Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Vampires et Rock Stars & Co - Page 12

  • Free Fallin, chapitre 21 - Jessa


     

     

    6 ans plus tôt,

     

     Je m’approche du canapé les mains dans les poches de mon jean en essayant de paraitre normal, mais j’ai bien du mal. Les non dits et la distance instaurée entre nous depuis plusieurs semaines ont fini par avoir raison de moi.

    Je suis capable de comprendre beaucoup de choses, de laisser du temps s’il en a besoin, mais je ne suis pas capable de rester sans comprendre.

    Je ne l’ai jamais connue plus silencieux que ces derniers temps. Il est là sans l’être, perdue dans ses pensées qu’il refuse de partager avec moi. A chaque fois que je lui demande ce qu’il se passe, j’ai le droit à un sourire et à un « rien tout va bien, juste de la fatigue ».

    Je ne crois ni à sa fatigue ni à son sourire. Je ne crois plus rien et je suis épuisée de me demander ce qui ne tourne pas rond.

     

    Il y a deux semaines tout allait encore bien, notre vie n’est certes pas parfaite mais on est quand même heureux. Il ne me manque rien quand je sais qu’il fait partie de ma vie, qu’il est là et que j’ai tout ce qu’il me faut. En quatre ans partagés avec lui, je pense pouvoir dire que je le connais et son comportement distant, cache forcément quelque chose. J’ai peur de savoir ce que c’est, peur que ça me brise le cœur, peur de me rendre compte que mon amour n’est peut être pas si réciproque et qu’il va me décevoir. J’ai peur et pourtant une petite voix me dit que c’est impossible, que jamais il ne me ferait de mal, qu’il serait franc avec moi et qu’il partirait plutôt que de jouer double jeu. Il n’est pas ce genre d’hommes, ceux qui sont capable d’assumer deux vies sans aucun scrupule. Jay est quelqu’un de droit et de fidèle et certainement pas cruel au point de rester dans ma vie alors qu’en pensé il est avec une autre.

    Mais j’ai ce doute constant quand il est perdue dans ses réflexions, quand ça fait plusieurs semaines qu’il ne m’a pas touchée, qu’il se contente de bisous insignifiant qu’on fait par habitude et non par envie.

    Il n‘a plus envie de moi et j’ignore pourquoi.

     

    Je m’assois à ses cotés sur le canapé, il fixe la télé et ne me jette même pas un coup d’œil. Ce soir il est rentrée, on a diner sans un bruit, sans même parler et je viens d’arriver au bout de ma patience. J’ai besoin de savoir ce qui se trame dans sa tête et pourquoi cette distance entre nous.

     

    -Jay ?

     

    -Hum ? il répond sans même décrocher son regard de l’écran.

     

    Je m’approche un peu plus en soupirant bien décidé à avoir son attention.

     

    -Regarde moi.

     

    Il se redresse un peu en avant puis, son visage se tourne enfin vers moi. J’ai l’impression de ne pas avoir croisé son regard chocolat depuis des siècles. Comment peut-on en arriver là ? Comment peut-on passer d’amour fou à indifférence total ?

     

    -Qu’est ce qu’il y a ? je demande sans flancher.

     

    Il m’observe durant quelques seconde où mon cœur s’apprête à lâcher, en attendant la phrase fatidique celle que j’aurais juré ne jamais entendre de sa bouche puis, sans que je ne comprenne comment, je me retrouve allongée sur le canapé avec son corps sur le mien et ses lèvres qui m’embrassent.

    Je suis surprise, mais le manque de lui me secoue violement et me rappel comme c’est bon de l’avoir dans mes bras. Sa bouche fait son manège sur la mienne, comme souvent, comme toujours, comme je l’aime, elle me dévore avec envie et son odeur s’infiltre dans mes narines pour me rappeler que l’homme que j’aime et de nouveau avec moi. Je me laisse aller, mes mains parcourent son corps, elles redécouvrent ses muscles puissant, ma langue se réapproprie la sienne et le désir dans mon ventre ne fait qu’augmenter.

     

    8551093a96062d1880b42e9e867f4894[1].jpg

     

    Nos corps se frottent, nos gestes sont brutaux, alimentés par le besoin et le manque, ses mains ne sont pas tendres, elles sont dures sur mes seins, sur mon ventre, il ne me ménage pas. Sa bouche glisse sur mon cou, il mordille ma peau, je gémis en en demandant plus, j’ai besoin de tellement plus, de réponses et de lui.

    Sa main glisse sur mon bas ventre, elle fait sauter rapidement le bouton de mon jean et la fermeture avant de glisser dessous. Je me mords la lèvre pour ne pas crier en sentant ses doigts s’immiscer directement en moi. Sa bouche revient sur la mienne, et sa langue s’enfonce tout comme ses doigts dans mon corps. Il me possède totalement et dieu que j’avais envie de retrouver cette sensation, son toucher, son gout sur mes lèvres et son corps qui fait tant de bien au mien.

    Son pouce caresse mon clitoris alors que ses autres doigts sont en moi et que sa bouche n’en finit pas de vouloir m’achever. J’en ai envie, me laisser aller à cet orgasme qui brule sous ma peau, mais pas comme ça, pas quand je ne sais pas si il y a quelques jours ou heures, il ne faisait pas la même chose à une autre.

     

    -Jay, je murmure contre ses lèvres.

     

    Il ne s’arrête pas, il me fait taire en m’embrassant de plus belle, son corps à moitié sur le mien, je sens la proportion de son désir et quelque part ça me rassure mais ce n’est pas suffisant. J’essaye de ne pas laisser mes sens prendre le contrôle de mon cerveau et je me dégage de nouveau de ses lèvres.

     

    -Jay, est ce qu’il y a une autre femme ?

     

    Il se fige au-dessus de moi, ses doigts toujours enfoncés en moi, il m’observe et je me sens rougir. J’ignore pourquoi je devrais avoir honte de poser cette question, après tout j’ai de quoi douter.

     

     

    -Quoi ? il demande en se redressant à peine.

     

    -Est ce qu’il y a une autre femme dans ta vie ?

     

    Il me dévisage, je vois encore dans ses yeux la trace de son désir mais quand il se détourne comme honteux mon cœur se brise.

    Il se redresse complétement ses doigts abandonnent mon corps, et j’ai la désagréable impression que je viens de le perdre.

    Sa main se lève, ses doigts luisant de mon excitation finissent dans sa bouche alors que ses yeux sont de nouveau sur moi. Il les lèche, avant de reprendre.

     

    -Tu crois que je pourrais faire ça avec une autre que toi ?

     

    J’ai peur de le croire, peur que notre intimité n’existe plus parce qu’il la partage avec une autre. Le sexe pour Jay c’est ce qu’il y a de plus naturel, c’est comme respirer, il est un amant parfait, un qui m’a amené à découvrir mon corps, à comprendre mes envies et à les explorer sans limites, parce que pour lui tout est acceptable.

     

    -Depuis combien de temps on n’a pas fait l’amour ? je demande en m’asseyant à mon tour.

     

    -Il n’y a personne Jessa.

     

    Sa voix est faible et j’ai l’impression d‘avoir un autre homme devant moi quand il me répond enfin et si je suis soulagée quelque chose me dit que ce qu’il cache est pire encore.

     

    -Alors qu’est ce qu’il y a ? je demande en tentant de rester calme, qu’est ce que tu as depuis plusieurs semaines pour être si distant ?

     

    Jay tourne son visage vers la télé, je l’observe la boule au ventre en tentant de chercher des réponses mais c’est le brouillard dans ma tête.

     

    -Jay, s’il te plait parle moi, je ne supporte plus de te voir comme ça.

     

    Il se tourne de nouveau vers moi, son regard se durcit, sa mâchoire se crispe et je m’apprête à entendre le choc de ma vie. Il souffle, sa main vient caresser ma joue, je la capture entre les miennes, j’ai besoin de contact, de me sentir proche de lui parce que l’écart entre nous me paraît insurmontable.

     

    -Je me suis fait viré, il lance.

     

    Je reste un moment à le regarder, à encaisser ses mots, à les assimiler pour qu’ils forment quelques choses de cohérent dans mon esprit. Je finis par relâcher le souffle que je retenais en comprenant qu’il n’y a rien de grave.

     

    -Tu t’es fais viré ? Il n’y a rien de grave Jay !

     

    Il ricane en secouant la tête.

     

    -J’ai plus de boulot, dit-il d’une voix dure, j’ai plus de salaire Jessa.

     

    -Et alors ! Tu en trouveras un autre.

     

    Jay se lève et commence à arpenter la pièce l’air énervé, ce qui me fait me dire qu’il y a quelque chose qui m’échappe.

     

    -Ça fait trois semaines déjà et je n’ai encore rien trouvé.

     

    -Pourquoi il t’a viré ?

     

    Jay travail à la station service où je l’ai rencontré, ce n’est pas le boulot de ses rêves mais c’est ce qu’il peut se permettre selon lui. Il n’a pas fait d’études et trop tôt il a du subvenir à ses besoins et dans ces cas-là je suis bien placé pour savoir qu’on prend ce qu’on veut bien nous offrir. Mais il fait bien son boulot, je ne vois pas pourquoi son patron voudrait se passer de lui.

     

    -Il manquait de l’argent dans la caisse.

     

    - Il doit y avoir une erreur quelque part, il sait bien que tu n’es pas un voleur depuis le temps que tu travail là-bas.

     

    -C’est ce que je lui ait dit, mais pour lui c’est moi qui pique chaque semaine une centaine de dollars. Ça n’a aucun sens, je ne suis pas stupide à ce point bordel !

     

    J’avoue ne pas comprendre non plus, Jay est quelqu’un de travailleur qui n’a jamais eu aucun souci au boulot alors pourquoi son patron ferait ça.

     

    -Depuis qu’il a rencontré sa femme ça n’allait plus. Il me faisait toujours des reproches sur des choses insignifiantes comme s’il cherchait un moyen de me faire craquer. Mais ça n’a pas fonctionné, j’ai agis comme le gentil petit employé noir qui obéit au patron blanc, je ne pouvais pas me permettre de perdre mon boulot.

     

    Je me lève, je déteste qu’il parle de lui comme ça, comme de quelqu’un d’inferieur à cause de sa couleur de peau. Il n’a rien a envié à personne, qu’il soit blanc ou noir, il est courageux, honnête et généreux. Je le prends dans mes bras, les siens se referment sur moi, j’entends son cœur battre rapidement sous ma tête.

     

     

    -C’est elle qui a tout manigancé, c’est elle qui fait les comptes. Depuis le début elle veut se débarrasser de moi.

     

    Je le serre un peu plus fort, l’injustice qu’il subit me bouleverse, je voudrais lui épargner la cruauté des gens mais malheureusement dans notre état et encore de nos jours, les gens ne comprennent rien. Ils ne comprennent pas que sa couleur de peau ne fait pas de lui un criminel, elle ne fait pas de lui quelqu’un de vil et malhonnête, elle le rend juste plus fort, parce que chaque jour il faut qu’il prouve qui il est réellement à cause de la stupidité des autres. A chaque fois il doit donner plus qu’un blanc, il doit montrer plus qu’un blanc que lui aussi mérite d’être heureux. Il doit trouver ce courage de faire les choses bien sans céder à la facilité et à ce que tout le monde attend de lui : qu’il échoue.

     

    -Pourquoi tu ne m’as rien dit ? je demande en relevant les yeux sur son visage.

     

    Il caresse mon visage en me dévisageant et je sais que ce qui va sortir ne va pas me plaire.

     

    -Je ne veux pas être cet homme Jessa, pas pour toi.

     

    -Tu m’aimes ? je demande

     

    -Evidemment.

     

    -Alors tu dois me dire ce genre de choses parce que moi aussi je t’aime et pas que pour tes talents au lit, mais aussi quand ça ne va pas et que tu as des problèmes. C’est ça être en couple Jay, ce n’est pas seulement vivre le bon coté, c’est aussi partager les coups durs.

     

    -Je pensais retrouver autre chose rapidement, mais ce n’est pas le cas.

     

    -Mon salaire suffira le temps qu’il faudra. Tu peux peut-être envisager de reprendre des études.

     

    -Et vivre à tes crochets ?

     

    -Non, dis-je en souriant devant sa fierté, c’est seulement un investissement pour l’avenir. Quand tu auras un job dans la finance c’est moi qui vivra à tes crochets.

     

    Il se baisse un sourire amusé sur les lèvres avant de les déposer sur les miennes. Je sais qu’il n’acceptera pas de ne pas participer financièrement à notre vie, mais j’espère le faire changer d’avis. J’espère qu’il se rendra compte que son avenir peut changer s’il remballe sa fierté et me laisse participer, parce que son avenir est aussi le mien.

     

    Maryrhage

  • Epilogue

     

     

     

     

     

    Quelques jours plus tard…

     

     

    Par Satan et toutes les putes qu’il se tape !

    Je grogne en sentant des frissons me parcourir le corps alors que je suis un amas de tension. Les jours qui viennent de s’écouler ont été rudes, j’ai attendu cette soirée depuis des heures, et l’autre enfoiré joue.

    Je serre mes doigts dans les draps. Ce soir, nous ne sommes pas chez moi, Klax m’a conduit chez lui, dans une maison au milieu de nulle part qu’il a construit lui-même. Je ne connaissais pas cette facette de lui et je n’ai pas eu le temps de la connaitre puisque nous sommes passés de l’étape porte d’entrée à chambre à coucher en une minute.

     

    — Klax ! je jure.

     

    Je tente de le repousser, il joue avec sa queue et met mes nerfs à rude épreuve. Le pire, c’est que j’aime ça. J’aime voir Klax s’abandonner, ne plus se poser de questions sur ce qu’il peut faire, veut faire, aime faire. Il le fait parce que la confiance s’est installée entre nous et plus. Beaucoup plus.

    Je tremble lorsqu’il fait courir sa langue le long de ma nuque moite, sa queue glisse entre mes fesses, me tentant désespérément. Un halètement m’échappe alors qu’il mordille le lobe de mon oreille, et c’en est trop. Je lui envoie un coup dans les côtes et me retourne pour m’échapper à sa prise.

    Klax éclate de rire, en se laissant faire. Je lui grimpe dessus, il se débat, faisant tomber ce qu’il y a autour de nous et sur le lit. Je me retrouve assis sur son ventre, mon sexe bandé contre ses abdos, et ses mains dans les miennes. Mon visage n’est qu’à quelques centimètres du sien quand je lui demande d’une voix rauque.

     

    — Dois-je foutre un flingue sur ta tempe pour que tu me baises ?

     

    Le regard sombre du Blood ne manque pas d’alimenter le feu en moi. Bordel, je suis foutu avec lui. Klax a enlevé les filtres qu’il s’imposait lorsqu’on était ensemble. Partir deux mois lui a permis de revoir ses priorités. Provoquer la mort change les gens, et ce road trip a tout remis en question pour lui. Il accepte les sentiments qui nous lient, même si parfois, j’ai l’impression qu’il est dépassé. Moi aussi, je suis dépassé par ce que je ressens tellement c’est dingue, tellement c’est intense. J’ai du mal à réaliser que le mec sous moi, qui me dévisage avec cette envie d’obtenir plus soit à moi.

    Klax lâche mes mains, et se redresse pour s’asseoir contre la tête de lit. Ses deux agrippent mes mèches en désordre, il rapproche mon visage du sien, je sens son souffle qui caresse ma barbe et ma bouche. Mon rythme cardiaque est aux abois.

    Je l’ai dans la peau.

     

    — Ferme ta gueule et embrasse-moi, me répond Klax.

     

    Je ris en levant les yeux au ciel, mes doigts glissent dans ses cheveux également, et mes lèvres s’écrasent contre les siennes avec empressement. Je l’embrasse à en perdre haleine, nos deux corps se frottent, la pression augmente, tout comme la température.

    On s’est quasiment croisé après son retour. Klax a dû rendre des comptes aux présidents, mais aussi à l’Argentin et à au Black. Il a passé du temps avec Nir, au club de strip, mais également avec Slayer. Je sais que les deux se sont parlé, je sais aussi qu’il ne s’est rien passé, la chatte est venue d’elle-même m’en parler, prétextant que la jalousie semblait me dévorer. Bordel, j’avais de quoi être sur les nerfs, le mec que j’aime passant une soirée chez son ancien plan cul, ça avait de quoi me rendre nerveux.

    Puis il y a eu le run, et nous voilà ce soir, dans sa chambre, loin du club, des responsabilités. Il n’y a rien de plus étrange et excitant de l’observer du coin de l’œil lorsque Klax l’ignore.

    La respiration de mon compagnon devient de plus en plus difficile, je me frotte contre son sexe bandé, sentant le feu naitre en moi grâce aux souvenirs de nos précédentes étreintes. La main de Klax vient s’accrocher à ma hanche.

     

    — J’ai envie de te monter comme ma putain de bécane, mec, je lance en mordillant son cou.

     

    — Bordel, ouais vas-y !

     

    Je me redresse, tends la main vers sa table de chevet en bois, récupère la petite bouteille et le sachet en argent. Klax les récupère. Je le laisse faire et me contente de torturer sa peau bronzée par le soleil lorsque je sens ses doigts froids et glissants contre mon cul.

    Le Blood les glisse en moi avec aisance, je ferme les yeux en savourant la sensation de le sentir. Nos deux queues se frottent l’un contre l’autre, et impulsivement, je me mets à remuer contre sa main pour en obtenir plus.

    Mon poing saisit nos deux érections, je commence à nous caresser en rythme avec ces doigts qui vont et viennent en moi. Le Blood étire mes muscles, se faisant de la place, il écarte ses doigts, créant une friction intense.

    Le regard de Klax accroche le mien alors que nous tentons l’autre. Je glisse ma main dans ses cheveux pour l’attirer de nouveau contre moi et l’embrasser. Klax continue son manège, s’enfonçant toujours de plus en plus loin, accélérant le rythme de ses doigts, changeant cette caresse délirante.

    Je termine haletant comme lui, un film de sueur recouvre nos deux peaux, et un sentiment puissant me tord les tripes tellement je suis damné par ce mec.

    Je cesse de torturer ses lèvres, mais je continue de m’attarder sur sa queue et sur son gland rougis par l’excitation. Le plaisir recouvre le visage de Klax et j’adore ça.

     

    — Prêt pour une virée ? je demande d’une voix enrouée.

     

    Klax me répond en enfonçant plus fort ses doigts, puis il les retire pour s’agripper à mon cul alors que je déchire l’emballage avec mes dents, sort la capote, et la glisse l’instant d’après sur sa verge tendue. Je prends mon temps pour placer la protection, caressant au passage son membre.

    Puis, je me redresse, mon torse tatoué se colle contre celui de Klax qui n’a pas bougé. Le Blood glisse une main entre nous pour guider sa queue, je sens le bout contre l’entrée de mon corps et lentement, je me laisse aller. Son sexe tendu me pénètre, j’ignore la pointe de douleur habituelle, je savoure seulement le fait de sentir Klax.

    Mon front s’appuie contre le sien alors qu’on retient tous les deux notre souffle. La tension est à son comble et un gémissement rauque m’échappe lorsqu’il vient buter contre ma prostate.

    Aucun de nous deux ne dit quelque chose, les gestes suffisent.

    Klax s’immobilise, il tremble autant que moi sous l’intensité. C’est comme ça depuis la première nuit. Un lien étrange se noue lorsqu’on se retrouve ainsi.

     

    — Qu’est-ce que t’attends ? je lance.

     

    Le Blood s’exécute l’instant d’après, il ressort de l’entrée de mon corps pour mieux revenir et je suis le mouvement. Je prends appui sur mes jambes, et m’empale sur sa queue en accélérant le rythme. Rendant l’union de nos deux corps plus franche, plus brutale, et plus physique. Klax se laisse aller contre la tête de lit, son visage est marqué par le plaisir, il s’accroche à mon corps, me suppliant silencieusement de mettre fin à ce supplice. Et j’en savoure chaque instant durant les longues minutes que dure notre étreinte. Je savoure chaque va-et-vient, le bout de son érection qui vient se frotter contre ce point sensible en moi et qui me provoque des décharges électriques dans tout le corps. Je savoure les gémissements qui résonnent dans la chambre, nos corps qui se touchent, sa main qui saisit mon érection pour me branler en rythme. Et j’attends ce point de non-retour où Klax craque, où la passivité là suffisamment rendue dingue. Le Blood prend les rênes, et me fait basculer sous lui, mos dos heurte le matelas, et les coups de reins s’accentuent l’instant d’après. Le biker me pilonne avec force et possessivité, ne se souciant de plus rien, je l’entoure de mes jambes et le laisse prendre ce que je lui donne. Des sensations familières m’envahissent, la chaleur, et cette brûlure qui n’annonce que du bon. La tête de Klax vient se loger dans mon cou alors qu’il ne ralentit pas le rythme. Ce n’est qu’au moment de basculer, lorsque je sens l’orgasme naitre au creux de mon ventre, et que sa queue heurte une dernière fois ma prostate qu’il saisit ma main, enlace nos doigts et nous offre le graal. Des gémissements de plaisir viennent perturber le calme de la pièce alors que chacun de nous est emporté par le plaisir. Des jets chauds tachent nos deux torses, et Klax s’effondre sur moi, tremblant, mais aussi satisfait que je le suis.

    Je ferme les yeux en reprenant mon souffle, mon rythme cardiaque est affolée, ma peau luisante de sueur et mon être repus d’une tension sexuelle qui me bouffe de l’intérieur.

    Je reste allongé à côté de Klax qui se remet également. Lentement il se laisse glisser sur le côté.

    J’ignore combien de temps, nous restons côte à côte dans le silence calme et apaisant avant que je ne décide de le briser en confiant ce que j’ai seulement confié à Liam.

     

    — Mon frère s’appelait Tadg, j’ai également une petite sœur qui se nomme Aveleen. Elle est toujours en Irlande. Une nuit d’hiver, je roulais avec mon frère sur sa bécane après une soirée trop arrosé, on était vraiment bourré et inconscient. On a percuté une voiture sur un pont. Le choc nous a propulsés dans la rivière en dessous. Mon frère est mort cette nuit-là, et j’ai failli me noyer si on ne m’avait pas sortie de l’eau gelée. Et… j’ai quitté l’Irlande parce que le club de mon père avait eu vent qu’un de leurs futurs membres se taper des mecs. J’ai appris au détour d’une conversation qu’ils avaient su ça par l’un des dealers qu’ils avaient butés la veille lors de leur tournée.

     

    Je me tais un instant avant de poursuivre ma confession.

     

    — J’ai dû me taper ce mec, à vrai dire, je n’en sais rien, mais nous n’étions que trois à entrer prochainement chez les Shamrock Riders. J’ignore pourquoi, mais j’ai été en tête de liste dès le lendemain. Je n’ai jamais aimé aller casser la gueule des pédales du coin, et je pense que mon regard me trahissait à chaque fois que je rentrais. Je n’ai jamais aimé faire mal pour le plaisir, quand je suis obligé de tabasser un mec, ou de le tuer, ce n’est pas sans une raison valable à mes yeux. Les Shamrock n’ont jamais eu la preuve que les rumeurs étaient fondées, ils ne peuvent pas véritablement prouver que je suis bi. Mais je ne pouvais pas rester dans un MC où on n’avait pas confiance en moi.

     

    Je dévisage mon amant, et je sais ce qu’il pense. Il sait très bien que j’ai conscience des risques qu’on prend parce que j’ai vécu en partie ce rejet au sein du club de mon père avec une simple suspicion. Mais j’ai appris de mes erreurs et dans cette histoire, nous sommes deux.

     

    — Tu pourras rentrer un jour en Irlande ? me demande Klax.

     

    Je secoue la tête en ignorant le pincement qui né au creux de ma poitrine quand j’y pense.

     

    — Je ne prendrais pas le risque de le faire. J’ignore si le MC en a appris plus, je n’ai pas envie de faire un allée simple. J’ai dit adieu à mon pays il y a presque trois ans, Klax. Parfois l’Irlande me manque, parfois ma famille me manque, parfois l’homme que j’étais à Belfast me manque. Mon ancienne vie était très différente de celle de maintenant.

     

    — Mais ?

     

    — Mais je n’avais pas l’impression d’être moi-même. J’étais une personne tellement plus torturée et violente que maintenant. Me regarder dans une glace le soir était difficile, touchez ma mère ou ma sœur d’autant plus. Je suis un homme dévoué pour sa cause, mais je ne suis pas un homme sanglant.

     

    Je ne suis plus cet homme-là.

    Klax ne dit rien, mais je vois bien qu’il est touché que je lui aie confié quelque chose que j’ai rarement donné.

     

    — Klax ? je lance d’une voix tendue.

     

    — Quoi ?

     

    Je le dévisage avec intensité alors que les mots sortent d’eux même. Ils trainent au fond de moi depuis son retour, comme un besoin viscéral de lui avouer certaines choses.

     

    — Je… je n’ai jamais aimé quelqu’un, j’avoue sans raison, je ne sais pas ce que ça fait. J’ai vu énormément de personnes tomber amoureuses, mais je n’ai jamais fait l’expérience moi-même d’être dans cette chute libre interminable. J’ai vu Liam devenir fou pour Gina, Sean fondre pour Lemon et sa miniature, et j’ai mis des années à percuter que je ressentais la même chose pour toi. J’ai vraiment pas envie de perdre ça. Je ne connais pas les codes et les règles. J’avance en terrain inconnu, mais je préfère tomber et avancer avec toi, que faire ça tout seul.

     

    Klax m’observe avec une certaine émotion, et j’y note cette part si rare chez lui, synonyme de tendresse, chose qu’il ne m’a jamais donner et dont je n’ai pas besoin, mais le sentir, ne manque pas d’accélérer la chose qui bat dans ma poitrine.

    Ce que je lui ai dit l’a touché.

     

    — Tu sais pourquoi les femmes baissent-elles les yeux quand on leur dit : « Je t’aime » ?

     

    Klax esquisse un sourire.

     

    — Je ne sais pas, me répond-il d’une voix enrouée.

     

    Je me rapproche de son visage.

     

    — Pour voir si c’est vrai, je termine.

     

    — Et alors ? me demande le Blood.

     

    Est-ce que tu m’aimes ?

     

    — Baisse les yeux, je chuchote.

     

    Klax secoue la tête en continuant de sourire.

     

    — J’ai pas besoin de vérifier.

     

    Il glisse une main sur ma joue râpeuse, je vois la fatigue dans son regard. Ces dernières semaines ont été éprouvantes et j’ai envie qu’il se repose davantage sur moi.

    Ces fardeaux sont les miens désormais.

     

    — Et toi, dis-moi un truc sur toi que j’ignore, je continue.

     

    — Qu’est-ce que tu veux savoir ?

     

    — N’importe quoi. Un truc que personne ne sait.

     

    Klax se tait quelques instants, avant de se mettre, et j’ignore pourquoi, à chantonner d’une voix très fausse qui me fait comprendre que le mec que je baise ne pourra jamais se reconvertir en chanteur.

     

    — Les hommes sages disent que seuls les fous s’y précipitent. Mais je n’y peux rien si je t’aime. Devrais-je rester. Serait-ce un péché. Si je ne peux m’empêcher de t’aimer[1].

     

    Je me fige, sidéré par les paroles que je viens d’entendre. Je suis partagé entre l’envie de rire ou de m’inquiéter.

     

    — Pourquoi tu me marmonnes du Elvis Presley ? Tu chantes comme une putain de casseroles mec, demain il va pleuvoir, je le taquine.

     

    Klax me pince en riant. Son regard croise le mien et je note son sérieux. Avec lui, il faut parfois lire entre les lignes.

     

    — À ton avis ?

     

    — Parce que t’es raide dingue de moi, et que tu ne sauras jamais me dire « je t’aime » ?

     

    Le Blood secoue la tête en insistant toujours de ses yeux pénétrants. Bordel, je vois venir la terrible confession, et j’ai beau réfléchir, mon cerveau se remet à peine d’une sacrée baise.

     

    — Qu’est-ce que t’as toujours voulu savoir sur moi ? Poursuis Klax.

     

    Tant de choses.

    Mais une en particulier.

    Je me fige alors que la vérité me frappe de plein fouet. Un sourire né sur mon visage, je me redresse pour le dévisager de près. Le choc doit se lire dans mon expression et un air amusé gagne le Blood.

    J’aurais parié sur tout, sauf ça.

     

    — Sérieusement ? je demande. C’est…

     

    Klaxon hoche en m’interrompant, comme si le dire à voix haute rendrait les choses différentes. Comme si les murs avaient des oreilles et qu’il voudrait que je sois le seul à comprendre cet aveu.

     

    — Voilà, tu sais un truc que tout le monde ignore.

     

    — Putain, sérieusement ? j’insiste.

     

    Klax éclate de rire en m’attirant de nouveau contre lui.

     

    — Remets-toi.

     

    Je me mords la lèvre pour éviter de rire, et Klax le remarque.

     

    — Qu’est-ce que tu veux, l’Irlandais, que je t’en mette une pour que tu te taises ?

     

    Je me laisse aller et retiens mon fou rire, je le remettrai pour plus tard, lorsque je serais seul ou qu’il dormira.

     

    — Toi. Juste toi, j’avoue.

     

    J’attrape le paquet de capotes que je lui montre avant de le jeter à travers la pièce.

     

    — Et je veux qu’on arrête ça.

     

    Je me penche vers sa bouche pour l’embrasser.

     

    — Et je veux que tu gardes la clé de chez moi.

     

    Ma main dérive plus bas, je tire légèrement sur le chapelet de mon frère qu’il ne quitte plus désormais, les perles noirs lui et cette croix imposante lui vont comme une seconde peau. C’est une part de moi qu’il emporte à chaque fois.

     

    — Et…

     

    Mais il m’interrompt.

     

    — Et tu deviens trop gourmand, l’irlandais, dans deux minutes tu me demandes un plan à trois avec Slayer.

     

    — Ça te ferait bander à mort de savoir qu’on nous mate, je le nargue.

     

    Klax me foudroie du regard avant de me faire basculer sous lui.

     

    — Je ne partage pas.

     

    Je le laisse s’installer entre mes jambes, je sens qu’un deuxième round va s’imposer, un truc encore plus intense que le précédent si je me fie au regard de braise que Klax me lance.

     

    — T’as raison, moi non plus.

     

    On s’est mis d’accord sur plusieurs points. D’abord, sur le fait que le club ne devra jamais apprendre pour notre relation. Ce qui veut dire faire comme si nous étions devenus amis pour justifier notre rapprochement. Mentir aux autres concernant nos conquêtes. Trouver des excuses pour justifier nos absences, se dépasser pour protéger ce secret, faire des sacrifices, ne jamais être ensemble aux yeux des autres, vivre une vie de célibataire envers nos frères.

    Mais ça en vaut la peine. Quand je vis des moments pareils, je me dis que je suis dans un rêve, un truc impossible et que je vais finir par me réveiller, mais non. J’aime Klax, et je suis désormais avec, et ça, malgré nos règles.

     

     

    ***

     

    36.jpg

     

     

    Deux mois plus tard.

     

     

    Je descends de ma bécane et pose mon casque sur ma selle en dévisageant mes frères faire pareil. Notre vie a repris son cours depuis deux mois. Les runs, le garage, le strip, les fêtes, l’ambiance familiale. Gina accouche bientôt, alors c’est une période amusante et plutôt plaisante qui ne nous fait pas de mal après tout ce qui s’est passé au court de ces six derniers mois.

    Ce soir, nous sommes de livraison, l’Argentin nous a convoqués plus tôt queue d’habitude, ce qui a légèrement agacé tout le monde. Depuis l’affaire des ritals, notre relation est légèrement tendue. Ils savent qu’ils ont merdé, mais ils ne le reconnaitront jamais. Alors on a décidé de passer au-dessus, les représailles auraient déjà dû avoir lieu s’ils nous avaient trouvés. C’est une page qu’on peut tourner.

    Je prête une attention toute particulière à un enfoiré qui me dévisage également en retirant son casque.

    Attends qu’on soit ce soir, connard.

    Klax est mon exutoire. Cette part de ma vie qui me fait oublier que notre monde est parfois dur, injuste, et compliqué. Lorsqu’il n’y a que lui et moi, rien d’autre ne compte.

    Je dois être fou d’aimer ce danger, fou d’aimer autant ce que je ressens.

    J’aime ces baisers dérobés derrière une porte. J’aime lorsqu’on doit dormir au club et que l’un de nos deux se glisse dans la chambre de l’autre par la fenêtre. J’aime me bagarrer avec lui, et baiser ensuite. J’aime quand Klax s’accroche à moi la nuit comme s’il craignait que je m’enfuie. J’aime le bordel qu’il laisse chez moi, et ces regards en coin qui en disent long. J’aime le rendre fou avec mes sous-entendus et l’énerver. J’aime partager nos fardeaux, nos difficultés, notre réussite, notre existence et bordel, je l’aime lui tout simplement.

    Alors ce n’est pas simple tous les jours d’être avec son Frère au sein d’un club. Il y a beaucoup de risque, beaucoup de contraintes, et pas mal de mensonges.

    L’Argentin est déjà là, il n’y a que deux berlines ce soir, et mis à part ces toutous, il n’y a personne d’autre. Ce qui nous amène à nous demander qu’est-ce qu’il cloche.

    Où est la cavalerie en chocolat.

     

    — Le Black ne vient pas ? demande Hurricane lorsque nous arrivons à la hauteur du boss.

     

    L’Argentin se tourne vers nous pour nous faire face, et je note dans la seconde que quelque chose ne va pas en allumant ma clope. Le type tire une gueule de dix pieds de long et semble fou de rage.

     

    — Vous n’êtes pas au courant ? lance-t-il sèchement.

     

    — Au courant de quoi ? renchérit Creed en prenant un air suspicieux.

     

    L’Argentin devient rouge de colère en déclarant froidement :

     

    — Le Black s’est fait descendre y’a deux jours, bordel ! Sur quelle putain de planète vous vivez les gars !

     

    Tout le monde se fige entendant ses mots, je reste comme un con, manquant de m’étouffer avec ma clope.

    Le Black est mort ? Bordel mais qu’est-ce qu’il s’est passé !

     

    — Pardon ? renchérit H.

     

    — Ouais, vous avez très bien entendu, poursuit l’Argentin. Lui et son bras droit se sont fait buter chez eux avec leurs femmes et leurs gamins. C’était un putain de bain de sang !

     

    — On rentre d’un run, explique Creed. On n’était pas au courant. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

     

    L’Argentin semble tendu. Je me tourne vers Klax qui est en retrait tout comme moi et Nir. Liam ne fait pas partie du run vu que Gina peut accoucher à n’importe quel moment. Mon compagnon est blanc comme neige, et visiblement fou de rage.

    Putain c’est la merde.

     

    — Hé bien vous l’êtes ! Je pensais que vous aviez régler le problème, nous reproche-t-il.

     

    Il se tourne vers Klaxon qui lui adresse un regard noir, ce qui ne manque pas d’agacer le Blood.

     

    — On l’a réglé. Dois-je vous rappeler qu’on n’est pas des pros ? L’emmerde est partie de votre faute.

     

    L’Argentin se met à rire jaune, il sort son flingue et le pointe vers mon mec. Je me retiens de réagir comme tous les autres, nous sommes tous à cran par la nouvelle et ce n’est pas le moment de montrer qui possède la plus grosse.

     

    — Calmez votre boucher avant que je ne le fasse moi.

     

    Il retire le cran de sécurité et Creed et H font calmer Klax en un regard. L’Argentin semble se détendre un peu, et nous en revenons au principal problème : qui a buté le Black.

     

    — Qui vous dit que ce sont les ritals ? demande Rhymes.

     

     

     

    — Ils ont tailladé les cadavres avec un S. Il n’y a qu’eux qui font ça bordel ! Les Santorra ripostent. Vous savez ce que ça veut dire !

     

    — C’est impossible, lance Creed.

     

    Pourtant ça l’est. Nous avons essayé de jouer face à de gros poissons, nous nous sommes plantés en beauté lors de la fusillade et malgré le road trop sanglant de Klax, nous n’avons pas réussi à réparer notre erreur. Une conséquence que nous payons désormais.

     

    — Nous allons être les prochains si on ne fait rien. On est dans le même bain, les Blood, et je crois bien que nous allons avoir de sacrés problèmes qu’il va falloir régler, ensemble et vite avant que ça ne dégénère.

     

    Au son de la voix de l’Argentin, tout le monde comprend que ce n’est pas une demande, mais un ordre. De nouveau, nous n’allons pas avoir le choix.

    En acceptant le deal avec lui, nous nous sommes jetées dans la gueule du loup. On a déclenché une guerre de rues qui va engendrer de terribles actes de violence au sein de la ville quand les ritals comprendront qui a tenté de les abattre.

    C’est ici que la lune de miel se termine, et c’est en dévisageant Klax que je comprends que nous venons d’atteindre un point de non-retour au sein du club. Le danger est en train de s’installer confortablement, nous promettant que du sang va venir tacher les rues. Et nous n’avons plus qu’à prier pour que ça ne soit pas le nôtre.

    La vengeance des ritals arrive et je prie pour que nous soyons suffisamment fort pour la combattre.

     

     

    À suivre…

     

     

    Amheliie

     

     

    [1] : Traduction d’un extrait de la chanson « Can’t Help Fallin in Love » d’Elvis Presley.

  • Your Song, Epilogue

     

     

    Dix ans plus tard.

     

    Je me gare derrière la file interminable de voitures stationnées devant chez mon père, en soufflant de lassitude. Je suis crevé et le mot est faible, j’arrive à peine à tenir debout depuis ce matin et je ne rêvais que d’une chose, rentrer chez moi et dormir pour la semaine à venir. Mais c’est Noël et mon père a décidé que ce serait chez-lui cette année.

    J’ai pensé refuser, mais certaines personnes sont capables de me faire dire oui rien qu’avec un regard.

    Je descends de la voiture, le froid de décembre vient s’infiltrer sous mon blouson. Je me presse dans l’allée entre les voitures garées, je reconnais celle d’Ana à moitié sur la pelouse, ce qui risque de faire hurler mon père. Je m’arrête devant les marches qui mènent à la porte d’entrée pour regarder la maison voisine, celle où j’ai passé autant de temps, si ce n’est plus, que chez moi. Un sourire se dessine sur mon visage en revoyant Ana et ses taches de rousseur, pendue à sa fenêtre à me guetter avec sa lampe de poche. J’ai l’impression que c’était il y a un siècle alors que pourtant ça ne fait que dix ans.

    Je détourne le regard amusé, attiré par les bruits derrière la porte décorée d’une couronne de Noël, mon père a bien fait les choses on dirait. Noël quand je vivais ici, je le passais dans la maison d’à côté, avec la famille d’Ana et heureusement qu’elle était là, sinon je ne sais pas ce que cela aurait donné entre mon père, moi, sa rancœur et l’absence de ceux qui nous manquent.

    Je monte les marches, avant que la nostalgie devienne douleur et sans frapper, j’entre. La chaleur me foudroie autant que le froid me glace à l’extérieur. Je referme la porte en entendant mon père rire. Je reste surpris parce que je me sens sourire de l’écouter si joyeux.

    Je pose mon blouson sur le tas déjà présent dans l’entrée. Je m’avance en direction du salon en écoutant une voix bien familière qui m’a manqué ces trois dernières semaines, et qui me fait penser que j’ai laissé les cadeaux dans le coffre de la voiture.

    Je passe devant la cuisine ou Janice est occupée aux fourneaux. L’air respire Noël, les biscuits à la cannelle et l’odeur de la dinde dans le four.

     

    — Jared !

     

    La mère d’Ana délaisse sa sauce, s’essuie les mains sur son tablier puis s’approche de moi, un sourire tendre sur les lèvres et les bras ouverts. Je la serre contre moi pour la saluer.

     

    — Je ne t’ai pas entendu arriver.

     

    — C’est assez bruyant ici.

     

    Elle se détache de moi, ses mains toujours sur mes épaules, elle m’observe en souriant, elle a l’air heureuse qu’on se retrouve tous, ce soir.

     

    — Tu as l’air fatigué.

     

    Je souris en me frottant les yeux, effectivement je ne dois pas paraître au mieux de ma forme.

     

    — Ouais, mais ça va aller, je devrais survivre à cette soirée.

     

    — J’espère bien dit-elle ne me lançant un coup de torchon sur la tête, je me suis démenée pour ce repas, je ne veux pas voir ta tête tomber dans le plat.

     

    — Papa !

     

    Je me retourne, un sourire sincère plaqué sur le visage en voyant le visage d’ange de ma fille, surmonté de deux couettes blondes attachées par deux nœuds rouges, courir vers moi. Je me baisse pour la réceptionner dans mes bras.

    Ses petits bras me serrent contre elle, je fais pareil avec plus de force en la soulevant dans mes bras. Je ferme les yeux en respirant son odeur familière de produits de bébé que sa mère ne peut pas s’empêcher de mettre sur son visage.

     

    — Salut princesse, dis-je en embrassant ses joues rouges rebondies.

     

    — Tu m‘as ramené un cadeau de Los Angeles ?

     

    — Peut-être bien…

     

    J’ai droit au regard qui me fait fondre et qui m’a conduit ici ce soir. Keren a deux grands yeux noirs, semblables à ceux de ma mère et aux miens, les siens sont tellement tendres qu’on ne peut rien lui refuser.

     

    — Le Père Noël va passer dans quelques heures, lance Elena à l’entrée du salon, mademoiselle va peut-être attendre qu’il soit passé pour réclamer d’autres cadeaux.

     

    Je dépose Keren au sol, elle gratifie sa mère d’un regard noir, c’est elle la méchante et moi le gentil papa qui lui achète tout ce qu’elle veut et qui cède à tous ses caprices. Elle n’a que trois ans, mais elle a très vite compris que je suis fou d’elle et que le peu de temps que je passe avec elle c’est pour lui faire plaisir. Notre fille lève la tête d’une air revêche et passe devant sa mère pour rejoindre les autres dans le salon. Je ris en la voyant faire et même Elena ne peut retenir un sourire.

     

    — Tu sais que je te hais à chaque fois que tu pars et que je dois recadrer ce petit monstre, dit-elle une fois qu’on est seuls dans le couloir.

     

    J’appuie mon épaule contre le mur en l’observant. Elle me détaille du regard, tout passe sous ses yeux bleus et je sens venir un regain d’énergie dû au désir m’envahir. Elle s‘avance, doucement, je ne peux pas détourner le regard de son visage souriant, de cette douceur qui émane d’elle et qui me donne envie de plonger dans un lit pour être dans ses bras.

    Elle s’avance jusqu’à moi, je baisse les yeux pour ne pas la perdre du regard, mon cœur se gonfle en la voyant, je ne suis pas chez-moi, dans notre maison, mais rien qu’en la voyant je sais que je suis rentré. Elle porte le pull que ses parents lui ont ramené l’année dernière à la même époque, avec une maison en pain d’épice sur la poitrine. Je souris en me disant que j’ai échappé à cette horreur que Keren a sûrement exigé que sa mère porte parce que c’est Noël. Le pull a quand même quelque chose de bien, il est en V et son cou ainsi que la naissance de sa poitrine sont visibles. Sa peau me manque et je pose la main sur cette partie libre de vêtement en soupirant de bien-être quand je sens la chaleur et la douceur de sa peau.

    Elena se met sur la pointe des pieds et cherche à m’embrasser, je recule un peu pour retarder ce moment où je sentirai ses lèvres. Elle tente de garder son sérieux, de ne pas rire en me voyant faire le gamin capricieux aussi pénible que notre fille. Ma main glisse sur son sein que j’englobe avec plaisir. Je voudrais enlever ce foutu pull et tous les vêtements qui séparent mes mains de sa peau, de son corps dont j’ai envie.

     

    eb9d46a4e5228b545dd3ba1e2eeacace[1].jpg

     

    Elena attrape ma nuque alors que je regardais sa poitrine se soulever plus rapidement et arrive enfin à ses fins en posant sa bouche sur la mienne. Je lâche sa poitrine, me redresse et encercle sa taille pour la presser contre moi pendant que sa langue entre dans ma bouche. Elle gémit dans ma bouche, m’encercle de ses bras et je retrouve le goût de la maison, de mon foyer, de ma famille et de celle que j’aime.

    Elle me manque à chaque fois que je pars en tournée ou en promo, elle, notre fille, notre vie de famille me manquent.

    Pourtant cette fois-ci ce n’était que 3 semaines et avec l’habitude je devrais m’y faire mais je n’y arrive pas. Même après quatre ans à chanter seul, j’ai encore ces reflexes de me tourner vers elle sur scène alors qu’elle n’est pas là. L’artiste me manque, la femme me manque, l’amante me manque, tout me manque quand je suis loin d’elle.

     

    — Bienvenue à la maison, dit-elle contre mes lèvres.

     

    Je pose mon front contre le sien et j’inspire son odeur à pleins poumons.

     

    — Tu as l’air épuisé.

     

    Sa main passe sur ma joue comme pour capturer la fatigue sur mon visage. Elle, elle rayonne, même si je la vois tous les matins compter les trois rides autour de ses yeux, elle est toujours aussi magnifique que quand je l’ai rencontrée. Ces dix années l’ont apaisée, elle a cette grâce de ces femmes qui approchent la quarantaine et qui deviennent plus sûres d’elles. La maternité a aussi laissé des traces sur son corps autant qu’elle l’a rendue heureuse. Je n’ai jamais vue Elena plus souriante que quand elle était enceinte. Cette famille elle l’a voulue, attendue, elle m’a attendu surtout, le temps que je sois moi aussi prêt à devenir père.

    Je ne sais pas ce qui me retenait le plus, savoir qu’à la minute où elle serait enceinte je la perdrais dans notre duo, ou me dire qu’un être supplémentaire dépendrait de moi alors que ma vie se passe sur scène.

    Elena a été claire dès le début, quand notre relation nous a menés sur ce sujet, avec un enfant elle arrêtera de chanter, parce qu’il était hors de question de le traîner sur la route et de le priver d’une vie normale. Égoïstement, je ne voulais pas, je voulais la garder avec moi et vivre encore cette alchimie musicale avec elle. Mais aujourd’hui, même si elle me manque, je n’imagine plus ma vie sans ma fille. Elena n’a pas arrêté la musique pour autant, elle est comme moi sur ce plan, elle en a besoin pour vivre, et à présent elle donne des cours particuliers de piano. Elle s’éclate avec ses élèves, même si ce n’est pas toujours simple de faire rentrer des méthodes à des novices.

     

    — Arizona n’est pas là ?

     

    Je la relâche en riant, puis je prends sa main et l’entraîne en direction du salon.

     

    — Ils ont décidé avec Jack de passer Noël sous le soleil californien.

     

    Elena grimace, un Noël sans froid et sans neige ça n’a pas la même saveur, mais Arizona et son mari apprécient le soleil et les cocktails au bord de la plage. On entre dans le salon, tout le monde est là, assis autour de la table basse, dans les canapés et par terre. Mon père, Ana, son fils de six ans Max, son frère Kevin qui est un jeune homme maintenant et ma fille qui fait le tour du sapin à quatre pattes sur le sol.

    Ana se lève et s’avance vers moi, son nez froncé et ses taches de rousseur bien présentes. Je l’embrasse en frottant ses cheveux courts, cette coupe que j’ai du mal à associer à elle.

     

    — Salut beau gosse ! T’as une tête à faire peur.

     

    — Merci, toi aussi t’es superbe.

     

    Ana me gratifie de son poing sur mon bras, son fils vient lui aussi me saluer. C’est le portrait de son père, des cheveux blonds foncés dans tous les sens, un regard (je sais plus ) et une allure de surfeur alors qu’il n’a que six  ans. Ana s’est mariée après sa première année de fac avec Daryl et quatre ans plus tard naissait Max. Aujourd’hui ils sont divorcés depuis un peu plus de  deux ans, un moment difficile pour Ana, qui se raccrochait comme elle pouvait à son mariage, en refusant de voir l’évidence que leur histoire était morte et que tout ce qui les retenait l’un à l’autre, c’est ce petit bonhomme souriant. Aujourd’hui elle va mieux, elle s’est remise, mais cet échec reste, elle pour qui une famille doit rester unie quoi qu’il arrive. Elle est devenue une conseillère financière féroce pour une grande banque New-Yorkaise et gère entre autre mon argent ainsi que celui de plusieurs richissimes clients. Si elle a échoué en amour, professionnellement elle est accomplie et bientôt elle se rendra compte que sa vie sentimentale ne s’arrête pas à un divorce.

    Mon père se lève, il fronce les sourcils en s’approchant de moi, le main tendue et je sais déjà ce qui va suivre.

     

    — Quelle vie tu mènes Jared, regarde toi, c’est à peine si tu tiens debout.

     

    Elena à mes côtés, prend mon bras et me pince pour que je ne réponde pas à cette remarque. C’est Noël et elle et ses idées de familles heureuses pour les fêtes ne laisseront pas passer un esclandre. Je me retiens de lui dire que je sors d’une tournée de trois semaines où j’ai laissé toute mon énergie sur scène parce que j’aime ça et que ça me rend heureux.

     

    — Toi aussi t’as l’air bien. Je finis par répondre en serrant sa main.

     

    Ma fille vient se fourrer dans ses jambes, elle adore son grand-père et il le lui rend bien. Mon père a eu l’air de ressusciter à la naissance de Keren, c’était comme s’il avait de nouveau une raison de vivre et j’en suis heureux. Autant pour ma fille que pour lui, leur complicité est attendrissante, voir cet homme abimé par la vie aussi guimauve face à cette petite tête blonde me fait toujours sourire. Même si, quand ma fille sera couchée, j’aurai droit à l’éternel couplet sur la vie d’artiste pas compatible avec la vie de famille. Pour lui, en plus de perdre du temps à chanter, je néglige aussi ma famille. Sur ce point je ne vais pas le contredire, j’ai raté les premiers pas de Keren, sa première rentrée à l’école et même l’anniversaire de ses deux ans. Ces moments précieux je les vois défiler sur photos ou sur vidéos, qu’Elena prend à chaque fois et je regrette à chaque retour, en regardant ma fille qui a encore grandi, de ne pas avoir été là. Mais la musique c’est ma vie, mon essence, ce qui me fait tourner rond et me motive chaque matin à me lever. Sans elle je ne serais même pas un père pour Keren, je serais un homme amer qui n’aurait pas supporté de sacrifier cette vie. Le succès je l’ai voulu, et maintenant que je l’ai, maintenant que je vis mon rêve, je ne peux pas arrêter, je n’y survivrais pas. Ma vie se passe sur scène où dans un studio d’enregistrement et si mon père ne le comprend pas, Elena elle le sait. Jamais elle ne me demandera de m’arrêter, parce qu’elle sait que ça me tuerait à petit feu.

    J’ai cette chance d’avoir trouvé cette femme, qui comprend mon besoin, qui l’a partagé avec moi durant quelques années et qui m’aime assez pour me soutenir. Sans elle ce ne serait pas pareil, sans savoir qu’elle est dans ma vie, qu’elle m’aime, que même si je suis loin bientôt je la retrouverai. Sans ses coups de fil tous les soirs, ses « je t’aime » chuchotés, accompagnés de « tu me manques », rentrer n’aurait pas le même intérêt et ma vie serait vide. Elle a toujours été cette pièce de puzzle qui remplit ma vie, c’est ma moitié, celle qui me connaît le mieux, qui me supporte et me soutient quoi qu’il arrive, elle est l’essentiel de ma vie, le principal, celle pour qui tout ça a un sens.

    Les années de notre relation ont connu des hauts et des bas, des moments de doutes, de peur, de se perdre, d’aller trop loin sans l’autre, de vivre des rêves différents et de s’éloigner.

    On n’a pas commencé par le plus simple, notre histoire avait tout pour finir par un désastre qui nous aurait coûté cher mais l’amour est au-dessus de ces préoccupations. L’amour que j’ai pour elle, se moque de ses rides qui apparaissent, il se moque qu’elle ait porté le nom d’un autre homme avant de porter le mien, comme il se moque du jugement des autres. Tout ça n’a pas d’importance quand je vois dans ses yeux à quel point elle est heureuse, quand je la vois sourire en regardant notre fille faire ses bêtises avant de prendre cet air dur que moi aussi j’ai connu à une époque, je sais qu’elle vit dans le bonheur. Je sais qu’elle est heureuse quand je lui fais l’amour et qu’elle me dit qu’elle m’aime.

    Moi aussi je l’aime, plus que tout et si la musique me rend vivant c’est Elena qui me fait vivre.

     

    FIN

     

     

    Maryrhage