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  • Inside Lines, Epilogue

    Six ans plus tard.

     

     

    Je souris comme un putain d’idiot en retirant son caleçon pour dévoiler ce superbe cul qui m’appelle. Asher est encore endormi, sur le ventre, presque nu et contre moi. Comment résister ? Ça fait déjà dix minutes que je lutte contre l’envie, et je n’ai jamais su vraiment me brider de ce côté-là. Cette flamme, celle du sexe ne perd jamais en intensité, tout comme le reste, ça ne fait que s’accroitre au fil des années.

    Une fois mon coach nu, je repousse les draps pour m’installer entre ses jambes que je plie. Je saisis la bouteille transparente sur la table de nuit, m’enduis les mains, avant de les faire courir sur le corps familier sous moi.

     

    — Kade…

     

    Asher se réveille lentement, ou est-il déjà sorti du sommeil quand j’ai commencé à le tripoter ? Je l’ignore, les deux sont possibles, mais j’aime bien l’idée qu’il se laisse aller.

     

    — Laisse-moi dormir… bougonne-t-il.

     

    Un rire m’échappe, il a parfaitement compris ce que j’étais en train de faire. Ses hanches se frottent contre moi sans le vouloir.

    Toute résistance sera inutile.

     

    — Tu n’as pas envie de dormir, je plaisante, pas vrai ?

     

    J’enfonce deux doigts en lui, un frisson le gagne, son souffle s’accélère. Ses muscles palpitent autour de moi. Seigneur, ce mec me rend dingue.

     

    — T’as envie de ça, oui ou non coach ? je demande d’une voix rauque.

     

    Je me penche pour mordiller son oreille alors que ma queue se presse contre sa cuisse. Ma putain d’érection matinale que je bénis quand je suis dans cet état.

    Son visage se tourne vers moi, ses yeux verts croisent les miens et j’y lis tout le désir qu’il a. Ce n’est jamais assez. Même si c’est parfois différent, il nous arrive encore de faire des trucs fous de ce côté, comme baiser dans les chiottes d’une cérémonie officielle ou tester les vestiaires. J’aime cette passion qui ne s’éteint pas.

     

    — Oui, souffle-t-il. J’adore quand tu fais ça.

     

    Et je sais qu’il aime quand je fais plus.

    Je m’écarte en laissant trainer ma langue le long de sa colonne vertébrale. Mon poing se referme autour de ma queue, je me caresse rapidement. Asher se cambre pour faire pareil, et j’admire l’homme magnifique allongé dans ce lit. Celui qui est à moi.

    Je prendrais le temps plus tard de faire grimper la tension, je prendrais le temps ce soir de nous pousser à bout. Parfois, c’est simplement bon de se retrouver, d’aller droit au but et de profiter de l’instant. Surtout quand on sait qu’on peut obtenir dix fois plus, plus tard.

    Je saisis les hanches de mon amant, ses jambes s’écartent davantage, mon sexe se place contre son orifice, et comme d’habitude, je m’enfonce en lui en appréciant cette putain de sensation qui nous gagne. L’envie, le besoin, l’excitation, mais surtout, cette impression que les mots prennent corps pour dire « je t’aime ».

     

     

     

    ***

     

     

    — Alors, n’est-ce pas le meilleur des réveils ? je déclare en me laissant aller à ses côtés.

     

    Asher me jette un regard en coin, ses joues sont encore rougies par l’orgasme, et son souffle est encore désaccordé. J’adore le voir dans cet état. J’adore le voir ainsi.

     

    — T’es insatiable, commente-t-il.  

     

    — Tout serait plus simple pour toi, si t’étais moche.

     

    Mon coach éclate de rire, je fais de même en allant me blottir contre lui.

     

    — C’est donc ma faute si tu ne peux jamais t’empêcher de bander ?

     

    Je hausse les épaules en acquiesçant. Asher s’apprête à me faire basculer sous lui, quand un son familier résonne dans la chambre. On se fige, nos regards se croisent, l’instant baise est terminé, mais il fût palpitant.

     

    — J’y vais, m’annonce Asher en s’écartant.

     

    Je le retiens par le bras pour qu’il reste là.

     

    — Non, reste, j’y vais, va prendre une douche.

     

    — OK.

     

    Asher m’embrasse en me laissant filer, il marmonne qu’il reste encore quelques instants là. La simple pensée de le quitter de notre lit, là où il est encore nu, transpirant de notre étreinte matinale m’excite encore, malheureusement, le devoir m’appelle.

    J’enfile un short, celui qu’Ash m’a presque arraché hier soir et pars arpenter la maison pour rejoindre une autre chambre.

    La porte est ouverte, et je remarque que son occupant est déjà dans le speed de la journée. Son visage s’illumine en me voyant.

     

    — Alors bonhomme, t’es déjà réveillé ?

     

    Mon cœur se met à battre plus vite quand je vois Tyler debout qui m’appelle en tendant les bras.

    Je suis dingue de ce gosse, pas parce que c’est le mien… bon si, mais il est tellement beau. Je n’aurai jamais cru qu’on puisse faire quelque chose d’aussi parfait. Il ressemble tellement à son père que parfois, je me demande si on ne nous a pas donné un clone.

    Je le prends contre moi, mon fils rit, je l’embrasse en lui faisant des chatouilles alors qu’on part s’occuper des différentes tâches du matin.

    À vingt-six ans, j’ai presque tout, mais j’ai l’essentiel. Je suis un compagnon, un footballeur reconnu et j’ai un enfant.

    Tyler Grant-King a un an et il fait notre bonheur depuis qu’il est né. Je crois que ça a été mon meilleur combat pour l’avoir. Je crois qu’Asher avait fait le deuil de tout ça. Il ne voulait pas d’enfants avec Gabrielle quand il était footballeur, préférant se consacrer à sa carrière. Après sa chute dans le cycle de la violence, puis dans le contrôle, devenir père devait lui foutre une putain de trouille.

    Quand on bascule une fois de l’autre côté de la ligne en ayant conscience que son acte est intolérable, on garde la peur terrible que tout recommence. Asher avait peur de replonger, sa pire hantise était de devenir comme ces pères violents qui lèvent la main sur leur gosse. Il a flippé, énormément, et passé les doutes, passé l’interrogation et les discussions, une fois que je lui ai fait comprendre qu’il n’était plus le même, qu’il était quelqu’un d’exceptionnel et qu’il ferait un bon père, on s’est lancé.

    J’ai toujours voulu fonder une famille, celle que je n’avais jamais eue, celle qui aujourd’hui encore est éphémère, bien que nos relations se soient miraculeusement améliorées depuis la naissance de notre fils. Ma mère ressemble à une grand-mère, et mon père est méconnaissable avec son petit fils. Même si moi, je reste… Kade, je ne suis pas Tyler. Mais je préfère qu’ils soient là pour lui, j’ai fait le deuil d’une vraie relation avec eux.

    Mais fonder une famille sans Ash n’avait pas de sens. C’était avec lui que je voulais tout ça. Un foyer, de la stabilité, et tout le package. Après tout, c’est lui qui nous a lancé dans cette histoire, on ne fait que la poursuivre ensemble.

    Ce n’est pas parce qu’on est gay qu’on ne mérite pas de connaitre la paternité. Et même si certains trouvent ça encore bizarre, nous sommes devenus des adeptes du « on s’en branle de l’avis des autres ».

    Ça a été un chemin sinueux, mais une expérience bouleversante. Je crois que je n’oublierai jamais.

     Asher arrive dans la chambre. Il passe derrière moi pendant que je termine d’habiller notre fils. Je ne suis pas vraiment doué avec les fringues pour gamin.

    Mon compagnon fait exprès de se coller dans mon dos, ses mains se posent sur mes hanches, son visage se niche dans mon cou, il bouge légèrement des hanches pour obtenir un juron de ma part. ça l’amuse.

    Il s’éloigne avant que ça devienne intéressant et part saluer notre mini footeux qui se met tout de suite en mode extase devant son père.

     

    — Va te préparer Kade, lance Asher quelques instants plus tard. La journée va être longue. Je prends le relais.

     

    Je m’exécute, Tyler se met à grogner, je crois que son ventre prend le relais. Difficile de laisser ce gosse trop loin d’un biberon ou d’un truc sucré.

     

    — Coach ?

     

    Asher frisonne toujours quand je l’appelle ainsi. C’est une habitude que je n’ai jamais perdue et que je ne perdrai sans doute jamais. Parce que même s’il n’est plus mon entraineur, il reste mon coach, même quand je suis obligé de le partager avec vingt-trois autres gars, même quand ils l’appellent ainsi, ça n’a pas la même signification.

     

    — On deale pour soir ? Si je gagne, je te laisse tranquille, si tu perds…

     

    — Non, m’interrompt-il avec sérieux.

     

    Comme d’habitude, sa réponse de ne me surprend pas. Asher ne cède pas facilement sur tout. Il faut le travailler au corps, mais quand il craque, bordel, c’est grandiose.

     

    — Tu n’es pas joueur, je le taquine.

     

    — Je sais ce que tu vas me demander et c’est non.

     

    — Un jour, j’arriverai à te faire dire oui.

     

    Asher sourit en coin avant de soupirer. Nos regards se croisent, ça l’amuse lui aussi.

     

    — C’est bien pour ça que je résiste tant que je peux. Va te doucher, tu sens la corruption par le sexe.

     

    Je glisse une main dans l’élastique de son short pour l’attirer contre moi. Asher lève les yeux au ciel, j’adore quand il résiste, vraiment. Je m’apprête à faire plus quand une petite voix résonne.

     

    — Papa !

     

    Je me mords la lèvre pour ne pas rire alors que notre fils nous rappelle qu’il est là. Asher le prend dans ses bras, il lui pince gentiment le nez, ce qui le fait rire.

     

    — C’est ta meilleure arme de défense, coach, profite bien, un jour il saura marcher et tu n’auras plus d’excuse pour m’échapper, je déclare.

     

    Je l’embrasse quand même, rapidement, un simple contact sur sa bouche. Avant de faire de même sur le front de Tyler.

    Je reste un instant à les observer, Asher se met à parler à notre fils comme s’il comprenait tout. Il l’emmène dans la cuisine pour nous préparer le petit déjeuner. C’est simple, c’est efficace, ça nous ressemble. Et bordel, j’adore ça.

    Passer un an à l’étranger m’a fait beaucoup de bien. Même si ça n’a pas été facile, même si j’ai dû faire mes preuves à nouveau, ça m’a tellement apporté que je ne regrette pas.

    Le Championnat italien m’a permis d’évoluer. Couper avec la Champion League m’a permis de sortir des filets de mon père, je me suis épanouie, même si j’en ai chié. Même si ça été compliqué et parfois douloureux d’être séparé avec Asher, cette année nous a rapprochés comme jamais. Chaque retrouvailles avaient des allures de retour au pays et chaque départ, une preuve encore plus singulière qu’on était fait l’un pour l’autre, malgré nos défauts.

    Mais surtout, un autre homme m’a donné ma chance et a cru en moi quand j’en avais le plus besoin. Si Asher m’a permis de changer et de devenir ce sportif moins colérique et sans dopage. Je dois tout à Wade Perkins. C’est lui qui m’a permis de réaliser ce que je voulais le plus : un avenir.

    La fin de mon prêt à Naples concordé avec sa retraite de footballeur et Manchester United lui a proposé le poste de coach.

    J’ignore si j’ai eu une putain de bonne étoile, si Asher a fait jouer ses relations, mais avant que les négociations reprennent avec Arsenal, j’ai reçu un coup de fil qui me demandait si je n’avais rien contre le fait de devoir être en concurrence avec un certain Emperador et des Gunners pour les cinq ans à venir.

    J’ai cru que c’était une putain de blague. Ça me semblait tellement impossible que mon retour en Angleterre se passe ainsi. Asher était déjà en train de parlementer avec un club d’Italie de seconde division pour me rejoindre si jamais Naples désirait me garder. Ce qu’ils voulaient. Même si nous n’étions pas d’accord sur tout, même s’ils y avaient des tensions, nous avions une entente sur le terrain.

    Je n’ai pas hésité, je n’ai même pas eu besoin d’en parler à Asher, je lui ai fait la surprise. Et il a adoré ça. Mon père a prolongé son contrat sans discuter, comment refuser ? Mon coach a fait des Gunners une des trois meilleures équipes d’Angleterre. C’est un dieu du stade, qu’il soit sur la pelouse ou sur le banc de touche. On a fini par trouver une solution à notre problème et j’accueille chaque nouvelle journée comme un don du ciel, parce que nous n’aurions pu rien avoir. Maintenant j’ai un tout, et je le chéris précieusement.

    Je sors de mes pensées, et pars à la douche, même si je n’ai rien contre l’idée de garder l’odeur de l’Emperador sur moi, pour le bien de tous, on évitera.

     

    ***

     

    Quelques heures plus tard.

     

     

    Je suis stressé. Pourtant, j’ai l’habitude de faire des discours depuis que nous avons créé l’association avec Wade Perkins et Nikki Jones. Les représentations et tout le blabla mondain, je connais, j’ai grandi là-dedans et c’est toujours moi qu’on envoie parler, parce qu’il parait que j’ai un certain talent pour dire les choses avec « humour ». C’est surtout parce que je suis le dernier des quatre fondateurs de « Let's Play Freely » encore dans les crampons en tant que joueur actif. Je parle à la « jeune génération », je suis quelqu’un de plus médiatisé, même si Nikki est devenu un putain de commentateur sportif, le genre qui sait ouvrir sa gueule et ne mâche pas ces mots, j’adore l’écouter à la radio ou durant les matchs de la Champion League.

    Mais ce soir, c’est différent, nous ne sommes pas à un gala pour représenter notre combat, il s’agit de moi. D’une putain de surprise auquel je ne m’attendais pas.

    Pourtant, c’est bien mon nom que le président de la FIFA vient de nommer, c’est bien moi que les gens applaudissent.

    Je viens de remporter mon premier ballon d’or, à vingt-six ans. Je suis titré.

    Bordel de merde.

    Je monte les marches pour rejoindre la scène, je tente de ne pas montrer ma surprise, mais bon sang, je ne m’y attendais pas.

    Je salue les représentants qui me félicitent, une belle journaliste me remet le ballon d’or, et ils me laissent seul devant le pupitre, face aux caméras du monde entier qui relaient la cérémonie.

    Je souris en imaginant à quel point les Russes doivent être agacés.

     

    — Bonsoir tout le monde, je dois vous dire que je ne m’y attendais absolument pas, donc… je n’avais pas fait de discours, enfin pas vraiment.

     

    Une ambiance légère se dégage de l’immense salle qui me fait face. Je prends mes airs charmeurs, en lorgnant ce trophée, puis la foule.

     

    — Sérieusement, je pensais que notre Brésilien l’aurait encore cette année, c’était déjà énorme pour moi d’être nominé, alors remporter ce trophée, celui si prestigieux dans notre milieu, me rend très heureux.

     

    Mon humour me sauve du stress. Je suis encore sous le choc de cette nouvelle. Je suis venu ici avec l’entière satisfaction d’être nominé, d’être reconnu déjà comme l’un des dix meilleurs joueurs de l’année. Je ne suis pas de nature gourmande, je sais accepter quand un rêve peut n’en rester qu’un, mais là… j’entre dans l’histoire, après mon compagnon.

     

    — Mais vous avez de la chance et j’en ai, d’avoir toujours des choses à dire, et puisque le prompteur tourne dans le vide en disant « DISCOURS GAGNANT » avec du vide, je ne vais pas perdre plus de temps. Je remercie ceux qui ont cru en moi, ceux qui ont voté pour moi et m’ont donné cette chance. Ce n’était pas gagné. Et je pensais que je n’accéderais jamais à ce titre pour plusieurs raisons. Ce soir, le monde du football prouve qu’il vient de faire un pas en avant. Celui de ne pas juger un joueur pour ce qu’il est en dehors des terrains, mais surtout ce qu’il fait accompagné d’un ballon.

     

    C’est ce qu’ils ont fait. Je suis le premier joueur ouvertement gay à recevoir ce trophée, alors que Nikki Jones le méritait davantage au cours de ces dernières années en tant que footballeur pro. Wade Perkins n’a plus jamais remporté de ballon d’Or malgré sa carrière fracassante à Manchester. Ce soir, on a évolué, vraiment.

     

    — Mon combat contre l’homophobie a toujours été rythmé et engagée, aujourd’hui, j’aimerai faire plus. Aujourd’hui, j’aimerai dédier ce trophée, ce saint Graal dans le monde du football, à tous ces jeunes qui pensent que leur rêve ne se réalisera pas parce que notre milieu est intolérant. Notre milieu change lentement, mais grâce à des personnes qui se foutent des étiquettes des autres, il évolue plus vite. Aujourd’hui, je commence à être serein, parce que si un jour, mon fils voudra devenir footballeur, je veux qu’il le soit dans un milieu ou l’intolérance ne représentera que l’injustice d’une décision d’arbitrage plutôt que d’une orientation sexuelle. Je veux qu’il connaisse un nouvel âge d’or de football celui qui dit qu’on croit en chaque personne, chaque joueur. Qu’importe leur race qu’importe leur sexe qu’importe leur opinion et qu’importe leur orientation sexuelle. La bataille est longue et comme tous les combats, ce n’est jamais définitivement gagné, mais profitons de chaque petite victoire, aujourd’hui, c’est pour nous, pour tous ceux qui font bouger les choses dans l’ombre, pour ceux qui n’ont plus peur de s’assumer, pour les membres de notre association. Et parce que je vois qu’il y a écrit « DISCOURS 70% », je vais me dépêcher. Je dédie ce trophée à trois personnes en particulier. À mon père, parce que je sais qu’il n’a pas pu influencer le jury et qu’on ne pourra pas donner de bon titre d’accroche aux journaux demain.

     

    Mon commentaire humoristique ne manque pas de faire rire la salle, mais il n’y a plus de rancœur dans mes propos.

     

    — À Wade Perkins, mon coach, le nouveau, celui qui ne réchauffe pas mon lit, mais qui m’a donné ma chance.

     

    Mon regard scrute la foule pour trouver celui d’Asher qui a du mal à cacher le sourire déformant son visage. Mon cœur se met à battre plus vite, toujours quand il s’agit de lui.

     

    — À l’homme de ma vie, celui qui tient dans ses bras notre fils en me regardant avec fierté. Tu m’as rendu meilleur et sans toi, jamais je ne serai là aujourd’hui. C’est notre victoire à tous les deux. Et pour finir, ce trophée, il est pour tous ceux qui aiment le football et contribuent à le rendre meilleur. Merci de m’avoir écouté. Merci de croire en moi.  

     

    Je lève ce Ballon d’Or, celui qui ira rejoindre celui d’Asher dans notre maison, des applaudissements retentissent dans la salle de Londres. Et même si tous ne sont pas d’accord avec moi, je savoure cet instant, celui que je n’aurai cru jamais voir arriver. Et qui comme le reste, a fini par se réaliser.

     

    ***

     

    Je rejoins les coulisses en encaissant encore ce choc. Bordel, j’ai remporté le Ballon d’Or 2024, ça me semble totalement insensé, pourtant, il y a mon nom dessus.

    Je croise des personnes qui me saluent, mais ce n’est pas des collaborateurs de la fédération que je cherche. Je veux retrouver mon compagnon et partager cette joie avec lui.

    Je ne tarde pas à le trouver d’ailleurs, Asher semble avoir eu la même idée. Il me rejoint près des accès, avec Tyler dans ses bras qui applaudis en me voyant.

    Mon cœur s’emballe, je souris comme un idiot en m’approchant d’eux. Mon fils me demande les bras, je n’hésite pas. Je le récupère contre moi, il est tellement mignon avec son petit nœud papillon et son costume de grand. Sa tante l’habille comme un vrai mannequin.

     

    — Papa avec le ballon ! me félicite Tyler de sa voix de bébé qui a encore du mal à bien s’exprimer. Bravooo !

     

    Je ris en le remerciant. Tyler tripote le trophée que j’ai dans l’autre bras. Je crois qu’il est fan de la couleur.

     

    — Ce sont les meilleures félicitations que je n’ai jamais reçues, je déclare à Asher.

     

    Mon coach acquiesce à son tour. Il glisse une main dans mon dos en venant embrasser ma joue. Ce simple contact me fait l’effet d’un shoot d’adrénaline, je frissonne, mon corps s’embrase. Je suis dingue de la pudeur d’Ash, ça le rend tellement sexy. Il dégage une tension palpable qui rend l’ambiance entre nous haletante. Ce soir, fatigué ou pas, je m’envoie en l’air avec lui pour fêter ça.

     

    — Je suis tellement fier de toi, murmure-t-il à mon oreille.

     

    Nos regards se croisent, je me penche pour l’embrasser sur la bouche. Sa main vient se fourrer dans mes cheveux bruns. Et c’était tout ce que je voulais. Partager ces instants intenses en famille. L’accomplissement de tant d’années à bâtir quelque chose pour le voir enfin récompensé.

    Je romps notre baiser avant que mon corps ne réagisse à cette proximité, pourtant, je ne m’écarte pas. Je reste contre Ash, il récupère Tyler qui marmonne tout seul. Ça me fait toujours le même effet quand je les vois ensemble.

     

    — Dis-moi oui, je déclare avec envie.

     

    Ash remet la tétine de Tyler dans sa bouche, celle qu’il a toujours accrochée à ses vêtements. Notre fils se laisse aller contre son épaule, il commence à être fatigué.

    L’atmosphère devient plus électrique alors que mon coach me répond en souriant :

     

    — Non.

     

    Je me mords la lèvre, je ne suis même pas déçu, à vrai dire, j’adore cette résistance. J’adore que Asher me fasse croire qu’il n’a pas envie de ça. Il me l’a dit un soir, à Naples, lors de l’une de nos retrouvailles très alcoolisées parce que je le voulais totalement relaxer, on a fini ivre mort chez moi, à se livrer comme nous l’avions rarement fait sans la désinhibition de l’alcool.

     

    — C’est toi qui vas me dire oui, reprend-il avec sérieux. Pas maintenant, mais bientôt, au moment où tu t’y attendras le moins. Parce que si tu as réalisé ton rêve ce soir, je veux être celui qui t’offre le dernier. 

     

    Je me fige, surpris par l’aveu de mon amant. Le choc doit se lire sur mes traits parce que Tyler et Asher se mettent à rire.

    Il est sérieux ? Il a vraiment dit ça ?

    Mon coach acquiesce, et je crois que l’organe dans ma poitrine va exploser quand il m’achève par l’une des plus belles promesses qu’il m’ait fait à ce jour :

     

    — Je veux toujours être le dernier avec toi. Ce n’est pas des premiers dont on se souvient le plus, mais de la dernière personne. Aujourd’hui, et comme tous les jours, je suis fier de toi Kade King, je suis fier de l’homme et du joueur que tu es devenu, je suis dingue du père que tu es, de l’amant qui me soutient et un jour, je serai fier de dire que tu seras totalement à moi, même si à mes yeux, tu l’es déjà.

     

    Je saisis la cravate d’Asher pour l’attirer contre moi et l’embrasser dans la pénombre d’une salle qui ne nous écoute et ne nous regarde pas. Pourtant, toute mon attention est sur l’homme qui m’a donné un fils, qui m’aime pour ce que je suis, et qui restera toujours mon coach. Si le monde change, et il change, on fera tout pour, on a déjà gagné quelques petites batailles, on peut se préparer aux suivantes, tant qu’on les mène ensemble. Que ce soit sur le terrain ou en dehors des lignes d’une surface de réparation, l’Emperador saura toujours comment dérober mon ballon, comme il l’a fait avec mon cœur pour me remettre sur le droit chemin et m’offrir ce que je désirais tant : un avenir et une famille.

     

     

    FIN