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Tome 1 : For Play

  • Fucking Love #1 - For Play - Epilogue

    Epilogue

    Dereck

     

     

    Je tourne mes clés dans la serrure quand mon portable se manifeste dans ma poche. Je le sors en ouvrant la porte, je vois que c’est Vinz. Mon frère tente de me joindre après que j’ai trouvé le courage de l’appeler pour lui raconter ce qu’il s’était produit la semaine dernière à Chicago.

    J’attrape mon sac et au moment où je m’apprête à décrocher pour lui dire de me rappeler demain, je me reçois un violent coup de poing.

    Je recule en chancelant, désorienté. Du sang s’échappe de mon nez. La douleur est fulgurante.

    Je n’ai pas le temps de faire quoi que ce soit que l’assaillant me décroche un autre coup de son droit qui me fait perdre l’équilibre. Je heurte le sol, mon portable s’éclate par terre dans un bruit étouffé par celui de mon corps. Ma tête cogne le parquet de l’entrée de mon appartement. Tout le côté droit de mon visage me brûle. L’odeur du sang annihile mes sens. Je suffoque alors qu’il glisse dans ma bouche. Je crache, je tente de respirer mais mon agresseur ne m’en donne pas le temps.

    L’intrus se met à ma hauteur, il m’écrase de son poids. Ma vue redevient plus nette, je vois un homme imposant, cagoulé, vêtu de noir. La silhouette est imposante.

    Je me débats, mon poing part heurté l’inconnue. Une lutte violente commence. Je tente de prendre le dessus, de le faire basculer sur moi pour le frapper en retour, mais mon agresseur cagoulé m’assène un coup d’une telle violence que ma tête part heurté le sol.

    Une de ses mains agrippe mon t-shirt et il frappe. Encore et encore.

    Le choc est là, l’adrénaline me parcourt. Je m’ordonne de réagir, je suis capable de me battre, mais le mec me domine à présent.

    Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Je suis sonné, les coups sont si forts que ma tête tourne. Ma vue se brouille, j’essaie de respirer mais l’air ne semble pas entrer.

     

    — Tu as perdu, lance une voix grave. Et tu vas chèrement le payer.

     

    Et l’homme cogne, il frappe encore. Mon visage s’ouvre, des plaies s’y forment et je saigne. Je me demande ce qu’il m’arrive. Pourquoi on me fait ça, et quelle force faut-il pour mettre KO un gars comme moi.

     

    — Cette fois-ci, ce sera bien réel, tu as voulu jouer, tu as perdu, poursuit cette voix qui me semblerait familière à présent.

     

    Et je comprends. Ce n’est pas le fruit du hasard, c’est quelqu’un que je connais. Ces menaces ne sont pas l’œuvre d’un fou, mais du passé : des membres de SPIT OR SMALOW. Puisque j’ai refusé de me plier à leur menace à Chicago, ils ne perdent plus de temps. Bravant les menaces de mon frère, bravant les interdits et les risques.

    Mon agresseur est missionné pour ça.

    Bordel, il est venu chercher la cassette.

     

    — Garrett, je murmure en crachant du sang, ne fait pas ça.

     

    Je ne reconnais même pas ma voix. J’entends un rire. Malgré ma vue trouble, je vois clairement mon agresseur brandir ce qui me semble être une seringue.

    Mon cœur s’emballe, je me débats, je ne veux pas de ça. J’essaie de me tourner pour ramper et échapper à Garrett, mais ce dernier me saisit par le t-shirt et plante dans mon bras l’aiguille du destin. Il se penche à mon oreille, je sens son souffle et sa cagoule se frotter à ma peau alors qu’il m’assène pour de bon le coup de grâce.

     

    — Bon retour en enfer, Dereck.

     

    Je sens le produit se dissiper dans mes veines, l’effet est tellement rapide, je proteste, mais ma voix ne résonne plus. Je sens seulement l’aiguille qu’on me retire du bras, suivis de l’absence du poids de Garrett sur moi. Vient le bruit des objets qu’on retourne et brise. Il fouille. Il la cherche, cette cassette, mon unique preuve de liberté.

    Et je ne peux pas la défendre. J’espère seulement qu’il ne la trouvera pas.

    Comme dans mes souvenirs les plus sombres, la magie de la drogue s’opère. Mon système nerveux se détend, ma respiration ralentit, une sensation agréable commence à noyer les douleurs de mon corps passé à tabac. Les battements de mon cœur se font moins rapides et dans un élan de lucidité, je me demande si mon agresseur ne m’a pas injecté une dose trop conséquente et si mon corps supporte encore la drogue après tant de temps sans en avoir eu.

    Lorsque mes yeux se ferment pour me faire tomber dans l’inconscience, je sais pertinemment qu’à mon réveil, ce sera pire. Mes démons seront de retour, ainsi que le manque et la folie.

    Surtout la folie. Et c’était le but recherché, que je redevienne cet homme que j’ai détesté être et qui a failli me détruire… si je survis à cette nuit.

     

     

    AMHELIIE

     

    À suivre.

  • Fucking Love #1 - For Play - Chapitre 18

    Chapitre 18

    Jax

     

     

     

    Je termine de raconter à Mackenna devant un café ce qu’il s’est produit ce week-end. Le rapprochement inévitable avec Dereck, notre virée dans Chicago à découvrir ce que ça faisait d’être avec un homme, près d’un homme, de toucher un homme et même plus que ça.

    Je lui ai confié l’audace de Dereck en me proposant son deal et le reste. Mack est restée sans voix quand je lui ai dit ce qu’il s’était produit la nuit même. Elle a rougi à la mention de certains détails et je voyais qu’elle mourrait d’envie d’en avoir plus. J’ai ri en lui disant qu’elle avait même eu la chance de voir ce que ça donnait en live, alors pas besoin de détailler.

    Je lui ai fait le débriefing de la cérémonie et j’ai montré en photos ma statuette qui restera dans ma loge au studio. Puis, j’ai raconté la partie la moins sympathique du week-end : celle où j’ai ramassé mon partenaire chancelant, terrorisé et en proie à une crise de panique. J’ai compris que les choses avaient dérapé et que Dereck cachait des secrets qui l’avaient profondément marqué. Il a un passé plus inquiétant que la drogue, et quand je l’ai vu dans cet état, si faible alors qu’il semble si fort en apparence, j’ai disjoncté intérieurement. Ça m’a fait mal de le voir ainsi. J’ai ressenti le besoin de prendre soin de lui. De le protéger de toute cette merde et de lui prouver qu’il pouvait compter sur moi.

    Dereck ne m’a pas parlé. Il s’est endormi et au petit matin, il avait disparu en me laissant un simple texto disant qu’on se retrouvait pour le départ. Dans l’avion, il était tellement tendu que je n’ai pas osé lui parler. Je lui ai simplement tendu un écouteur et on s’est maté la suite de la série avec les pompiers.

    Ce n’est que lorsqu’il m’a ramené chez moi, dans un silence pesant où je me torturai l’esprit pour savoir comment l’aborder, que mon partenaire m’a demandé de lui laisser le temps d’encaisser tout ça. Quand je l’ai interrogé pour savoir s’il comptait m’en parler, il m’a confié qu’il réfléchissait à ça aussi.

    On s’est quitté furtivement, mais Dereck a osé me saisir par le bras et m’attirer à lui pour m’embrasser chastement et déclencher des putains de frissons dans tout mon corps.

    Ensuite, il s’est renfermé et il m’a lâché un simple « à bientôt », qui semblait être un « à dans longtemps ». Je n’ai pas envie qu’on fasse machine arrière, pas lorsque j’avance.

    Je ne veux pas que Dereck s’échappe parce qu’il pense que je ne suis pas bien pour lui. C’est moi qui ne vais pas dans l’histoire, c’est moi l’hétéro flippé.

     

    — Je n’aurais pas cru que ce week-end prenne cette tournure, j’avoue.

     

    — Qu’est-ce que vous vous êtes dit au final ? m’interroge Mack en torturant son café.

     

    Je soupire en sentant son regard sur moi.

     

    — Il m’a dit que je devais réfléchir à tout ça, que je devais prendre le temps de penser à ce qu’il pouvait se passer. Et Dereck semble d’accord pour m’attendre. Pour essayer, même si…

     

    Je me tais un instant en pensant à ce que Dereck m’a dit, à ce qu’il serait capable de tenter, juste pour moi, juste pour essayer, pour ne pas me brusquer et apporter le regard des autres sur moi.

     

    — Même si c’est caché, je conclus, un peu honteux d’imposer ça.

     

    Mais quand je pense à Sage, pour le moment, ça me ferait faire machine arrière et je ne peux pas. J’ai besoin de Dereck plus que je ne le voudrais. C’est tout ce que je craignais mais qu’importe.

     

    — Putain, je ne m’attendais pas à ça, souffle Mack en souriant.

     

    Elle semble heureuse pour moi, et je suis moi-même surpris du bilan de ce week-end qui m’a ouvert les yeux sur certains points.

     

    — Moi non plus.

     

    — Et qu’est-ce que tu as ressenti ? Je veux dire, face à une pareille déclaration.

     

    Je souris en passant une main dans mes cheveux bruns.

     

    — C’était le bordel le plus total, mais j’ai aimé ça. J’ai aimé quand il m’a dit que c’était plus que de l’amitié.

     

    Merde, comme un adolescent, mon cœur s’emballe en y repensant. Ce moment dans la piscine m’a provoqué des sensations de dingue.

     

    — Mon quatrième partenaire est tombé amoureux de moi alors que je n’ai rien fait pour si ce n’est être moi. Et pour la première fois depuis Bell, je crois que j’aime ça. Même si c’est un homme, ce n’est pas comme ça que je le vois. Je le vois lui. Lui et lui seuls, je constate en regardant Mack.

     

    C’est Dereck. Il y a une telle alchimie entre nous, une telles attraction et attirance. Je n’ai jamais ressenti ça. Et puis, au fil des mois semble s’être tissé des « un peu plus que ça ». Ce week-end à Chicago m’a ouvert les yeux sur ce que je ressentais. Même si mon naturel inquiet désire prendre le dessus, être avec Dereck m’a montré une autre réalité. Celle d’être avec quelqu’un qui vous veut en étant prêt à faire n’importe quoi pour ça.

    Aujourd’hui, malgré les zones sombres qui entourent encore l’Australien, je crois que je me laisserai à essayer. Parce que c’était bon, parce que ça me semblait vrai, parce que quelque chose au fond de moi me disait de le faire, de ne pas réfléchir et de céder. Je le voulais.

     

    — Réfléchis alors Jax, mais ne réfléchis pas trop, se contente de me conseiller Mack en jouant avec le piercing à sa lèvre.

     

    Ma meilleure amie blonde glisse une main dans mes cheveux, puis sur ma nuque et s’approche pour m’embrasser.

     

    — Tu mérites d’être heureux à présent, même si c’est avec un homme. On s’en fou des étiquettes. Tu es toi. Tu aimes qui tu veux. Et ta fille sera heureuse si tu l’es, ne l’oublie pas.

     

    Le silence suit ses propos qui demeurent en moi, je vais réfléchir c’est certain. Au mieux et pour tout le monde.

    Très vite, ce dernier interrompu par des bruits de pas et une voix enfantine qui m’avait beaucoup manqué. Je vois apparaitre Sage, en short et t-shirt panda, des couettes sur la tête qui ne sont pas au même niveau, son visage a subi quelques coups de crayon.

     

    — Papa regarde mon dessin.

     

    Je la prends sur mes genoux et elle me montre ce qu’elle vient de dessiner. Ma fille était contente que je rentre, elle ne m’a pas lâché d’une heure avant de partir vaquer à ses occupations tel un enfant de son âge.

    On discute de tous et de rien pendant un moment avec Mack, jusqu’à ce que Sage me parle de roue géante et de pomme d’amour bien rouge.

    J’adore cette gosse, elle a le don de soumettre une demande de façon intelligente sans que ça semble en être une.

     

    — Sage ? je demande l’air de rien.

     

    — Hum ?

     

    Ma fille se tourne pour me faire face, ses deux petites couettes manquent de fouetter mon visage.

     

    — Ça te dit si on va ce soir à la fête foraine ?

     

    Ses beaux yeux bleus s’illuminent, demain, il y a école, mais on ne rentrera pas tard et je crois que j’ai envie de me faire pardonner mon absence.

    Sage descend de mes genoux en sautillant, elle fait le tour de la table sous le rire de Mack. Puis, elle se fige, comme si elle percutait quelque chose.

     

    — Avec qui ?

     

    La grande question.

    Mack me jette un coup d’œil et je sens venir l’embrouille.

     

    — Dereck voyons, commente-t-elle.

     

    Traitre.

    Je secoue la tête, il m’a demandé de souffler quelques jours lui aussi, de prendre le temps de penser à tout ce qu’il s’était produit. J’ai accepté, ce n’est pas pour que quelques heures après notre séparation.

     

    — Ah oui, Dereck ! Papa, s’il te plait, appelle Dereck !

     

    Sage me supplie du regard en sautillant.

     

    — Ma puce…

     

    — Ou Demon ! ça fait longtemps que je n’ai pas joué avec ses cheveux, Demon me manque, il est drôle.

     

    Les gosses !

    Mack se retient de rire. Demon n’est pas celui qu’on qualifierait de plus drôle. Je doute d’ailleurs qu’il accepte de venir. Il s’est fait plus distant depuis un bon moment, je ne le croise qu’au boulot, et toutes les façons de m’ignoraient étaient exploitées. On verra si la carte Sage marchera.

     

    — J’appelle Demon, ma puce.

     

    Avant qu’elle ne me demande de faire pareil avec Dereck, je me lève pour quitter la cuisine et prendre mon portable pour téléphoner à l’Hardeur. En espérant qu’il ne me repousse pas encore. Parce que malgré tout, cet enfoiré me manque.

     

    ***

     

    Je fais signe à Sage depuis le carrousel, elle s’éclate comme seul un enfant peut le faire en s’imaginant en princesse allant sauver son prince charmant.

    Je m’assois à côté de Demon. À ma grande surprise, il m’a répondu et quand je lui ai soumis l’invitation de Saga avant qu’il trouve une excuse bidon pour me fuir, il m’a dit oui.

    Avoir une gamine adorable aide bien.

    Je dévisage mon meilleur ami, ses traits fermés, ses cheveux noirs aux mèches rouges, ses vêtements sombres et cette impression qu’il va exploser d’une minute à l’autre.

    Il est plutôt calme en tenant la pomme d’amour de Sage.

     

    — Alors avec Archer ? je demande en essayant de découvrir ce qu’il ne va pas, maintenant que c’est moins le bordel dans ma tête.

     

    Mais Demon se raidit à la mention de son partenaire. Il ne me regarde pas et reste fixé sur Sage qui tourne et rit toute seule.

     

    — Il n’y a rien, soupire-t-il en serrant la mâchoire.

     

    Un rire amer me gagne, ce sont des conneries.

     

    — Arrête, j’ai passé le week-end avec lui. Il était ivre la moitié du temps, il faisait n’importe quoi. Ça ne lui ressemble pas. Et j’ai l’impression que vous vous êtes éloignés depuis quelque temps. Pourquoi mec ? Pourquoi tu t’es mis à l’écart ? Je croyais que ça allait mieux…

     

    À propos de la drogue aussi. Demon est comme Dereck, il a eu un passé merdique, plongé dans la drogue et la violence, et il y a quatorze mois, il a fait une violente rechute qui l’a mis très mal. Archer l’a aidé et ils s’étaient rapprochés… jusqu’à un stade que j’ignore, jusqu’à ce que quelque chose ait tout fait basculer.

    Demon ne me dit rien, mais je sais qu’il m’écoute. Il faut juste que je trouve les bons mots pour déclencher une réaction chez lui.

     

    — Je te connais Dem, je reprends, et depuis quelques mois, t’es… étrange. Et j’ai compris après beaucoup de réflexion, que c’était depuis l’arrivée de Dereck. Pourquoi ?

     

    Je ne suis pas aveugle et les autres non plus. Archer surtout, et la fois où Demon m’a surpris quittant la loge de mon partenaire m’a émis une hypothèse que je veux confirmer.

    Contre toute attende, Demon délie sa langue, sans me regarder, les yeux braqués sur ma fille, il se contente de me demander :

     

    — Qu’est-ce que tu sais réellement de ton nouveau partenaire, Jax ? Mis à part qu’il était autant camé que moi ?

     

    Le ton de Demon est beaucoup trop sombre pour laisser présager quelque chose de bon.

     

    — C’est-à-dire ? je l’interroge en croisant les bras.

     

    — Tu sais que c’est un Hardeur.

     

    — Oui.

     

    Demon inspire en me jetant un coup d’œil sérieux et inquiétant.

     

    — SPIT OR SMALOW appartient également à mon ancien label.

     

    Je me fige en encaissant ses propos. Il a bien dit que…

    Oui Jax, il l’a dit.

     

    — Est-ce que t’es en train de me dire…

     

    Demon m’interrompt dans la foulée sans exprimer la moindre compassion.

     

    — Il était avec moi durant deux ans chez SHADOWS HOUSE.

     

    — Tu déconnes ! j’explose d’une voix virulente.

     

    Mon meilleur ami hausse un sourcil en laissant échapper un soupir amusé. Néanmoins, je sens la tension grimper en flèche chez lui. Il serre la pomme d’amour à peine mangée de ma fille en lâchant sèchement :

     

    — J’ai l’air ?

     

    Je ferme les yeux en encaissant sa révélation. Je me souviens d’un soir chez moi, alors qu’on était tous les trois avec Archer et que Demon s’est mis à nous parler de son passé avec une bière de trop de nez. Le porno trash, BDSM et violent, la drogue dans laquelle il était tombé, les choses qu’il avait dû faire.

    Pourquoi je n’ai pas fait le lien plutôt !

    Parce que Demon n’a jamais dit qu’il avait habité à Miami.

     

    — Il ne t’en a pas parlé, c’est ça ? me fait remarquer Demon avec sarcasme.

     

    Je secoue la tête en jetant un coup d’œil à ma fille qui tend un autre ticket à la dame du manège en nous faisant « coucou ».

    L’organe dans ma poitrine se serre, les révélations de Demon me laissent perplexe.

     

    — Jax ?

     

    — Ouais ?

     

    Demon me regarde et je lis le malaise en lui. Ses traits durs sont encore plus marqués. Il hésite et finit par m’avouer quelques instants après :

     

    — Quand je suis parti, il est resté. Je ne sais pas comment il s’est sorti de ça, Jax, je ne sais pas, mais… moi j’ai dû faire des choses extrêmes pour m’en aller.

     

    Du genre ? Mais je n’ose pas poser la question vu la tête que tire Demon.

    Je me tais durant un instant, réfléchissant à ce que je viens d’apprendre, puis la colère me gagne.

     

    — Pourquoi tu m’en parles maintenant seulement ! je déclare, contrarié.

     

    Demon se met à rire en frottant ses cheveux.

     

    — Parce que tu as la même tête qu’Archer, en ce moment !

     

    — C’est faux.

     

    Demon secoue la tête, pensant l’inverse de moi. L’atmosphère entre nous explose la seconde d’après, sans que je ne puisse le prévoir. Mon meilleur ami s’emporte, sa voix devient dure et il perd son calme.

     

    — Tu veux que je te dise la vérité ? T’es exactement comme Archer, sauf qu’il a les couilles de l’assumer. T’es hétéro, OK ce n’est pas simple pour toi. Mais vous voulez deux personnes qui ne sont pas stables ! Dereck s’en sort visiblement mieux que moi, mais la réalité est là : on est déglingué. Ce n’est pas un gars pour toi. Est-ce que t’as une idée de ce qu’on tournait là-bas Jax ? Mis à part ce que je t’ai raconté ?!

     

    Il insiste en me foudroyant du regard. Bien sûr que j’ignore le reste, mais je sais qu’il y a autre chose. Et c’est ce qui est le plus compliqué : savoir les gens qu’on aime dans la détresse sans moyen de les aider.

     

    — Alors, pose-toi les bonnes questions, Jax, pose-toi-les et pose-les à Dereck.

     

    Sur ces mots, il me tend la pomme d’amour de ma fille que je récupère et se lève.

     

    — Tu m’excuseras auprès de Sage, mais je dois rentrer, je dois… rentrer.

     

    Et avant que je puisse le retenir, Demon se met à marcher rapidement, je le perds dans la foule et je comprends que je viens de remuer des choses sans doute plus douloureuses que je ne le pensais, comme Dereck en a remué en venant ici.

     

    ***

     

    Une semaine plus tard...

     

     

    — Allô ?

     

    — Enfin ! je réponds d’une voix parsemée de reproches.

     

    Silence de l’autre côté du téléphone. Un soupir finit par résonner quelques instants plus tard.

     

    — C’est traitre de m’appeler du numéro de ta baraque alors que je ne l’ai pas d’enregistré, souligne Dereck sur un ton grave.

     

    — Tu me filtrais.

     

    Dereck laisse échapper un rire. Je l’ai piégé comme un gosse mais au bout d’une semaine de silence radio, il fallait que je trouve un moyen de lui parler sans débarquer chez lui à l’improviste, au risque de tomber sur quelque chose qui ne m’aurait pas plu.

    Je me laisse aller dans mon canapé et change de chaine pour une série TV policière.

     

    — Tu m’évites, je déclare, t’es venu bosser à des heures indues avec Ciera pour ne faire que des solos.

     

    Quand j’ai demandé à Scarlett ce qu’il foutait, elle s’est contentée de me répondre que Dereck prenait quelques jours de recul dans notre partenariat mais continuerait de tourner seul pour faire quelques vidéos en stock. J’étais furieux parce que je savais que ces raisons étaient dues au week-end à Chicago et à ce que je n’aurai pas dû voir.

     

    — Jax…

     

    — Tu me manques Dereck, j’avoue sans hésitation.

     

    Je sens de l’électricité statique dans l’air. Bordel, même à travers un putain de téléphone, l’excitation arrive à me gagner. Et je regrette d’avoir cette conversation ainsi.

     

    — Ne me dis pas ça., souffle mon partenaire d’une voix crispée.

     

    — C’est la vérité.

     

    Dereck ne dit rien et je comprends qu’il n’est vraiment pas bien. Et pour une fois, c’est à moi de ne pas être le plus paumé de nous deux. Il a besoin de quelqu’un de costaud et de franc pour le secouer.

    Et je veux être cette personne.

     

    — Écoute, je ne te laisserai pas.

     

    — J’ai eu besoin de prendre du recul.

     

    — Je ne t’en veux pas. Mais j’aimerais que tu reviennes. Ça fait une semaine Dereck.

     

    Je m’attends à un « et alors ? » mais rien de tout ça n’arrive.

     

    — Pourquoi ? me demande Dereck.

     

    Je frotte mes joues râpeuses, est-ce que l’ancien Hardeur en profite pour me sortir les vers du nez ? Sans doute, et je crois que ça me plait qu’il ait besoin d’un pas vers lui me concernant.

     

    — Parce qu’il est toujours question d’essayer. Et là-dedans, il y a toi me parlant. Écoute… ça m’a fait terriblement mal, Dereck, de te voir dans cet état. Parce que je ne savais pas quoi faire. Et dans ce mal, j’ai compris une chose : je tiens à toi. Je ne veux pas que tu sois seul avec tes problèmes. Tu es mon ami et tu es plus que ça même. Ce n’est pas une question de fort ou de faible, de courage ou de pitié. J’ai peur Dereck, peur de ce qu’il va se passer. Peur de ne pas être à la hauteur et de te faire du mal parce que je ne suis comme aucun des hommes que tu as connus. Et en même temps, j’ai peur de te laisser filer et de comprendre par la suite que je t’ai manqué. J’ai réfléchi Dereck, et je veux essayer. Parce que ces trois jours à Chicago m’ont fait comprendre une certaine réalité. Parce que ce que j’ai ressenti en étant avec toi, je pensais ne plus jamais le ressentir et d’une certaine façon, je n’ai jamais vécu ce que j’ai eu à tes côtés. L’abandon, la confiance, le lâché prise…

     

    Je ferme les yeux en sentant l’adrénaline me gagner alors qu’un mot me brûle la langue. Je sens Dereck suspendu à mes lèvres.

     

    — L’attirance et ce mot qui m’effraie autant, je poursuis.

     

    L’amour. J’ai vécu de nouveau ce sentiment bouleversant qui noue les entrailles, provoque le cœur, bloque la respiration et nous fait planer.

    J’inspire en essayant de trouver les mots les plus adéquats pour lui dire que je veux qu’il soit là. Maintenant.

     

    — Reviens, et essayons, je tente. Je ne connais pas tout de ton passé et j’ai beaucoup de questions, mais je présume que dans une histoire, même si on se doit de garder un jardin secret, parler à l’autre fait partie de l’intimité. OK, tu as besoin de temps suite à ce qu’il s’est passé à Chicago avec ton ancien partenaire,  sache que tu n’as pas à le faire seul. Je suis là, je comprends et je veux comprendre ce que tu ne me dis pas. Parce que je pense que tu as besoin d’en parler. J’ai bien compris que ta fierté masculine en avait pris un sale coup, parce que j’ai la même. Tu n’as pas supporté que j’assiste à ta… descente en enfer.

     

    — Jax, arrête, finit-il par m’interrompre après mon long monologue.

     

    Bingo ! J’ai touché le fond du problème.

     

    — Pourquoi Dereck ? Je comprends, j’ai compris le mal que ça t’a fait de croire que tes efforts pour sortir de la drogue et la peur de devoir tout recommencer. Ça ne fait pas de toi un faible, bien au contraire bordel. C’est les géants qui chutent et se relèvent qui sont les plus forts. Même si ça ne voit pas, j’ai compris que ta lutte était quotidienne, parce que tu ne laisses jamais rien paraitre en public. Mais ne t’isole pas parce que MOI, je t’ai vu dans cet état. Je veux te prouver que tu peux être ainsi avec moi… comme je pourrais l’être si nos rôles étaient inversés.

     

    Silence. Mon cœur se met à battre à tout rompre, j’attends une réaction et je trouve que mes propos ont été à la hauteur de ce que je voulais. Ça fait une semaine que j’y pense il faut dire.

     

    — Dereck ? je tente.

     

    Un soupir amusé résonne à mes oreilles.

     

    — Tu as foutrement raison.

     

    Dieu merci !

     

    — C’est comment d’avoir tort ? je le taquine en sentant mon rythme cardiaque s’affoler davantage.

     

    — Douloureux pour ma fierté.

     

    — Viens chez moi et je tâcherai de la soigner.

     

    Je me tais en fermant les yeux devant ma proposition des plus osées. Merde, j’essaie vraiment.

     

    — On n’est pas obligé de parler… dans un premier temps.

     

    Dereck se met à rire et je l’imagine chez lui, en train de sourire à mes tentatives foireuses de le convaincre. Je sais qu’il n’est pas bien, je veux y remédier.

     

    — Tu me proposes un plan baise sur ton canapé avec ta fille à côté ?

     

    — Qui a dit qu’on allait baiser sur mon canapé ? Sage est chez une de ses copines.

     

    — Et tu as réussi à donner ta fille pour la soirée à quelqu’un ?

     

    Un point pour lui également.

     

    — J’essaie Dereck, je réponds sans honte.

     

    — Je le vois… Jax ?

     

    — Oui ?

     

    — Je maintiens que je ne mérite pas ce qu’il se passe.

     

    Conneries !

     

    — Et moi, je reprends avec conviction, je t’affirme que le plus malchanceux de nous deux c’est toi. Parce que si tu crois qu’un ancien camé ne me mérite pas, je suis certain qu’un homme comme toi ne mérite pas d’avoir quelqu’un qui est flippé à l’idée de laisser entrer quelqu’un dans sa vie. Pourtant, je veux que tu saches que c’est l’homme qui m’a plaqué contre un mur d’ascenseur et baisé comme un fou dans une chambre d’hôtel que je veux. Je veux l’homme avec qui je ris et avec qui je m’entends bien. Je veux ça… mais je veux aussi celui qui s’autoriserait à être faible. Je veux essayer.

     

    J’entends Dereck jurer de l’autre côté du téléphone, et au fur et à mesure que je me refais mes propos, je sens naitre une putain d’érection dans mon jean.

    Bordel, quand est-ce que les choses ont changé à ce point pour qu’un homme me mette dans un tel état ? Parce que c’est Dereck, c’est lui, tout simplement.

     

    — J’arrive dans dix minutes, me répond Dereck en me sortant de mes pensées.

     

    — Tu ne me dis pas ça pour me faire taire et te débarrasser de moi ? je demande, inquiet.

     

    — Si.

     

    Je souris, mais je ne suis pas certain que ce soit complètement faux.

     

    — Je déconne Jax, mais je ne veux pas avoir la suite de cette conversation au téléphone.

     

    — Dépêche-toi d’arriver alors.

     

    Pour qu’on puisse se voir, discuter et sans doute même plus que ça.

    Dereck ne dit rien, il raccroche et je reste un instant suspendu à ce silence. Mon cœur se met à battre de plus en plus vite alors que je l’imagine quitter son appartement pour me rejoindre.

    J’ai quinze ans à cet instant, pas vingt-six. Je ressens la même chose qu’à mon adolescence et ça fait du bien.

    Je suis nerveux, mais j’ai hâte, l’impatience me noue l’estomac et je me demande ce que notre future conversation va donner. J’ai beaucoup pensé aux propos de Demon et j’espère que Dereck va avoir suffisamment confiance en moi pour m’en parler, même si c’est affreux, je veux l’aider.

    Et bordel, je ne tiens pas en place.

    Vingt minutes plus tard, la sonnette de mon appartement résonne. Je me lève comme un fou, et gagne l’entrée de l’appartement pour ouvrir. Je tourne les clés dans la serrure le cœur au bord du gouffre.

     

    — Mec, tu t’es perdu en chemin… je déclare en ouvrant la porte.

     

    Je me fige net en découvrant la personne qui me fait face. Mon cœur s’arrête de battre, un frisson me gagne sous le choc et une voix que je pensais oublier, résonne dans le couloir.

     

    — Salut Jaxson.

     

    Je n’arrive pas à répondre ni à dire quoi que ce soit. Je n’arrive pas à y croire.

    Ce n’est pas Dereck qui se trouve devant moi. C’est un fantôme du passé, un que je ne pensais ne plus jamais revoir.

    C’est elle. Elle est là.

    C’est Bell.

     

    AMHELIIE

  • Fucking Love #1 - For Play - Chapitre 17

    Chapitre 17

    Dereck

     

     

    La soirée des Grabbys se termine avec un quadruplé pour FUCKING BOYS. Scarlett est heureuse comme jamais, elle va pouvoir se vanter

    Le label a raflé l’Awards du meilleur actif pour Jax, son statut de gay for play semble plaire aux jurées et ses prouesses ont été saluées. On repart également avec le meilleur solo grâce à Brooks, ce dernier nous a fait un show sur scène en récupérant son prix, un mime de branlette qui a éclaté la foule. Très différent du sourire timide de Jax.

    Nous avons eu la chance avec Jax d’être élue duo le plus hot de l’année, ex-aequo avec deux gars de MENS.

    Et pour finir, je rentre avec une statuette du meilleur newcomer pour la première fois. D’habitude, je n’étais jamais nommé. SPIT OR SMALOW a tellement d’acteurs qu’on est noyé sous la masse, et ce n’était sans doute pas plus mal étant donné l’état dans lequel j’étais.

    La cérémonie de remise des prix était des plus chaudes. L’ambiance était électrique et ceux qui se sont occupés de monter le show ont fait un sacré boulot de recherches. Ils ont diffusé des extraits de films qui ont fait monter la température. Pour notre duo, c’était un bout du plan de notre trio, lors du final. Putain j’en ai bandé comme un fou durant plusieurs minutes.

    Jax a mes côtés, me jetait des regards plus qu’équivoques. Ces dernières heures ont été folles et d’une intensité palpable. Je ne rêve que d’une chose, le coincé dans une zone discrète et lui enlever ce sourire.

    Nous n’avons presque pas dormi de la nuit, nous avons passé des heures à user du corps de l’autre entre les draps, tachant nos peaux des preuves de nos ébats. On s’est envoyé en l’air comme jamais, dans une dizaine de positions, dans la douche, sur le fauteuil de sa chambre, par terre et contre le mur. Et ce matin, alors que la journée se levait sur Chicago, on a commencé ce jour de célébration sur le balcon de sa chambre, nu, lui contre mon dos à me faire transpirer et gémir avec possessivité.

    C’était délirant et tellement bon. Jax m’a surpris comme jamais. Quand il lâche les rênes, il le fait à fond. Je ne l’aurais pas pensé si passionné en privé. À Los Angeles, il contrôle ce qu’il dit, ce qu’il pense, ce qu’il fait parce qu’il y a Sage, mais sans sa fille, Jax m’a chamboulé.

    Il est encore plus drôle que d’ordinaire et j’ai découvert quelqu’un de tendre et d’affectueux qui n’avait pas peur de montrer par des gestes, ce qu’il n’arrivait pas à dire avec des mots. Je crois que les idées fusent dans son esprit, qu’il se pose beaucoup de questions.

    Lorsque nous étions en présence des autres pour un super repas dans un restaurant branché, nous avons ri, bavardé, partagé un moment d’amitié entre potes. Chacun a raconté des anecdotes de tournages, avant ou depuis qu’ils sont affiliés à FUCKING BOYS.

    Brooks et Lake se sont montrés encore plus proches l’un de l’autre, j’ai appris qu’ils venaient tous les deux d’Angleterre, mais je n’avais pas fait le lien avec le léger accent qui peut apparaitre à certains moments.

    Ils sont partis de chez eux à dix-huit ans et j’ai cru comprendre que c’était pour des raisons qui n’étaient pas sympathiques. Ils affirment clairement qu’ils sont ensembles et amoureux, ce qui n’a pas cessé de faire rire Archer.

    Jax m’a confié que ça allait de moins en moins entre lui et Demon, mais je n’ai pas réussi à savoir pourquoi, même si j’ai déjà une petite idée en tête.

    Scarlett nous a raconté ses péripéties de réalisatrices, elle devait caster deux mecs pour former un nouveau duo et ils ont essayé de la brancher elle.

    Jax n’a pas raconté des choses extraordinaires, par exemple, son premier partenaire ne comprenait pas qu’il n’arrivait pas à bander juste en le voyant. J’ai ri aux éclats, celui-là devait avoir un sacré égo.

    Et je crois que ce qui me plait c’est son silence qui en dit long en public, les petits pics qu’on s’envoie, et les gestes volés dans l’obscurité discrètement.

    Il essaie et bordel, je suis fou. Tout comme je suis fou de lui avoir demander ce plus qui le fait flipper à cause de son passé.

    Et je suis dingue de lui avoir dit que j’étais tombé amoureux de lui, pourtant, c’est le cas.

    Mais je ne suis pas Bell, je ne suis pas une femme, et ça peut être différent. Ça l’est déjà. Je n’ai jamais vécu ça avec un homme. Cette sensation d’être possédé physiquement et intellectuellement par une personne. Jax me met dans des états de nerfs intenses, il me chamboule le restant du temps.

    C’est dangereux pour un ex-camé, mais je n’ai pas envie que ça cesse.

     

    — Bon, on salue fièrement les gars qui ont sauvé l’honneur des studios ! scande Archer en levant sa bière.

     

    Nous faisons tous comme lui. L’Hardeur est en forme, je crois qu’il n’a pas dessoulé du week-end. Brooks et Lake nous ont raconté au petit déjeuner qu’il avait fait un peep-show plutôt hot avec deux mecs de MENS, dragué la moitié des acteurs gay ou bi. Il parait qu’il a fait sensation aux deux after des studios NO LIMITS et PLEASURE. Les deux Anglais s’en sont amusés, mais Jax a tiré une sale tête.

     

    — Mais avant ça, il faut faire un toast !

     

    Archer se tourne vers Brooks qui se fait tripoter par Lake. Le brun mordille l’oreille de son partenaire qui se mord la lèvre en rougissant.

    Ces deux-là semblent insatiables.

    Mais Brooks devient subitement sérieux en voyant tous les regards dans sa direction. Archer lui jette un clin d’œil en annonçant :

     

    — À Brooks, parce que bordel, même si l’extrait n’a duré que vingt secondes, tu te branles comme un dieu !

     

    Tout le monde l’applaudit en faisant taper ses bières sur le comptoir du bar de la discothèque, la musique n’est pas assez forte pour être désagréable et beaucoup sont aller au défilé deMENS.

     

    — Et il branle comme un dieu, commente Lake en lui pinçant les fesses.

     

    Ce dernier lui lance un regard équivoque, Brooks l’attrape par la nuque pour plaquer sa bouche contre la sienne et l’embrasser avec cette passion qu’ont les gamins à peine sortit de l’adolescence.

     

    — Ils sont partis pour se tripoter toute la soirée, commente Autumn en souriant.

     

    — Tu viens quand tu veux ma belle, plaisante Lake.

     

    La petite rousse vire au rouge tomate, les mecs se moquent gentiment d’elle.

     

    — J’en connais un aussi qui astique comme personne, taquine Jax en buvant à sa bière.

     

    Je me tourne vers lui en prenant un air offusqué. Tout le monde fait de même.

     

    — Est-ce que tu t’en plein ? je souligne en attrapant sa bière.

     

    Jax me la pique de nouveau en haussant un sourcil.

     

    — Et toi ?

     

    Une tension nous gagne alors que nous nous affrontons silencieusement. Un frisson nait sur ma peau Un frisson nait sur ma peau ainsi qu’une putain d’excitation.

    Une nuit n’a pas suffi à faire redescendre ce qu’on avait emmagasiné depuis plusieurs mois.

     

    — Est-ce que notre duo de l’année aurait des choses à nous dire ? plaisante Scarlett en se glissant entre nous.

     

    Nous rompons tout contact visuel et nous nous contentons de boire à nos bières respectives. Notre réalisatrice vêtue de sa superbe robe de soirée rose moulante est magnifique, encore plus avec quelques verres, elle fait moins sérieuse.

     

    — J’exprimais les talents de mon partenaire, se contente de répondre Jax.

     

    Et moi, je me contente de vivre les siens.

    Archer nous sort de notre séquence compliments en brandissant sa bière à moitié vide et nous offre un toast digne de son taux d’alcoolémie.

     

    — À Jax et Dereck, parce que BORDEL, c’était putain d’excitant de voir l’extrait où j’ai moi-même participé, même si on ne me voyait pas. Continuez de baiser c’est un régal pour les yeux !

     

    Un rire commun nous gagne et nous poursuivons la soirée en se remémorant la cérémonie avant que la fête ne commence. Et j’apprécie le fait d’être avec des gars bien, sans drogue, sans animosité. Juste entre amis. Ça me change tellement de ce que j’ai vécu avec SPIT OR SMALOW que j’en arrive presque à baisser ma garde.

     

    ***

     

    Je percute que je n’ai pas été suffisamment prudent lorsque je me retrouve plaquer contre le mur de l’ascenseur et que des gars pénètrent après moi.

    Mon cœur s’emballe. Je mets quelques secondes à comprendre ce qu’il vient de m’arriver. L’adrénaline parcourt mon corps en un instant, mon souffle devient plus rapide lorsqu’une voix familière résonne à mes oreilles.

     

    — Dereck, enfin seul !

     

    On me retourne brutalement pour que je fasse face à mes agresseurs. Je ne suis même pas surpris de voir que Garrett et Dan me maintiennent fermement, j’essaie de me sortir de leur prise, mais ces deux enfoirés ont plus de force que moi en étant seuls.

    Bordel.

    Je tente de garder mon calme, je dévisage le réalisateur qui tente de m’impressionner en me jetant un regard noir.

     

    — Dit à tes deux sbires de me lâcher, Battle, j’ordonne.

     

    Mon ancien boss est un gars d’une cinquantaine d’années, habillé comme un mac à pute, les cheveux grisonnants brossés en arrière, un piercing à l’oreille et une barbe grise soigneusement taillée. C’est un salopard doublé d’un truand.

    Il se met à rire, retrouver les manches de sa veste de costume, puis de sa chemise et avant que je n’aie le temps de renchérit mes propos, le coup de poing dans mon ventre, part.

    Je me plis en deux, mon souffle se bloque, Garrett et Dan me tirent en arrière pour que je me redresse.

    Merde !

    Battle appuie sur le bouton de l’ascenseur pour le stopper.

     

    — Ça ne va pas durer longtemps. J’ai quelques mots à te dire. Puisque les signes que je t’ai envoyé à ton nouveau studio et à Demon ne t’ont pas suffi.

     

    Je me doutais que c’étaient eux, les investigateurs des courriels que Scarlett recevait, Jax m’en a parlé. Tout comme j’avais compris qu’ils étaient les responsables du saccage d’une partie du studio. Scarlett ne voulait pas d’ennuis, n’a jamais porté plainte. Elle aurait dû, mais la réalisatrice cultive le secret et ne veux pas faire de vagues.

    Et moi ? Je ne peux pas en parler.

    Sa voix est toujours profonde et dure à l’oreille. Il est autoritaire de nature, mais je ne suis plus le camé qu’on pouvait manipuler en lui faisant marchander une dose.

    Je résiste, et même s’il compte me tabasser, je résisterai parce que je refuse d’être faible de nouveau.

     

    — Et moi je n’ai rien à te dire, je réponds en essayant de dégager mes bras.

     

    Garrett et Dan, le grand roux aux yeux verts secoue la tête pour me dire de rester calme.

    Sinon quoi ?

    Battle ignore clairement mes propos. Il s’approche de moi sans me dévisager, comme si je n’en étais pas digne et poursuis son laïus.

     

    — Quand tu vas rentrer de Chicago, tu vas retourner chez toi et tu vas me réexpédier ma casette en prenant soin que…

     

    Je le coupe sans hésitation en riant, outré.

     

    — Non, je ne ferais pas ça. On te voit sur cette putain de casette ! On t’entend ordonner à ton enfoiré d’acteur de lui tirer une balle entre les deux yeux pour l’achever ! je hurle, furieux.

     

    Il a fait assassiner un gamin qui n’avait rien demandé et sur la vidéo filmée sans montage, on entend tout.

    Je ne lâcherai pas. Mon ancien Boss paiera.

     

    — Enfoiré, t’es foutu, j’ai une dizaine de copies remise à des gens de confiance, s’il m’arrive quelque chose, tu vas directement en taule.

     

    Je bluffe, mais j’espère être suffisamment convaincant.

    L’atmosphère dans l’ascenseur devient tendue, il baigne un sentiment de danger mêlé à la colère. Je vois mon ancien réalisateur inspirer en serrant les poings, furieux.

    Battle s’approche de moi en prenant sa démarche qui m’inquiétant avant, celle imprévisible qui ne me permettait pas d’anticiper ces gestes.

    Il attrape mes cheveux et me tire vers lui en me foudroyant du regard furieux.

     

    — Tu ne prendrais pas le risque que ton unique preuve contre moi s’altère en tentant de faire des copies. Je te connais Dereck, tu as le souci du détail et de l’authentique.

     

    Je ne me retiens pas, je lui envoie un coup de pied bien placé qui me vaut d’être sonné par Garrett qui réagit encore plus vite. Son crochet m’explose le visage avec violence. La douleur se répercute dans toute ma tête, mon souffle se coupe, ma joue me brûle et par miracle, je ne saigne pas. Mais bordel ce que ça fait mal.

    Je ne suis pas le seul à souffrir de cet interlude. Mon ancien réalisateur explose en jurant, plié en deux.

     

    — C’en est assez de ce jeu ! Tu me renvoies la casette ou je viendrai la chercher moi-même, qu’importe les risques ! Qu’importe ton frère ! Je serai prêt à faire intervenir mes amis haut placés pour régler ce problème !

     

    Silence.

    Je suis toujours bloqué contre le mur par Garrett et Dan qui a glissé son bras sous ma gorge et fais une pression suffisante pour m’empêcher de bouger à nouveau.

    Au son de sa voix furieuse, je comprends qu’il ne plaisante pas. Et j’avais raison, le plan de Vinz ne suffisait pas. Son enquête est au point mort, mais pas mes bourreaux.

    Battle m’affronte durement du regard et conclut notre échange de la façon la plus flippante :

     

    — Et avant que nous nous quittions, je tiens à ce que le message passe, histoire que tu piges que je ne plaisante plus !

     

    Il fait signer à Garrett, mon cœur s’emballe, je me demande ce que cet enfoiré va faire.

    Et je ne tarde pas à le savoir.

    Je le vois sortir de la poche de sa poche un tube semblable à une seringue pleine. Mon cerveau pige à la seconde. Mon sang ne fait qu’un tour.

     

    — Garrett, bordel, ne fais pas ça ! je lance en commençant à paniquer.

     

    Mon ex me sourit avec sarcasme. Je me débats malgré leur prise, des coups partent. Tout se passe si vite que mon esprit se déconnecte. Ma tête tape. C’est comme s’il s’arrêtait de marche quelques secondes pour encaisser le choc à venir.

    Je sens une violente douleur dans le bras, quelque chose se brise en moi. Je me débloque, et le reste suit. La peur m’envahit, doublée de la colère face à cette putain d’injustice.

    J’entends le ding des ascenseurs ainsi que les portes s’ouvrir à mon étage.

    Je respire violemment en essayant de reprendre contenance et lorsque mes yeux s’ouvrent de nouveau, je croise un regard que j’espérais ne pas voir.

    Celui de Jax.

    Il était parti se changer pour la soirée en boite de la cérémonie, son costume le mettait mal à l’aise. Au départ, j’étais parti voir s’il s’en sortait quand ma route a croisé Battle, Garrett, et Dan.

    Putain de karma.

    Tout le monde se fige en voyant Jax. Mon partenaire se raidit et à travers mon état de stupeur, je pense le voir froncer les sourcils, furieux en constatant qu’il s’est produit quelque chose de grave.

    Battle réagit rapidement cependant. Il fait signer à Garrett et il s’exécute.

     

    — A bientôt Dereck.

     

    Garrett me pousse vers la sortie de l’ascenseur, Jax m’attrape au vol, et mon ancien partenaire sélectionne un étage pour disparaitre l’instant d’après.

    Les portes se ferment, l’ascenseur disparait. Je vois trouble, je tremble, ma respiration est erratique, j’entends à peine la voix de Jax.

    Par contre, je sens ses bras qui tentent de me maintenir à flot.

    J’arrive à me dégager de sa prise, je dois m’isoler, je dois me protéger d’eux, je dois prendre une douche, me mettre en sécurité, attendre que ça passe.

    Je perds la tête.

     

    — Dereck ! Merde ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ! Qu’est-ce qu’ils t’ont fait !

     

    Je marche comme un fou en tanguant tellement j’encaisse le choc. J’essaie de me dire que ce n’est pas possible, mais les réactions sont là : ils m’ont injecté de la drogue et elle est en train de se diffuser dans mon organisme.

    Je traverse la moitié du couloir vide d’étranger, il n’y a que Jax sur mes pas. Mes yeux me brûlent, mon corps se serre, j’ai envie de m’effondrer tellement c’est dur. Tellement la réalité me frappe de plein fouet.

    Je vais rechuter. Ils m’ont fait le pire.

    Je perds l’équilibre, je respire de plus en plus vite, je sens monter l’angoisse. Je vais exploser.

    Je m’arrête contre le mur du couloir, prend appuie contre ce dernier, j’essaie de chasser cette boule dans ma gorge, mais rien n’y fait.

     

    — Dereck…

     

    La voix de Jax n’est qu’une déchirure à l’oreille. Je le sens dans mon dos, je frissonne, je veux pas être ce type-là devant lui.

    Je tente de le repousser, mais je heurte le vide. Jax se rapproche davantage, ses mains se referment sur mes épaules, je le vois double devant moi.

     

    — Va chier Dereck, je ne te laisse pas, lance-t-il à mon oreille en me serrant contre lui.

     

    À la pression de ses bras sur moi, je m’effondre pour de bon.

    Je m’écroule sur le sol et entraine Jax dans ma chute. Je me laisse aller, assis contre le mur. L’étreinte de Jax est rompue.

    Je ferme les yeux, les larmes me brûlent à l’intérieur, mon cœur bat si vite que je crains de virer dans les paumes.

    Ce n’est pas juste.

     

    — Parle-moi, me demande Jax près de moi, dis-moi ce qu’il s’est produit avant que j’aille faire quelque chose que je vais sévèrement regretter.

     

    — Ne fais pas ça… je murmure, ne va pas te frotter à eux…

     

    Je sens son regard, mais je n’ai pas le courage de l’affronter. Je tremble de plus belle, à l’intérieur de moi, des plaies anciennes s’ouvrent de nouveau et saignent. J’ai envie d’hurler, envie que ce poison qu’ils m’ont injecté sorte, envie de tout recommencer, que cet instant n’est jamais existé.

     

    — Je ne voulais pas que tu voies ça, je souffle.

     

    Jax essaie de m’attirer contre lui, je le repousse. Des larmes de rage glissent le long de mes joues, je suis défait. Je frotte mon bras comme pour faire partir la sensation.

     

    — Je voulais tourner la page, je voulais oublier. Je voulais tout recommencer, mais ça ne fait que revenir.

     

    Ce putain de passé revient.

    Perdu dans mes pensées sombres, Jax arrive enfin à m’attirer contre lui, je me laisse faire, incapable de lutter contre lui et contre moi-même.

    Je continue de frotter mon bras en tanguant, je n’arrive pas à faire face. Je ne peux pas encaisser ce qu’il s’est produit.

     

    — Je ne suis pas quelqu’un de bien, je murmure contre lui.

     

    — Bien sûr que si.

     

    Je secoue la tête, je n’y vois rien, les larmes coulent, la peine me dévore et la violence de ce qu’il s’est passé par leur geste me rappelle ce contre quoi je me suis battue depuis des mois.

     

    — Non Jax, je ne suis pas quelqu’un de bien, je répète.

     

    — Ce n’est pas parce que tu baignais dans la drogue que tu es quelqu’un de mal, m’explique Jax en essayant de m’attirer plus à lui.

     

    Je m’accroche à sa veste, il ne comprend pas. Il ne comprend pas que la drogue ce n’est rien à côté de ce qu’on m’a fait faire pour ça. Je ne suis qu’un putain de monstre qui a tourné des choses affreuses pour le fric, pour une dose. Et aujourd’hui, je paie cher ma liberté parce que je veux dénoncer ce système qui a entretenu mes vices.

     

    — Dereck, parle-moi… continue Jax.

     

    — J’ai fait une grave erreur en voulant entrer dans ta vie, je marmonne d’un air absent, je suis un camé, un putain de mec qui ne méritent pas tout ça.

     

    — L’erreur que tu fais, c’est en disant de pareilles conneries, répond Jax avec sérieux.

     

    Je ferme les yeux, l’eau salée continue de brûler mes joues. Mon partenaire me secoue, je ne réagis pas, je me balance en laissant échapper des sanglots de plus en plus bruyants. Je ne me reconnais pas. J’ai l’impression d’avoir fait un bon dans le temps.

     

    — Merde qu’est-ce qu’on t’a fait pour qu’on arrive à te mettre dans un tel état ?

     

    Le ton de la voix de Jax ne cache pas son inquiétude. Je tente de m’exprimer du mieux que je peux. Mon partenaire est juste devant moi, je le vois flou, mais je sens ses mains essuyant les larmes brûlantes.

     

    — Ils m’ont injecté quelque chose. Ils m’ont injecté de la drogue bordel… je délire.

     

    — Dereck, laisse-moi faire.

     

    Jax essaie de me sortir de mon état de transe. Il tente de retirer ma main de mon bras pour voir, mais je continue.

     

    — Je n’ai rien pris depuis des mois… je gémis malade à l’idée qu’ils aient gâché ça.

     

    Je fais cette terrible constatation, mon travail sur moi-même est parti en fumée. Je suis tellement paniqué à l’idée de ce qu’ils m’ont injecté dans l’organisme.

    Héroïne ? Pire ?

    Jax arrive à retirer ma veste et à soulever mon t-shirt gris. Je sens sa main sur moi et la nausée me gagne. Je sais ce qu’il va voir et ce qu’il va comprendre ensuite.

    Je ne suis qu’un camé.

     

    — Dereck, regarde-moi, me presse-t-il avec calme.

     

    Jax pose son front contre le mien. Sa main libre se fourre dans mes cheveux, il embrasse ma peau brûlante en essayant de m’apporter la paix.

     

    — Il n’y a aucune trace d’injection. Ce n’est qu’une illusion. Ils ont fait semblant, m’explique-t-il sur un ton compatissant.

     

    Ses doigts touchent de nouveau mon triceps, comme pour me prouver qu’il n’y a pas de zones meurtries. Je ne ressens rien, pas la sensation qu’on a sur la peau lorsqu’une aiguille nous la transperce. Juste le toucher tendre de mon partenaire qui cherche par n’importe quel moyen de m’aider.

     

    — Ils ne t’ont rien fait de ce côté-là, m’assure Jax d’une voix serrée.

     

    Je ferme les yeux en me laissant aller, et pour la première fois depuis des mois, des sanglots brûlants glissent le long de mes joues dues au soulagement. Le déchirement résonne. Ils ne m’ont pas injecté une merde, ils ne m’ont pas fait replonger.

    Je sens le regard désarmé de Jax sur moi. Il doit me prendre pour un fou, il doit ne pas comprendre comment un gars comme moi, Dereck – Blacks – Cole, si fort, je me retrouve à 31 ans, à me taper une crise de panique telle un enfant.

    La peur m’a tellement dévoré l’espace d’un instant que j’ai cru être de nouveau tombé. J’ai vu défiler ses premières semaines de sevrages ignobles où le manque me tordait les tripes parce que la drogue me manquait et parce que j’avais atteint des limites sans retour. Je n’ai jamais touché à l’héroïne, mais tout le monde sait que c’est ce qu’il y a de pire pour un ancien camé. Quand j’ai vu Dan sortir cette seringue, j’ai compris que j’étais foutu. Le travail que j’avais fait sur moi allait partir en fumée et je devrais quitter ma place chez FUCKING BOYS, rappeler mon frère et me faire interner pour recommencer.

    Je pleure silencieusement en séchant d’un geste brusque les larmes salées sur mon visage. Jax m’attire contre lui, je ne résiste pas.

    Je ne veux pas être cet homme-là.

    Pourtant Jax n’en a rien à faire. Assis en plein milieu du couloir, il me serre contre lui en caressant mes cheveux et en embrassant ma tempe. Je trempe sa veste en m’agrippant à elle. Mon corps tremble. Je suis sous l’emprise de la peur et de l’adrénaline qui redescend. 

     

    — Je suis là, même si je ne comprends pas, je suis là, chuchote mon partenaire à mon oreille.

     

    Des gens passent devant nous, mais ne nous prêtent pas attention. Je crois qu’un regard noir de mon compagnon leur suffit à poursuivre leur route.

    J’ignore combien de temps nous restons ainsi, mais en voyant que je ne me calme pas, Jax réagit. Il se redresse, sort de la poche arrière de son pantalon de costume sa carte magnétique pour ouvrir la porte. J’entends à peine le clic de l’ouverture de sa chambre.

    Je ressemble à un putain de pantin qui n’y voit rien. Jax me tire par le bras pour que je me relève et me prends dans les siens en me soulevant. Il glisse mes jambes autour de sa taille, je me tiens à son cou en me blottissant contre lui telle une âme en peine. Mon partenaire me serre contre lui en nous faisant pénétrer dans sa chambre. La pénombre nous accompagne, fidèle compagne de mon état d’esprit.

    Jax nous porte jusqu’au lit, où il nous y allonge. Mon corps sent à peine le matelas et l’odeur légère de l’acteur dans les draps. Il se glisse dans mon dos et me serre contre son torse. Ses bras musclés m’enserrent avec force. Ma vue se brouille de plus belle et je n’arrive pas à résister au choc. Je sombre, pour ce soir, je m’autorise à lâcher du lest.

    C’était censé être le week-end déboire, où nous aurions dû nous chauffer à danser dans toutes les soirées, nous amuser ensemble avec Jax et les mecs. Mais ça ne s’est pas passé ainsi ce soir.

    Le passé m’a rattrapé au moment où j’aurai voulu penser à l’avenir seulement. Si je suis fort pour affronter n’importe quoi, quand il s’agit de ça, je ne me reconnais pas.

    Je ferme les yeux en m’agrippant au bras de Jax. Je n’arrive pas à lui faire face alors qu’il tente de me tirer vers lui. Je doute d’avoir le courage de l’affronter, de lire le doute et l’inquiétude.

     

    — Je suis là, répète Jax en embrassant ma nuque, et ça va aller Dereck, je te le promets.

     

    Nous sommes restés là, blottis l’un contre l’autre durant un long moment avant que je m’endorme. Mon partenaire a calmé ma crise de panique lentement, chassant ma peur par le réconfort de ses mots et la chaleur de son corps. Ça m’a vaguement rappelé une nuit similaire lorsque mon amant était dans un sale état à son tour.

    Jax n’a pas posé de questions même s’il en avait. Il n’a pas essayé de comprendre pourquoi mon ancien label avait essayé de m’agresser, il n’a pas demandé les raisons qui pouvaient m’amener à avoir de telles emmerdes. Il a été là. Et l’espace d’un instant, je me suis rendu compte ce que ça faisait d’être réellement avec quelqu’un.

     

    AMHELIIE