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  • Perso : Chapitre 10

      
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    Chapitre  10

     

     


    « Parfois, il est difficile de tourner la page, mais lorsque tu le fais, tu réalises que c'était la meilleure décision à prendre »



    Deux semaines plus tard

    Une fois entrer dans le vif du sujet, j'ai tout déballé à Benjamin, après avoir révélé mon pire secret, les autres passeraient comme une lettre à la poste. Son silence m'avait laissé perplexe, mais il ne m'avait pas fait taire. Une fois lancer, je n'avais pas su m'arrêter

    - On m'a agressé Ben, roué de coups et laisser pour morte parce que j'ouvrais trop ma bouche. Parce que je voulais aider les autres et changer ce monde, je croyais au changement, j'ai essayé de changer les autres qui m'entouraient... Regarde comme je l'ai payé... Quel est le risque qu'on court quand on veut changer hein ? C'est ça la récompense pour cela ?

    Benjamin se mit à jurer sans me regarder. Sa mâchoire était crispée. Je soupirais avant de poursuivre.

    - Je prends des antidépresseurs, à haute dose, j'en ai même fait une dépendance, je suis... Instable. Depuis trois ans, je suis suivie par un psy... Je suis toujours suivie par le psy... J'ai recommencé une thérapie...

    - Depuis que tu es avec moi ?

    - Oui...

    Benjamin ne m'avait pas regardé, pas une seule fois, c'était peu être mieux.

    - J'ai fait une dépression nerveuse après mon agression, je ne sortais plus de chez moi... Ma psy a découvert que j'avais un comportement bordélisé... D'où le fait que je sois...

    D'où le fait que je te parle comme un chien, qu'un instant, je peux être adorable puis la pire des salopes.

    - Ben... Je...

    - C'est bon, on rentre.

    Il n'avait pas dit autre choses, je n'avais pas insister. Que dire de plus... j'avais réalisé qu'en apprenant la vérité sur Ben et lui révélant la mienne, un autre gouffre s'était crée entre nous, un gouffre que je ne regrettais pas tant que ça finalement. Parce qu'il me mettait à l'abri maintenant, je voyais Ben s'éloigner à grand pas, et bizarrement, la confiance que j'avais eue en lui ses dernières semaines ainsi que la confiance en moi-même s'étaient miraculeusement envolées. Comme quoi, il est plus simple de perdre quelque chose plutôt que de le gagner.

    Depuis « notre rendez-vous » s'est tendu entre lui et moi. Nous ne parlons plus, il ne dort plus avec moi, et part une partie de la journée. Je savais que cela le dégoutterait. Il a compris que j'étais un cas désespérer...

    - Qu'est-ce qui t'arrive Mel ?

    Je dévisage Caro dans son fauteuil.

    - Rien.

    Ma psy se mit à soupirer.

    - Tu ne peux pas me mentir à moi, depuis deux semaines... Tu es distante. Qu'est-ce qui se passe ?

    Ce qui se passe ? Je suis blessé intérieurement.

    - Caro laisse moi...

    - Non, tu as franchi la porte de mon bureau maintenant, tu dois me répondre.

    Te répondre à quoi ? Que ça y est, j'ai tout gâché ? Que je suis tellement massacrer par la vie que j'ai même réussie à massacrer la seule chose en laquelle je tenais.

    Je me redresse dans ma chaise pour lui faire fasse.

    - Je crois... Non, je pense... (je ferme les yeux avant d'inspirer) J'aime... Non, j'ai... Han, je... J'ai des sentiments pour Benjamin.

    - Mais ?

    - Mais...

    Je me terre de nouveaux dans le silence, heureusement pour moi, Caro prend à chaque fois sa soirée pour moi. Cela fait deux heures que nous sommes là. À se regarder et à attendre que je me sente prête à parler.

    - Je lui ai dit.

    - Tu lui as dit ?

    - Pour l'agression, je lui ai dit... Je n'ai pas réfléchi, il... Il me parlait de son passé, je... Je me sentais...

    - En confiance.

    - Oui en confiance et, je lui ai confié ce qui s'était passé cette nuit-là.

    Je n'aurais jamais du, en faite avec le recule, quand j'analyse ses semaines passaient avec lui, ce que... J'ai l'impression d'éprouver, ce qu'il m'a permis de faire, de comprendre sur moi, et sur les gens qui m'entouraient. Ai-je un minimum changé ? J'en doute... Je... Je me sens différente qu'avant, c'est certain, mais...

    - Tu lui en à parler avant ou après qu'il t'est parlé lui.

    - Après...

    - Est-ce que tu t'es sentie obligée de lui en parler ?

    Je réfléchis, inconsciemment... Peut-être... Enfin. Je soupire, je me sens complètement retournée. Je pensais que notre situation avec Benjamin changerait, qu'il lui faudrait quelques jours pour « avaler » je pensais qu'il l'aurait bien pris, qu'il ne se serait pas contentait de se taire, lui qui parler tout le temps, qui pouvait affronter le monde entier, je lui annonce la couleur de mes réels problèmes et lui... Ce mure dans le silence. Pourquoi ?!

    - Je ne sais pas Caro, je l'ignore. On ne se parle plus depuis, je ne comprends pas...

    - Laisse lui du temps Mel, tu ne lui dis rien pendant presque deux mois, vous ne faites que parler de tout et de rien, il t'emmène faire des tas de choses... Il essaie de faire quelques choses avec toi tout en essayant d'ignorés ton passé que tu ne veux pas lui confier et d'un seul coup, tu lui en parles comme ça sans prévenir ? Il a besoin de temps.

    Elle a certainement raison. Mais je n'arrive pas à avaler sa réaction, parce qu'elle me fait réaliser des tas de choses.

    - Comment a-t-il réagit face à ce que tu lui as dit ? Non d'abord, qu'est-ce que tu lui as dit ? Reprend Caro

    - Que je m'étais fait agresser parce que je parlais trop, que... Je ne croyais absolument plus à la théorie du « tout le monde peut changer parce que c'était à cause de ça que ma vie avait basculé... Que j'étais sous antidépresseurs, et que j'en suis devenue accrocs...

    - Je vois... Lui as-tu parlé de ton comportement borderline ? Cela aurait pu lui permettre de comprendre le pourquoi de tant de chose en ce qui te concerne.

    - Je lui ai dit tout ça... et lui, n'a absolument rien dit. Caro, je me sens trahit ! J'avais confiance et... (je baisse les yeux) je pensais qu'il y avait plus entre nous que sa foutue obsession à vouloir m'aider. Je pensais...

    - Avoir des sentiments. Mel, tu en as sinon, tu ne serais pas dans un état pareil.

    Des sentiments ? Je ne connaissais que la colère, l'amour, je l'avais oublié depuis longtemps... Ouais jusqu'à Ben.

    - Il n'a rien dit, il m'avait dit qu'il serait là pour m'aider et au moment où je lui avoue tout... Je ne suis pas facile, la vie m'a blessé, mais avec Ben... il avait réussi à me faire croire un peu qu'on pouvait tourner la page et oublié ses démons. Si seulement il ne s'était pas tut... je lui en veux. Je me déteste et je le déteste de réagir de cette façon alors que...

    - Tu l'aimes.

    Je ferme les yeux. Je ne pourrai pas lui dire ça.

    Je vois le stylo de Caro écrire à toute vitesse sur mon dossier. Elle réfléchit à la suite.

    - Tu en penses quoi ? Je demande

    - Tu veux le fond de ma pensée ?

    - Oui.

    - Quand tu penses à ses dernières semaines, qu'est-ce qui te vient à l'esprit ? Un mot.

    Je ferme les yeux et repense aux derniers moments que j'ai passés avec Benjamin, ses coups de gueule, sa voix, son comportement, sa façon d'être, ce que j'aime chez lui... ce qu'il m'a permis de faire.

    - Évolution et... Changement.

    - Qu'est-ce qui te fait dire ces mots-là ?

    - Ben. C'est lui tous ça.

    Je me surprends à sourire, c'est ce qu'il me disait à longueur de temps. « On évolue tous dans la vie » « On peut tous changer, il faut seulement trouver le moyen »

    - Caro est-ce que je suis différente ?

    Ma psy me dévisage, elle pose son stylo avant de me regarder droit dans les yeux.

    - Que t'a apporté cette expérience ?

    Je souris, c'est bien Caro ça, une question par une question.

    - Du bien...

    - De quel côté ? Te sens-tu plus sûr de toi ? Prête à accepter d'avantage de la vie ? Moins peureuse ? Moins craintive ?

    - Euh... Oui

    - Te sens-tu prête à construire quelques choses maintenant ?

    - C'est-à-dire ?

    Construire, c'est vague pour moi.

    - Une relation avec quelqu'un. Avec Benjamin, conserver votre relation.

    J'étais en « relations » avec Ben ? Ce n'est pas ça une relation... Nous sommes trop... Bizarre. Quel genre de relation la notre peu entrainé dans le futur ? Aucune de saine... je le sais. Même si j'aurai aimé que cela fonctionne, ça me fait mal tous ça. Essayez de faire des efforts, de combattre, peut être que Ben a raison, finalement il y a des choses qu'il faut faire seul, sans aide.

    - Caro...je lance d'une voix rauque.

    - Oui Mel...

    - Ca met trop dur de faire ça maintenant.

    - De parler avec moi ? Demande ma psy

    Je soupire.

    - Non... de faire ce que j'ai fais ses dernières semaines avec Benjamin... Il m'a aidé, énormément, il m'a permis d'ouvrir les yeux sur moi, et sur ma vie en ce moment... Mais son silence m'a fait réalisé que je ne suis pas prête à affronter sa à deux. Pour son bien, parce que je suis quelqu'un de difficile comme lui, avec un passé lourds. Je ne veux pas le blesser comme il a pu l'être dans le passé... j'aimerai lui évité toute souffrance inutile parce que...

    Mon cœur s'emballe, je détourne le regard quand je sens une larme couler le long de ma joue. C'est fou comme je réalise les choses trop tard.

    - J'aimerais être assez forte pour pouvoir être en mesure de discuté et de tourner la page, mais c'est trop tôt, je ne me sens pas prête... j'ai besoin de temps... Seule.

    Caro se penche vers moi pour me saisir les mains.

    - Tu as changé Mel, en bien, tu as fait d'énorme effort, jamais tu n'aurais réaliser ça avant, tu vas y arriver... je pense que sans Benjamin, jamais tu n'aurais réalisé sa avant.

    - Qu'est ce que je dois faire ?

    - Ce que tu penses le mieux pour vous deux.

    ***

    J'ouvre la porte sans bruit, j'entends la télévision dans le salon, Benjamin est là. Je dépose mon manteau avant de le rejoindre, est-ce qu'il se doute que ma décision est prise ?

    - Tu étais où ? Me demande-t-il

    Je contourne le canapé pour venir m'asseoir en face de lui.

    - J'étais... occupée.

    - OK...

    Comme d'habitude, pas un mot de plus, il fait froid dans cette maison, l'ambiance qui y règne est... morte. Je crains de le voir parler, pourtant j'aimais l'entendre parler....

    Mes mains tremblent, que suis-je censée dire pour ne pas le blesser, de toute façon, c'est invivable depuis deux semaines.

    - Ben...

    - Oui Mel...

    Je sens sa main sur la mienne, ce serait plus simple s'il ne me touche pas.

    - Mel ?

    J'inspire avant de prendre mon courage à deux mains.

    - Il faut qu'on parle... Sérieusement, Ben et je ne suis pas sûr que cela va te plaire.

     

     

     

     

    Amheliie

     

  • 1) Un bon début

    Hey tous le monde !!

     

    Après beaucoup "d'émotion" et une fin du tome 2 de Vampires et Rock Stars qui nous laisse dans le doute, (on est vilaine ^^) il va y avoir une pause avec nos rocks stars.

     

    Mais en attendant, on ne pouvait pas se tourner les pouces, alors qu'on avait l'esprit débordant de nouvelles idées...

     

     

    Ce soir premier Chap de "Blood Of Silence", nouvelle histoire sur le blog, tiré de la super vidéo que nous a réalisé Mary.

     

    On espère qu'elle vous plaira.

     

    Bonne lecture et "accrochez vous'  ;)

     

     

    Maryrhage & Amheliie

     

     

     

     


     

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    -Bonjour, vous pourriez jeter un œil à ma voiture, j’ai peur que ce soit sérieux.

    Une petite voix douce vient me troubler alors que j’ai presque fini. Deux heures que je suis sur ma moto.

    -Non

    -Pardon mais vous êtes bien mécanicien ?

    La voix s’approche un peu plus, encore une bourge qui c’est perdue et je n’ai pas envie de perdre mon temps.

    -Oui

    -Eh bien faites votre boulot alors !

    Je souris en baissant la tête sur mes carénages, justement c’est ce que je fais, mon travail.

    -Vous m’écoutez quand je vous parle ?

    -Oui

    Je l’entends souffler et ses talons s’approchent de plus en plus de moi, je sens qu’on va rire. Je me penche sur le côté et jette un œil à la voiture en question. Je ne peux me retenir de rire, le moteur fume énormément à mon avis elle n’est pas prête de rouler sa Mercedes. Et je retourne à ma moto encore quelques vis à serrer et je pourrais enfin remonter dessus. Il est temps elle me manque ces temps-ci, deux semaines à me traîner sur une vieille Honda de Creed je suis à bout.

    -Votre vocabulaire ce limite a deux mots : oui et non où vous allez me dire où je peux trouver un mécanicien qui veuille bien s’occuper de ma voiture ?

    -Y’en à pas ici

    -Zut mais c’est bien un garage quand même !

    Elle s’énerve maintenant, c’est assez drôle.

    -Oui

    -Eh ben alors où est le problème ?

    Sans relever le nez de ma moto, je tends la main au-dessus de moi pour lui montrer l’enseigne du garage en espérant que dans son beau quartier, on lui a appris à lire, elle devrait vite comprendre.

    -Ah

    -Oui

    Je l’entends souffler faire quelques pas en direction de sa voiture puis revenir.

    -Vous auriez un téléphone le mien n’a plus de batteries ?

    Je ne réponds pas trop occuper à serrer le dernier vis, à penser que bientôt je vais l’enfourcher et enfin retrouver ma Ducati et la vitesse qui va avec.

    -Vous pourriez au moins me regarder quand je vous parle !

    Je ne la regarde pas, mais je vois très bien sa main manucurer au vernis aussi rouge que celui de mon bébé posé sur ma moto.

    -Enlève ta main.

    Elle ne bouge pas, rien que de voir sa main dessus m’énerve, on ne touche pas ma moto sans mon autorisation. Je me redresse pour la regarder la bourgeoise qui vient troubler ma journée qui commençait bien. Beau temps, ma moto enfin réparer, mais non, il a fallu qu’elle vienne me casser les couilles. Je me tourne vers elle et je suis surpris. Elle aussi me regarde sans me lâcher elle me détaille et je fais pareil. Petite blonde, toute menue, mais qui n’a peur de rien, enfin pas de moi déjà et rien que ça c’est assez étonnant, surtout que je dois faire trente centimètres de plus qu’elle et quelques muscles de plus. Ses yeux font le tour de ma personne, ses grands yeux bleus qui tentent de cacher son angoisse, du je pense à la panne de sa voiture devant le garage plus qu’à moi. Je m’approche d’elle a quelques centimètres et fixe sa main.

    -Enlève ta main

    -On se tutoie maintenant ?

    -Enlève ta main

    Elle s’exécute enfin et croise ses bras sur son ventre, sa petite poitrine tire sur son chemisier blanc impeccable j’ai bien envie d’y mettre mes mains pleines de graisses.

    -Vous avez un téléphone où pas ?

    Je m’essuie les mains sur un torchon et souris à la demoiselle qui détourne les yeux. Ah quand je lui fais les gros yeux elle n’a pas peur, mais un sourire la déstabilise. J’enfourche ma moto et démarre en faisant rugir le moteur. Ah ce bruit je l’aime, le plus beau au monde. La blonde me regarde un peu étonner.

    -Monte !

    -Pardon ?

    -C’est toujours comme ça avec toi ?

    -Comment ?

    -Il faut répéter deux fois les choses pour que ton petit cerveau de blonde comprenne ?

    Je ris devant sa tête, à présent elle est carrément en colère.

    -Non c’est juste que j’aie du mal avec le langage d’abrutis !

    Je ris à nouveau en faisant rugir le moteur et m’avance à son niveau, mais elle recule, et je continue. Cette fille m’amuse, elle n’a pas froid aux yeux, d’habitude les femmes font ce que je leur demande, il n’y a que mes sœurs et ma mère qui n’ont pas peur de moi.

    -Monte !

    -Il va falloir m’expliquer pourquoi je monterais sur cette moto, avec un abruti notoire ?

    -Tu veux un garage pour ta voiture ?

    -Un téléphone me suffira

    -Il n’y en a pas ici, alors tu montes ou tu te démerde toute seul ?

    Elle ne bouge pas et se retourne vers le garage où le téléphone sonne si fort qu’on l’entendrait a l’autre bout de la ville. Elle commence à se diriger vers le son et je lui coupe la route.

    -On ne veut pas monter avec le grand méchant loup ! La peur, t’en empêche

    -Non le bon sens, laisse-moi passer

    Je ne bouge pas et lui montre le siège arrière des yeux. Avant de la fixer intensément.

    -John ! Je crie depuis le parking du garage

    -Oui me répond le mécanicien

    -Si la demoiselle te demande un téléphone ne lui donne pas et dit à Creed que je suis parti essayer la moto

    -Ok

    La blonde me lance des éclairs de ses beaux yeux bleus, ils me font penser à l’océan un jour d’orage, ombrageux et troublant.

    -Alors ? Apparemment je suis ta seule solution dis-je en lui tendant un casque.

    Elle souffle et résolu monte enfin sur la moto. Je souris comme un crétin j’aime bien faire peur aux petite bourge au cul serrer. Ses mains vont se poser derrière ses fesses, j’avance violemment de deux mètres et elles les poses sur ma taille après avoir compris qu’elle risquait de s’envoler.

    -Pourquoi essayer la moto ?

    -Je viens de finir les réparations.

    -Ce n’est pas la tienne ?

    -Si

    -Alors…

    -Oui j’ai eu un accident

    Et je démarre en trombe elle s’accroche, je sens ses belles mains manucurer agripper mon tee-shirt alors que je ne suis même pas sortis du garage. Une fois sur la route j’accélère encore et son corps tout entier se cramponne à moi, par chance –pour elle- le garage n’est pas bien loin. Je l’aurais bien traîné avec moi plus longtemps, lui faire découvrir les joies de la vitesse mais ce sera pour une prochaine fois, passer le feu on arrive chez jack. Je gare la moto sur le parking à l’entrée du garage, elle ne bouge pas et je dois détacher ses doigts un à un de mon torse.

    -On est arrivée.

    -H !

    Jack sort du garage tout sourire, Jack est le seul mécanicien à qui je confierais une voiture si j’en avais une, mais je roule sur deux roues jamais sur quatre. La blonde se décide enfin à descendre et quand elle enlève le casque ses cheveux se répandent sur ses épaules, son visage est plus pale que tout a l’heure et ses jambes tremblent.

    -Ça va ? Demande jack en s’approchant de la demoiselle

    Elle fait signe que oui, Jack me regarde et rit avec moi.

    -Tu lui as fait une peur bleu on dirait.

    Pourtant, on n’a même pas dépassé les 80, je regrette de ne pas l’avoir emmené plus loin elle se serait sûrement évanouie.

    -Que me vaut ta visite ?

    Je regarde jack pendant que la blonde tente de reprendre ses esprits, il doit avoisiner les cinquante ans mais en parait dix de plus, petit et dégarnis il sourit tout le temps et sait mettre les gens à l’aise.

    -La demoiselle est tombée en panne devant le garage

    -Et tu joues les chevaliers servant maintenant ?

    -On dirait.

    La blonde se redresse et secoue la tête puis sourit à Jack.

    -Jack dit-il en lui tendant la main

    -Tennessee répond la blonde en lui serrant la main

    -Ca va allez Tennessee, vous êtes bien pâle

    -Oui ça va, désoler je ne suis jamais monté sur une moto avant

    Je ris avec Jack et récupère mon casque

    -Je crois que le joint de culasse a pété.

    -Ok je vais chercher las clefs de la dépanneuse et je m’occupe de vous Tennessee

    Jack s’en retourne au garage et Tennessee s’approche de moi les mains sur les hanches, apparemment elle va mieux vu le froncement de ses sourcils.

    -Je croyais que tu ne connaissais pas les voitures

    -Je n’ai jamais dit ça. Je ne pratique pas c’est tout.

    J’enfile mon casque et démarre, elle s’éloigne encore apeuré par le bruit puissant du moteur.

    -A bientôt Tennessee

    -Je ne crois pas non

    -Oh si crois-moi on se reverra

    Je baisse la visière, ferme mon blouson et recule avant de faire demi-tour et de partir. Je quitte rapidement la ville pour l’autoroute, la circulation est fluide à cette heure-ci je vais pouvoir en profiter. Je pousse la cinquième le moteur gronde, mon bébé est revenue en forme, la vitesse augmente, le bruit, le paysage qui défile et le vent qui souffle il n’y a plus que ça et moi. Je dépasse les deux cents sur la fille de gauche, je me sens libre et entier, la vitesse m’apporte ce besoin constant d’adrénaline, c’est une drogue plus on va vite plus on en veut. Je préfère cette drogue à ce que Creed s’envoyait dans les veines, je reste moi en plus fort, la descente est rapide et sans douleur. La circulation se densifie et je prends la prochaine sortie pour regagner la ville. Je n’aurais pas été bien loin mais suffisamment pour voir que mon bébé roule à merveille.

    J’arrive au garage et croise Tennessee et Jack qui s’occupe de sa voiture, Creed est la sur le parking à les mater les bras croisés. Je me gare et le rejoins.

    -Tu la connais la greluche ? Me demande Creed en la montrant du menton

    -Ma futur femme

    Mon pote tourne son visage vers moi, ses sourcils se froncent sur ses yeux bleus, il essaye de savoir si je suis sérieux ou pas.

    -Quoi ?

    -Femme ou plan cul ?

    Je regarde Tennessee qui met une main en visière sur son front pour nous regarder, je ne sais pas cette fille m’amuse et m’excite en même temps j’aime bien son côté coincé mais un truc me dit qu’elle ne l’est pas tant que ça.

    Une voiture déboule sur le parking manquant d’écraser Tennessee qui a juste le temps de faire un bond en avant, une voiture que je connais bien. Je vois Creed sourire avant qu’une tornade brune ne sorte de la voiture sans même couper le moteur.

    -Aie ! me dit mon pote en me tapant l’épaule.

    Elle s’avance vers nous, visiblement énerver et pointe son doigt sur moi.

    -Tu ne peux pas t’en empêcher hein !

    -Gina…

    -Tu vas arrêter ça tout de suite, je n’ai plus dix ans !

    Ma sœur Gina, une furie qui ne comprend pas que je fais ça pour elle.

    -Ce mec est un con !

    -Ça c’est à moi d’en juger ! Merde je ne me mêle pas de ta vie, ne te mêle pas de la mienne

    -Tu vas te calmer !

    -Arrête de menacer mon copain et je me calmerai !

    Elle fait demi-tour vers sa voiture et Creed siffle à côté de moi

    -Je t’avais prévenu

    -Je le sens pas ce mec

    -Y’en a aucun que tu sens de toute façon

    C’est vrai. Mais c’est ma petite sœur je ne veux pas qu’on profite d’elle, je connais les hommes, sans scrupules juste pour qu’une fille écarte les jambes. Gina fait demi-tour et sort du garage aussi rapidement qu’elle est entrée.

    -Alors comment roule le bébé ?

    Je retrouve le sourire instantanément.

    -Merveilleusement bien ! Tu vas pouvoir récupérer ta poubelle

    Creed qui s’était penché sur ma moto me regarde durement, j'aperçois la cicatrise qu'il a sur le cou. Celle qui a faillit le tuer.

    -Ma poubelle t’a bien dépanné en attendant.

    On rit tous les deux, j’adore mon meilleur pote, mon frère le seul mec sur terre pour qui je donnerais ma vie sans réfléchir. Des talons s’approchent je me retourne et Tennessee me sourit en s’avançant.

    -Je voulais te remercier

    Je lui fais mon plus beau sourire mais elle ne me regarde plus, c’est Creed qu’elle dévisage qui est toujours à genoux devant ma moto. Je sais très bien ce qu’elle voit, lui ses tatouages, son aire renfrogné qui font de lui un beau gosse qui en fait tomber plus d’une. Un instant plus tard elle revient sur moi et me tend sa main.

    -Tu ne m’as pas dit commet tu t’appelles

    -Effectivement

    -C’est toujours comme ça avec toi ?

    -Comment ?

    -Il faut faire des demandes explicites pour que ton cerveau d’abrutis comprenne ?

    Je prends sa main et la serre doucement avant de la caresser, cette femme me plait de plus en plus.

    -Hurricane.

     

     

    Maryrhage

     

  • OS 2 : Song fic



    Et un jour une femme

    Florent Pagny

     

     

     

    Elle était belle, et je l'attendais certainement depuis que j'étais née. Elle, la naissance du monde, la perfection qui portent pas mal de défauts, le personnage qu'on déchire, qu'on abîme et qu'on dénigre. Elles toutes ne formant plus qu'une seule. Elles formant l'un des plus belles choses crée par le monde, du moins pour des yeux amoureux : elles formant une femme.

    Elle avait changer ma vie, m'avait rendu meilleur, m'aider dans le pire comme dans le meilleur, m'avait offert la vie la plus exceptionnelle qu'il soit, une vie que je ne reconnaîtrais pas. Même si je devais renaître mille fois.

    Quand commença ma vénération pour la femme ? Quand il n'y avait pas que les petites filles qui croyaient aux belles histoires racontaient dans les contes, les petits garçons qui tendaient l'oreille le soir, lors du coucher, à force de les entendre, finissaient par se laisser emporter, par ses mots qui font rêver... Rêver de cette femme là.

     

    J'étais l'un de ses petits garçons qui aimait entendre sa mère racontait ses histoires, le célèbre Peter Pan, la naïve petite Alice, la Belle tombant amoureuse de sa bête, et toutes ses histoires d'amour commençant par il était une fois. Où le Prince tombe amoureux, d'une magnifique femme, belle et innocente, aimante et fragile. Une femme qu'on stéréotype. Une femme qui n'existe pas.

    J'en ai rêver longtemps de ma Cendrillon, voulant moi même connaître ce bonheur parfait, vouloir moi même mon conte de fée, croire en ce rayon de soleil, à ses femmes parfaites, des femmes parfaites donc j'étais loin de connaître... Avant de connaître cette femme.

     

    Elles avaient toujours eu une grande place dans ma vie, ses femmes, j'avais peut être miser trop d'importance sur elle, ses personnages devenue libre par combat, fière et courageuse, j'étais fière de leur vouer une véritable admiration, j'avais connu la vie grâce à l'une d'entre elle, j'avais été chérit et aimer. J'avais été déçu par certaines, qui était loin de ressembler à ma mère. J'avais été blesser aussi, par un assassin portant l'un des plus beau sourire qui se nichait sur des talons aiguilles, j'avais envie d'une femme qui puissent remplacer celles qui n'était plus là, d'une femme qui d'un regard, me ferait voler en éclats, qui me donne raison d'admirer encore et d'oublier les plaies que ses sorcières avaient crées... Jusqu'à cette femme.

     

    Cela faisait rêver durant notre enfance, et quand nous étions enfant, cela nous donner des tas d'illusions, d'espérance, de rêves qu'on pense, une fois arrivé à l'adolescence, irréalisable, par tellement de différence, quand nous les croisons, ces petites princesses, où ils n'y a rien d'innocent en elle, juste de la tentation, pour nous pauvres garçons. Et nous, souvent, nous tombons bien bas, devant de tels personnages, ne sachant pas comment les prendre, découvrant qu'il n'existait pas de mode d'emploi pour nous dire comment marcher ses femmes là. Réalisant soudainement, que tout ses contes, n'étaient pour la plupart que des mensonges... Avant cette femme.

     

    J'avais bien grandit et quitter l'enfance quand elle croisa ma route, un beau matin, de long chapitres s'étaient tournée depuis, j'avais déjà écrit pas mal de livres sur l'histoire de ma vie, avec des tas de femmes, des tas d'envie, j'étais devenu froid comme la glace, déçu, et renfermé avec une admiration perdu pour de bon, et une cicatrice toujours bien profonde, celle causé par nos illusions, par celles qui ont su me prendre comme un pion. Rêvant encore malgré mes blessures, d'une femme, de cette femme.

     

    Et un jour une femme, cette femme là, à croiser ma route, il a suffit d'un seul jour, pour que tous bascule. Elle n'avait rien de parfait au premier abord, brune, petite et bien vivante, au premier regards, aucune classe digne des films romantiques vus aux cinémas, ses cheveux prisonnier de son bonnet gris, emmitouflé sous une veste rouge, je ne l'avais pas vu marcher vers moi, la tête en l'air, admirant les alentours, sans faire attention aux gens autour... et cette femme là arriva.

     

    Elle m'est rentrée dedans, je l'ai fait tomber dans mes bras, la retenant, prêt à lui lancer mainte jurons, jusqu'à entendre le sons de sa voix. Un simple petit pardon, et ce regard chavirant, profond et pénétrant.

    J'avais chavirer, quitter le navire, j'avais sauter, j'étais tombé, je vibrais, pour elle, par sa voix, par ses yeux, pour ce qui faisait d'elle, et ce que je ne serais pas.

    J'aurais pu la laisser partir à nouveau, continuais mon chemin, et oublier ce son, cette voix, ses yeux, elle.. j'aurais pu, mais je ne l'ai pas voulut... j'ai juste voulut cette femme la.

     

    Je me suis à mon tour excusait pour tant d'indélicatesse, je gagnais du temps, je voulais qu'elle reste, elle m'a sourit, un sourire vivant et chaleureux, un sourire dont je ne me suis pas jamais lasser.

    J'étais fière de moi et surpris quand j'ai gentiment glissé une invitation pour l'emmener prendre un café. J'espérais un oui, j'ai les désiré, je l'ai eu... et heureusement, que ce jour-là, je me suis abstenue de continuais mon chemin... sinon jamais je n'aurais revu cette femme la.

     

    Elle avait un prénom unique, le premier que je croisais dans ma vie, elle était belle et intelligente, indépendante, et beaucoup plus forte que moi, comme toute ses femmes vivant ici bas, j'en ai eu la confirmation bien des années plus tard.

    Elle était une femme parmi tant d'autre femme, elle m'avait fait chavirer aux premiers regards, son esprit fou et grand, son soutien, sa présence... elle avait tout pour elle, elle devenait tout pour moi. J'ai appris à la connaître, différemment des autres, avec plus d'attention, sans jamais la brusquer, sans jamais la forcer, sans jamais rien exiger, je lui avais simplement dit que si l'on se revoyait, j'allais l'aimer. Elle avait rit, m'avait dit peut être, mais s'était elle qui m'avait aimer la première... Cette femme là m'aimais moi.

     

    Le plus beau jour de ma vie, alors que les années défilés depuis notre rencontre, après tant de combats, et tant de joie, qu'elle allais m'offrir le plus des cadeaux au monde. Après m'avoir prouvé chaque jour à quelle point elle pouvais m'aimer, elle portait le fruit de tout notre travaille, elle portait une part de nous. Elle te portait toi. C'était ta mère cette femme là.

     

    Elle m'a épaulé toutes ses années, donné le courage quand il m'avait laisser tomber, fait devenir meilleur, pour être à sa hauteur, et pour faire en sorte de ne jamais la décevoir, toi mais surtout elle. Elle qui ne me décevait jamais. Elle as su réparer mes blessures, celles qui se sont former en route, et celle qui étaient là bien avant cette femme et moi...

     

    J'avais perdu tout espoir en l'amour, en la femme, en ses convictions, en mes rêves d'enfants... je leur avait voué une véritable admiration, je l'avais perdu, enfin je croyais, je trouvais dommage, qu'il y est si peu d'homme à admirer ses femmes là... J’espérais encore que ce sentiments puissent arriver quand nous trouvons la notre de femme, celle qui nous font les admirer.

     

    Jamais je ne regretterais le jour où je l'ai rencontré, à mon destin et à la vie que j'ai mené, à mes convictions, aux leur, à ses femmes toujours obstinés. Ses battantes, ses grandes voix, a celle qu'on devrait écouter plus souvent, ses femmes qui depuis des siècles, font chavirer des mondes, engendre des guerres, à leurs sagesse, qui arrive bien souvent avant nous, à leur maudites colères, et leur nombreux défauts, à ses femmes la, des femmes uniques, a celle que j'ai aimé, et à celle à qui j'ai donné la vie, à celle qui m'ont ému, qui m'ont fait pleurer et à celle qui mon fait grandir alors que je n'y croyais plus. A ma vie peupler de femmes...

     

    Comme quoi, il suffit d'un jour, une seule journée pour tous faire basculer... Et encore une fois, je le dois à une femme, à la mienne, celle que je ne partager pas.

     

    Je lui disais souvent : Dire qu'un jour une femme, m'est rentrer dedans, elle avait croiser mon chemin, elle avait voler mon âme, m'avait aimé comme jamais... A cette femme que j'avais désiré et aimer comme un damnés, à celle qui m'a désormais quitter. A cette femme qui avait porté mon monde, qui t'avais mis au monde, A toi ma femme. A toi qui n'aura pas la chance de lire cette lettre. Et à toi ma fille, la dernière femme de ma vie. Puisses-tu rencontrer quelqu'un comme moi. Puis à tout les hommes, faite qu'un jour une femme croise votre route, il suffit d'un seul jour, et a ceux qui voudront vénérer la femme, leur femme, n'oublier pas que c'est d'elles qu'est née le monde. C'est grâce à elles que nous continuons, c'est le plus beau voyage que nous offre la vie... Le voyage que nous offre les Femmes.

     

     

    Amhéliie

     

     

     


     

     

    Resistance

    (Resistance de Muse)

     

    Eno ne pris pas la peine de descendre chacune des marches de l’échelle qui menait au sous terrains et sauta dans l’étroit tunnel. Il n’avait pas le choix, le temps était compté dans quelques minutes ils seraient là. Il atterrit sur ses deux pieds, faisant éclaboussé l’eau qui commençait à s’engouffrer dans le sous terrain, a peine le temps de se rendre compte qu’il avait de l’eau jusqu’aux genoux qu’Eno se retourna pour réceptionner Aléna.

     

    -Saute !

     

    La jeune femme évalua la distance avant de se laisser tomber les yeux fermées dans l’étroit tunnel sombre et humide. La chute fut courte et deux bras forts qu’elle connaissait bien la rattrapèrent avant de la déposer sur le sol.

     

    Eno pris Alena par les épaules et plongea se yeux dans le gris des siens. Son visage habituellement serein refléter la peur, elle était frigorifié par la pluie qui inondé ses vêtements, ses cheveux bruns plaqués sur son visage révélant encore plus la blancheur de sa peau. Eno aussi avait peur, il savait que c’était la fin, il ne pouvait en être autrement, maintenant qu’ils les avaient trouvés, les « machines » ne les lâcheraient qu’une fois Eno et Alena mort. Il voyait la peur de la jeune femme mais aussi la confiance qu’elle avait en lui et tous son amour.

    -Ne lâche pas ma main, dit-il en entre lassant leur doigts, quoi qu’il arrive ne lâche pas main tant que je ne te le demande pas

     

    Is our secret safe tonight and are we out of sight

    Or will our world come tumbling down ?

    Will they find our hiding place

    Is this our last embrace

    Or will the walls start caving in ?”

     

    Sa voix résonnait étrangement dans les tunnels vides, à part quelques rats qui tentaient de fuir la montée des eaux des dernières heures, et la respiration d’Alena, il n’y avait pas de bruit sous la ville. Alena regarda Eno un instant avant de comprendre ce que signifiait ses paroles. Elle comprit qu’il se sacrifierait pour elle, que si il était descendu c’était pour l’amener jusqu’à la Résistance et mourir seul aux mains des « machines ».

     

    -Eno non…

     

    Elle n’eut pas le temps de dire autre chose que la bouche de son amant vint se poser sur la sienne avec autorité et désespoir. C’était peut-être la dernière fois qu’il l’embrassait, qu’il ressentirait cette chose interdite qu’on nomme l’amour. Il prit son visage dans ses mains, il sentait ses larmes se mêler à la pluie qui perlait sur son visage. L’odeur d’Alena si rassurante durant ses dernières années, cette odeur d’éternel printemps, des qu’il posait ses lèvres sur elle, il voyageait dans ses pays où la nature était restés à l’état sauvage où les fleurs prenait le pas sur  les « machines », ses pays qu’il n’avait vu qu’en photos et sentit grâce à elle. Eno relâcha Alena, le temps était compté, s’il voulait avoir le temps de la mettre en sécurité ils devaient partir maintenant. Il la relâcha et pris sa main, Alena le serra à s’en faire blanchir les phalanges bien décidée à ne pas le lâcher quoi qu’il en dise.

     

    Eno entraina Alena dans sa course, l’eau montait dangereusement et rendait difficile leur fuite. Ils devaient regagner la partie étanche au plus vite avant de mourir noyé. Eno rageait intérieurement de sa stupidité, remonté à la surface a la tombé de la nuit avait été la pire erreur qu’il ait pu commettre. Il n’aurait pas dû l’emmener avec lui, seul il aurait pu passer pour un homme « machine » mais avec elle c’était impossible. Ensemble il avait du mal à cacher ses pensées, il le savait, son inquiétude pour elle passait forcement pour de l’amour pour des hommes sans sentiments. Et à la tombée de la nuit les détecteurs de pensée était activée, partout où ils passaient, leur cerveau été scanné et étudié. C’était sa faute, la peur qu’il arrive quelque chose à Alena les avaient trahis.

     

    Leur course continuait dans ce dédale de couloirs sombres où seul la Résistance s’aventurait en temps normal. Ils étaient du mauvais côté de la ville, encore quelques kilomètres pour atteindre la zone étanche, si la pluie leur en laisser le temps. Ils entendirent les machines derrières eux, elles avaient franchis le tunnel d’entrée, le bruit métallique de leurs armes résonnait dans les couloirs aussi clairement que la cloche d’un condamné à mort. Eno entraina plus vite Alena qui était épuisé, il resserra sa main pour tenter de la rassurer, il pouvait atteindre la zone étanche avant de se faire rattraper mais ils devaient accélérer, les machines étaient plus rapides qu’eux. Eno comptait sur la montée des eaux pour les ralentir avec leurs armes se serait plus compliqué pour eux. Les couloirs n’en finissaient pas de tourner, l’eau de monter, et les forces d’Alena de s’amenuiser.

     

    -On y est presque encore un effort !

     

    Ils atteignirent une zone surélevée qui leur permit de courir pus vite sur le sol sec, si l’eau ralentirait les « machines » elle les épuisait plus aussi. Alena trébucha et chuta sur le sol effrayant les quelques rats qui se traçaient un chemin autour d’eux. Eno stoppa sa course pour l’aider à se relever, en la voyant épuisé ses regrets laissèrent place à la colère. La colère d’avoir mis la vie d’Alena en danger, d’avoir trahis la confiance qu’elle avait en lui et tous ses espoirs depuis qu’il l‘avait rencontré.

     

    If we live our life in fear

    I'll wait a thousand years

    Just to see you smile again

    Kill your prayers for love and peace

    You'll wake the thought police

    We can hide the truth inside”

     

    Il la revoit ce jour où elle est entrée dans sa vie, les humains étaient déjà privés de leurs sentiments depuis des dizaines d’années. C’étaient censée être encré en eux, dans leur mode de vie, elle lui a souri et s’en est voulu aussitôt. Eno a senti cette chose dans son corps, se cœur qui ne servait qu’à pomper son sang s’intensifier, ces battements redoublaient alors que les lèvres d’Alena s’étirer. Elle était belle, il ressentait pour la première fois de sa vie. Il comprenait enfin ce que signifier ce mot bannis de leur société, ses mains tremblaient face à l’inconnu que procurait ce sentiment en lui, face à elle petite chose qui paraissait insignifiante pour tous les passants autour d’eux mais qui est devenue son monde a la minute où il l’a croisé. Eno a pris sa main et ne l’a plus lâché, les gens insensibles ne les regardaient pas mais elle l’a entrainé avec elle loin, là où ils ne pouvaient y avoir qu’eux deux. Il la regardait sourire encore et encore à s’en bruler les rétines, encore maintenant son sourire est toujours présent dans ses rêves c’est la plus belle chose au monde.

     

    Elle a levé sa main pour toucher le visage d’Eno et caresser sa joue. Personne ne l’avait caressé avant elle, sa tendresse l’a bouleversé, sa douceur émue et son geste envoyer des picotements partout dans son corps. Il ressentait. Sur le moment il n’a pas su l’identifier, seuls les anciens parlaient d’amour, de ce sentiment d’être libre et unique, de l’euphorie qu’il provoque, jamais il n’aurait imaginé le ressentir à son tour. Mais le plus naturellement du monde il a approché son visage du sien si fragile, sentir son souffle sur lui l’a électrisé et Eno a posé ses lèvres sur les siennes entre ouvertes. Il entendait son cœur battre aussi vite que le siens, ses mains ont serrés ses épaules et sa bouche s’est appuyé sur la sienne avec sa tendresse, celle qu’elle a toujours eu avec lui et qu’il découvrait pour la première fois. Son corps envoyait des signaux de désir de plus en plus fort, son cœur s’emballait de la découverte de ce sentiment qu’était l’amour. Il l’aimait déjà, à la minute où Eno l’a vu il l’a aimé, il a compris pourquoi ils ne voulaient plus de sentiment sur terre. C’était fort et totalement incontrôlable il prenait toute la place et chaque partie de son cerveau conditionné en était envahi.

     

    Maintenant il l’entrainait vers la mort, s’il ne se dépêchait pas de repartir. Eno repris la main d’Alena et continua de courir encore et encore, ils sautèrent dans l’eau, encore un kilomètre environs avant la zone étanche. Alena ralentissait a vue d’œil, épuisé elle faisait de son mieux, l’eau lui arrivait jusqu’aux cuisses et rendait sa progression plus ardus et plus lente. Eno la pris sur son dos, lui plus grand, l’eau le gênait moins et ils iraient plus vite. Alena s’accrocha ses épaules et les bruits des « machines » qui courraient derrière eux s’intensifier, ils les avaient presque rattrapés. Elle sentit Eno accélérer autant qu’il le pouvait et son corps se raidir aux sons métalliques de plus en plus proches.

     

    The night has reached its end

    We can't pretend” 

     

    Ils arrivèrent enfin au dernier tunnel au fond, il y avait la porte qui les séparait de la zone étanche, là où la Résistance survivait. Les « machines » connaissaient cet endroit, mais ne pouvaient pas y entrer. La porte était gardée par un système que seul l’amour pouvait activer. Eno aller activer la porte, le temps qu’Alena entre il irait à la rencontre des « machines » et les retiendraient pour qu’elle puisse être en sécurité. Il déposa Alena devant la porte et se plaça devant le mécanisme d’ouverture mais Alena le tira en arrière.

     

    -Je n’irais pas sans toi

     

    -Si il le faut, on n’aura pas le temps de passer tous les deux

     

    Alena regarda l’amour de sa vie, celui qui l’avait rendu vivante dans les yeux, elle voyait la détermination d’Eno derrière ses prunelles noires et sa culpabilité, mais pour elle il était impensable de l’abandonner.

     

    -Non Eno je…

     

    -Alena ne discute pas je t’en prie fait ce que je te demande

     

    Alena ne voulait pas le laisser, elle ne voyait aucun intérêt de vivre sans lui, de continuer dans ce monde sans amour, ces années passé avec lui seront la fin.

    Elle resserra sa main autour de la sienne, preuve que jamais elle ne l’abandonnerait même dans la mort.

     

    Love is our resistance

    They'll keep us apart and they won't stop breaking us down

    Hold me

    Our lips must always be sealed”

     

    Eno voyait la détermination de celle qu’il aimait, son front se plissait et cette ride qui apparaissait quand elle ne voulait pas qu’on la contrarie dans ses choix. Il ne voulait pas l’entrainer vers la mort ; ils avaient passé des années à cacher leur sentiment, a marché la tête haute et le regard vide, il a suffi d’une erreur, d’une nuit pour y mettre fin. Eno ferma les yeux un instant, comment la convaincre de passer cette porte, comment la forcer elle, la liberté incarné, à faire ce qu’il pensait être le mieux pour elle. Aléna posa son visage sur son torse, le cœur d’Eno battait si fort qu’il était prêt à exploser, les « machines » étaient de plus en plus proches, ils voyaient leur lumières au bout du couloir.

     

    Alena releva la tête pour regarder son amant une dernière fois, ses larges épaules et son visages en apparence dur mais d’une douceur incomparable quand il souriait, sa bouche fine, ses pommettes hautes et ses yeux aussi noir que l’encre. Celui qui l’avait aimé désiré et rendue heureuse. Elle ne regrettait rien, grâce à lui elle avait connu le bonheur et vécu cette vie avec son cœur et son âme. Elle caressa la joue d’Eno où une larme solitaire glissait, il ouvrit les yeux et Alena lui sourit, lui montrant ainsi qu’elle acceptait de mourir, qu’elle acceptait tout tant qu’ils étaient ensemble.

    Il caressa son visage a son tour en prenant une grande inspiration.

     

    -Alena s'il te plait passe.

    Sa voix refléter son désespoir, celui de la convaincre et celui de l'inéluctable fin qu'ils allaient rencontrés tout les deux. Alena se contenta de serrer sa main encore plus forts et Eno releva la tête inspirant encore et encore, il allait la tuer.

     

    -Je ne veux pas continuer sans toi, ne me demande pas ça Eno, on reste ensemble, quoi qu'il arrive je ne lâcherai pas ta main.

     

    Il baissa les yeux vers elle, s’imprégna du mieux qu’il put d’Alena de son visage et de son amour, c’était fini, il entendait déjà les fusils s’armer et se braquer sur eux. Il embrassa une dernière fois celle qui a fait de lui un homme avec des sentiments, ses bras la serrèrent dans une dernière étreinte. Ils mourront ensemble dans un dernier acte de résistance, dans leur amour bannis de ce monde, il restera leur plus belle victoire face à eux et leur dictat, cet amour que rien ni personne ne pourrais enlever pas même la mort.

    Take us away from here

    Protect us from further harm

    RESISTANCE 

     

    Maryrhage

     

     

     


     

     

     

     

    Trousse-chemise… (Charles Aznavour)

     

     

     

     

    Dans le petit bois de Trousse chemise

     

    Quand la mer est grise et qu'on l'est un peu

     

    Dans le petit bois de Trousse chemise

     

    On fait des bêtises souviens-toi nous deux

     

    On était partis pour Trousse chemise

     

    Guettés par les vieill's derrièr' leurs volets

     

    On était partis la fleur à l'oreille

     

    Avec deux bouteill's de vrai muscadet

     

    On s'était baignés à Trousse chemise

     

    La plage déserte était à nous deux

     

    On s'était baignés à la découverte

     

    La mer était verte, tu l'étais un peu

     

    On a dans les bois de Trousse chemise

     

    Déjeuné sur l'herbe, mais voilà soudain

     

    Que là, j'ai voulu d'un élan superbe

     

    Conjuguer le verbe aimer son prochain.

     

    Et j'ai renversé à Trousse chemise

     

    Malgré tes prières à corps défendant

     

    Et j'ai renversé le vin de nos verres

     

    Ta robe légère et tes dix sept ans

     

    Quand on est rentrés de Trousse chemise

     

    La mer était grise, tu ne l'étais plus

     

    Quand on est rentré la vie t'a reprise

     

    T'as fait ta valise t'es jamais r'venue.

     

    On coupe le bois à Trousse chemise

     

    Il pleut sur la plage des mortes saisons

     

    On coupe le bois, le bois de la cage

     

    Où mon coeur trop sage était en prison.

     

     

     

     

    Comme à mon habitude, j’avais fait une liste ; sur cette petite feuille jaune à petits carreaux figuraient toutes les tâches que je devais accomplir pour faire de ce prochain 10 août une date mémorable. J’avais fait et refais cette liste avec un soin quasi obsessionnel, motivée par mon désir de réussir la soirée parfaite.

    Je venais donc de finir la partie la plus éreintante de mon programme, à savoir la quête du cadeau idéal. J’avais passé une bonne partie de la journée à écumer les magasins, à la recherche de la perle rare comme les chevaliers de la Table Ronde l’avaient fait pour le Saint Graal. Non que les idées m’aient manqué, bien au contraire ! Et le problème était là, d’ailleurs. J’avais donc compté sur le coup de coeur, sur la magie de la rencontre qui me donnerait l’impulsion décisive. Et j’avais eu raison. J’avais trouvé mon trésor personnel et je savourais par anticipation la joie procurée par le plaisir d’offrir.

     

    Les pieds en compote, je décrétai qu’il était temps de m’offrir un moment de répit et une récompense pour toute l’énergie que j’avais déployée.

     

    Comme il faisait beau et qu’il régnait comme un air de vacances, je décidai de m’installer à la terrasse d’un café et, mue par le souvenir de longues parties de Monopoly, je choisis la terrasse du Café de la Paix où je commandai un panaché bien blanc. En attendant que le serveur revienne, j’allumai une cigarette tout en laissant mon regard effleurer négligemment les passants, perdue dans des pensées aussi fugaces que la fumée de ma Malboro.

     

    Et, soudain, le monde s’arrêta de tourner. Comme ça, d’un seul coup, sans préavis ni signe annonciateur. La seconde d’avant, j’avais la maîtrise parfaite de ma vie puis, dans l’intervalle de temps juste nécessaire pour commander une bière et allumer une cigarette, le monde avait implosé. Et qu’importe que je sois la seule à en être consciente, qu’importe que cette anomalie temporelle n’affecte que moi.

     

    Il était là.

    Une angoisse brutale et violente a tordu mes entrailles, une bouffée de chaleur a envahi mon visage, mes genoux se sont mis à trembler et mon souffle s’est bloqué dans ma gorge. Si je n’avais pas été assise, nul doute que j’aurais eu le plus grand mal à ne pas m’effondrer.

     

    Il était là. Presque inchangé

     

    Les rares fois où j’avais envisagé la possibilité d’une telle rencontre, je m’étais convaincue que les années de thérapie que j’avais suivie m’avaient donné l’armure nécessaire pour gérer mes émotions. Mais je faisais à présent le douloureux constat que rien ni personne n’aurait pu m’y préparer. Prétendre le contraire relevait au mieux d’une illusion, au pire d’un déni.

     

    Il était là. Si reconnaissable, même de loin.

     

    Des souvenirs contre lesquels j’avais lutté avec acharnement remontèrent lentement à la surface et la panique me gagna en vagues successives, puissantes et oppressantes. Je dus faire un effort surhumain pour ne pas m’enfuir. Je fermai un instant les yeux et me concentrai ma respiration, me rappelant les exercices de relaxation que ma thérapeute m’avait enseignés. Pendre une grande inspiration, la bloquer quelques secondes et la relâcher tout doucement. Recommencer encore et encore, se concentrer sur ce rythme et occulter tout le reste.

    Tout doucement, je retrouvai un semblant de contrôle et je m’autorisai à ouvrir les yeux. La rue, les gens, le ciel, la terrasse…. Rien n’avait bougé, rien n’avait changé. Sauf moi.

     

    Il toujours là… et les souvenirs aussi….

     

    Vingt ans s’étaient écoulés depuis la dernière fois où je l’avais vu. Vingt ans… mais j’avais l’impression que c’était hier, que c’était maintenant…

     

    J’avais dix-sept et je portais ma robe préférée, la bleue avec les bretelles fines et cette coupe longue et évasée qui me donnait l’impression d’être grande et élégante. Et à chaque fois que je la portais, c’était pour lui. C’était une des autres raisons pour lesquelles j’adorais cette robe : elle était liée à des souvenirs merveilleux et symbolisait cet émoi amoureux dans lequel je baignais quand j’étais à ses côtés.

     

    J’étais follement amoureuse… Bon, d’accord, c’est vrai que j’étais amoureuse de lui depuis que j’avais dix ans mais jamais encore je n’avais ressenti cet amour avec autant d’acuité et de force. Cette année-là, tout me paraissait embelli, démultiplié, exacerbé. Mes émotions étaient à fleur de peau et mes sensations m’enivraient, me rendant euphorique et exaltée.

     

    Mes parents s’inquiétèrent d’ailleurs un peu mais je les rassurai en leur expliquant que j’étais encore surexcitée d’avoir obtenu mon bac avec mention. Comme eux-mêmes étaient fous de joie et de fierté, ils se contentèrent de cette explication et je pus rester avec mon secret.

     

    Car j’avais en effet un secret : cette année, j’avais décidé de faire l’amour avec lui. J’étais prête et je voulais cette intimité avec lui, je la désirais avec une violence qui me faisait mal et qui, il faut bien l’avouer, m’effrayait un peu. Mais c’était pour moi comme une évidence, une nécessité. J’y voyais une étape incontournable dans la construction d’un avenir qui ne pouvait se construire qu’avec lui. J’avais attendu, avec patience et avec ferveur, m’accrochant à mon rêve : je voulais une première fois flamboyante, romantique, inoubliable. Je voulais une communion physique qui soit à l’image de notre complicité. Nous étions déjà des âmes soeurs ; nos corps se reconnaitraient. Me donner à lui constituait à mes yeux un engagement, une promesse, un cadeau, et je voulais qu’il se donne à moi dans le même esprit. N’avez-vous jamais eu l’impression que certains événements s’imposaient et que, d’un seul coup, tout semblait se mettre en place pour vous conduire à un endroit et à un moment précis. Je fus guidée par cette certitude cet été-là : c’était maintenant et c’était lui, pour toujours.

     

    Vous devez rire et penser que j’étais une jeune fille perdue dans des rêves romantiques, idéalisant une relation somme toute banale pour la parer des couleurs de l’amour fou et éternel. Vous vous dites aussi que je m’étais laissée influencer par la lecture des romans à l’eau de rose et que je confondais le bouleversement naturel causé par mes hormones avec les affres de la passion. Et vous avez tout à la fois raison et tort. Avec le recul, je mesure à quel point mes émotions étaient décuplées et déformaient ma perception de la réalité. J’ai appris depuis à faire la distinction entre être amoureuse et aimer mais, cette année-là, je vivais pleinement cet état de grâce et mon corps réclamait un assouvissement bien plus concret.

     

    Cependant, malgré ma détermination, j’allais entrer en terre inconnue et il me fallait quelques informations. Alors, j’en ai parlé avec ma meilleure amie, qui avait déjà sauté le pas avec son petit copain. Carole, comme à son habitude, s’était montrée, d’une part, prolixe dans son partage d’expérience et d’autre part, avare de conseil. En fait, elle ne m’en avait donné qu’un, mais péremptoire : protège-toi ! Et comme elle voulait être sûre que j’avais bien assimilé le message, elle m’avait illico presto emmenée dans la pharmacie la plus proche pour acheter la protection en question.

     

    Ce qui m’avait valu un grand moment de solitude! J’avais beau être prête et sûre de moi, je n’avais quand même pas l’intention de faire un bulletin spécial à destination des masses. Diable, je n’avais même pas l’intention d’en parler à mes parents ! Aussi, quand la pharmacienne, d’une voix claire, m’a demandé :

     

    - Quelle taille, les préservatifs ?

     

    Je suis restée bouche bée, rendue muette tout à la fois par la gêne et par l’ignorance. Ah bon, il y a des tailles, comme pour les pantalons et les chaussettes ? Et ça se mesure comment ? De 1 à 10 ou en taille réelle ? Et je suis sensée savoir la taille du sexe de mon petit ami ?

     

    Carole, en bonne samaritaine, répondit à ma place :

     

    - Taille standard, s’il vous plaît.

     

    - Avec ou sans réservoir ?

     

    Hein, il y a un réservoir ? Comme dans les voitures ? Un réservoir en litre ?

     

    Carole, à nouveau :

     

    - Avec.

     

    - Lubrifié ou non lubrifié ?

     

    J’appelai avec ferveur à mon secours les cours d’éducation sexuelle que j’avais suivis afin de me rappeler la mécanique de la copulation mais ma mémoire partait en vrille et tout ce que j’avais à l’esprit relevait davantage de l’automobile que de la sexualité.

     

    Carole, qui décidément en savait long sur le sujet, compléta pour moi :

     

    - Lubrifié, c’est mieux.

     

    Ben voyons, si tu le dis !

     

    A mon grand soulagement, la pharmacienne se dirigea alors vers le rayon concerné avant de revenir vers nous, me faisant par la même occasion frôler le malaise par hyperventilation. Mais quoi encore ?

     

    - Vous les voulez parfumés ?

     

    Oh mon dieu !

     

    - Non, pas la peine, c’est pour une première fois.

     

    Je regardai mes pieds, étonnée que la terre ne s’ouvre pas dessous pour m’engloutir… Après mûre réflexion, je priai cependant pour que ce soit Carole qui disparaisse…

     

    La pharmacienne me jeta un regard appuyé avant de me demander :

     

    - Paquet de 6 ou paquet de 12 ?

     

    Comme je l’avais lu dans les romans à l’eau de rose que je lisais avec avidité, je sentis le rouge de la honte envahir mes joues et jetai à Carole un regard désespéré.

     

    - Un paquet de 12, merci.

     

    Quand enfin je pus mettre dans mon sac mon paquet de 12 préservatifs lubrifiés, de taille standard et avec réservoir, je me demandais si ces questions n’avaient pas pour objectif caché de décourager les aspirants au passage à l’acte en les intimidant… une façon subtile et vicieuse d’inciter à la chasteté. Mais comme le dit le proverbe : à coeur vaillant, rien d’impossible ! J’avais l’impression d’avoir passé un oral et, sans Carole à mes côtés, je me serais ramassée dans les grandes largeurs.

     

    Mais j’avais désormais en ma possession le sésame indispensable pour mon entrée dans le monde mystérieux des plaisirs charnels, donc, tout allait bien dans le meilleur des mondes.

     

    Cette année-là, comme toutes les autres années aussi loin que je m’en souvienne, mes parents et moi allions passer nos vacances sur l’Ile de Ré, dans la maison de famille qui nous venait de ma grand-mère paternelle.

     

    J’adorais cette maison. J’adorais cette ile et le rythme de vie qu’elle imposait. Tout y paraissait plus nonchalant et plus doux. Moi qui détestais les espaces confinés et rêvais de continents à explorer, je me découvrais l’âme sédentaire et ermite. Lovée dans ces paysages et allongée sur ces plages, bercée par le vent et caressée par le soleil, je respirais, en même temps que l’air pur, l’énergie nécessaire à mon coeur de conquérante. J’avais un avenir à bâtir, des objectifs à atteindre, des rêves à réaliser. Et c’est là, sur cette île, que je fourbissais mes armes et fortifiais mon âme pour les batailles à mener. Je sais, on dirait que je vivais un état de guerre permanent mais pas du tout ; simplement, j’avais compris très tôt que vouloir ne suffisait pas ; il fallait donner corps à cette volonté et conquérir sa réussite. Je ne croyais ni à la fatalité, ni à la chance. Je croyais à l’effort et à la détermination, au courage et à l’endurance.

     

    Et moi, cette année-là, j’avais un homme à séduire, de l’amour à faire et à partager…

     

    Il avait 19 ans et ses parents et les miens se connaissaient depuis longtemps. Je me souviens comme si c’était hier de notre toute première rencontre. Marne la Vallée, Eurodisney…. Nos parents respectifs avaient décidé d’y passer la journée. Fidèles à notre programme, nous étions allés dans la Maison Hantée et il s’était moqué de moi parce que j’avais « crié comme une fille ». Nous avions échangé quelques adjectifs plutôt acerbes. J’étais à l’âge où les inimitiés sont spontanées mais peu durables et la passion avec laquelle je l’ai détesté à cette époque n’eut d’égale que la conviction avec laquelle je l’ai aimé par la suite.

     

    L’amour est venu subrepticement, en invité surprise. La Maison Hantée fut son berceau. Les étés passés à l’Ile le firent passer de l’hésitation à l’affirmation, tandis que les rencontres fréquentes entre nos deux familles cimentaient ses fondations et me permettaient d’ajouter les étages supplémentaires à son épanouissement.

     

    Et puis, en plus des rencontres régulières entre nos deux familles pendant l’année, chaque été nous nous retrouvions pour un mois de vacances et la magie opérait : c’était comme si nous ne nous étions jamais quittés et que nous reprenions sans problème le fil pour un temps interrompu de notre conversation.

     

    Comme tous les amoureux, nous avions un endroit préféré, un havre où abriter nos serments. Le nôtre était le Petit Bois de Trousse-Chemise. Chaque fois que nous le pouvions, nous nous y rendions à vélo pour y pique-niquer et nous baigner. C’est là que nous avons échangé notre premier baiser, que nous avons découvert l’étonnante alchimie de nos deux corps. Trousse-Chemise est l’église dans laquelle nous nous sommes promis l’un à l’autre, à l’abri de toute indiscrétion ou de toute incrédulité. Nous étions jeunes, c’est vrai, mais jamais personne n’a prouvé qu’il y ait un âge requis pour que l’amour que l’on ressent soit jugé authentique et sincère.

     

    C’était le début des vacances… Nous n’étions là que depuis une dizaine de jours mais, comme je l’ai dit déjà, le temps passe différemment sur l’Ile. A croire que les grains de sable du sablier se sont échappés pour se joindre à ceux des plages… Malgré le pont qui la reliait au continent, l’île n’appartenait qu’à elle-même et disposait de son propre espace-temps. C’est du moins l’impression que j’ai toujours eue à chacun de mes séjours.

     

    Avec facilité, nous avions retrouvé le rythme particulier à notre relation et repris nos balades à vélo. Je ne lui avais pas encore fait part de mon souhait le plus secret car, malgré toutes mes certitudes, j’avais quand même un peu le trac. Je me trouvais des excuses en me disant qu’il fallait que je trouve le moment idéal et que, pour l’instant, celui-ci ne s’était pas présenté. Bientôt, me disais-je, bientôt….

     

    Ce jour-là, il m’avait offert une fleur que j’avais glissée derrière mon oreille et, en plus de notre pique-nique habituel, il avait pris deux bouteilles de muscadet. Comme dans tous les petits villages, notre départ fut observé par les inévitables commères, à l’affût derrière leurs volets entrebâillés. Nous avions appris au fil du temps à les ignorer et c’est sans leur jeter le moindre regard que nous nous sommes élancés sur la route.

     

    Douceur de l’air, fraicheur du vent, chaleur du soleil… J’avais l’impression que nous étions seuls au monde.

     

    Nous nous sommes baignés, nous avons discuté, nous avons déjeuné et bu la première bouteille. Le vin, pourtant léger, me montait à la tête qui, en retour, envoyait à mon corps alangui des signaux relaxants et apaisants.

     

     

    Allongée sur l’immense drap de bain, je reposais dans ses bras, la tête sur sa poitrine, et je ma laissai bercer par le battement régulier et hypnotique de son coeur. Ses mains caressaient mon dos, augmentant ma sensation de bien-être. J’étais trop bien pour avoir seulement envie de bouger ; il y avait dans ce moment quelque chose d’ineffable que je ne voulais pas briser.

     

    Graduellement, ses caresses se sont faites plus appuyées et ses mains sont devenues plus inquisitrices. Il m’a doucement repoussée sur le dos et ses lèvres se sont posées sur les miennes, taquines dans un premier temps, puis plus exigeantes. Je sentais sa faim et son besoin et j’ai répondu à son baiser en y mettant tout mon amour. Pour moi, cet instant constituait un prélude à la nuit que nous allions prochainement partager, la mise au diapason de nos corps en vue d’une symphonie destinée à être magnifique et exaltante.

     

    Je le voulais, mais pas tout de suite, pas ainsi et pas ici. Je ne sais pas trop pourquoi mais dans mon rêve, ma première fois devait se passer dans la douceur d’un lit et la sécurité de la nuit. Je voulais des oreillers accueillants et des ombres complices. Pour idyllique que soit le bois de Trousse-Chemise, il ne constituait pas à mes yeux le havre idéal pour ce moment qui me ferait passer du stade de la jeune fille à celui de la femme.

     

    Alors, J’ai dit non.

     

    Mais il a continué.

    J’ai protesté mais il a continué. J’ai crié mais il a continué. Je me suis débattue mais il a continué. Aveugle et sourd, il semblait décidé à suivre sans délai et sans subtilité le précepte divin selon lequel il fallait aimer son prochain.

     

    Ce jour-là, dans le petit bois de Trousse-Chemise, il s’est emparé par la force de ce que j’avais décidé de lui offrir librement un peu plus tard. Mon innocence et ma robe légère n’ont pas résisté à sa détermination. Moi qui rêvais de tendresse, de patience et d’attention, je n’ai eu que de la luxure, de la maladresse et de la précipitation. Mon rêve s’est brisé sous l’assaut de ses lèvres avides et de ses mains impatientes. Cette étreinte rapide, violente et malhabile n’a fait naître en moi aucun plaisir, aucun bien-être. Mon corps ne pouvait rien contre sa force mais je n’ai pas cessé de me débattre et de crier.

     

    Mais il a continué.

     

    Quand il a eu fini, si la mer était grise, moi je ne l’étais plus. J’étais au contraire douloureusement lucide.

     

    J’ai pris conscience des années plus tard qu’il y avait au final peu de différence entre les mots viol et vol. Une seule lettre en effet mais des effets similaires : en violant mon corps, il m’avait volé mes rêves et mon avenir.

     

    Désormais, il y aurait un avant et un après. Ma vie d’avant avait trouvé la mort à Trousse-Chemise et ma vie d’après restait à écrire… Mais comment écrire son histoire quand tous les mots qu’on connaissait ont perdu tout leur sens ? Quelle direction donner à sa vie quand tous les repères habituels ont volé en éclats ?

     

    Plus jamais je ne serai la même.

     

    Je ne sais plus comment nous sommes rentrés. Je ne me souviens plus des excuses ou des explications qu’il a dû immanquablement prononcées. Je ne me souviens plus de rien, si ce n’est que deux jours plus tard, j’ai fait ma valise et je suis partie ne plus revenir.

     

    Choquée, rongée par la honte et la souffrance, j’ai été incapable d’en parler à mes parents. Alors, j’ai appelé Carole. Elle a compris ce que je n’arrivais pas à dire et, à sa manière efficace et autoritaire, elle a pris les choses en main.

     

    Le lendemain, mes parents recevaient un appel téléphonique où elle leur expliquait qu’elle avait eu un accident et qu’elle s’était cassé la jambe. Ses parents étant en voyage, accepteraient-ils que je la rejoigne ? Mes parents, pour qui Carole est comme une deuxième fille, ne doutèrent pas une seule seconde qu’elle eut effectivement besoin de sa meilleure amie davantage que des béquilles. Alors, compatissants et confiants, ils m’ont laissée partir.

     

    Et plus jamais je ne suis revenue sur l’Ile de Ré. Et plus jamais je ne l’ai revu.

     

    Jusqu’à aujourd’hui.

     

    Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vu le serveur déposer mon panaché devant moi. Ma cigarette était presque entièrement consumée entre mes doigts tremblants.

     

    Quand j’ai regardé à nouveau dans sa direction, il n’était plus là.

     

    Le monde avait repris sa course, inconscient et indifférent à mon drame personnel. J’ai regardé ma montre ; il ne s’était écoulé que cinq minutes. Cinq minutes pour me rappeler l’événement qui avait sonné le glas de mes espoirs et de mes rêves. Cinq minutes pour revenir à la source de tous mes maux.

     

    Je n’ai plus jamais été la même.

     

    Et pas seulement parce qu’il avait trahi ma confiance et mon amour.

     

    J’avais acheté des préservatifs, une boite de 12, de taille standard, lubrifiés et avec réservoir, mais non parfumés parce que c’était pour une première fois. Je n’ai jamais eu l’occasion de les lui proposer. Manifestement, la protection ne faisait pas partie de ses préoccupations ce jour-là. Et, deux mois plus tard, je découvrais que sa folie avait produit des conséquences très concrètes pour lesquelles je n’étais absolument pas préparée.

     

    J’étais tombée enceinte.

     

    Etrange d’ailleurs qu’on emploie le verbe tomber pour l’associer à une grossesse. Tomber, comme dans tomber des nues, tomber de haut, tomber bien bas, tomber de Charybde en Scylla… Pour moi, ce fut tout ça à la fois, et en une seule phrase : vous êtes enceinte.

     

    J’étais doublement victime de la situation : j’étais enceinte à la suite d’un rapport non consenti et je n’avais su interprété les signaux que m’envoyait mon corps, ce qui fait qu’il était désormais trop tard pour envisager une interruption de grossesse.

     

    Le monde continuait à exploser en milliards de morceaux et mes mains n’étaient pas assez grandes pour les récupérer tous. Qu’en aurais-je fait, d’ailleurs ?

     

    J’avais 17 ans, mais plus de robe légère qui me faisait sentir grande et élégante. J’étais petite et terrifiée. Le petit bois de Trousse-Chemise était le cimetière dans lequel reposaient ma virginité, mon idéalisme et ma confiance. Il devrait y avoir une pierre tombale sur laquelle serait gravée : « ci-git celle que j’aurais pu et aurais dû être ».

     

    J’ai mis mes parents au courant mais leur ai menti au sujet du père du bébé. Ils ont toujours cru que c’était un garçon que j’avais rencontré quand j’étais allée rejoindre Carole et je n’ai jamais rien fait pour les détromper. Je n’avais tout simplement pas le courage de l’affronter, lui. Je voulais le faire disparaitre purement et simplement de ma vie, de ma tête et de mon coeur. J’avais refusé aussi de porter plainte comme Carole m’y encourageait avec force. Trop de honte, trop de culpabilité… trop de peur, tout simplement.

     

    Et Diego est né.

     

    Mon fils.

     

    Je l’ai aimé dès que je l’ai tenu dans mes bras. J’ai mis de côté la colère que j’éprouvais pour son père pour ne l’aimer que pour lui. Il m’a réparée alors que je croyais être trop abimée pour l’être. Son amour inconditionnel a été la boussole qui m’a permis de retrouver le chemin qui menait vers la joie et l’optimisme. Dans la comptabilité particulière de ma vie, il a représenté et représente toujours la plus grosse des toutes sommes jamais portées au crédit de mon compte.

     

    Diego fêtera ses vingt ans demain, le 10 août.

     

    C’est pour son anniversaire que j’ai fait cette liste et c’est la raison pour laquelle je me retrouve à la terrasse de ce café, donnant ainsi au destin l’occasion de me narguer en me mettant sous le nez l’acteur de la pire journée de ma vie.

     

    Mais ce que le destin ne sait pas, c’est que j’ai tourné la page. Ne croyez pas cependant que j’ai oublié ou pardonné, loin de là. Non, j’ai « juste » tourné la page et suis passée à autre chose : je suis passée de Trousse-Chemise à Diego.

     

    Mes mains sont devenues plus grandes pour mieux pouvoir le tenir et j’ai pu ainsi récupérer les fragments de ma vie brisée et éclatée. Je les ai rassemblés et j’ai inventé tous ceux qui manquaient.

     

    Mon coeur s’est agrandi pour accueillir tout l’amour que je lui vouais et qu’il m’a rendu au centuple.

     

    Ma mémoire s’est allégée pour mieux stocker tous les souvenirs de ce bonheur tranquille et inattendu dont il était la source.

     

    Au final, mes blessures, quoique profondes, ne furent pas mortelles ou permanentes et j’ai réappris à faire confiance et à aimer, tant avec le coeur qu’avec le corps.

     

    Quelques hommes ont traversé ma vie et j’en ai aimé certains plus que d’autres, comme c’est le cas de celui qui partage ma vie depuis près de dix ans maintenant.

     

    Et puis, comment pourrais-je haïr les hommes alors que mon fils en est un ?

     

    Alors soudain, au terme de cette introspection menée à la terrasse du Café de la Paix, mon verre de panaché vidé et ma cigarette écrasée, je me sens libérée du passé et de son emprise. C’est un peu comme si cette brève et lointaine rencontre avait agi comme un exorcisme. Les événements et les gens n’ont d’autre pouvoir que celui que vous leur donnez.

     

    Mon fils a vingt ans et, à mes yeux, sa présence rend le monde plus beau et meilleur.

     

    Il parait qu’on coupe le bois à Trousse-Chemise mais comme j’en suis partie depuis longtemps et n’ai pas l’intention d’y revenir, j’en fiche totalement.

     


    FIN

     

    HDM61