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Tome 2 : Liam

  • SORTIE BLOOD OF SILENCE T2

     

    *** SORTIE " BLOOD OF SILENCE, TOME 2 : LIAM ***

    Coucou tout le monde !
    Nous sommes ENFIN le 13 septembre !!! Après plus d'un an d'attente, voici le retour de nos Blood !
    Découvrez le tome 2, l'histoire entre Liam et Gina !!
    On espère qu'elle vous plaira ! En tout cas, on a prit beaucoup de plaisir à l'écrire !! ;)

    N'hésitez pas à partager le post, donner votre avis sous ce post et à partager vos chroniques si jamais vous tenez une page ;)

    Vous pouvez vous procurer l'histoire :

     

    BLOOD OF SILENCE TOME2 - Copie.jpg

     

     

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    Voili voulou ! ^^
    Bonne lecture à tous !

    Des bizzz :*

    Amheliie et Maryrhage

  • 40) Discussion

     

     

     

    Je me laisse tomber au sol, dépitée et incertaine devant mon armoire vide. J’ai tout sorti et je n’ai rien trouver que je veuille mettre. Je ne veux plus de ses vêtements trop grands, mais pourtant ce qui remplit mon armoire, qui n’a rien d’extravagant ne me va pas non plus. Avant, je n’avais qu’à regarder dehors pour savoir ce que j’allais mettre, aujourd’hui je dois vérifier si ça me couvre, qu’on ne voit pas un centimètre carré de ma peau et que mes formes ne vont pas attirer les regards. Mais j’en ai marre de porter l’attirail de la fille qui se cache au maximum, je veux redevenir une femme et ça passe aussi par les vêtements. Être bien dans ce qu’on porte, se sentir bel et bien dans ses baskets je crois que cela aussi est devenu un rêve. Je soupire en regardant le vide de mon armoire quand je tombe sur une boite cachée au fond.

    Je la tire et caresse le papier qu’il reste dessus en souriant avant de l’ouvrir. Mon cœur se serre en trouvant son contenu intact, comme si j’avais mis ma vie entre parenthèses à ce moment précis. Je sors une petite boite et l’ouvre pour découvrir la chaine et le pendentif que Liam m’a offert a Noel. Celui où il a fait graver « je t’aime » en trois langues. Mon cœur se serre au souvenir de cette soirée et de sa déclaration. Il était tellement tendu, presque apeuré de mal faire les choses, de me dire qu’il m’aime que c’était encore plus touchant. Il a mis du cœur et du temps à le sortir ce « je t’aime » comme si j’avais besoin d’une grande déclaration et pas de ses trois simples mots. Il m’a émue et touché avec sa façon de se livrer à moi et de m’abandonner son cœur. Il n’a pas seulement dit je t’aime, il a dit; c’est toi et pas une autre, c’est toi à qui je me donne et je veux faire ça bien, je veux que tu te souviennes de ce moment parce qu’il est parfait. Il était parfait. Ce n’était qu’il y a que quelques mois et pourtant j’ai l’impression que des années nous séparent de cette insouciance et de cette sécurité où à partir de notre amour tout était possible. Maintenant, tout me semble incertain même s’il m’aime toujours autant, rien ne sera plus pareil. Je crois qu’il faut que j’apprenne à tirer un trait sur ce passé, ne pas chercher à le retrouver parce qu’il est impossible qu’il revienne, les évènements nous ont changés lui comme moi, et même si on retrouve notre intimité et cette passion qui nous habitait ce ne sera plus pareil.

    J’enfile la chaine en laissant tomber le métal froid sur ma poitrine. C’est étrange de le porter, je ne l’avais pas fait jusque-là par peur qu’on le voit, maintenant il est sur ma peau, sur mon cœur et étrangement je me sens soulagé. J’ignore pourquoi un simple bout de métal me détend et me rassure, mais c’est le cas. Je fouille dans ma boite de cadeau et trouve les menottes ainsi que le bon  pour faire de Liam mon esclave sexuel. Je souris, quand il me l’a offert je l’ai tout de suite  en voyant les menottes, ce n’est plus ce qui me vient à l’esprit, pire ce sont des images de torture et de douleur qui m’inonde, des souvenirs de brutalité et de perversion qui n’ont rien de désirable. Je les laisse retomber dans la boite le cœur au bord des lèvres en frottant mes poignées libres. Parfois les souvenirs sont si violents si palpables que j’ai l’impression de revivre ce cauchemar encore et encore. Je ne peux pas les effacer, même avec toute la volonté du monde ils ne partiront jamais, je dois juste les refoulés quand ils deviennent trop présents et me concentrer sur du positif, sur des choses agréables et tenter de gérer cette peur qui m’imprègne quand je sens ses mains sur moi, son corps sur le mien et cette brutalité quand il force l’entrée de mon corps. Je ferme les yeux et me concentre sur Liam, sur cette soirée de Noel, sur ses mots en touchant la plaque de métal qui pend à mon cou. Je me détends petit à petit quand Liam entre dans la chambre.

     

        — À table !

     

    Je tente de lui sourire devant son air enjoué, mais je sais ne pas avoir réussi quand je vois le sien disparaitre. Il s’attarde un instant sur la boite devant moi, mais très vite il se détourne pour regarder le bordel sur mon lit.

     

        — Tu fais du rangement ?

     

    Liam s’approche de moi, il est en jean et torse nu, il est magnifique comme ça au réveil, les cheveux en désordre et pas rasés. On dort ensemble depuis le week-end chez ses parents et mon sommeil s’en porte mieux. Avec lui, son corps et son odeur, je ne fais pas de cauchemar. C’est étrange de se sentir rassuré juste par un torse, il ne me prend pas dans ses bras, il ne me serre pas contre lui, il se contente parfois de poser sa main sur moi, mais rien de plus et pourtant sa présence suffit. Mais je n’arrive toujours pas à m’abandonner à lui, à le laisser me prendre dans ses bras, à sentir son corps dominer le mien d’une certaine façon.

    Liam s’assoit à mes cotes, je suis toujours en peignoir, il était parti préparer le petit déjeuner pendant que je prenais ma douche, mais je ne me suis pas encore habillé.

     

        — Elle doit être contente.

     

        — Qui ça ?

     

        — Ton armoire.

     

        — Es-tu en train de me dire que je suis bordélique ?

     

    Il lève les yeux au ciel.

     

        — C’est un euphémisme.

     

    Je jette un dernier coup d’œil à ma boite de Noel, je vois la photo de son armoire, la place qu’il m’a faite et/ou maintenant il y a mes vêtements en boule à côté des siens bien rangés. Je referme la boite de Noel, j’ai une boule au ventre de le faire, je ne sais pas c’est comme dire adieu à notre passé, a ces moments de bonheur insouciants où tout semblait naturel.

     

        — C’est bien mon seul défaut, dis-je en soupirant.

     

    Liam se met à rire.

     

        — Effectivement, tu n’es pas têtue, capricieuse hystérique et un poil comédienne.

     

    J’ouvre la bouche, mais rien ne sort, je reste bouche bée devant le constat édifiant de mes défauts, ce qui fait rire Liam.

     

        — Oh et j’allais oublier susceptible en plus.

     

        — Vraiment !

     

        — Ouais. Mais j’aime tes défauts.

     

    Son ton change, il n’est plus amusé, mais sincère.

     

        — C’est ça rattrape toi. En attendant tu es loin d’être parfait monsieur MacGuinness qui n’est pas capable de se lever avant dix heures du matin, qui mange comme un ogre et qui en plus à un humour douteux.

     

        — Je ne vois pas en quoi c’est des défauts.

     

    Je ricane en voyant son air joueur revenir.

     

        — Liam, pour la femme qui partage ta vie c’en est. Ne pas être capable de se lever le matin signifie que tu seras constamment en retard

     

        — Tu quittes mon lit à 8h du matin et je ne te revois pas avant midi, je ne suis jamais en retard.

     

        — Manger comme un ogre veut dire que la note du resto sera salée…

     

        — Je paye le resto.

     

        — Et l’humour douteux, que tu vas sortir des blagues pourries à longueur de journée…

     

        — Tu aimes mes blagues pourries.

     

    Je soupire, il a raison au final j’aime ses défauts aussi, surtout ces blagues pourries en fait, je ne sais pas pourquoi elles me font toujours rire.

     

        — Tu vois, je suis parfait !

     

        — Je rajoute égo démesuré à ta liste.

     

        — Tu vois que tu es têtue, tu refuses d’admettre que je suis parfait.

     

    Il étend ses bras derrière lui sur le sol de ma chambre avec cet air insupportable, mais craquant de l’homme sûr de lui et je ne résiste pas à lui sauter dessus en vue de le lui faire ravaler son sourire. Liam s’étale par terre en riant, je tente de ne pas le suivre et de me retenir, mais c’est difficile devant son regard, son sourire qui se fait rare ces derniers temps et que j’aime toujours autant. Je tente de le frapper, mais il attrape mes poignées puis les soulève au-dessus de sa tête. Je reprends mes esprits en sentant son corps là sous le mien, je suis complètement allongée sur lui et seul mon peignoir entrouvert me sépare de sa peau.

    Je regarde mes poignées emprisonnées dans ses mains, il ne serre pas, il me tient seulement et je ne sens pas cette peur, je ne sens pas le rejet que j’éprouve habituellement. Ses mains me relâche et quand je le regarde son sourire a disparu, il attend ma réaction et je crois que moi aussi, mais rien ne viens. Non, c’est même le contraire, j’ai envie, besoin qu’il me touche, de retrouver la confiance que j’ai en lui parce que c’est ce qu’il me manque pour m’abandonner, pour le laisser faire, c’est cette confiance qui a été mise en péril quand on m’a enlevé. Ce n’est pas forcément consciemment que je ne lui attribue plus le mérite d’être capable de me protéger, mais pourtant se doute qu’il puisse faillir encore et que j’en souffre est là au fond de moi, tapis pour ne pas trop se montrer et me laisser espérer que je puisse le faire taire. Je le veux, je sais que Liam même s’il n’est pas infaillible fera son possible et je veux retrouver cette confiance, cette sensation que je peux me laisser aller parce qu’il est là et qu’il ne me fera pas de mal.

     

        — Serre-moi…

     

    Je chuchote plus que je ne parle, mais mon corps tremble à la fois d’appréhension et d’envie. Liam me dévisage, pour être sûr que c’est bien ce que je veux, je vois l’émotion dans ses yeux quand ses bras m’encerclent et me pressent contre lui doucement. Ses gestes sont lents et je pense que lui a peur que je le repousse. Je sens la pression dans mon dos, la chaleur de son corps qui m’inonde. Je me blottis contre lui, c’est différent de ces nuits qu’on passe ensemble, mon corps recouvre le sien et enfin ses bras m’encerclent, me serre, et me rassure. Je suis comme dans un cocon et à mon tour je passe mes bras autour de son cou pour me rapprocher un peu plus de lui, pour sentir sa peau sous mes doigts et en faire plus qu’un avec lui. Je sens les larmes couler sur mes joues et atterrir sur le torse de Liam, je suis submergé par les émotions que je ressens, comme une enfant qui découvre le monde je redécouvre à mon tour la sécurité et le réconfort de ses bras. Je suis bien, je suis à l’aise avec toujours un peu de peur que ça ne dure pas que le lâcher-prise qui m’apporte du bien-être me ramène à autre chose qui sera tout son contraire.

    Les mains de Liam caressent mon dos, puis il prend mon visage entre ses mains et me regarde. Ses yeux brillent, je sais qu’il attendait ce moment, qu’il l’espérait et aujourd’hui sa patience a payé.

     

        — Ramène tes défauts et ton bordel chez moi.

     

    Je mets quelques secondes à comprendre ses mots, sa voix est rauque, son ton grave et pourtant bas, je souris en caressant son visage avant de poser mon front sur lui. Je ne suis pas prête à ça, à vivre avec lui, à m’engager sur ce terrain je veux d’abord guérir. Même si au final ça ne changera pas grand-chose, étant donné qu’il est toujours là ou que je sois chez lui, mais c’est une étape et avant d'en arriver là on doit régler certaines choses lui comme moi.

    Il tire sur la chaine qui pend à mon cou et attrape la plaque. Il sourit en la regardant, nostalgique tout comme moi de ces moments qui sont devenus notre « avant ». Je repose ma tête sur son torse en inspirant son odeur, Liam resserre ses bras sur moi et je soupire de bien-être, enfin je peux apprécier ce geste simple et tendre.

     

        — Pas maintenant Liam, je ne suis pas prête.

     

    Je sais qu’il comprend et qu’il me laissera le temps d’avancer à mon rythme et je ne peux que l’aimer davantage pour ça.

     

     

    ***

     

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    Je suis pleine de bonne résolution depuis qu’on est rentré de notre week-end chez les parents de Liam et chaque jour je m’obstine à en accomplir une. Parfois je me sens comme une enfant a qui découvre la vie quand ma bonne résolution du jour est d’aller à la fac sans fuir le regard d’un seul homme en baissant la tête ou de mettre autre chose qu’un truc informe qu’on appelle vêtement ou encore de toucher un étranger sans faire un bond de dix mètres. La plus difficile a été de revenir au garage. J’ai dû m’y reprendre à 3 fois avant d’oser sortir de ma voiture pour finir par courir au bureau. La première je n’ai même pas franchi la grille, la deuxième je suis restée dans la cour enfermé dans ma voiture sous l’œil absent de Sean qui continuait comme si tout était normal et la troisième j’ai enfin pris mon courage à deux mains et j’y suis arrivée. Sean était présent, il est venu me voir dans le bureau, il n’a rien dit, mais sa présence calme m’a fait du bien. Toutefois avant de retourner à son travail il a ouvert un tiroir du bureau pour me montrer le flingue qu’il y avait déposé en me disant « si t’as besoin je suis à l’atelier » et rien de plus. J’ai regardé cette arme pendant une bonne heure tout en me demandant, si j’en avais eu une est-ce que ça aurait changé les choses ? Je suis incapable de me servir d’une arme et je n’en ai pas envie, mais si je dois sauver ma vie, je sais qu’il y en a une, au cas où.

    Aujourd’hui ma bonne résolution, après avoir eu une discussion avec la psy du groupe de soutiens et de mettre un terme aux non-dits qui nous entourent, Liam, H et moi. J’ai compris ce matin que ce n’est pas seulement un manque de confiance qui m’empêche de me laisser aller avec Liam, c’est autre chose de plus vicieux qui reste en moi et m’empêche d’avancer parce que je ne veux pas l’accabler alors qu’il fait tant pour moi, mais je dois le faire, pour moi et pour nous.

    Je me gare dans la cour du garage et m’apprête à descendre quand je vois Liam et H débouler à leur tour dans la cour. Je reste un moment stupéfaite de ce que je vois, ils se battent. Violemment, leurs coups me font sursauter tellement ils sont forts et sans retenue. Passé la surprise je descends rapidement de ma voiture, paniqué de les voir avec tant de haine dans le regard et dans leur geste. Je m’approche, mais ils sont tellement absorbés l’un par l’autre qu’il ne me voit pas. Je leur crie d’arrêter, mais ça n’a aucun impact. Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression de n’être plus que ça, un organe en mouvement invisible et apeuré. Ils ne s’arrêtent pas et si je ne sais pas ce qui a déclenché cette bagarre je sais que j’en suis la cause.

     

        — Il m’a violé, et c’est votre faute à tous les deux.

     

    Je sors les mots que je voulais prononcer autrement, que je voulais leur expliquer, de la façon la plus froide et la plus cruelle et ils s’arrêtent enfin. C’est la première fois que je les prononce, à voix haute, devant eux, habituellement je dis, « ce qui est arrivé » comme si ça pouvait être autre chose que ce mot cru et vulgaire.

    Liam s’approche de moi, son arcade saigne et sa mâchoire commence à prendre des couleurs bleues.

    Je le stoppe en tendant les bras, je vois sa poitrine se soulever rapidement et détourne les yeux vers mon frère. Hurricane reste au milieu de la cour du garage, dos à nous, je crois l’avoir surpris par mes paroles. Il ne s’attendait surement pas à ce que j’en arrive là, mais si je dois jouer sur la carte culpabilité pour qu’il m’écoute je n’hésiterai pas. J’ai besoin qu’on clarifie les choses,  pour moi, mais aussi pour eux deux. Être membre du même club, travailler ensemble en gardant en tête la rancœur qu’il éprouve envers Liam ne le mènera nulle part, je veux qu’on en finisse.

    Hurricane finit par se retourner et revenir vers nous. Il se plante devant moi avec son air dur du grand frère qui va faire la morale à la petite sœur, les bras croisés sur sa poitrine et son poids bien répartis sur ses jambes. Je lui souris pour essayer de détendre l’atmosphère, mais il n’a pas l’air de vouloir se détendre.

     

        — Très bien dit-il, je t’écoute.

     

    Je m’écarte de Liam pour leur faire face à tous les deux avant de commencer.

     

        — Je vous aime, tous les deux et ce qui est arrivé c’est justement à cause de ça. Je vous en ai voulu et surement je vous en veux encore parce que ce n’est pas quelque chose que je peux effacer d’un claquement de doigts. Il m’a violé, il m’a pris une part de moi en commettant cet acte, mais si vous êtes responsable je le suis aussi.

     

        — Gina, soupire Liam, ne dit pas ça.

     

        — Si.

     

    Je me tourne vers mon frère la colère dans son regard ne m’échappe pas, mais je me dois de clarifier les choses.

     

        — Tu crois que c’est de sa faute, parce qu’il te faut un coupable en plus de toi, mais le seul vrai coupable est mort. Ce qui est arrivé c’est lui qu’il l’a fait et personne d’autre. Là où je suis responsable, c’est que c’est moi qui aie poussé Liam, il a résisté, il ne voulait pas pour toi, pour le club, pour votre amitié, mais j’ai insisté et il n’a pas eu d’autre choix que de céder.

     

        — Bordel dit-moi aussi que tu l’as violé !

     

    H jure en se rendant compte des mots qu’il a employés.

     

        — Non, mais je l’ai poussé à bout et chacun a ses limites.

     

    J’entends Liam rire, je me tourne vers lui, il a l’air détendu pourtant je suis sur que ce n’est qu’une façade, qu’il tente de dédramatiser la situation comparée à mon frère qui semble prêt à exploser de nouveau. Liam ouvre la bouche pour parler, mais H le coupe avant qu’il ne prononce un mot.

     

        — La ferme Liam ! Je ne suis pas d’humeur aux blagues foireuses.

     

        — Oh ça va ! Détends-toi H

     

    Mon frère s’avance vers lui, je soupire en sentant que cette conversation va dégénérer.

     

        — Me détendre ? Tu couches avec ma sœur putain de merde ! Ma petite sœur, alors que je t’ai vue plus d’une fois baiser quatre femmes différentes en une soirée !

     

        — Tu tiens des comptes ?

     

    H soupire, je sens qu’il hésite entre lui en mettre une et rire. Finalement c’est le rire qui l’emporte et je me demande comment ils sont capables de passer de la haine à l’amitié en l’espace de quelques minutes.

     

        — Non, mais je suis quasi sur que Klax n’en manque une.

     

    Ils partent en éclat de rire alors que je me tiens devant eux l’air dépité, je voulais une conversation sérieuse, qui mettent un terme à leurs conneries au final j’ai le droit à une démonstration de force suivie d’une discussion sur le sexe dont je me fous.

     

        — Hé je suis là !

     

    Ils s’arrêtent de rire et de commenter la vie sexuelle de Klax pour redevenir sérieux. Je me demande ce qu’il m’a pris d’espérer pouvoir parler avec eux quand je vois comment ça tourne.

     

        — OK ; lance H. C’est lui que tu veux ?

     

    Je reste bouche bée devant sa question.

     

        — Gina, Se è egli che vuoi, non vado ad interporrmi. Non posso privarti di ciò che ti rende felice anche se ciò non mi incanta.1

     

        — Si

     

    Je suis incapable de dire autre chose. Je sais qu’il veut mon bien, qu’il a  surtout peur que je souffre, mais qu’au fond il sait que je l’aime et qu’il me rend heureuse.

     

        — Tu te souviens de ce que tu m’as dit après Rob ? Que si un homme n’était pas capable de se battre pour moi il ne me méritait pas.

     

    H acquiesce en souriant, on peut dire que niveau baston Liam dépasse ses espérances. Je me détourne vers lui, il est impassible et attend seulement de voir ce que je vais dire.

     

        — Il se bat pour moi, chaque jour. Il est là, il se bat contre mes démons, il est patient et attentif et il m’aide en ne me laissant pas m’absorber par ma peur. Sans lui, j’aurais sombré. Il n’a pas besoin de te montrer qu’il est capable de me protéger, tu le sais H, il l’est. Tu le connais et tu sais parfaitement qu’il ne laissera rien m’arriver s’il peut l’éviter.

     

    Liam me sourit et je baisse les yeux, son amour est immense et si quelqu’un n’en est pas digne c’est peut-être moi. Je ne lui ai toujours pas dit que je l’aime depuis ce qui est arrivé, je ne peux pas comme je ne peux pas le laisser me faire l’amour. Tout ça est lié, mais ça ne concerne que nous et pas mon frère.

     

        — Pour le club, je reprends, ce que fait Liam me concerne, si on est ensemble j’ai besoin de savoir.

     

        — Gina…commence H, mais je ne le laisse pas finir.

     

        — Je ne veux pas qu’il me raconte tout, mais je suis déjà au courant de beaucoup de choses de toute façon, je sais ce que tu fais H. Mais ce n’est pas ce qui m’intéresse, ce que je veux c’est que si ça le pèse s’il a besoin de me parler qu’il puisse le faire, et ça sans avoir à se demander s’il vous trahit. Tu me l’as dit, si on veut être ensemble on va devoir faire des choix et c’est ce que je choisis. Lui et le club.

     

    Le silence s’installe quelques minutes qui me semblent durer des heures. Je ne sais pas ce qui passe par sa tête à ce moment-là, j’ignore quelles réflexions il se fait et je cherche en moi les arguments que je pourrais sortir pour qu’il accepte enfin. H se tourne vers Liam en essuyant sa lèvre qui saigne avec son tee-shirt.

     

        — Très bien dit-il après avoir relâché son vêtement et fait un pas vers Liam qui se redresse, tu as m’a sœur enfoirée, mais je te préviens et ce sera la dernière fois Liam, si tu la fais souffrir d’une façon ou d’une autre je ne t‘épargnerai pas cette fois.

     

    Liam hoche simplement la tête et je suis étonné qu’il ne trouve rien à redire, ou même une blague pourrit à sortir.

     

        — Parfait. En attendant mec, je te souhaite bon courage, c’est une emmerdeuse née !

     

    Je lève les yeux aux ciels en les voyants rirent tous les deux puis H se détourne pour retourner au garage. Liam m’observe, je sens son sourire et finalement la blague pourrie va peut-être être seulement pour moi.

     

        — Ca me manquer dit-il

     

        — Quoi ?

     

        — Toi.

     

    Je le regarde, le bleu de ses yeux brille à la lumière de cette fin de matinée, je sens mon cœur battre agréablement fort dans ma poitrine, moi aussi ça me manquait, cette assurance que j’avais perdu et je suis fier de l’avoir retrouvé pour lui, pour nous pour qu’on soit enfin ce qu’on a toujours voulu être.

     

    Maryrhage

     

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    1 : S’il est ce que tu veux je ne vais pas m’interposer. Je ne peux pas te priver de ce qui te rend heureuse même si ça ne m'enchante pas.

  • 39) La Famille MacGuiness

     

     

    Mes lèvres redécouvrent la frénésie de la passion qui nous habitait. Les doigts de Gina se glissent dans mes cheveux blonds qu’elle tire pour accentuer notre baiser. J’entends ses gémissements, son corps tremble sous l’effet du plaisir. Je sens l’émotion dans ses gestes. Nos bouches se cherchent l’une l’autre, elles se dévorent avec envie. Ma langue vient caresser la sienne, mimant un geste aussi vieux que le monde. J’adore la douceur de ses lèvres contre les miennes, j’adore l’embrasser, je suis fou d’elle.

    Mes mains me démangent de la toucher et je percute que Gina n’est pas encore prête pour ça.

    Je m’écarte d’elle en tremblant avant d’aller trop loin. Je ne veux pas me montrer brusque ou pressant, et je me sens comme au bord de l’explosion. Ma queue dans mon jean me supplie de lui montrer un peu d’attention, mais je ne peux pas. Ce serait encore plus dur de me soulager maintenant. Alors que c’est autre chose que j’attends.

    Je me rends compte que le sexe était une véritable drogue, et que la meilleure d’entre toutes était la femme qui est près de moi.

    Je m’assoie sur le rebord du lit, le dos courbé, la tête entre mes mains, appuyée sur mes genoux, je me mets à récité les règles du club comme on récite des tables de multiplication pour se détendre. Il faut que je fasse rapidement cesser ce désir, mais cette retenue va me rendre fou.

    Je frisonne en sentant les mains de Gina dans mon dos, elle arrive plus facilement à me toucher, qu’à se laisser faire. Chacun de ses contacts est une bénédiction, mais pas ce soir. C’est douloureux cette nuit.

     

        — Liam ?

     

    Je ferme les yeux en jurant, même sa voix rauque est une tentation.

     

        — Donne-moi deux minutes.

     

    Je dois me reprendre, calmer ce désir qui me bouffe. C’est là où je me rends compte qu’on était vraiment connecté l’un à l’autre que le sexe était une des meilleures façons de communiquer. Et le manque commence à se faire ressentir. Il va à l’encontre de ma patience, et ça m’énerve. D’habitude, je suis seul pour le gérer, et c’est beaucoup plus simple.

    Je finis par soupirer, je crois que je vais devoir dormir avec un barreau entre les jambes.  

     

        — Ça va ? me demande Gina.

     

    Je tourne la tête pour lui sourire, elle a l’air mal à l’aise, mais elle ne devrait pas.

     

        — Te voir aussi belle et abandonnée à ce que tu faisais, me donne espoir qu’un jour, je puisse te toucher à nouveau. Comme avant. Qu’on pourrait retrouver notre complicité… j’avoue que je me sens super à l’étroit dans mon pantalon.

     

    Gina sourit timidement, la lueur dans ses yeux, celle qui m’avait tant manqué, celle que je reconnais comme étant celle du plaisir. Elle a toujours ce regard émerveiller après voir jouit. Et ce soir, c’est un énième pas vers la torture, mon sexe durci un peu plus. Je dois aller dans la salle de bains, et rapidement.

     

        — Tu me donnes cinq minutes en fait ? Je reviens.

     

    Je  me penche pour l’embrasser chastement, et m’apprête à me lever, quand je sens la main de mon Italienne qui me retient.

     

        — Non, reste.

     

        — Gina, ça va mal finir si jamais je ne m’isole pas deux minutes, je dois…

     

        — Fais-le ici, ne te cache pas.

     

    Nous nous dévisageons un moment, je veux voir si elle est sûre d’elle. Gina n’est pas stupide, elle sait que j’évacue la pression seul. Mais entre le savoir et le voir, j’ai peur que ce soit un peu trop d’émotion pour ce soir.

    Gina n’est pas du même avis. Elle me fait me rasseoir sur le lit, son regard est plus qu’insistant. Je finis par céder. Mon corps se met à trembler d’impatience, à croire que mon esprit est déjà parti plus loin que l’instant présent, anticipant mes gestes. Je déboutonne mon jean, Gina vient se coller dans mon dos, sa tête repose sur mon épaule, je sens son souffle chaud caresser ma peau brûlante, elle m’observe. Cette situation ne manque pas de m’exciter un peu plus. Le bruit de la fermeture éclaire résonne en échos avec nos deux respirations. Ma main vient saisir ma queue douloureuse qui se dresse sous nos regards. Je jure, histoire de retenir un gémissement, tellement c’est bon. Sans patience ni douceur, je commence à me caresser. Mes doigts glissent sur mon sexe, je ferme les yeux et des images de nous deux me viennent à l’esprit. Ses nombreuses fois où cette main était la sienne, où Gina me poussait à bout, aux bords du nirvana sans pourtant m’y faire basculer.

    Je frisonne en sentant les lèvres de Gina embrasser mon cou, avec un peu d’hésitation, elle passe une main entre nous et la pose sur mon torse, elle l’effleure, me caresse sans pour autant s’aventurer.

    J’accélère la cadence de mon poignet, en sentant le regard de mon Italienne sur mon entre jambes, sur mes doigts qui s’activent. Des sensations délicieuses me parcourent à l’intérieur. Des spasmes qui naissent au creux de mon ventre, et viennent mourir dans ma queue, m’approchant petit à petit du moment fatidique où toute la pression va être évacuée pour laisser place au plaisir.

    Je savoure ce moment étrange, où le désir et l’envie se retrouvent pour nous crée un semblant d’intimité. Je suis totalement exposé à la femme qui me regarde et me touche, baignant dans des souvenirs merveilleux. Aucun mot n’est prononcé, et c’est presque aussi bon que lorsque je la regardais se donner du plaisir.

     

        — Liam ?

     

    La voix de Gina me fait ouvrir les yeux, ma main se fige sur mon sexe devenu sensible.

     

        — Oui ?

     

    Je me racle la gorge pour avoir un semblant de voix normal, et pas ce son qui indique clairement que je suis noyé sous le désir.

     

        — Est-ce que…

     

    Je tourne la tête pour la voir. Même dans la pénombre, je vois que ses joues sont rouges. Sa respiration est saccadée, je meurs d’envie de l’embrasser encore. Gina inspire et se lance :

     

        — Je n’arrive pas à te laisser m’approcher en étant dans cet état, j’ai du mal à te sentir contre moi, mais je peux te toucher. Je peux te caresser Liam, j’en ai envie. Laisse-moi essayer.

    Sa main sur mon torse glisse doucement vers mon sexe que je tiens toujours entre mes doigts, je me raidis, je ne veux pas qu’elle se sente obligée.

     

        — Je ne te force en rien. T’as le droit de ne pas vouloir Gina, je ne veux pas que tu te sentes obligé de quoi que ce soit.

     

        — C’est moi qui propose…

     

    Sa main se retrouve au niveau de la mienne. Elle caresse mes doigts comme pour me demander silencieusement de lui laisser l’accès à ce qu’elle veut.

     

        — Laisse-moi faire ça pour toi.

     

        — J’ai peur que tu ne le regrettes.

     

    Gina embrasse ma joue avant de secouer la tête.

     

        — Non.

     

    Je cherche son regard, et la lueur d’envie que j’y vois, me pousse à lui faire confiance. Elle doit faire ce qu’elle se sent capable de faire. Je ne peux pas lui dire non alors que j’en meurs d’envie, la sentir elle, me caresser, je crois que j’en rêve même la nuit.

    Je lâche mon sexe, et laisse Gina faire. Je m’allonge sur le matelas, ma respiration est désordonnée, je sens cette tension sexuelle entre nous me posséder un peu plus.

     

        — Gina… je murmure.

     

    Mon Italienne saisit ma queue, l’emprisonnant avec fermeté. Son pouce passe délicatement sur mon gland sensible, elle étale les quelques gouttes qui perler, et commence cette torture délicieuse. Sa main monte et descend sur mon sexe, se rappelant les sensations.

    On dirait que ses doigts ont gardé le souvenir de toutes ses fois. Gina ne semble pas réfléchir à ce qu’elle fait, tout lui vient naturellement, et c’est ce qui me rend fou.

    Son visage s’approche du mien, et je ne résiste pas, je viens chercher ses lèvres, les embrasser encore, comme un assoiffé. Mes hanches tremblent, je résiste au besoin de bouger en rythme avec elle pour me soulager. Mon excitation m’enflamme, ses caresses que je pensais oublier m’envahissent, les sensations sont dingues. Le plaisir que sa main me procure n’a rien d’égal. La main de Gina prend pitié de mon corps tendu, et de ma queue soumise à une forte pression. Elle accélère le rythme et je jouis en gémissant dans sa bouche où nos langues jouent entre elles. Gina continue de me caresser encore quelques instants, avant que je ne me calme. Je romps notre baiser à contre cœurs, et me penche pour ramasser mon t-shirt et essuyer la main de Gina. Cette dernière garde un sourire sur les lèvres, elle se penche pour me donner un chaste baiser.

     

        — Ça va mieux ?

     

    Je souris à mon tour, oui je me sens mieux. Soulagé et calme d’un désir qui me mangeait de l’intérieur.

     

        — Merci.

     

    Je me rhabille pendant que Gina se laisse aller sur mon lit, elle a l’air fatigué, un peu vulnérable, et j’ai peur de ce qui se trame dans ses pensées.

    Je m’allonge à mon tour, mon corps près de celui de Gina, mais à une distance respectable pour elle. Mes bras me démangent de la serrer contre moi, surtout après ce qui vient de se passer, ça me manque, notre proximité encore plus. Ne plus l’avoir contre moi surtout. Et ce soir, j’en ai vraiment envie de l’avoir contre moi.

     

        — Dors avec moi cette nuit.

     

    Je me tourne pour croiser son regard, j’en ai vraiment besoin, elle semble détendue, perdue dans ses pensées comme je le craignais, j’aimerais savoir ce qui lui traverse l’esprit à cet instant. Elle me sourit en disant :

     

        — Je pense que je peux faire ça. Je peux essayer.

     

    J’hoche la tête, mes bras se lèvent pour lui laisser la place de venir se glisser. Gina vient délicatement se serrer contre moi. Sa tête se pose sur mon torse, l’une de ses mains vient se glisser autour de ma taille, nos jambes s’emmêlent. Je ferme les yeux pour retenir la boule d’émotion qui me gagne. Ca me manquer.

    Elle se raidit lorsque je pose ma main sur sa hanche, avant de comprendre que ce n’est que moi et que je ne lui ferais pas de mal.

     

        — Ca va ? je demande doucement.

     

        — J’avais oublié à quel point être contre toi, c’était réconfortant, on se sent… protéger, ça me manque.

     

    J’embrasse le haut de son crâne, ses cheveux noirs qui dégagent son odeur, celle que j’aime tant. Bordel, je pourrais mourir ainsi, avec elle dans mes bras, à ne rien faire d’autre que savourer notre étreinte.

    La tension sexuelle s’en va, et laisse place au calme. Gina ne semble pas stressée, ou mal à l’aise, on dirait qu’elle savoure ce moment comme moi.

    Je me mets à penser à voix haute, partageant ce qui me passe par l’esprit avec mon Italienne :

     

        — Tu verras, dans quelque temps, ce sera comme avant. Il te faut du temps encore. T’énerver contre toi, contre tes peurs, te brusquer pour faire des choses pour lesquels tu n’es pas prête ne ferait qu’accentuer ton malaise. Le sexe c’est une communion entre deux êtres, deux corps qui s’aiment et qui désire se qui se produit, et pour rendre ce genre de moment si bon, c’est parce qu’ils se passent sans peur, sans appréhension, juste la passion. Ne sois pas trop dur avec toi, c’est déjà un grand pas ce qui vient de se produire. Bordel c’était… dingue.

     

    Ma main vient se glisser dans ses cheveux que je caresse.

     

        — Et moi je serais là pour t’accompagner dans tout ses petits pas.

     

    Gina ne dit rien, elle m’écoute, et je pense qu’elle est à court de mots. L’émotion doit sans doute la gagner un peu. Je n’arrête pas de parler pour autant, trouvant dans la parole de la sécurité.

     

        — Je viendrais me glisser dans notre lit que tu aurais au préalable réchauffé. Je te ferais frissonner avec la fraicheur de ma peau, on ferait l’amour comme on l’a toujours fait, sans démons et cauchemar en plein milieu, seulement toi et moi. Ton corps contre mon corps, redécouvrant encore et encore le plaisir. Tu auras arrêté d’avoir peur du toucher des autres. Tu sauras que les personnes qui veulent t’étreindre ou d’apporter de l’affection ne te feront pas de mal. Tu les accepteras, en appréciant ce réconfort. Un processus de guérison n’est jamais une route facile, c’est difficile et c’est lent, mais c’est un signe que tous tes acquis tu ne les perdras plus, une fois accepter. Il faut enlever les pansements un à un pour voir si les plaies sont cicatrisées, si elles le sont, parfait, si elles ne le sont pas, on en remet un et on attend que la magie opère.

     

    Gina laisse trainer ses doigts sur mon torse, dessinant le contour de mes tatouages. Jamais je n’aurais cru que la soirée se termine ainsi.

     

        — Merci d’être toi.

     

        — Je t’aime, et je suis là, patient, je ne m’en irais pas.

     

        — J’ai peur que tu te lasses…

     

    Voilà, c’est ça qui l’effraie. Elle me fait souvent ce reproche, je peux la comprendre, avec mon passé, n’importe qui paniquerait, mais pour elle, je suis capable de tout.

     

        — Impossible. Je ne vais pas partir ni te tromper Gina parce que tu ne te sens pas prête à être avec moi… de cette façon-là. Tu sais pourquoi d’un côté j’en ai vraiment envie ? Parce que j’ai envie d’effacer ce souvenir, j’ai envie d’être le dernier à m’être enfoui en toi, le dernier à te marquer, celui qui le fera le plus souvent, tellement de fois, que l’autre n’existerait plus. Oui je veux l’effacer, effacer son souvenir, ne pas l’oublier parce que tu ne pourras pas, mais je veux que tu te souviennes ce que c’était quand c’était moi entre tes cuisses. Je ne veux plus que tu aies peur de mon désir pour toi, de la force masculine que j’impose, je veux guérir cette blessure autrement avec des mots qui ne serviront à rien, et ce sera l’une des dernières étapes de ce long chemin que tu parcours.

     

    Gina se blottit un peu plus contre mon torse, je n’ai pas envie qu’elle s’écarte.

     

        — Heureusement que je t’ai.

     

    Je me mets à sourire.

     

        — Non, heureusement que c’est moi qui t’ai.

     

    Le silence revient dans la chambre de mon enfance, j’espère secrètement que Savage va découcher, où qu’il trouve le canapé confortable. Je n’ai pas envie que ce moment s’arrête.

     

        — J’aime ta famille, Liam.

     

    La voix de Gina me fait sortir de mes pensées.

     

        — Ils sont envahissants, un brin fêlés, très indiscrets, mais ils ont l’esprit de famille et de solidarité.

     

        — Je crois que ma mère t’a adopté. Elle voit en toi son messie tellement elle t’attendait.

     

    Gina éclate de rire avant de se souvenir qu’on n’est pas chez nous.

     

        — Je comprends qu’elle s’inquiétait lorsqu’on entend toutes tes péripéties avec Savage ! À une époque rencontrer quelqu’un et te caser étaient une idée complètement étrangère.

     

        — C’est vrai, mais maintenant, j’ai des tas de projets en tête, de quoi rendre hystérique ma pauvre mère.

     

    Gina et moi nous nous regardons, je vois qu’elle n’ose pas me demander quoi. Et d’un côté, ça me rassure un peu.

     

        — Tu leur manques, ça se voit.

     

        — Je n’avais pas vraiment de raisons de venir souvent. Tu sais… c’est difficile quand tu sais que tes parents attendent de toi certaines choses et que tu ne rentres pas dans le moule.

     

    J’ai arrêté mes études, je suis parti habité avec des copains dans une autre ville, où je me suis fait tatouer, où je bosse comme mécano. Mon but étant de m’amuser et de me faire du fric. Mes parents ne sont pas dupes, ils se doutent que ma vie est loin d’être rose, mais tant qu’ils ne savent pas que je suis heureux et en bonne santé, ils tentent de ne pas trop s’inquiéter, cela ne servirait à rien de toute façon.

     

        — Ils sont quand même fiers de toi.

     

        — Oui.

     

        — Tes sœurs sont géniales.

     

    J’émets un petit rire à mon tour. Ma main reste encore dans ses cheveux, j’adore les toucher, ils sont doux, et cela ne brusque pas Gina.

     

        — Bordel, je m’attendais à ce genre de remarque. Elles sont tout sauf géniales ! Ce sont des vraies furies qui font n’importe quoi, et qui vont faire n’importe quoi à présent. Elles sont envahissantes, indiscrètes, elles ne vont pas arrêter de te demander des trucs super personnels.

     

        — On dirait mon frère, plaisante Gina.

     

        — Là-dessus, on peut dire qu’on s’entend bien, je veux le meilleur pour elles, comme ton frère voulait le meilleur pour toi. C’est dur d’être le grand frère casse-couille tu sais.

     

        — Tu ne t’en sors pas trop mal. 

     

    Pour l’instant, un jour je serais dépassé, bien que je me doute que ce soit déjà le cas. Je ne suis plus assez présent dans leurs vies pour tout contrôler, et contrôler les cons qu’elles côtoient.

     

        — Oh un jour je ne m’en sortirais plus du tout et elles rentreront mariées et enceintes et leurs compagnons auront intérêt à tenir la route, sinon on se mettra sur la gueule.

     

        — C’est ce que tu as fait avec Hurricane ?

     

    Je soupire, H est toujours un sujet délicat qu’on devra régler en rentrant. C’est moi qui vais faire le premier pas. Je crois qu’il faut qu’on arrête nos conneries.

     

        — Oui et non, on s’est battue pour d’autres raisons aussi. Mais il n’y a pas eu ce duel, celui où tu évalues la capacité et la résistance du mec à qui tu laisses ta sœur. Si ce mec est capable de te tenir tête, de t’envoyer autant de coups qu’il s’en prend sans fléchir et sans renoncer à son objectif, s’il résiste à tout ça, s’il se montre capable de défendre ta petite sœur, tu ne peux que lui donner ta « bénédiction » même si ça te fait chier. Mais ta sœur restera ta sœur et tu détesteras toujours un peu le mec qui te l’a prend.

     

        — Vous allez vous faire la tête encore longtemps ?

     

        — On ne pourra pas se faire la gueule très longtemps avec ton frère. Déjà, quand tu iras mieux, il cessera de se noyer dans la culpabilité. Une grande discutions s’imposera à tout les trois et bientôt nous rirons de ces derniers mois en nous moquant de ton frère qui n’a rien vu du tout. Il doit juste ravoir confiance en moi. (je souris) et puis en se tapera dessus comme deux gros bourrins.

     

        — Bientôt alors.

     

        — Oh oui, bientôt.

     

    Gina cale sa tête dans le creux de mon cou, je la garde blottie contre moi. Elle s’endort peu de temps après, et je reste éveillé une partie de la nuit pour veiller sur elle. Durant tout le temps de notre étreinte, elle ne fait aucun cauchemar. Et je commence à croire de plus en plus que ça ira.

     

     

    ***

     

     

     

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    Il est quatre heures et demie quand je descends. Gina dort toujours, Savage est rentré et est parti se coucher dans la chambre de Gina. Je n’avais plus sommeil, j’ai l’esprit trop occupé, et la bouche sèche.

    La dernière marche de l’escalier grince, je vois ma mère dans le salon se tourner vers moi, la télévision est allumée, je souris, je vois que rien n’a changé ici. 

     

        — Tu ne dors pas ? me demande-t-elle.

     

    Je m’approche du grand canapé du salon. Il y en a trois, mais je préfère celui où elle est.

     

        — Non, plus sommeil (je me penche pour embrasser la joue de ma mère) et puis je sais que tu ne dors jamais plus de cinq heures et que tu regardes l’enregistrement de ta série pendant que tout le monde dort.

     

    Je m’installe à côté d’elle, le cuir grince sous mon poids, je manque de faire renverser la tasse bouillante que ma mère tient. Elle lève les yeux au ciel et me donne une partie de sa couverture. Je la remercie et profite de son inattention pour lui piquer sa tasse.

     

        — C’était mon café, jeune homme !

     

        — Maintenant c’est le mien.

     

        — Tu as toujours aimé me prendre ce que je me faisais.

     

        — Tu as toujours aimé partager avec moi.

     

    Ma mère me sourit, elle pince ma joue et me regarde vider la moitié de sa tasse. Je sens qu’elle a quelque chose à me dire. Sa façon de m’observer depuis qu’on est arrivé me l’a fait comprendre. Elle attendait juste le bon moment, et au fond, moi aussi, j’en ai envie de cette conversation.

     

        — Tu te lèves à l’aube pour m’empêcher de savoir que tu n’as pas dormi seul dans ta chambre ?

     

    Je souris, elle n’aura pas sa réponse, pas besoin de lui donner, elle sait tout.

     

        — J’ai beau être contente de t’avoir à la maison mon grand bébé…

     

        — Tu te rends compte que tu me coupes les couilles à chaque fois que tu m’appelles ainsi ?

     

    Ma mère m’envoie une petite tape dans la tête. Bordel c’est très MacGuinness ce geste, toutes les femmes le font.

     

        — Rappelle-toi que si tu les as, c’est grâce à moi.

     

    Nous rions, mais je sais qu’elle va me confier ce qu’elle a sur le cœur et qui la travaille depuis nos retrouvailles.

     

        — …mais je ne suis pas stupide, je t’ai mis au monde et je sais que tu as beaucoup de choses en tête. Qu’est-ce qui t’arrive pour que je sente en toi un tel désespoir ? J’ai l’impression que tu portes sur tes épaules, le poids de tout ton monde, et ça m’inquiète. Tu as l’air heureux, tu as tout pour être heureux, mais il y a cette lueur dans ton regard qui dit le contraire.

     

    Je soupire en dévisageant l’écran de TV plutôt que le regard bleu de ma mère. Un silence s’installe, elle me laisse le temps dont j’ai besoin pour lui répondre. Elle sait que je vais le faire, seulement, comment trouver les bons mots ?

     

        — J’aimerais que ma vie soit un peu plus simple, ces derniers temps… ça n’a pas été facile.

     

        — C'est-à-dire ?

     

        — Mamai, tu ne veux pas savoir…

     

        — Non je ne veux pas savoir ce qui te lis à tes tatouages, tes finances plus que douteuses, tu sais déjà ce que j’en pense. Mais je suis ta mère, et je m’inquiète pour toi, je m’inquiète depuis que je n’ai pas eu besoin de négocier avec mon fils pour qu’il vienne me rendre visite.

     

    Je serre les poings.

     

        — Qu’est-ce qui te ronge autant mon bébé ?

     

    J’hésite, comment lui dire ce qui ne va pas en la protégeant ? Ma mère est une croyante, elle n’accepterait pas la moitié de mes agissements, et je ne veux pas la décevoir malgré tout.

     

        — Je suis noyé sous la culpabilité Mamai. J’ai fait des conneries, certaines avec lesquels je vis sans problèmes, mais une autre que je n’arrive pas à me pardonner.

     

        — Gina ?

     

        — Ouais malheureusement, ma belle Italienne s’est retrouvée en plein milieu.

     

        — Elle est très courageuse, reprend ma mère, je ne me permettrais pas de te demander ce qui s’est passé, c’est préférable que je ne sache pas. Mais je suis une femme, et malheureusement, ce que je pense s’avère être peut-être vrai. Et je pense que vous avez vécu quelque chose de très… difficile. On voit à quel point tu es fatigué Liam. C’est fatigant de tout porter.

     

        — C’est mon devoir, je l’aime, je dois être là pour elle.

     

    Le regard tendre qu’elle me lance me fait clairement penser qu’elle a déjà tout un plan en tête, elle a ce regard qu’ont les mères. Celui rempli de projets, il m’amuserait dans d’autres circonstances.

     

        — Oh oui, tu l’aimes, ça se voit et c’est vraiment beau. Tu n’imagines pas comme je suis heureuse de te voir si épanouie.

     

    Je le vois, comme je vois qu’elle a adopté Gina en 24 h. Mon Italienne l’a séduite avec son caractère et j’en suis ravi.

     

        — Mais… mon bébé, tu as beau avoir bientôt trente ans, tu restes mon petit garçon fragile au cœur tendre. Et même si tu essaies d’être un roc, un jour on arrive à saturation.

     

    Je détourne le regard, je sens que ma vue se brouille et je n’ai pas envie de craquer. C’est mon rôle d’être fort, et pourtant, les mots sortent de ma bouche alors que j’avoue à ma mère ce qui pèse si lourd sur ma conscience.

     

        — Elle me manque tellement si tu savais, j’ai l’impression que je n’arrive pas à éclairer ses parts d’ombres. C’était tellement beau elle et moi Mamai. Tellement beau, tellement sincère. Je n’ai jamais connu ça. C’était interdit, je n’aurais jamais du tomber amoureux d’elle et pourtant je l’aime. Et même si je suis confiant sur notre avenir, même si je sais qu’on va réussir à s’en sortir, à retrouver ce qu’on nous a… pris, parfois, je doute, je ne suis plus sûr de ce que je fais, je ne sais plus quoi faire pour lui rendre ce qu’on lui a pris. Je ne sais plus quoi faire pour croire qu’on pourra un jour être comme avant. Elle me manque… je veux tellement retrouver la femme que j’aime. Celle dont je suis tombé amoureux. Je l’aime quoiqu’ils nous arrivent, je ferais n’importe quoi pour elle, mais parfois c’est douloureux d’être le spectateur à son mal-être et de ne pas pouvoir faire plus…

     

    J’essuie rapidement le coin de mes yeux. Bordel, ce sont des traitresses.

     

        — Tu en fais tellement mon bébé, tellement. Mais c’est dur l’amour. Ce n’est jamais simple quand on a un combat à livrer. Quand on doit se battre à deux contre un vice, un démon, c’est difficile et je sais de quoi je parle.

     

    Mon père a eu une période très sombre et c’est ce qui nous a fait quitter Belfast. On a jamais vraiment su pourquoi, mais les premiers mois de notre arrivée ici ont été difficiles. Ils se disputaient beaucoup, mais ma mère a toujours été là, à le soutenir, à rester présente. Elle lui a apporté le baume dont il avait tant besoin. Quelques mois plus tard, le calme était revenu, et c’était grâce à ce petit bout de femme qui tient toute notre famille.

     

        — Il n’y a que la patience et l’amour qu’on porte à l’autre, tu as le droit de craquer Liam. Quand ça devient trop dur, tu as le droit d’évacuer. Cela ne t’empêchera pas d’être un homme, parce que tout ce que tu fais, c’est déjà être plus qu’un homme.

     

        — Je fais ça bien ? je ne peux m’empêcher de demander.

     

    Maudit soit le doute qui s’est installé.

     

        — Mais oui tu fais ça bien.

     

        — Mamai ?

     

        — Oui ?

     

        — L’amour, ça résout tout ?

     

    Ma mère passe une main dans mes cheveux blonds, je vois que ma question la fait rire. On lui a toujours demandé des trucs farfelus quand on était gamin. « Mamai pourquoi on ne peut pas compter toutes les étoiles dans le ciel ? Mamai pourquoi on ne peut pas attraper l’eau ? Mamai pourquoi je ne peux pas voler ? Mamai pourquoi le sang c’est rouge et pas vert ? »

    Et bien sûr, elle avait toujours réponse à tout.

     

        — Quand on aime, on est capable de tout. Ça va aller mon fils, tu es sur la meilleure voie, et cette femme est celle qu’il te faut. Accroche-toi, ne doute pas, tu fais ce qu’il faut, et je suis fière de toi. Eh oui, l’amour, ça résout tout.

     

    Ma mère pose un oreiller sur ses genoux, je pose ma tête dessus pendant qu’elle remet son enregistrement.

    Je ferme les yeux, bercé par la respiration de celle qui m’a mise au monde, un sentiment de légèreté m’envahit.

    Je sais que j’ai eu raison de venir, pour la voir, parler avec elle-même si je ne peux pas tout lui dire, ma mère comprend tout. J’avais besoin, au fond, d’être rassuré par la seule personne auquel je peux me permettre d’être à découvert. Je sais que demain, je repartirais avec mes doutes en moins, et un nouveau souffle, pour être prêt à affronter nos autres problèmes. Voir ma famille m’a vraiment donné envie d’avoir la mienne et de tout faire pour elle. À commencer par Gina. Lui faire rencontrer ceux qui m’ont vu grandir m’a permis de lui prouver une fois de plus que nous deux, c’est plus que sérieux. Comme un contrat silencieux, notre relation est liée pour toujours, après tout ce que nous avons vécu, on ne peut pas faire machine arrière et séparer nos vies. Non, c’est trop tard, on est lié, et je suis bien content que cela soit le cas.

    Je m’endors sereinement, depuis bien longtemps, sur les genoux de ma mère comme lorsque j’étais gamin. Et ça fait du bien de se laisser aller un peu, de reposer sur quelqu’un qui veillera sur vous.

     

     

    ***

     

     

    J’avais oublié à quel point le foyer des MacGuinness était si accueillant et chaleureux. J’ai dormi jusqu’à huit heures dans le salon, comme lorsque je découchais et que je ne voulais pas être grillé par le parquet. Tout le monde était déjà lever et prêt pour le fameux petit déjeuner que ma mère nous préparer chaque dimanche, le typique petit-déj Irlandais1.

    J’ai été réveillé par l’extrême gentillesse de Keeva qui m’a versé un verre d’eau froide sur la tête, j’ai fait un putain de bond, faisant rire tout le monde, je lui ai hurlé dessus et on a fini tous les deux, sous le tuyau d’arrosage du jardin, en plein mois de mars.

    Je me suis fait engueuler ensuite parce que je ne portais pas de t-shirt, et que personne ne voulait voir mes horreurs sur la peau. Même si j’avais été un bon catholique capable de se tatouer des versets de la Bible.

    On a déjeuné tous ensemble, on a fait découvrir  à Gina les spécialités culinaires, ce qu’on mangeait le matin à Belfast, j’ai bien rit en voyant sa tête lorsqu’elle a gouté aux saucisses irlandaises et au boudin blanc et noir. Je crois qu’elle n’a pas aimé, la grimace qu’elle a tirée me l’a confirmé. C’est vraiment… spécial.

    Ma mère avait prévu le coche, sachant que deux hommes en plus du sien seraient présents, on a mangé comme des ogres. La grande table de la salle à manger était remplie d’œufs, de bacon, du traditionnel Brown Bread2 et de porridge. Je n’en avais pas mangé depuis bien longtemps.

    On a ensuite parlé de tous et de rien, comme à son habitude, lorsqu’on est tous présents, ma mère a sorti nos albums photos, Gina a eu le plaisir de me découvrir dans des tenus et des situations toutes plus gênantes les uns que les autres.

    Les filles ont ensuite préparé le repas du midi, et on est allé jouer avec mon père et le petit voisin au Hurling3. On s’est pris la défaite de notre vie avec Savage qui n’aime pas perdre. J’ai complètement perdu la main à tous ses jeux, et mon père m’a gentiment traité de putain d’Irlandais convertie. Ouais, je ne suis pas comme lui, c’est vrai que je fais beaucoup plus de choses comme un Américain que comme un Irlandais. À commencer par le sport.

    On est ensuite passé à table. J’ai trouvé que Gina était différente ce matin, plus posée, plus calme et sereine. Je n’ai pas arrêté de penser à ce qui s’est produit cette nuit, dans ma chambre d’enfant. C’est plus qu’un petit pas, c’est un pas de géant. Je ne l’ai pas touchée, mais elle oui, je pense qu’elle est prête à réapprendre à explorer ce domaine. Son corps, le mien, et accepter que je parte à la découverte du sien.

     

        — Mon grand frère nous ramène quelqu’un, je commençais à désespérer moi aussi, avec Keeva on pensait que t’étais un gay refoulé qui finirait sa vie avec Savage.

     

    Je me tourne vers Deirdre, elle me tend une Guinness décapsulée. Je l’accepte en la remercient d’un signe de la tête. La casse-couille vient enfin me faire la morale, j’attendais ce moment depuis notre arrivée avec impatience. On a toujours aimé faire ça avec ma sœur.

     

        — Je te rassure, Sav n’aime pas se prendre des bites.

     

        — Pourquoi vous avez testé ?

     

    Deirdre s’appuie contre l’autre partie de la baie vitrée, on regarde le jardin de notre enfance, avec la cabane dans l’arbre au fond. On a fait nos quatre cents coups ici après notre départ de l’Irlande. On a perdu tous nos repères, on a changé de culture, et on s’est raccroché à notre famille. Mes sœurs m’ont fait jouer à des jeux de filles durant des mois avant que je ne me fasse de nouveau copain. Mais j’aimais ça, être le grand frère héros de leur monde. Même si maintenant le héros s’est transformé en vrai lourd surprotecteur.

     

        — Oh plus d’une fois, je plaisante, et puis t’es bien placé toi pour le savoir que Savage est loin d’aimer les queues.

     

    Deirdre me fait un doigt d’honneur en me foudroyant du regard, ouais, elle n’a toujours pas digéré que je lui casse son « coup » avec mon meilleur ami. Deirdre était secrètement amoureuse du bel Irlandais timbré. Elle fantasmait dessus comme j’ai pu fantasmer sur Gina. Je les ai retrouvé une nuit échangeant autre chose que des bels paroles, la pauvre je lui ai mis la honte de sa vie ce soir-là. Trouver sa petite sœur dans les bras de son meilleur pote, une main entre ses cuisses m’a vraiment foutue en rogne, je pense que Deirdre s’en rappellera toute sa vie. Et malgré cette expérience, je n’ai pas réussi à faire la même chose avec Gina.

    Ma petite sœur fait comme si je n’avais rien dit, elle change radicalement de sujet, et je vois bien qu’elle est vraiment curieuse de savoir où j’en suis avec mon Italienne et ce que je prévois.

     

        — Il manque des enfants dans cette maison, lance-t-elle avec innocence.

     

    Je manque de m’étouffer avec ma bière. Elle est pire que Mamai pour glisser leur envie de bonne femme. Je lui lance un clin d’œil en répondant :

     

        — Je n’attends que ça d’être parrain.

     

    L’ainée de mes frangines me dévisage avec son air « attends, tu te fous de ma gueule ? », ce qui me fait rire. Bordel, je me rends compte à quel point j’ai été con de ne pas venir ses derniers mois, ma famille me manquait, emmerder mes sœurs surtout. C’est différent d’avec les mecs, ce monde-là, est à l’opposer du mien, et de temps en temps, retrouver un peu de normalité ne fait pas de mal.

     

        — Si tu laissais un homme s’approcher de nous, je t’en ferais plein. En attendant, c’est moi qui vois l’espoir d’être tante un jour s’agrandir lorsque je vous vois.

     

    Nous nous tournons pour regarder Gina, Savage, Ava et mon père dans le salon jouer à Alea Evangeli4, la version pour quatre, je plains mon Italienne qui ne doit rien comprendre, les trois Irlandais n’arrêtent pas de s’engueuler en Gaélique sur le positionnement des pions. Ce sont tous des mauvais perdants, surtout les membres de ma famille.

    J’observe la femme que j’aime, rire de bon cœur, elle est tellement détendue, comme si elle avait compris que ma famille ne lui ferait aucun mal, elle a levait plusieurs barrières. L’avoir dans mes bras cette nuit m’a fait un bien fou. Ce contact simple me manquait tellement. Même si du coup, je n’ai pas dormi. J’ai profité de ce moment hors du temps.

     

        — Tu vas faire ta vie avec elle non ? Sinon tu ne l’aurais pas ramenée ici et tu ne la boufferais pas du regard.

     

    Je n’ai aucune hésitation.

     

        — Oui, je vais faire ma vie avec elle, je crois que je serais capable de réalisé tous les rêves stupides de Mamai.

     

        — Ouille, tu poserais tes couilles tous les matins sur ta table de chevet ?

     

    Je souris, si elle savait, face à Gina, je suis totalement à ses pieds. Mais je me dois de conserver mon assurance de grand frère

     

        — Si tu savais comment je les utilise mes couilles…

     

        — Pitié, épargne mes oreilles !

     

        — Ne fais pas ta prude, Ava détient déjà ce rôle-là. Et puis quand on laisse la main de mon meilleur pote entre ses cuisses, on peut entendre…

     

    Je n’ai pas le temps de finir que je me prends une gifle derrière la tête. Ses femmes et leurs caractères ! Aucun humour.

     

        — Salop ! T’as dit qu’on n’en parlerait plus jamais !

     

        — Ah ouais j’ai dit ça moi ?

     

    Ma mère intervient à temps. Sa voix gaie résonne dans la pièce à vivre, et l’odeur du sucre et du chocolat envahit mes narines.

     

        — C’est l’heure de souffler les bougies !

     

    On se tourne pour la regarder sortir de la cuisine avec un énorme gâteau. Ma mère se met à chanter Happy Birthday, on rejoint tous la grande table où l’on dépose le gâteau aux 58 bougies. Mon père tente de masquer son émotion, mais son regard bleu le trahit. Tout le monde se tait, et va s’asseoir. On l’observe, attendre. On dirait qu’il compte les bougies et je sens que Gina va découvrir de qui je tiens mon humour plus que douteux.

     

        — Qu'est-ce que les hommes ont en commun avec la cuvette des toilettes, les anniversaires et le clitoris ?

     

        — Teague ! Voyons !

     

    Ma mère tape la main de mon père pour le corriger. Oh elle adore ça, elle tente juste de faire croire le contraire.

    Je termine ma bière et annonce la réponse :

     

        — Ils les ratent tous.

     

    Mon père hoche la tête. Personne ne rit mis à part nous, et Gina qui n’a jamais su résister. Ava remet en place ses lunettes de vue en soupirant, elle est toujours aussi sérieuse, et pose toujours des questions sérieuses :

     

        — Alors Papa, dans dix ans, où te vois-tu ?

     

    Notre père tire sur son cigare en hochant la tête. Il évacue la cendre en trop, son regard est dans le vide, il fait souvent ça lorsqu’il réfléchit.

     

        — Dans 10 ans, j’espère être grand-père depuis un moment déjà, avec vingt kilos en plus, toujours autant amoureux de votre mère. J’espère que mon fils m’aura fait l’honneur d’avoir une vraie vie de famille, que mes filles auront trouvé un mari respectable, et puis j’espère ne pas être un vieux croulant.  

     

    Ma mère se penche vers mon père, elle embrasse sa joue en lui murmurant de gentils mots en gaélique, elle lui dit qu’il est loin d’être un vieux croulant et mes sœurs se mettent à déblatérer des conneries pour qu’on n’entende pas la suite.

    J’aime les voir tous les deux, si complice et heureux, même après tant d’années. Mes parents ont toujours été un exemple pour chacun de nous, et je comprends aujourd’hui, pourquoi, ils me faisaient autant la morale sur ma vie débridée. Les voir ainsi, maintenant que j’ai rencontré la femme de ma vie, me fait comprendre à quel point être avec une personne, est essentiel. Sans m’en rendre compte, je viens saisir la main de Gina, qu’elle serre à son tour en observant mes parents.

     

        — Je suis très heureux de votre présence ici ce week-end, poursuit mon père. La famille c’est ce qui a de plus important.

     

    Il se tourne vers Gina et Savage.

     

        — Et c’est toujours un plaisir d’avoir de nouveaux membres.

     

    Il se penche ensuite pour souffler ses 58 bougies, tout le monde applaudit et Savage, le plus pratiquant, se met à chanter Joyeux Anniversaire en Irlandais. Il nous casse les oreilles, et je vois mes quatre sœurs tomber sous son charme. Quel con.

    Je savoure ce moment de calme et de joie, si je me sentais perdu ses derniers mois, maintenant, je repars du foyer qui m’a vu grandir, remplis de certitudes, et de projets. Ma vie privée ne sera plus comme avant, et je risque d’en surprendre plus d’un, à commencer par moi-même.

     

    Amheliie 

     

     

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    1 : Le petit déjeuner irlandais est composé de : Œufs, de Tranches de Bacon, des Saucisses irlandaises, des Rondelles de boudin noir et/ou blanc (Black Pudding et White Pudding), de Brown Bread, de Porridge, Beurre, Thé irlandais aussi nommé Irish Breakfast Tea, Café, Lait, Jus d’Orange.

    2 : pain brun traditionnel irlandais à base de céréales

    3 : Le hurling est un sport collectif d'origine irlandaise se jouant en extérieur. Il se joue avec une crosse utilisée pour taper dans une balle. Ce sport est une forme de soule à crosse1. Ce sport est considéré comme étant le sport d’équipe le plus rapide

    4 : Jeune d’échec traditionnel de Stratégie par affrontement en Irlande