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Dangerous Heartbeat

  • SORTIE DANGEROUS HEARTBEAT

     

    Coucou tout le monde ! 
    Ca y est ! Nous sommes le 14 décembre ! Et DangerousHeartbeat sort ENFIN ! 
    Amazon, Lulu, et Kobo ont été adorable avec nous cette fois-ci ! Tout c’est super bien passé, et j’ai le plaisir de vous glissez les liens pour découvrir l’histoire de Wolfgang et de Dawn 

    AMAZON KINDLE : http://www.amazon.fr/Dangerous-Heartbeat-Amheliie-ebook/dp/B00QZCL94S/ref=sr_1_11?s=books&ie=UTF8&qid=1418509392&sr=1-11

    KOBO FNAC : http://store.kobobooks.com/fr-FR/ebook/dangerous-heartbeat

    LULU.COM (version papier) : http://www.lulu.com/shop/amheliie/dangerous-heartbeat/paperback/product-21951480.html

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    Bonne lecture à tous !
    Merci de nous suivre ! 
    N’hésitez pas à nous faire revenir vos chroniques et avis, et à partager le post si le cœur vous en dit. 

    Pleins de bisous
    Amheliie & Maryrhage

  • Dangerous Heartbeat, Chapitre 15 : Quelque part à la fin de toute cette haine, Il y a une lumière devant qui brille dans la tombe, C'est la fin de toute cette souffrance.

     Hey tout le monde !

    Dernière chapitre avant l'épilogue ;)

    Sniff c'est bientôt fini... ^^

    Bonne lecture à tous !

     

    Bizz

     

    Amheliie

     


     

     

    Dawn

    CHAPITRE 15

    Quelque part à la fin de toute cette haine

     Il y a une lumière devant qui brille dans la tombe

     C'est la fin de toute cette souffrance1

     

     

     

    Je crois que je suis sous le choc.

    J’ai encore l’esprit figé dans le souvenir de la vision tremblante de mes mains couvertes de sang, comme si j’avais une image sous les yeux qui m’empêchait de voir qu’à présent, elles étaient dépourvues de trace rouge.

    Ses  mains me renvoient en pleine figure ce qui s’est passé, me rappelant que non, je ne rêve pas. J’ai bien eu le sang de mon amant sur moi, tachant ma robe blanche. Je sens toujours l’humidité du tissu qui s’est collé au corps sans vie de l’homme qui jusqu’à présent, respirait.

    Autour de moi, tout semble au ralenti, j’entends des voix, je sais qu’on me parle, mais je n’arrive pas à me concentrer. Je reste figé sur ce que mes yeux ont vu, sur ce que mon esprit a retenu. Les cris de peur, la cohue, le mouvement de foule. Le regard perdu de Wolf qui sombrait dans le néant. Son visage figé par le choc et la douleur. Et ce sang, seigneur tout ce sang, il y en avait de partout. J’en ai de partout sur moi. La plaie béante de sa poitrine n’arrêtait pas de saigner…cette chaleur qui se dissipe peu à peu.

    J’ai l’impression d’être dans un cauchemar, ou un film d’action, celui qui finit mal. Ceux dans lesquels le héros ne survit pas. Oui, j’ai la sensation de ne plus être dans la réalité, car, ce que je suis en train de vivre, ne peux tout simplement pas ce produire pour de vrai. C’est invraisemblable !

    Pourquoi j’ai l’impression que tout s’effondre ? Le château de cartes s’écroule, comme le roi de pic s’est couché.

    Je dévisage mes mains qui ne sont plus ensanglantées, mais l’image persiste, et ma vue devient trouble. Non, je ne dois pas pleurer, je ne dois pas paniquer non plus, je dois rester forte. Wolf n’est pas encore mort, il est seulement…

    En train de se vider de son sang dans une salle d’opération, comme il l’a fait dans tes bras.

    Bon sang !

    Je sens de l’humidité sur mes joues, que rapidement, je viens essuyer. Rob apparait devant moi, il a retiré sa veste de costume noir, défait sa cravate de la même couleur, et sortie sa chemise blanche tachée de sang. Il est au téléphone avec quelqu’un. Il n’y a que lui et moi dans ce hall d’attente à côté des salles d’opération. Nous n’avons échangé presque aucun mot. Pourtant Rob aurait des choses à me dire étant donné ce qui s’est passé. On se soutient mutuellement dans ses longues minutes d’attentes où chaque instant peut basculer dans le chaos.

    J’ai peur de voir franchir un médecin de ses portes sans vitres. J’ai peur d’une nouvelle que je n’arriverais pas à accepter.

    Je suis tellement en colère à l’intérieur, mélanger à l’incompréhension, au choc. J’en veux à n’importe qui, n’importe quoi. Je pense, je n’arrête pas de penser à ce que je ne lui ai pas dit, à ce que j’aurais aimé lui dire si jamais ce soir, il ne s’en sort pas.  Je regrette de ne pas lui avoir dit que je le voulais lui que je n’avais pas à réfléchir d’attendre ou pas pour savoir si je le veux dans ma vie, en temps que compagnon, amis et amant. J’ai besoin de l’avoir dans ma vie, je ne pensais pas le retrouver, et dès que j’ai pu, j’ai paniqué et réclamer du temps pour me poser et peser le pour et le contre. Tout était déjà réfléchit, c’était inévitable lui et moi, sans concession, sans réfléchir, c’était prévisible depuis des années. Wolfgang Carpenter était pour moi, l’homme qu’il me fallait, qu’importe ses défauts, tout est différent lorsqu’il ne s’agit plus que notre relation.

    Et si jamais, ce soir il ne s’en sort pas, je n’aurai eu droit qu’à une seule journée de joie à ses côtés, une seule. Après douze ans de séparation, et dix-sept autres à se chamailler. Je n’aurais jamais eu Wolfgang à moi, j’aurais eu des miettes, et des remords. S’il ne survit pas, il ne saura jamais à quel point j’ai pu l’aimer durant toutes ses années, à quel point, tout ce qu’il m’a dit qu’il voulait, je le voulais aussi.

    Je sors de mes pensées en entendant Rob revenir vers moi, il s’assoit à mes côtés, toujours au téléphone. Il a l’air épuisé.

     

        –   Non papa, je n’ai toujours pas de nouvelle… non… on attend avec Dawn… elle va comme une femme qui a vu son compagnon se prendre une balle… je lui dirais… oui je t’appelle dès que j’en sais plus… embrasse maman.

     

    Rob raccroche, il soupire et s’appuie contre le dossier de la chaise en plastique bleu et très inconfortable. Il se tourne vers moi, son visage tente de paraitre moins inquiet.

     

        –   Dawn ? T’es avec moi ?

     

        –   Je crois, je réponds d’une voix sans sentiments.

     

        –   Ça va ?

     

    Je lève les yeux vers lui, puis vers les portes restées closes depuis que nous sommes arrivés. Ma poitrine se serre, mon rythme cardiaque s’accélère, et une boule insupportable se noue au creux de mon ventre.

     

        –   J’ai peur Rob, je lâche en tremblant.

     

    Rob se penche vers moi, il remet en place sur mes épaules, sa veste de costume.

     

        –   Moi aussi j’ai peur, me confie-t-il.

     

    Je reste figé sur l’expression que le frère Carpenter dégage, la peur marque son regard. Elle est omniprésente dans cette

     

        –   Je ne suis pas faite pour monde Rob, je suis l’opposé de ce que vous êtes.

     

        –   Effectivement, tu n’es pas de notre monde Dawn, tu ne l’es plus depuis longtemps. Tu es tellement mieux que tout ça. (Rob soupire, il secoue la tête, comme dégoutter) tellement mieux qu’une vie remplie de danger qu’engendre notre métier. On aurait jamais dû te faire revenir, tu n’aurais pas à vivre ça à présent. Je suis désolé.

     

        –   Tu n’as pas tiré toi Rob.

     

        –   Non, mais ça n’enlève pas le mal.

     

    Non c’est sur, ça n’enlève en rien la douleur qui né dans ma poitrine.

     

        –   C’était ton père au téléphone ? je demande.

     

        –   Oui, il a appelé Lud pour avoir des infos.

     

        –   La police à quelques choses ?

     

    Rob secoue la tête, je ne suis guère étonné. Pourquoi il aurait des pistes ? Après tout, si ça vient de « l’interne » du milieu, les flics ne sauront rien. Mais je sais qu’il y aura une enquête.

     

        –   Et… est-ce que toi tu sais quelques choses ? Je poursuis.

     

    Je me connais, je préfère parler de tout et de rien, de tenter d’occuper mon esprit plutôt que de penser à ce qui fait mal.

    Rob me regarde longuement, je pense qu’il est en train de comprendre un paquet de choses en l’espace de quelques minutes.

     

        –   Mon frère t’a tout dit alors…

     

        –   Oui.

     

    Je m’attends à recevoir une correction made in Robert Carpenter, avec regard noir, et menace, mais il n’en fait rien.

     

        –   Je ne peux pas lui en vouloir. Douze ans c’est long, c’est cruel. Il a tellement sacrifié.

     

        –   Douze ans à se sacrifier pour sa famille, effectivement Rob, c’est long, et c’est cruel. Surtout quand on voit le dénouement de tout ceci… est-ce que tu penses que ce sont vos associés ?

     

        –   Je ne pense pas, je suis sur. J’attends seulement de voir comment va Wolf, pour me pencher sur l’affaire et tuer celui qui a tenté de buter mon frère.

     

    Je décèle beaucoup de colère dans les mots de Rob, c’est ce qui se produit lorsqu’on touche à un membre de la famille Carpenter. Le besoin de vengeance est grand. Et je sais avec certitude qu’ils se vengeront, quel que soit l’état de Wolf.

    Le silence revient dans ce couloir sinistre. J’ai sommeil, je pense que c’est les nerfs qui commencent à lâcher peu à peu.

     

        –   Dawn ?

     

    Rob me fait sursauter.

     

        –   Oui ?

     

        –   J’ai besoin de savoir un truc.

     

        –   Je t’écoute.

     

        –   Si jamais Wolf s’en sort… est-ce que tu vas rester avec lui ? Entrer dans nos vies ? Es-tu prête à supporter notre monde ?

     

    Je dévisage le frère de mon amant, je m’apprête à répondre, lorsque les mots m’échappent. Il y a quelques instants de cela, j’étais sur de moi, prête à dire oui, à tout ce que Wolf voulait et maintenant qu’une autre personne me le dit, j’hésite.

    Bordel je suis complètement chamboulé !

     

        –    Rob c’est… écoute… même si…

     

        –   Même si tu l’aimes… tu n’es pas sûr de rester.

     

    Je dévisage mon beau frère, comment il a fait pour deviner mon doute.

     

        –   Il m’a déjà laissé pour mon bien… je ne peux pas, je ne sais pas si j’ai assez de force pour entrer dans votre monde même si je vous porte une profonde affection depuis l’enfance, tes frères et toi, vous êtes comme de ma famille et… ça m’a fait mal lorsque j’ai appris que tout ce que je pensais été faux. Et aujourd’hui, j’ai la preuve sous mes yeux que votre monde est ce que les rumeurs disent… je suis celle qui fait tomber les méchants, celle qui enquête sur les méchants, je ne suis pas la journaliste qu’on embauche pour redorer le blason des méchants. Je n’aurais pas du être celle qui tombe amoureuse du méchant. Rob, regarde-moi et soit sincère, qu’est-ce que ton frère a de bon aujourd’hui ? Plus rien… Il blanchit de l’argent, tue les gens qui se mettent en travers de son chemin ! Il est malsain, égoïste, froid et blessant même envers les gens qu’il aime. Je ne peux pas l’aimer… pas en sachant que du sang coule sur ses mains. Pas en sachant qu’à chaque fois qu’on sortirait il risquerait de se prendre une balle parce qu’il a les flics aux trousses ou que ses associés ont des doutes sur lui… pourtant, je l’aime et je suis toujours là. Je suis perdu Rob.

     

    Je suis perdu et à deux doigts de m’effondrer.

     

        –   Tu te trompes… tu as toujours était ça dose de bien Dawn. Qu’est-ce qu’il va faire à présent si tu veux t’en aller ? Et toi ?

     

    Voyant que je n’arrive pas à répondre à cette question, Rob passe un bras autour de mes épaules et vient me coller contre lui, comme pour me réconforter.

     

        –   Dawn tu es perdu, ne pense pas à attendons de voir ce que nous dira…

     

        –   Monsieur Carpenter… ?

     

    Rob et moi nous nous tournons brusquement vers un homme en tenue de chirurgien. Nous nous levons de nos sièges pour faire face au médecin. Mon cœur bat à toute allure.

    C’est le moment.

     

        –   Rob Carpenter, je suis le frère de Wolfgang.

     

    Rob serre la main du chirurgien en se présentant. Ce dernier se tourne vers moi.

     

        –   C’est…

     

        –   Une amie, je réponds.

     

    Voyons la tête que pond le chirurgien, Rob s’empresse de me corriger.

     

        –   Sa compagne. Dawn est la compagne de mon frère.

     

        –   Sachez que le règlement stipule que seule la famille a le droit d’être ici.

     

        –   Comment va mon frère plutôt ?

     

    Le chirurgien retire son calot bleu, il pousse, un profond soupire. Ce n’est pas bon, quand un médecin fait une tête pareil, c’est rarement pour annoncer une bonne nouvelle.

     

        –   Votre frère est dans un état critique Monsieur Carpenter, il a perdu beaucoup de sang. La balle qu’il a reçue a créé une plaie au niveau du ventricule gauche du cœur, l'atteinte du ventricule droit est de meilleur pronostic que celle du ventricule gauche, mais il ne faut pas se fié seulement au pronostic.  Votre frère un putain de chanceuse, il est arrivé en état de mort apparente aux urgences ce qui rendait ses chances de survie quasiment nulle. La balle a fait des dégâts provocants une importante hémorragie au niveau du thorax. Nous avons réussi à retirer la totalité du projectile qui n’était pas sortie suite au tir, nous le remettrons à la police. Nous avons noté une commotion cérébrale due au choc de sa chute aussi. Je pourrais vous dire avec certitude, qu’à quelques centimètres près, votre frère y passait sur ce trottoir.

     

        –   Et maintenant ?

     

        –   Maintenant, il a été placé en soin intensif, il est sous respirateur, et divers appareils, que je lui retirerai lorsque je jugerai son état satisfaisant. Je ne me prononcerais pas sur un pronostic vital en vous affirmant que votre frère est hors de danger. 75 % des patients décèdent dans la première vingt-quatre heures de l’incident. Nous verrons comment Monsieur Carpenter supporte le retour d’opération, c’est à lui désormais de se battre pour survivre.

     

    J’ignore pourquoi, la boule de stress ne me quitte pas. La peur est toujours présente, parce que même si je sais qu’il n’est pas mort, je n’ai pas la certitude qu’il est hors de danger.

     

        –   Est-ce qu’on peut le voir ? je demande.

     

        –   Pas plus de deux personnes à la fois.

     

        –   Quand est-ce qu’il va se réveiller ?

     

    Le chirurgien soupire, comme si mes questions l’agaçaient.

     

        –   Je ne peux pas être certain, dans le meilleur des cas, demain, sinon, dans les jours qui survient. Je reviendrais vers lui pour voir si le respirateur lui sera nécessaire ou pas dans quelques heures.

     

        –   Merci doc, lance Rob.

     

        –   J’ai fait mon boulot.

     

        –   Dawn ? Tu viens ?

     

    Je dévisage Rob, il attend une réaction de ma part. Je découvre chez lui, une personnalité que je ne pensais pas découvrir. Celle du grand frère inquiet pour son petit frère entre la vie et la mort. Je n’avais jamais vu sur le visage de Rob, pareille expression.

    L’homme en costume tâché du sang de son frère, Rob nous attendait aux portes de la salle de réception, il a tout vu, et s’est jeté sur son frère lorsque celui-ci à toucher le sol. Wolf m’avait dit qu’entre eux, ça n’allait pas fort, mais dans un drame comme celui-ci, les broutilles ont s’en moque.

    Il ne m’a même pas demandé ce que je faisais là, il m’a simplement emmené avec lui. Les parents de Wolf sont rentrés il y a peu de temps, sa mère n’arrivait pas à tenir. Le stress d’être ici a complètement chamboulé cette femme, son enfant entre la vie et la mort, l’anéanti, elle s’est évanouie deux fois, alors le père de Wolf a décidé de l’a ramené chez eux. Je sais que Ludwig ne devrait pas tarder à nous rejoindre, il est en ce moment même avec l’avocat chez les flics pour tenter de comprendre ce qui s’est produit.

    Moi aussi je tente de comprendre ce que s’est passé, pourquoi on a tiré sur Wolfgang. J’ai compris, avec les confidences de mon amant qu’il n’était pas quelqu’un au blason très propre. C’est un homme d’affaires corrompu par l’illégalité, mais qui joue avec le feu auprès des flics. Si jamais quelqu’un le savait, ou bien, se pourrait’il que ses « associés » aient jugés que les vagues vis-à-vis de cette enquête puissent leur nuire et que mon amant soit devenu une menace ? C’est sans doute ça, sans doute que quelqu’un à juger que Wolf était devenu trop dangereux.

    Rob me dévisage longuement, il attend un signe de ma part, est-ce que je vais avoir le courage de m’en aller ? Est-ce que je juge la situation trop insupportable ? Est-ce que je vais avoir la force d’entrer dans cette chambre en sachant que tout se joue encore et que je peux très bien le toucher ce soir, et le perdre pour de bon demain ?

    Je ferme les yeux, et sans réfléchir plus, je rejoins Rob, je ne serais pas de taille à être autre part qu’ici, même si cet hôpital désert me terrorise.

    Rob nous emmène devant la chambre 1480 du service de soin intensif, le couloir est plongé dans le noir, il est tard et tout semble s’être arrêté pourtant.

    Lorsque je pousse la porte de la chambre, je sens cette sensation de froid et d’aseptiser propre aux chambres d’hôpital. La pièce est peu éclairée, les stores sont tirés, et seule la lumière au-dessus du lit est allumée. Des bips et des bruits de machines résonnent, ma poitrine me serre, tellement c’est inquiétant comme atmosphère. Je pense craquer en voyant Wolf entendu, pâle et livide allongé sur ce lit. Il est tellement faible et donne une vision de lui que je ne lui connaissais pas. Je suis partagé entre l’envie de partir de cette pièce qui n’évoque rien de rassurant, et rester quoiqu’il arrive.

    Je regarde Rob tirer l’un des sièges pour s’asseoir aux côtés de son frère, il me fait signe de prendre le seconde siège de l’autre côté. Je ne réfléchis pas, je marche, et pars m’asseoir à mon tour. J’hésite quelques secondes à saisir sa main, mais je finis par craquer. Sa main est froide entre mes doigts. Wolf apparait si froid.

    Je m’étais retenue toute la soirée de pleurer, mais à cet instant, je ne peux plus. Je m’effondre dans cette chambre calme où rien ne peut me rassurer et apaiser mon inquiétude. Rob reste, il ne dit rien, et j’apprécie tout de même sa présence, même si ce n’est que du silence. Après tout, il n’y a rien à dire.

                                           

     

    ***

     

     

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        –   Monsieur Carpenter.

     

    Je quitte la contemplation du vide pour dévisager la personne qui a rompu ce silence pesant. Un homme d’une cinquantaine d’années referme la porte de la chambre de Wolf. Il a l’air… froid.

    Nicholas, le père de Wolf, assis à côté de moi, ferme son journal, tout comme moi, il dévisage ce visiteur qui ne s’est pas encore présenté. Seule la famille a le droit de venir voir Wolf. Une semaine qu’on organise des rondes avec les membres du clan Carpenter. Wolf n’est jamais seul. On attend tous qu’il décide de se réveiller. C’est lui qui a toute les cartes en main. Le plus gros du « travail » a été fait, il a survécu aux premières heures de l’opération, puis aux premières vingt-quatre heures, et aux deux premiers jours sans déclencher des complications… personne ne comprend pourquoi il met autant de temps à reprendre connaissance.

    Le visiteur me dévisage à son tour.

     

        –   Mademoiselle…

     

        –   Dawn Teal, je réponds, d’un ton méfiant.

     

    Le père de Wolf se lève de sa chaise, il vient saluer l’homme qui vient d’entrer dans la chambre, en lui tendant une main amicale. Cet homme est vraiment l’exemple même de l’individu poli et courtois dans n’importe quelle situation. Je crois bien que c’est le seul entre nous tous, à rester maitre de lui.

     

        –   Inspecteur Murphy, Monsieur Carpenter.

     

    Je me fige en entendant son nom… Murphy… l’agent du FBI.

    Nicholas arrête de lui serrer la main en comprenant qui il est. C’est lui.

     

        –   C’est donc vous celui qui est responsable de tout ça, je lâche d’un ton peu accueillant.

     

    Le flic décide de m’ignorer ce qui me déplait.

     

        –   Je suis l’agent du FBI qui collabore avec Wolfgang, je ne suis pas celui qui a appuyé sur la gâchette de l’arme à feu qui a mis votre fils dans ce lit. Je suis seulement celui qui est chargé de l’enquête concernant mon meilleur indict.

     

        –   Vous avez des pistes ? demande Nicholas.

     

        –   Peut-être avons-nous les mêmes.

     

    Le regard assassin que s’échangent les deux hommes veut tout dire. Ils sont en concurrence sur cette affaire, le premier qui trouvera le coupable à tout ceci sera le grand « gagnant » et fera

     

        –   Mais non, mon enquête est au point mort. Seulement, nous pensons que l’agression est sans doute liée, à l’enquête préliminaire concernant le blanchiment d’argent et le viol de la pute. Les vagues de cette enquête ont eu des répercussions dans les milieux moins connus de votre entreprise Monsieur Carpenter, ceux qui a pu affoler vos associés et leur donner la brillante idée de s’en prendre à votre fils.

     

    L’agent du FBI montre du doigt Wolfgang étendu sur son lit inerte. Il dégage une vision plus qu’inquiétante.

     

        –   Et pourquoi Wolfgang en particulier ?

     

    Murphy passe une main dans ses cheveux gris, un rire ironique s’échappe de ses lèvres.

     

        –   Voyons, votre fils est celui qui se montre le plus. Il est le plus détestable, et c’est celui qui va sans doute prendre votre place dans quelques années. L’homme à abattre c’était lui.

     

    Je lâche la main de Wolf que je ne lâche quasiment jamais, pour serrer les poings, je n’aime pas cet homme, ce qu’il envoie est mauvais.

     

        –   Donc vous pensez que c’est l’un de leurs associés qui a orchestré la fusillade. Que comptez-vous faire inspecteur contre ça ?

     

        –   Moi ? Rien, puisque je ne trouverais rien. Mais je sais que justice sera rendue. Mais Monsieur Carpenter ne vous attendait pas à ce que je vous laisse agir sans vous compliquer la tâche. Je venais vous informer qu’une enquête allait être ouverte.

     

    Nicholas Carpenter hoche la tête, le flic se tourne vers moi, je le massacre du regard, à part venir rependre sa haine il n’a rien fait d’autre. Je ne connais pas cet homme, mais à cet instant, je le hais.

    Il s’apprête à quitter la chambre lorsqu’une information lui revient à l’esprit.

     

        –   Ah et une dernière chose… Si jamais votre fils s’en sort, nous accepterons de rompre notre « contrat ». Votre avocat trouvera sans problème un motif pour l’annuler, et nous ne nous y opposerons pas. Je pense que ce qui vient de se passer ainsi que l’enquête préliminaire qui devrait se tasser d’ici quelques semaines pour de bons, vont anéantir sa couverture, garder un indic qui ne nous est plus utile serait stupide.

     

    Je dévisage l’agent du FBI, je croirais rêver ! Je me lève d’un bond de ma chaise, en le pointant du doigt.

     

        –   Vous êtes une putain de raclure !

     

        –   Mademoiselle, ne me forcez pas à vous arrêter pour outrage à agent.

     

    J’ignore sa remarque tout comme il m’a ignoré depuis son entrée dans la chambre.

     

        –   Vous acceptez de le laisser tranquille si jamais il s’en sort ! Regarder ce que vous avez fait ! Avec toutes vos conneries, il s’est pris une balle ! Merde ! Il va peut-être mourir ! Il est sans doute déjà en train de…

     

    Je n’arrive pas à finir ma phrase. Bon sang, je croirais halluciner !

     

        –   Je tenais à vous annoncer la nouvelle moi-même, monsieur Carpenter. Mon service et moi, allons seller ou faire disparaitre les preuves concernant notre accord avec votre fils pour le protéger d’éventuelles menaces ou fuite dans le futur.

     

        –   Si mon fils s’en sort, souligne Nicholas.

     

    Murphy nous offre un sourire forcé. J’ai l’impression que lâcher Wolfgang l’emmerde profondément.

     

        –   Bien entendu. Mais si jamais votre fils ne survit, nous tâcherons de protéger sa mémoire…

     

        –   J’ai une question ! je demande sans sympathie. Sans cet incident, vous auriez fait preuve de… coopération ? Vous l’auriez laissé partir aussi… « Facilement » ?

     

    L’agent me répond au tact au tact, ce qui me prouve qu’il connait la réponse depuis longtemps.

     

        –   Non, nous aurions négocié plus ardemment.

     

        –   Vous faites ça seulement par pitié pour un mourant c’est ça ?

     

    Murphy s’adresse au père de mon amant, le ton qu’il emploie me fait de la peine, tant il me renvoie en pleine figure que les gens, en dehors de sa famille, n’aiment pas Wolf.

     

        –   Je n’aime pas votre fils, monsieur Carpenter, je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi… insupportable. Il est l’image même de l’homme pourri par le pouvoir. Et même lorsque je l’ai mis sur le fait accompli en lui imposant cette mission d’informateur, il a su tourner ce handicap à son avantage. Votre fils est le pire individu que j’ai rencontré dans ma carrière, il est indescriptible tellement il est unique dans son genre. Alors non, je n’aurais aucun sentiment de compassion pour lui, à l’égard de ce qu’il est, je regretterais seulement la source qu’il était… Je ferais parvenir à votre avocat les papiers.

     

        –   Merci inspecteur.

     

    J’admire Nicholas Carpenter, je n’aurais jamais remercié un homme qui insulte son fils dans le coma et sans la possibilité de se défendre.

    Je n’ose même pas imaginer la réaction qu’aurait eue Wolf en ayant entendu de pareilles « insultes » le concernant, surtout, venant de l’homme qui lui a pourri la vie durant douze ans.

     

        –   Je parle en temps que père, et je compatis tout de même à votre douleur Monsieur Carpenter.

     

    Sans dire un mot de plus, l’inspecteur Murphy quitte la chambre froide de Wolf. Je reporte mon attention sur mon amant. Il n’a pas bougé, et je désespère.

     

        –   Ma belle ?

     

    Je me tourne vers Nicholas qui rassemble sa veste de costume et ses affaires qu’il a apportées pour la journée.

     

        –   Nous devrions rentrer, les visites sont finies.

     

    Je secoue la tête.

     

        –   Je veux rester… je… je n’ai pas la force de rentrer chez moi toute seule sachant que lui l’est…

     

        –   Tu es certaine ?

     

        –   Oui, je veux être là si jamais…

     

    Nicholas hoche la tête à son tour. On ne parle pas beaucoup tous, après tout, il n’y a rien à dire d’autre. C’est fait, on ne peut pas revenir en arrière, nous devons attendre tout simplement.

    Le temps est simplement très long.

     

        –   Je rejoins sa mère, elle n’est vraiment pas bien. Tiens-moi au courant, quoi qu’il se passe, je préférerais entendre ta voix.

     

        –   D’accord.

     

    Nicholas Carpenter vient m’embrasser le front. Il me laisse seule la seconde d’après. J’ai apprécié passer cette journée avec lui. Il a su détendre l’atmosphère pesante, il m’a parlé de son fils lorsqu’il était petit et des débuts de Wolf dans la société. J’apprécie vraiment ce père de famille qui se donne entièrement.

    J’ai reçu des SMS de mes parents, d’Aubrey aussi qui s’excusait pour tout ce qu’elle avait dit. Marco aussi m’a envoyé un SMS, Jax est passé. Mais aucun n’a réussi à alléger cette douleur dans ma poitrine.

    Je dévisage Wolf, nous sommes tous les deux à nouveau. Et ce silence me fait terriblement mal. Il me manque.

     

        –   Tu verrais ta tête Wolf, tu fais pitié. Je te rassure, tu ne me donnes pas envie d’utiliser mes charmes sur toi dans cet état.

     

    Je tente de rire, mais en réalité, je n’ai qu’une envie, c’est pleurer. Je pense que je viens de vivre la pire semaine de ma vie. Et je ne crains, que les jours qui vont suivre ne vont être guère mieux. Wolf ne va pas mieux. Je ne comprends rien du baratin des médecins, je vois seulement qu’il ne se réveille pas. Alors certes, il y a une petite évolution, ils lui ont retiré le respirateur hier, mais ce n’est pas assez à mes yeux. Je serais rassuré lorsque je l’entendrais m’appeler de nouveau canard. En attendant, je n’ai que la peur dans cette chambre d’hôpital qui respire la mort.

    Je serre ma main dans celle froide de Wolf. Ses mains si masculines, aux veines qui sortent. Elles sont agréables au toucher. Je caresse son bras, la chambre est calme, trop calme. Les bruits des machines m’angoissent, tant je passe mon temps à les écouter.

    Je regarde d’un œil Wolf endormie. Il n’a même pas l’expression de quelqu’un qui dort, il est livide.

    Ma voix est rauque lorsqu’elle rompt le silence de la chambre.

     

        –   Je ne t’aurais même pas eu à moi. Si tu meurs Wolf, je n’aurais aucun souvenir de toi et de moi. Tu oublies les douze ans que tu as à rattraper.

     

    Voilà que je me mets à parler toute seule.

     

        –   Est-ce le karma qui se venge Wolf ? Est-ce la vie et le destin qui ont décidé que tu n’avais pas le droit au bonheur après avoir rependu autant de haine ?

     

    Je sais que je n’ai pas à réclamer quoi que ce soit, des centaines de personnes rêverait de le voir mourir, mais pas moi. Car même s’il est le pire connard au monde, l’individu le plus infâme tant il est agaçant, il reste celui que j’ai toujours connu, celui que j’ai toujours aimé. Wolfgang n’est pas celui qu’il parait être, il cache tellement bien son jeu… il mérite de vivre un instant de bonheur dans cette vie de merde.

     

        –   Je t’en supplie Wolf… ne me laisse pas une fois de plus. Pas après cette nuit, pas en m’ayant dit que tu m’aimais, pas après m’avoir fait espérer que je pourrais enfin t’avoir après toutes ses années. Je t’en prie, tu n’as pas le droit de me quitter à nouveau.

     

    Ça, ça devrait le réveiller, il adorerait que je le supplie.

    Je remarque que ma vue devient floue, et je m’énerve contre moi-même de craque. Je ne peux pas craquer ! Car si je craque, je suis fichue.

     

        –   On a toujours dit que les raclures et la mauvaise graine, la haine et la méchanceté, entretenaient ! Que les pires d’entre nous survivaient à tout ! Alors c’est le moment d’être le plus grand connard Wolf ! Montre-moi que douze ans à être le pire des salops ça te réussit !

     

    Je fixe le lit, comme convaincu que mes mots auront de l’impact.

     

        –   Bon sang ! Elle est où la justice dans tout ça ! Elle est où la balancent du bien et du mal ! Tu as sans doute était le pire des emmerdeurs, l’homme à qui ont à souhaiter la mort plus souvent qu’on ne l’a salué, mais tu as tellement sacrifié ! Tu n’es pas parfait, tu ne le seras jamais, tu resteras un enfoiré, mais tu as le droit de vivre un instant de bonheur ! Tu as le droit d’avoir un peu de répit après tant de sacrifices ! (je ferme les yeux, serrant les paupières pour ne pas pleurer) tu avais le droit de m’avoir moi enfin.

     

    Trop tard.

    Je m’effondre à nouveau, sur la même chaise que lorsque j’ai élu domicile dans cette chambre. Tout ce que j’avais enfoui en moi sort d’un coup, c’est un mélange entre douleur et soulagement.

     

        –   On ne tue pas… la vermine si facilement Duck.

     

    Je me fige en entendant ses mots qui ne sont qu’un faible murmure. Est-ce que je rêve ?

     

        –   Wolf…

     

        –   On ne tue pas si… facilement… un homme qui n’a toujours pas eu de réponse… concernant la femme qu’il aime… Un homme qui a douze ans à rattraper.

     

    J’essuie mes yeux pour y voir plus clairement et croise un regard fatigué. Celui de Wolf.

     

        –   On ne tue pas Wolfgang Carpenter… quand il aime et qu’il a tout à perdre.

     

    Il serre ma main. Je note qu’il a du mal à s’exprimer. Sa voix est rauque, ensommeiller. Depuis quand il somnole ? Je me le demande. Depuis quand est-il réveillé ? Je n’en sais rien. Mais je m’en fiche. Il me parle ! Je ne rêve pas.

     

        –   Oh Wolf…

     

    Je suis pitoyable à pleurer comme une âme en peine. Mais c’est plus fort que moi.

     

        –   Merde… je t’aime, je n’allais pas te laisser seule… dans ce monde de merde. Tu t’ennuierais sans moi.

     

    J’embrasse le dos de sa main tout en continuant de sangloter. J’ai l’impression que je ne me calmerais pas d’aussitôt. J’ai tellement eu mal, tellement eu peur de le perdre. Il m’a fait vivre l’enfer ce connard durant une semaine. Je pensais ne plus jamais entendre sa voix.

     

        –   Duck, ne pleure pas… je ne vais pas mourir.

     

    Je n’arrive pas à ne pas pleurer justement !  

    Derrière le rideau de larmes qui me voile le regard, j’arrive à m’énerver contre lui.

     

        –   On ne sait pas ce qui se passera demain espèce de connard !

     

    Je me fige en le voyant… sourire ?

     

        –   Pourquoi tu souris ? je demande d’une voix méconnaissable.

     

        –   Parce que j’aime… entendre ta voix. Tant que tu me traites de connard… c’est que je suis assez vivant pour t’en faire voir de toutes les couleurs.

     

    Wolf ferme les yeux, il est essoufflé et visiblement très fatigué. Je sèche mes larmes du revers de la main. Il faut qu’il se repose, et que j’aille prévenir les médecins.

     

        –   Arrête de parler, je murmure.

     

        –   Arrête de pleurer.

     

    Il est drôle lui. Il me fait vivre l’enfer, et il exige sur un lit d’hôpital que je ne pleure plus ? Pas de doute, c’est bien Wolfgang Carpenter en face de moi. Même à moitié mourant, il arrive à me donner des ordres pour avoir le dernier mot.

     

        –   Je ne peux pas m’en empêcher Wolf !

     

        –   Pourquoi ?

     

        –   Parce que pour une fois, je suis heureuse.

     

    Wolf émet une sorte de ricanement, très vite étouffé par un gémissement de douleur. Quel idiot. Son visage se crispe. Il a mal.

     

        –   Aie…

     

        –   Ne ris pas.

     

        –   Ne me fais pas rire canard… j’ai mal, je ne suis pas en état de rire… de ton comportement.

     

    J’arrive à sourire malgré l’émotion, le voir être lui, me remplis de joie, même si rien n’est encore certain, son réveil est la preuve que c’est un dur à cuir qui ne compte pas se laisser faire aussi facilement.

    Mon dur à cuir.

     

        –   Tu te moquais de moi ? je demande en embrassant sa main.

     

        –   Oui.

     

        –   Pourquoi ? Il n’y a rien de drôle dans le fait de me voir pleurer.

     

    Wolf ouvre les yeux, et tourne lentement la tête vers moi. Le regard qu’il me lance me va droit au cœur et je manque de partir à nouveau dans une crise de larmes.

     

        –   Je ris parce que tu es tellement contradictoire canard… tu pleures de joie alors que je souffre le martyr dans ce putain de lit d’hôpital, et que je suis trop naze pour jouer mon rôle d’homme et te prendre dans mes bras pour te consoler de t’avoir fait vivre ça. Je trouve la vie, incroyablement salope.

     

        –   Tu es en vie Wolf, c’est tout ce qui compte à mes yeux.

     

    Mon amant serre sa main dans la mienne, j’ai l’impression que ce geste veut dire tout ce qu’il n’ose ou n’arrive pas à me dire à cet instant. Il ferme les yeux comme s

     

        –   Viens contre moi.

     

        –   Wolf… je dois prévenir les infirmières d’abord…

     

        –   Ne me force pas à devenir vulgaire Duck… ai pitié du con qui souffre dans ce lit, je n’ai rien de sexy ni d’autoritaire avec ma voix rauque et épuiser. Viens contre moi et arrête de discuter.

     

    Je le retrouve comme je l’avais quitté. Un Wolfgang autoritaire, qui sait exiger ce qu’il veut. Je me lève de ma chaise, retire mes chaussures et viens m’allonger contre lui. Je prends soin de ne pas m’appuyer sur son corps endolori. La joie envahit mon être ainsi que le soulagement de me retrouver près de Wolf. Même si je ne fais que de le tenir contre moi, sa tête posée contre la mienne, j’ai à présent le réconfort que j’attendais : lui.

    Nous restons un moment comme ça, dans le silence, savourant la chaleur de l’autre. Je pense m’endormir comme Wolf, lorsque ce dernier me sort de mes pensées.

     

        –   Je n’ai plus le choix maintenant.

     

        –   Quoi ?

     

    Je lève les yeux pour le regarder, il a la tête baissée pour m’apercevoir. Ses joues sont râpeuse due à la barbe qui a poussé, mais ça ne lui enlève pas son charme, même s’il est un peu pâle.

     

        –   Je vais devoir t’épouser.

     

        –   Qu’est-ce que tu racontes comme conneries, mon pauvre…

     

    Lentement Wolf vient poser une de ses mains sur celle que j’ai mise sur son torse.

     

        –   Tu m’as fait la plus belle déclaration d’amour que la terre est portée… (Wolf inspire, essoufflé) Ma mère m’a bien élevé… je suis dans l’obligation d’épouser… celle qui me dit dans la même phrase que je suis le pire connard au monde… mais qui m’aime quand même.

     

    Je souris en voyant le regard meurtri qu’il me lance, c’est plus fort que lui, il tente de profiter de la situation.

    TU ne m’auras pas Carpenter ! Même si te dire oui serait tenté, avec ton regard de pauvre homme blessé.

     

        –   Je ne t’épouserais pas.

     

        –   Tu ne peux rien refuser à un mourant.

     

        –   Tu n’es pas mourant. Tu vas vivre.

     

    Wolf appuie sa tête contre la mienne. Ses doigts serrent les miens.

     

        –   Oh oui… je vais vivre… je vais te faire chier durant les trente prochaines années Duck… et tu vas adorer.

     

    Je me serre contre lui, tout en prenant soin de ne pas lui faire mal. Le pire, c’est que je sais qu’il a raison. Je vais savourer ses prochaines années, comme je n’ai jamais pu le faire ses dix dernières. Je vais aimer Wolfgang Carpenter, comme jamais personne ne l’a aimé, sans doute, je dois être folle, d’aimer quelqu’un comme lui, d’aimer sa vision du monde, son comportement imbuvable, sa méchanceté, et ce caractère de gros connard. Mais je l’aime, et l’amour nous fait éprouver des choses folles. Comme celle d’aimer un méchant.

     

    Amheliie

     

    : Extrait de la chanson « House on a Hill » de The Pretty Reckless

  • Dangerous Heartbeat, Chapitre 14 : Révélations

     

     

    Dawn & Wolfgang

    CHAPITRE 14

    Révélations

     

     

    ***

    Dawn

     

     

     

    Un sentiment étrange me sort du sommeil. J’ai l’impression qu’une décennie vient de s’écouler, mon corps meurtri par l’effort me fait mal… et me fait un déclic de ce qui s’est produit la veille. Wolf.

    Je me fige, lorsque tout me revient à l’esprit, il est venu hier soir, il m’a tout…avoué, l’article, la raison de son départ, ce triste et terrible secret qui l’a éloigné d’une vie paisible pendant douze ans, et notre nuit.

    Un peu hésitante, je tends la main à l’autre du bout du lit pour voir s’il est toujours là ou pas. Un profond sentiment de désespoir m’envahit en constatant que c’était trop beau pour être vrai. Wolf est parti.

    Je me redresse, sort du lit, je ressens une gêne entre les cuisses, signe de trop d’effort en peu de temps. Mais… bon sang ! Comment regretter ? Faire l’amour avec Wolf c’est toujours aussi… possessif. C’est enivrant.

    Le cœur serrer, et prête à trouver un mot dans ma cuisine, j’enfile un long t-shirt et sort de ma chambre, quand soudain, je pique un fard et rester stoïque face à ce que je vois.

    Je regarde Wolf assit par terre, en train de jouer avec Beet le traitre. Il n’a pas bougé lorsque Wolf est entré dans l’appartement. Il n’a rien dit non plus face à cette présence masculine, les rares fois où j’ai ramené un homme chez moi, ça s’est toujours fini dans des situations très embarrassantes. Mais mon ancien meilleur ami… il semble avoir un don pour obtenir ce qu’il veut des autres.

     

        –   Salut, je lance pour lui faire part de ma présence.

     

    Mon amant s’arrête de caresser la tête velue de mon chien, il se tourne vers moi la seconde d’après. Un sourire de séducteur au visage.

     

        –   Salut.

     

    Il se relève, et mes yeux glissent le long de ce corps masculin et viril, bien taillé, et incroyablement excitant. Wolf est un homme bien monté… dans tous les sens du terme. Il a gardé sa carrure de sportif derrière son masque de PDG.

    Mon amant s’approche de moi, et vient planter un dur baiser sur mes lèvres pour me saluer. Je n’y réponds pas, encore emprise par les vapes du sommeil et la surprise de le trouver encore chez moi.

     

        –   Tu as l’air surprise de me voir ce matin, constate Wolf en s’écartant.

     

        –   Je pensais que tu ne serais pas là, à vrai dire.

     

        –   Je n’ai pas l’intention de repartir. Je pensais que ce qui je t’avais dit hier, te l’aurais fait comprendre.

     

        –   À vrai dire non, je réponds.

     

    Le regard bleu de Wolf me fait comprendre que ma réflexion ne lui plait pas, pourtant c’est vrai, je pensais en ayant vu qu’il n’était plus là qu’il avait pris ses jambes à son cou comme il s’est bien le faire.

     

        –   Eh ben, c’est dommage pour toi canard, je suis toujours la.

     

    Nous nous regardons un moment, l’un et l’autre, dans un silence stressant, je ne sais pas quoi lui dire, et visiblement, lui non plus. Ce n’est pas les sujets d’explications qu’il nous manque, Wolf à douze ans à rattraper.

    Mon impatience de journaliste me fait craquer avant lui.

     

        –   Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

     

    Wolf hausse les épaules.

     

        –   Rien Duck. On ne fait rien d’autre que ce qu’on a fait… on laisse faire les choses entre toi et moi. Je pense qu’il vaut mieux…

     

    Je l’interromps.

     

        –   Non, avec l’article.

     

    Je remarque que le regard de mon ancien meilleur ami s’assombrit. Oui, ce n’est pas parce que tu m’as sauté toute la nuit que j’ai oublié.

     

        –   Tu comptes toujours le publier ? demande Wolfgang.

     

    Je soupire, c’est compliqué.

     

        –   Je… je n’en sais rien. Wolf si je ne le fais pas, tu vas…

     

        –   Ne le fais pas, laisse-moi gérer mon merdier seul. Je n’ai pas à te demander que tu m’aides.

     

        –   J’ai été engagé pour.

     

        –   Oublie ton contrat, oublie ce que tu as signé. Il n’y a plus rien. Je veux seulement que tu sois hors de tout ça.

     

    Wolf commence à s’énerver, je sens la tension se dégager de lui. Je comprends que tout ceci l’énerve, moi aussi, cette situation, je l’a trouve compliqué, et agaçante. Mais visiblement, autre chose inquiète mon amant, j’ai l’impression que les répercussions sont plus grandes que ce que je peux m’imaginer.

    Je m’approche de lui, mes mains passent autour de sa taille, je le serre contre moi. Je sens Wolf se raidir, sans doute surpris de mon geste. Mais il ne me repousse pas pour autour. Je savoure la sensation de la chaleur qu’il dégage. C’est agréable.

     

        –   Wolf, c’est plus grave que je ne pense ? je demande contre son torse.

     

         –   Quoi ?

     

    Je me redresse pour croiser son regard bleu.

     

        –   Tout… toute ta vie.

     

    Wolf ferme les yeux, il soupire, et s’écarte de ma prise. Je pense avoir touché un point sensible.

    Alors que je commence à croire qu’il ne va pas me répondre, il passe une main nerveuse dans ses cheveux, et comble le silence.

     

        –   Oui, c’est bien plus grave que tu ne le penses, je te mentirai en te disant que  tout va bien. Si tout allait bien, jamais je ne serais venu chez toi.

     

        –   Ce sont ses rumeurs ?

     

        –   Oui.

     

    Il est bref, il ne s’étale pas, et moi, j’aimerais de vraies réponses, j’aimerais comprendre.

    Wolf s’éloigne à l’autre bout de la pièce, il part s’installer sur mon canapé, je le rejoins, il ne va pas échapper à cette conversation comme hier il l’a fait en se cachant entre mes cuisses. Mon amant lève les yeux sur moi lorsque je m’installe à ses côtés, ma main vient se perdre dans ses cheveux sombres lorsque je reprends la parole :

     

        –   Wolf, je t’en prie, parle-moi.

     

        –   Duck, je ne suis pas certain que tu vas aimer ce que je m’apprête à te dire.

     

    Il soupire, et c’est étrange de voir un Wolfgang qui a l’air d’être excédé par la situation.

     

        –   Je n’aime jamais ce que tu me dis, je suis habitué à ce que tu me donnes des claques.

     

    Enfin un sourire né sur son visage. Il vient poser ses mains sur mes cuisses nues.

     

        –   Il n’y a que ton cul que je n’ai pas encore claqué, et ça crois-moi, t’aimeras.

     

        –   Wolf ! Ne change pas de sujet !

     

        –   Très bien, fais-moi un café, et après je te dis ce que tu veux savoir.

     

    J’hoche la tête, m’écarte de lui, et pars en direction de la cuisine, où je lance la machine à expresso. Je note qu’il a donné à manger à Beet.

    Je reviens quelques minutes plus tard, armé de deux tasses noires, prêtes à affronter l’explication qu’il va me donner.

    Wolf me remercie, je reviens m’installer comme avant. Ses yeux dévisagent les miens.

     

        –   OK, je t’écoute canard.

     

    Je ne perds pas mon temps, je suis une journaliste, et entendre quelqu’un qui m’intrigue me dire « va y demande ce que tu veux, je te répondrais » c’est l’équivalent du 24 décembre pour un enfant.

     

        –   Ca consister en quoi ce que tu devais faire ?

     

    Wolf me répond au tact au tact comme s’il avait déjà les réponses toutes prêtes.

     

        –   Je dois informer des nouveaux trafics et trafiquants qui tente de s’implanter à Miami.

     

        –   Comment tu peux savoir ça ?

     

        –   Avec mes associés, on parle beaucoup de nos affaires, je suis plutôt assez bien placé

     

        –   C’est vrai ce qu’on raconte alors ?

     

        –   C'est-à-dire ?

     

    J’hésite, on n’a jamais parlé des autres rumeurs sur les Carpenter, celle qui parle de leurs « trafics ». J’inspire, et me lance, après tout, il a était franc jusqu’à présent.

     

        –   Que vous trafiquez l’argent, l’alcool via un marché noir, les putes, et j’en passe ?

     

    Wolf se met à me sourire, je crois que ça l’amuse mes questions.

     

        –   C’est vrai, on gère tout ça.

     

        –   Tu tues des gens ?

     

    Je me fige, et Wolf aussi. Je ne sais pas pourquoi cette question est sortie maintenant, je pensais lui demander plus tard, et pas de cette façon-là. Je regarde mon amant, soudainement nerveuse à l’idée d’entendre une réponse que je connais déjà.

    J’oublie facilement qu’il n’est plus l’adolescent de dix-neuf ans.

     

        –   Oui.

     

    Voilà une réponse qui fait mal.

     

        –   Est-ce que… tu aimes tuer des gens ?

     

        –   Non, je ne le fais pas de guetter de cœur. Je le fais quand je n’ai pas le choix.

     

        –   Combien de personnes tu as tuées en douze ans ?

     

        –   Une vingtaine je dirais.

     

        –   Des innocents ?

     

        –   Non, tous des coupables envers ce que je leur reprochais.

     

        –   Tu as tué ceux qui sont responsables de toutes ses rumeurs ?

     

        –   Oui, c’était des balances.

     

    Je m’arrête dans mon élan en entendant sa réponse. Mon regard me trahit lorsqu’il se pose sur le sien. Je pense qu’accepter qu’il est du sang sur les mains, même du sang de tuant, ne va pas être facile à accepter. Une vie reste une vie.

     

        –   … je crois comprendre ce regard Duck, commence Wolf.

     

        –   Désolé… mais… tu es un informateur Wolf.

     

    Mon amant soupire.

     

        –   Je n’ai pas le choix moi. Eh oui, c’est un peu salop de ma part de tuer des gens qui ont fait comme moi, mais si je le fais, c’est pour ma survie. Je ne suis pas dans un milieu simple et gai, Duck, mon monde, c’est l’argent, le pouvoir, le danger, l’illégalité cachait derrière des costumes Armani.

     

    Ce serait moins amusant et excitant s’ils étaient tous à poil et en chaussette, le mythe des trafiquants tomberait à l’état de farce comique.

     

        –   Je vois… et tu penses faire ça pendant combien de temps ? Comment ça se fait qu’on ne t’as pas démasqué ? Je veux dire, si tu donnes des infos que peu de monde sait…

     

    Les mains de Wolf montent et descendent sur mes jambes nues, plus qu’une caresse, on dirait qu’il tente avec son toucher de m’apaiser.

     

        –   Je suis, Wolfgang Carpenter, Duck, croit, moi, dans mon milieu, on me respecte, je suis crains, j’agace, j’énerve. Ce serait de la folie de m’accuser de quoi que soit moi, je perdrais trop, si on arrivait à remonter jusqu’à moi.

     

        –   Tu as quoi comme arrangement avec les flics ? Tu balances les nouveaux et en échanges…

     

        –   Ouais je fais ça « à peu près », et en échange, ils nous laissent mener notre petite vie, mais on ne doit pas faire trop de vagues, trop de « dégâts ».

     

        –   Et l’affaire de viol, plus ce dossier de détournement ça vous éclaire trop.

     

        –   Voilà. 

     

        –   Pourquoi les FBI ne l’étouffe pas ?

     

        –   Ils n’ont pas eu le temps, fin, c’est une longue histoire, mais je suis sûr qu’à présent, ils ne peuvent rien faire, faut que ça se tasse tout seul.

     

    Justement, elle ne se tasse pas, hier encore, au journal on en parlait. On ne parle que de ça alors que ce n’est qu’une enquête préliminaire. Il n’y a que des rumeurs, et quasiment pas de preuve ! C’est de la folie.

     

        –   Tu l’as violé cette femme ? je demande.

     

        –   Non Duck… (Wolf se met à sourire), mais oui, j’ai bien blanchi cet argent. Et non, ils n’ont plus rien vu que les témoins sont morts. Mais ça…

     

        –   Tu as l’air si sur de toi, en disant que ça va se tasser… ça fait plus de six semaines, et ça ne se tasse toujours pas… Mon article aurait pu calmer tout ça.

     

    Le regard noir qu’il me lance veut tout dire, oui Wolf, on en revient à l’article !

     

        –   Je m’en sortirais sans ton article Duck, j’alignerais l’argent, je ferais ce qu’il faut.

     

        –   Pourquoi ne pas l’avoir fait avant ?

     

        –   Il fallait se renseigner, connaitre le dossier, les accusations, notre avocat n’a pas chaumé. Quand on a su qui c’était et ce que les flics avaient contre nous, c’est à dire quasiment rien, on avait plus qu’à agir.

     

    Agir…

    Mon cerveau me fait penser à quelques choses qui m’avait perturbé il y a quelques semaines, une situation qui m’avait intrigué.

     

        –   Quand je me suis retrouvé avec ton frère, c’est là que tu t’es occupé de…

     

        –   Oui.

     

        –   Oh…

     

    Je me tais, j’étais loin de me douter à l’époque que c’était ce qu’il pouvait faire. Wolf avait réussi à tellement m’agacer que je ne pensais que par lui. Je ne voyais rien d’autre.

    Il est doué.

     

        –   Pourquoi toi Wolf ? Et pas Ludwig, ou même Rob ? je demande, la tristesse dans la voix.

     

    Wolf arrête de me caresser. Il m’attire un peu plus contre lui, et c’est la voix d’un homme blessé qui résonne à mes oreilles.

     

        –   Parce que j’étais le seul qui… avait à perdre. J’étais le seul qui n’était pas encore rentré dans ce monde, il ne m’avait pas pourri pour me faire devenir ce que je suis à présent. J’avais des rêves  et des ambitions que j’ai dû abandonner. J’avais la rage, et le besoin de vengeance quand les flics ont exigé de moi de devenir une taupe. C’est tombé sur moi, voilà tout. Le petit dernier…

     

        –   Comment ont réagi ta famille en sachant ça ?

     

    Wolf soupire, il a beau être un gros con, une histoire comme la sienne ne peut que le toucher, c’est loin d’être facile ce qu’il a vécu, ce qu’il fait et à du faire.

     

        –   Ma mère ne sait pas, mon père, mes frères, mon oncle, ils ont été paniqués, après tout, si je craque, si je demande d’arrêter, on risque d’aller tout droit en prison. Les flics savent s’arranger quand ils veulent. Et ma famille se repose sur moi. Ils savent que si demain j’envoie tout foutre en l’air, ça n’ira plus. C’est pour ça que je suis le Carpenter le plus pourris gâtés en affaire, mon père et mon oncle tente de se racheter en me donnant du pouvoir…

     

    Il se tait quelques instants, je pense que me parler doit lui renvoyer à la figure toutes ses années et leurs conséquences. Mon cœur se serre de le voir si toucher. Voir Wolfgang humain m’émeut plus que je ne l’aurais cru.

     

        –   … j’aurais aimé avoir la liberté à la place, termine-t-il.

     

    Je bouge sur le canapé, et viens m’asseoir sur ses genoux pour l’enlacer. J’ai un soudain instinct de protection qui m’envahit. Je pense même que s’il continue sur ce terrain, je vais me mettre à pleurer tant, ça me fait de la peine pour lui.

    Bien sûr il reste Wolfgang Carpenter, LE CONNARD de première, mais un connard qui sait avoir un cœur de temps en temps.

    Ses mains caressent mon dos pendant que je savoure le contact de ses bras autour de moi. J’embrasse son cou avant de demander :

     

        –   On fait quoi alors ?

     

        –   Pour nous cette fois-ci ?

     

    Je me redresse pour lui faire face.

     

        –   Oui… je veux dire, cette nuit ne t’engage en rien. Je n’attends rien de toi Wolf.

     

    Il me fait taire en posant un doigt sur ma bouche.

     

        –   Eh ben, c’est bien dommage. Parce que moi j’en attends des choses de toi.

     

        –   Wolf…

     

        –   C’est trop tard à mes yeux Duck, tu as reconnu que tu m’aimais et tu vois, cette fois-ci, je ne te laisserais pas passer. Je n’ai pas fait l’étalage de mes sentiments pour rien. Pour moi, tu m’es acquise. Alors, OK, je ne sais pas comment on va faire, j’ignore comment je vais me sortir de ce grand merdier, mais… si tu n’as qu’une chose à me dire.

     

        –   Laquelle ?

     

    Wolf prend une grande inspiration, comme s’il voulait se donner du courage. Je note dans ses yeux toute la sincérité qu’on peut y mettre lorsqu’on veut parler de quelques choses de sérieux.

     

        –   Est-ce que tu veux être avec moi Duck ? Est-ce que tu veux partager ma vie ? Est-ce que cette nuit, pour toi, c’est le début d’une relation. Dis-moi ce que tu veux.

     

        –   J’en sais rien Wolf.

     

        –   Mais tu m’aimes ?

     

        –   Oui.

     

        –   Alors, tu serais prête à quoi pour moi ?

     

    J’hésite, je pense que pour lui, j’aurais tout fait, je lui ai même donné ma virginité pour le contredire, j’ai volé dans un magasin, et j’ai même failli mettre ma carrière de journaliste en l’air pour lui.

     

        –   À mettre ma carrière en l’air comme j’ai failli le faire, je réponds.

     

        –   OK, moi je serais prêt à changer mes habitudes, enfin certaines. Et je dirais à ma famille qu’ils ont plutôt intérêt à me laisser tranquille.

     

        –   Pourquoi ?

     

        –   À ton avis ? Tu sais très bien que nos retrouvailles n’étaient pas dues à rien. D’une parce que tu es une grande journaliste, de deux, parce qu’on te connaissait qu’on t’a choisit. Les choses n’auraient pas dû se dérouler comme ça s’est déroulé. Je devais seulement te taquiner un peu pour te distraire de nos vrais problèmes…

     

    Je l’interromps, il a une drôle de vision du « distraire », il m’a poussé à bout plutôt !

     

        –   Non, dis plutôt que tu devais faire le connard.

     

    Mon amant lève les yeux au ciel comme si ce que je disais était stupide.

     

        –   Ouais bon OK, je devais faire le connard, tu devais simplement rédiger ton article, nous redorer le blason, et ressortir de nos vies. Seulement…

     

        –   T’es un gros connard qui ne s’est pas se contrôler.

     

    Wolf sourit.

     

        –   C’est ça. Donc nous voilà, six semaines plus tard, et le constat est plutôt surprenant.

     

        –   C'est-à-dire ?

     

        –   Je n’aurais jamais cru débarquer chez toi, te dire toute la vérité, et… t’avoir avec moi.

     

        –   Moi non plus Wolf… mais… concernant nous deux…

     

        –   Je ne te demande pas en mariage. Je t’ai dit que je t’aimais et qu’à présent, j’ai compris, enfin du moins, je pense que petit à petit, t’avoir de nouveau dans ma vie m’a fait comprendre que je ne veux plus que tu en sortes. Même si ça va être dur, même si c’est le gros bordel, et que tu n’aimes rien de ce que je suis, j’espère que tu réussiras à passer outre. Parce que moi, j’ai beau être le plus grand des connards que tu connaisses, j’espère l’être un peu moins auprès de toi.

     

    C’est ce qu’on appelle une déclaration, à la Roméo et Juliette version XXIème siècle sans aucun tact et avec des gros mots, autant dire, du Wolfgang tout craché. Ca m’amuse de voir à quel point, il ne s’est pas s’y prendre lorsqu’il a des sentiments.

     

        –   C’est à prendre ou à laisser, termine-t-il.

     

        –   J’ai besoin de temps pour cette question. Pour envisager quelques choses avec toi Wolf. Comprends-moi, c’est si soudain, jamais je n’aurais cru il y a deux jours qu’aujourd’hui, on en serait là. J’ai passé ses douze dernières années à te haïr pour être partie. Au fond de moi j’avais fait un trait sur un avenir en commun, ce n’est pas simple de se dire que tu reviens. (Ma main vient caresser sa joue râpeuse) Je dois me protéger, je n’ai pas envie de souffrir à nouveau alors… j’ai des sentiments Wolf, j’en ai toujours eu. Je crois que j’ai dû tomber amoureuse de toi quand je devais avoir dix ans. Seulement, depuis le temps, il s’est passé beaucoup de choses, tu es devenue quelqu’un de différent et il faut que j’avale tout ce que j’ai appris. Il faut que tu règles tes problèmes Wolf… j’aurais beaucoup de mal à vivre avec quelqu’un qui tue des gens.

     

        –   Je veux bien te laisser. Parce que je sais, qu’on ne peut pas prendre de décision sur un coup de tête, surtout celle où tu finirais ta vie avec un gros connard. Alors OK, prend le temps dont tu as besoin je vais faire en sorte de régler mes problèmes en t’attendant.

     

        –   Qu’est-ce que tu vas faire ?

     

        –   Je vais appeler mon avocat pour qu’il regarde le dossier des flics sur ma mission d’informateur. On va voir si on peut entamer des négociations.

     

        –   Ce qui veut dire…

     

    Wolf m’interrompt en posant ses lèvres sur les miennes, ce qui me surprend.

     

        –   Bon, on a assez parlé de truc chiant pour la journée ! Maintenant…

     

    Il m’attire sous lui, et vient faire peser son corps sur le mien. Je sens déjà contre mon ventre, une érection naissante. Sa bouche part taquiner mon cou.

     

        –   Maintenant, on va faire quelques choses de plus passionnant.

     

    Je souris, je vois très bien où il veut en venir et ce ne serait pas pour me déplaire. Nous avons fini par boires nos deux cafés froids.

     

     

    ***

     

     

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        –   Je ne peux pas m’absenter plus.

     

    Oui déjà que tu devais t’en aller ce matin, tu es resté toute la journée à profiter de ma compagnie, de mon canapé, et du bonheur qui loge entre mes cuisses.

    Je lui tends sa veste de costume, je ne vais pas le retenir.

     

        –   Je sais.

     

    Wolf saisit sa veste, en me dévisageant d’un regard qui en dit long.

     

        –   Je sais pas ce qui m’est le plus dur, savoir que je m’en vais pour rentrer chez moi seul, ou savoir que je vais rentrer chez moi seul sans pouvoir jouir de ton corps toute la nuit. J’ai douze ans de baise à rattraper mine de rien…

     

    Je ne le laisse pas finir, ma main vient le rappeler à l’ordre. Ca l’amuse de me mettre mal à l’aise, moi pas.

     

        –   J’ai une idée, renchérit Wolf.

     

        –   Elles sont rarement bonne Wolf tes idées. Souviens-toi que certaines de tes brillantes idées m’ont valu le pied dans le plâtre, ou bien le  t-shirt troué, ou une arrestation au poste de police.

     

    Et encore, la liste est bien trop longue pour lui résumer en deux minutes. Wolf décide d’ignorer ma remarque de toute façon, il ignore tout ce que je lui dis et qui ne lui plait pas. Là, je reconnais l’homme con. Mais bon… j’ai du mal à y résister maintenant.

     

        –   Dans une semaine, mon père va recevoir le prix de meilleur homme d’affaires de la ville…

     

    Je l’interromps, hors de question !

     

        –   Je te sens venir.

     

    Wolf me foudroie du regard, visiblement contrarié que je l’interrompe.

     

        –   Eh tu me laisses finir s’il te plait !

     

        –   C’est non Wolf !

     

    Il secoue la tête en me souriant. Je n’aime pas ce regard, celui qu’il porte quand il sait que de toute façon, il obtiendra ce qu’il voudra. Comme toujours.

     

        –   Oh si tu vas dire oui ! Et d’abord tu ne peux pas me dire non, je ne t’ai pas encore posé la question ! Tais-toi et écoute.

     

        –   Je ne suis pas à tes ordres.

     

        –   Je suis sur que t’aimerais !

     

    Nous sourions, chacun de nous deux a bien changé depuis la dernière fois, où nous nous sommes retrouvés aussi proche. J’ai autant de répondant que lui à présent. Je ne me laisse plus faire, et ça semble plaire à Wolf.

     

        –   Bref, je disais, est-ce que tu voudrais m’y accompagner ?

     

        –   Toi l’un des plus grands célibataires ? Accompagner ? Je ne suis pas sur que c’est bon pour ton image.

     

        –   Ouais, mais tant pis, au point où j’en suis.

     

    Je redeviens sérieuse, sa demande me ferait plaisir, dans d’autres circonstances, surtout si elle avait été dans quelques semaines, mais maintenant…

     

        –   Ce n’est pas un peu… je commence.

     

    Mais Wolf lui, a toujours la réponse à tout.

     

        –   C’est ce que je veux. Je ne t’ai pas demandé de m’épouser, je te demande d’être à mon bras lors d’une soirée, ce n’est pas un engagement pour la vie. Puis, je crois savoir que dans une relation, ou enfin ce qui ressemble à une relation, on doit sortir.  Sors avec moi. Passons une bonne soirée.

     

        –   Et ta famille, tes problèmes ?

     

        –   Je gère, laisse-moi quelques jours, et on rira autour de la table tous ensemble.

     

        –   Ça m’a l’air trop beau  Wolf.

     

    J’ai l’impression parfois qu’il pense qu’il peut tout obtenir bien trop facilement. D’un côté, ça me confirme qu’il n’est plus mon ancien meilleur ami, mais bien un PDG puissant, et d’influence ce qui est loin d’être rassurant. Et de l’autre, je crains qu’il se brûle les ails à tout vouloir maintenant.

    Mais qui dit non à Wolfgang Carpenter ?

     

        –   Accepte, renchérit Wolf, sur un ton qui ne me plait pas.

     

        –   Arrête avec ce ton autoritaire !

     

        –   Non parce que j’aime quand tu hausses le ton (il se penche vers mon oreille) il me fait bander… Dis-moi oui.

     

        –   Je vais y réfléchir.

     

    Wolf soupire, sa main vient caresser ma joue pour m’embrasser chastement.

     

        –   Tu penses trop mon canard.

     

        –   C’est ta faute.

     

        –   C’est toujours de ma faute si on t’écoute.

     

        –   Mon dieu on n’est pas vraiment ensemble, mais tu m’emmerdes comme si ça faisait trente ans qu’on était marié. Wolf, on ne va jamais y arriver.

     

    Wolf se met à rire, de bon cœur, j’aime les petites rides qu’il a autour des yeux quand il se laisse aller. Dire que j’ai passé ses dernières semaines à regarder le moindre défaut chez lui pour me dégouter au lieu de faire attention aux choses qui valent le coup d’être regarder.

     

        –    Ça fait vingt-neuf ans, mademoiselle Teal, que je suis dans ta vie, si au bout d’un quart de siècle j’arrive toujours à te faire ressentir quelques choses, même si c’est de l’agacement, pour moi, c’est important… Allez, accompagne-moi.

     

        –   Tu ne lâches jamais l’affaire !

     

        –   Jamais.

     

        –   Tu vas continuer d’être aussi chiant, agaçant, pénible, insupportable et con si jamais je te dis oui ?

     

        –   Je serais toujours, le gros connard, égocentrique, agaçant, chiant, à la limite de l’insupportable. On ne change pas l’eau en vin, tu ne pourras pas changer un Wolfgang Carpenter en un gentil et docile petit copain.

     

    Je l’imagine un court instant, gentil, serviable, généreux, et humble et étrangement, je le trouve moins séduisant. C’est dingue, comme la gent féminine à un faible pour les mauvais garçons, surtout ceux qui possèdent une panoplie de défaut bien garnie.

    Wolfgang se penche à nouveau, sa bouche s’écrase sur la mienne avec dureté. Je comprends qu’il va s’en aller après celui-là.

    J’ai à peine le temps de savourer la sensation de ses lèvres sur moi, qu’il s’écarte.

     

        –   Je t’appelle Duck dans la semaine, pour te dire quand je viendrais te chercher samedi.

     

        –   Wolf !

     

        –   Ça te laisse quelques jours de réflexion pour choisie ta robe canard !

     

    Il me lance un clin d’œil, en levant les mains en l’air en signe de défense, je me retiens de me mordre la lèvre en le voyant marcher en direction de l’ascenseur. Il a sa veste de costume sur l’épaule, sa chemise blanche sortie de son pantalon noir. Ses cheveux sont totalement en désordre, comme si une femme avait passé des heures à fouiller dedans.

    Les portes de l’ascenseur s’ouvrent l’instant d’après, je le regarde entrer et me lancer un regard des plus brulants avant de disparaitre.

    Je soupire en appuyant ma tête contre le rebord de la porte, jamais je n’aurais cru me réveiller ce matin et voir ma vie prendre ce tournant-là. Avec mon ancien meilleur ami, le retrouver et découvrir une autre facette du gros connard qu’il est d’habitude. J’ai découvert le Wolfgang qui aime, et qui protège les siens envers et conte tout, même lui.

    Beet vient s’asseoir à mes pieds, il appuie sa tête contre ma main pour que je lui gratte, ce que je fais.

     

        –   Beet, je crois que Maman est dans la merde.

     

    Mon chien secoue la tête, comme s’il m’avait compris. Ce salop n’a pas lâché Wolf de la journée. Comme s’il était ravi de retrouver un ancien ami… ou simplement un autre mâle dans cet appartement qui n’en voit presque pas.

     Je suis encore plus paumé qu’avant, même si c’est génial ce que Wolf m’a dit, ce qu’il veut, j’ai dû mal à m’enlever de l’esprit ce qu’il m’a confié, son « secret ». Est-ce que j’arriverais à vivre avec tout ça ? Avec un Carpenter ?

    À vrai dire je n’en sais rien.

    J’aurais aimé avoir plus de temps de réflexion, mais la dure loi de la vie de tous les jours vient me rattraper quelques minutes plus tard, j’entends la sonnerie de mon téléphone portable, la spécial « c’est ton connard de rédacteur en chef, ne décroche pas ». À reculons, je ferme la porte, et part décrocher pour affronter cet autre individu insupportable, Dominic m’a pratiquement laissé tranquille ses dernières semaines, sans doute heureuses de ne plus m’avoir dans les pattes. Mais maintenant c’est différent, j’ai dit que je voulais écrire mon article chez moi, monsieur attend son sésame. Et je vais devoir expliquer, pourquoi, mon article ne sera jamais dans les kiosques à journaux.

     

     

     

    ***

    Wolfgang

     

     

    Je savais qu’elle dirait oui.

    Je tente de regarder Duck d’un air détaché, mais ma satisfaction malsaine, me fais sourire comme un benêt. J’aime l’idée qu’elle vienne s’afficher à mon bras devant tout le gratin de Miami, devant mes proches surtout.

    J’ai menti à Dawn, mais pour son bien. J’ai omis de lui dire que cette semaine à était un vrai calvaire pour moi, que le travail, c’est avéré bien plus complexe que je ne l’aurais cru.

    Le lendemain de ma nuit chez Duck, j’ai réuni mon oncle, mon père, et mes frères ainsi que l’avocat pour une réunion, je leur ai dit ce que je comptais faire, et pourquoi Dawn ne leur avait pas répondu à propos de l’envoi de l’article. Je n’avais jamais assisté à une pareille querelle. Le clan Carpenter divisé, c’est du jamais vu.

    Autant mon père, l’a plutôt bien pris lorsque j’ai dit que je voulais abandonner mon statue de taupe pour pouvoir mener une vie comme je l’entends. Il m’a simplement demandé si je voulais arrêter « nos affaires » à ceux quoi, j’ai répondu non. Je reste un Carpenter, j’aime ça, j’aime ce frisson d’illégalité, seulement, je sais que sur certains points, si je devrais me calmer.

    Je n’ai pas eu à expliquer la raison du pourquoi je voulais tout arrêter et commencer les négociations avec le FBI, Rob m’a devancé. On en est même arrivé au point où on s’est jeté sur l’autre pour le massacrer. J’ai sans doute trahi le code des frères en allant me perdre entre les cuisses de Duck, mais vu le résultat, je ne regrette pas.

    Mon frère a peur qu’on souffre, il pense que si je retire ma carte du jeu, tout s’effondre, seulement, je pense qu’on peut réduire les dégâts avec de l’argent et une bonne négociation. Rob était également fou de rage que j’aille mettre mon nez dans « son affaire d’article », après tout, c’est à lui et à Ludwig que je dois le retour de Duck.

    Mon père et mon oncle ont conclu qu’on ferrait sans, et comme je voudrais, de toute façon, c’est moi qui détiens tout le jeu, c’est moi qui aurais le dernier mot, qu’importe si mes deux frères ne soient pas de mon côté.

    J’ai donc saisi l’avocat qui depuis plusieurs jours, gère ma demande auprès des flics, j’espère qu’on trouvera un arrangement et vite. Parce que les affaires « moins clins » elles, elles souffrent, et pas seulement. Tout le monde est à cran. Et pas plus tard qu’hier, le fournisseur de Rob a demandé à ce qu’on nous envoie « passer des vacances » autre part pour éviter d’avoir autant de monde à nos trousses.

    J’ai hâte que ses histoires de viol et de blanchiment cessent, mais visiblement, le con qui est sur l’enquête préliminaire aime bien prendre son temps.

    Connard

    Bref, c’est bien la merde, encore plus qu’il y a une semaine, puisque j’ai décidé de tout remuer.

    Je sors de mes pensées en voyant Duck retouché son chignon pour la centième fois, depuis que je suis venu la chercher chez elle.

    Elle est vraiment belle dans sa robe de soirée, blanche avec dos nu.  Le décolleter trop sage pour moi, me rend à l’étroit dans mon pantalon. On dirait presque une mariée avec sa robe longue. Ouais, on va me jalouser à cette soirée, parce que je vais avoir, la femme la plus sexy de la ville à mon bras.

    Bordel je déconne grave.

     

        –   Cava ? je demande à Duck pour m’éviter de penser.

     

    Duck se tourne vers moi, elle me sourit, mais je note dans ses yeux, le stress.

     

        –   Oui, je déteste ce genre de mondanité. Je sais que mes parents vont y être, et ma mère ne va pas arrêter de me poser des questions sur le pourquoi je suis présente avec toi.

     

    Je souris à mon tour, et me penche vers elle pour embrasser sa joue. Mon souffle vient caresser sa peau, elle frissonne, et ça m’amuse.

     

        –   Tu n’auras qu’à lui dire que dans six mois, tu épouses un des enfants Carpenter, ma mère et la tiennent seront ravies de se voir plus souvent.

     

    Elle m’envoie un coup de coude dans les cotes en me traitant de connard. Ça la met mal à l’aise quand je parle d’avenir avec moi, et moi, ça m’agace qu’elle réfléchisse encore. Je me maudis en passant à l’hypothèse de la voir marié avec moi, j’en deviens dur, et idiot, parce que j’adorerais qu’elle le soit.

    Je sais qu’elle a eu des ennuis avec son patron vis-à-vis de l’article qu’elle ne rendra jamais. Mais elle ne m’en a pas plus parlé. La nouvelle Duck persiste, celle de la femme forte et indépendante qui ne veut pas être  dépendante d’un homme. J’aime ce qu’elle est devenue, ça rend les choses plus compliquées et plus divertissant.

    La voiture s’arrête, je remercie Mitch, le chauffeur en lui tendant un billet de cent dollars, il me demande à quelle heure il doit revenir, je lui réponds que je lui enverrais un message. J’ouvre la porte, et tends ma main vers Duck.

     

        –   Prête canard ?

     

    Derrière moi, le bruit des photographes et agents de presse résonne. Je croise le regard meurtrier de Duck.

     

        –   Appelle-moi canard une seule fois à l’intérieur, et tu verras ce que mon bec fera sur ta queue la prochaine fois qu’ils vont se revoir.

     

    Je souris, mais qu’à moitié parce que j’ai des images d’elles absolument pas catholiques à l’arrière de cette voiture, à genoux entre mes cuisses et ce n’est pas le moment.

    J’aide Dawn à descendre, et découvre qu’être une femme et porter des robes sublimes, ce  n’est pas si simple. Mais on réussit à sortir sans froisser sa belle robe, pour nous retrouver nez à nez avec une foule de monde.

    Dawn s’accroche à mon bras, pendant qu’on marche vers l’entrée, je la sens stresser et ça m’amuse ! Je crois qu’elle aurait préféré être de l’autre côté, en train de tenter d’avoir une interview d’un PDG.

    Soudain, un bruit sourd résonne à travers les flashs des journalistes. Le temps semble s’arrêter, tout autour de moi semble aussi au ralenti.  J’entends des cris d’horreur et de panique, je tente de me tourner vers Duck pour voir ce qu’il se passe, mais une violente douleur dans la poitrine m’en empêche, je me sens comme couper en deux, traverser de part en part, je me sens étrange. Mon corps m’échappe, la sensation froide du béton sous moi lorsque je m’effondre me fait comprendre que quelques choses vient de se produire. L’odeur écœurante du sang me parvient, et c’est là que je comprends que c’est grave, vraiment très grave.

     

     

    Amheliie