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Jäger (M/M)

  • Jäger, Chapitre 33

    Epilogue

    ***

    Markus

     

     

    Banlieue parisienne, France

    Janvier 1977

    Dix ans plus tard.

     

     

    Je donne quelques billets au taxi qui m’a conduit jusqu’ici depuis l’aéroport. Le gars me salut avant de démarrer. Je reste un moment dans la rue à savourer le calme du quartier et cette plénitude qui signifie qu’on est rentré chez soi en un seul morceau.

    J’aime bien Paris, mais depuis quelques années, j’ai commencé à apprécier sa banlieue, même s’il y a des gosses et des vieux, même si certains voisins peuvent être indiscrets, c’est un changement qui nous convient.

    Je dévisage la petite baraque beige, mais déjà plus grande que l’appartement en plein cœur de la capitale. Elle est sur deux étages, et se fond parfaitement dans le décor chaleureux.

    Les idées du flic sont souvent folles, mais étant donné que je suis incapable de lui dire non, il obtient toujours ce qu’il veut. Primo a eu envie de quitter l’effervescence de Paris pour le calme d’une maison. J’ai dit oui.

    Je fouille dans les poches de mon blouson en cuir pour en sortir les clés de cette dernière. Je passe le portail en fer noir que je referme en le claquant, je vérifie le courrier, mais à part le journal et des pubs, il n’y a rien d’autre. Je marche vers la porte en bois, l’ouvre également avant de déposer mon sac à l’entrée.

    Mon cœur s’emballe quand je pénètre les lieux. Rien n’a changé depuis mon départ, les meubles sont toujours à leur place, Primo a arrêté de tout bouger. Les murs peints en verts me font toujours sourire, on a un sévère problème de décorations dans cette baraque. Rien ne va ensemble, mais qu’importe, c’est chez nous.

    Je prends quelques instants pour me refamiliariser, ça fait quatre mois que je ne suis pas rentré, j’étais en Israël avec Max pour régler des affaires avec le Mossad sur l’organisation. Les choses vont beaucoup changer dans les prochaines années, entre le temps qui nous rattrape tous et la levée de certains secrets défenses, le calme plat ne va pas rester très longtemps encore. On a déjà connu pas mal de remue-ménage suite au procès de Kauffmann, qu’il a perdu. Il a été condamné à mort pour ces crimes, et même si justice a été rendu, ça n’a pas été simple de faire le deuil de ce passé violent et hanté. J’ai dû faire un sacré travail sur moi-même. Quand on se tient en vie grâce à la colère et au besoin de vengeance, lorsque ces sentiments disparaissent, on doit apprendre à vivre sans.

    Par chance, j’avais Primo à mes côtés, et même si je ne suis pas le plus bavard quand il s’agit de ce que je ressens, le flic a appris à lire entre mes lignes, et c’est aussi désarmant que soulageant de pouvoir s’en remettre à quelqu’un.

    Il règne un apaisement bienfaiteur entre ces murs. Une sensation que je n’ai jamais connue avant d’avoir Primo dans ma vie. Avec lui, j’ai un point d’ancrage, un lieu que je peux nommer comme étant chez moi, loin de ma réalité parfois violente où mes actes peuvent parfois peser sur ma conscience. C’est comme un oasis soulageant les maux invisibles.

    Mon regard traine vers le salon, où une tasse de café froide ainsi qu’une pile de rapports de la BRI trônent sur la table basse face au poste de télévision. Il y a une partie de notre bibliothèque commune, où des livres en allemand et en français se mélangent. Je me rappelle de cet après-midi-là, quand certains de mes cartons sont arrivés d’Allemagne et que Primo voulait à tout prix qu’on mélange nos bouquins. Je trouvais ça ridicule, mais pas lui. Il a gagné une fois encore.

    Dans un coin de la pièce, le Chandelier de Shabath et le Mezouza sont fièrement posés face à un exemplaire de la Torah.

    Je suis fasciné par sa croyance et la foi que Primo possède. Ça fait bien longtemps que je ne crois plus en rien, mais le voir croire lui, me prouve que les choses peuvent être infiniment grande.

    Ma main passe ensuite sur la veste en cuir de Primo accroché au porte-manteau. Je retire la mienne avant de continuer mon chemin vers la commode contre l’escalier montant à l’étage.

    Un sourire se dessine sur mon visage en voyant la dizaine de photos trônant dessus. C’est comme sur les murs, il y en a de partout. Je me moque souvent en disant que cette baraque ressemble à un musée, mais je comprends le flic. Celui qui reste seul ici à m’attendre au quotidien, c’est lui, pas moi. Et dans la solitude, face au manque de la personne qu’on aime, on fait ce qu’on peut.

    Je les connais toutes par cœur. La première a été prise quelques mois après nos retrouvailles, on est allé à Berlin où j’ai pu montrer à mon compagnon certains vestiges de mon passé. Il y en a d’autres, plus intimes, de lui ou de moi. J’en ai eu identique de Primo prise un été sur la plage. Il a une expression sur ce cliché qui exprime tant de joie, et cette lueur dans son regard, bordel j’en suis fou. Je m’accroche à cette photographie quand je suis loin de lui, comme si c’était une bouée de sauvetage lorsque ça ne va pas, que la traque est longue et compliquée.

    Quand on a décidé de se donner une chance il y a dix ans, on a dû faire face aux réalités de nos existences respectives. Je ne pouvais pas quitter la Jägerdunkle, Primo ne voulait pas quitter la BRI. On a dû s’organiser, faire des sacrifices, s’adapter à nos emplois du temps respectifs, vivre entre les allers-retours de l’un et les dangers de deux professions qui ne sont pas communes. On a vécu à cheval entre Paris et Berlin. Si aux yeux des autres, nous ne sommes que des amis, aux nôtres, nous savons ce qu’il en est.

    Je regarde la photo de groupe prise dans le jardin de la maison de la mère de Primo. Sa famille est géniale, je les ai rencontrés un été. Sa sœur est adorable. Leur mère est une femme d’une incroyable bonté qui accepte son fils comme il est, et qui m’a accepté aussi. Je sais que ces proches savent que je suis allemand, difficile de taire mon accent de toute façon, on a simplement fait le choix de taire certaines informations.

    On essaie de se libérer pendant les fêtes pour aller les voir, Primo a cinq nièces et neveux qui grandissent et font son bonheur quand il les voit. Si on ne sera que tous les deux, ça nous convient, savoir qu’on a une famille quelque part, c’est bon.

    Mon regard se pose sur la photo de mon flic lors de la remise de sa décoration. La fierté se lit sur son visage. Primo est devenu Lieutenant il y a trois ans. Il gère une brigade entière à la BRI. Son boulot le passionne, même s’il s’énerve souvent au téléphone le soir en me racontant sa journée, je ne regrette pas qu’il n’ait pas claqué la porte, il aime tellement ce qu’il fait.

    J’atterris dans la cuisine, c’est le bordel, je crois que le flic est parti en catastrophe ce matin. Mon regard se pose ensuite sur le frigo, Primo a toujours ce foutu calendrier où il fait un décompte des jours qui restent avant mon retour. J’arrive à donner une date approximative pour nos retrouvailles. Primo a ses petites habitudes qui me font sourire et gonfle mon cœur. Chaque petit détail me prouve que c’est du sérieux nous concernant, plus que jamais.

    Je suis tombé raide dingue de lui, j’en ai eu peur, mais passé cette dernière, quand j’y pense, je me dis que ça devrait être interdit d’aimer quelqu’un à ce point. C’est tellement intense et fort entre nous, que parfois, les mots me manquent. C’est une sensation aussi destructrice que bouleversante de ressentir ça. Partager sa vie avec une autre personne est déjà un grand pas pour l’homme, mais la partager avec quelqu’un qu’on aime autant, c’est une aventure des plus fantastiques. Alors bien sûr, au quotidien, ce n’est pas simple, on s’engueule comme n’importe qui, on claque des portes et on jure comme des Chartier, avant de se calmer en se défoulant sur l’autre par la meilleure façon qu’il soit. Quand son corps et le mien se cherchent et s’aiment avec cette passion dévorante qui n’amène qu’au plaisir à au renforcement de ce putain de lien entre nous.

    Je frissonne en y pensant. Je suis rentré exprès aujourd’hui pour les quarante-trois ans du flic. J’ai raté Noël et le jour de l’an, je n’allais pas passer à côté de ça non plus, même si je lui ai fait croire que je serais de retour dans une dizaine de jours.

    Je me sors une bière du frigo en attendant l’arrivée de Primo, vu l’heure, il ne devrait arriver d’ici une heure.

    À peine j’ai le temps de la décapsuler que le bruit de la porte d’entrée résonne. Je fronce les sourcils, il rentre plus tôt que je ne l’aurais cru.

     

    — Markus ? lance une voix familière remplie d’espoir.

     

    Je pose ma bière près de l’évier en me maudissant, tu parles d’une surprise. J’ai dû laisser mon sac dans l’entrée.

     

    — Markus ? répète Primo d’une voix tendue.

     

    Je souris, je pourrais rester planqué dans la cuisine en faisant mariner le flic, mais je suis trop impatient de le revoir.

    Je me montre et Primo secoue la tête en me voyant, il se fige. Ses yeux s’écarquillent, la stupéfaction se lit sur son visage. Il est debout dans le couloir, les bras chargés de dossiers, ses cheveux bruns sont un bordel sans nom, comme s’il avait passé sa journée à se fourrer les mains dedans pour ne pas hurler sur ses incapables de collègues. Mais ce que j’aime par-dessus tout, ce sont les petites rides aux coins de ses yeux. Ce mec devient de plus en plus bandant au fur et à mesure des années.

     

    — Surprise, je déclare en m’appuyant contre la porte de la cuisine.

     

    Le flic pose au sol son bordel. Il fait un pas vers moi, la joie se dessinant sur son visage, mon cœur s’emballe. Il arrive à ma hauteur, l’atmosphère se gorge d’une tension sexuelle palpable.

     

    — Bordel, t’es rentré. Dis-moi que je ne rêve pas ? poursuit le français.

     

    Ma main se pose sur sa hanche, je l’attire contre moi d’un geste brusque pour le coller contre mon corps. Primo fourre ses doigts dans mes cheveux, son souffle se mélange au mien. Je le serre contre moi, il n’imagine pas comme ça me fait un bien fou de le retrouver.

     

    — Est-ce qu’on rêve de ça ? je déclare en frottant mes hanches contre les siennes.

     

    Le lieutenant secoue la tête en souriant. Et bordel ce sourire m’avait tellement manqué. Ses yeux bleus si expressifs m’ont manqué.

     

    — Tu m’as manqué, je souffle contre sa bouche.

     

    Le flic m’observe un instant avant de m’embrasser. Nos lèvres se retrouvent enfin après de longs mois d’éloignement. Je profite de chaque instant, de la chaleur de sa bouche dévorant la mienne avec envie, à frottement de ma barbe de quelques jours contre sa peau, à la caresse humide de sa langue jouant avec la mienne, à la tension grimpant rapidement avec ce besoin de l’assouvir.

    Je romps le baiser avant qu’on ne finisse comme la dernière fois, à baiser sur le plancher du couloir, incapable de retenir ce désir explosant entre nous.

    Les bras de Primo me maintiennent contre lui, ma tête se perd dans son cou.

     

    — Ne pars plus comme ça. Quatre mois Markus, souffle-t-il.

     

    — Je sais.

     

    Je viens de passer dix longues années à courir le globe pour terminer de retrouver les fuyards de DISPARAITRE. Jamais je n’aurais cru que la quête soit si longue. Elle n’est pas terminée, il reste quelques noms sur une liste à Berlin, mais dans l’ensemble, en l’espace de dix ans, j’ai réussi à mettre la main sur une dizaine d’entre eux.

    Je passe ma vie dans les avions, mais dès que je peux, je rentre ici. Je vais de moins en moins à Berlin, l’Allemagne a beau être ma patrie, les choses changent tellement durant mon absence que j’ai du mal à me retrouver. J’aime mes racines, je ne les renie pas, simplement, j’ai appris à en aimer d’autres. Tout comme je suis fou quand le flic se met à parler allemand. En dix ans, j’ai essayé de le faire devenir bilingue, et même si ce n’est pas gagné, quand il se met à parler ma langue maternelle, je ne réponds plus de rien. Généralement, l’histoire se termine sur une surface plane sans aucun vêtement. Et j’aime ça.

    Nous restons l’un contre l’autre, incapable de se décrocher du corps de l’autre. Le manque est écrasant et les retrouvailles sont toujours fort intéressantes.

    Je sens le regard scrutateur de Primo sur moi, comme pour vérifier que je sois toujours entier. On a vécu des retrouvailles où l’inquiétude venait gâcher ce moment, mais pas aujourd’hui.

    Pas de blessés, par de danger, juste nous.

     

    — Tu restes combien de temps ? demande Primo en chuchotant à mon oreille.

     

    Toujours.

     

    — J’ai demandé à Max si je pouvais régler des affaires personnelles. J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer, d’ailleurs.

     

    Primo s’écarte, la méfiance le gagne, la dernière fois que je lui ai dit ça, j’ai atterri en Israël pour régler les affaires et faire le choix du récit de l’Histoire.

     

    — Si c’est une nouvelle qui t’envoie je ne sais où durant plusieurs mois, t’es gentil, tu t’abstiens de me la communiquer, m’avoue le flic.

     

    Je secoue la tête, je sais que Primo ne se doute pas un instant de ce que j’ai à lui annoncer. C’est une décision que j’ai prise au court de ses derniers mois. Elle trottait déjà dans mon esprit lorsque j’ai refusé de prendre la direction de l’organisation à la mort de Ralf, laissant à Max les rênes. Durant notre périple, j’ai longuement discuté avec lui, avec le traqueur et l’ami. Il ignore les détails de mon histoire avec Primo, même si je sais qu’il se doute de quelque chose, il n’en dit rien. J’ai l’impression que les choses doivent changer pour nous aussi. DISPARAITRE ne sera bientôt plus qu’un souvenir, et même si c’était le combat de ma vie ses dernières années, il devra se terminer sans moi.

    J’inspire longuement en croisant le regard bleu qui n’attend que mes mots.

     

    — J’ai demandé à Max s’il pouvait m’accorder le repos.

     

    Primo se fige en comprenant ce que ça veut dire. Je lui en ai parlé une fois. Comme n’importe quel guerrier, il arrive un jour, où les chasseurs désirent passer la main et prendre ce repos mérité après un service long, compliqué et fastidieux.

     

    — Markus…

     

    Je glisse une main dans ses cheveux en l’attirant davantage contre moi.

     

    — Hé, je ne le vis pas mal d’accord ? Je viens de passer vingt-cinq ans de ma vie à traquer des monstres, j’ai contribué à la justice du mieux que j’ai pu. J’ai envie d’autres choses.

     

    Mon front se pose contre le sien.

     

    — Je n’ai plus envie de ces au revoir à l’aéroport, de ce truc dans tes yeux qui me demandent si je reviendrai entier. On mérite un peu de paix, tu ne crois pas ?

     

    Primo acquiesce.

     

    — Et Berlin ? ose-t-il me demander.

     

    — Berlin c’est mon identité, mais je ne me sens plus chez moi, là-bas. C’est ici chez moi, c’est avec toi. Alors si tu es d’accord, je reste à Paris. Je devrais faire quelques allées retours dans l’année à Berlin pour voir ma sœur et régler quelques affaires avec Jägerdunkle. Mais j’aimerai me poser pour de bon ici, chez nous.

     

    Quand je pars, je vis avec ces moments où nous partageons notre vie ensemble. À tous ces instants simples, mais importants pour moi. Et ce manque qui se créer, à quarante ans passés, je n’ai plus envie de me battre contre lui, je veux le laisser gagner. Je veux que Primo arrête de m’attendre, qu’il n’y ait plus de case à cocher, d’appel tard le soir à l’autre bout du monde. J’ai juste envie d’un truc simple maintenant, sans pourtant oublier ce qu’on a vécu.

     

    — Qu’est-ce que tu vas faire ? m’interroge Primo, soucieux.

     

    J’ai largement le temps de me demander ce que je ferais. Je perçois son inquiétude, le flic sait quelle importance avait pour moi la traque des nazis. À quel point, ce besoin de justice m’a tenu en vie et m’a porté la tête hors de l’eau durant des années.

    C’était avant lui.

     

    — Je ne sais pas, mais je sais que mon institution saura me remercier pour le travail que j’ai accompli depuis si longtemps.

     

    — Est-ce égoïste de ma part d’être heureux d’apprendre ça ? m’avoue-t-il.

     

    Un sourire se dessine sur mon visage.

     

    — Non, c’est normal. Je t’ai imposé un mode de vie particulier, où l’inquiétude et le manque étaient notre quotidien.

     

    Primo acquiesce, ses mains saisissent mon visage pour m’attirer contre le sien.

     

    — Mais c’était bien Markus, c’était plus que je ne pensais avoir. Même si on a vécu séparé durant plusieurs mois, je ne pourrais jamais oublier ce que ça faisait de te retrouver.

     

    — Merde on va vivre dans une routine affolante, je plaisante.

     

    — Elle m’ira aussi, conclut le flic.

     

    Parfait.

     

    — Au fait. Joyeux Anniversaire, je souffle.

     

    Primo prend un air malicieux en me dévisageant, l’atmosphère dans le couloir prend quelque degré alors que sa respiration se met à révéler l’étendue la tension régnant entre nous.

    Je te veux, plane dans l’air.

    Et moi aussi.

     

    — Et j’ai droit à un cadeau ? m’interroge le flic sur un ton léger.

     

    — Bordel ce que tu veux, je réponds sans hésitation.

     

    Le flic enlace nos doigts et me tire vers l’escalier. Je le suis en comprenant. Et bon sang, je ne veux que ça, retrouver cette putain d’intimité qui m’a tant manqué.

     

    — J’espère que t’es en forme, rit Primo en montant les premières marches.

     

    — Toujours, je réponds.

     

    Il me jette un clin d’œil avant de se retourner pour grimper les autres marches, sa veste manque de m’atterrir dessus quand il la jette suivis de près par sa chemise.

    Mon regard ne se décolle pas de son cul, heureusement que la chambre n’est pas loin, sinon, le couloir du haut m’aurait convenu.

    Je me surprends toujours du bonheur que cet homme me donne. Comme si ce n’était pas vrai, mais Primo a un talent saisissant pour me prouver le contraire. Notre amour existe, il est né dans des circonstances compliquées, où la vérité était parfois masquée par la peur. Mais il est vrai, quoi que les gens en disent, quoi que la loi en pense. Quand il me dit qu’il m’aime, quand il me le prouve par des gestes, même si j’ai longtemps pensé le contraire, je sais que ce n’est rien de mal. On ne fait rien de mal, et j’aime ça, moi aussi, lui montrer et lui dire.

    Peut-être qu’un jour prochain, nous n’aurons plus besoin de vivre cachés. Peut-être que je pourrais saisir sa main en pleine rue sans risque, et qu’on pourra s’embrasser en plein aéroport pour se dire au revoir. En attendant, je savoure l’instant tout comme je bénis le ciel d’avoir quelqu’un qui m’aime pour qui je suis et que je peux appeler mien malgré un passé compliqué, où normalement, nous n’aurions pas dû nous aimer, lui le français, et moi l’allemand.

     

     

     FIN

     

    AMHELIIE