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Tome 4.5 : Senan

  • EXTRAIT - Prologue Slaves, Tome 4.5 : Senan

    Coucou tout le monde ! ^^

    Ce soir petit extrait du prochain tome de SLAVES. Je vous dévoile le prologue en entier.

    Il sera consacré à SENAN.

    J'espère que le prologue sera vous intriguer.

    J'ai eu beaucoup de plaisir à me plonger dans la tête de Senan ;)

    !! ATTENTION RISQUE DE SPOILERS !!

    Bonne lecture à tous.

    RDV le 22 mai pour découvrir l'histoire complète.

    Pleins de bisous

    Amheliie

     

     

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    ***

    Prologue

     

     

    Saint-Empire Germanique, Frontière entre L'État Monastique des Chevaliers Teutoniques et la Pologne – Hiver 1328.

     

    Le froid du nord de l’Europe était diabolique à cette époque. Le paysage s’était recouvert d’une épaisse couche de neige blanche et le ciel n’avait pas retrouvé son bleu depuis une dizaine de jours. Il faisait gris et sombre. Les jours et les nuits se ressemblaient sans que nous arrivions à nous repérer dans le temps. L’hiver semblait sans fin.

    Même avec mon épais manteau de fourrure et les habits qui tentaient de me maintenir au chaud, je sentais le froid du blizzard me crisper les muscles, et me brûler les poumons.

    Je savais que cette traversée était de la folie, mais je devais m’assurer que notre territoire était en sécurité. Les rumeurs qui couraient à la frontière polonaise depuis un mois étaient trop inquiétantes pour les ignorer, sans compter ce que j’avais reçu.

    Je regardais le drapeau rouge avec la grande croix blanche de nos bannières, avec l’espoir de rentrer chez moi le plus rapidement possible.

    J’avais toujours connu la Guerre. Ce sentiment de danger et d’insécurité. Depuis ma naissance en début de l’an 1300, le monde n’avait pas cessé de traverser des périodes sombres. Entre la grande famine de l’an 1315 qui dura deux longues années et la peste noire qui décima la population européenne de moitié, la Guerre avec nos voisins de Pologne ne venait pas arranger la situation au cœur de l’Europe.

    Cela faisait dix-sept ans que l’Empire Germanique et l'État Monastique des Chevaliers Teutoniques se battaient contre les Polonais, qui suite à la Mort de leur Roi Venceslas en 1306, et à la demande d’aide des nobles de Pomérélie auprès des margraves de Brandebourg pour contester à Ladislas Ier de Pologne la succession du Duché de Poméranie, la région s’était retrouvée occupée à une exception près ; la citadelle de Dantzig. Ladislas demanda alors à son tour l'aide des chevaliers Teutoniques qui expulsèrent les Brandebourgeois de Dantzig deux ans plus tard. Mais les Polonais tardant à verser l’indemnité promise en échange du service rendu, les chevaliers refusèrent de céder la ville. Ce qui amena à l’obtention du contrôle de la Pomérélie et permit aux Chevaliers de créer un territoire où rallier leurs possessions prussiennes avec les frontières du Saint-Empire Romain Germanique. La Pologne, alliée des Chevaliers jusqu’à cette querelle, est devenue l’ennemi. La Guerre éclata et l’Empire Germanique alla prêter main forte à ses alliés les Chevaliers.

    J’avais été envoyé sur le front depuis six mois pour remplacer mon frère, fatigué de deux ans loin de notre terre natale. Quitter ma famille n’était pas chose facile, mais le devoir était plus grand. Je ne voulais pas décevoir mon père et lui faire honte. J’avais été un fils ainé exemplaire jusqu’alors. J’avais épousé une femme magnifique qui garantissait fortune à notre famille en ces temps sombres, je maniais l’épée avec talent et l’art de la Guerre n’avait aucun secret pour moi. J’étais une réussite.

    Puis, il y eut ce jour sombre où les affrontements avec les Polonais se sont faits plus virulents que d’ordinaire. Nous comptions de nombreuses pertes . Une tension palpable circulait au sein du campement, à l’effet que des troupes ennemies venant du Sud, des terres reculées de Transylvanie ou de Hongrie, commettaient des massacres sur leur route et se dirigeait dangereusement vers nos Terres. Je n’y prêtais pas vraiment attention. Ces rumeurs étaient si nombreuses et souvent fausses. Je refusais de me faire du souci en sachant pertinemment que nos familles à Magdebourg étaient en sécurité.

    Puis, une missive urgente est arrivée par un messager de confiance que Crescentia n’utilisait qu’en cas d’urgence. Mais elle l’avait utilisé cette fois-ci, et Siegmund n’aurait pas chevauché les pleines durant huit jours pour simplement m’avertir d’une requête sans importance. Cela concernait seulement deux sujets et d’après les quelques mots écrits à l’encre noire, cela ne concernait pas les nouvelles que j’espérais apprendre. Crescentia n’avait rien dit de concret dans sa lettre, elle m’avait simplement ordonné de rentrer avec nos hommes.

    J’avais décidé de séparer nos troupes en deux parties. L’une resterait près de la frontière pour contenir les attaques des Polonais, l’autre m’accompagnerait jusqu’à Magdebourg.

    Bartholomäus, le benjamin de notre famille, celui qui est resté, était certain que c’était un piège, qu’on voulait s’en prendre au premier héritier du Vassal de Magdebourg. Mais je connaissais ma femme, je savais qu’elle n’aurait pas pris un tel risque pour rien. Alors je suis parti.

    Notre bannière et sa centaine d’hommes avançaient lentement sur la route enneigée depuis une semaine déjà. Nous y étions presque. Magdebourg n’était plus qu’à une demi-journée de chevauchée, moins sans doute si nous continuons à avancer à ce rythme, nous serions arrivés à temps avant la tombée de la nuit.

    Je pourrai me réchauffer dans les bras de ma femme, et calmer ses nombreuses inquiétudes.

    Alors, nous avons avancé lentement et la tempête de neige cessa. Mon autre frère Emmerich put parler avec moi durant notre chevauchée. Il n’hésitait jamais à me faire part de ses craintes, et tout comme notre benjamin, il craignait que nous tombions dans un piège. Que la missive d’une femme ne pouvait pas être prise au sérieux.

    Jusqu’au bout, je lui tenu tête. J’ignorais ses confessions sur ses peurs et ses craintes. Un sentiment mauvais planait autour de nous. Emmerich avait la tête sur les épaules, et un instinct pour anticiper les événements. Il avait sans doute raison, comme souvent, mais je l’ignorais.

    Pourtant, je refusais de l’écouter et d’écouter ce que je ressentais au fond de moi. J’étais un chevalier, un homme de guerre qui connaissaient les tactiques de cet art à la perfection. Bien sûr que tout cela pouvait être un piège, mais il y avait beaucoup trop de zones d’ombre pour prendre le risque de ne pas être présent en cas de problème sur nos terres. Nous avions beaucoup à perdre.

    Je refusais de mettre en danger ma famille. Nous devions être là pour la protéger et non à l’autre bout du pays pour affronter des Polonais enragés depuis presque deux décennies. Notre absence ne se remarquerait même pas.

    J’avais peur de ce qui nous attendait, mais je ne devais pas le montrer. Je devais rester le Seigneur de Guerre digne et puissant. Mais j’avais peur. Comme un pressentiment que notre retour n’allait pas se passer comme prévu. Je sentais mon cœur battre à un rythme anormal au creux de ma poitrine, c’était comme lorsque les affrontements avec l’ennemi débutaient. Comme lorsque je n’étais pas certain de recroiser un jour les longs cheveux blonds de ma femme souriante.

    L’air autour de nous sentait la mort, c’était comme un cortège funéraire géant invisible qui nous emmenait directement à la tombe.

    Alors que nous approchions de l’entrée sud de la ville, la neige cessa de venir renforcer le manteau blanc sur les plaines à perte de vue. On voyait au loin Magdebourg et les fumées des cheminées se dissiper dans l’obscurité de la fin de journée.

    Les hommes se reposaient quelques minutes, pendant que je marchais dans la neige pour me dégourdir les jambes de plusieurs jours à chevaucher avec mon fidèle ami Moritz, un magnifique cheval noir.

    Je profitais de ces quelques instants en retrait, loin des remarques de mon frère et de mes conseillers qui désespéraient de me voir prendre cette direction. Ils avaient sans doute raison, mais je devais en avoir le cœur net.

    Mon corps en entier se figea lorsque je vis un fin rayon de soleil transpercer les nuages. Comme un résistant à cette tempête glaciale et sombre. Mes pas grincèrent dans la neige poudreuse. Sans hésitation, j’ai retiré mon gant pour que mes doigts glacés profitent de ce court instant de chaleur. C’était le bonheur. Sentir le soleil absent depuis plusieurs jours et son éternelle chaleur me caresser la peau comme le faisaient les douces mains de ma femme.

    Jamais je n’aurais pensé ce jour-là que cette faible lueur de soleil serait la dernière qui frôlerait ma peau.

    J’aurais aimé écouter ce sentiment qui me tordait les tripes et me chuchotait à l’oreille que Bartholomäus ne vivait pas dans la paranoïa constante. J’aurais aimé m’arrêter, prendre le temps de réfléchir plus. Mais l’amour m’a aveuglé. La peur de perdre ce qui m’était le plus cher m’a aveuglé. Et avec le recul, quels que furent mes choix, la fin aurait été la même. J’aurais simplement souhaité que ce qui s’est produit à la nuit tombée n’ait jamais existé.