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OS 2 : Song fic



Et un jour une femme

Florent Pagny

 

 

 

Elle était belle, et je l'attendais certainement depuis que j'étais née. Elle, la naissance du monde, la perfection qui portent pas mal de défauts, le personnage qu'on déchire, qu'on abîme et qu'on dénigre. Elles toutes ne formant plus qu'une seule. Elles formant l'un des plus belles choses crée par le monde, du moins pour des yeux amoureux : elles formant une femme.

Elle avait changer ma vie, m'avait rendu meilleur, m'aider dans le pire comme dans le meilleur, m'avait offert la vie la plus exceptionnelle qu'il soit, une vie que je ne reconnaîtrais pas. Même si je devais renaître mille fois.

Quand commença ma vénération pour la femme ? Quand il n'y avait pas que les petites filles qui croyaient aux belles histoires racontaient dans les contes, les petits garçons qui tendaient l'oreille le soir, lors du coucher, à force de les entendre, finissaient par se laisser emporter, par ses mots qui font rêver... Rêver de cette femme là.

 

J'étais l'un de ses petits garçons qui aimait entendre sa mère racontait ses histoires, le célèbre Peter Pan, la naïve petite Alice, la Belle tombant amoureuse de sa bête, et toutes ses histoires d'amour commençant par il était une fois. Où le Prince tombe amoureux, d'une magnifique femme, belle et innocente, aimante et fragile. Une femme qu'on stéréotype. Une femme qui n'existe pas.

J'en ai rêver longtemps de ma Cendrillon, voulant moi même connaître ce bonheur parfait, vouloir moi même mon conte de fée, croire en ce rayon de soleil, à ses femmes parfaites, des femmes parfaites donc j'étais loin de connaître... Avant de connaître cette femme.

 

Elles avaient toujours eu une grande place dans ma vie, ses femmes, j'avais peut être miser trop d'importance sur elle, ses personnages devenue libre par combat, fière et courageuse, j'étais fière de leur vouer une véritable admiration, j'avais connu la vie grâce à l'une d'entre elle, j'avais été chérit et aimer. J'avais été déçu par certaines, qui était loin de ressembler à ma mère. J'avais été blesser aussi, par un assassin portant l'un des plus beau sourire qui se nichait sur des talons aiguilles, j'avais envie d'une femme qui puissent remplacer celles qui n'était plus là, d'une femme qui d'un regard, me ferait voler en éclats, qui me donne raison d'admirer encore et d'oublier les plaies que ses sorcières avaient crées... Jusqu'à cette femme.

 

Cela faisait rêver durant notre enfance, et quand nous étions enfant, cela nous donner des tas d'illusions, d'espérance, de rêves qu'on pense, une fois arrivé à l'adolescence, irréalisable, par tellement de différence, quand nous les croisons, ces petites princesses, où ils n'y a rien d'innocent en elle, juste de la tentation, pour nous pauvres garçons. Et nous, souvent, nous tombons bien bas, devant de tels personnages, ne sachant pas comment les prendre, découvrant qu'il n'existait pas de mode d'emploi pour nous dire comment marcher ses femmes là. Réalisant soudainement, que tout ses contes, n'étaient pour la plupart que des mensonges... Avant cette femme.

 

J'avais bien grandit et quitter l'enfance quand elle croisa ma route, un beau matin, de long chapitres s'étaient tournée depuis, j'avais déjà écrit pas mal de livres sur l'histoire de ma vie, avec des tas de femmes, des tas d'envie, j'étais devenu froid comme la glace, déçu, et renfermé avec une admiration perdu pour de bon, et une cicatrice toujours bien profonde, celle causé par nos illusions, par celles qui ont su me prendre comme un pion. Rêvant encore malgré mes blessures, d'une femme, de cette femme.

 

Et un jour une femme, cette femme là, à croiser ma route, il a suffit d'un seul jour, pour que tous bascule. Elle n'avait rien de parfait au premier abord, brune, petite et bien vivante, au premier regards, aucune classe digne des films romantiques vus aux cinémas, ses cheveux prisonnier de son bonnet gris, emmitouflé sous une veste rouge, je ne l'avais pas vu marcher vers moi, la tête en l'air, admirant les alentours, sans faire attention aux gens autour... et cette femme là arriva.

 

Elle m'est rentrée dedans, je l'ai fait tomber dans mes bras, la retenant, prêt à lui lancer mainte jurons, jusqu'à entendre le sons de sa voix. Un simple petit pardon, et ce regard chavirant, profond et pénétrant.

J'avais chavirer, quitter le navire, j'avais sauter, j'étais tombé, je vibrais, pour elle, par sa voix, par ses yeux, pour ce qui faisait d'elle, et ce que je ne serais pas.

J'aurais pu la laisser partir à nouveau, continuais mon chemin, et oublier ce son, cette voix, ses yeux, elle.. j'aurais pu, mais je ne l'ai pas voulut... j'ai juste voulut cette femme la.

 

Je me suis à mon tour excusait pour tant d'indélicatesse, je gagnais du temps, je voulais qu'elle reste, elle m'a sourit, un sourire vivant et chaleureux, un sourire dont je ne me suis pas jamais lasser.

J'étais fière de moi et surpris quand j'ai gentiment glissé une invitation pour l'emmener prendre un café. J'espérais un oui, j'ai les désiré, je l'ai eu... et heureusement, que ce jour-là, je me suis abstenue de continuais mon chemin... sinon jamais je n'aurais revu cette femme la.

 

Elle avait un prénom unique, le premier que je croisais dans ma vie, elle était belle et intelligente, indépendante, et beaucoup plus forte que moi, comme toute ses femmes vivant ici bas, j'en ai eu la confirmation bien des années plus tard.

Elle était une femme parmi tant d'autre femme, elle m'avait fait chavirer aux premiers regards, son esprit fou et grand, son soutien, sa présence... elle avait tout pour elle, elle devenait tout pour moi. J'ai appris à la connaître, différemment des autres, avec plus d'attention, sans jamais la brusquer, sans jamais la forcer, sans jamais rien exiger, je lui avais simplement dit que si l'on se revoyait, j'allais l'aimer. Elle avait rit, m'avait dit peut être, mais s'était elle qui m'avait aimer la première... Cette femme là m'aimais moi.

 

Le plus beau jour de ma vie, alors que les années défilés depuis notre rencontre, après tant de combats, et tant de joie, qu'elle allais m'offrir le plus des cadeaux au monde. Après m'avoir prouvé chaque jour à quelle point elle pouvais m'aimer, elle portait le fruit de tout notre travaille, elle portait une part de nous. Elle te portait toi. C'était ta mère cette femme là.

 

Elle m'a épaulé toutes ses années, donné le courage quand il m'avait laisser tomber, fait devenir meilleur, pour être à sa hauteur, et pour faire en sorte de ne jamais la décevoir, toi mais surtout elle. Elle qui ne me décevait jamais. Elle as su réparer mes blessures, celles qui se sont former en route, et celle qui étaient là bien avant cette femme et moi...

 

J'avais perdu tout espoir en l'amour, en la femme, en ses convictions, en mes rêves d'enfants... je leur avait voué une véritable admiration, je l'avais perdu, enfin je croyais, je trouvais dommage, qu'il y est si peu d'homme à admirer ses femmes là... J’espérais encore que ce sentiments puissent arriver quand nous trouvons la notre de femme, celle qui nous font les admirer.

 

Jamais je ne regretterais le jour où je l'ai rencontré, à mon destin et à la vie que j'ai mené, à mes convictions, aux leur, à ses femmes toujours obstinés. Ses battantes, ses grandes voix, a celle qu'on devrait écouter plus souvent, ses femmes qui depuis des siècles, font chavirer des mondes, engendre des guerres, à leurs sagesse, qui arrive bien souvent avant nous, à leur maudites colères, et leur nombreux défauts, à ses femmes la, des femmes uniques, a celle que j'ai aimé, et à celle à qui j'ai donné la vie, à celle qui m'ont ému, qui m'ont fait pleurer et à celle qui mon fait grandir alors que je n'y croyais plus. A ma vie peupler de femmes...

 

Comme quoi, il suffit d'un jour, une seule journée pour tous faire basculer... Et encore une fois, je le dois à une femme, à la mienne, celle que je ne partager pas.

 

Je lui disais souvent : Dire qu'un jour une femme, m'est rentrer dedans, elle avait croiser mon chemin, elle avait voler mon âme, m'avait aimé comme jamais... A cette femme que j'avais désiré et aimer comme un damnés, à celle qui m'a désormais quitter. A cette femme qui avait porté mon monde, qui t'avais mis au monde, A toi ma femme. A toi qui n'aura pas la chance de lire cette lettre. Et à toi ma fille, la dernière femme de ma vie. Puisses-tu rencontrer quelqu'un comme moi. Puis à tout les hommes, faite qu'un jour une femme croise votre route, il suffit d'un seul jour, et a ceux qui voudront vénérer la femme, leur femme, n'oublier pas que c'est d'elles qu'est née le monde. C'est grâce à elles que nous continuons, c'est le plus beau voyage que nous offre la vie... Le voyage que nous offre les Femmes.

 

 

Amhéliie

 

 

 


 

 

Resistance

(Resistance de Muse)

 

Eno ne pris pas la peine de descendre chacune des marches de l’échelle qui menait au sous terrains et sauta dans l’étroit tunnel. Il n’avait pas le choix, le temps était compté dans quelques minutes ils seraient là. Il atterrit sur ses deux pieds, faisant éclaboussé l’eau qui commençait à s’engouffrer dans le sous terrain, a peine le temps de se rendre compte qu’il avait de l’eau jusqu’aux genoux qu’Eno se retourna pour réceptionner Aléna.

 

-Saute !

 

La jeune femme évalua la distance avant de se laisser tomber les yeux fermées dans l’étroit tunnel sombre et humide. La chute fut courte et deux bras forts qu’elle connaissait bien la rattrapèrent avant de la déposer sur le sol.

 

Eno pris Alena par les épaules et plongea se yeux dans le gris des siens. Son visage habituellement serein refléter la peur, elle était frigorifié par la pluie qui inondé ses vêtements, ses cheveux bruns plaqués sur son visage révélant encore plus la blancheur de sa peau. Eno aussi avait peur, il savait que c’était la fin, il ne pouvait en être autrement, maintenant qu’ils les avaient trouvés, les « machines » ne les lâcheraient qu’une fois Eno et Alena mort. Il voyait la peur de la jeune femme mais aussi la confiance qu’elle avait en lui et tous son amour.

-Ne lâche pas ma main, dit-il en entre lassant leur doigts, quoi qu’il arrive ne lâche pas main tant que je ne te le demande pas

 

Is our secret safe tonight and are we out of sight

Or will our world come tumbling down ?

Will they find our hiding place

Is this our last embrace

Or will the walls start caving in ?”

 

Sa voix résonnait étrangement dans les tunnels vides, à part quelques rats qui tentaient de fuir la montée des eaux des dernières heures, et la respiration d’Alena, il n’y avait pas de bruit sous la ville. Alena regarda Eno un instant avant de comprendre ce que signifiait ses paroles. Elle comprit qu’il se sacrifierait pour elle, que si il était descendu c’était pour l’amener jusqu’à la Résistance et mourir seul aux mains des « machines ».

 

-Eno non…

 

Elle n’eut pas le temps de dire autre chose que la bouche de son amant vint se poser sur la sienne avec autorité et désespoir. C’était peut-être la dernière fois qu’il l’embrassait, qu’il ressentirait cette chose interdite qu’on nomme l’amour. Il prit son visage dans ses mains, il sentait ses larmes se mêler à la pluie qui perlait sur son visage. L’odeur d’Alena si rassurante durant ses dernières années, cette odeur d’éternel printemps, des qu’il posait ses lèvres sur elle, il voyageait dans ses pays où la nature était restés à l’état sauvage où les fleurs prenait le pas sur  les « machines », ses pays qu’il n’avait vu qu’en photos et sentit grâce à elle. Eno relâcha Alena, le temps était compté, s’il voulait avoir le temps de la mettre en sécurité ils devaient partir maintenant. Il la relâcha et pris sa main, Alena le serra à s’en faire blanchir les phalanges bien décidée à ne pas le lâcher quoi qu’il en dise.

 

Eno entraina Alena dans sa course, l’eau montait dangereusement et rendait difficile leur fuite. Ils devaient regagner la partie étanche au plus vite avant de mourir noyé. Eno rageait intérieurement de sa stupidité, remonté à la surface a la tombé de la nuit avait été la pire erreur qu’il ait pu commettre. Il n’aurait pas dû l’emmener avec lui, seul il aurait pu passer pour un homme « machine » mais avec elle c’était impossible. Ensemble il avait du mal à cacher ses pensées, il le savait, son inquiétude pour elle passait forcement pour de l’amour pour des hommes sans sentiments. Et à la tombée de la nuit les détecteurs de pensée était activée, partout où ils passaient, leur cerveau été scanné et étudié. C’était sa faute, la peur qu’il arrive quelque chose à Alena les avaient trahis.

 

Leur course continuait dans ce dédale de couloirs sombres où seul la Résistance s’aventurait en temps normal. Ils étaient du mauvais côté de la ville, encore quelques kilomètres pour atteindre la zone étanche, si la pluie leur en laisser le temps. Ils entendirent les machines derrières eux, elles avaient franchis le tunnel d’entrée, le bruit métallique de leurs armes résonnait dans les couloirs aussi clairement que la cloche d’un condamné à mort. Eno entraina plus vite Alena qui était épuisé, il resserra sa main pour tenter de la rassurer, il pouvait atteindre la zone étanche avant de se faire rattraper mais ils devaient accélérer, les machines étaient plus rapides qu’eux. Eno comptait sur la montée des eaux pour les ralentir avec leurs armes se serait plus compliqué pour eux. Les couloirs n’en finissaient pas de tourner, l’eau de monter, et les forces d’Alena de s’amenuiser.

 

-On y est presque encore un effort !

 

Ils atteignirent une zone surélevée qui leur permit de courir pus vite sur le sol sec, si l’eau ralentirait les « machines » elle les épuisait plus aussi. Alena trébucha et chuta sur le sol effrayant les quelques rats qui se traçaient un chemin autour d’eux. Eno stoppa sa course pour l’aider à se relever, en la voyant épuisé ses regrets laissèrent place à la colère. La colère d’avoir mis la vie d’Alena en danger, d’avoir trahis la confiance qu’elle avait en lui et tous ses espoirs depuis qu’il l‘avait rencontré.

 

If we live our life in fear

I'll wait a thousand years

Just to see you smile again

Kill your prayers for love and peace

You'll wake the thought police

We can hide the truth inside”

 

Il la revoit ce jour où elle est entrée dans sa vie, les humains étaient déjà privés de leurs sentiments depuis des dizaines d’années. C’étaient censée être encré en eux, dans leur mode de vie, elle lui a souri et s’en est voulu aussitôt. Eno a senti cette chose dans son corps, se cœur qui ne servait qu’à pomper son sang s’intensifier, ces battements redoublaient alors que les lèvres d’Alena s’étirer. Elle était belle, il ressentait pour la première fois de sa vie. Il comprenait enfin ce que signifier ce mot bannis de leur société, ses mains tremblaient face à l’inconnu que procurait ce sentiment en lui, face à elle petite chose qui paraissait insignifiante pour tous les passants autour d’eux mais qui est devenue son monde a la minute où il l’a croisé. Eno a pris sa main et ne l’a plus lâché, les gens insensibles ne les regardaient pas mais elle l’a entrainé avec elle loin, là où ils ne pouvaient y avoir qu’eux deux. Il la regardait sourire encore et encore à s’en bruler les rétines, encore maintenant son sourire est toujours présent dans ses rêves c’est la plus belle chose au monde.

 

Elle a levé sa main pour toucher le visage d’Eno et caresser sa joue. Personne ne l’avait caressé avant elle, sa tendresse l’a bouleversé, sa douceur émue et son geste envoyer des picotements partout dans son corps. Il ressentait. Sur le moment il n’a pas su l’identifier, seuls les anciens parlaient d’amour, de ce sentiment d’être libre et unique, de l’euphorie qu’il provoque, jamais il n’aurait imaginé le ressentir à son tour. Mais le plus naturellement du monde il a approché son visage du sien si fragile, sentir son souffle sur lui l’a électrisé et Eno a posé ses lèvres sur les siennes entre ouvertes. Il entendait son cœur battre aussi vite que le siens, ses mains ont serrés ses épaules et sa bouche s’est appuyé sur la sienne avec sa tendresse, celle qu’elle a toujours eu avec lui et qu’il découvrait pour la première fois. Son corps envoyait des signaux de désir de plus en plus fort, son cœur s’emballait de la découverte de ce sentiment qu’était l’amour. Il l’aimait déjà, à la minute où Eno l’a vu il l’a aimé, il a compris pourquoi ils ne voulaient plus de sentiment sur terre. C’était fort et totalement incontrôlable il prenait toute la place et chaque partie de son cerveau conditionné en était envahi.

 

Maintenant il l’entrainait vers la mort, s’il ne se dépêchait pas de repartir. Eno repris la main d’Alena et continua de courir encore et encore, ils sautèrent dans l’eau, encore un kilomètre environs avant la zone étanche. Alena ralentissait a vue d’œil, épuisé elle faisait de son mieux, l’eau lui arrivait jusqu’aux cuisses et rendait sa progression plus ardus et plus lente. Eno la pris sur son dos, lui plus grand, l’eau le gênait moins et ils iraient plus vite. Alena s’accrocha ses épaules et les bruits des « machines » qui courraient derrière eux s’intensifier, ils les avaient presque rattrapés. Elle sentit Eno accélérer autant qu’il le pouvait et son corps se raidir aux sons métalliques de plus en plus proches.

 

The night has reached its end

We can't pretend” 

 

Ils arrivèrent enfin au dernier tunnel au fond, il y avait la porte qui les séparait de la zone étanche, là où la Résistance survivait. Les « machines » connaissaient cet endroit, mais ne pouvaient pas y entrer. La porte était gardée par un système que seul l’amour pouvait activer. Eno aller activer la porte, le temps qu’Alena entre il irait à la rencontre des « machines » et les retiendraient pour qu’elle puisse être en sécurité. Il déposa Alena devant la porte et se plaça devant le mécanisme d’ouverture mais Alena le tira en arrière.

 

-Je n’irais pas sans toi

 

-Si il le faut, on n’aura pas le temps de passer tous les deux

 

Alena regarda l’amour de sa vie, celui qui l’avait rendu vivante dans les yeux, elle voyait la détermination d’Eno derrière ses prunelles noires et sa culpabilité, mais pour elle il était impensable de l’abandonner.

 

-Non Eno je…

 

-Alena ne discute pas je t’en prie fait ce que je te demande

 

Alena ne voulait pas le laisser, elle ne voyait aucun intérêt de vivre sans lui, de continuer dans ce monde sans amour, ces années passé avec lui seront la fin.

Elle resserra sa main autour de la sienne, preuve que jamais elle ne l’abandonnerait même dans la mort.

 

Love is our resistance

They'll keep us apart and they won't stop breaking us down

Hold me

Our lips must always be sealed”

 

Eno voyait la détermination de celle qu’il aimait, son front se plissait et cette ride qui apparaissait quand elle ne voulait pas qu’on la contrarie dans ses choix. Il ne voulait pas l’entrainer vers la mort ; ils avaient passé des années à cacher leur sentiment, a marché la tête haute et le regard vide, il a suffi d’une erreur, d’une nuit pour y mettre fin. Eno ferma les yeux un instant, comment la convaincre de passer cette porte, comment la forcer elle, la liberté incarné, à faire ce qu’il pensait être le mieux pour elle. Aléna posa son visage sur son torse, le cœur d’Eno battait si fort qu’il était prêt à exploser, les « machines » étaient de plus en plus proches, ils voyaient leur lumières au bout du couloir.

 

Alena releva la tête pour regarder son amant une dernière fois, ses larges épaules et son visages en apparence dur mais d’une douceur incomparable quand il souriait, sa bouche fine, ses pommettes hautes et ses yeux aussi noir que l’encre. Celui qui l’avait aimé désiré et rendue heureuse. Elle ne regrettait rien, grâce à lui elle avait connu le bonheur et vécu cette vie avec son cœur et son âme. Elle caressa la joue d’Eno où une larme solitaire glissait, il ouvrit les yeux et Alena lui sourit, lui montrant ainsi qu’elle acceptait de mourir, qu’elle acceptait tout tant qu’ils étaient ensemble.

Il caressa son visage a son tour en prenant une grande inspiration.

 

-Alena s'il te plait passe.

Sa voix refléter son désespoir, celui de la convaincre et celui de l'inéluctable fin qu'ils allaient rencontrés tout les deux. Alena se contenta de serrer sa main encore plus forts et Eno releva la tête inspirant encore et encore, il allait la tuer.

 

-Je ne veux pas continuer sans toi, ne me demande pas ça Eno, on reste ensemble, quoi qu'il arrive je ne lâcherai pas ta main.

 

Il baissa les yeux vers elle, s’imprégna du mieux qu’il put d’Alena de son visage et de son amour, c’était fini, il entendait déjà les fusils s’armer et se braquer sur eux. Il embrassa une dernière fois celle qui a fait de lui un homme avec des sentiments, ses bras la serrèrent dans une dernière étreinte. Ils mourront ensemble dans un dernier acte de résistance, dans leur amour bannis de ce monde, il restera leur plus belle victoire face à eux et leur dictat, cet amour que rien ni personne ne pourrais enlever pas même la mort.

Take us away from here

Protect us from further harm

RESISTANCE 

 

Maryrhage

 

 

 


 

 

 

 

Trousse-chemise… (Charles Aznavour)

 

 

 

 

Dans le petit bois de Trousse chemise

 

Quand la mer est grise et qu'on l'est un peu

 

Dans le petit bois de Trousse chemise

 

On fait des bêtises souviens-toi nous deux

 

On était partis pour Trousse chemise

 

Guettés par les vieill's derrièr' leurs volets

 

On était partis la fleur à l'oreille

 

Avec deux bouteill's de vrai muscadet

 

On s'était baignés à Trousse chemise

 

La plage déserte était à nous deux

 

On s'était baignés à la découverte

 

La mer était verte, tu l'étais un peu

 

On a dans les bois de Trousse chemise

 

Déjeuné sur l'herbe, mais voilà soudain

 

Que là, j'ai voulu d'un élan superbe

 

Conjuguer le verbe aimer son prochain.

 

Et j'ai renversé à Trousse chemise

 

Malgré tes prières à corps défendant

 

Et j'ai renversé le vin de nos verres

 

Ta robe légère et tes dix sept ans

 

Quand on est rentrés de Trousse chemise

 

La mer était grise, tu ne l'étais plus

 

Quand on est rentré la vie t'a reprise

 

T'as fait ta valise t'es jamais r'venue.

 

On coupe le bois à Trousse chemise

 

Il pleut sur la plage des mortes saisons

 

On coupe le bois, le bois de la cage

 

Où mon coeur trop sage était en prison.

 

 

 

 

Comme à mon habitude, j’avais fait une liste ; sur cette petite feuille jaune à petits carreaux figuraient toutes les tâches que je devais accomplir pour faire de ce prochain 10 août une date mémorable. J’avais fait et refais cette liste avec un soin quasi obsessionnel, motivée par mon désir de réussir la soirée parfaite.

Je venais donc de finir la partie la plus éreintante de mon programme, à savoir la quête du cadeau idéal. J’avais passé une bonne partie de la journée à écumer les magasins, à la recherche de la perle rare comme les chevaliers de la Table Ronde l’avaient fait pour le Saint Graal. Non que les idées m’aient manqué, bien au contraire ! Et le problème était là, d’ailleurs. J’avais donc compté sur le coup de coeur, sur la magie de la rencontre qui me donnerait l’impulsion décisive. Et j’avais eu raison. J’avais trouvé mon trésor personnel et je savourais par anticipation la joie procurée par le plaisir d’offrir.

 

Les pieds en compote, je décrétai qu’il était temps de m’offrir un moment de répit et une récompense pour toute l’énergie que j’avais déployée.

 

Comme il faisait beau et qu’il régnait comme un air de vacances, je décidai de m’installer à la terrasse d’un café et, mue par le souvenir de longues parties de Monopoly, je choisis la terrasse du Café de la Paix où je commandai un panaché bien blanc. En attendant que le serveur revienne, j’allumai une cigarette tout en laissant mon regard effleurer négligemment les passants, perdue dans des pensées aussi fugaces que la fumée de ma Malboro.

 

Et, soudain, le monde s’arrêta de tourner. Comme ça, d’un seul coup, sans préavis ni signe annonciateur. La seconde d’avant, j’avais la maîtrise parfaite de ma vie puis, dans l’intervalle de temps juste nécessaire pour commander une bière et allumer une cigarette, le monde avait implosé. Et qu’importe que je sois la seule à en être consciente, qu’importe que cette anomalie temporelle n’affecte que moi.

 

Il était là.

Une angoisse brutale et violente a tordu mes entrailles, une bouffée de chaleur a envahi mon visage, mes genoux se sont mis à trembler et mon souffle s’est bloqué dans ma gorge. Si je n’avais pas été assise, nul doute que j’aurais eu le plus grand mal à ne pas m’effondrer.

 

Il était là. Presque inchangé

 

Les rares fois où j’avais envisagé la possibilité d’une telle rencontre, je m’étais convaincue que les années de thérapie que j’avais suivie m’avaient donné l’armure nécessaire pour gérer mes émotions. Mais je faisais à présent le douloureux constat que rien ni personne n’aurait pu m’y préparer. Prétendre le contraire relevait au mieux d’une illusion, au pire d’un déni.

 

Il était là. Si reconnaissable, même de loin.

 

Des souvenirs contre lesquels j’avais lutté avec acharnement remontèrent lentement à la surface et la panique me gagna en vagues successives, puissantes et oppressantes. Je dus faire un effort surhumain pour ne pas m’enfuir. Je fermai un instant les yeux et me concentrai ma respiration, me rappelant les exercices de relaxation que ma thérapeute m’avait enseignés. Pendre une grande inspiration, la bloquer quelques secondes et la relâcher tout doucement. Recommencer encore et encore, se concentrer sur ce rythme et occulter tout le reste.

Tout doucement, je retrouvai un semblant de contrôle et je m’autorisai à ouvrir les yeux. La rue, les gens, le ciel, la terrasse…. Rien n’avait bougé, rien n’avait changé. Sauf moi.

 

Il toujours là… et les souvenirs aussi….

 

Vingt ans s’étaient écoulés depuis la dernière fois où je l’avais vu. Vingt ans… mais j’avais l’impression que c’était hier, que c’était maintenant…

 

J’avais dix-sept et je portais ma robe préférée, la bleue avec les bretelles fines et cette coupe longue et évasée qui me donnait l’impression d’être grande et élégante. Et à chaque fois que je la portais, c’était pour lui. C’était une des autres raisons pour lesquelles j’adorais cette robe : elle était liée à des souvenirs merveilleux et symbolisait cet émoi amoureux dans lequel je baignais quand j’étais à ses côtés.

 

J’étais follement amoureuse… Bon, d’accord, c’est vrai que j’étais amoureuse de lui depuis que j’avais dix ans mais jamais encore je n’avais ressenti cet amour avec autant d’acuité et de force. Cette année-là, tout me paraissait embelli, démultiplié, exacerbé. Mes émotions étaient à fleur de peau et mes sensations m’enivraient, me rendant euphorique et exaltée.

 

Mes parents s’inquiétèrent d’ailleurs un peu mais je les rassurai en leur expliquant que j’étais encore surexcitée d’avoir obtenu mon bac avec mention. Comme eux-mêmes étaient fous de joie et de fierté, ils se contentèrent de cette explication et je pus rester avec mon secret.

 

Car j’avais en effet un secret : cette année, j’avais décidé de faire l’amour avec lui. J’étais prête et je voulais cette intimité avec lui, je la désirais avec une violence qui me faisait mal et qui, il faut bien l’avouer, m’effrayait un peu. Mais c’était pour moi comme une évidence, une nécessité. J’y voyais une étape incontournable dans la construction d’un avenir qui ne pouvait se construire qu’avec lui. J’avais attendu, avec patience et avec ferveur, m’accrochant à mon rêve : je voulais une première fois flamboyante, romantique, inoubliable. Je voulais une communion physique qui soit à l’image de notre complicité. Nous étions déjà des âmes soeurs ; nos corps se reconnaitraient. Me donner à lui constituait à mes yeux un engagement, une promesse, un cadeau, et je voulais qu’il se donne à moi dans le même esprit. N’avez-vous jamais eu l’impression que certains événements s’imposaient et que, d’un seul coup, tout semblait se mettre en place pour vous conduire à un endroit et à un moment précis. Je fus guidée par cette certitude cet été-là : c’était maintenant et c’était lui, pour toujours.

 

Vous devez rire et penser que j’étais une jeune fille perdue dans des rêves romantiques, idéalisant une relation somme toute banale pour la parer des couleurs de l’amour fou et éternel. Vous vous dites aussi que je m’étais laissée influencer par la lecture des romans à l’eau de rose et que je confondais le bouleversement naturel causé par mes hormones avec les affres de la passion. Et vous avez tout à la fois raison et tort. Avec le recul, je mesure à quel point mes émotions étaient décuplées et déformaient ma perception de la réalité. J’ai appris depuis à faire la distinction entre être amoureuse et aimer mais, cette année-là, je vivais pleinement cet état de grâce et mon corps réclamait un assouvissement bien plus concret.

 

Cependant, malgré ma détermination, j’allais entrer en terre inconnue et il me fallait quelques informations. Alors, j’en ai parlé avec ma meilleure amie, qui avait déjà sauté le pas avec son petit copain. Carole, comme à son habitude, s’était montrée, d’une part, prolixe dans son partage d’expérience et d’autre part, avare de conseil. En fait, elle ne m’en avait donné qu’un, mais péremptoire : protège-toi ! Et comme elle voulait être sûre que j’avais bien assimilé le message, elle m’avait illico presto emmenée dans la pharmacie la plus proche pour acheter la protection en question.

 

Ce qui m’avait valu un grand moment de solitude! J’avais beau être prête et sûre de moi, je n’avais quand même pas l’intention de faire un bulletin spécial à destination des masses. Diable, je n’avais même pas l’intention d’en parler à mes parents ! Aussi, quand la pharmacienne, d’une voix claire, m’a demandé :

 

- Quelle taille, les préservatifs ?

 

Je suis restée bouche bée, rendue muette tout à la fois par la gêne et par l’ignorance. Ah bon, il y a des tailles, comme pour les pantalons et les chaussettes ? Et ça se mesure comment ? De 1 à 10 ou en taille réelle ? Et je suis sensée savoir la taille du sexe de mon petit ami ?

 

Carole, en bonne samaritaine, répondit à ma place :

 

- Taille standard, s’il vous plaît.

 

- Avec ou sans réservoir ?

 

Hein, il y a un réservoir ? Comme dans les voitures ? Un réservoir en litre ?

 

Carole, à nouveau :

 

- Avec.

 

- Lubrifié ou non lubrifié ?

 

J’appelai avec ferveur à mon secours les cours d’éducation sexuelle que j’avais suivis afin de me rappeler la mécanique de la copulation mais ma mémoire partait en vrille et tout ce que j’avais à l’esprit relevait davantage de l’automobile que de la sexualité.

 

Carole, qui décidément en savait long sur le sujet, compléta pour moi :

 

- Lubrifié, c’est mieux.

 

Ben voyons, si tu le dis !

 

A mon grand soulagement, la pharmacienne se dirigea alors vers le rayon concerné avant de revenir vers nous, me faisant par la même occasion frôler le malaise par hyperventilation. Mais quoi encore ?

 

- Vous les voulez parfumés ?

 

Oh mon dieu !

 

- Non, pas la peine, c’est pour une première fois.

 

Je regardai mes pieds, étonnée que la terre ne s’ouvre pas dessous pour m’engloutir… Après mûre réflexion, je priai cependant pour que ce soit Carole qui disparaisse…

 

La pharmacienne me jeta un regard appuyé avant de me demander :

 

- Paquet de 6 ou paquet de 12 ?

 

Comme je l’avais lu dans les romans à l’eau de rose que je lisais avec avidité, je sentis le rouge de la honte envahir mes joues et jetai à Carole un regard désespéré.

 

- Un paquet de 12, merci.

 

Quand enfin je pus mettre dans mon sac mon paquet de 12 préservatifs lubrifiés, de taille standard et avec réservoir, je me demandais si ces questions n’avaient pas pour objectif caché de décourager les aspirants au passage à l’acte en les intimidant… une façon subtile et vicieuse d’inciter à la chasteté. Mais comme le dit le proverbe : à coeur vaillant, rien d’impossible ! J’avais l’impression d’avoir passé un oral et, sans Carole à mes côtés, je me serais ramassée dans les grandes largeurs.

 

Mais j’avais désormais en ma possession le sésame indispensable pour mon entrée dans le monde mystérieux des plaisirs charnels, donc, tout allait bien dans le meilleur des mondes.

 

Cette année-là, comme toutes les autres années aussi loin que je m’en souvienne, mes parents et moi allions passer nos vacances sur l’Ile de Ré, dans la maison de famille qui nous venait de ma grand-mère paternelle.

 

J’adorais cette maison. J’adorais cette ile et le rythme de vie qu’elle imposait. Tout y paraissait plus nonchalant et plus doux. Moi qui détestais les espaces confinés et rêvais de continents à explorer, je me découvrais l’âme sédentaire et ermite. Lovée dans ces paysages et allongée sur ces plages, bercée par le vent et caressée par le soleil, je respirais, en même temps que l’air pur, l’énergie nécessaire à mon coeur de conquérante. J’avais un avenir à bâtir, des objectifs à atteindre, des rêves à réaliser. Et c’est là, sur cette île, que je fourbissais mes armes et fortifiais mon âme pour les batailles à mener. Je sais, on dirait que je vivais un état de guerre permanent mais pas du tout ; simplement, j’avais compris très tôt que vouloir ne suffisait pas ; il fallait donner corps à cette volonté et conquérir sa réussite. Je ne croyais ni à la fatalité, ni à la chance. Je croyais à l’effort et à la détermination, au courage et à l’endurance.

 

Et moi, cette année-là, j’avais un homme à séduire, de l’amour à faire et à partager…

 

Il avait 19 ans et ses parents et les miens se connaissaient depuis longtemps. Je me souviens comme si c’était hier de notre toute première rencontre. Marne la Vallée, Eurodisney…. Nos parents respectifs avaient décidé d’y passer la journée. Fidèles à notre programme, nous étions allés dans la Maison Hantée et il s’était moqué de moi parce que j’avais « crié comme une fille ». Nous avions échangé quelques adjectifs plutôt acerbes. J’étais à l’âge où les inimitiés sont spontanées mais peu durables et la passion avec laquelle je l’ai détesté à cette époque n’eut d’égale que la conviction avec laquelle je l’ai aimé par la suite.

 

L’amour est venu subrepticement, en invité surprise. La Maison Hantée fut son berceau. Les étés passés à l’Ile le firent passer de l’hésitation à l’affirmation, tandis que les rencontres fréquentes entre nos deux familles cimentaient ses fondations et me permettaient d’ajouter les étages supplémentaires à son épanouissement.

 

Et puis, en plus des rencontres régulières entre nos deux familles pendant l’année, chaque été nous nous retrouvions pour un mois de vacances et la magie opérait : c’était comme si nous ne nous étions jamais quittés et que nous reprenions sans problème le fil pour un temps interrompu de notre conversation.

 

Comme tous les amoureux, nous avions un endroit préféré, un havre où abriter nos serments. Le nôtre était le Petit Bois de Trousse-Chemise. Chaque fois que nous le pouvions, nous nous y rendions à vélo pour y pique-niquer et nous baigner. C’est là que nous avons échangé notre premier baiser, que nous avons découvert l’étonnante alchimie de nos deux corps. Trousse-Chemise est l’église dans laquelle nous nous sommes promis l’un à l’autre, à l’abri de toute indiscrétion ou de toute incrédulité. Nous étions jeunes, c’est vrai, mais jamais personne n’a prouvé qu’il y ait un âge requis pour que l’amour que l’on ressent soit jugé authentique et sincère.

 

C’était le début des vacances… Nous n’étions là que depuis une dizaine de jours mais, comme je l’ai dit déjà, le temps passe différemment sur l’Ile. A croire que les grains de sable du sablier se sont échappés pour se joindre à ceux des plages… Malgré le pont qui la reliait au continent, l’île n’appartenait qu’à elle-même et disposait de son propre espace-temps. C’est du moins l’impression que j’ai toujours eue à chacun de mes séjours.

 

Avec facilité, nous avions retrouvé le rythme particulier à notre relation et repris nos balades à vélo. Je ne lui avais pas encore fait part de mon souhait le plus secret car, malgré toutes mes certitudes, j’avais quand même un peu le trac. Je me trouvais des excuses en me disant qu’il fallait que je trouve le moment idéal et que, pour l’instant, celui-ci ne s’était pas présenté. Bientôt, me disais-je, bientôt….

 

Ce jour-là, il m’avait offert une fleur que j’avais glissée derrière mon oreille et, en plus de notre pique-nique habituel, il avait pris deux bouteilles de muscadet. Comme dans tous les petits villages, notre départ fut observé par les inévitables commères, à l’affût derrière leurs volets entrebâillés. Nous avions appris au fil du temps à les ignorer et c’est sans leur jeter le moindre regard que nous nous sommes élancés sur la route.

 

Douceur de l’air, fraicheur du vent, chaleur du soleil… J’avais l’impression que nous étions seuls au monde.

 

Nous nous sommes baignés, nous avons discuté, nous avons déjeuné et bu la première bouteille. Le vin, pourtant léger, me montait à la tête qui, en retour, envoyait à mon corps alangui des signaux relaxants et apaisants.

 

 

Allongée sur l’immense drap de bain, je reposais dans ses bras, la tête sur sa poitrine, et je ma laissai bercer par le battement régulier et hypnotique de son coeur. Ses mains caressaient mon dos, augmentant ma sensation de bien-être. J’étais trop bien pour avoir seulement envie de bouger ; il y avait dans ce moment quelque chose d’ineffable que je ne voulais pas briser.

 

Graduellement, ses caresses se sont faites plus appuyées et ses mains sont devenues plus inquisitrices. Il m’a doucement repoussée sur le dos et ses lèvres se sont posées sur les miennes, taquines dans un premier temps, puis plus exigeantes. Je sentais sa faim et son besoin et j’ai répondu à son baiser en y mettant tout mon amour. Pour moi, cet instant constituait un prélude à la nuit que nous allions prochainement partager, la mise au diapason de nos corps en vue d’une symphonie destinée à être magnifique et exaltante.

 

Je le voulais, mais pas tout de suite, pas ainsi et pas ici. Je ne sais pas trop pourquoi mais dans mon rêve, ma première fois devait se passer dans la douceur d’un lit et la sécurité de la nuit. Je voulais des oreillers accueillants et des ombres complices. Pour idyllique que soit le bois de Trousse-Chemise, il ne constituait pas à mes yeux le havre idéal pour ce moment qui me ferait passer du stade de la jeune fille à celui de la femme.

 

Alors, J’ai dit non.

 

Mais il a continué.

J’ai protesté mais il a continué. J’ai crié mais il a continué. Je me suis débattue mais il a continué. Aveugle et sourd, il semblait décidé à suivre sans délai et sans subtilité le précepte divin selon lequel il fallait aimer son prochain.

 

Ce jour-là, dans le petit bois de Trousse-Chemise, il s’est emparé par la force de ce que j’avais décidé de lui offrir librement un peu plus tard. Mon innocence et ma robe légère n’ont pas résisté à sa détermination. Moi qui rêvais de tendresse, de patience et d’attention, je n’ai eu que de la luxure, de la maladresse et de la précipitation. Mon rêve s’est brisé sous l’assaut de ses lèvres avides et de ses mains impatientes. Cette étreinte rapide, violente et malhabile n’a fait naître en moi aucun plaisir, aucun bien-être. Mon corps ne pouvait rien contre sa force mais je n’ai pas cessé de me débattre et de crier.

 

Mais il a continué.

 

Quand il a eu fini, si la mer était grise, moi je ne l’étais plus. J’étais au contraire douloureusement lucide.

 

J’ai pris conscience des années plus tard qu’il y avait au final peu de différence entre les mots viol et vol. Une seule lettre en effet mais des effets similaires : en violant mon corps, il m’avait volé mes rêves et mon avenir.

 

Désormais, il y aurait un avant et un après. Ma vie d’avant avait trouvé la mort à Trousse-Chemise et ma vie d’après restait à écrire… Mais comment écrire son histoire quand tous les mots qu’on connaissait ont perdu tout leur sens ? Quelle direction donner à sa vie quand tous les repères habituels ont volé en éclats ?

 

Plus jamais je ne serai la même.

 

Je ne sais plus comment nous sommes rentrés. Je ne me souviens plus des excuses ou des explications qu’il a dû immanquablement prononcées. Je ne me souviens plus de rien, si ce n’est que deux jours plus tard, j’ai fait ma valise et je suis partie ne plus revenir.

 

Choquée, rongée par la honte et la souffrance, j’ai été incapable d’en parler à mes parents. Alors, j’ai appelé Carole. Elle a compris ce que je n’arrivais pas à dire et, à sa manière efficace et autoritaire, elle a pris les choses en main.

 

Le lendemain, mes parents recevaient un appel téléphonique où elle leur expliquait qu’elle avait eu un accident et qu’elle s’était cassé la jambe. Ses parents étant en voyage, accepteraient-ils que je la rejoigne ? Mes parents, pour qui Carole est comme une deuxième fille, ne doutèrent pas une seule seconde qu’elle eut effectivement besoin de sa meilleure amie davantage que des béquilles. Alors, compatissants et confiants, ils m’ont laissée partir.

 

Et plus jamais je ne suis revenue sur l’Ile de Ré. Et plus jamais je ne l’ai revu.

 

Jusqu’à aujourd’hui.

 

Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vu le serveur déposer mon panaché devant moi. Ma cigarette était presque entièrement consumée entre mes doigts tremblants.

 

Quand j’ai regardé à nouveau dans sa direction, il n’était plus là.

 

Le monde avait repris sa course, inconscient et indifférent à mon drame personnel. J’ai regardé ma montre ; il ne s’était écoulé que cinq minutes. Cinq minutes pour me rappeler l’événement qui avait sonné le glas de mes espoirs et de mes rêves. Cinq minutes pour revenir à la source de tous mes maux.

 

Je n’ai plus jamais été la même.

 

Et pas seulement parce qu’il avait trahi ma confiance et mon amour.

 

J’avais acheté des préservatifs, une boite de 12, de taille standard, lubrifiés et avec réservoir, mais non parfumés parce que c’était pour une première fois. Je n’ai jamais eu l’occasion de les lui proposer. Manifestement, la protection ne faisait pas partie de ses préoccupations ce jour-là. Et, deux mois plus tard, je découvrais que sa folie avait produit des conséquences très concrètes pour lesquelles je n’étais absolument pas préparée.

 

J’étais tombée enceinte.

 

Etrange d’ailleurs qu’on emploie le verbe tomber pour l’associer à une grossesse. Tomber, comme dans tomber des nues, tomber de haut, tomber bien bas, tomber de Charybde en Scylla… Pour moi, ce fut tout ça à la fois, et en une seule phrase : vous êtes enceinte.

 

J’étais doublement victime de la situation : j’étais enceinte à la suite d’un rapport non consenti et je n’avais su interprété les signaux que m’envoyait mon corps, ce qui fait qu’il était désormais trop tard pour envisager une interruption de grossesse.

 

Le monde continuait à exploser en milliards de morceaux et mes mains n’étaient pas assez grandes pour les récupérer tous. Qu’en aurais-je fait, d’ailleurs ?

 

J’avais 17 ans, mais plus de robe légère qui me faisait sentir grande et élégante. J’étais petite et terrifiée. Le petit bois de Trousse-Chemise était le cimetière dans lequel reposaient ma virginité, mon idéalisme et ma confiance. Il devrait y avoir une pierre tombale sur laquelle serait gravée : « ci-git celle que j’aurais pu et aurais dû être ».

 

J’ai mis mes parents au courant mais leur ai menti au sujet du père du bébé. Ils ont toujours cru que c’était un garçon que j’avais rencontré quand j’étais allée rejoindre Carole et je n’ai jamais rien fait pour les détromper. Je n’avais tout simplement pas le courage de l’affronter, lui. Je voulais le faire disparaitre purement et simplement de ma vie, de ma tête et de mon coeur. J’avais refusé aussi de porter plainte comme Carole m’y encourageait avec force. Trop de honte, trop de culpabilité… trop de peur, tout simplement.

 

Et Diego est né.

 

Mon fils.

 

Je l’ai aimé dès que je l’ai tenu dans mes bras. J’ai mis de côté la colère que j’éprouvais pour son père pour ne l’aimer que pour lui. Il m’a réparée alors que je croyais être trop abimée pour l’être. Son amour inconditionnel a été la boussole qui m’a permis de retrouver le chemin qui menait vers la joie et l’optimisme. Dans la comptabilité particulière de ma vie, il a représenté et représente toujours la plus grosse des toutes sommes jamais portées au crédit de mon compte.

 

Diego fêtera ses vingt ans demain, le 10 août.

 

C’est pour son anniversaire que j’ai fait cette liste et c’est la raison pour laquelle je me retrouve à la terrasse de ce café, donnant ainsi au destin l’occasion de me narguer en me mettant sous le nez l’acteur de la pire journée de ma vie.

 

Mais ce que le destin ne sait pas, c’est que j’ai tourné la page. Ne croyez pas cependant que j’ai oublié ou pardonné, loin de là. Non, j’ai « juste » tourné la page et suis passée à autre chose : je suis passée de Trousse-Chemise à Diego.

 

Mes mains sont devenues plus grandes pour mieux pouvoir le tenir et j’ai pu ainsi récupérer les fragments de ma vie brisée et éclatée. Je les ai rassemblés et j’ai inventé tous ceux qui manquaient.

 

Mon coeur s’est agrandi pour accueillir tout l’amour que je lui vouais et qu’il m’a rendu au centuple.

 

Ma mémoire s’est allégée pour mieux stocker tous les souvenirs de ce bonheur tranquille et inattendu dont il était la source.

 

Au final, mes blessures, quoique profondes, ne furent pas mortelles ou permanentes et j’ai réappris à faire confiance et à aimer, tant avec le coeur qu’avec le corps.

 

Quelques hommes ont traversé ma vie et j’en ai aimé certains plus que d’autres, comme c’est le cas de celui qui partage ma vie depuis près de dix ans maintenant.

 

Et puis, comment pourrais-je haïr les hommes alors que mon fils en est un ?

 

Alors soudain, au terme de cette introspection menée à la terrasse du Café de la Paix, mon verre de panaché vidé et ma cigarette écrasée, je me sens libérée du passé et de son emprise. C’est un peu comme si cette brève et lointaine rencontre avait agi comme un exorcisme. Les événements et les gens n’ont d’autre pouvoir que celui que vous leur donnez.

 

Mon fils a vingt ans et, à mes yeux, sa présence rend le monde plus beau et meilleur.

 

Il parait qu’on coupe le bois à Trousse-Chemise mais comme j’en suis partie depuis longtemps et n’ai pas l’intention d’y revenir, j’en fiche totalement.

 


FIN

 

HDM61  

 

 

 

Commentaires

  • Bravo am toujours super et comme je te l'ai dit impressionnant de maturité (ps : si tu trouve un mec qui parle des femmes comme ça , épouse le !)

    hdm contente de te voir sur le blog (pour ceux qui ne la connaisse pas c'est elle qui nous aide et nous corrige pour VRS et le reste) magnifique, m'a fait pleurer vilaine un grand bravo j'ai adoré et ton style est superbe.

  • Merci Mary, suis contente qu'elle t'es plut, si cela n'avait pas été le cas j'aurais changer ^^
    Oh ouiiiii je suis d'accord avec toi, si je rencontre un homme comme ça, je l'emprisonne chez moi !! Connaîtra pas beaucoup d'autres femme le pauvre ;)

  • Am tu m'as fait pleurer, Mary a raison merci bcp pr cette lettre elle me touche a un point ... j'ai eu l'impression de lire une lettre qu'aurai pu ecrire mon pere a ma mere qui ns a quitté alors merci bcp

    Mary ton histoire est belle s'aimer meme face a la mort !!!

    Hdm contente de te connaitre et de te lire continue tu m'a embarqué ds ton histoire ... triste et courageuse mais l'amour ressort car il est plus fort que tout sauf que j'aurais aimé avoir le prquoi du mec

    enfin merci les filles mais franchement entre vs et Venom c'est pas le soleil brille, le ciel est bleu, le monde est merveilleux
    ok la semaine derniere on a eu que des bons sentiments mais la franchement ca contre balance merci pr les larmes
    allé bizzz

  • Oh non Pris pleure pas, c'était pas le but !! ^^
    Mercii pour ton commentaire, il me fait plaisir. Je suis contente que l'OS t'es plu même si elle t'a émue.
    Mercii
    Bizzz

  • Bravo Cat pour ton OS, elle a été écrite avec finesse, douceur, et vérité. Elle m'aa beaucoup touché. Tu as un tres belle plume. Mercii de l'avoir partager avec nous !!

  • Mary, j'ai adoré ton OS, comme tout ce que tu entreprends. "Resistance" a été magnifiquement bien adapter en histoire. C'est beau et touchant, triste aussi, et émouvant. Mercii à toi, même si tu m'as mis les larmes aux yeux ^^

  • @ Mary et Am :
    Elles sont belles vos OS, les filles. Lire, pour moi, c'est comme une aventure : les premiers mots, les premières phrases ne font qu'ouvrir la porte sur un monde inconnu. En tant qu'auteur, vous êtes mon guide dans cette découverte.
    Am, je rejoins complètement Mary dans son commentaire : ton histoire, une fois encore, reflète ton extraordinaire maturité et une lucidité peu commune pour quelqu'un d'aussi jeune.
    Mary, que de sensibilité et de tristesse dans ton illustration de cette chanson. Tes personnages, leur histoire et tes mots sont d'une justesse émouvante.
    Merci pour ce voyage.
    Jessaleo, alias HDM61

  • Bravo les filles !!!

    Am comme toujours tu m'impressionne !

    Mary j'ai adoré !!! Muse hein ? lol M'en serais pas douté tient ^^

    Cat ton texte m'a mis les larmes au yeux !

    Encore bravo les filles et merci pour tout ces OS !

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