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Tome 6 : Rhymes

  • Blood Of Silence, Tome 6 : Rhymes, Epilogue

     

    Rhymes

    EPILOGUE

    ***

     

     

    Nous y voilà. On aura attendu cette rencontre autant qu’on la redoute. Les fédéraux ont enfin quitté le coin et les Ritals n’ont pas tardé à rappliquer. Ils ont la vengeance dans le sang, une envie d’en finir que je comprends. Je n’ai envie que d’une chose, que cette merde prenne fin, j’espère seulement que ce ne sera pas à nos dépens. Les Evils sont plutôt confiants, comme si quoi que sorte de cette rencontre, ils en sortent vainqueur. Or, on est tous sur la sellette, chacun veut tuer l’autre clan pour racheter la vie de ceux qui sont tombés. L’objectif, maintenant que nous sommes en bons termes avec les Evils, c’est de trouver un compromis avec les Santorra pour mettre fin à tout ça diplomatiquement. On est prêt à marchander pour ça, à se plier à quelques exigences, parce que la paix n’a pas de prix et qu’on a trop à perdre à entrer en guerre contre une branche de la mafia. Mais, si on n’a pas le choix, s’ils sont trop exigeants on ne se laissera pas faire.

    Les Ritals entrent dans la vieille baraque en ruine qui va servir de décor à cette réunion. Les Evils sont déjà là, au complet, c’est rare de voir leur club en entier, c’est signe que l’affaire à son importance et qu’on peut s’attendre à tout. De notre côté, tout le monde est là aussi, assurer nos arrières est primordial.

    Les Santorra, leur chef en tête font leur entrée dans leurs beaux costumes italiens et s’arrêtent à une distance de sécurité des deux clubs de bikers.

     

    — Messieurs, lance le chef des Ritals en nous lançant un regard menaçant.

     

    Nos présidents et celui des Evils s’avancent et le salut à leur tour. L’ambiance est plus que tendue, on sent que chacun évalue l’autre et qu’il est prêt à tirer au moindre dérapage. J’inspire et me concentre sur les mouvements des ritals en écoutant la conversation qui se tient entre les leaders.

    Je déteste cette sensation, celle qui me dit qu’on doit veiller à tout, qu’on ne peut pas se permettre une minute d’inattention sinon on y laisse la vie.

     

    — On a tissé de nouveaux liens à ce que je vois ? commence l’italien.

     

    — On a toujours bossé avec eux, indirectement, et vous le savez, répond Ab.

     

    Le Rital sourit en secouant la tête.

     

    — Votre nouvelle petite alliance incluait de tuer les blacks ?

     

    — On n’avait pas le choix, lance H, il y avait une balance dans leur rang.

     

    — Évidement. Et comme vous avez le souci du travail bien fait, vous avez repris leurs affaires.

     

    — C’est quoi le problème ? demande Creed en s’avançant nerveux.

     

    — Le problème petit merdeux de Blood, c’est que la trêve a été rompue sans mon consentement, que vous avez fait justice vous-mêmes alors que vous vouliez la paix tant que les fédéraux étaient dans le coin. Le problème, enfoiré, c’est que vous vous êtes foutus de ma gueule !

     

    H retient Creed par le bras, la tension augmente d’un cran, les armes s’enclenchent et chacun est prêt à défendre son clan. Mon cœur accélère, putain de merde, je n’ai pas envie d’assister à une tuerie, je n’ai pas envie de voir mes frères tombés ou d’entrer dans une nouvelle vendetta. On doit régler le problème diplomatiquement sinon on n’en finira jamais.

     

    — On a sauvé votre cul en les butant. Vous seriez en taule à cette heure-ci si on n’avait rien fait.

     

    Tout le monde se tourne vers moi, je parle calmement et avec conviction, ils devraient nous dire merci d’avoir réglé leur merde au lieu de nous fustiger ainsi. Personne ne serait là si on avait laissé les Blacks en vie. Bien sûr qu’on en a tiré parti mais il ne peut pas nous le reprocher, c’est nous qui avons fait le sale boulot, à nous de recevoir la récompense.

     

    — Vous voulez régler cette guerre entre nous, arrêter les tueries et que le business reprenne ? questionne l’italien.

     

    — Vous croyez qu’on est là pourquoi ?

     

    — Je veux un passage vers La Floride pour ma cam.

     

    — Pas question, lance H.

     

    La tension augmente d’un cran, le rital à l’air prêt à exploser. Instinctivement je me rends compte qu’on s’est tous avancé, qu’on encadre nos présidents et que les mafieux ont fait de même. Bon dieu, on dirait des bâtons de dynamites alignés qui ne demandent qu’une étincelle pour exploser. Je regarde mes deux présidents, si d’habitude l’un est plus calme que l’autre, aujourd’hui il n’y a pas de différence, les deux sont prêts à en découdre.

    Je ne leur aie rien dit encore concernant Tennessee, je ne sais pas s’ils sont vraiment concernés, mais tout me laisse penser que oui. Seulement, je me souviens comme si c’était hier de ce qu’il s’est passé quand cette femme est entrée dans leurs vies. Ils se sont retrouvés depuis, ils ont reconstruit leur amitié et amener cette nouvelle, risque de la briser de nouveau. Cependant, ce n’est pas à moi d’en juger, ce n’est pas à moi de décider pour eux alors je leur dirais, mais pas maintenant. Pas tant que la situation ne sera pas plus calme.

     

    — Vraiment ? La paix ne vous intéresse plus on dirait.

     

    Je sens qu’il se fout de nous, comme s’il cherchait un prétexte de plus pour tous nous descendre.

     

    — Soit vous me laissez ce passage, soit je le prends de force.

     

    Des jurons résonnent de notre côté, je jette des rapides coups d’œil à mes frères, ils ont tous leurs têtes des mauvais jours, tous tendus et tous prêts à défendre nos intérêts coute que coute. Les ritals nous cherchent, j’ignore ce qu’ils manigancent mais clairement, ils ne sont pas venus sans une idée de génie dans leurs têtes.

     

    — On ne peut pas, reprend Creed, même si on le voulait, on a assuré notre fournisseur que le territoire était à nous.

     

    L’italien se met à rire.

     

    — On peut trouver un moyen de s’arranger, tente Abaddon.

     

    — Oui, on peut. Le deal est simple, vous me cédez votre passage et on est quitte.

     

    Le silence s’installe, les présidents jaugent le Santorra, un peu trop sûrs de ce qu’ils avancent. On ne va rien lui céder et quelque chose me dit qu’il est parfaitement au courant qu’il n’obtiendra rien.

     

    — Sinon ? demande le président des Evils.

     

    — Sinon, je n’oublie pas qui a descendu mes hommes, il répond en lançant un regard à chacun des Blood.

     

    H et Creed se jettent un regard l’un comme l’autre savent qu’on ne sortira pas de cette entrevue sans que du sang soit versé. Je le vois, le rital n’est pas clair, ses demandes sont trop arrêtées pour quelqu’un qui veut négocier. On ne cèdera rien, parce qu’on ne veut pas et surtout, le cartel, lui ne nous épargnera pas si on deal avec leur territoire les ritals.

     

    — Ce n’est pas possible, je reprends, vous savez parfaitement qu’on ne peut pas, vos exigences n’ont aucune chance d’aboutir à quelque conque terrain d’entente. Bordel vous cherchez quoi au juste !?

     

    L’italien se retourne vers ses hommes sans répondre à ma question, il inspire et secoue la tête l’air de réfléchir. Il prend son temps. La tension augmente alors qu’il ne daigne même pas nous regarder. Les clubs sont concentrés, l’atmosphère devient un peu plus pesante. Je ne comprends pas où il veut en venir. Ce manège qui dure va aboutir à quoi ? On se regarde avec mes frères, l’incompréhension règne entre nous, on se demande tous à quelle sauce le rital va nous manger.

    C’est là que tout bascule. Sans que nous arrivions à le prévoir, le chef des Santorra révèle ses intentions.

    L’action se passe tellement vite que personne ne peut réagir, le temps semble se figé alors qu’une poignée de seconde s’écoule entre le moment où le Rital se retourne, une arme à la main qu’il sort de je ne sais où, il braque la tête d’un des Blood et le coup part sans l’ombre d’une hésitation. Le son retentit entre les murs abandonnés. Figé par le choc et l’incompréhension de ce qu’il vient de se passer, je vois impuissant, le corps de mon frère s’écrouler au sol, un trou béant sur le front.

    Mon cœur fait une embardée dans ma poitrine.

    Il est mort.

    Le Rital vient de tuer l’un des nôtres.

    Un hurlement de rage résonne, il nous faut moins d’un instant pour que tout le monde dégaine ses armes, prêt à riposter. Le choc n’efface pas la haine, l’adrénaline nous pousse à ne pas réfléchir. Le sang appelle le sang, perdu dans la douleur, nous allons franchir une ligne dangereuse, et avant que les tirs ne reprennent, les Evils nous arrêtent en nous bloquant le passage, un démon devant chaque Blood, nous empêchant de tirer.

     

    — Ne faites pas ça ! hurle Zagan.

     

    Le conseil fait échos en nous, si nous tirons, nous serons tous morts et les Evils le savent. Ma main tremble alors que mon doigt se pose sur la sécurité. Ma poitrine me fait mal.

     

    — Casse-toi ! hurle un Blood décidé à ne pas rester impassible.

     

    Je vois mon frère retirer le cran de sécurité, Andras, le Road Captain réagit tout aussi vite. Il saisit le bras du Blood, le tord, l’arme tombe au sol. Il lui assène un coup violent dans la mâchoire pour le stopper avant de le saisir dans ses bras pour le piéger.

    Cette tentative nous fait perdre la raison. On tente de passer de se frayer un chemin jusqu’au rital, les lieux se noient dans un besoin violent de faire justice immédiatement. De verser le sang de chacun de ces enfoirés.

    Il est mort.

    On entend des rires provenant des Ritals. La douleur frappe dans chacune de nos poitrines. Je résiste à la prise du Sergent d’Armes des démons qui est venu me barrer la route. Mes frères se déchainent, un second coup de feu résonne, la balle part se loger dans la poutre, nous figeant tous. J’observe les Ritals qui nous bougent pas. Mon cœur palpite, je m’attends à ce que d’autres coups pleuvent, mais rien.

     

    — Pas maintenant, lance Zagan d’une voix calme, pas maintenant sinon vous allez tous y rester !

     

    Dans quel monde vivent ces enfoirés ! Un de nos frères vient de tomber à nos pieds et il nous demande de ne pas répondre.

    Les Evils doivent faire preuve de violence pour nous maintenir hors de portées des Santoras qui prennent leur disposition. Ils reculent pour se mettre en sécurité, un sourire satisfait sur leur visage. Fiers d’avoir vengé les leurs en usant de fourberies pour nous prendre l’un des nôtres.

    Je n’arrive pas à y croire que le corps d’un Blood est étendu sur ce sol, à pisser le sang.

    Ce n’est pas possible, ça ne peut pas nous arriver, pas après tout ce qu’on a fait pour éviter ça.

     

    — Lâche-moi ! Lâche-moi enfoiré, ou je te bute comme ces Ritals ! hurle un des Blood, sa voix trahissant sa colère et la douleur qui en découle.

     

    Mes frères sont sous le choc, ils ne quittent pas des yeux le corps à terre. Je crois qu’on l’est tous mais qu’on réagit différemment. J’ai l’impression de perdre pied, de manquer de souffle, d’être dans un cauchemar. C’est impossible que ce soit notre réalité. Je m’attends à voir mon frère se relever, nous montrer qu’il va bien. J’attends que la douleur et le choc me réveillent d’un mauvais rêve. Je veux me réveiller, réaliser que je suis auprès de Robyn, et qu’au petit matin, je franchirais la porte du club en sachant très bien que tout ça n’aura pas existé.

    Nergal résiste à ma force, il garde mon arme levée en l’air pour éviter que je n’appuie sur la détente. C’est un corps à corps que je sais perdu d’avance, la douleur m’affaiblit, elle nous affaiblit tous. Ça fait tellement mal.

     

    — Maintenant on est quitte, lance le rital derrière les Evils, ne vous approchez plus de ma famille ou c’est tout votre club que je bute.

     

    Ses mots ne font que raviver la tension. Les insultes pleuvent, chacun déverse sa haine comme il peut, dans des menaces alors qu’on est impuissant face à ce qui s’est produit.

    Avec une indifférence la plus totale, les Santorra quittent les lieux en pressant le pas, bien conscient qu’à la seconde où les Evils nous lâcheront, nous ne répondrons plus de rien. La fureur me gagne. Qu’ils partent alors que l’un de nous est mort, qu’ils profitent de notre stupeur pour s’enfuir comme des lâches.

    Lorsqu’on entend les sons des pneus sur le sol poussiéreux, les bikers nous relâchent.

    Je bouscule le Sergent d’Armes des Evils, ce dernier reste calme, alors chacun des Blood encore en vie encaisse le choc du cauchemar qui se dresse devant nos yeux. Je m’attends à ce que le geste conscient des Evils ne soit la victime de notre rage, mais il ne se passe rien de ça. Nous restons prostrés à se dévisager, en essayant de chercher dans l’autre, une confirmation que ce n’est pas réel. J’ai rarement eu une telle envie de meurtre alors que mes nerfs sont en train de lâcher. Je refuse de regarder le sol, de voir le regard de mon frère perdu dans la mort.

    Ça ne peut pas être vrai. Ça ne peut pas…

    La part lucide de mon esprit sait qu’il a raison, mais la douleur domine, la colère, la rage de voir la vie de l’un des nôtres partir ainsi, prend plus de place. Qu’est-ce qui s’est passé ? Qu’est-ce qu’on a fait ? Je ne vois que le désastre, que le mal et la douleur, que la perte d’un des nôtres, comme ça, d’un coup sans qu’on puisse faire quoi que ce soit, sans qu’on l’ait vue venir et j’ai mal. Mal de voir un de mes frères à terre, à me demander si tout est vrai, si ce que je vois, si ce que je ressens dans ma poitrine qui me fait douter de la réalité c’est produit.

    Ça ne peut pas être vrai.

    Pourtant, lorsqu’un hurlement de douleur résonne dans la veille baraque, un cri à déchirer le cœur, un cri que je n’aurais jamais cru entendre, je prends conscience de ce qui se passe devant mes yeux. C’est notre réalité : un de nos frères est mort.

     

     

    A suivre…

     

    MARYRHAGE

  • Blood Of Silence, Tome 6 : Rhymes, Chapitre 36

     

    Robyn

    CHAPITRE 36

    ***

     

     

    Deux semaines plus tard…

     

     

    Je n’arrive pas à cacher le plaisir que je ressens en voyant le FBI et l’ATF remballer leurs affaires pour rentrer dans leurs locaux. Ils s’en vont après plusieurs mois d’envahissement après une enquête qui n’a servi à rien. Elle nous a coûté cher, nous a privés d’excellents éléments au sein de notre poste de police, on a perdu du temps, nous sommes passés pour des incompétents, incapables de mettre la main sur des voyous. On s’est ridiculisés, à juste titre. Si c’était à refaire, je ferais les choses presque différemment en espérant éviter la mort de Tarryn, mais je n’aurais pas pris la direction que le FBI a prise. Ils nous ont conduits à notre défaite, mais ils ne l’avoueront jamais.

    Ne plus voir l’Agent Ross me ferait presque avoir un orgasme tant je trouve cette perspective réjouissante.

    Ils sont restés trois semaines encore, après s’être rendu compte que tout était foutu. C’était sans l’acharnement du jeune agent. Il ne voulait pas perdre. Je le comprends, de son dossier, ça fait tache, mais on ne récolte que ce que l’on sème lorsqu’on joue avec les lois de la rue. Il ne faut pas s’attendre à de gentilles attentions de leur part.

    J’ai fait en sorte de totalement protéger mes arrières. Personne ne découvrira que les tests étaient en vérité positifs, et si un jour, on le découvre, ce sera un mauvais concours de circonstances. Je doute que le FBI décide de revenir dans les environs avant un moment étant donné ce que cette petite sauterie leur à côté.

    Est-ce que je m’en veux encore d’avoir trahir mon uniforme ?

    Quand je suis avec Rhymes, non. Quand je suis seule, ça m’arrive de culpabiliser. De penser que peut-être, je serais capable de franchir la limite de nouveau. J’en doute, mais ça ne me rassure pas tellement. Je vais devoir me prouver à moi-même que je suis toujours la même, amoureuse, mais pas stupide.

    On peut le faire, je veux y croire.

    J’observe les derniers agents venus prêter main forte pour déménager les dossiers. Ross ne prend même pas la peine de venir nous saluer, Ed et moi. On se met à rire lorsque le dernière FED quitte notre établissement pour de bon. Un silence apaisant gagne les lieux, nous nous dévisageons tous, locaux de la police. Un sentiment de sérénité persiste, nous prouvant que nous en avons fini de les supporter, nous allons pouvoir nous remettre au boulot sur nos différentes affaires. À commencer par neutraliser les petits gangs.

    Une fois tout ce bordel disparu, je m’apprête à demander à Ed s’il serait partant pour une petite virée chez les Wanderers, quand Bobby, vient m’interpeler, l’air indécis et inquiet. Je fronce les sourcils en croisant les bras. Ed m’indique qu’il reviendra plus tard et disparait telle une tornade.

     

    — Shérif ? finit-il par demande.

     

    — Oui Bobby ? je réponds en cachant mon inquiétude.

     

    Je prie secrètement que mon geek ne m’annonce pas de mauvaises nouvelles.

     

    — Est-ce qu’on peut se parler une minute.

     

    J’acquiesce. Ça pue l’embrouille. Bobby n’est pas du genre à afficher cette tête, il est plutôt cool, ne se posent pas trop de questions sauf lorsqu’il découvre une information capitale qui peut nous mettre dans la merde ou faire avancer les choses.

    Je commence à croire que nous n’allons pas tarder à regretter les agents du FBI.

     

    — Viens, entrons dans mon bureau pour être au calme.

     

    Je lui fais signe de passer le premier, il s’exécute. Je remarque un dossier imprimé dans sa main. Je jure en espérant que ça n’est pas de rapport avec la raison du départ des FEDS. Il ne manquerait plus qu’ils reviennent.

    Je fais signe à Bobby de s’asseoir, il décline l’invitation. De mon côté, je préfère être assise pour encaisser le choc d’une mauvaise nouvelle.

    Connaissant le geek en face de moi, je sais qu’il ne tournera pas autour du pot.

     

    — Je t’écoute, je finis par lancer d’une voix calme.

     

    Mon palpitant se met à battre plus fort.

     

    — Il y a plusieurs semaines, vous m’aviez demandé discrètement de continuer à creuser en profondeur le passé des Blood Of Silence.

     

    — C’est exact.

     

    Qu’est-ce que tu as découvert, bon sang !

    Mal à l’aise Bobby se met à tanguer d’une jambe à l’autre en passant une main dans ses cheveux courts. Il me jette un regard furtif, essayant de trouver les mots justes pour m’annoncer les résultats de sa recherche.

    C’est si terrible que ça ?

     

    — Je suis remonté il y a environ cinq ans. J’ai fait une découverte vis-à-vis d’une situation que je ne pensais pas importante il y a des mois. Je suis désolé, j’aurais dû être plus… précis à ce sujet. Mais je n’aurais pas cru qu’une histoire comme celle-ci puisse m’amener à découvrir ça.

     

    Je fronce de nouveau les sourcils, je ne suis pas certaine de bien comprendre.

     

    — Ça ? je répète.

     

    Il acquiesce en s’approchant de mon bureau pour me donner son dossier.

     

    — Regardez.

     

    Je l’attrape, l’ouvre sans attendre et commence à feuilleter son contenu. Mon visage doit prendre une expression de sidération. Je regarde les photos qu’il a pu dénicher à plusieurs reprises. Les certificats, les informations qu’il a récoltées.

    Mon cœur se fige, je laisse échapper un profond soupir. Ce n’est pas une bombe, c’est un ouragan si ça s’avère être vrai. Si ça les concerne vraiment.

    Quel bordel ça va être !

    Je tâche de ne pas trop montrer ma surprise, mais je le suis. Je me demande ce que je vais faire de cette nouvelle. En parler à Rhymes, c’est sûr, je ne peux pas cacher ça. Pas à mon homme. Pas quand c’est SON club et ses frères qui sont concernés.

    Cette information ne relève pas d’un secret ou même d’une juridiction qui pourrait les envoyer en prison, c’est simplement… une bombe.

     

    — Si j’avais su que cette femme avait été plus qu’une simple conquête sur le tableau de chasse de deux bikers, j’aurais creusé plus. Nous aurions pu nous en servir contre eux.

     

    Un moyen de semer la discorde. Effectivement, si j’avais eu cette information il y a des mois, j’en aurais usé. Brisant la confiance entre frères. La panique aurait été notre principal atout dans notre lutte. Mais ça ne s’est pas passé ainsi. On ne peut pas refaire le passé.

    Bobby semble attendre un sermon ou quoi que ce soit d’autre, mais je n’en fais rien. L’erreur est humaine.

     

    — Je m’en occupe Bobby, merci à toi, je conclus.

     

    Le geek semble surpris.

     

    — C’est tout ?

     

    J’acquiesce.

     

    — Tu as fait ton boulot. Merci. En revanche, peux-tu rester discret à ce sujet ? je lui demande.

     

    Ma demande ne le dérange pas. Il ne pose pas de questions non plus. C’est un soulagement, autant que son expression sur son visage qui se détend subitement.

     

    — Je suis une tombe, boss, me confirme le geek flic.

     

    Il m’offre un clin d’œil avant de s’éclipser, me laissant seule avec mes nouvelles informations. Je passe une main sur mon visage, encaissant la révélation. Je regarde de nouveau les photos montrant Creed Harps en compagnie d’une belle blonde, ainsi que Hurricane Cortesi en compagnie également de cette belle blonde. Ce sont des photos issues de caméras de surveillance de la ville. Puis, mon attention se porte sur une qui date d’il y a quelques semaines, dans l’état voisine au nôtre, au nord. C’est cette même femme avec cinq ans de plus, toujours aussi superbe, mais avec quelque chose de différent. On pourrait croire aux premiers abords que ce n’est rien, mais avec les papiers joints de Bobby, j’ai la confirmation que c’est vrai.

    Seigneur, c’est une bombe qu’il vient de déterrer. Et si jamais, cette bombe est véritablement liée aux Blood Of Silence, je me demande qu’elle va être leur réaction.

    Mauvaise, je n’en doute pas.

    Je saisis mon téléphone, le déverrouille et envoie un SMS à Rhymes.

     

    MOI, 14h56 : Toujours OK pour ce soir, chez moi ?

     

    Il faut qu’on parle de tes deux queutards de présidents, j’ai une bombe à leur annoncer. Sa réponse ne se fait pas prier.

     

    RHYMES, 14h57 : Toujours, bébé.

     

    MOI, 14h58 : connard.

     

    Je repose mon téléphone, à présent certaine

    Je n’ai rien dit à Rhymes pour ne pas davantage éveiller ses soupçons, puisque ce matin, chez lui, nous avons convenu d’aller chez moi. Le VP va se demander ce qu’il me prend, et je doute qu’il a conscience de la bombe que je m’apprête à fourrer dans la vie des Blood Of Silence.

    Ce n’est pas avec ce genre de nouvelle que je vais me faire une place dans sa vie auprès de ses frères. C’est une certitude.

     

    ***

     

    Lorsque je pousse le seuil de la porte de chez moi, je suis accueillie par une odeur divine provenant de la cuisine. Rhymes est bien là, en avance. Je suis toujours surprise de le retrouver chez moi. Pourtant, je commence à sévèrement m’y habituer de partager mon espace avec lui. À vrai dire, si j’étais du genre solitaire, la vie de célibataire à deux avec lui me plait, parce qu’il n’y a qu’avec lui, que le terme en couple ne me fait plus fuir. J’ai envie d’être avec lui. Malgré la longue liste qui devrait nous empêcher de l’être. Je pense qu’on s’y fera, je pense qu’on a plus envie de se prendre la tête, et puis je pense en étant certaine que nous sommes fatigués de lutter contre nos sentiments. On a décidé de se lancer dans notre aventure. Si on commence petit à petit à prendre nos marques, le reste est d’une simplicité déconcertante à partir du moment où nous respectons trois règles :

    Il n’est plus le VP en affaires des Blood Of Silence lorsqu’il passe cette porte.

    Je ne suis plus la Shérif du comté qui veut le mettre derrière les barreaux.

    Nous ne parlons jamais d’affaires qui pourraient nous amener à nous croiser.

    Vu qu’on s’y tient, ce n’est que du plaisir le restant du temps. On continue de se découvrir, on partage énormément de points en commun et de valeurs. J’adore ce côté taquin que nous avons, cette façon de chauffer l’autre, de le pousser à bout pour le faire succomber. Le sexe est au summum, c’était toujours d’une intensité qui me déconcerte. Je n’ai jamais connu une pareille alchimie avec un homme avec le Blood. On a beau ne pas être du même côté de la loi, le reste fait que nous sommes faits pour être ensemble. Je m’en rends compte un peu plus chaque jour quand on se réveille l’un un côté de l’autre. Il a beau mettre un cuir et moi un uniforme, ça ne compte plus quand il n’y a que nous. C’est compliqué de le faire comprendre à sa famille, je m’en rends bien compte, mais je pense avoir fait mon petit effet lors de notre première rencontre. Seul le temps nous le dira. Mais j’ai l’assurance que Rhymes ne lâchera pas le morceau. Si je suis dingue de lui, il est tout aussi fou de moi. Au moins, nous sommes deux dans cette galère ?

    Un jour, nous voudrons encore plus que ce que nous avons déjà, je le sais, Rhymes aussi. C’est dans l’ordre des choses. On se rencontre, on se cherche, on succombe, on tombe amoureux, on décide de s’aimer, on commence à construire une vie à deux, et d’autres souhaits se mêlent à la partie. Ce jour-là, nous verrons si c’est faisable ou pas. Nous sommes intelligents, capables de beaucoup de choses. À deux cerveaux, les problèmes semblent moins complexes.

    En attendant, je compte bien profiter de ce connard de biker pour moi toute seule. L’avantage d’être l’exclu de service, c’est qu’il me consacre beaucoup de temps en tête à tête.

     

    — Hé, bébé ! lance Rhymes en riant.

     

    Je lève les yeux au ciel. Ce surnom m’agace autant qu’il me fait craquer, mais je ne lui avouerai pas. Je dépose mes affaires près de l’entrée, retire mon arme et mon insigne que je range dans le tiroir. Je détache mes cheveux, ouvre quelques boutons de mon uniforme, retire mes chaussures et attrape mon dossier. Je m’approche du VP qui hache des légumes. Il m’amuse à prendre ses marques dans ma maison comme s’il était chez lui. Bientôt, Rhymes apportera une brosse à dents et des fringues à ce rythme.

    Je dépose le dossier sur la table de la cuisine, puis l’enlace en passant mes bras autour de sa taille pour me blottir contre lui. Son odeur m’envahit, son corps massif contre le mien me rappelle d’intéressants ébats.

    Cet enfoiré m’a manqué aujourd’hui. Est-ce que c’est censé faire ça, quand on… tombe réellement amoureux d’une personne ?

     

    — Robyn… commence le Blood en me sentant mes doigts joués avec sa ceinture.

     

    Je ris à mon tour en embrassant son dos. Je reste sage à savourer simplement ce contact.

     

    — Ca va ? je l’interroge.

     

    — Toujours, c’était la journée oncle et nièce, et toi ?

     

    Je souris, Rhymes est dingue de Harley. On dirait un papa poule. Il est protecteur et aimant. Les gamins ne lui font pas peur. L’espace d’un instant, je me demande quel genre de père il serait avec ses propres enfants.

    Je me raidis en pensant à sa question. Je n’ai pas le temps de faire face que l’atmosphère se gorge d’un léger malaise révélant qu’il y a un problème.

    Rhymes s’arrête de découper ses légumes. Il se tourne pour me faire face. Son regard bleu croise le mien, ses mains mouillées saisissent mon visage.

     

    — J’aime pas du tout l’air que tu as, lance-t-il.

     

    — Je crois que tu ne vas pas aimer ça non plus.

     

    Nous nous dévisageons un instant, j’hésite, je cherche la meilleure façon de lui parler de ma découverte sans que ça n’en pâtisse sur nous. Évidemment, ça ne nous concerne pas, mais c’est moi qui vais lancer la bombe et ça va être à Rhymes de prendre la décision de la déclencher ou pas.

    On a le chic de se compliquer la vie.

     

    — Est-ce qu’on pourrait parler ? je demande en montrant le dossier d’un signe de tête.

     

    Le Blood prend un air suspicieux qui ne trahit pas son inquiétude. On vient de sortir de plusieurs semaines désagréables où nous aurions pu nous retrouver dans une autre situation. Lui comme moi, n’avons guère envie de recommencer.

     

    — Est-ce que ça concerne notre règle numéro trois ?

     

    Je secoue la tête.

     

    — Il n’y a rien dans ce dossier de compromettant pour le club. Tu sais très bien que si j’avais des preuves contre vous, je me tairais.

     

    Rhymes me sourit, bien conscient de ça.

     

    — C’est un des moyens de pression que j’aurais aimé avoir il y a quelques mois, j’explique.

     

    Le VP acquiesce, visiblement soulagé, mais pas tant que ça. Je suis certaine qu’il est en train de se faire des films pour savoir ce que mon geek aurait pu sortir que son geek de frère n’aurait pas contré.

    Je lui fais signe de venir s’assoir en face de moi sur la table de la cuisine. Face à face, je prends le temps de réfléchir en attrapant le dossier. Ce n’est pas la shérif qui parle au biker, c’est la compagne à son amant. Je n’ai plus besoin de cette information pour les faire chanter ou pour leur mettre la pression.

    Mon regard croise le sien, je lui souris en voyant son air sérieux, Rhymes fronce légèrement les sourcils, une ride se dessine sur son front, le rendant sexy.

    Je garde la tête haute.

     

    — Écoute, je commence, j’avais un gars encore sur votre cas. Il devait creuser plus en profondeur vos passés respectifs. Honnêtement, je pensais qu’il avait arrêté ses recherches, mais aujourd’hui, j’ai compris qu’il continuait.

     

    Une tension nait entre nous. Rhymes reste calme, mais la préoccupation le marque de plus en plus.

     

    — Je crois que ça pourrait intéresser votre club ce que j’ai appris. 

     

    Rhymes se raidit, prêt à encaisser le choc, il attend davantage d’explications, je vais lui en donner une partie, notamment, en levant le voile sur qui ces dernières concernent.

     

    — Il y a cinq ans, j’ai appris que tes deux présidents avaient eu une liaison avec la fille de l’ambassadeur des Pays-Bas, une certaine Tennessee Van der Vaast. Mon geek a un peu creusé et… voilà.

     

    Je lui tends le dossier. Il glisse sur la table en bois lorsque Rhymes le récupère. À la mention de la femme, le VP s’est tendu. Mon cœur bat vite quand je le vois l’ouvrir, se figer, le feuilleter avec une telle rapidité. Son visage est noyé sous la stupeur. Il comprend où je veux en venir. Ce doute qui plane. Les dates, les événements. Il y a bien quelque chose.

     

    — Bordel de merde ! jure-t-il. On vient de sortir d’un bordel, et voilà qu’on en découvre un autre de taille !

     

    Le VP se frotte la barbe en regardant de nouveau les photos, ainsi que les documents, justifiant le tout.

     

    — Qui est au courant ? finit-il par me demander.

     

    Mon cœur bat à tout rompre, je m’interroge sur sa future réaction, qu’est-ce qu’il va faire ?

     

    — Personne si ce n’est moi, mon homme et toi. Qu’est-ce que tu vas faire ?

     

    Rhymes secoue la tête, visiblement sous le choc, je l’imagine très bien dresser toutes les possibilités.

     

    — Je ne sais pas comment, mais il va falloir que j’en parle…

     

    — Cette femme… je commence.

     

    Mais le Blood m’interrompt.

     

    — Elle n’a apporté que des ennuis, me coupe Rhymes. Tennessee a failli déchirer notre club il y a cinq ans en se tapant Hurricane puis Creed.

     

    Je ne fais pas de commentaires, pourtant, du peu que je sais de leur monde, une femme en passe de devenir une régulière ou qui l’est déjà, n’a pas à avoir ce genre de comportement. Je me demande comment les deux présidents, frères de cœur, ont fait face à cette tornade : aimer la même femme. Aujourd’hui, ils ne semblent pas y avoir de malaise, alors qu’est-ce qu’il s’est produit pour que cinq ans plus tard, elle en soit là. Vu la tête de Rhymes, ils n’étaient pas au courant.

     

    — Tu penses que c’est lié au club ? je demande quand même.

     

    Le VP hausse les épaules, vraiment indécis.

     

    — Peut-être, je ne peux rien dire, ce n’était pas mes histoires. Ça ne concerne qu’Hurricane et Creed.

     

    Rhymes soupire en se laissant aller contre le dossier de sa chaise. Je suis désolée de le mettre dans cette position délicate.

    Je décide de lui laisser quelques minutes de solitude pour peser le pour et le contre, il a sans doute un coup de fil à passer. Peut-être que notre soirée tombe à l’eau. Je ne lui en voudrais pas. C’est moi qui ai mis ça sur le tapis.

    Je me lève de ma chaise, je vais aller prendre une douche.

     

    — Robyn ? m’interpelle Rhymes.

     

    Je m’arrête, me retourne pour lui faire face.

     

    — Oui ?

     

    — Merci.

     

    Je souris en lui jetant un clin d’œil.

     

    — Ça fait deux, VP, je plaisante.

     

    Le Blood reprend du poil de la bête en entendant ma remarque. L’atmosphère se détend un peu.

     

    — Tu agis comme une vraie régulière et franchement, ça me fait bander comme jamais.

     

    — C’est ta façon de me dire que tu es dingue de moi ? je plaisante.

     

    — Exactement, tout comme je sous-entends que j’adorerai m’envoyer en l’air sous ta douche pour chasser ma mauvaise humeur.

     

    — Tu ne feras rien ce soir ? je demande, surprise.

     

    Rhymes referme le dossier en secouant la tête. Il vide ses poches sur la table, retirant portable, portefeuille et arme.

    La tension se transforme en quelque chose de sexuel qui explose, nous prévenons de la prochaine marche à suivre. Ses yeux bleus ne quittent pas les miens.

     

    — Non, cette nuit, je reste avec ma régulière, je compte bien jouer avec ses propres menottes, la faire jouir et hurler, avant de la trainer devant la télé pour profiter d’elle, déclare Rhymes avec un sérieux ne trahissant presque pas son désir.

     

    À ses mots, j’ai déjà chaud.

    Je rougis en me mordant légèrement la lèvre. Je lui jette regard lubrique.

     

    — Alors qu’est-ce que tu attends ? Je compte bien rejouer avec mes menottes, je le provoque.

     

    J’ouvre le bal, et Rhymes me rejoint en courant dans les escaliers. Sans doute, nous n’atteindrons même pas la salle de bain pour ce round un. Qu’importe, nous ne sommes plus pressés à présent. Notre « nous » existe bien, et on compte le faire perdurer en s’aimant avec cette satanée intensité.

     

    AMHELIIE