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  • Blood Of Silence, Nouvelle - SEXTAPE

    Amheliie

     

     

     

    BLOOD OF SILENCE

     

     

    Nouvelle Klaxon & Savage

     

    « SEXE-TAPE »

     

     

     

     

     

     

     

    © 2017 Amheliie

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  • Blood Of Silence, Nouvelle - Poissons d'Avril

     

    Blood Of Silence

    « Poissons d’avril »

     

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    1er avril

     

     

    Cette année, c’est mon tour.

    Depuis qu’on est en âge de faire des blagues pourries et dégueulasses aux autres, on a décrété qu’une seule personne se prendrait les foudres des farceurs du Premier avril avec ces putains de poissons à la con. Lorsqu’on était gosse, on faisait ça en équipes. C’était ma sœur Faith et moi, contre Hurricane et Gina. On s’est fait les crasses les plus marrantes qui soient. Je me rappelle une année avoir fourré Gina dans un tas de poissons fraichement découpé sur le port. Elle a hurlé à la mort. L’année suivante, j’ai terminé noyé sous des litres de sang artificiels. H s’est retrouvé en piñata géante après s’être fait assommer par deux cachets de somnifères. Il a déambulé dans les rues de la ville en coq à plume multicolore.

    En grandissant, c’est devenu pire. Le MC a été créée et tout le monde a participé. Alors on a décrété qu’une seule personne se prendrait la charge de conneries des autres. Pour l’instant, Sean est le seul à avoir échappé à ce privilège, ce connard a une chance de cocu.

    Cette année, on n’a pas de prospect pour subir le mauvais sort d’un an d’attente où nous avons tous eu le temps de réfléchir aux plans les plus foireux à faire subir à l’élu. Savage a énormément morflé lors de son année, déjà qu’il a dégusté le restant du temps, cette journée-là en particulier, ça a été pire. Liam s’en est donné à cœur joie, tous les coups les plus dingues qui soient sont permis de toute façon, sauf mettre la vie du concerné en danger. Le reste, c’est carte blanche.

    On a tiré au sort il y a un mois, et j’ai perdu.

    Je serais donc la victime de ce premier avril. Et je sais qu’ils vont s’y donner à cœur joie. Parce que les règles de notre premier avril sont bien claires : pas de représailles en dehors du premier jour d’avril de l’année suivante.

    Il y a des rancœurs qui trainent depuis plusieurs années. Je sais que je vais prendre cher de la part de mes frères durant vingt-quatre heures. J’ai beau être le plus secret, certains ont pu découvrir mes talents de farceurs.

    Et l’idée de casse les couilles à l’un de leurs Présidents même l’espace de vingt-quatre heures, semble plus que les botter. Je les comprends.

    Aujourd’hui, je serais seul contre tous, et le poisson d’avril de Lina ne sera pas le pire à supporter, au contraire, il sera sans doute le plus adorable qui soit.

    Profitez les gars, profitez… mais bordel, je me vengerai salement.

     

     

    ***

     

     

    Je me suis réveillé sans mannequin de film d’horreur allongé à mes côtés, et sans jet d’œufs. À ma grande surprise, Hurricane et Sasha ont été très calmes durant le petit déjeuner. Au bout de vingt premier avrils à faire les cons, on commence à devenir légèrement paranos. Dès que j’ai foutu un pied hors de ma chambre, je savais que les festivités étaient ouvertes, et qu’ils allaient tous en profiter. Je suis sorti calmement sans faire de bruit. Sasha et H étaient dans la cuisine, ils déjeunaient en débattant du match de baseball d’hier soir, la chatte étant une accroc à ce sport. J’ai vérifié le café avant de le boire, il n’était pas salé comme une année. J’ai pris soin sentir le paquet de biscuit fourré, une année, H avait remplacé la crème par du dentifrice à la menthe. Autant dire que je ne suis pas friand du chocolat et du goût artificiel mentholé. Les deux me regardaient faire en riant. Je leur ai fait un doigt d’honneur en allant sortir de ma réserve, un paquet neuf de clopes. Il y a quatre ans, j’étais aussi l’heureux élu, et cet enfoiré de Nir avait trafiqué mes cigarettes en y fourrant de l’herbe et des épices de cuisines. Je me suis grillé les poumons avec sa putain de connerie.

    On devient paranos les premier avril.

    Je sais que la méfiance s’estompe au fil de la journée. Entre le boulot et le reste, on finit par oublier qu’on est le premier avril. Les coups bats arrivent à ce moment-là… et on n’y peut rien. Si ce n’est écouter les autres rires, et attendre que ça passe en riant discrètement.

    Le restant du petit-déj s’est passé calmement. Rien n’était piégé, et j’ai commencé à me détendre. En revenant dans ma chambre, je ne suis pas tombé sur mes tiroirs retournés comme H aime tant faire. Tout sembler nickel.

    Je me suis rapidement habillé en zieutant Sasha faire de même. La chatte n’est pas réputée pudique et j’aime la mater le matin, comme si de rien n’était. C’est lorsque je la vois sortir ses affaires de ma commode chaque jour que je me demande comment ses fringues et son bordel de gonzesse ont fini par petit à petit migrer de son appart à ma chambre.

    Je ne nous comprendrais sans doute jamais. Je ne réalise pas qu’elle est là… après tout ce temps, et que tout ça me semble normal tant que je n’y prête pas attention.

    Sasha arrive à ma hauteur une fois prête, elle glisse dans l’élastique de mon caleçon sa petite culotte. Je jure en regardant son adorable cul dans son short trop court. Elle n’a rien en dessous. La présidente m’allume comme elle le fait souvent, sans un mot, avec simplement un geste ou un regard.

    Elle quitte la pièce sans dire un mot de plus.

    Je chasse les maudites pensées chaudes de mon esprit en allant dans la salle de bains. J’allume le jet d’eau chaude avant d’attraper ma brosse à dents et le dentifrice. Je pense à cette nuit, lorsqu’elle m’a réveillé en grimpant sur moi pour me chevaucher. C’est ce que j’aime chez Sasha, cette spontanéité. Lorsqu’elle a envie de quelque chose, elle le prend, sans hésiter, sans se poser de questions.

    Sauf quand il s’agit de nous.

    Je fourre dans ma bouche ma brosse à dents en jurant, ouais, il y a des choses très compliquées qui nous lient, des choses auquel ni elle ni moi ne voulons aller se fourrer.

    Et la réalité de la journée me rattrape.

     

    — C’est quoi ce bordel ! je jure en recrachant le dentifrice.

     

    Derrière moi, deux personnes se mettent à rire. Je me tourne vers Hurricane et Sasha, les deux bikers rient aux éclats en se tapant dans la main. Je les fusille du regard en crachant le savon.

    Ils ont trafiqué mon dentifrice ces connards ! H a osé retourner ma propre blague foireuse contre moi. Il est pire que Liam.

     

    — Mission accomplie, déclare la Présidente des Hell’s Pussy.

     

    Je me rince la bouche en ayant un sale goût de gel douche bon marché.

     

    — Putain, même toi ! je lance à Sasha en esquissant un léger sourire.

     

    Mais contrarié le sourire et vraiment léger, attention.

    La chatte m’offre un clin d’œil amusé.

     

    — H m’a mise au courant.

     

    — Et tu m’as allumé pour me distraire ! je râle.

     

    Je crache de nouveau dans l’évier en bougonnant. Je suis légèrement mauvais perdant… légèrement. Le pire serait Sean s’il avait une la malchance d’être le bouffon d’un jour.

     

    — Tous les coups sont permis mon vieux, rétorque H. Et aujourd’hui, tu ne battras pas mon record.

     

    C’est ce qu’on va voir.

    Car oui, en plus de devoir subir les frasques des autres, on reste des mecs, on ne peut pas être les dindons de la farce sans au moins en tirer une

    Celui qui arrive à détrôner celui qui se fait le moins avoir, a le droit… de faire ce qu’il veut durant le run qui suit.

    Et le roi de l’esquive n’est autre qu’Hurricane. Il y a trois ans, il a échappé à huit pièges sur les dix de tendus, depuis personne ne l’a détrôné cet enfoiré d’italien.

     

    — Est-ce que je vais arriver à prendre une douche sans finir comme une Schtroumpf ? je déclare en montrant la douche.

     

    Y’a six ans, on avait trafiqué la douche de Liam en fourrant une pastille colorante dans son tuyau, ce con d’irlandais ressemblait aux gars d’Avatar. Depuis, je suis méfiant.

    Et je vais devoir l’être davantage.

     

    — Tente, déclare mon meilleur ami en refermant la porte, un sourire malicieux sur son visage.

     

    Je dévisage le pommeau de douche, je crois qu’un peu de plomberie s’annonce.

     

     

    ***

     

     

    Après avoir échappé à une douche colorée, je sors de la maison le dernier. Sasha ayant un rendez-vous au salon de tatouage et H devant conduire sa nièce à l’école.

    Je ferme la porte, malgré le café et la douche, j’ai encore la tête dans le cul. La journée s’annonce longue.

    Je me fige en apercevant la deuxième vanne foireuse de la journée.

     

    — Je vais les buter, je lance désespéré.

     

    Je dévisage ma moto couverte entièrement de cellophane. Dessus, il y a une énorme pancarte avec écrit :

     

    Bon courage Président !

    PS : H a pris tout ce qui coupe avant de partir, démerde-toi avec ce que t’as !

    PS 2 : Sasha m’a dit que ta bite ne te suffirait pas ce coup-ci. Ah ah ah !

    Savage

     

     

    Je regarde mon bébé, je le tue si jamais il l’a rayé. Je m’approche pour toucher l’œuvre plastifiée de l’irlandais. Et à vue de nez, il a mis la dose concernant les tours de cellophane.

    Instinctivement, je cherche ma bagnole, mais le pick-up est avec Hurricane, je suis coincé.

    Je cherche mon couteau de poche dans mon cuir, mais rien… même celui-là, H est passé par là. Je jure en dévisageant les clés de bécanes dans ma main. Ça va être pratique. Je vais devoir me contenter de ça. Autant s’y mettre tout de suite.

     

    — Encore un qui est concerné par le tri sélectif, déclare une voix de vieille pie.

     

    Je lève les yeux vers Madame Yeter, notre voisine d’en face. Son maudit chihuahua à poil long commence à aboyer en me voyant. Cette garce n’a pas un mot de sympathique à notre égard depuis qu’elle a emménagé il y a trois mois. Avec H, on aime bien la faire râler, il dit que ça la maintient en vie, la mamie grognon.

     

    — Parce que faire pousser du chite dans sa cabane a outil c’est plus écologique, vieille conne ? je rétorque sèchement.

     

    Notre voisine me fait un doigt d’honneur en avançant avec son maudit chien. Je jure en sortant une clope. Je l’allume en souriant. Savage se venge, je dois l’avouer. Lors de son année, j’avais planqué ses clés de bécanes au milieu de centaines d’autres clés. Il avait passé trois heures à toutes les essayé avant de trouver la bonne.

    Un prêté pour un rendue mon pote, j’ai compris.

     

     

    ***

     

     

    J’arrive au garage après avoir mis trois bons quarts d’heure à découper le cellophane à la clé de moto. J’ai mis le tas devant la porte de ma conne de voisine. Si j’avais eu plus de temps, j’aurais entouré sa boite aux lettres et l’entrée de sa cabane à outil. J’ai une bonne heure de retard sur le planning de la journée.

    Lorsque mon attention se porte vers le garage, je remarque qu’il n’y a personne. Tout est fermé, rien n’est sorti, il n’y a pas de clients, les bécanes sont encore toutes rangées.

    Qu’est-ce qu’il se passe.

    Je sors mon portable de la poche arrière de mon jean pour vérifier l’heure, il est dix heures passées, normalement, ça devrait être l’effervescence ici… mais il n’y a pas un chat.

    Ça pu Creed, ça pu salement la mauvaise blague.

    J’attrape mes clés en les maudissant tous sur cinquante générations, j’ouvre la porte de service, pénètre dans l’atelier plongé dans le noir. Je tends la main contre l’interrupteur sur ma droite. Le courant est coupé, comme par hasard. Je jure en mettant un pied devant avant de perdre l’équilibre comme un gros con. Je glisse sur je ne sais quoi, et finit la tête la première dans du… plastique mouillé ?

    C’est quoi ces conneries ?

     

    — Qui est l’enfoiré qui a fait ça ! je gueule dans le garage en sentant mes fringues se tremper.

     

    La lumière apparait soudainement. Ma vision d’abord embrouillée finit par s’éclaircir, je me fige en voyant ce qui se dresse sous mes yeux.

    Les enfoirés.

    Autour de moi, il y a un véritable champ de gobelets en plastique tapissant le sol. Certains sont reversés dû à ma chute. Je reste comme un idiot sur le sol alors que des rires près de l’autre entrée résonnent.

    Je me tourne vers Liam et Nirvana qui rient aux éclats en sortant leurs portables.

     

    — Souris pour la caméra Creed, se marre Liam en me prenant le nez dans les verres d’eau.

     

    Je suis trempé, le garage est noyé en plus d’être envahi par un nombre incalculable de verres en plastique remplis à ra-bord.

     

    — Pas trop froide ? renchérit Nir.

     

    — Allez vous faire foutre, je jure en gardant mon sourire pour moi-même.

     

    Je tente de me relever, avant de comprendre que ces deux connards ont bâché le sol et ont répandu une sorte de substance dégueulasse glissante.

    Quels esprits tordus ! On dirait que Liam s’est surpassé cette année et en a fait profiter tout le monde. J’admire la patience pour faire ça.

    Mais noyé le garage, c’est bâtard.

     

    — Bon courage vieux, on a savonné le sol du garage, ça glisse… poursuit Nirvana.

     

    — Comme ma bite dans ton cul si tu ne viens pas m’aider, je les menace en les foudroyant du regard.

     

    — Chacun sa merde, Prés, déclare l’irlandais en prenant des photos.

     

    Je me laisse aller dans les gobelets, vaincu pour le moment. Je retiens un fou rire avant de le laisser s’exprimer.

    La journée ne fait que de commencer, mon pote, t’as pas fini d’en baver avec ces clowns.

     

     

    ***

     

     

    Une fois changé, j’ai appelé – ordonné – à Liam et à Nir de tout nettoyer avant que le garage n’ouvre. Les Bloods avaient visiblement passé une annonce comme quoi les lieux étaient fermés la matinée. Ils sont de plus en plus doués. Je commence à croire qu’H s’est lâché dans l’organisation de ce premier avril, on dirait la supercherie du siècle.

    J’entre dans le bureau du garage pour faire le point sur la paperasse pour Gina. Il n’est même pas onze heures et j’ai déjà subi de sales trucs. Les gars sont fous.

    Je me jette sur le fauteuil, un bruit strident me fait sursauter. Mon cœur rate un battement, je me relève d’un bon en jurant.

    C’est pas vrai.

    Je me penche, sous le fauteuil, on a scotché un klaxon qui s’actionne sous la moindre variation de poids.

    Putain, c’est digne du tour le plus foireux et usé du premier avril.

    Les rires familiers de Klax et Rhymes résonnent de l’autre côté de la porte.

     

    — Sérieusement ? je lance à leur égard.

     

    Klax se met à imiter le bruit du klaxon. Je lève les yeux au ciel, ça ne peut venir que de lui un truc aussi con et facile. Le Blood ne se complique jamais la vie, mais réussit chacun de ses coups, sauf le saut d’eau pour H.

     

    — Attend, ce n’est pas fini mon pote, déclare le jumeau en me montrant d’un signe de tête le bureau.

     

    Je regarde ce dernier, l’enfoiré de VP a installé son maudit piège.

    Je soupire, merde, je viens de me changer.

     

    — Merci, les gars, je lance avec sarcasme, franchement, merci.

     

    — Mais de rien, rient-t-il en chœur.

     

    — Et pour info, la serpillière a disparu, m’informe Rhymes en se marrant.

     

    J’observe les verres d’eau pleins inversés qui menacent de noyé le bureau drapé des dernières notes de frais et de factures. J’espère pour eux qu’ils ont fait des copies.

    Je m’accroupis pour observer le mécanisme. Un jour, cet enfoiré devra m’expliquer comment il fait ça. Parce que ça reste un mystère pour moi et je sens que mes bottes vont de nouveau connaitre la flotte.

    Maudit sois-tu Creed aujourd’hui.

     

     

    ***

     

     

    J’arrive dans la cuisine vers treize heures après avoir noyé et sauver de justesse le pc des conneries de Rhymes. J’ai dû imprimer les factures que Gina avait déjà faites. J’ai eu deux heures de tranquillité dans le bureau, loin des gars tout en sachant très bien que j’allais sans doute me faire pulvériser par des œufs ou une connerie dans ce genre. Par chance, rien de tout ça ne s’est produit.

    Gina s’affaire en cuisine, elle termine de faire… des pommes d’amour, comme pour la Saint-Valentin. Sauf qu’aujourd’hui, c’est suspect.

    J’arrive à sa hauteur. Il se dégage un délicieux arôme de lasagnes mélangé au sucre et aux caramels colorés qu’elle utilise pour faire son glaçage.

    Je me penche pour embrasser sa joue. Le Premier avril a une saveur différente lorsque je me retrouve en tête à tête avec Gina. Ce jour me rappelle notre enfance, lorsque ma sœur était encore en vie, que nous faisions nos crasses en équipe. Faith adorait ce jour-là.

    Elle me manque tellement dans ces moments-là. Et quand je vois Gina, je la vois elle, ça fait autant de mal que de bien.

    Gina me salue en m’embrassant chaleureusement à son tour.

     

    — Tu n’as pas fait d’oignon, n’est-ce pas ? je lui demande en montrant son plateau.

     

    L’Italienne me jette un regard amusé.

     

    — Pas cette année, on ne fait pas de le réchauffer, nous, me répond-t-elle en souriant.

     

    Je la dévisage avec méfiance. Gina fait de même avant qu’un rire léger nous emporte. Elle enrobe une pomme sous mes yeux, c’est tellement chiant à faire, que je doute qu’elle les ait faites avec des putains d’oignon.

    Elle m’en tend une, je secoue la tête, je ne suis pas fou à ce point… mais comme son mari, j’adore ces maudites pommes. J’attrape une du milieu et croque dedans à pleins dents. Un jus amer et forte coule le long de ma gorge et le bruit crissant d’un oignon résonne à mes oreilles… ainsi que le goût écœurant.

     

    — Gina ! je râle.

     

    L’Italienne éclate de rire en voyant ma tête dégoutée. Trahis par un autre sourire.

    Je suis maudit.

    Gina me tend un papier pour que je crache, ce que je fais. Putain c’est dégueulasse.

     

    — Creed, t’es tellement adorable avec ta petite puce que tu te fais avoir à chaque fois. Les trucs les plus évidents t’échappent comme toujours, alors que les plus complexes te sautent aux yeux, c’est ça qui est marrant avec toi.

     

    — On ne fait jamais dans le réchauffé, je rétorque.

     

    Merde, c’est aussi important que le serment des scouts pour le premier avril. Il n’y a que Klax qui ne se creuse jamais le cerveau.

     

    — Pas cette année, me répond la sœur de mon pote.

     

    Gina saisit le plateau d’oignon d’amour qu’elle fourre directement dans la poubelle. Je dois admettre qu’ils se donnent tous un mal fou pour me faire mettre les deux pieds dans la merde.

    Je suis certain qu’H est l’investigateur de tous ces crimes à mon égard. Ce connard se venge.

    Et j’aime ça.

    Je m’approche du frigo pour avaler quelque chose qui m’enlève ce gout franchement répugnant. Je trouve une bouteille de jus de fruit entamé. Je l’enfile d’un trait avant d’aller au lavabo me laver les mains.

    Un silence étrange s’installe derrière moi, mon instinct me dit d’être méfiant.

    Ils préparent une couille.

     

    — Gina… je commence, si jamais tu…

     

    Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’un truc étrange se passe. D’une seconde à l’autre, je vois un plat géant sous mes yeux qui finit dans ma tête.

    Ouais… dans ma tête bordel !

    Je me fige devant le lavabo, alors qu’une sorte de crème sucrée glisse sur mon visage. Des rires retentissent derrière moi. Beaucoup de rire.

    Pourquoi je n’ai rien vu venir ?!

    J’essaye d’essuyer mon visage couvert de crème pâtissière sans bouger, j’entends le bruit sourd du plat tombant par terre.

    Je vais buter le connard qui a osé faire ça.

     

    — Tu l’avais pas vu venir celle-là, pas vrai ? lance Sean dans mon dos.

     

    Je secoue la tête en essayant de retrouver un semblant de vue. Je crois que je suis en train d’en foutre de partout. J’entends le son de l’appareil photo d’un portable. Ils comptent tous faire un album ou quoi ?

     

    — Et de six, mon pote, déclare H avec fierté dans la cuisine si je me fie au son de sa voix. Tu veux qu’on appelle Sasha pour qu’elle vienne lécher tout ça.

     

    Je lève mes majeurs pour répondre.

     

    — Je me vengerais, je bougonne en m’essuyant le visage avec les papiers que Gina me tend sans cacher son rire.

     

    Et au fond de moi, je ris en m’imaginant. Je pourrais rajouter à ma liste entartée par un glaçon… quelle destinée j’ai.

    Aujourd’hui, on a le droit d’être de grand enfant… on ne se l’autorise pas souvent le restant du temps. C’est bien pour ça que tout est permis le premier avril. Pour oublier que le restant de l’année, on n’a pas le droit à la légèreté dans notre milieu où règne le danger. Même moi je m’autorise à ressortir ce gamin insouciant enfoui au fond de moi, celui qui n’avait connu ni la drogue, ni la perte, et encore moins la déception de la vie.

     

     

    ***

     

     

    J’ai survécu à ce premier avril. C’est la première chose que je me dis en coupant le contact de ma bécane.

     

    — Ca y est, la journée est finie, pas vrai ? se moque gentiment H.

     

    Je retire mon casque en dévisageant l’italien assis sur les trois marches d’escalier menant à l’entrée de notre maison. Il boit une bière en m’attendant gentiment. Je vois que la vieille Yeber est passée manifester son mécontentement.

     

    — T’as excité notre voisine Creed ? déclare Hurricane, parce qu’elle était en forme ce soir.

     

    J’examine les déchets en papiers et autre joyeuseté laisser par la vieille Yeber sur notre pelouse.

     

    — Juste un peu, j’avoue en allant m’asseoir à ses côtés.

     

    On observe le capharnaüm de la vieille conne qui a pris notre jardin pour sa poubelle géante. Je reconnais que la mamie est amusante. Dommage pour nous qu’on est plus de prospect pour ramasser la merde. On va devoir se la jouer à pierre feuille ciseau avec H pour savoir qui va faire le ménage. Sans avoir à le dire, nos deux mains se lèvent. J’ai pierre, il a ciseau.

    J’ai gagné.

    H jure en secouant la tête, on ne le fera pas en une seconde manche.

    Y’a une putain de justice.

     

    — Mec, prie pour ne pas tirer l’année prochaine « POISSON D’AVRIL » dans le bocal, je rétorque.

     

    Mon meilleur ami se met à rire en levant sa bière comme pour trinquer.

     

    — Je suis chanceux. De toute façon, on ne pourra pas faire pire que ça…

     

    Il pose sa bouteille en verre, et attrape à côté de lui plusieurs photos.

    Cet enfoiré a déjà fait développer les clichés de mes désastres journaliers.

    Hurricane me les tend en se marrant, je les regarde un à un. Je tire une de ses têtes à chaque fois.

     

    — OK, t’as gagné, je me suis fait avoir comme un con, je finis par avouer, et tu es le roi de la manigance, ça te va ?

     

    H prend un air satisfait. Il a dû se tuer les neurones pour arriver à planifier une pareille journée, de quoi rendre fou n’importe quel homme saint d’esprit. Parce qu’après le club de strip, il y a eu la russe qui a essayé de me vendre son rein contre la réparation de sa caisse. Les toilettes au cellophane, le savon verni, les portes piégées, les beignets à la mayo, le déodorant en spray remplacé par une bombe de peinture, mes chaussettes dans mon casier toutes trouées.

    H ne s’est pas ennuyé.

    Ce dernier me tend l’autre bière, je secoue la tête en prenant un air « ne me prends pas pour un con ».

     

    — Tiens, prend ma bouteille, puisque t’es si méfiant, me nargue-t-il.

     

    — Te connaissant, c’est celle-là que remplie de je ne sais quel merdier.

     

    J’attrape l’autre bouteille décapsulée que je porte à mes lèvres sans hésiter, je rêvais d’une bonne bière pour me détendre de cette journée.

    Sérieusement quel est le con qui a eu l’idée de génie de faire ça.

     

    — Bordel H ! je jure en crachant le liquide ambré.

     

    L’italien part dans un énième fou rire en renversant sa bière. Ce connard a même trafiqué ma bière en y fourrant… je ne sais pas quoi, mais c’est âcre, sucré et salé à la fois. Comment on peut faire ça à une Guiness ?

     

    — Ma sœur a raison, t’es tellement facile à duper pour les choses simples, rit H.

     

    Il sort son portable qu’il braque dans ma direction.

     

    — Une petite photo pour terminer la journée ? se moque-t-il.

     

    Je soupire en lui souriant, jusqu’au bout, il aura usé de tous les vis pour me voir galérer.

     

    — Allez bouge-toi le cul cendrillon, je rétorque, je vais me pieuter.

     

    — Fais attention à ton lit, me prévient H.

     

    Je lui envoie un coup de poing dans l’épaule en me levant, je doute qu’il soit allé jusque-là. Quelques minutes plus tard, je m’effondre sur mon lit sans prêter attention à ce qu’il pourrait contenir. Je n’ai plus suffisamment de patience ni de courage pour réfléchir aux sales coups que j’ai faits aux autres. Je sais qu’une année, j’avais fourré le lit de Rhymes à la crème chantilly avec l’aide de Liam. Le jumeau avait mis un moment avant de s’en rendre compte d’ailleurs. Je ne prends pas la peine de virer mes fringues. Je me laisse aller dans les bras de Morphée en priant pour que ce dernier me laisse aussi en paix.

     

     

    ***

     

    C’est raté.

    Je me réveille en sursaut, prêt à répondre de mes actes et à vérifier qu’Hurricane ne se trouve pas dans mon putain de pieu. Lorsque ma vue devient net, l’obscurité est maitresse dans ma chambre, les draps de mon lit sont en désordre, il fait chaud. Dans la chambre règne une atmosphère étrange, ressemblant à une putain de baise.

    Mon cœur s’emballe, est-ce que j’ai perdu la tête ? Bordel, il ne manquerait plus que ça à rajouter au tableau du meilleur mauvais pote de la terre. Je viens de faire un sale rêve.

    H et moi dans le même pieu, à s’asticoter comme doivent le faire l’irlandais et Klax.

    Une sueur me traverse le corps. Je me frotte le visage, même mon subconscient se ligue contre moi.

     

    — Qu’est-ce qu’il t’arrive ? plaisante une douce voix féminine contre moi.

     

    Je me tourne vers Sasha allongée à mes côtés, mon t-shirt des Bloods Of Silence sur le dos. Ses longues jambes tatouées sont dénudées, tout comme le reste.

    Je reste assis comme un idiot à la regarder. Je suis en caleçon… comment j’ai atterri en caleçon ? Mystère.

     

    — Il a rêvé de moi et de mon corps d’athlète ! hurle Hurricane du salon.

     

    J’envoie un coup de poing dans le mur, ce qui le fait se marrer.

    Il a infiltré mon cerveau ou quoi ?

     

    — Putain d’italien, je souffle en me frottant les yeux.

     

    Sasha se met à rire en laissant vagabonder ses mains sur mon torse pour attirer mon attention.

     

    — Alors qu’est-ce qui t’a tiré de ce sommeil agité ? chuchote-t-elle à mon oreille.

     

    — Rien, je rétorque.

     

    J’ai rêvé qu’on se tripotait avec mon meilleur ami, si ça, ce n’est pas un cauchemar !

     

    — Tu vas te foutre de ma gueule, je finis par lancer en m’allongeant de nouveau.

     

    — Après cette journée ? Impossible mon vieux.

     

    Je vois qu’on la mise au parfum. Bordel, dès demain, ils vont tous trinquer à ma façon.

     

    — J’ai rêvé d’Hurricane… j’avoue dans la pénombre.

     

    — Et ?

     

    Je déglutis, partagé entre le malaise et l’hilarité de la chose. Je suis en train de devenir fou.

     

    — À ton avis ?

     

    Sasha écarquille les yeux avant de prendre un air amusé. J’aime quand elle est comme ça, il n’y a que lorsqu’on est ensemble, sans les autres qu’elle s’autorise cette légèreté si rare.

    Je me surprends à la trouver belle comme ça… si femme et si simple. Sans toutes les responsabilités que nos places nous poussent à avoir.

     

    — Oh comme c’est adorable.

     

    — Sasha… je commence d’une voix menaçante.

     

    La Hell’s part dans un fou rire.

     

    — Et qui faisait frotti-frotta avec l’autre ? se moque-t-elle, c’est l’effet des gogos danseur de cet après-midi qui t’ont retourné l’esprit ?

     

    Sa main glisse le long de mon torse vers mon entrejambe. Cet après-midi, après m’être fait entarter par Sean, je me suis rendu au (NOM CLUB). Toutes les filles avaient été remplacées par des drag-queens. L’espace d’un instant, j’ai cru halluciner, tout le monde agissait normalement. Comme si de rien n’était. On avait changé la déco du club et les affiches. J’ai surpris un numéro de french cancan dirigé par Savage, hilare dans le public.

    Ils sont tous fous.  

     

    — Même ton cerveau te fait des blagues pourries, mon pauvre Creed, ironise la Présidente.

     

    Je la dévisage en souriant, bon sang, cette journée est vraiment pourrie.

     

    — Il me faut du réconfort, je déclare en essayant d’attirer Sasha contre moi.

     

    La Hell’s me résiste en se tortillant.

     

    — Demande à Hurricane ! se moque-t-elle de sa voix cassée.

     

    — Demander quoi à Hurricane ? hurle le principal intéressé de l’autre côté du mur.

     

    — Rien ! je jure en me retournant dans mon lit.

     

    Je laisse tomber en fourrant ma tête sous mes oreillers tout en gémissant pitoyablement. Je suis le roi des cons, le Président qui s’est totalement fait avoir durant toute la journée, trop occupé à chercher ce qui ne se voit pas sans se méfier de ce qui était gros comme le nez au milieu de la figure. Mais je dois avouer, que bon sang, qu’est-ce que j’ai ri de leur connerie une fois seul. Ils se sont surpassés.

    Sasha se blottit contre moi en calmant ses rires, au moins, mes frasques la font se marrer. Qu’est-ce que dit l’irlandais déjà ? Femme qui rit à moitié dans son lit ? Je suis gagnant donc ?

    Je la prends dans mes bras en espérant que l’année prochaine, on élargisse notre cercle de participant aux chattes. Sasha découvrirait mes autres talents cachés… et sans doute, je riais autant qu’elle ce soir.

    Je décide de dormir de nouveau, en espérant que mon subconscient me laisse tranquille. Il ne manquerait plus que je rêve d’une partouze avec les deux Irlandais pour terminer la journée. Mon calvaire est fini, et l’année prochaine, l’élu de la journée va prendre cher. Parce que bordel j’en ai chié, ma patience a été mise à rude épreuve et ce qui m’a tiré de mon sommeil s’était… plus que je ne le reconnaitrais, même si ce n’était pas la réalité.

    Demain, les choses reprennent leur cours, tout le monde va redevenir sérieux et moi… je redeviendrais ce Président mystérieux au regard absent d’où pèse plus d’un maux.

     

     

    FIN

    Amheliie