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Tome 3 : Chasseuse

  • Epilogue - PARTIE II : T

     

     

     

     

       –  Alors ? Je demande à Sonny en achevant les dernières notes.

     

    Elle ne répond pas tout de suite, mais je pense avoir trouvé la bonne mélodie, vu son regard je sais que j’ai touché juste.

     

       –  Le sexe, dit-elle en s’approchant du piano, ça me fait penser au sexe.

     

       –  C’est ça.

     

       –  Alors pourquoi j’ai l’impression que tu n‘es pas satisfait.

     

    Je soupire en caressant les touches du piano puis lui demande d’approcher. Sonny s’installe sur moi, un souvenir refait surface, nous deux dans un restaurant au piano comme maintenant puis moi en elle. Je n’oublierai jamais cette soirée, notre première.

    Sonny caresse ma joue et me sourit en sentant mon désir sous ses fesses.

     

       –  Qu’est-ce qu’il y a T ? Elle est parfaite cette mélodie.

     

       –  Quand je pense au sexe, c’est à toi que je pense. Je n’arrive pas à me dissocier de toi pour ça.

     

    Sonny rougit et ses lèvres se posent doucement sur les miennes.

     

       –  Je ne vois toujours pas où est le problème dit-elle contre mes lèvres en rapprochant son corps du mien.

     

       –  Je vois tout ça, dis-je en prenant son visage entre mes mains, toi qui me chevauches, tes yeux qui brillent, tes cheveux sur tes épaules, tes seins qui attendent ma bouche, ton corps en sueur qui glisse parfaitement sur le mien et…

     

    Ma chasseuse ne me laisse pas finir, sa bouche reprend la mienne plus durement, mes mains glissent sur ses reins pour la rapprocher encore jusqu’à ne plus sentir qu’elle contre moi.

     

       –  Et c’est parfait dit-elle ne mordant ma lèvre.

     

    Je grogne, elle me relâche et s’écarte un peu.

     

       –  Ça ne l’est pas ? me demande Sonny ne voyant pas ce qui me gêne.

     

       –  Si ça l’est, mais…je soupire, je ne veux pas partager ça avec qui que ce soit. Je suis capable de hurler au monde entier que je t’aime sans problème, mais ça, le sexe je ne peux pas. Ce n’est que pour moi tu comprends, quand tu es comme ça c’est seulement avec moi et je ne veux pas le partager.

     

    Les yeux de Sonny me dévisagent comme si elle me voyait pour la première fois, pourtant je connais chacun de ses regards, mais celui-là me déstabilise. C’est de l’admiration que je vois et si j’ai toujours su qu’elle appréciait ce que je fais, je me sens comme un débutant à son premier concert, chamboulé, euphorique et gêné par la réaction que je suscite.

    J’enfouis mon visage dans sa poitrine et respire son odeur apaisante, cette chanson me prend la tête depuis plus d’une semaine. Si je me laissais aller, je pourrais faire tout un album sur ce thème, mais je serais bien incapable de laisser quelqu’un d’autre l’écouter. Son corps m’appartient et les réactions qu’il a quand ont fait l’amour, les sensations que j’éprouve je ne veux pas qu’une autre personne les découvre. C’est surement stupide, mais je n’y arrive pas.

    Le client de Steve, un réalisateur encore méconnu devra se contenter d’une mélodie pour ma part, s’il veut des paroles il faudra chercher ailleurs. Chaque artiste a ces limites et la mienne c’est le sexe. Je n’ai jamais eu à faire à ce genre de défi encore, ça fait neuf ans que je fais de la musique pour le cinéma et en plusieurs films, si j’ai eu le droit à des chansons d’amour jamais au sexe brut. Inconsciemment je me doutais que je n’en serais pas capable. Je verrais avec Pete, peut-être qu’il pourra m’aider, sinon ça restera comme ça. Parfois il m’est d’une aide précieuse, travailler seul n’est pas forcément ce que je préfère, j’ai toujours eu besoin d’aide pour faire des chansons. Le cinéma me permet de continuer à faire ce que j’aime en préservant mon anonymat, il n’y a pas de tourné, de  promos a assurés, je suis libre de faire comme je l’entends et de refuser un projet que Steve me propose. Grâce à lui, je peux faire ce que j’aime et préserver ma famille du star-système. Surtout que maintenant, on trouvera étrange qu’après dix ans je n’aie pas pris une ride. Si parfois on a encore le droit à quelques journalistes qui cherchent à savoir ce qu’on est devenue, se fondre dans la masse est assez simple, une casquette, une paire de lunettes, déménager, tout lâcher comme si on était partis à l’autre bout du monde et après quelque mois on vous oublie pour le nouveau groupe qui cartonne.

    Sonny relève mon visage, un sourire sur les lèvres elle m’embrasse tendrement d’abord puis très vite je sens sa langue investir ma bouche et m’envahir de désire. Mes mains glissent sous

    son tee-shirt et caressent sa peau qui frissonne et remontent sur son corps pour englober ses seins. Sonny gémit en se trémoussant sur moi.

     

       –  Papa, maman ils sont arrivés ! Hurle une petite voix qui nous interrompt.

     

    On reste un instant figé puis à regret Sonny s’écarte de moi. Mes mains ne veulent pas quitter son corps, parfois être parents me rend dingue, surtout quand j’ai envie d’elle et qu’il faut se résoudre à attendre.

     

       –  On arrive ! répond ma chasseuse à notre fille qui repart vers la maison.

     

    Sonny se lève et remet de l’ordre à sa tenue, je suis incapable de faire le moindre mouvement je me contente de la mater en me disant que je vais devoir prendre sur moi pour ne pas l’allonger sur le sol et m’enfoncer en elle.

     

       –  T ?

     

    Je sors de mes pensées et relèves les yeux sur son visage, ses lèvres sont encore gonflées de nos baisers.

     

       –  Oui, j’arrive, laisse-moi deux minutes, dis-je en lui montrant mon entrejambe qui n’a pas encore compris qu’il va falloir faire preuve de patience.

     

    Sonny rit en sortant du studio que j’ai aménagé dans la dépendance de la maison afin de pouvoir bosser quand j’en ai envie sans déranger personne et sans avoir à sortir de chez moi. Très pratique avec les enfants, en plus ils adorent venir ici et faire du raffut avec tout un tas d’instruments. Liv est plutôt douée pour le piano et Harold, pour le moment il adore la batterie, faire du bruit et frapper sur des caisses l’amuse.

    Je range un peu les partitions qui trainent partout puis sors à mon tour pour rejoindre la maison. Le soleil commence sa descente à l’horizon et le jardin sera bientôt dans le noir. J’aime cette maison, c’est ici qu’Harold est né, ici qu’ils ont grandis tous les deux, Liv a fait ses premiers pas sur cette pelouse (elle adore toujours l’herbe) et Harold s’est pris les pieds dans le tapis du salon en venant rejoindre sa sœur pour la première fois. J’ai aimé chaque moment passé entre ses murs et je ne veux pas que ça s’arrête.

    Je m’apprête à franchir la terrasse quand je vois un mouvement sur ma gauche. Liv est sur la balançoire la tête baissée et je ne distingue pas son visage derrière la cascade de ses cheveux.

    Je m’approche d’elle, elle relève à peine la tête quand je m’installe sur l’autre balançoire à côté d’elle. Je ne sais pas ce qu’elle fait là, seul dans le noir, mais quelque chose me dit qu’il y un souci. Elle n’est pas du genre solitaire, bien au contraire, il faut toujours qu’il y ait du monde autour d’elle ou du bruit même en faisant ses devoirs elle a besoin d’avoir son frère dans les pattes. Harold, lui n’a pas besoin d’être seul physiquement pour s’isoler, parfois il est présent, mais ailleurs, il se perd dans ses pensées, c’est un rêveur.

     

       –  Trey n’est pas là ? je demande en me balançant légèrement.

     

    Liv soupire et émet un petit si tout bas. Trey est le fils de Pete et Amy, leur premier fils, deux ont suivi rapidement après lui. Il est plus jeune que Liv d’un an et demi et tous les deux sont inséparables en temps normal. Ils ont espéré avoir une fille, mais pour le plus grand bonheur d’Amy elle n’a que des fils. Harold m’a dit il y a 3 jours en voyant « Malcolm » à la télé qu’Amy ressemblait beaucoup à Lois la mère de Malcom, à supporter toutes les conneries imaginables que font leurs fils. Quand elle vient à la maison, elle s’enferme une heure avec Liv dans sa chambre, juste pour être avec une fille. Amy est à présent vampire, la transformation a été plus dure pour Pete que pour elle. Je ne l’ai jamais vu avoir autant peur, mais tout s’est bien passé et ils ont une belle famille à présent. Amy s’occupe de l’école pour nos petits vampires, c’est elle qui leur fait la classe a eu et d’autres enfants qui comme les nôtres ne peuvent plus fréquentés l’école normale sans risquer qu’on découvre la vérité. Sonny a fait en sorte que l’ancien QG qui nous avait servis pour la traque de Low soit transformé en école.

     

     

     

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       –  Alors pourquoi tu es toute seule ici ?

     

    Liv relève la tête et me regarde, ses yeux brillent comme si à chaque instant ils étaient prêts à lâcher les vannes qu’elle retient tant bien que mal. Je fronce les sourcils, je n’aime pas la voir triste.

     

       –  Qu’est-ce qu’il y a ? je demande inquiet.

     

       –  Trey, dit-elle en frottant ses pieds nus sur l’herbe, il ne veut pas venir avec moi au bal de l’école. Il a dit…

     

    Un sanglot l’empêche de continuer et je me raccroche à la corde qui supporte la balançoire pour ne pas aller la prendre dans mes bras et la consoler. Liv et même Sonny pensent que j’en fais trop et qu’il est temps que je laisse ma fille grandir. C’est facile à dire pour eux, pour moi, même si ça croissance est lente elle reste mon bébé, doux et fragile et surement trop sensible. Elle ne me ressemble pas que physiquement, elle a aussi hérité de ce trait de caractère qui la fera souffrir et je sais ce que c’est alors si je peux lui éviter la douleur de se sentir rejeté je ne vais ne pas me priver quitte a trop la couver. On a jamais trop d’amour. Harold malgré son tempérament rêveur sera plus fort, il est plus comme sa mère, combatif et persévérant. Mais je m’en ferais toujours pour lui aussi, comme Sonny même si elle me trouve trop protecteur ne peut s’empêcher d’avoir peur pour eux. On est parents, l’amour ne va pas sans la peur qu’il leur arrive malheur.

     

       –  Il a dit ? Je reprends quand je la vois frotter ses yeux pour ne pas craquer.

     

       –  Qu’on n’était pas amoureux et qu’on va

    à ce genre de truc avec son amoureux.

     

    Je souris un peu, Trey est bien le fils de son père, incapable de voir ce qu’il a sous les yeux.

     

       –  C’est pas drôle papa !

     

       –  Non ce n’est pas drôle. Tu sais parfois les garçons ne comprennent pas toujours que ce qu’ils ressentent pour une fille c’est autre chose que de l’amitié.

     

       –  Comment tu as su pour maman ? demande Liv en se redressant prête à tout entendre.

     

       –  Quand j’ai cru la perdre, j’ai su que je l’aimais. C’est souvent quand on se rend compte qu’on ne peut pas se passer de quelqu’un qu’il prend une autre dimension dans notre cœur. Je savais que je l’aimais, elle est… tellement ce que je ne suis pas, elle est ce qui a comblé le vide que je ne savais pas avoir avant de la rencontrer. Ta mère c’est simplement celle qui me fallait, même si j’ai mis du temps à m’en rendre compte, elle, elle n’en a jamais douté et c’est ce qui nous a sauvés. Mais il m’a fallu, prendre conscience que même si on est destiné, elle pouvait ne pas m’attendre pour que je comprenne que je l’aime.

     

    Je lui épargne pour le moment le passage Oracle et le désir irrépressible de la destinée, elle est encore trop jeune pour entendre ça.

     

       –  Quand tu penses à maman, reprend Liv, je le sais.

     

       –  Comment ça ?

     

       –  Là tu pensais à elle quand tu m’en as parlé et je sens comme un battement en plus dans mon cœur.

     

    J’encaisse ses paroles, stupéfaites, je ressens continuellement un battement supplémentaire dans le mien et c’est celui de Sonny, mais j’ignorais pour Liv. je repense a toutes ses fois ou, avant qu’elle ne parle elle m’a souri ou touché alors que je pensais a sa mère puis a toutes ses fois ou elle m’a dit de ne pas m’inquiéter pour elle quand Sonny part en déplacement alors que je pense au danger quel court et au souvenir de ses rires quand on est au studio que je pense a Sonny en composant et qu’elle me dit que je devrais me concentrer sur le travail et pas sur sa mère.

     

       –  Pourquoi tu ne me l’as jamais dit ?

     

       –  Je ne sais pas, ça me semble normal et parfois je n’y fais pas attention.

     

       –  Harold aussi ?

     

       –  Je ne crois pas.

     

    C’est étrange. J’aime mes enfants autant l’un que l’autre, mais Liv et moi avons toujours eu une relation plus particulière et c’est peut-être dû à ça. Elle a surement plus hérité du vampire que de la chasseuse.

     

       –  C’est comme ça pour toi aussi ?

     

       –  Non, enfin moi c’est toujours. J’ai toujours un battement supplémentaire qui appartient à ta mère.

     

    Liv se lève et me sourit, au moins elle a l’air d’avoir oublié Trey pour le moment.

     

       –  Tu crois que quand je serais grande j’aurais la même chose que toi.

     

    Je n’en doute pas une seconde à vrai dire, je suis même quasi sûr que Trey est sa destinée. Leur relation est trop forte, Liv à ce besoin constant d’être avec lui et de le sentir près d’elle. Tout ça reste très sage encore, ils n’ont pas le désir que déclenche la destinée et Dieu merci je n’ai pas envie d’y penser dans l’immédiat, mais leur façon d’être l’un avec l’autre presque soudé ne laisse pas beaucoup de doute.

     

       –  Moi aussi je veux un battement de cœur.

     

       –  Tu l’auras ma puce.

     

    Je dévisage ma fille en souriant, bon sang ce battement de cœur. Ce lien indescriptible que seules des personnes unies et destinées peuvent ressentir, c’est la chose la plus bouleversante à vivre dans une vie de vampire. Bien sûr, ce lien n’est pas parfait, il est rempli de défaut, il vous apporte la force, mais c’est aussi une arme redoutable qui peut vous rendre faible l’instant d’après. Mais la destinée est, ce qui m’est arrivé de mieux. Quand je vois le sourire de Liv, le rire d’Harold, mais surtout, lorsque je vois Sonny, cette femme si belle, celle qui m’aime depuis toutes ses années, savoir qu’elle est à moi  et que ce lien existe entre nous, me rend fier et je me dis que rien n’est arrivé sans raison. Je suis fier d’être devenu la personne que j’ai eue. Parce que si je suis le T d’aujourd’hui, le père aimant et protecteur, l’ancien rock star reconvertie, l’ami fidèle, mais surtout un amant et à compagnon responsable, ce n’est pas dû à rien. Je dois tout à Sonny et à notre amour. J’étais un vampire, elle était une chasseuse, et malgré nos différences, on a créé quelques choses de belles, à notre image, une vie qui nous ressemble. Et je ne regrette rien.

    Je dois la vie à notre destinée qui m’a fait comprendre que la vie pouvait être belle, et puis je l’aime. Je l’aime un peu plus chaque jour. J’aime ce que notre amour représente. Et je sais qu’il vivra longtemps, et qu’il deviendra encore plus fort que le jour précédent. Parce qu’on s’aime ainsi passionnément. Et je souhaite à ma fille de découvrir ça. De tomber sur la bonne personne, celle qui éclaircit votre vie, vous donne une raison de vous lever le matin, vous guide vers le bon chemin. Je lui souhaite tout simplement d’avoir cette personne, celle qui est le battement même de votre cœur, votre raison de vivre, l’amour que vous ne pensiez jamais connaitre, qu’elle soit votre moitié… votre destinée.

     

    Je ne fuis plus de chez moi.

    Puisque chez moi, c’est à présent en toi.

    Je joue encore de la guitare.

    Pour te dire pour ce que je pense sur notre histoire.

    Non, ce n’est pas un leurre

    L’amour n’est pas un leurre

    Ma chasseuse m’aime

    Elle n’est pas simplement amoureuse de l’amour

    Elle m’aime moi

    Et quand je croise ton regard

    Quand nous sommes en corps à corps,

    Quand je touche ton cœur et ton âme,

    Quand ton sang entre en moi

    Créant notre lien

    Je sais que…

    Ce n’est pas un leurre,

    L’amour n’est pas un leurre

    Je sais que tu m’aimes

    Tu n’es pas simplement amoureuse de l’amour

    Tu m’aimes pour moi.

    Et quand tu es dans mes bras

    Je me sens comme un roi

    Parce que je sais que quoi qu’il se passe.

    Tu seras toujours là

    Non, ce n’est pas un leurre

    L’amour n’est pas un leurre

    Ma chasseuse m’aime

    Elle n’est pas simplement amoureuse de l’amour

    Elle m’aime moi

    On avait rien prévu de tout ça.

    La destinée, toi et moi

    Et pourtant, quand je te vois

    Je me dis que c’est le plus beau battement de cœur,

    Celui de t’avoir et de t’aimais toi.

    Et de savoir que rien ne nous séparera.

     

     

     

    FIN

     

     

    Maryrhage 

     

     

  • Epilogue - PARTIE I : Sonny

     

    Coucou tout le monde !

     Ce soir, première partie de l’épilogue du dernier tome de VRS.

     Bouh ça sent vraiment la fin… :’( ^^

     Bonne lecture à tous !

     

    On espère qu’il vous plaira ! ^^

     Bizzz

      Am & Mary

     

    **************************

     

     

     

    Dix ans plus tard.

     

     

    Qu’est-ce que dix ans dans nos vies ? Qu’est-ce que représente une décennie quand on dispose de l’éternité ? Il m’arrive de me poser cette question parfois ; qu’est-ce qu’une année pour nous ? Le temps passe, mais nous maintient figé alors que tout autour de nous se transforme, grandit et change à une vitesse qu’on ne peut contrôler. Dix ans se sont écoulés en un claquement de doigts et pourtant j’ai l’impression que tout a commencé hier.

    J’ai l’impression d’avoir découvert son corps, son odeur et le goût de ses lèvres la veille au soir, ainsi que la découverte extraordinaire de ce lien spécial qui nous unit et qui grandit sans cesse. J’ai l’impression d’avoir fermé les yeux, de m’être endormi un court instant et de me rendre compte au réveil qu’on m’a propulsé dans mon futur. Pourtant, j’ai savouré chaque instant, chaque événement en douze ans. Je les ai savourés comme un bon vin rare et cher dont peu de bouteilles ont survécu au passage des années. On savoure ce nectar, comme on savoure chaque souvenir lorsqu’ils apparaissent.

    Et pourtant, tout va si vite, qu’on a l’impression de ne jamais profiter assez. Et Dieu seul sait à quel point j’ai profité…

    Ma vie a pris le meilleur des tournants il y a douze ans de cela, douze années, ce n’est rien, il y a encore tant de chemin à parcourir, mais c’est pourtant grâce à un événement en particulier que j’ai eu l’immense chance de vivre tout ça.

    Il a fallu que mon chemin croise le dossier d’un vampire rock star au passé plus que douteux, qui avait mal gérer le début de sa transformation. Un vampire amateur de musique, devenue une vrai rock star américaine avec d’autre vampire, célèbre, talentueux, ce vampire avait tout, et il allait sans doute faire des vagues si quelqu’un d’une autre décennie tombait par hasard sur  une photo de lui et reconnaissait le bel âtre qu’il est toujours.

    Alors on m’a mis sur son cas, je l’ai détesté ce maudit dossier, j’ai détesté tous les problèmes de cette traque, j’avais peur, et je ne comprenais pas pourquoi ce vampire m’attirer autant, pourquoi je le voulais, en me fichant royalement de savoir qui il était. J’étais terrifié à l’idée de perdre mes moyens, de ne plus savoir me contrôler.

    Jamais je n’avais prévu le choc, l’explosion entre nous et tout ce que cela impliquerait : notre destinée.

    Je me rappelle encore de ce premier soir, de ce concert dans ce bar, du son de sa voix résonnant dans le micro, de cet amour qu’il clamait haut et fort à une autre. Puis il a eu cette histoire d’odeur… et sans le comprendre, je me suis retrouvé plaqué contre un mur, un corps puissant et enivrant contre moi.

    C’était fini, dès cet instant, cette fraction de seconde, tout était signé. Et pourtant, j’avais en face de moi un vampire têtu, fuyard… un gosse presque, qui se fichait de tous. De la vie, des gens, des conséquences, des obligations et de l’avenir. J’avais en face de moi tout ce qui me faisait peur et m’attirer, je l’ai détesté autant que je l’ai aimé à cette période.

    Il a fallu se battre, contre lui, contre moi, contre nous et notre désir, notre passion qui nous hurler de nous aimer et d’arrêter de ne pas nous écouter. On a faillir aller vers la catastrophe, perdue dans certaines illusions du au doute et à la peur. Mais nous sommes sortis vainqueurs, prêts à affronter cette nouvelle vie à deux. Avec cette destinée forte, ce sentiment que personne n’avait connu ni ressenti avant NOUS.

    Puis il y a eu ses premiers mois d’adaptation avec ce vampire, cet incompréhensible de vampire qui vous émeut, vous fait l’amour comme un sauvage passionné, qui veut vous protéger sans vraiment savoir comment bien s’y prendre. Ce vampire qui vous aime plus que tout et qui n’est pas parfois. Ce vampire qui commet des erreurs et vous fait mal, mais qui vous offre le plus beau des cadeaux ; la joie de devenir mère.

    On apprend à gérer la peur et les problèmes ensemble avec ce vampire, en craignant nos nouvelles responsabilités.

    On accueille un enfant en plein milieu d’une guerre de chasseurs, mais qu’importe, ce bout de choux remplis nos cœurs de joie, on en est fière, et on l’aime, parce qu’elle nous apporte de l’espoir et nous unis pour la vie.

    Et puis les choses s’aggravent, on perd l’un des nôtres, l’un des plus important, la guerre entre les chasseurs fait rage, on souffre, Harold nous manque, mais on doit se battre. Et on se bat avec ce vampire, mais on ne se bat pas équitablement, on se fait mal, on doute et je blesse ce vampire. Mais heureusement, chaque problème trouve sa solution et c’est toujours dans la crainte et l’angoisse, aux côtés de l’amour et de l’espoir que tout finit par s’arranger, pour dégager un avenir plus clair, meilleur.

    Et ce vampire, l’amour de ma vie, ma destinée… ce n’est d’autres que T.

    Je dois tout à T. absolument tous. Sans lui, je n’aurais pas connu cette vie-là, il m’a offert tout ce dont une femme voudrait, et je l’ai eu en dix fois mieux.

    Et maintenant, nous en sommes là, douze ans plus tard… et il s’en est produit des choses en douze ans.

    Je termine ma tasse de café  en regardant par la fenêtre de la cuisine, celle qui donne sur une partie de l’immense jardin qui entoure notre maison.

    Notre maison…

    Je souris stupidement à chaque fois que j’y pense. Nous avons une maison, une vraie. En banlieue de New York. Non, nous ne sommes pas parties. Pas encore, dans quelques années… mais pas maintenant. Pas tant que tout nous accroche à cette ville, où les meilleurs souvenirs de nos vies sont encore si présents. Ma dans sa maison à New York qui profite tranquillement du temps qui lui reste et de la joie de nous avoir à ses côtés encore un peu. Ma grand-mère est tellement heureuse pour nous, je le vois dans ses yeux à chaque fois que nous allons diner chez elle. Elle est fière de ce que nous avons construit et sans doute soulagée de voir que mon avenir n’était pas celui qu’elle craignait. Je l’aime si fort pour tout ce qu’elle m’a appris et donner, voilà sans doute, pourquoi, je n’ai pas envie d’être loin d’elle pour l’accompagner jusqu’au bout. Je veux être près d’elle jusqu’à la fin. Mais cela restera dur de quitter cet endroit, et pourtant, je me rappelle très bien, qu’après les événements avec le Trafic et Low, le désir de nous enfuir était si fort, qu’on aurait pu prendre nos valises et partir très loin. Mais nous ne sommes pas partis, et c’est grâce à T… et à cette maison.

    Trois mois après notre victoire face aux « traitres » de l’Agence, un soir alors que j’avais passé ma journée à regarder les nouvelles recrues avec Pete, je suis rentré à l’appart, où  un calme étrange régner. Les lumières du salon étaient éteints, il n’y avait aucun bruit de musique ou de cordes de guitare torturé, pas de rires et de taquinerie provenant de la chambre de notre fille. Juste un mot sur la cuisine me disant de rejoindre mon homme et ma fille à une adresse, à l’extérieur de la ville. Je me suis demandé dans quel « embrouille » T s’était fourré et dans quoi il avait trainé sa fille, à mon avis une surprise, mais quelle surprise…

    J’ai cru rêver en la voyant, cette grande maison, au cœur d’un grand jardin, avec la place pour mettre une balançoire. Je suis entré dedans, le cœur battant espérant que cette maison aux charmes fous même la nuit, avec ses nombreuses fenêtres, et son style un peu ancien, soit à nous. Dès que j’ai franchi le pas de la porte et découvert mon vampire et ma fille debout, face à moi, les clés à la main, un sourire aux lèvres en me criant surprise. J’ai compris, et j’étais très heureuse. Heureuse d’avoir un tel compagnon.

    On a emménagé rapidement et les projets sont vite apparu, j’ai pris de l’importance au sein de l’Agence, je ne dirige pas, je n’ai pas l’âme à ça. Je recrute, et je siège au conseil… mais j’entraine aussi des recrus, et j’aime ça. La Traque me manque parfois, mais quand je pense à ce qui m’attend le soir en rentrant, l’envie me passe rapidement.

    T quant à lui, la musique a repris petit à petit une place dans sa vie. Et c’est bien, je suis fière de lui, et je l’aime davantage avec une guitare qu’un flingue, c’est plus sexy.

     

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    Sans surprise, le premier mot de Liv fut Papa. C’était quelques semaines après notre emménagement dans notre maison encore envahi par les cartons. Nous nous disputions comme n’importe quel couple sur le choix de la décoration, T n’est pas le genre à regarder des catalogues, et à faire les magasins, il était le genre à tout peindre en blanc et à accrocher des cadres de photos de partout en noyant des tableaux représentants la musique et d’autres domaines de prédilection qui nous unit. J’étais d’accord pour les photos, moins pour les images de guitare et de chanteur hurlant en sueur. C’est alors qu’on a entendu un rire à travers nos cris de désaccord, l’effet fut immédiat, nous nous sommes tues pour écouter notre fille, elle nous regarder assise dans sa chaise haute, en tapant des mains, son sourire sur son visage, elle nous a regardé, à tendu une main vers son père et à prononcer son  premier mot : Papa.

    Elle a rit, puis s’est tue, nous a regardé bizarrement comme si elle voulait la confirmation que c’était bien elle qui venait de dire cela. Nous nous sommes empressés vers elle, nos portables à la main pour immortaliser ce moment. T lui a parlé et elle a recommencé. Liv ne s’est pas arrêtée d’appeler son père pendant des jours. Découvrant sa voix, les mots… elle n’a dit que « Maman » plus tard, des semaines après, mais je ne l’ai pas mal pris, bien au contraire, j’étais heureuse que ce soit son premier mot, et puis comment être jalouse de la relation que T a avec sa fille ? C’est impossible. Ils sont tellement beaux tous les deux, tellement fusionnels, tellement importants l’un pour l’autre. Liv est le puits sans fin d’espoir et de fierté de T, sa fille lui permet d’évoluer, de s’adapter à sa nouvelle vie qu’il apprend chaque jour. Il a quelqu’un d’autre à rendre fier en plus de moi. Et il le fait tellement bien.

    Être père est sans doute, le meilleur rôle de sa vie, entendre le rire de sa fille la meilleure mélodie, et moi… je reste le meilleur son pour un musicien. Si Liv prend beaucoup de place, je garde toujours la mienne.

    On a même franchi un cap… un immense cap, T me taquine souvent avec ça… il aime me dire que je suis Madame Earl T Tea. Parce qu’en effet… je suis devenue sa femme il y a sept ans de cela…

    Nous nous sommes mariées sur la côté Ouest, lors d’un week-end chez nos amis vampires, Dem et Sven qui tiennent une boite là-bas.

    C’était cliché, et on entend encore les romantiques se moquaient de nous. Il y avait sans doute de quoi rire, parce que certains auraient pu croire que la chaleur nous était montée à  la tête d’avoir pris ce genre de décision. Mais je ne regrette rien, et je pense que T non plus. Parce que tout s’est passé exactement comme on en avait discuté avec T. On s’est mariée avec nos proches, sur une plage isolée de Los Angeles, au coucher du soleil. Le lieu était magnifique, il est immortalisé dans un immense cadre dans le couloir à l’entrée de la maison. Les couleurs qui nous entouraient, ses tons chauds, orangers, rouges et jaune, le bruit calme de la mer qui se repose d’une journée plus que mouvementée. C’était intime, à l’abri des journalistes et d’une foule d’invités qu’on n’aurait pas aimé voir. Je portais une robe blanche courte, facile à retirer, T en chemise blanche et pantalon beige, il était beau. J’aurais pu retomber amoureuse une seconde fois.

    Il n’y a pas eu de long discours, ni de vœux sortis de sites internet qu’on entend à la télé et dans tout les mariages. Juste nos mots et nos promesses à notre façon. Et une chanson, une très belle chanson du talent de T. On est partis ensuite en Alaska, où on a fait l’amour presque sans cesse pendant dix jours, et j’ai adoré nous retrouver tous les deux. Uniquement tous les deux comme avant.

    On s’est unis par le sang à deux reprises : avec la destinée et notre fille. Il ne nous manquait plus aux yeux du monde humain et au final, malgré tout ce que j’avais toujours pensé, j’étais et je suis toujours très contente de l’avoir fait.

    Mais on a pris mon nom de famille pour tous, Newmans est sans doute préférable à porter que Tea. Et puis T reste mon T, je n’en veux pas d’autres. Alors quand il me taquine, je renchéris en lui disant qu’il est mon Monsieur Sonny Newmans et cela a tendance à le mettre d’humeur à s’enfermer dans notre chambre et à oublier tout le reste.

    Le minuteur résonne à mes oreilles, l’odeur qui se dégage du four empli mes narines et me fait comprendre que ce qui était en cours de préparation est enfin prêt.

    J’attrape un torchon humide et sors du four les deux plaques remplies de cookies que je pose sur le plan de travail. Avec une spatule, je prends soin de déposer assez de biscuits pour les montres qui jouent dehors depuis deux heures déjà.

    Une fois prête, je lève les yeux dans leur direction, ils sont allongés dans l’herbe, T doit encore jouer au monstre qui sort les crocs, étrangement, cela n’a jamais effrayé personne, Liv petite adorer les touchés, bref, il adore passer des heures à se salir dans l’herbe, à se faire monter dessus, et moi j’aime le voir ainsi. Il passe beaucoup de temps à la maison pour s’occuper de sa famille.

    Je prends l’assiette et sort pour les rejoindre en passant par la baie vitrée. Il fait bon à l’extérieur. Je marche vers le coin-terrasse et pose les biscuits sur la table avant d’élever de la voix :

     

       –  Je crois qu’ils ont commencé à refroidir ! Et si vous ne vous dépêchez pas, je vais tous les mangers !

     

    Je souris quand trois têtes se tournent vers moi au même moment. T me pointe du doigt, faisant scintiller au soleil sa bague de mariage.

     

       –  Mais c’est maman qui est enfin sortie de sa cuisine ? Elle ne l’a pas fait brûler pour une fois !

     

       –  Miracle ! répond Liv en se moquant de moi.

     

       –  On n’appellera pas les pompiers comme ça ?

     

    J’éclate de rire et T aussi, lorsque notre fils, l’innocence incarnée par son jeune âge commente à son tour, en me regardant confus.

    Harold a quatre ans. Tout comme sa sœur, qui a aujourd’hui dix ans, il est petit pour son âge, mais très intelligent, un enfant de vampire ! Il est beau avec ses cheveux bruns et sa mèche rebelle et c’est mon fils… bon c’est celui de T aussi, sans lui, il ne serait pas là. Je reconnais qu’il a fait sa part du boulot, même si je l’ai porté neuf mois et accouché dans la douleur pour l’avoir, je ris intérieurement et arrête mon mélo.

    Beaucoup dise que c’est la fille de son père et le fils de sa mère. C’est faux, chacun de nous aimons nos enfants de la même façon et vis versa. J’aime Liv autant que j’aime Harold. Mais ma fille est le cul de son père, et j’ai le droit moi aussi d’être la star de quelqu’un. La première avec papa juste en dessous « parce que quand même, jouer de la guitare c’est cool ! ».

    Sa venue au monde était désirée, bon sang comme on l’a attendue ce petit bout.  On voulait un autre enfant, pour deux adultes qui ne se sentaient pas prêt à fonder une famille, à être en couple et faire des projets, je pense qu’on sait pas mal rattraper.

    On a attendu que Liv soit grande, on a profité d’elle, du début de son enfance où elle avait tant besoin de nous et de toute notre attention. J’ai aimé nos moments à trois, toutes nos découvertes. Et puis il a fallu que ce soit Liv qui nous lance, comme si elle nous donnait l’autorisation, un jour à table elle nous a dit avec sa petite voix : je veux un petit frère à mon anniversaire. Ce sera mon seul cadeau.

    Je me rappelle du regard fiévreux qu’on s’est lancé avec T, celui qui voulait tout dire. On n’a pas attendu pour se mettre à la tâche, et c’était encore plus puissant et jouissif de faire l’amour avec T en sachant qu’il y avait un « but » derrière.

    De toute façon, faire l’amour avec lui, bu ou pas, c’est toujours possessif et extrêmement bon. Je ne m’en lasse pas.

    Je regarde le père de mes enfants, ma destinée, embrasser nos deux monstres, il se lève et me rejoint en trottinant le sourire aux lèvres. Je le regarde longuement, de la tête au pied, il est beau, il n’a pas changé, et je l’aime.

    À ma hauteur, il se penche et m’embrasse sur la bouche avec force.

     

       –  Joyeux anniversaire ma chasseuse, murmure-t-il.

     

    Je souris à mon tour, je pensais qu’il avait oublié.

    Car aujourd’hui, cela fait douze ans. Douze ans qu’on s’est rencontré, et c’est une date très importante. Elle est le début à tous, à nous… à notre vie. Elle symbolise le point de rencontre entre deux êtres qui sont faits l’un pour l’autre, qui se cherchent, se trouvent et s’aiment. C’est le point de départ d’une belle histoire, elle n’est pas sans galère, elle est vraie, aucune histoire ne peut être un conte de fées sans moment de désespoir, sans peur ni crainte et souffrance, la notre à son lot de douleurs, de fantômes et de cicatrices qui nous hanteront toujours. Mais à côté de ça, notre histoire est grandiose, vibrante, elle est forte et sincère, passionnel et indescriptible. Elle est nous, cette histoire parfois digne d’un roman, avec des péripéties folles, avec ses moments de déchirement intense, et de retrouvailles émouvante. Elle est tout ce que je n’aurais jamais imaginé faire avec quelqu’un d’autre.

    Notre histoire est parfaite telle qu’elle est.

     

       –  Je t’aime, je réponds simplement, ne sachant pas quoi dire à nouveau, joyeux anniversaire à toi aussi.

     

    T essuie une larme de joie qui glisse le long de ma joue, je me sens idiote d’être émue. Mon vampire sourit, il m’attire dans ses bras et me serre fort contre son torse. Je me perds dans cette étreinte, dans la force que dégage T quand un événement me bouleverse. Il est l’homme sur qui on peut se reposer sans se soucier du reste. Je dois me ramollir avec le temps, ou bien est-ce mon rôle de maman et de destinée qui gagnent un peu plus de terrain. L’amour qui m’habite me donne parfois l’impression que je vais me consumer. J’ai la sensation d’aimer chaque jour un peu plus. Moins que demain, et davantage qu’hier, mais c’est puissant. Et c’est parfois frustrant de ne pas réussir à le dire aussi facilement que T avec une chanson. Pourtant il le sait, grâce à notre lien et aux je t’aime glisser par ci et par là, il a toute les preuves et les informations pour ne jamais douter de ce que je ressens pour lui. Il n’y a aucune raison de douter.

    La voix douce d’un petit monstre aux cheveux bruns long nous fait sortir de notre élan de tendresse :

     

       –  Mais Maman, qu’est-ce qu’il t’arrive ? Pourquoi tu pleures ? Papa il a fait une bêtise lui aussi ? demande Liv d’une voix inquiète.

     

    Je m’écarte de T pour sécher les quelques larmes et sourire à mes deux bouts de choux qui ont parfois du mal à nous comprendre, nous les adultes. Ils se sont arrêtés de jouer et nous regardent.

    T passe un bras protecteur autour de mes hanches en répondant d’une voix taquine :

     

       –  Non ma puce, Papa est toujours très sage.

     

    Je jette un coup d’œil à T qui serre ma main, jouant avec la bague à mon annulaire. Je ne serais pas d’accord avec lui sur ce point-là. Il est parfois très « vilain ». Mais cela ne regarde que nous et certainement pas des enfants en bas âge.

     

       –  Maman est simplement très heureuse d’être avec vous trois, je finis par leur expliquer.

     

    Liv et Harold se regardent en souriant, je savoure le malice dans les yeux de notre fils qui tend sa main, paume vers le haut vers sa sœur. Je sens qu’un pari flotte dans l’air…

     

       –  Cap ou pas cap de courir et d’arriver le premier pour faire un câlin à papa et à Maman ? Tu me donnes tous tes cookies si jamais je gagne !

     

    Liv lève les yeux au ciel en riant. Elle nous regarde avant de se mettre à courir en taquinant son frère :

     

       –  T’es déjà en retard H !

     

       –  Tricheuse !

     

    T et moi regardons nos deux enfants courir vers nous. Ils sont heureux, et ont une vie qui leur plait, ils sont à l’abri et en sécurité. Ils vont grandir, apprendre à connaitre la vie, et ce sera beau.

    Harold se fait facilement devancer par Liv, il est petit, il va sans doute perdre comme à chaque fois, mais il est plutôt bon joueur et arrive toujours à « négocier » à coup de regard malheureux avec sa sœur. Et Liv… elle est comme son père avec moi ; elle ne peut jamais dire non à son petit frère et finit toujours par l’arranger.

    Nous avons une belle et grande famille. Et je ne l’échangerais contre rien au monde. Alors, aujourd’hui, il m’est incapable de nommé l’amour que je porte à mon vampire, à mes enfants, il n’y a aucun mot assez puissant, aucune mesure assez grande, aucun nombre avec suffisamment de chiffres, aucune chanson qui décrivent avec précision mes sentiments, pas assez d’étoiles dans le ciel pour faire une comparaison. Parfois, j’ai la sensation de manquer de tout pour décrire ce qui m’habite. Et c’est magnifique de ressentir cela, magnifique d’avoir la vie qu’on souhaiter, magnifique d’être heureux, bouleversant d’avoir un T a ses côtés… d’être et d’aimer avec sa destinée.

     

     

    Amheliie

     

  • 31) Discutions

     

     

     

        –   MAIS QU’EST-CE QUI T’AS PRIS BON SANG !

     

    Je regarde Amy me hurler dessus, en tenant un mouchoir dans sa main. Elle pleure, et je la comprends, elle s’est fait du souci pour moi, elle n’a pas compris et je pense qu’elle tente encore de comprendre pourquoi j’ai agi ainsi.

    Je tente à nouveau de m’approcher d’elle, mais Amy lève une main pour me stopper, comme si elle n’allait pas supporter ma présence. J’ai envie de la réconforter, la tenir dans mes bras et lui demander pardon pour la peine que je lui ai faite, même si aucun d’entre eux ne semble comprendre mes réelles motivations : j’ai fait ça dans l’unique but de les protéger de Lowell.

     

        –   Amy… je murmure d’une voix douce, comme celle que j’utilise pour calmer ma fille.

     

        –   Oh non pas de « Amy… » ! Je veux des réponses Sonny ! Je veux comprendre pourquoi tu as fait ça ! Tu as une fille ! Que l’autre imbécile tu le quittes, ça, je pourrais tenter de le comprendre, parce que je suis ton amie, et que les amies comptent avant les mecs, mais… tu as une fille !

     

    Je soupire, je sais, j’ai une fille, un petit trésor, ce bout de moi qui est ma vie et sans qui j’ai du mal à rester humaine avec tout ce qui nous arrive. Elle est cette part d’innocence qui me maintient sur les rails… et c’est pour cela, pour son bien et pour la protéger du danger, pour qu’elle conserve cette innocence que j’ai fait le dur choix de l’a laissé à son père.

     

        –   Je l’ai fait pour elle, pour son bien…

     

    Ma meilleure amie m’interrompt à nouveau alors qu’elle tente d’essuyer les larmes de sa colère.

     

        –   Oh non, pas de « pour son bien » ! Tu n’as jamais compris pourquoi ta mère t’avait abandonné, tu lui en as toujours voulu c’était ce que tu voulais pour ta fille ? Qu’elle t’en veuille ?!

     

    Je me demande si elle m’en veut qu’à moi seulement. Tout comme je me demande ce que j’ai raté en m’en allant. Le sujet qui me taraude est celui-ci : Elle avec Pete ? Oui, mais à quel prix ? Une part au fond de moi me dit que ma meilleure amie est en train de se défouler du mal qu’ON lui fait. Je ne suis pas la seule fautive, le principal se trouve derrière nous, dans la salle de réunion.

    Je décide de décoller mes fesses de la porte de la chambre pour venir m’installer à côté d’elle sur le lit, Amy me fait les gros yeux, mais rien y fait. Elle a besoin de moi.

    Je passe un bras autour de ses épaules et l’attire contre moi, comme lorsqu’elle avait un chagrin d’amour et qu’elle pensait que ce mec-là était le bon, qu’il serait l’homme de sa vie et le père de ses enfants. Amy est sensible, peut-être de trop, mais c’est ce qu’il nous faut. Il nous faut ce quelqu’un qui nous rappelle que tel ou tel événement nous touche, que ce n’est pas un drame de pleurer les injustices qu’on a le droit d’être malheureux, épris, amoureux, en colère. Amy est cette réserve d’émotion, celle qui nous permet de nous sentir encore humains face à toutes ses horreurs qui nous enlèvent toute humanité.

    Si ma meilleure amie résiste dans un premier temps à mon étreinte, elle finit par craquer complètement. Le stresse de cette nuit ne doit pas arranger les choses, j’imagine, très bien dans quel état de stresse elle a du être. Elle a beau être forte et avoir baigné dans mon monde : celui des chasseurs, où le bruit des balles, les interruptions à trois heures du matin dans l’appartement avec un boucan pas possible et les plaies à recoudre à cinq heures dans la salle de bains, font partie de son quotidien. Amy est ainsi, habituée à baigner dans un monde dont on ne l’imaginerait pas acteur. Sauf qu’à la différence, si nous nous décidons par X ou Y raisons que les émotions qui se déclenchent en nous doivent être résorbées le plus vite possible, elles, elle les laisse s’évacuer. C’est nous qui avons tort, à certains moments, se libéré émotionnellement

     

        –   Non, je voulais la protéger, de ce monde dans lequel nous avons grandi Amy… tu sais, j’ai compris ma mère, enfin, sur certains points je l’ai comprise. Elle était une chasseuse qui était devenue maman dans un moment difficile dans sa vie. Avec une menace, une menace dont il fallait qu’elle me protège. Je ne serais l’expliquer, mais à la minute où Low l’a menacée…

     

    Je ferme les yeux, en me taisant quelques secondes, je revois l’image de mon ancien boss mal rasé, dans cette ruelle, ce regard mauvais sur mon petit ange, et ses mots, ceux qui l’a menacé elle et tous ceux que j’aimais. Je savais qu’il était sérieux, il ne plaisante pas avec cela, et mes instincts se sont enclenchés comme un tac, comme un verrou que l’on tourne pour se protéger du reste.

    J’inspire et chasse ce mauvais souvenir pour me concentrer sur mes explications, celle que mes proches doivent savoir.

     

        –   Il vous a tous menacés Amy… tous… et ses mots, seigneurs ses menaces étaient… je n’ai pas pu, tu comprends ? Ce qu’il m’a dit m’a fait comprendre mes faiblesses, et à engendrer en moi un puissant besoin de protection, si du sang devait être versé, ce serait le mien et le sien un point c’est tout. J’aurais fait exactement le même sacrifie que ma mère et je ne l’aurais pas regretté.

     

    Amy se redresse pour me faire face, elle a les yeux rougis et semble s’être calmé, mais je sais qu’elle a toujours peur et qu’elle m’en veut, je suis partie droit vers la mort, elle le sait, et doit savoir tout un tas de choses sur mes agissements. Même si elle connait cette partie sombre en moi, la voir en live puissance milles c’est une autre chose.

    Ma meilleure amie sort un autre mouchoir de ses poches et s’essuie les yeux avant de me regarder, face à face.

     

        –   Je ne remets pas tes talents de chasseuses, je sais comment tu te bas… justement je le sais ! Je sais ce que c’est d’avoir ce que tu as, je n’ai peut-être pas suffisamment les gênes pour être comme toi, mais je le comprends puisque j’ai grandi dans NOTRE monde. Mais Sonny… commence-t-elle d’une voix rauque et douce à la fois, tu ne te rends pas compte de ce que tuas engendré en partant.

     

    Je baisse les yeux, honteuse, et étrangement envahie d’une boule au ventre. Je ne suis pas bien, et surtout en entendant les paroles d’Amy qui sonnent étrangement bien à mes oreilles, comme le sermon que j’aurais du avoir depuis le début, et dont je n’ai pas eu le courage d’avoir avant. Il n’y a qu’elle qui me dit ce qu’elle a sur le cœur sans y réfléchir au préalable.

     

        –   Je pensais qu’en ne sachant pas le pourquoi… je murmure d’une voix à peine audible, qu’en apprenant que Low serait mort, vous pourriez vous reconstruire.

     

    Amy me secoue pour que je la regarde droit dans les yeux. Je vois de l’étonnement sur son visage d’ange bordé par ses cheveux blonds.

     

        –   Sans toi ? Mais Sonny ! reprend Amy la voix tremblante, sans toi, quelle vie veux-tu reconstruire ? Il n’y a plus Harold ! On a déjà suffisamment pleuré la mort dans notre entourage. Tu es la maman de Liv ! Tu es la compagne et l’âme sœur de T, tu es sa vie ! Et moi ? Tu es mon amie, ma sœur, sans toi, je suis perdu, abandonné sans ressources, sans soutien. Tu es l’amie de Pete, de Sacha, tu comptes pour nous, et une vie sans toi n’aurait pas été une vie, puisque tu es l’un de nos piliers…

     

    Le regard d’Amy se voile autant que le mien, bon sang, je ne vais pas m’en sortir indemne, ses derniers jours m’ont achevé. Je sens une larme m’échapper, bon sang, non, j’ai déjà suffisamment pleuré.

     

        –   Tu as pensé bien faire, mais tu t’es trompé et c’est la faute de Low… mais en partie la tienne, tu aurais du nous faire confiance, reprend Amy.

     

        –   Je sais.

     

        –   Non tu ne sais pas… tu ne sais pas les blessures que tu nous as causées et qui mettront du temps à se refermer. Tu ne sais pas ce que ta fille a enduré en ton absence, elle a beau être un bébé, elle sent tout, elle a tout ressenti, le manque de sa mère, la douleur de son père, notre inquiétude, elle a senti que tu l’as laissé comme toi tu as ressenti le manque de ta mère. Quelle cicatrice tue lui as laissé Sonny ? Et T ? Tu as pensé à ta destinée ? Tu as pensé une minute à ce que tu avais ressenti TOI lorsqu’il t’a fait pareil ? T n’est pas toi Sonny, il est fort pour toi, mais avec toi. Sa force et sa faiblesse c’est toi. Il était complètement anéanti Sonny, je te jure, je ne l’ai jamais vu ainsi. (Elle se tait quelques secondes avant de reprendre) À lui, qu’est-ce que tu lui as laissé comme cicatrice ?

     

    Je détourne le regard, mon cœur me serre, seigneur comme j’ai mal de cette situation, mal de mon geste que je ne regrette pas, et de ses semaines qui nous sépare.

    T me fuie, T m’aime, mais il me fuit, il a peur et je suis trop fière, trop lâche ou bien trop indécise sur mon avenir ici pour répondre à ses demandes qu’il n’ose faire.

    Pourtant j’ai besoin de lui, un besoin viscéral de le retrouver, d’obtenir son pardon pour ne plus avoir à vivre avec cette douleur de destinée abandonnée.

    Je ne réponds rien, mais Amy sait que j’ai compris, j’ai un nœud dans la poitrine, et une furieuse envie de sortir de cette pièce pour ne pas m’effondrer. Je me lève sans préavis, et marche en direction de la porte pour sortir, mais la voix d’Amy me stoppe dans mon élan.

     

        –   Moi je te pardonne pour ce que tu as fait. Les autres aussi te pardonneront d’ici peu, mais T… c’est à toi de te faire pardonner ta fuite, c’est à toi de le reconquérir, mais surtout, c’est à toi de prendre ton courage à deux mains pour répondre à toutes ses questions qu’il se pose.

     

    Je ne réponds pas tout de suite, prise par une boule d’émotion, elle a raison sur toute la ligne.

     

        –   Merci Coloc de mon cœur, je lance, sans rien de plus.

     

        –   Je suis là pour ça…

     

    Je lui souris, cette femme est formidable, et de bon conseil même si c’est un désastre en ce qui concerne sa vie sentimentale actuelle et même si elle ne m’a rien dit, je ne me gêne pas de lui dire ce que je pense :

     

        –   Pete n’est pas facile, mais il va finir par comprendre que t’aimer n’est pas quelques choses de mal et qu’il mérite de se laisser aller avec toi. Insiste, tu le mérites vraiment, et lui aussi.

     

    Amy ne dit rien, mais je ne lui en laisse pas le temps. J’ouvre la porte en envoyant un baiser, et marche en direction de la salle de réunion, l’esprit bien occupé.

    La question, du « tu fais quoi maintenant », n’a pas été encore posé. Personne n’ose, où pas encore en ce qui concerne Low, cela je pourrais le gérer, je pense avoir compris que je ne pourrais pas continuer toute seule, bien que oui, ma part de chasseuse le sais, on pourrait continuer, elle, moi et Alec, mais ce se finirait dans un bain de sang, où le mien tacherait aussi le sol. Et à présent, je ne suis pas certaine de vouloir cette fin-là, je ne sais pas si je supporterais à nouveau de partir loin de ma fille et de son père.

    Avec T c’est… étrangement douloureux. Sa présence à mes côtés me parait si loin, il y a cette distance qu’il impose, cette froideur que je ne lui connais pas à mon égard. Bien sûr il m’aime, mais il m’en veut, et il a peur de ce que je pourrais faire à nouveau. Mon vampire n’ose pas poser les questions, et je n’ose pas non plus lui donner les réponses.

    Je ne sais pas où nous en sommes, je ne sais pas non plus si on va réussir à sortir la tête de l’eau de cette histoire, s’il réussira à taire cette peur et à me pardonner.

    Il me manque, ils m’ont terriblement manqué, mais j’ignore quelles séquelles j’ai laissées à vie en agissant pour leur bien. Un bien, que moi seule, juge ainsi. Les autres me voient comme une suicidaire égoïste qui voulait mener sa guerre en solo. Mais Amy a raison, c’est à moi de mettre au clair les choses pour une bonne foi pour tout. Je sens dans l’air que les prochains jours vont être décisifs, et que nous n’aurons peut-être plus le temps de refermer ses plaies et d’éteindre cette colère.

     

     

     

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    ***

     

     

    Je regarde T qui se tient à l’autre bout de la pièce, notre fille dans les bras, il ne l’a lâche pas souvent. C’est elle et lui, plus qu’elle et moi, ils ont une relation père-fille très forte, chacun est le soutien dont l’autre à besoin, le soutien à cette peine, que moi j’ai causée, et dans ces moments-là, où ils se tiennent loin de moi, où lorsque nous étions ce soir, dans le même lit sans se toucher, chacun de son côté, le dos tourné à l’autre, évitant tout contact, refoulant ses désirs, et le besoin d’avoir l’autre, dans ces cas-là, je m’en veux de n’être pas comme n’importe qui.

    Mon cœur se serre, j’essaie de me convaincre que la peinture est encore trop fraiche pour cicatriser comme il faut, mon retour est trop récent, beaucoup trop bouleversant. Il y a trop de questions sans réponse, beaucoup trop, et peu de temps pour y répondre.

    Arrête de te dégonfler et pense à ce qu’Amy t’a dit.

    Oui c’est ça, je dois me concentrer sur ça, et lorsque j’aurais un moment, lorsqu’Alec aura fini de trouver suffisamment d’information pour avoir un interrogatoire, et une fois que ce dernier sera fini, je prendrais mon vampire dans mon bureau et on parlera vraiment.

    Très bonne idée.

    Je jette un œil sur la salle de réunion étrangement vide. Il n’y a que T, moi, Russel qui joue avec des M&M’s, Sacha qui écrit quelques choses et Alec qui tape sur l’ordinateur… où est Pete ?

     

        –   Pete, où vas-tu ? demande la voix de mon amant.

     

    Nous nous tournons tous vers Pete qui est à la porte. Il tient dans ses mains ses clés de voiture.

     

        –   Je vais voir Kim.

     

    Kim ? À cette heure alors qu’on a besoin de lui pour le soldat ? Qu’est-ce qu’il se passe… le regard qu’il a et la tête qu’il fait n’indique rien de bon.

     

        –   Pourquoi ? je demande en fronçant les sourcils.

     

        –   Elle n’est… (il se tourne vers T), elle m’a appelé, elle n’avait pas l’air bien.

     

        –   Où est-t-elle ?

     

    Pete hésite, et je n’aime pas l’attention que T porte à la batteuse du groupe. Merci la destinée, merci cette jalousie qui monte en moi et que j’espère, il sent. Mais T ne me regarde pas, il m’évite encore mal à l’aise, et préfère se concentrer sur ¨Pete.

     

        –   Elle est chez Harold c’est ça ? Reprends mon compagnon.

     

    Notre ami hoche la tête et la décision se prend rapidement et sans appel. T remet en place la tétine de notre fille et il la donne à Sacha qui sursaute, mais qui accepte le paquet sans sourciller, avoir Liv dans les bras semble même le détendre. Il passe devant moi rapidement avant de prendre les clés de Pete.

     

        –   Je vais aller la chercher dans ce cas. On aura plus besoin de toi ici… que moi.

     

        –   T tu devrais rester avec… commence Pete, gêné.

     

        –   Non, Jai besoin de sortir, conclut le vampire.

     

    Non T, tu as besoin de me fuir.

    Sans rajouter un mot de plus, ni même sans se retourner, il quitte le QG pour aller faire je ne sais quoi, et ça me bouffe. Je n’aime pas ça.

     

     

    ***

     

     

     

        –   Alors, raconte-moi maintenant ce que tu allais faire de Pete, après l’histoire du raid chez mon pote, il doit bien y avoir une fin ?

     

    Je dévisage mal à l’aise la scène qui se déroule sous mes yeux, Pete, Russel et moi-même dans une salle d’interrogatoire plongé dans le noir, seulement éclairé par une ampoule au-dessus des hommes. Le soldat, MacTaylor, un trentenaire, est ligoté sur une chaise, et saigne déjà de plusieurs coups reçus. Je n’ai pas vouloir participé, seulement regarder. Je pense que Sacha veut me tester en m’obligeant à être là. De plus j’ai l’esprit bien trop occupé sur l’avenir, sur ma fille qui dort aux côtés d’Amy, et sur mon vampire je ne sais où avec son ex.

    Non, je ne suis pas bien, mais je tente d’entendre des bribes de conversations.

     

        –   Nous devions amener l’immortel à Lowell dans trois jours, lance MacTaylor.

     

    Pete croise les bras, il observe attentivement, le crâne chauve qu’ils ont commencé à questionner depuis vingt minutes déjà, le vampire est bien remontés à ce que je vois.

     

        –   À Lowell ? Ce ne serait pas plutôt… Alina ? demande-t-il.

     

    Je tends l’oreille, cette information est importante, j’avais le doute ses derniers temps qu’ils fonctionnent toujours ne binôme sur toutes les affaires.

     

        –   Non, Low voulait être présent pour l’arrivée de l’immortel. Ils travaillent ensemble, surtout pour cette mission.

     

    Voilà une bonne chose de faite. Ce MacTaylor est un bon élément.

     

        –   Il t’a dit pourquoi ? Renchéris Russel en réajustant son poing américain pour que le soldat le voie bien.

     

        –   Non, il veut juste pouvoir en profiter avant de l’amener au camp pour que d’autres puissent faire pareil avant de le vendre au plus offrant.

     

    Le mec répond trop vite pour quelqu’un d’à l’aise, il est tendu et je le comprends, Russel n’est pas réputé lui non plus pour jouer avec la dentelle.

    Les questions se mettent à fuser maintenant que l’Anglais a compris que l’autre était déstabilisé.

     

        –   Quand cette vente aurait-elle lieu ?

     

        –   Aucune idée, j’ai été payé pour ramener l’immortel, le reste, ce sont des échos.

     

        –   Pourquoi toi en étant humain ? interroge Pete, impassible.

     

        –   Je n’en sais rien…

     

    Russel ne lui laisse pas le temps de finir qu’il lui en met une.

     

        –   Bien sûr que tu sais, tu en sais beaucoup plus que ce que tu laisses paraitre ! À mon avis, ce n’est pas la première fois que tu fais ça.

     

        –   C’était la première.

     

    L’Anglais lève son poing, celui avec le poing américain et lui adressent un second coup.

     

        –   Mauvaise réponse ! Je parierais même que tu sors tout droit du camp des chasseurs canadien non ? Ou que tu as servi pour l’armée. T’as pas besoin de répondre, je le sais déjà. Mais ce que je veux savoir c’est où ont lieu les ventes.

     

    Le soldat se remet à cracher, son arcade saigne, déjà qu’on a du le remettre sur pied, je crois qu’on va devoir recommencer si Russel ne se calme pas.

     

        –   Je ne sais pas ! lance MacTaylor en gémissant, je sais seulement que le point de rendez-vous est un entrepôt à la sortie de la ville (nom ville), il a l’air abandonné, mais c’est là le repaire, où l’on garde les cibles, et où les chasseurs sont.

     

        –   Lowell y vit ? je demande.

     

    C’est la première fois que je parle depuis que nous sommes là, ce qui me vaut un regard en coin de mes compatriotes.

     

        –   Non, il fait des aller et venu fréquemment entre là-bas et le camp.

     

        –   Tu m’as l’air bien informé pour quelqu’un qui ne savait rien… qui t’es en réalité aux yeux de ses gros connards ?

     

    MacTaylor se tait quelques instants, il crache du sang au sol, et lève le visage pour faire face à Pete à sa droite.

     

        –   Je baisais avec la journaliste, lâche-t-il simplement.

     

        –   Tu baises avec Alina ?! je demande froidement.

     

    Voilà qui pourrait expliquer pourquoi il en s’est autant. C’est un gros avantage que nous avons, et une chance que Pete ne l’est pas tué lui plutôt que l’autre. Nous aurions sans doute fait chou blanc. Mais MacTaylor d’après Alec et les recherches qu’il a faites, a été congédié de l’armée après avoir été capturé par des extrémistes qui l’ont torturé pour obtenir des renseignements. À mon avis, s’il parle c’est parce qu’il souffre de traumatisme qu’il ne veut pas revivre inconsciemment. Les quelques coups que l’Anglais lui a donnés ont dû suffire à briser sa carapace pour qu’il parle.

    Certaines blessures ne se referment jamais, ce qui nous apporte à nouveau un avantage. La menace des coups contre des renseignements qu’il semble nous donner de bon cœur.

     

        –   Et elle te faisait des confidences sur l’oreiller, renchérit Russel avec ironie, oh comme c’est touchant ! Pourquoi te parler à toi, pauvre merde humaine ?

     

        –   Parce que je suis spécialisé dans les opérations spéciales. L’uniforme lui a plus et effectivement… elle me parle.

     

    Ça nous le savons, c’est pour ses talents que le sergent MacTaylor était employé, lui et son copain mort étaient de vrai pro qui ont servi en Afghanistan. Ils savaient ce qu’ils faisaient, malheureusement ils sont tombés sur Pete.

     

        –   Qu’est-ce que  tu sais d’autres ? questionne Russel

     

        –   Non, parle-nous plutôt de ta mission, comment vous communiquez ? demande Pete en s’accroupissant.

     

        –   On ne communique pas. On part de la base, avec un délai de retour. Tant qu’il n’est pas dépassé, personne ne s’inquiète.

     

        –   Les fameux trois jours, répète Russel.

     

        –   Oui.

     

        –   OK. Maintenant, parle-moi du nombre de chasseurs présent dans le repaire.

     

    Le soldat se tait quelques minutes, sans doute pour se remémorer de bons moments.

     

        –   Dix-neuf plus douze humains. Ils doivent être trente-cinq aux maximums, annonce-t-il visiblement sur de lui.

     

        –   Combien de vampires étaient retenues à ton départ ? renchérit Pete

     

        –   Une dizaine.

     

    Russel sort une carte du bâtiment de sa poche, à la tête étonnée du Marines, je comprends qu’il vient lui-même de comprendre qu’on a un tour d’avance sur lui.

    L’Anglais et Pete terminent d’obtenir les renseignements nécessaires pour notre prochaine réunion, le soldat nous explique comment est agencé le repaire, où sont les armes et les rondes. Je suis étonné de la vitesse à laquelle ce dernier balance, mais à voir la peur dans ses yeux, celle qu’il tente de cacher comme Marshall, je sais que c’est elle qui le rend causant. Je suis plutôt soulagé que ça aille vite, j’ignore qu’elles auraient mes réactions face à un interrogatoire musclé, les séquelles de celui de Marshall persistent encore. Quelques jours seulement se sont passés, et bien que je ne le montre pas, c’est dur pour moi.

    Perdue dans mes pensées et dans la réflexion, je ne vois même pas que l’interrogatoire du soldat se termine, il faut que Pete vienne me secouer l’épaule pour que je redescende sur terre.

     

        –   Sonny ?

     

    Je lève les yeux vers lui, son regard est différent depuis que je suis rentré,e je pense que lui aussi doit m’en vouloir, mais c’est autre chose, j’ai l’impression qu’il ne me reconnait plus et qu’il ne sait pas comment envisagé les choses et mes intentions. Je sais qu’il sait tout, et je sais aussi qu’il craint le pire.

     

        –   Oui ? je renchéris sur le même ton.

     

        –   Tu viens, on va faire un débriefe dans la salle de réunion.

     

    Mon attention se porte MacTaylor que Russel a du shooter le temps de la réunion, le soldat à l’air de dormir même s’il pisse le sang.

     

        –   Pete, qu’est-ce que vous allez faire ? je demande

     

        –   Tout dépend de beaucoup de chose, répond le vampire.

     

    À nous y voilà ! Enfin un qui ose demander.

     

        –   C'est-à-dire ?

     

    Mon ami et bassiste croise le bras face à moi. Il fait très sérieux, il l’est, et je sais qu’il a à me dire des choses qui ne me plairont eut être pas, mais il le faut pourtant.

        –   Tout dépend de ce que tu comptes faire après cette réunion. Tu as toujours ta place aux côtés de Sacha, mais qui ne nous dit pas qu’en ayant toutes les informations nécessaires pour vaincre Low, tu ne vas pas t’en aller ?

     

        –   Cette fois-ci… c’est différent, vous ne me laissiez pas partir.

     

        –   C’est clair… mais qu’en est-il de toi. Es-tu réellement avec nous comme ton pote Alec, ou cherches-tu encore des réponses ?

     

    Je regarde mon ami, je tente de mettre le plus de conviction possible dans mes mots.

     

        –   Je suis sûr d’une chose, je veux anéantir Low, et je ne peux pas le faire seule. Donc… je suis avec vous.

     

    Ma réponse n’a pas l’air de convaincre à 100% le vampire, et je le comprends, moi-même je ne suis pas tellement sur de moi, tout ce que je sais, c’est que je ne suis pas prête de repartir, mais décider de me la jouer solo au dernier moment ? Ca je ne le sais pas encore.

     

        –   On devra parler de beaucoup de chose Sonny. Tu as beaucoup de choses à dire, avec T surtout.

     

    Il défend son meilleur ami c’est normal, dans l’histoire, c’est moi la méchante.

     

        –   Je sais et on le fera avant de partir aux rendez-vous, avant ses trois jours, on s’expliquera Pete, je ne veux pas que notre relation souffre encore. Tout comme notre amitié, ce que tu voudras savoir, je te le dirais.

     

    Le vampire hoche la tête, et je sais qu’il viendra vers moi.

     

        –   Tu as suivi l’interrogatoire alors.

     

        –   Oui.

     

        –   Tu avais l’air ailleurs pourtant.

     

    Je descends du meuble où j’étais jusqu’à présent assise, il y a tout un tas d’objets pour faire parler les gens dedans.

    Je ne sais pas pourquoi, mais je m’arrête dans l’élan qui allait me faire sortir pour barrer la route au vampire et lui dire, moi aussi ce que j’ai à dire.

     

        –   Je réfléchis à notre avenir Pete, et je pense que tout va se jouer dans trois jours lorsque nous retournerons à leur repaire. Mais puisqu’on en est au prérèglement de compte, laisse-moi te dire une chose ;  si tu n’étais pas immortel et si tu n’avais pas la garantie de revenir vivant de ce futur raid, est-ce que tu aimerais que ta relation reste aussi indécise avec Amy ? Quand est-ce que tu vas arrêter de jouer au con ? C’est beau de me faire des reproches Pete, mais le peu que j’ai vu de toi et d’Amy, je sais que fait tout de travers. Elle n’est pas Kim, elle ne l’a remplacera pas Amy, est Amy et que ça te plaise ou non, elle t’aime, alors arrête d’être un connard et assume. Il faut avancer dans la vie Pete, et toi tu recules sans cesse.

     

    Pete me dévisage perplexe et confus. Oh il peut l’être, mais il n’a pas à jouer les innocents, il sait très bien de quoi je veux parler.

     

        –   Merci à toi pour tes conseils Pete, sache que je compte m’expliquer vraiment avec T, pour tout remettre dans l’ordre avant ce Raid, tache d’écouter les miens et de faire pareil. Le jeu en vaut la chandelle et tu mérites enfin qu’on t’aime.

     

    Sans dire un mot de plus, et fière et agacé à la fois que Pete, mon ami soit si distant avec moi, je quitte la salle d’interrogatoire laissant le vampire stoïque. Moi aussi je sais faire ma petite mise en scène et moi aussi, je comptais bien lui faire une série de reproches. À la différence de Pete, je connaissais déjà les solutions à mes problèmes. Il ne me reste plus qu’à trouver un peu de temps pour retrouver ma destinée, lui demander pardon et espérer que ce n’est pas trop tard pour se retrouver, retrouver son corps, lui, et notre amour le vrai et pas celui que nous avons fait souffrir.

     

    Amheliie