Elle soupire encore et semble se lancé mais referme la bouche dans une moue adorable. Stop ! Retour à la réalité mon gars ! Les explications de la demoiselle d’abord ! Apres tu pourras fantasmer !

     

    _ Que faite vous dans ma maison mademoiselle ? Et qui êtes-vous ?

     

    Ma deuxième question semble l’apaisé quelque peu mais je ne comprends pas trop pourquoi.

     

    _ Je suis Louise Davenport.

     

    _ Très bien Louise. Maintenant dite moi ce que vous faites chez moi dans cette tenue à la nuit tombé.

     

    _ Qu’avez-vous à redire sur ma tenue je vous prie ?

     

    Elle semble vexée.

    _ Rien c’est jolie. Mais je ne pense pas que ce soit très pratique comme tenue pour cambriolé une maison.

     

    _ Cambriolé ? C’est ridicule !

     

    _ Oui c’est aussi ce que je pense. Surtout que cette maison est une ruine.

     

    _ Elle ne l’a pas toujours étais  murmure-t-elle.

     

    _ Comment savez-vous ça ?

     

    _ J’y ai vécu il y a longtemps.

     

    _ Ok. Ça ne me dit pas ce que vous faites ici !

     

    Elle semble réfléchir sérieusement à sa réponse quand une expression de pure lassitude s’affiche sur son visage.

     

    _ Très bien. Je vais tout vous dire. Mais sachez que si vous partez en courant ou vous moquez de moi les fait resteront tel que je vais vous les énoncé.

     

    J’hoche la tête sans vraiment comprendre. Quel histoire abracadabrante va-t-elle me conté ?

     

    _ Laisser moi aller jusqu’au bout avant de dire ou faire quoi que ce soit vous voulez bien ?

     

    _ D’accord.

     

    _Je vais d’abord finir de me présenter. Je m’appelle Louise Davenport. Je suis né en 1903.

     

    _ Pardon ?! Vous êtes …

     

    _ Vous étiez d’accord pour ne pas m’interrompre !

     

    Je ravale le flot de parole désagréable qui me vient.

     

    _ Continué.

     

    Cette femme est folle c’est sûr. C’est bien ma veine ! Une si jolie fille c’est dommage.

     

    _ Je suis née ici à Finley city. J’étais danseuse dans un cabaret. Et pour faire bref je suis morte à l’Age de 27 ans, quatre jours avant mon mariage avec Ethan. Depuis je ne sais pas pour quelle raison je reviens ici. Fantôme, apparition, appelé moi comme bon vous semble mais c’est ce que je suis.

     

    Elle se moque de moi ! Je la regarde dans les yeux mais ne vois rien qui me disent qu’elle me mente. Mais c’est impossible ! Cette fille est folle c’est sûr.

     

    _ Vous vous moquez de moi ?

     

    _ Non répond-elle en soupirant.

     

    _ Si ! Ce n’ait pas possible autrement !

     

    _ Non ! Je savais que vous ne me croiriez pas. Tout comme les anciens locataires et ceux d’avant et ainsi de suite. Allez y partez en courant, enfuyez-vous. Par contre je vous déconseille d’appelé la police. Ce serait vous qui passerait pour un fou.

     

    _ Et pourquoi donc ?

     

    _ C’est ce qui est arrivé à un des anciens locataires. Apparemment seul le propriétaire de cette maison me voit. Et puis mes disparaissions et apparition ne sont pas de mon fait. Cela arrive comme ça. Ce n’ai pas un acte de ma volonté.

     

    Bien sûr ! Je m’approche d’elle et lui touche le bras.

     

    _ Vous n’êtes pas un fantôme. En voilà la preuve. Ecoutez mademoiselle vous vous êtes bien amusé à mes dépends mais maintenant vous aller sortir de cette maison. C’est tout ce que je vous demande. Tout en parlant je décroche sa robe du clou en faisant un trou.

     

    _ Désolé pour votre robe. Maintenant je vous demande de partir.

     

    Je lui prends le bras et l’escorte vers la sortie. Elle me suit docilement sans rien dire. Nous sortons de la pièce et descendons l’escalier. J’entends le hoquet de stupeur qu’elle laisse échappé.

     

    _ Qui a-t-il ?

     

    _ Ri... rien. Je ne pensais pas que ma maison serait dans un tel état c’est tout.

     

    _ Eh bien oui c’est une ruine. Et même si il était vrai que vous aviez habité ici ce n’ai plus le cas et ne vous concerne plus.

    Des larmes scintillent au coin de ses yeux mais je ne peux rien pour elle.

     

    _ Voulez-vous que j’appelle quelqu’un ?

     

    Un ricanement amer sort de sa bouche.

     

    _ Non ce n’ai pas la peine. Merci.

     

    _ Nous traversons le salon et arrivé à la porte je renouvelle mon offre.

     

    _ Vous êtes sur de ne vouloir appeler personne ?

     

    Son expression et triste. Ses larmes ont disparu elle semble résigné.

     

    _ Bon hé bien dans ce cas voulez-vous que je vous emmène quelque part ?

     

    J’essaye de faire les choses comme il faut. Une jeune fille comme elle, seule, ne passerait pas inaperçue. Surtout avec sa robe pailletée. Même en pleine campagne.

     

    _ Non merci. Au revoir Luc.

     

    Mon téléphone sonne quelque part dans la maison. Je me retourne par reflexe. Puis fait de nouveau face à…. au vide. Je ne comprends pas elle était là il y a même pas 20 seconde ! Elle n’a pas pu ouvrir la porte sans que les clefs dans la serrure ne fasse de bruit. J’ouvre quand même la porte et sort pour voir. Mais non il n’y a personne. La maison est isolée. La plus proche maison est à 1 km. Je fais quelque pas et reste figé essayant de comprendre.

    J’entre à nouveau dans la maison et fait le tour des pièces a sa recherche.

     

    _ Louise !

     

    Pas un bruit ne se fait entendre.

     

    _ Louise ! Répondez-moi !

     

    Apres 20 minutes de recherche je comprends qu’elle n’ait plus là. Mais comment a-t-elle pu sortir si vite et sans bruit ?

    Je m’assoie à nouveau sur le canapé. Je cherche toujours à comprendre quand une idée me vient. Je cours presque chercher mon PC portable et revient au salon, m’installant sur la table basse. Malgré l’état pitoyable de la maison la connexion internet est bonne.

    Une fois ce dernier allumé je tape «  Louise Davenport Finley city » dans le moteur de recherche. Une quantité de réponse s’affiche. Une retient mon attention. C’est un encart de journal. On n’y voit nul autre que ma belle inconnue en tenue légère suspendu dans les airs sur une sorte de balançoire. La nouvelle star du Black Rose, dit la légende.

    Ce n’ai pas possible. Pourtant plus je regarde la photo et plus je me dis que si. Cette fille ressemble trait pour trait à ma belle inconnue. A tel point qu’on pourrait les croire jumelle. Je lis l’article en dessous.

     

    La jeune Louise Davenport dite « LOU »est désormais à l’affiche de la nouvelle revue du Black rose. Apres des débuts plus que prometteur la jeune fille accède enfin au rang très convoité de meneuse de revue. Cette jeune jolie et joyeuse jeune femme fait tourné les tètes mais son prochain mariage avec le très célèbre homme d’affaire Ethan PARKER va en décevoir plus d’un. L’homme d’affaire a fait savoir que le mariage aurait lieu ici même a Finley city au très célèbre ….

     

    Je suis sous le choc. Cela pouvait il être vrai ? Louise était-elle vraiment la louise de la photo ?

    Ecore sous le choc je vais dans la cuisine et me sert une vodka. La première gorgée me brule l'œsophage. Je ne sais pas si cette histoire est vraie ou si je deviens fou mais quoiqu’il en soit j’espère vraiment la revoir. Pourquoi je ne sais pas trop. Pour avoir des réponses c’est sûr mais aussi parce que malgré que tout ceci soit complétement dingue, j’ai envie d’y croire.

     

    Tahlly 

     

     

     

    La Justice des Murs

     

     

    Dans une geôle, en Espagne

     

    Elle allait mourir.

     

    Elle sentait sa vie s’écouler de son corps au rythme des gouttes de sang qui s’écrasaient sur le sol de sa prison humide et glacée.

     

    Elle s’était battue aussi longtemps qu’elle en avait eu la force mais elle était désormais au bout de sa résistance, tant morale que physique.

     

    Pas à dire, elle l’avait rendu vraiment furieux.

     

    Son refus de crier, de supplier ou d’implorer avait porté à son comble sa rage et exacerbé ses penchants les plus brutaux.

     

    Heureusement, après toutes ces heures de souffrance, son corps baignait désormais dans une apathie bienfaisante et ô combien bienvenue.

     

    Mais cela n’allait pas durer car il allait revenir. Il ne pourrait pas s’en empêcher. Il allait revenir pour tenter une fois encore de la briser. Mais il échouerait, comme précédemment. Et il se déchainerait sans plus se préoccuper du but ultime à atteindre : obtenir sa confession, l’entendre avouer son état de succube et de sorcière

     

    Ils l’avaient bien mal choisi, leur Grand Inquisiteur ! Torturer était devenu pour lui plus important que tout. Les missions que lui confiaient la Sainte Inquisition n’étaient rien d’autre qu’un prétexte pour donner libre court à son sadisme et à ses perversions. Sous la robe pourpre du Grand Inquisiteur se cachait une âme noire et souillée, un esprit dénué de toute empathie et vidé de toute humanité.

     

    Et il osait la traiter de monstre !

     

    A travers ses yeux boursouflés, elle apercevait les murs sur lesquels les instruments de torture étaient accrochés dans une mise en scène obscène destinée à inspirer davantage d’épouvante dans les esprits déjà éprouvés des pauvres victimes sur lesquelles ils allaient s’appliquer.

     

    Un feu rougeoyait dans un âtre immense, non pas dans un souci de procurer une quelconque chaleur à ces murs froids et moisis mais dans celui bien plus néfaste de chauffer à blanc les crochets, les chaines ou les couteaux avec lesquels le bourreau se plaisait à jouer avec des chairs déjà torturées.

     

    Elle gisait nue sur la croix en bois, les bras et jambes attachées par des fers qui s’étaient incrustés dans sa peau. Elle avait beau être courageuse et vouloir lui refuser la satisfaction de l’entendre supplier, elle n’avait pu s’empêcher de se débattre quand il l’avait violée, battue puis torturée.

     

    Ce monde sombrait dans le chaos et l’obscurité commençait à recouvrir toute source de lumière La bonté et la compassion ne pesaient pas bien lourd face à la colère et à la haine des esprits jaloux et étriqués.

     

    La chasse aux sorcières, vraies ou fausses, était ouverte en ce 15ème siècle et le chef des chasseurs s’appelait Torquemada.

     

     

     

     

     

    Quelque part dans les Murs

     

    Trop de cris, trop de souffrances, trop de sang…

     

    Cela faisait bien trop de temps qu’ils absorbaient toute la misère humaine sans aucun espoir de la voir un jour s’atténuer. Témoins silencieux de l’humanité depuis l’aube des temps, ils ne cessaient cependant d’être étonnés et épouvantés par la folie, par l’inépuisable énergie et l’incroyable imagination dont les êtres humains faisaient preuve pour dispenser la douleur et la mort. Du temps des Cavernes, les hommes préhistoriques avaient au moins eu l’excuse de leurs instincts primitifs et du besoin de survivre. Rien de tel ici et maintenant.

     

    Les Murs pleuraient, et leurs lamentations exprimaient mieux que les mots l’insoutenable sentiment de perte pour toutes les âmes pures et généreuses dont la disparition ne faisait que renforcer la présence toujours plus pesante et menaçante du Vide Absolu.

     

    Les Murs pleuraient, et leurs sanglots résonnaient comme un chant funèbre qui glaçait le sang de tous ceux qui, sans le savoir, vivaient sur la même harmonie que la Vie.

     

    Les Murs pleuraient, et leurs larmes sonnaient le glas des espoirs, des idéaux et des rêves qui avaient pour un temps réchauffé le cœur des hommes.

     

    Les Murs pleuraient, inconsolables, sur le sacrifice de l’innocence, de la beauté, de l’insouciance, de la générosité, du pardon et du concept même d’humanité. Trop de justes et d’innocents avaient connu une mort atroce, prématurée et injuste.

     

    Les Murs pleuraient, meurtris par une tristesse incommensurable.

     

    Mais les Murs étaient aussi fatigués et inquiets. Bientôt, ils ne seraient plus assez vastes pour contenir tant de haine. Ils avaient assisté à tant d’agonies que les milliards de derniers soupirs qu’ils avaient recueillis avaient fini par se transformer en une symphonie assourdissante dont le crescendo faisait trembler les fondations même des Pierres Premières.

     

    Cela faisait un moment - des années ou des siècles, comment le savoir avec certitude -, que les Pierres Premières, submergées et engorgées par les flots du sang versé, peinaient de plus en plus à purifier les miasmes issus des atrocités auxquels se livrait le genre humain.

     

    Bientôt, le point de non-retour serait atteint et la Vie toute entière sombrerait dans l’abime du Vide absolu.

     

    Oui, décidément, le temps des larmes était révolu.

     

    Alors, pour la première depuis la création du monde, les Murs décidèrent d’abandonner leur statut de témoins silencieux et passifs. Ils prirent partie et conçurent un plan audacieux destiné à enrayer la lente destruction de l’humanité. Un nouveau pacte fut conclu avec la Vie.

     

    Les Murs allaient prendre Chair. Les Murs allaient prendre Vie. Mais ils n’auraient droit qu’à un seul essai.

     

     

     

    Dans la prison

     

    La jeune fille entendit le verrou de la lourde porte s’ouvrir et un air froid vint caresser sa peau quand la porte s’écarta pour laisser passer le Grand Inquisiteur.

     

    Son corps martyrisé n’aspirait qu’au repos et son âme à la délivrance.

     

    Le Grand Inquisiteur l’avait traitée de sorcière, de suppôt de Satan, de putain du Diable. Pourtant, ce n’est pas à ce dernier que s’adressaient ses prières. Certaine de vivre ses derniers instants, elle adressait son âme à Dieu et la remettait entre Ses Mains qu’elle espérait miséricordieuses et bienveillantes.

     

    Elle avait assisté au supplice et à la mort de sa mère et de sa grand-mère, elles aussi accusées de sorcellerie. La bigoterie, la bêtise et l’intolérance avaient transformé la vie de ces guérisseuses en un véritable enfer avant de les y envoyer pour de bon via les flammes d’un bûcher.

     

    Les prêtres, jaloux de leur indépendance et de leur savoir, ulcérés par leur incapacité à les assujettir à la vision réductrice que l’Eglise avait des femmes, avaient entamé une guerre sournoise mais efficace pour les mettre au pas ou, le cas échéant, pour les exterminer.

     

    Dans tout le pays, c’est par centaines que les condamnations pleuvaient et que ces servantes de Mère Nature mouraient. Les quelques voix sensées et horrifiées qui osaient s’élever contre ce carnage étaient impitoyablement réduites au silence et l’odeur des chairs calcinées empuantissait l’air à tel point que certains prétendaient que les oiseaux périssaient empoisonnés.

     

    L’Espagne sombrait dans la paranoïa et la folie. L’Inquisition, avec ses prêtres fanatiques et ses rites barbares, semblait déterminer à plonger le pays dans la crainte toute puissante d’un dieu vindicatif et despotique.

     

     

     

    Le Grand Inquisiteur s’approcha à pas lourds de sa victime, impatient de jouir de sa vulnérabilité et sa souffrance. Il reconnaissait à la sorcière une force de caractère et une endurance peu communes chez une telle engeance, mais au lieu d’en éprouver du respect, il ne voyait là qu’une preuve supplémentaire de son commerce coupable avec le Malin. Il avait eu beau couper, taillader, poignarder, brûler, violer, mutiler ce corps souillé, il n’avait pas réussi à atteindre et à extirper la source même du Mal.

     

    Il s’était persuadé que chaque coup de butoir qui le poussait au fond de ce sexe de pécheresse avait été guidé par la volonté de sauver cette âme en perdition. Pour une raison inexpliquée, il voulait l’entendre supplier et il voulait la briser. Quelque chose en cette fille mettait à mal son assurance et ses convictions et il le lui faisait payer par un supplément de tortures. Alors il revenait tous les jours pour reprendre son travail de sape, certain qu’il serait au bout du compte le vainqueur de cette lutte inégale.

     

    Mais elle résistait. Contre toute attente, elle résistait.

     

    Il ne pouvait cependant plus différer l’inéluctable : il venait d’être rappelé dans la capitale pour rendre compte de ses progrès dans l’éradication des hérétiques. Il devait en finir. Maintenant.

     

    Il était revenu pour la tuer.

     

    N’ayant plus désormais le loisir de jouer, il avait décidé de l’achever rapidement, se privant du plaisir d’une longue agonie. Mais après tout, il considérait en avoir amplement profité. Il s’approcha du mur Nord et saisit l’un des poignards, presque au hasard. Il se dirigea ensuite vers la croix de bois sur laquelle la fille était attachée et la redressa en position verticale.

     

    Malgré sa résolution, l’impulsion fut trop forte et il ne put s’empêcher de faire courir la lame le long des lèvres de la fille, puis de son cou et de sa gorge, faisant naître des frissons sur la peau livide. Il continua son chemin sur les seins et le ventre de sa victime, et poussa même jusqu’à ses cuisses. Une puissante excitation fit dresser son sexe dans ses chausses et il regretta de ne pouvoir passer davantage de temps à chorégraphier le macabre ballet du couteau dansant sur ce corps impuissant. A défaut de pouvoir la briser, il voulait la marquer.

     

     

     

    A l’intérieur des Murs, l’Acte de Création commença.

     

     

     

    La jeune fille tremblait sous la caresse blessante de la lame. Elle avait compris qu’elle vivait ses derniers instants. Refusant de lui accorder le plaisir de sa frayeur, elle chercha en elle ce refuge où déposer son esprit et son âme. Si elle le trouvait, elle pourrait abandonner son corps à son bourreau et s’affranchir de la douleur. Elle n’avait plus beaucoup de temps ; alors, elle mobilisa ses toutes dernières forces, ferma les yeux et, adressant une ultime prière à Dieu et un remerciement à la Vie, elle lâcha prise.

     

     

     

    A l’intérieur des Murs, l’Acte de Création grandit.

     

     

     

    Le Grand Inquisiteur sentit tout de suite le relâchement soudain de sa victime et ragea de ne pas la voir plus réactive. Cette sorcière était en train de lui gâcher son plaisir. Alors, fou de rage, il ne put contenir davantage sa violence et commença à taillader frénétiquement le corps désormais insensible.

     

     

     

    A l’intérieur des Murs, l’Acte de Création s’envola.

     

     

     

    La jeune fille était au-delà de toutes sensations. Elle avait l’impression de flotter au-dessus de son propre corps et assistait avec un détachement étonné à la frénésie meurtrière du Grand Inquisiteur. Libéré de toute entrave matérielle, son esprit prenait la pleine mesure de la folie qui motivait cet homme hypocrite qui se cachait derrière des discours pieux et utilisait la religion et l’Eglise pour satisfaire son sadisme et sa lubricité. Il était inconcevable pour tout esprit sensé que Dieu ait pu choisir un jour pour le présenter sur terre un être aussi corrompu et amoral.

     

     

     

    Les Murs s’ouvrirent pour laisser passer l’Acte de Création.

     

     

     

    Le Grand Inquisiteur, perdu dans son paradis personnel, ne vit pas le feu s’éteindre dans l’âtre du Mur Est, pas plus qu’il ne vit la flamme des torches des Murs Ouest et Sud s’affaiblir puis totalement disparaitre.

     

     

     

    La jeune fille attendait avec courage le coup fatal. Ses adieux à cette terre et à cette vie avaient été faits.

     

     

     

    L’Acte de Création reconnut la Vie à laquelle il était destiné.

     

     

     

    Le Grand Inquisiteur, comme au sortir d’un rêve, reprit lentement ses esprits et contempla d’un air hébété le corps atrocement mutilé de la sorcière. Soudain très fatigué, il n’eut plus qu’un désir : en finir. Alors, d’un geste décidé, il trancha la gorge de la condamnée.

     

     

     

    La jeune fille vit sans le sentir le poignard trancher tout à la fois sa gorge fine et le fil fragile de sa vie. Son dernier soupir s’’échappa de ses lèvres et elle accueillit la mort comme une vieille amie revenant d’une longue absence.

     

     

     

    L’Acte de Création saisit cet ultime souffle pour s’incarner dans cette Vie.

     

    Puis, il regagna la sécurité des Murs. Il allait avoir besoin de temps, de beaucoup de temps, pour s’accomplir et devenir ce qu’il devait être.

     

    La Vie avait offert le Souffle Initial, celui de cette jeune fille innocente, et les Murs allaient quant à eux veiller sur le processus d’Incarnation.

     

    Oui, il allait falloir du temps mais, même si le compte à rebours avait commencé, les Murs étaient patients. Bientôt, leur Chair accomplirait son destin.

     

     

     

     

     

    De nos jours. Dans une ville.

     

    L’homme rasait les murs, furtif et sournois, impatient de regagner sa tanière pour profiter de sa toute dernière proie. Le souvenir de la traque et de l’enlèvement de sa victime suffisait à le faire trembler rétrospectivement d’excitation et il devait se contenir pour ne pas se mettre à courir. Mais les flics étaient sur les dents et il ne pouvait se permettre de prendre le moindre risque.

     

    Il sourit en pensant au désarroi dans lequel se débattait les forces de police. Il avait été extrêmement prudent et il n’avait laissé sur ses victimes aucun indice susceptible de remonter jusqu’à lui.

     

    Tout en avançant prudemment dans la nuit, il se sentait empli d’une jubilation incroyable : cela faisait plus de dix ans qu’il commettait en toute impunité ses meurtres et, franchement, il ne voyait aucune raison pour que cela change. Ces crétins de flics n’avaient pas la moindre piste. Il était tellement euphorique qu’il avait envie de se trouver un putain de paquebot, de poster son cul à l’extrémité de la proue et d’écarter les bras en grand tout en gueulant vers le ciel : « je suis le roi du monde ! »

     

    Cette nuit, ça allait vraiment spécial. Il avait particulièrement bien choisi. Cela faisait des mois qu’il en crevait d’envie mais il avait hésité longtemps avant de franchir le pas : ce type de victime représentait de très gros risques. Mais le besoin avait surpassé les dernières hésitations dictées par la prudence et il était passé à l’acte hier.

     

    Son cadeau l’attendait, bien au chaud dans sa cage. Il salivait à la perspective des jeux qu’il avait préparés pour lui.

     

    Ouais, cette nuit, c’était comme qui dirait Noël avant l’heure, et son cadeau était un gosse de 12 ans.

     

     

     

    Ailleurs dans la ville

     

    Dans l’entrepôt désaffecté, les rats affairés couraient en couinant comme une minuscule armée en déroute. Malgré le nid accueillant qu’ils s’étaient créé dans ces murs, leur instinct mis en alerte les poussait à l’évacuer aussi vite que possible. A leur manière, ils réagissaient à l’étrange atmosphère qui commençait à imprégner les lieux. Sans trop pouvoir l’expliquer, ils avaient été pris d’un irrépressible sentiment d’urgence et, en bons rats qu’ils étaient, ils abandonnaient purement et simplement le navire.

     

    Pour n’importe quel observateur extérieur, ces lieux n’étaient pourtant rien d’autre qu’une zone laissée à l’abandon, ce qui n’avant en soit rien de très inhabituel pour cette partie de la ville où la crise avait lourdement impacté l’économie locale.

     

    Pourtant, il aurait suffi à l’observateur extérieur d’un regard un peu plus attentif pour percevoir une aura mystérieuse et pesante. Sans être franchement menaçante, l’impression dégagée par le bâtiment était profondément anormale et perturbante. En effet, parfois, les murs donnaient l’impression qu’ils « respiraient ». Simple illusion d’optique ou effet d’une perception faussée… allez-savoir. A moins que toute la drogue et l’alcool qui avaient été consommés à un moment ou à un autre dans ce no-man’s land aient tellement imprégnés les murs qu’ils en exsudaient des miasmes capables d’intoxiquer les rares visiteurs suffisamment inconscients pour s’y égarer.

     

    Ce lieu, comme abandonné de Dieu et des hommes, préfigurait un monde où le désespoir et la résignation régnaient en maître, un lieu où les pleurs et les appels à l’aide d’un enfant n’obtenaient pour réponse qu’un écho lugubre.

     

     

     

    L’homme arriva enfin à destination ; il pénétra dans l’entrepôt et se dirigea vers la pièce où l’attendait son invité en cette nuit extraordinaire. Se forçant au calme, il défit les verrous qui protégeaient l’entrée et entra enfin de son saint-des-saints.

     

    La cage était posée à même le sol et l’enfant, les yeux bandés, les pieds et les mains attachés, était adossé contre l’un des montants. Ce petit morveux lui avait donné du fil à retordre malgré sa petite taille et son manque de force. Un bon petit coup sur la tête avait calmé ses ardeurs. La suite avait été un jeu d’enfant, pour ainsi dire.

     

    - Laissez-moi partir, s’il vous plaît, laissez-moi partir. Je promets, je dirai rien à personne….

     

    L’enfant ne put s’empêcher de supplier, même s’il savait en son for intérieur qu’il n’y avait aucune chance pour que son ravisseur exauce ses prières. Mais après les longues heures qu’il avait passé dans cette cage, comme un animal, il était épuisé et terrorisé.

     

    - La ferme, le môme. Garde ta salive, tu auras besoin pour plus tard.

     

    L’homme éclata d’un rire énorme et obscène, sans doute en réponse à l’image particulièrement excitante qui venait de lui traverser l’esprit.

     

    - On va passer de bons moment ensemble, le môme. Enfin, moi surtout !

     

    Nouveau rire tonitruant et jubilatoire ….

     

    - J’ai tout plein de projets pour toi et t’as pas intérêt à faire le mariole et à me gâcher mon plaisir sinon je te ferai vraiment mal. T’as compris ?

     

    La voix rauque de l’homme instillait un sentiment de frayeur inouie dans l’esprit de l’enfant qui, malgré son jeune âge et l’ignorance qui allait de pair, se doutait bien qu’aucun des projets de l’homme n’était destiné à lui apporter du plaisir à lui. Il savait qu’il allait avoir mal et que certainement en mourir.

     

    - J’ai encore quelques trucs à préparer et on pourra commencer. T’inquiètes pas, le môme, je vais bien m’occuper de toi, tu verras.

     

    L’enfant entendit la porte de la cage s’ouvrit et il hurla et se débattit quand l’homme le prit par les bras.

     

    - Du calme, le môme ! Je veux t’enlever ton bandeau. J’ai envie que tu profites du spectacle. Mais tu vas rester tranquille, merde !

     

    L’homme lui donna une gifle violente pour mieux faire passer son message puis lui libéra enfin les yeux. Il fut repoussé brutalement à l’intérieur de la cage, que l’homme verouilla avant de s’éloigner.

     

    Pour la première fois, l’enfant put voir l’endroit où il se trouvait, et l’homme qui l’y avait amené.

     

    Son niveau de terreur montra de plusieurs crans supplémentaires quand il croisa les yeux de son ravisseur. Des yeux brillants d’une lueur mauvaise, des yeux de fou, des yeux de monstre mangeur d’enfant, des yeux sans âme, sans pitié, sans conscience.

     

    Et l’enfant comprit avec une certitude absolue qu’il n’y aurait aucun miracle et qu’il allait mourir dans cet entrepôt, mais pas avant d’avoir souffert sous les tortures que lui infligerait ce détraqué.

     

    Alors il se mit à pleurer, écrasé par un intolérable sentiment de vulnérabilité et d’impuissance.

     

    Le spectacle de ses larmes fit hurler littéralement de joie l’homme qui, levant les bras au ciel, se mit à tourner sur lui-même en criant :

     

    - Je suis le roi du monde, je suis le roi du monde !

     

    Et il se dirigea vers la sortie, abandonnant l’enfant à son désespoir, du moins pour un temps.

     

     

     

    Dans la cage

     

    L’enfant, à bout de nerfs, se balançait d’avant en arrière dans la cage et, entre deux sanglots, gémissait :

     

    - Je veux rentrer à la maison, s’il vous plaît, laissez-moi rentrer à la maison…

     

    Il fermait les yeux très fort et priait de toutes ses forces pour se trouver ailleurs. Mais il était trop grand maintenant pour croire que Superman allait venir le délivrer et tuer le méchant. Des trucs comme ça, ça n’arrivait que dans les bandes dessinées, pas dans la vraie vie.

     

    Il ne maîtrisait pas bien le concept de la mort mais il comprenait déjà très bien les concepts de cruauté et de méchanceté.

     

    Son balancement répétitif eu un effet hypnotique sur lui et permet à la fatigue d’engourdir ses sens et son corps.

     

    Si bien qu’il fut à peine conscient de la subtile modification de l’air qu’il respirait. Ce fut d’abord comme si l’air était pris de légers frissons, ou alors comme une mare dans laquelle on aurait jeté une pierre et dont l’impact créerait des vaguelettes concentriques et régulières. L’air frissonnait et ses frissons se transformaient en souffles fragiles et délicats qui voyagèrent jusqu’à lui et se déposèrent sur sa peau moite.

     

    Et puis, ensuite, il y eut comme un murmure, tout léger, tout ténu, tout bas…. Un murmure qui venait de nulle part et de partout, un murmure comme un chant silencieux, un murmure qui effleura son corps comme une caresse…

     

    Etrangement apaisé, l’enfant cessa de pleurer et releva la tête.

     

    L’endroit était toujours pareil : froid, humide, immense, désolé. Pourtant, quelque chose avait changé.

     

    Il promena son regard partout il put le poser, cherchant à comprendre, incertain de ce que cela signifiait pour lui. Il se sentait inexplicablement en sécurité et serein alors que tout, dans sa situation, hurlait « attention, danger, mort imminente ».

     

    Chut….

     

    N’aie pas peur, nous sommes là… et nous arrivons...

     

    Ces mots, mais d’où pouvaient-ils venir ? Il n’y avait personne d’autre que lui dans cette pièce. Il était en train de devenir fou, oui, c’est ça. C’était comme dans les films quand le prisonnier sait qu’il va mourir et qu’il se réfugie dans la folie pour échapper à la souffrance….

     

    Chut…

     

    N’aie pas peur, Petit Homme, nous venons pour toi…. Regarde-nous, nous sommes là…

     

    Ce fut comme si l’injonction avait prononcé le sésame nécessaire pour ouvrir la porte sur une réalité jusqu’alors soigneusement cachée. Les murs se mirent à « respirer » ; il les voyait vraiment respirer. S’incurver en avant et en arrière comme un ventre sous l’effet d’inspirations et expirations successives. Le mouvement n’était pas uniforme mais se propageait le long des murs de béton en une vague gracieuse et infinie.

     

    - Qui est là ? Vous êtes qui ? demanda le garçon, tout à la fois fasciné et effrayé.

     

    Nous sommes les Murs…

     

    - Quoi, vous êtes dans les murs, c’est ça ? Vous êtes prisonniers ?

     

    Non, nous ne sommes pas dans, nous SOMMES les Murs… Regarde et vois-nous…

     

    Soudain, la respiration s’accéléra et, de tous les côtés, les murs palpitèrent et vibrèrent à une cadence régulière et synchrone. Pendant ce temps, le murmure, jusqu’alors tout juste audible, se rassembla en une note basse et sublime, de celle qui résonne au tréfonds de votre corps et s’adresse à votre niveau le plus élémentaire.

     

    L’enfant, les yeux écarquillés, assistait à un spectacle fabuleux et inconcevable. Les murs étaient vivants, vraiment vivants, et le murmure toujours plus fort avait désormais adopté un rythme régulier parfaitement reconnaissable : celui d’un cœur qui bat.

     

    L’air de la pièce parut se rassembler en un seul point, à un mètre du plafond. Chaque respiration générait un courant supplémentaire qui venait s’ajouter à la masse tournoyante.

     

    Boum, boum, boum…. Les battements du cœur invisible gagnaient en intensité.

     

    Les expirations amples et puissantes émanant des murs alimentaient encore et encore le tourbillon aérien qui n’en finissait plus de grandir.

     

    Et soudain, alors que les battements du cœur atteignaient leur paroxysme, le tourbillon aérien cessa sa folle rotation, sembla se solidifier et alla s’écraser violemment contre l’un des murs.

     

    L’enfant sursauta tant sous l’effet de la surprise que sur celui du bruit causé par le choc.

     

    Pourtant, il n’y eut ni poussière, ni trou. Rien, pas même la plus infime trace du plus petit impact.

     

    Et l’enfant ne comprit pas comment cela était possible car le bruit qu’il avait entendu avait été aussi fort que celui produit par un avion qui franchit le mur du son.

     

    Comment une telle chose était-elle possible ?

     

    Un silence assourdissant régnait maintenant dans l’entrepôt. Un silence irréel et lourd de promesses.

     

    L’enfant sentait, attendait qu’il se passe quelque chose. Il devait se passer quelque chose. Les événements qui venaient de se produire n’avaient aucune signification mais, de son point de vue, ils en auraient encore moins si tout devait s’arrêter là. Il ne comprenait pas bien cette impatience qui l’habitait mais il espérait quelque chose…

     

    Et le spectacle auquel il assista dépassa ses plus folles espérances…

     

    La partie du mur que l’air avait heurtée se mit à ondoyer doucement, comme une mare d’eau caressée par le souffle du vent. L’ondulation prit peu à peu de l’ampleur et de la force, malaxant la surface pourtant solide du mur au point de la rendre malléable. Les contours d’une silhouette commencèrent alors à se dessiner. D’abord grossière, la forme devient au fil des ondulations de plus en plus précise pour finir absolument parfaite.

     

    Sur ce mur, dans ce mur, là où logiquement rien ne devrait se trouver, se tenait une femme, non plus en deux dimensions, mais une VRAIE femme…. qui sortit du mur d’un seul pas assuré.

     

     

     

    Dans les Murs

     

    Voilà, c’était accompli. Initié dans une prison infecte d’Espagne il y a près de cinq cents ans, nourri par l’ultime Souffle de Vie d’une innocente, l’Acte de Création, puisant dans les Pierres Premières, avait enfanté. Comme annoncé, les Murs avaient pris Chair, Les Murs avaient pris Vie.

     

    Et cette Incarnation mettait un terme définitif au temps des larmes et de la neutralité. La Vie réclamait justice et les Murs entendaient bien qu’Elle l’obtienne.

     

     

     

    Dans l’entrepôt

     

    L’enfant contemplait médusé la femme qui venait de sortir du Mur. S’il avait eu les idées assez claires, il aurait comparé cette sortie à une naissance. Par un miracle qu’il ne parvenait même pas à concevoir, les murs de béton avaient été à cette femme ce que l’utérus était pour un fœtus : une matrice. De la chair issue de la pierre.

     

    Il sentait son cœur s’emballer dans sa poitrine et ne savait plus quel était le danger le plus grand : cette mystérieuse créature qui s’avançait vers lui ou le détraqué qui avant tant de projets le concernant.

     

    - Ne crains rien, Petit Homme….

     

    Cette voix…. Cette voix portait en elle les sonorités du murmure qu’il avait entendu tout à l’heure et qui l’avait tant apaisé. Cette voix promettait la sécurité et le bien-être… Inconsciemment, il se détendit et sa respiration reprit un rythme normal.

     

    Il osa la regarder plus attentivement, rassuré sur le fait qu’elle était du côté des gentils. Il était trop jeune pour avoir une véritable connaissance des filles, c’est en tout cas ce que lui répétait sa mère à longueur de journée, mais même sans disposer encore du vocabulaire nécessaire, il savait dire s’il trouvait une fille jolie, gentille, marrante ou intelligente.

     

    Elle, ce n’était pas une fille, c’était une femme. Les filles, c’était tout plat de partout et ça portait des appareils dentaires et des couettes. Elle, elle était faite comme maman, comme quand papa disait « qu’elle avait de quoi remplir les mains d’un honnête homme ». Elle était relativement petite, sans doute aussi grande que sa maman qui, comme le disait aussi son papa, « appartenait plus à la race de rase-moquettes qu’à celles des hauts sommets ». Malgré cela, elle dégageait un air d’autorité et de puissance qui la rendait bien plus imposante que le vigile pourtant baraqué qui surveillait d’un œil de lynx les allées du centre commercial.

     

    Elle continua à s’avancer vers lui, tranquillement, posément, comme si elle avait tout le temps du monde et que cet entrepôt n’était pas sur le point de devenir le théâtre d’actes défiant la décence.

     

    Quand elle ne fut plus qu’à un mètre environ de la cage dans laquelle il était enfermé, elle s’agenouilla près de l’enfant et, d’un geste presque désinvolte, fit sauter la grille et la lança sur le côté. Alors, le regardant bien droit dans les lieux, elle lui tendit la main avec ce simple mot :

     

    - Viens.

     

    Le garçon plongea les yeux dans les siens et en eut le souffle coupé. Ce ne fut pas tant l’absence de pupilles qui le surpris que la couleur inhabituelle des iris, un mélange spectaculaire de gris, de noir et de bleu foncé, qui tranchait d’une façon étonnante sur le fond blanc de l’œil. Pourtant, malgré leur aspect pour le moins singulier, ces yeux véhiculaient une chaleur et une bonté infinies. Vue de près, elle était vraiment jolie : un visage délicat aux pommettes hautes, des lèvres pleines harmonieusement dessinées, et une chevelure d’un bleu profond. Pas noir, non, mais bien bleu, un bleu très foncé. Et sa peau avait, mais en beaucoup plus claire, cette même tonalité bleutée.

     

    Assez bizarrement, elle était habillée très simplement d’un jean noir, d’une veste courte cintrée noire elle aussi et d’une banale paire de baskets tout aussi noires que le reste de sa tenue.

     

    Malgré cette tenue pour le moins passe-partout, elle semblait aussi peu humaine que le premier martien venu.

     

    Ce qui n’empêcha pas l’enfant de saisir la main qu’elle lui tendait, sans la moindre hésitation et en toute confiance.

     

    - Mais vous êtes qui ? demanda-t-il dans un murmure émerveillé.

     

    - Je m’appelle Corenda Miereleth et je suis des Murs. Viens avec moi, tu n’as rien à craindre.

     

    - ….

     

    - Viens, n’aie pas peur. Je dois te mettre à l’abri avant son retour.

     

    - Vous êtes une espèce d’ange, c’est ça ?

     

    Elle eut un franc sourire et secoua la tête.

     

    - Non, Petit Homme, je ne suis pas ange. Je te l’ai dit, je suis des Murs.

     

    - Mais ça veut rien dire, ça ! On peut pas venir d’un mur ! C’est pas possible.

     

    - Chut, je n’ai pas le temps de tout t’expliquer. Je dois m’occuper de lui.

     

    - Non, non, il faut partir, tout de suite…. !

     

    L’enfant la repoussa pour sortir précipitamment de la cage, sans jamais lui lâcher la main.

     

    - Viens, on s’en va… Viens, vite, on doit partir avant qu’il revienne…

     

    Il essayait désespérément de l’amener vers la sortie mais elle ne bougeait. Alors, il se mit à pleurer.

     

    - Tu comprends pas, il est méchant, il va nous tuer… Il faut qu’on s’en aille…

     

    D’un geste doux mais ferme, la jeune femme ramena vers elle l’enfant terrifié et posa sa main libre sur l’épaule secouée de sanglots.

     

    - Chut… Calme-toi…. Regarde-moi…. REGARDE-MOI.

     

    Sous l’injonction, l’enfant releva la tête et la fixa dans les yeux. Aussitôt, il se sentit envahi par un grand calme.

     

    - Il ne te touchera plus jamais, je te le promets. Je suis des Murs et j’ai été envoyée pour le punir, lui et tous ceux qui sont comme lui. Comprends-tu ?

     

    L’enfant secoua la tête en signe de dénégation.

     

    - Pourquoi tu dis que « tu es des murs » ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi tu veux pas partir ? Je veux rentrer chez moi !

     

    - Je sais et tu vas pouvoir rentrer. Mais je dois m’occuper de lui avant. Ecoute-moi.

     

    -…

     

    - Tu vas dormir et quand tu te réveilleras, tout sera fini. Le monstre sera mort et plus jamais il ne fera de mal à qui que ce soit. REGARDE-MOI… c’est bien… Dors maintenant, tout ira bien.

     

    Le corps de l’enfant se détendit et s’affaissa contre la jeune femme, plongé dans un profond sommeil. Elle prit dans ses bras et, sans un regard en arrière, se dirigea vers les Murs dans lesquels elle s’enfonça.

     

     

     

    Plus tard, dans l’entrepôt.

     

    L’homme revint dans l’entrepôt, très satisfait de lui-même. Il avait récupéré son caméscope et mis au point les derniers détails de son départ vers des contrées plus hospitalières. Il se doutait bien que dès que les flics retrouveraient le corps du gamin, la région serait bouclée et les accès étroitement surveillés.

     

    Il sifflotait joyeusement en traversant les grandes pièces vides et obscures, anticipant le tête à tête qu’il allait s’offrir avec le gosse. C’était la première fois qu’il allait s’amuser avec une victime aussi jeune et il avait hâte d’expérimenter et de découvrir toutes les joies que lui procurerait cette chair toute fraîche. C’est pour ça qu’il avait eu besoin du caméscope. C’était comme au théâtre : une avant-première qui méritait d’être immortalisée pour une consommation ultérieure.

     

    Complètement concentré sur le plaisir à venir, il ne remarqua pas tout de suite la cage vide. Au début, il crut même à une illusion d’optique et cligna des yeux à plusieurs reprises comme pour rappeler à lui la réalité à laquelle il s’attendait.

     

    Quand il réalisa que le petit oiseau s’était bel et bien envolé, il poussa un épouvantable cri de rage à en faire trembler les murs.

     

    - T’es mort, le môme ! Tu m’entends ! Je vais t’arracher les boyaux et te les faire bouffer !

     

    Pris d’une colère indescriptible, il se mit à renverser et à envoyer valser contre les murs tout ce qui lui tombait sous la main.

     

    Il postillonnait de rage et proférait en boucle une litanie de jurons à faire rougir n’importe quel mur de pierre. Cet entrepôt minable devint pour un temps le réceptacle de ses imprécations et son propre Mur des Lamentations.

     

    Il tournait comme un fou sur lui-même dans l’espoir de repérer le gosse quand soudain, il la vit. L’instant d’avant, l’espace était vide et celui d’après, elle était là.

     

    Debout. Immobile. Les bras le long du corps. Narquoise. Provocante. Une drôle de petite bonne femme, avec une peau et des cheveux bizarres, un regard à vous percer des trous dans le mur et un air qui, pendant un court instant, lui fit froid dans le dos.

     

    Au début, ce fut comme pour la cage : il se crut victime d’une hallucination. Jusqu’à ce qu’il entende sa voix :

     

    - On n’aurait pas perdu quelque chose par hasard ?

     

    La voix basse lui vrilla les nerfs comme la roulette du dentiste, alors que les deux sons n’avaient pourtant absolument rien en commun. Son agressivité naturelle reprit le dessus et il brailla :

     

    - Putain, mais t’es qui, pétasse ? Qu’est-ce que tu fous dans ma piaule ? Qu’est-ce t’as fait du môme ?

     

    Elle se contenta de rester là, impassible.

     

    - RENDS-LE MOI ! IL EST A MOI !!!

     

    Elle inclina légèrement la tête sur le côté, puis esquissa une légère courbette et lui répondit :

     

    - Tu le veux ? Viens le chercher !

     

    C’est alors qu’il vit derrière elle le corps du gamin.

     

    - C’est ça que tu veux, pétasse ? D’accord… Voilà comment je vois les choses : je te flanque une raclée, mais gentiment, histoire de pas trop t’abimer. Et après, je m’occupe de vous deux ! Putain, c’est comme si c’était Noël et mon anniversaire. J’suis sûr que tu vas être bonne, presque aussi bonne que le môme !

     

    Ses yeux luisaient d’un éclat malsain et dément alors qu’il commençait à lui tourner autour, lui débitant tout un flot d’insanités.

     

    Elle ne bougeait toujours pas, se contentant de le suivre des yeux.

     

    - T’es débile ou quoi ? T’as pas suffisamment de jugeote pour avoir peur, c’est ça ? Tu crois que je plaisante ? Tu crois que tu as la moindre chance de sauver ton joli p’tit cul ? Rêve pas ! Quand j’en aurai fini avec toi, tu me supplieras de te t’achever comme la pauvre merde que tu seras devenue !

     

    - Tu parles décidément beaucoup. Besoin de temps pour que les petites pilules bleues que tu dois avaler pour avoir une érection digne de ce nom fassent effet ? Ou alors tu comptes sur ton haleine puante pour me faire mourir d’empoisonnement ?

     

    Il poussa un rugissement de rage et se rua sur elle sans plus réfléchir.

     

    Elle l’évita d’un mouvement souple et lui fit un croche pied qui l’envoya valdinguer la tête la première dans le mur.

     

    - T’aurais pas dû, pétasse ! J’étais prêt à être gentil avec toi mais là, c’est bien fini. Tu vas en baver, je le jure. Tu sais quoi, je vais commencer par t’arracher toutes les dents et après, je fourrerai ma queue dans la bouche et tu me suceras. Et tu feras bien de tout avaler quand j’éjaculerai car c’est tout ce que tu auras à boire pendant les prochains jours. T’as compris, pétasse ?

     

    Pour toute réponse, elle fit un grand sourire qui dévoila sa dentition parfaite.

     

    Il se rua à nouveau sur elle et, une fois encore, elle parvint à l’éviter. Elle semblait anticiper ses moindres gestes et n’avait aucun mal à l’envoyer au tapis.

     

    - Puisqu’on doit passer quelque temps ensemble, on pourrait jouer, tu ne crois pas ? lui dit-elle d’un ton moqueur ?

     

    - Jouer, tu veux jouer ? Mais t’es conne ou quoi ? Je veux pas jouer avec toi je veux t’massacrer !

     

    - L’un n’empêche pas forcément l’autre. Allez, sois beau joueur. Qu’est-ce que ça coûte ? Au pire, tu vas devoir attendre un peu avant de m’initier à l’art délicat de la fellation …

     

    - Art quoi… Fellation…. Tu te crois en train de vendre des dicos ou quoi ?

     

    Son regard était chargé de tant d’incrédulité que c’en était risible.

     

    - Allez, un jeu avant de mourir….

     

    - …

     

    - Donne-moi un chiffre compris entre 1 et 206. S’il te plait, ajouta-t-elle d’un ton cajoleur.

     

    Elle lui faisait toujours face, mince et légère, apparemment inconsciente du danger et de la menace qu’il représentait. Tant d’assurance et de décontraction contribuèrent au bout d’un moment à le déstabiliser, voire à l’inquiéter.

     

    - Tu veux un chiffre, pétasse ? Très bien. J’t’en donne un et après j’te baise ! 10 !

     

    - 10 ? Tu es sûr ?

     

    - T’es sourde ou quoi ?

     

    - D’accord. Va pour 10. Mais rappelle-toi que c’est toi qui as choisi.

     

    Et sans plus attendre, elle se mit en mouvements. Son action fut si rapide et si fluide qu’il n’eut aucune chance ni de la voir venir, ni de la contrer. Sa vitesse était proprement stupéfiante et les coups qu’elle lui porta d’une rare violence.

     

    Cinq secondes ne s’étaient pas écoulées qu’il gisait à genoux, le nez et trois côtes cassés.

     

    - Pour ton information, 206 est le nombre d’os dits constants composant un squelette humain. Comme tu as choisi le nombre 10, je vais de casser 10 os.

     

    Il se releva péniblement et la regarda, incrédule.

     

    - Putain, mais c’est quoi ce put…

     

    Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il encaissa ce qu’il convient d’appeler une mémorable raclée. Pendant tout le temps que les coups pleuvaient, elle énumérait :

     

    - Tibia, rotule, fémur,

     

    Il entendait les bruits sinistres accompagnant le broiement de ses os. Et elle continuait toujours :

     

    - Radius, poignet ….

     

    Crac, crac…. Il commençait à avoir la nausée.

     

    - Et…. Crac… un petit dernier, la clavicule. Le compte est bon.

     

    Et lui aussi. Sa vision commença à se troubler et il se demanda vaguement si l’une des côtes qu’elle lui avait cassées ne lui avait pas transpercé le poumon.

     

    Il leva des yeux larmoyants vers elle et lui demanda d’une voix blanche :

     

    - Putain, mais t’es qui ?

     

    Il eut juste le temps de l’entendre répondre un « enfin une bonne question » avant de perdre connaissance.

     

     

     

    Le retour à la conscience fut particulièrement douloureux et désagréable. Il avait un mal de crâne carabiné et avait l’impression d’être passé sous un rouleau compresseur. Au début, il ne parvint à comprendre où il se trouvait.

     

    Oh, il se souvenait parfaitement qui il était et ce qui s’était produit. Tout dans les moindres détails, même le fait qu’il s’était fait dérouillé par une pétasse haute comme trois pommes mais avec des poings comme des enclumes.

     

    Petit à petit, il se réappropria son corps - bonjour les sensations - et son environnement.

     

    Avec stupéfaction, il se rendit qu’il était contre le mur, bras et jambes écartés, à dix centimètres du sol, et QUE RIEN NE L’Y RETENAIT. Pourtant, quand il se débattit, il ne parvint pas à bouger ses membres ne serait-ce que d’un centimètre. Mais c’est quoi ce bordel ?

     

    Il se mit à tirer sur ces liens invisibles de plus belle tout en hurlant à pleins poumons.

     

    - C’est peine perdue. Tu ne pourras pas te libérer.

     

    Il cessa immédiatement ses gesticulations et la vit apparaître dans son champ de vision. Toujours aussi calme, toujours aussi fragile d’apparence. Toujours aussi mystérieuse.

     

    Il lui reposa la question :

     

    - Mais t’es qui, bordel ?

     

    - Il est en effet grand temps de faire les présentations.

     

    - …

     

    - Je suis Corenda Miereleth et suis des Murs…

     

    Elle se rapprocha de lui et il prit de plein fouet l’impact du regard acéré de ses yeux incroyables, qu’il voyait pour la première fois. Il en fut subjugué, comme le lapin par les yeux du serpent.

     

    - Je suis la Chair des Murs…

     

    Une drôle de sensation commença à parcourir toutes les parties de son corps collées au Mur.

     

    - Je suis née dans le sang des Pierres Premières pour servir la Vie…

     

    Elle commençait à lui foutre les jetons.

     

    - Je suis le Guerrier Sentinelle et je suis venue pour toi.

     

    Le Mur derrière lui pulsait et c’est comme si un deuxième cœur lui avait poussé dans le dos.

     

    - Tu t’es échappée d’un asile, c’est ça ? Putain, t’es encore plus barge que moi !

     

    Elle se rapprocha encore, jusqu’à ce que leurs visages ne soient plus séparés que de quelques centimètres. Et ces yeux le transpercèrent jusqu’à l’âme qu’il avait perdue depuis si longtemps.

     

    - Tu aimes faire souffrir, n’est-ce pas ? Tu aimes sentir la peur de tes victimes, tu jouis de leurs douleurs et de leur agonie… Tu ne peux pas t’en passer… C’est comme une drogue et c’est pour ça que tu continues à tuer et c’est pour ça que tu ne pourras jamais t’arrêter de ton plein gré.

     

    - …

     

    - Les Murs ont décidé de débarrasser la Vie des monstres dans ton genre et de lutter contre le Vide Absolu dont ils sont les artisans.

     

    Le cœur palpitant du Mur derrière son dos se mit à accélérer et les boum boum résonnèrent dans son corps et forcèrent son propre organe cardiaque à s’aligner sur ce rythme étranger.

     

    - Je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison.

     

    Putain, il ne savait pas ce qu’elle prenait comme camelote mais c’était de la bonne si ça la mettait dans des états pareils.

     

    Elle posa les mains de chaque côté de son visage, et il frissonna au contact de sa peau glacée. Une peur irraisonnée l’envahit tout à coup.

     

    - Je sens ta peur, et tu as raison d’avoir peur. Car je vais te donner ce que tu souhaites le plus au monde.

     

    Il parvint à balbutier :

     

    - Tu me donnes envie de gerber avec toutes tes parlottes. T’es qu’une gonzesse. Alors bute-moi sans faire de chichis et qu’on en finisse.

     

    - Oh mais je n’ai pas l’intention de te tuer. Non, tu vas vivre et tu vas regretter chaque seconde de cette vie.

     

    Le sourire qu’elle lui adressa en prononçant ses paroles lui donna froid dans le dos et il se dit que, finalement, il avait peut-être fini par trouver plus fort que lui.

     

    La pression des mains sur son visage se fit plus insistante et il dut fermer les yeux sous l’afflux de cette douleur supplémentaire. Le Mur derrière son dos se mit à ondoyer et, si la situation n’avait pas été si dangereuse et bizarre, il aurait pu se croire allongé sur un waterbed.

     

    - Je vais exaucer tes vœux les plus fous…

     

    Leurs bouches étaient à quelques centimètres l’une de l’autre et il sentit son souffle léger sur ses lèvres.

     

    - Je vais t’offrir un chant ininterrompu de gémissements, de cris, de supplications, de plaintes, de hurlements…

     

    La pression des mains encore plus forte sur sa tête, l’empêchant de bouger d’un centimètre.

     

    - Je vais t’offrir les sensations d’un milliard de supplices, de tortures, d’agonies et de morts…

     

    Des lèvres froides presque sur les siennes, un souffle froid presque dans sa bouche…. Il craqua et se pissa dessus comme le trouillard qu’il n’avait jamais cessé d’être.

     

    - Je vais t’offrir une infinité de tourments à savourer pendant toute une éternité…

     

    Et les lèvres finirent par se poser fermement sur sa bouche, avalant le cri silencieux qu’il s’apprêtait à lâcher. Aussitôt, ce fut comme si une main en fusion s’était introduit dans son crâne pour s’emparer de son cerveau. Il voulut échapper à cette étreinte douloureuse mais il avait l’impression d’être enchâssé dans le Mur et de s’y enfoncer toujours plus.

     

    Le souffle de la femme s’engouffrait dans ses poumons, progressant dans ses vaisseaux comme une coulée de feu.

     

    Elle détacha ses lèvres des siennes et commença une étrange mélopée :

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    L’emprise sur son cerveau se raffermit et ses yeux se révulsèrent…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Des images commencèrent à naître sous ses paupières closes…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Des bûchers, des corps calcinés, des membres arrachés….

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Des souffrances indicibles et atroces, des vies brisées, et des flots de sang…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Et arriva le rappel de ses propres victimes, le rappel de ses propres crimes…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    C’est comme si tous ces morts venaient prendre racine dans son cerveau et posséder son corps…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Toute la douleur du monde en offerte en un seul souffle…

     

    Il finit par ne plus entendre ses mots et sombra dans un puits sans fond fait des meurtres de tant d’âmes innocentes qu’il n’était pas étonnant que des Murs s’en soient émus et révoltés.

     

    Il fut bientôt au-delà du concept même de souffrance pour DEVENIR souffrance à part entière. Il lui resta suffisamment de lucidité pour comprendre ce qu’elle avait voulu dire quand elle lui avait dit qu’elle allait lui donner ce qu’il désirait le plus. Lui qui n’avait vécu que pour se repaître du spectacle des vies qu’il détruisait se trouvait désormais le dépositaire de l’incommensurable douleur de toutes les victimes innocentes ayant jalonné l’histoire de l’humanité.

     

    Ce qui était plaisir devint souffrance.

     

    - Et il en sera ainsi pour l’éternité, lui souffla-t-elle à l’oreille.

     

    Alors il se mit à hurler, sans pouvoir s’arrêter.

     

    Il hurlait encore quand elle pressa son corps contre le sien, l’enfonçant plus encore dans le Mur, toujours plus, toujours plus, jusqu’à ce que seul son corps à elle soit visible. Elle se plaqua de tout son long sur le Mur, la joue de côté, ferma les yeux et répéta :

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Un formidable frisson parcourut son corps et, après quelques minutes d’immobilité, elle se détacha du Mur et se recula.

     

    Le corps de l’homme avait disparu.

     

    Elle releva la manche de sa chemise et sur son avant-bras apparaissait désormais une marque en forme de petite brique.

     

    La marque de la première cible de Corenda Miereleth, Guerrier Sentinelle, née de Murs, Juge, Punition et Prison au nom de la Vie.

     

     

     

    Les policiers, prévenus par un appel anonyme, retrouvèrent le petit garçon sain et sauf dans l’entrepôt désaffecté. La dernière chose dont il se souvenait, c’était que l’homme était parti après lui avoir ôté le bandeau des yeux. Il avait soif et faim, il avait froid, mais à part ça, il allait très bien.

     

     

    HDM61

  • OS 2 : Song fic



    Et un jour une femme

    Florent Pagny

     

     

     

    Elle était belle, et je l'attendais certainement depuis que j'étais née. Elle, la naissance du monde, la perfection qui portent pas mal de défauts, le personnage qu'on déchire, qu'on abîme et qu'on dénigre. Elles toutes ne formant plus qu'une seule. Elles formant l'un des plus belles choses crée par le monde, du moins pour des yeux amoureux : elles formant une femme.

    Elle avait changer ma vie, m'avait rendu meilleur, m'aider dans le pire comme dans le meilleur, m'avait offert la vie la plus exceptionnelle qu'il soit, une vie que je ne reconnaîtrais pas. Même si je devais renaître mille fois.

    Quand commença ma vénération pour la femme ? Quand il n'y avait pas que les petites filles qui croyaient aux belles histoires racontaient dans les contes, les petits garçons qui tendaient l'oreille le soir, lors du coucher, à force de les entendre, finissaient par se laisser emporter, par ses mots qui font rêver... Rêver de cette femme là.

     

    J'étais l'un de ses petits garçons qui aimait entendre sa mère racontait ses histoires, le célèbre Peter Pan, la naïve petite Alice, la Belle tombant amoureuse de sa bête, et toutes ses histoires d'amour commençant par il était une fois. Où le Prince tombe amoureux, d'une magnifique femme, belle et innocente, aimante et fragile. Une femme qu'on stéréotype. Une femme qui n'existe pas.

    J'en ai rêver longtemps de ma Cendrillon, voulant moi même connaître ce bonheur parfait, vouloir moi même mon conte de fée, croire en ce rayon de soleil, à ses femmes parfaites, des femmes parfaites donc j'étais loin de connaître... Avant de connaître cette femme.

     

    Elles avaient toujours eu une grande place dans ma vie, ses femmes, j'avais peut être miser trop d'importance sur elle, ses personnages devenue libre par combat, fière et courageuse, j'étais fière de leur vouer une véritable admiration, j'avais connu la vie grâce à l'une d'entre elle, j'avais été chérit et aimer. J'avais été déçu par certaines, qui était loin de ressembler à ma mère. J'avais été blesser aussi, par un assassin portant l'un des plus beau sourire qui se nichait sur des talons aiguilles, j'avais envie d'une femme qui puissent remplacer celles qui n'était plus là, d'une femme qui d'un regard, me ferait voler en éclats, qui me donne raison d'admirer encore et d'oublier les plaies que ses sorcières avaient crées... Jusqu'à cette femme.

     

    Cela faisait rêver durant notre enfance, et quand nous étions enfant, cela nous donner des tas d'illusions, d'espérance, de rêves qu'on pense, une fois arrivé à l'adolescence, irréalisable, par tellement de différence, quand nous les croisons, ces petites princesses, où ils n'y a rien d'innocent en elle, juste de la tentation, pour nous pauvres garçons. Et nous, souvent, nous tombons bien bas, devant de tels personnages, ne sachant pas comment les prendre, découvrant qu'il n'existait pas de mode d'emploi pour nous dire comment marcher ses femmes là. Réalisant soudainement, que tout ses contes, n'étaient pour la plupart que des mensonges... Avant cette femme.

     

    J'avais bien grandit et quitter l'enfance quand elle croisa ma route, un beau matin, de long chapitres s'étaient tournée depuis, j'avais déjà écrit pas mal de livres sur l'histoire de ma vie, avec des tas de femmes, des tas d'envie, j'étais devenu froid comme la glace, déçu, et renfermé avec une admiration perdu pour de bon, et une cicatrice toujours bien profonde, celle causé par nos illusions, par celles qui ont su me prendre comme un pion. Rêvant encore malgré mes blessures, d'une femme, de cette femme.

     

    Et un jour une femme, cette femme là, à croiser ma route, il a suffit d'un seul jour, pour que tous bascule. Elle n'avait rien de parfait au premier abord, brune, petite et bien vivante, au premier regards, aucune classe digne des films romantiques vus aux cinémas, ses cheveux prisonnier de son bonnet gris, emmitouflé sous une veste rouge, je ne l'avais pas vu marcher vers moi, la tête en l'air, admirant les alentours, sans faire attention aux gens autour... et cette femme là arriva.

     

    Elle m'est rentrée dedans, je l'ai fait tomber dans mes bras, la retenant, prêt à lui lancer mainte jurons, jusqu'à entendre le sons de sa voix. Un simple petit pardon, et ce regard chavirant, profond et pénétrant.

    J'avais chavirer, quitter le navire, j'avais sauter, j'étais tombé, je vibrais, pour elle, par sa voix, par ses yeux, pour ce qui faisait d'elle, et ce que je ne serais pas.

    J'aurais pu la laisser partir à nouveau, continuais mon chemin, et oublier ce son, cette voix, ses yeux, elle.. j'aurais pu, mais je ne l'ai pas voulut... j'ai juste voulut cette femme la.

     

    Je me suis à mon tour excusait pour tant d'indélicatesse, je gagnais du temps, je voulais qu'elle reste, elle m'a sourit, un sourire vivant et chaleureux, un sourire dont je ne me suis pas jamais lasser.

    J'étais fière de moi et surpris quand j'ai gentiment glissé une invitation pour l'emmener prendre un café. J'espérais un oui, j'ai les désiré, je l'ai eu... et heureusement, que ce jour-là, je me suis abstenue de continuais mon chemin... sinon jamais je n'aurais revu cette femme la.

     

    Elle avait un prénom unique, le premier que je croisais dans ma vie, elle était belle et intelligente, indépendante, et beaucoup plus forte que moi, comme toute ses femmes vivant ici bas, j'en ai eu la confirmation bien des années plus tard.

    Elle était une femme parmi tant d'autre femme, elle m'avait fait chavirer aux premiers regards, son esprit fou et grand, son soutien, sa présence... elle avait tout pour elle, elle devenait tout pour moi. J'ai appris à la connaître, différemment des autres, avec plus d'attention, sans jamais la brusquer, sans jamais la forcer, sans jamais rien exiger, je lui avais simplement dit que si l'on se revoyait, j'allais l'aimer. Elle avait rit, m'avait dit peut être, mais s'était elle qui m'avait aimer la première... Cette femme là m'aimais moi.

     

    Le plus beau jour de ma vie, alors que les années défilés depuis notre rencontre, après tant de combats, et tant de joie, qu'elle allais m'offrir le plus des cadeaux au monde. Après m'avoir prouvé chaque jour à quelle point elle pouvais m'aimer, elle portait le fruit de tout notre travaille, elle portait une part de nous. Elle te portait toi. C'était ta mère cette femme là.

     

    Elle m'a épaulé toutes ses années, donné le courage quand il m'avait laisser tomber, fait devenir meilleur, pour être à sa hauteur, et pour faire en sorte de ne jamais la décevoir, toi mais surtout elle. Elle qui ne me décevait jamais. Elle as su réparer mes blessures, celles qui se sont former en route, et celle qui étaient là bien avant cette femme et moi...

     

    J'avais perdu tout espoir en l'amour, en la femme, en ses convictions, en mes rêves d'enfants... je leur avait voué une véritable admiration, je l'avais perdu, enfin je croyais, je trouvais dommage, qu'il y est si peu d'homme à admirer ses femmes là... J’espérais encore que ce sentiments puissent arriver quand nous trouvons la notre de femme, celle qui nous font les admirer.

     

    Jamais je ne regretterais le jour où je l'ai rencontré, à mon destin et à la vie que j'ai mené, à mes convictions, aux leur, à ses femmes toujours obstinés. Ses battantes, ses grandes voix, a celle qu'on devrait écouter plus souvent, ses femmes qui depuis des siècles, font chavirer des mondes, engendre des guerres, à leurs sagesse, qui arrive bien souvent avant nous, à leur maudites colères, et leur nombreux défauts, à ses femmes la, des femmes uniques, a celle que j'ai aimé, et à celle à qui j'ai donné la vie, à celle qui m'ont ému, qui m'ont fait pleurer et à celle qui mon fait grandir alors que je n'y croyais plus. A ma vie peupler de femmes...

     

    Comme quoi, il suffit d'un jour, une seule journée pour tous faire basculer... Et encore une fois, je le dois à une femme, à la mienne, celle que je ne partager pas.

     

    Je lui disais souvent : Dire qu'un jour une femme, m'est rentrer dedans, elle avait croiser mon chemin, elle avait voler mon âme, m'avait aimé comme jamais... A cette femme que j'avais désiré et aimer comme un damnés, à celle qui m'a désormais quitter. A cette femme qui avait porté mon monde, qui t'avais mis au monde, A toi ma femme. A toi qui n'aura pas la chance de lire cette lettre. Et à toi ma fille, la dernière femme de ma vie. Puisses-tu rencontrer quelqu'un comme moi. Puis à tout les hommes, faite qu'un jour une femme croise votre route, il suffit d'un seul jour, et a ceux qui voudront vénérer la femme, leur femme, n'oublier pas que c'est d'elles qu'est née le monde. C'est grâce à elles que nous continuons, c'est le plus beau voyage que nous offre la vie... Le voyage que nous offre les Femmes.

     

     

    Amhéliie

     

     

     


     

     

    Resistance

    (Resistance de Muse)

     

    Eno ne pris pas la peine de descendre chacune des marches de l’échelle qui menait au sous terrains et sauta dans l’étroit tunnel. Il n’avait pas le choix, le temps était compté dans quelques minutes ils seraient là. Il atterrit sur ses deux pieds, faisant éclaboussé l’eau qui commençait à s’engouffrer dans le sous terrain, a peine le temps de se rendre compte qu’il avait de l’eau jusqu’aux genoux qu’Eno se retourna pour réceptionner Aléna.

     

    -Saute !

     

    La jeune femme évalua la distance avant de se laisser tomber les yeux fermées dans l’étroit tunnel sombre et humide. La chute fut courte et deux bras forts qu’elle connaissait bien la rattrapèrent avant de la déposer sur le sol.

     

    Eno pris Alena par les épaules et plongea se yeux dans le gris des siens. Son visage habituellement serein refléter la peur, elle était frigorifié par la pluie qui inondé ses vêtements, ses cheveux bruns plaqués sur son visage révélant encore plus la blancheur de sa peau. Eno aussi avait peur, il savait que c’était la fin, il ne pouvait en être autrement, maintenant qu’ils les avaient trouvés, les « machines » ne les lâcheraient qu’une fois Eno et Alena mort. Il voyait la peur de la jeune femme mais aussi la confiance qu’elle avait en lui et tous son amour.

    -Ne lâche pas ma main, dit-il en entre lassant leur doigts, quoi qu’il arrive ne lâche pas main tant que je ne te le demande pas

     

    Is our secret safe tonight and are we out of sight

    Or will our world come tumbling down ?

    Will they find our hiding place

    Is this our last embrace

    Or will the walls start caving in ?”

     

    Sa voix résonnait étrangement dans les tunnels vides, à part quelques rats qui tentaient de fuir la montée des eaux des dernières heures, et la respiration d’Alena, il n’y avait pas de bruit sous la ville. Alena regarda Eno un instant avant de comprendre ce que signifiait ses paroles. Elle comprit qu’il se sacrifierait pour elle, que si il était descendu c’était pour l’amener jusqu’à la Résistance et mourir seul aux mains des « machines ».

     

    -Eno non…

     

    Elle n’eut pas le temps de dire autre chose que la bouche de son amant vint se poser sur la sienne avec autorité et désespoir. C’était peut-être la dernière fois qu’il l’embrassait, qu’il ressentirait cette chose interdite qu’on nomme l’amour. Il prit son visage dans ses mains, il sentait ses larmes se mêler à la pluie qui perlait sur son visage. L’odeur d’Alena si rassurante durant ses dernières années, cette odeur d’éternel printemps, des qu’il posait ses lèvres sur elle, il voyageait dans ses pays où la nature était restés à l’état sauvage où les fleurs prenait le pas sur  les « machines », ses pays qu’il n’avait vu qu’en photos et sentit grâce à elle. Eno relâcha Alena, le temps était compté, s’il voulait avoir le temps de la mettre en sécurité ils devaient partir maintenant. Il la relâcha et pris sa main, Alena le serra à s’en faire blanchir les phalanges bien décidée à ne pas le lâcher quoi qu’il en dise.

     

    Eno entraina Alena dans sa course, l’eau montait dangereusement et rendait difficile leur fuite. Ils devaient regagner la partie étanche au plus vite avant de mourir noyé. Eno rageait intérieurement de sa stupidité, remonté à la surface a la tombé de la nuit avait été la pire erreur qu’il ait pu commettre. Il n’aurait pas dû l’emmener avec lui, seul il aurait pu passer pour un homme « machine » mais avec elle c’était impossible. Ensemble il avait du mal à cacher ses pensées, il le savait, son inquiétude pour elle passait forcement pour de l’amour pour des hommes sans sentiments. Et à la tombée de la nuit les détecteurs de pensée était activée, partout où ils passaient, leur cerveau été scanné et étudié. C’était sa faute, la peur qu’il arrive quelque chose à Alena les avaient trahis.

     

    Leur course continuait dans ce dédale de couloirs sombres où seul la Résistance s’aventurait en temps normal. Ils étaient du mauvais côté de la ville, encore quelques kilomètres pour atteindre la zone étanche, si la pluie leur en laisser le temps. Ils entendirent les machines derrières eux, elles avaient franchis le tunnel d’entrée, le bruit métallique de leurs armes résonnait dans les couloirs aussi clairement que la cloche d’un condamné à mort. Eno entraina plus vite Alena qui était épuisé, il resserra sa main pour tenter de la rassurer, il pouvait atteindre la zone étanche avant de se faire rattraper mais ils devaient accélérer, les machines étaient plus rapides qu’eux. Eno comptait sur la montée des eaux pour les ralentir avec leurs armes se serait plus compliqué pour eux. Les couloirs n’en finissaient pas de tourner, l’eau de monter, et les forces d’Alena de s’amenuiser.

     

    -On y est presque encore un effort !

     

    Ils atteignirent une zone surélevée qui leur permit de courir pus vite sur le sol sec, si l’eau ralentirait les « machines » elle les épuisait plus aussi. Alena trébucha et chuta sur le sol effrayant les quelques rats qui se traçaient un chemin autour d’eux. Eno stoppa sa course pour l’aider à se relever, en la voyant épuisé ses regrets laissèrent place à la colère. La colère d’avoir mis la vie d’Alena en danger, d’avoir trahis la confiance qu’elle avait en lui et tous ses espoirs depuis qu’il l‘avait rencontré.

     

    If we live our life in fear

    I'll wait a thousand years

    Just to see you smile again

    Kill your prayers for love and peace

    You'll wake the thought police

    We can hide the truth inside”

     

    Il la revoit ce jour où elle est entrée dans sa vie, les humains étaient déjà privés de leurs sentiments depuis des dizaines d’années. C’étaient censée être encré en eux, dans leur mode de vie, elle lui a souri et s’en est voulu aussitôt. Eno a senti cette chose dans son corps, se cœur qui ne servait qu’à pomper son sang s’intensifier, ces battements redoublaient alors que les lèvres d’Alena s’étirer. Elle était belle, il ressentait pour la première fois de sa vie. Il comprenait enfin ce que signifier ce mot bannis de leur société, ses mains tremblaient face à l’inconnu que procurait ce sentiment en lui, face à elle petite chose qui paraissait insignifiante pour tous les passants autour d’eux mais qui est devenue son monde a la minute où il l’a croisé. Eno a pris sa main et ne l’a plus lâché, les gens insensibles ne les regardaient pas mais elle l’a entrainé avec elle loin, là où ils ne pouvaient y avoir qu’eux deux. Il la regardait sourire encore et encore à s’en bruler les rétines, encore maintenant son sourire est toujours présent dans ses rêves c’est la plus belle chose au monde.

     

    Elle a levé sa main pour toucher le visage d’Eno et caresser sa joue. Personne ne l’avait caressé avant elle, sa tendresse l’a bouleversé, sa douceur émue et son geste envoyer des picotements partout dans son corps. Il ressentait. Sur le moment il n’a pas su l’identifier, seuls les anciens parlaient d’amour, de ce sentiment d’être libre et unique, de l’euphorie qu’il provoque, jamais il n’aurait imaginé le ressentir à son tour. Mais le plus naturellement du monde il a approché son visage du sien si fragile, sentir son souffle sur lui l’a électrisé et Eno a posé ses lèvres sur les siennes entre ouvertes. Il entendait son cœur battre aussi vite que le siens, ses mains ont serrés ses épaules et sa bouche s’est appuyé sur la sienne avec sa tendresse, celle qu’elle a toujours eu avec lui et qu’il découvrait pour la première fois. Son corps envoyait des signaux de désir de plus en plus fort, son cœur s’emballait de la découverte de ce sentiment qu’était l’amour. Il l’aimait déjà, à la minute où Eno l’a vu il l’a aimé, il a compris pourquoi ils ne voulaient plus de sentiment sur terre. C’était fort et totalement incontrôlable il prenait toute la place et chaque partie de son cerveau conditionné en était envahi.

     

    Maintenant il l’entrainait vers la mort, s’il ne se dépêchait pas de repartir. Eno repris la main d’Alena et continua de courir encore et encore, ils sautèrent dans l’eau, encore un kilomètre environs avant la zone étanche. Alena ralentissait a vue d’œil, épuisé elle faisait de son mieux, l’eau lui arrivait jusqu’aux cuisses et rendait sa progression plus ardus et plus lente. Eno la pris sur son dos, lui plus grand, l’eau le gênait moins et ils iraient plus vite. Alena s’accrocha ses épaules et les bruits des « machines » qui courraient derrière eux s’intensifier, ils les avaient presque rattrapés. Elle sentit Eno accélérer autant qu’il le pouvait et son corps se raidir aux sons métalliques de plus en plus proches.

     

    The night has reached its end

    We can't pretend” 

     

    Ils arrivèrent enfin au dernier tunnel au fond, il y avait la porte qui les séparait de la zone étanche, là où la Résistance survivait. Les « machines » connaissaient cet endroit, mais ne pouvaient pas y entrer. La porte était gardée par un système que seul l’amour pouvait activer. Eno aller activer la porte, le temps qu’Alena entre il irait à la rencontre des « machines » et les retiendraient pour qu’elle puisse être en sécurité. Il déposa Alena devant la porte et se plaça devant le mécanisme d’ouverture mais Alena le tira en arrière.

     

    -Je n’irais pas sans toi

     

    -Si il le faut, on n’aura pas le temps de passer tous les deux

     

    Alena regarda l’amour de sa vie, celui qui l’avait rendu vivante dans les yeux, elle voyait la détermination d’Eno derrière ses prunelles noires et sa culpabilité, mais pour elle il était impensable de l’abandonner.

     

    -Non Eno je…

     

    -Alena ne discute pas je t’en prie fait ce que je te demande

     

    Alena ne voulait pas le laisser, elle ne voyait aucun intérêt de vivre sans lui, de continuer dans ce monde sans amour, ces années passé avec lui seront la fin.

    Elle resserra sa main autour de la sienne, preuve que jamais elle ne l’abandonnerait même dans la mort.

     

    Love is our resistance

    They'll keep us apart and they won't stop breaking us down

    Hold me

    Our lips must always be sealed”

     

    Eno voyait la détermination de celle qu’il aimait, son front se plissait et cette ride qui apparaissait quand elle ne voulait pas qu’on la contrarie dans ses choix. Il ne voulait pas l’entrainer vers la mort ; ils avaient passé des années à cacher leur sentiment, a marché la tête haute et le regard vide, il a suffi d’une erreur, d’une nuit pour y mettre fin. Eno ferma les yeux un instant, comment la convaincre de passer cette porte, comment la forcer elle, la liberté incarné, à faire ce qu’il pensait être le mieux pour elle. Aléna posa son visage sur son torse, le cœur d’Eno battait si fort qu’il était prêt à exploser, les « machines » étaient de plus en plus proches, ils voyaient leur lumières au bout du couloir.

     

    Alena releva la tête pour regarder son amant une dernière fois, ses larges épaules et son visages en apparence dur mais d’une douceur incomparable quand il souriait, sa bouche fine, ses pommettes hautes et ses yeux aussi noir que l’encre. Celui qui l’avait aimé désiré et rendue heureuse. Elle ne regrettait rien, grâce à lui elle avait connu le bonheur et vécu cette vie avec son cœur et son âme. Elle caressa la joue d’Eno où une larme solitaire glissait, il ouvrit les yeux et Alena lui sourit, lui montrant ainsi qu’elle acceptait de mourir, qu’elle acceptait tout tant qu’ils étaient ensemble.

    Il caressa son visage a son tour en prenant une grande inspiration.

     

    -Alena s'il te plait passe.

    Sa voix refléter son désespoir, celui de la convaincre et celui de l'inéluctable fin qu'ils allaient rencontrés tout les deux. Alena se contenta de serrer sa main encore plus forts et Eno releva la tête inspirant encore et encore, il allait la tuer.

     

    -Je ne veux pas continuer sans toi, ne me demande pas ça Eno, on reste ensemble, quoi qu'il arrive je ne lâcherai pas ta main.

     

    Il baissa les yeux vers elle, s’imprégna du mieux qu’il put d’Alena de son visage et de son amour, c’était fini, il entendait déjà les fusils s’armer et se braquer sur eux. Il embrassa une dernière fois celle qui a fait de lui un homme avec des sentiments, ses bras la serrèrent dans une dernière étreinte. Ils mourront ensemble dans un dernier acte de résistance, dans leur amour bannis de ce monde, il restera leur plus belle victoire face à eux et leur dictat, cet amour que rien ni personne ne pourrais enlever pas même la mort.

    Take us away from here

    Protect us from further harm

    RESISTANCE 

     

    Maryrhage

     

     

     


     

     

     

     

    Trousse-chemise… (Charles Aznavour)

     

     

     

     

    Dans le petit bois de Trousse chemise

     

    Quand la mer est grise et qu'on l'est un peu

     

    Dans le petit bois de Trousse chemise

     

    On fait des bêtises souviens-toi nous deux

     

    On était partis pour Trousse chemise

     

    Guettés par les vieill's derrièr' leurs volets

     

    On était partis la fleur à l'oreille

     

    Avec deux bouteill's de vrai muscadet

     

    On s'était baignés à Trousse chemise

     

    La plage déserte était à nous deux

     

    On s'était baignés à la découverte

     

    La mer était verte, tu l'étais un peu

     

    On a dans les bois de Trousse chemise

     

    Déjeuné sur l'herbe, mais voilà soudain

     

    Que là, j'ai voulu d'un élan superbe

     

    Conjuguer le verbe aimer son prochain.

     

    Et j'ai renversé à Trousse chemise

     

    Malgré tes prières à corps défendant

     

    Et j'ai renversé le vin de nos verres

     

    Ta robe légère et tes dix sept ans

     

    Quand on est rentrés de Trousse chemise

     

    La mer était grise, tu ne l'étais plus

     

    Quand on est rentré la vie t'a reprise

     

    T'as fait ta valise t'es jamais r'venue.

     

    On coupe le bois à Trousse chemise

     

    Il pleut sur la plage des mortes saisons

     

    On coupe le bois, le bois de la cage

     

    Où mon coeur trop sage était en prison.

     

     

     

     

    Comme à mon habitude, j’avais fait une liste ; sur cette petite feuille jaune à petits carreaux figuraient toutes les tâches que je devais accomplir pour faire de ce prochain 10 août une date mémorable. J’avais fait et refais cette liste avec un soin quasi obsessionnel, motivée par mon désir de réussir la soirée parfaite.

    Je venais donc de finir la partie la plus éreintante de mon programme, à savoir la quête du cadeau idéal. J’avais passé une bonne partie de la journée à écumer les magasins, à la recherche de la perle rare comme les chevaliers de la Table Ronde l’avaient fait pour le Saint Graal. Non que les idées m’aient manqué, bien au contraire ! Et le problème était là, d’ailleurs. J’avais donc compté sur le coup de coeur, sur la magie de la rencontre qui me donnerait l’impulsion décisive. Et j’avais eu raison. J’avais trouvé mon trésor personnel et je savourais par anticipation la joie procurée par le plaisir d’offrir.

     

    Les pieds en compote, je décrétai qu’il était temps de m’offrir un moment de répit et une récompense pour toute l’énergie que j’avais déployée.

     

    Comme il faisait beau et qu’il régnait comme un air de vacances, je décidai de m’installer à la terrasse d’un café et, mue par le souvenir de longues parties de Monopoly, je choisis la terrasse du Café de la Paix où je commandai un panaché bien blanc. En attendant que le serveur revienne, j’allumai une cigarette tout en laissant mon regard effleurer négligemment les passants, perdue dans des pensées aussi fugaces que la fumée de ma Malboro.

     

    Et, soudain, le monde s’arrêta de tourner. Comme ça, d’un seul coup, sans préavis ni signe annonciateur. La seconde d’avant, j’avais la maîtrise parfaite de ma vie puis, dans l’intervalle de temps juste nécessaire pour commander une bière et allumer une cigarette, le monde avait implosé. Et qu’importe que je sois la seule à en être consciente, qu’importe que cette anomalie temporelle n’affecte que moi.

     

    Il était là.

    Une angoisse brutale et violente a tordu mes entrailles, une bouffée de chaleur a envahi mon visage, mes genoux se sont mis à trembler et mon souffle s’est bloqué dans ma gorge. Si je n’avais pas été assise, nul doute que j’aurais eu le plus grand mal à ne pas m’effondrer.

     

    Il était là. Presque inchangé

     

    Les rares fois où j’avais envisagé la possibilité d’une telle rencontre, je m’étais convaincue que les années de thérapie que j’avais suivie m’avaient donné l’armure nécessaire pour gérer mes émotions. Mais je faisais à présent le douloureux constat que rien ni personne n’aurait pu m’y préparer. Prétendre le contraire relevait au mieux d’une illusion, au pire d’un déni.

     

    Il était là. Si reconnaissable, même de loin.

     

    Des souvenirs contre lesquels j’avais lutté avec acharnement remontèrent lentement à la surface et la panique me gagna en vagues successives, puissantes et oppressantes. Je dus faire un effort surhumain pour ne pas m’enfuir. Je fermai un instant les yeux et me concentrai ma respiration, me rappelant les exercices de relaxation que ma thérapeute m’avait enseignés. Pendre une grande inspiration, la bloquer quelques secondes et la relâcher tout doucement. Recommencer encore et encore, se concentrer sur ce rythme et occulter tout le reste.

    Tout doucement, je retrouvai un semblant de contrôle et je m’autorisai à ouvrir les yeux. La rue, les gens, le ciel, la terrasse…. Rien n’avait bougé, rien n’avait changé. Sauf moi.

     

    Il toujours là… et les souvenirs aussi….

     

    Vingt ans s’étaient écoulés depuis la dernière fois où je l’avais vu. Vingt ans… mais j’avais l’impression que c’était hier, que c’était maintenant…

     

    J’avais dix-sept et je portais ma robe préférée, la bleue avec les bretelles fines et cette coupe longue et évasée qui me donnait l’impression d’être grande et élégante. Et à chaque fois que je la portais, c’était pour lui. C’était une des autres raisons pour lesquelles j’adorais cette robe : elle était liée à des souvenirs merveilleux et symbolisait cet émoi amoureux dans lequel je baignais quand j’étais à ses côtés.

     

    J’étais follement amoureuse… Bon, d’accord, c’est vrai que j’étais amoureuse de lui depuis que j’avais dix ans mais jamais encore je n’avais ressenti cet amour avec autant d’acuité et de force. Cette année-là, tout me paraissait embelli, démultiplié, exacerbé. Mes émotions étaient à fleur de peau et mes sensations m’enivraient, me rendant euphorique et exaltée.

     

    Mes parents s’inquiétèrent d’ailleurs un peu mais je les rassurai en leur expliquant que j’étais encore surexcitée d’avoir obtenu mon bac avec mention. Comme eux-mêmes étaient fous de joie et de fierté, ils se contentèrent de cette explication et je pus rester avec mon secret.

     

    Car j’avais en effet un secret : cette année, j’avais décidé de faire l’amour avec lui. J’étais prête et je voulais cette intimité avec lui, je la désirais avec une violence qui me faisait mal et qui, il faut bien l’avouer, m’effrayait un peu. Mais c’était pour moi comme une évidence, une nécessité. J’y voyais une étape incontournable dans la construction d’un avenir qui ne pouvait se construire qu’avec lui. J’avais attendu, avec patience et avec ferveur, m’accrochant à mon rêve : je voulais une première fois flamboyante, romantique, inoubliable. Je voulais une communion physique qui soit à l’image de notre complicité. Nous étions déjà des âmes soeurs ; nos corps se reconnaitraient. Me donner à lui constituait à mes yeux un engagement, une promesse, un cadeau, et je voulais qu’il se donne à moi dans le même esprit. N’avez-vous jamais eu l’impression que certains événements s’imposaient et que, d’un seul coup, tout semblait se mettre en place pour vous conduire à un endroit et à un moment précis. Je fus guidée par cette certitude cet été-là : c’était maintenant et c’était lui, pour toujours.

     

    Vous devez rire et penser que j’étais une jeune fille perdue dans des rêves romantiques, idéalisant une relation somme toute banale pour la parer des couleurs de l’amour fou et éternel. Vous vous dites aussi que je m’étais laissée influencer par la lecture des romans à l’eau de rose et que je confondais le bouleversement naturel causé par mes hormones avec les affres de la passion. Et vous avez tout à la fois raison et tort. Avec le recul, je mesure à quel point mes émotions étaient décuplées et déformaient ma perception de la réalité. J’ai appris depuis à faire la distinction entre être amoureuse et aimer mais, cette année-là, je vivais pleinement cet état de grâce et mon corps réclamait un assouvissement bien plus concret.

     

    Cependant, malgré ma détermination, j’allais entrer en terre inconnue et il me fallait quelques informations. Alors, j’en ai parlé avec ma meilleure amie, qui avait déjà sauté le pas avec son petit copain. Carole, comme à son habitude, s’était montrée, d’une part, prolixe dans son partage d’expérience et d’autre part, avare de conseil. En fait, elle ne m’en avait donné qu’un, mais péremptoire : protège-toi ! Et comme elle voulait être sûre que j’avais bien assimilé le message, elle m’avait illico presto emmenée dans la pharmacie la plus proche pour acheter la protection en question.

     

    Ce qui m’avait valu un grand moment de solitude! J’avais beau être prête et sûre de moi, je n’avais quand même pas l’intention de faire un bulletin spécial à destination des masses. Diable, je n’avais même pas l’intention d’en parler à mes parents ! Aussi, quand la pharmacienne, d’une voix claire, m’a demandé :

     

    - Quelle taille, les préservatifs ?

     

    Je suis restée bouche bée, rendue muette tout à la fois par la gêne et par l’ignorance. Ah bon, il y a des tailles, comme pour les pantalons et les chaussettes ? Et ça se mesure comment ? De 1 à 10 ou en taille réelle ? Et je suis sensée savoir la taille du sexe de mon petit ami ?

     

    Carole, en bonne samaritaine, répondit à ma place :

     

    - Taille standard, s’il vous plaît.

     

    - Avec ou sans réservoir ?

     

    Hein, il y a un réservoir ? Comme dans les voitures ? Un réservoir en litre ?

     

    Carole, à nouveau :

     

    - Avec.

     

    - Lubrifié ou non lubrifié ?

     

    J’appelai avec ferveur à mon secours les cours d’éducation sexuelle que j’avais suivis afin de me rappeler la mécanique de la copulation mais ma mémoire partait en vrille et tout ce que j’avais à l’esprit relevait davantage de l’automobile que de la sexualité.

     

    Carole, qui décidément en savait long sur le sujet, compléta pour moi :

     

    - Lubrifié, c’est mieux.

     

    Ben voyons, si tu le dis !

     

    A mon grand soulagement, la pharmacienne se dirigea alors vers le rayon concerné avant de revenir vers nous, me faisant par la même occasion frôler le malaise par hyperventilation. Mais quoi encore ?

     

    - Vous les voulez parfumés ?

     

    Oh mon dieu !

     

    - Non, pas la peine, c’est pour une première fois.

     

    Je regardai mes pieds, étonnée que la terre ne s’ouvre pas dessous pour m’engloutir… Après mûre réflexion, je priai cependant pour que ce soit Carole qui disparaisse…

     

    La pharmacienne me jeta un regard appuyé avant de me demander :

     

    - Paquet de 6 ou paquet de 12 ?

     

    Comme je l’avais lu dans les romans à l’eau de rose que je lisais avec avidité, je sentis le rouge de la honte envahir mes joues et jetai à Carole un regard désespéré.

     

    - Un paquet de 12, merci.

     

    Quand enfin je pus mettre dans mon sac mon paquet de 12 préservatifs lubrifiés, de taille standard et avec réservoir, je me demandais si ces questions n’avaient pas pour objectif caché de décourager les aspirants au passage à l’acte en les intimidant… une façon subtile et vicieuse d’inciter à la chasteté. Mais comme le dit le proverbe : à coeur vaillant, rien d’impossible ! J’avais l’impression d’avoir passé un oral et, sans Carole à mes côtés, je me serais ramassée dans les grandes largeurs.

     

    Mais j’avais désormais en ma possession le sésame indispensable pour mon entrée dans le monde mystérieux des plaisirs charnels, donc, tout allait bien dans le meilleur des mondes.

     

    Cette année-là, comme toutes les autres années aussi loin que je m’en souvienne, mes parents et moi allions passer nos vacances sur l’Ile de Ré, dans la maison de famille qui nous venait de ma grand-mère paternelle.

     

    J’adorais cette maison. J’adorais cette ile et le rythme de vie qu’elle imposait. Tout y paraissait plus nonchalant et plus doux. Moi qui détestais les espaces confinés et rêvais de continents à explorer, je me découvrais l’âme sédentaire et ermite. Lovée dans ces paysages et allongée sur ces plages, bercée par le vent et caressée par le soleil, je respirais, en même temps que l’air pur, l’énergie nécessaire à mon coeur de conquérante. J’avais un avenir à bâtir, des objectifs à atteindre, des rêves à réaliser. Et c’est là, sur cette île, que je fourbissais mes armes et fortifiais mon âme pour les batailles à mener. Je sais, on dirait que je vivais un état de guerre permanent mais pas du tout ; simplement, j’avais compris très tôt que vouloir ne suffisait pas ; il fallait donner corps à cette volonté et conquérir sa réussite. Je ne croyais ni à la fatalité, ni à la chance. Je croyais à l’effort et à la détermination, au courage et à l’endurance.

     

    Et moi, cette année-là, j’avais un homme à séduire, de l’amour à faire et à partager…

     

    Il avait 19 ans et ses parents et les miens se connaissaient depuis longtemps. Je me souviens comme si c’était hier de notre toute première rencontre. Marne la Vallée, Eurodisney…. Nos parents respectifs avaient décidé d’y passer la journée. Fidèles à notre programme, nous étions allés dans la Maison Hantée et il s’était moqué de moi parce que j’avais « crié comme une fille ». Nous avions échangé quelques adjectifs plutôt acerbes. J’étais à l’âge où les inimitiés sont spontanées mais peu durables et la passion avec laquelle je l’ai détesté à cette époque n’eut d’égale que la conviction avec laquelle je l’ai aimé par la suite.

     

    L’amour est venu subrepticement, en invité surprise. La Maison Hantée fut son berceau. Les étés passés à l’Ile le firent passer de l’hésitation à l’affirmation, tandis que les rencontres fréquentes entre nos deux familles cimentaient ses fondations et me permettaient d’ajouter les étages supplémentaires à son épanouissement.

     

    Et puis, en plus des rencontres régulières entre nos deux familles pendant l’année, chaque été nous nous retrouvions pour un mois de vacances et la magie opérait : c’était comme si nous ne nous étions jamais quittés et que nous reprenions sans problème le fil pour un temps interrompu de notre conversation.

     

    Comme tous les amoureux, nous avions un endroit préféré, un havre où abriter nos serments. Le nôtre était le Petit Bois de Trousse-Chemise. Chaque fois que nous le pouvions, nous nous y rendions à vélo pour y pique-niquer et nous baigner. C’est là que nous avons échangé notre premier baiser, que nous avons découvert l’étonnante alchimie de nos deux corps. Trousse-Chemise est l’église dans laquelle nous nous sommes promis l’un à l’autre, à l’abri de toute indiscrétion ou de toute incrédulité. Nous étions jeunes, c’est vrai, mais jamais personne n’a prouvé qu’il y ait un âge requis pour que l’amour que l’on ressent soit jugé authentique et sincère.

     

    C’était le début des vacances… Nous n’étions là que depuis une dizaine de jours mais, comme je l’ai dit déjà, le temps passe différemment sur l’Ile. A croire que les grains de sable du sablier se sont échappés pour se joindre à ceux des plages… Malgré le pont qui la reliait au continent, l’île n’appartenait qu’à elle-même et disposait de son propre espace-temps. C’est du moins l’impression que j’ai toujours eue à chacun de mes séjours.

     

    Avec facilité, nous avions retrouvé le rythme particulier à notre relation et repris nos balades à vélo. Je ne lui avais pas encore fait part de mon souhait le plus secret car, malgré toutes mes certitudes, j’avais quand même un peu le trac. Je me trouvais des excuses en me disant qu’il fallait que je trouve le moment idéal et que, pour l’instant, celui-ci ne s’était pas présenté. Bientôt, me disais-je, bientôt….

     

    Ce jour-là, il m’avait offert une fleur que j’avais glissée derrière mon oreille et, en plus de notre pique-nique habituel, il avait pris deux bouteilles de muscadet. Comme dans tous les petits villages, notre départ fut observé par les inévitables commères, à l’affût derrière leurs volets entrebâillés. Nous avions appris au fil du temps à les ignorer et c’est sans leur jeter le moindre regard que nous nous sommes élancés sur la route.

     

    Douceur de l’air, fraicheur du vent, chaleur du soleil… J’avais l’impression que nous étions seuls au monde.

     

    Nous nous sommes baignés, nous avons discuté, nous avons déjeuné et bu la première bouteille. Le vin, pourtant léger, me montait à la tête qui, en retour, envoyait à mon corps alangui des signaux relaxants et apaisants.

     

     

    Allongée sur l’immense drap de bain, je reposais dans ses bras, la tête sur sa poitrine, et je ma laissai bercer par le battement régulier et hypnotique de son coeur. Ses mains caressaient mon dos, augmentant ma sensation de bien-être. J’étais trop bien pour avoir seulement envie de bouger ; il y avait dans ce moment quelque chose d’ineffable que je ne voulais pas briser.

     

    Graduellement, ses caresses se sont faites plus appuyées et ses mains sont devenues plus inquisitrices. Il m’a doucement repoussée sur le dos et ses lèvres se sont posées sur les miennes, taquines dans un premier temps, puis plus exigeantes. Je sentais sa faim et son besoin et j’ai répondu à son baiser en y mettant tout mon amour. Pour moi, cet instant constituait un prélude à la nuit que nous allions prochainement partager, la mise au diapason de nos corps en vue d’une symphonie destinée à être magnifique et exaltante.

     

    Je le voulais, mais pas tout de suite, pas ainsi et pas ici. Je ne sais pas trop pourquoi mais dans mon rêve, ma première fois devait se passer dans la douceur d’un lit et la sécurité de la nuit. Je voulais des oreillers accueillants et des ombres complices. Pour idyllique que soit le bois de Trousse-Chemise, il ne constituait pas à mes yeux le havre idéal pour ce moment qui me ferait passer du stade de la jeune fille à celui de la femme.

     

    Alors, J’ai dit non.

     

    Mais il a continué.

    J’ai protesté mais il a continué. J’ai crié mais il a continué. Je me suis débattue mais il a continué. Aveugle et sourd, il semblait décidé à suivre sans délai et sans subtilité le précepte divin selon lequel il fallait aimer son prochain.

     

    Ce jour-là, dans le petit bois de Trousse-Chemise, il s’est emparé par la force de ce que j’avais décidé de lui offrir librement un peu plus tard. Mon innocence et ma robe légère n’ont pas résisté à sa détermination. Moi qui rêvais de tendresse, de patience et d’attention, je n’ai eu que de la luxure, de la maladresse et de la précipitation. Mon rêve s’est brisé sous l’assaut de ses lèvres avides et de ses mains impatientes. Cette étreinte rapide, violente et malhabile n’a fait naître en moi aucun plaisir, aucun bien-être. Mon corps ne pouvait rien contre sa force mais je n’ai pas cessé de me débattre et de crier.

     

    Mais il a continué.

     

    Quand il a eu fini, si la mer était grise, moi je ne l’étais plus. J’étais au contraire douloureusement lucide.

     

    J’ai pris conscience des années plus tard qu’il y avait au final peu de différence entre les mots viol et vol. Une seule lettre en effet mais des effets similaires : en violant mon corps, il m’avait volé mes rêves et mon avenir.

     

    Désormais, il y aurait un avant et un après. Ma vie d’avant avait trouvé la mort à Trousse-Chemise et ma vie d’après restait à écrire… Mais comment écrire son histoire quand tous les mots qu’on connaissait ont perdu tout leur sens ? Quelle direction donner à sa vie quand tous les repères habituels ont volé en éclats ?

     

    Plus jamais je ne serai la même.

     

    Je ne sais plus comment nous sommes rentrés. Je ne me souviens plus des excuses ou des explications qu’il a dû immanquablement prononcées. Je ne me souviens plus de rien, si ce n’est que deux jours plus tard, j’ai fait ma valise et je suis partie ne plus revenir.

     

    Choquée, rongée par la honte et la souffrance, j’ai été incapable d’en parler à mes parents. Alors, j’ai appelé Carole. Elle a compris ce que je n’arrivais pas à dire et, à sa manière efficace et autoritaire, elle a pris les choses en main.

     

    Le lendemain, mes parents recevaient un appel téléphonique où elle leur expliquait qu’elle avait eu un accident et qu’elle s’était cassé la jambe. Ses parents étant en voyage, accepteraient-ils que je la rejoigne ? Mes parents, pour qui Carole est comme une deuxième fille, ne doutèrent pas une seule seconde qu’elle eut effectivement besoin de sa meilleure amie davantage que des béquilles. Alors, compatissants et confiants, ils m’ont laissée partir.

     

    Et plus jamais je ne suis revenue sur l’Ile de Ré. Et plus jamais je ne l’ai revu.

     

    Jusqu’à aujourd’hui.

     

    Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vu le serveur déposer mon panaché devant moi. Ma cigarette était presque entièrement consumée entre mes doigts tremblants.

     

    Quand j’ai regardé à nouveau dans sa direction, il n’était plus là.

     

    Le monde avait repris sa course, inconscient et indifférent à mon drame personnel. J’ai regardé ma montre ; il ne s’était écoulé que cinq minutes. Cinq minutes pour me rappeler l’événement qui avait sonné le glas de mes espoirs et de mes rêves. Cinq minutes pour revenir à la source de tous mes maux.

     

    Je n’ai plus jamais été la même.

     

    Et pas seulement parce qu’il avait trahi ma confiance et mon amour.

     

    J’avais acheté des préservatifs, une boite de 12, de taille standard, lubrifiés et avec réservoir, mais non parfumés parce que c’était pour une première fois. Je n’ai jamais eu l’occasion de les lui proposer. Manifestement, la protection ne faisait pas partie de ses préoccupations ce jour-là. Et, deux mois plus tard, je découvrais que sa folie avait produit des conséquences très concrètes pour lesquelles je n’étais absolument pas préparée.

     

    J’étais tombée enceinte.

     

    Etrange d’ailleurs qu’on emploie le verbe tomber pour l’associer à une grossesse. Tomber, comme dans tomber des nues, tomber de haut, tomber bien bas, tomber de Charybde en Scylla… Pour moi, ce fut tout ça à la fois, et en une seule phrase : vous êtes enceinte.

     

    J’étais doublement victime de la situation : j’étais enceinte à la suite d’un rapport non consenti et je n’avais su interprété les signaux que m’envoyait mon corps, ce qui fait qu’il était désormais trop tard pour envisager une interruption de grossesse.

     

    Le monde continuait à exploser en milliards de morceaux et mes mains n’étaient pas assez grandes pour les récupérer tous. Qu’en aurais-je fait, d’ailleurs ?

     

    J’avais 17 ans, mais plus de robe légère qui me faisait sentir grande et élégante. J’étais petite et terrifiée. Le petit bois de Trousse-Chemise était le cimetière dans lequel reposaient ma virginité, mon idéalisme et ma confiance. Il devrait y avoir une pierre tombale sur laquelle serait gravée : « ci-git celle que j’aurais pu et aurais dû être ».

     

    J’ai mis mes parents au courant mais leur ai menti au sujet du père du bébé. Ils ont toujours cru que c’était un garçon que j’avais rencontré quand j’étais allée rejoindre Carole et je n’ai jamais rien fait pour les détromper. Je n’avais tout simplement pas le courage de l’affronter, lui. Je voulais le faire disparaitre purement et simplement de ma vie, de ma tête et de mon coeur. J’avais refusé aussi de porter plainte comme Carole m’y encourageait avec force. Trop de honte, trop de culpabilité… trop de peur, tout simplement.

     

    Et Diego est né.

     

    Mon fils.

     

    Je l’ai aimé dès que je l’ai tenu dans mes bras. J’ai mis de côté la colère que j’éprouvais pour son père pour ne l’aimer que pour lui. Il m’a réparée alors que je croyais être trop abimée pour l’être. Son amour inconditionnel a été la boussole qui m’a permis de retrouver le chemin qui menait vers la joie et l’optimisme. Dans la comptabilité particulière de ma vie, il a représenté et représente toujours la plus grosse des toutes sommes jamais portées au crédit de mon compte.

     

    Diego fêtera ses vingt ans demain, le 10 août.

     

    C’est pour son anniversaire que j’ai fait cette liste et c’est la raison pour laquelle je me retrouve à la terrasse de ce café, donnant ainsi au destin l’occasion de me narguer en me mettant sous le nez l’acteur de la pire journée de ma vie.

     

    Mais ce que le destin ne sait pas, c’est que j’ai tourné la page. Ne croyez pas cependant que j’ai oublié ou pardonné, loin de là. Non, j’ai « juste » tourné la page et suis passée à autre chose : je suis passée de Trousse-Chemise à Diego.

     

    Mes mains sont devenues plus grandes pour mieux pouvoir le tenir et j’ai pu ainsi récupérer les fragments de ma vie brisée et éclatée. Je les ai rassemblés et j’ai inventé tous ceux qui manquaient.

     

    Mon coeur s’est agrandi pour accueillir tout l’amour que je lui vouais et qu’il m’a rendu au centuple.

     

    Ma mémoire s’est allégée pour mieux stocker tous les souvenirs de ce bonheur tranquille et inattendu dont il était la source.

     

    Au final, mes blessures, quoique profondes, ne furent pas mortelles ou permanentes et j’ai réappris à faire confiance et à aimer, tant avec le coeur qu’avec le corps.

     

    Quelques hommes ont traversé ma vie et j’en ai aimé certains plus que d’autres, comme c’est le cas de celui qui partage ma vie depuis près de dix ans maintenant.

     

    Et puis, comment pourrais-je haïr les hommes alors que mon fils en est un ?

     

    Alors soudain, au terme de cette introspection menée à la terrasse du Café de la Paix, mon verre de panaché vidé et ma cigarette écrasée, je me sens libérée du passé et de son emprise. C’est un peu comme si cette brève et lointaine rencontre avait agi comme un exorcisme. Les événements et les gens n’ont d’autre pouvoir que celui que vous leur donnez.

     

    Mon fils a vingt ans et, à mes yeux, sa présence rend le monde plus beau et meilleur.

     

    Il parait qu’on coupe le bois à Trousse-Chemise mais comme j’en suis partie depuis longtemps et n’ai pas l’intention d’y revenir, j’en fiche totalement.

     


    FIN

     

    HDM61