Perso : Chapitre 7
Chapitre 7
«Il y a un incendie à l'intérieur de ce coeur »
Thirty Seconds To Mars
Je regarde Benjamin, je suis encore... Sous le choc ou sous le charme de ses mots ? Sa manière de manier la langue est envoûtante voir impressionnante. Alors comme ça Monsieur aurait un secret ? Son tatouage ? Il me connaît mal, je déteste les devinettes ! Je préfère la franchise. Même si je dois avouer que tout ceci attise ma curiosité.
-Ben...
-On a chacun son lot de tristesses comme je te disais.
-Désolé je ne me douter pas, tu le caches...
-Tellement bien ? Oui, je sais... (Il sourit) Mais tu sais, avec le temps on apprend à vivre avec, et comme moi, un jour tu apprendras à vivre avec. Il faut juste du temps et... Un casse couille comme moi.
Je le dévisage, son clin d'œil me fait sourire intérieurement. Et je sens venir la connerie.
-Un casse-pied comme toi ?
-Oui, un casse-pied comme moi.
-Je ne suis pas sûr de comprendre...
Benjamin s'assoit à côté de moi, on dirait un gosse de cinq ans tellement il l'a l'air excité, une idée vient de lui traverser l'esprit ça se voit. Putain, il ne me manquer plus que ça...
-Donne moi ton été.
J'éclate de rire.
-Que je te donne mon été ? Ben...
-Donne moi ton été, on fais un marché, reste deux mois avec moi, et seulement moi. Et fais moi confiance. A la fin, d'une tu ne pourras plus te passer de moi et de deux.. (Sa main caresse ma joue) Deux je suis persuadé que tu iras mieux.
Je cherche dans son regard un soupons de plaisanterie... mais rien, ce mec est complètement taré, moi et lui ? Deux mois ?
-Tu plaisantes hein ? Dit moi que tu plaisante ?
-Non
-Putain !
-Quoi ? Se moque Ben
-Quoi ? On vient de s'engueuler et tu trouves déjà le moyen de m'énerver encore ?
Benjamin soupire, et moi, je sens que la colère me gagne une fois de plus... OK, il faut que j'arrête ma méchanceté gratuite. Je ferme les yeux, inspire deux ou trois fois, je me sens déjà mieux.
-Désolé...
-Non c'est moi...
-Non c'est juste que... pourquoi tu voudrais faire ça ? Pourquoi voudrais-tu rester deux mois avec moi, me supporter, alors qu'on ne se connaît pas ? T'imagine même pas ce que c'est de vivre avec moi !
-Oh que si ! Je crois que je viens d'avoir un petit aperçu... Pourquoi ? Pourquoi je veux passer deux mois avec toi ? Parce que j'en ai envie, parce que depuis le début, tu me plais et parce que j'ai envie de t'aider... Alors je sais, tu ne veux pas être aider... mais...
Je lui fais un triste sourire, depuis deux ans déjà je ne cesse de me répéter et de répéter aux autres que je refuse toute aide, que je n'ai besoin de personnes... Et Ben, que dire ou que faire face à sa demande ? Peut être qu'il craquera avant ses deux mois et qu'il partira... Étais ce aussi la seule chance de lui épargner mainte souffrance à mes côtés, réussir à le faire fuir pour le protéger ? Quand il verra que je suis invivable, il partira ? Je ne suis pas pour lui, je suis pourris par la vie, méchante et froide, et agressive, et surtout... malheureuse et incomprise de ce bas monde... Je suis si chiante...
-Mais tiens faisons un pari. Je pari que tu tombes amoureuse de moi avant la fin de l'été et que tu ne te reconnaîtra plus par la suite... qu'en dis tu ?
-Tu essaies de me convaincre ?
-Oui... (Benjamin approche son visage du mien, sa bouche près de la mienne) Tu ne perds rien...
Son souffle s'écrase contre mes lèvres, je lève les yeux vers les siens, bleu comme la nuit, envoûtant. Ma gorge s'assèche et je comprends comment j'ai pu craquer... Comment lui résister, comment... ne pas craquer ?
-Tu vas changer avec moi Mel... n'en doute pas. Et en bien je te le promets. Tu ne risques rien avec moi... Dis-moi oui...
Je sens une main passer dans mon dos, une douce caresse, rien de craintif, rien de violent, juste quelque chose doux, et d'affectueux.
-Je ne serai jamais comme ceux que tu as connu, je ne sais pas pourquoi tu es comme sa, je ne chercherais pas à le savoir, je TE veux juste toi. Pourquoi ? Faut il vraiment un pourquoi ? Je le veux, c'est tout. Ce n'est que deux mois...
-C'est...
-Dur ? Je sais... (Son bras passe autour de ma taille, il cherche à m'approcher de lui, j'ai le cœur qui s'affole) Mel...
Ses lèvres se dépose sur ma joue, je frissonne sous ce léger contact. Je ferme les yeux, et je ressens de la douleur. Tout ceci me fait mal, ça fait mal de ce savoir... Apprécier ? Il me fait mal... Je ne vais pas pouvoir tenir comme ça longtemps...
-Ben...
Je me lève d'un bond, je dois m'éloigner le plus vite possible de lui. Je tremble quand je me réfugie contre le mur, loin de lui. Le plus long. Je suis a deux doigt de pleurer quand il tente de se lever. C'était vraiment trop pour moi. Trop de contact, trop de gentillesse, trop de tout ce que je n'ai pas eu... et de tous ce que je ne pensais ne plus avoir. Il remet tout en doute et je ne peux pas. Pas encore un changement, je ne pourrais pas...
-J'ai besoin... je dois partir.
Je ne laisse pas le temps à Benjamin de dire quoi que ce soit. Je dois partir. Je prends mon portable que j'avais laisser à l'entrée, heureusement je suis habillé...ou disons je ne suis pas nue. J'enfile un léger gilet, et des boots à la mode « motarde » avant de sortir de cette maison. Pour m'éloignai de lui, pour me protéger, pour réfléchir et pour surtout, trouver la personne qui saurait quoi me dire ou quoi faire.
Il est encore très tôt dans la ville, je n'ai pas croisé grand monde. Le soleil est presque dans le ciel, tout le monde doit dormir à cette période encore. Mis a part les courageux qui vont travailler et les fous comme moi qui fuit quelqu'un ou simplement la vérité.
Je suis soulagé d'avoir pu partir, d'avoir réussi a joindre la personne que je voulais joindre, et fuir la réalité encore une fois et surtout de le fuir lui. Lui qui fait tant de choses, qui me propose trop de choses, qui veut me venir en aide. Je ne lui ai rien demandé, je n'aime pas l'assistance, je n'aime pas dépendre des autres... je n'aime pas... le simple fait qu'il puisse m'apprécier moi. Moi la personne la plus...
Je suis en pleine crise, je le sens, la panique me fait monter l'adrénaline, mon cœur accélère, et je sens la peur...
Depuis quand je n'avais pas eu ce genre de crise ? Longtemps... er encore je fais des progrès, la dernière fois, je m'étais mise à hurler...
J'arrive devant la porte de l'entrée de l'immeuble. Je ne sonne pas, je connais le code. Depuis le temps...
J'entre quand le verrou disparaît.
-Mel !
Je me retourne quand j'entends cette voix familière, douce et apaisante, rassurante et maternelle.
Caro.
Je cours pour me jeter dans ses bras, et je craque. Elle me serre contre-t-elle, sans trop me brusquer.
Caro c'est ma psy, elle le suis depuis le divorce de mes parents, j'avais dix ans. Elle a la quarantaine, des cheveux noirs coupés en carrer, et souriante comme jamais. C'est une seconde mère, elle a su quoi faire quand mes proches n'ont plus su... elle m'aide comme personne ne pourrait m'aider... Je ne l'avais pas revu depuis plus de cinq mois. C'était le mieux, c'était son idée, pour que je réapprenne à vivre, sans elle, et sans son aide...
Ce qui s'avère être très dur...
-Mel... Calme-toi ma puce...
J'essaie de calmer ma crise de larmes, mais pour le moment, c'est impossible.
Caro rompt notre étreinte et passe des mains sur mes joues mouillées.
-Entre, je crois que tu as besoin de souffler...
***
-Qu'est ce qui t'arrive Mel ?
Assise sur le fauteuil en cuir noire en face de Caro. Elle a remis ses lunettes noires ovales sur le nez, celle qui lui vont très bien.
-Jamais tu n'es venu chez moi à sept heures du matin en larmes.. qu'est ce qui c'est passer ? Les as-tu revus ?
Revus ? Eux... non, jamais. Je serai dans un état encore pire que maintenant... La seule et unique fois où j'ai du croiser leur regard, c'était au tribunal. Je n'ai pas dormis pendant des jours entiers, et ceux qui ont suivis étaient peuplé de cauchemars.
-Non...
-Alors c'est quoi ?
Je regarde Caro dans les yeux, je veux qu'elle comprenne d'elle même, comme à chaque fois... Un seul regard et elle me comprend...
-C'est un garçon ?
-Oui...
-Mel...
Caro pensait, il y a quelques temps, que la meilleure chose qui pouvait m'arriver s'était de tomber sur un mec bien. Un mec qui saurait me faire oublier tout ce merdier... Un mec, un vrai, un petit ami et pas un plan cul...
Je n'ai jamais voulut l'écouté, ne me sentant pas méritante d'obtenir l'amour de quelqu'un alors qu'on ne m'en avait pas donner...
J'ai eu un vrai problème avec le sexe et l'amour. Celui qu'on partage avec un homme, le sentiment émotionnel. Après... Après la « chose », j'ai trouvé dans le sexe une sorte... d'échappatoire, d'oublie. Même si le geste restait le même cela me permettrai de me rappeler pourquoi j'avais mérité ça... c'était mon déni.
Même Caro n'a jamais vraiment compris pourquoi j'agissais ainsi, pourquoi je couchais encore et encore, sans rien vouloir après... j'étais sur la voie de guérison... je l'étais vraiment quand nous nous sommes quitté Caro et moi, j'avais arrêté de coucher pour un rien et pour un sans lendemain.
Avant Ben...
-Ce garçon... c'est peut être...
-Il m'apprécie comme je suis...
-Et alors ?
-Caro... on ne peux pas m'apprécier...
-Si.
Je soupire.
-Il est trop gentil... trop... doux, trop... ignorant... trop beau et.. Il est trop de tout.... et moi... je suis moi... comment un mec comme lui pourrait-t-il s'interresser à moi ?
Caro arrête de prendre note. Elle me regarde, retire ses lunettes et soupire.
-C'est une chance pour toi, il ignore...
-JUSTEMENT ! IL IGNORE !!
-Rien ne t'empêche de lui dire Mel...
-Pour qu'il est pitié ?
-Si ce garçon est quelqu'un de bien, s'il est tout « trop » et s'il s'intéresse a toi malgré tout... il n'aura pas pitié...
Je détourne le regard, si. Il me regardera avec dégoût...
Je sursaute quand je sens deux mains sur mes avant bras.
-C'est le moment Mel. Le moment d'avancer... que t'as dit ce garçon ?
Dois je lui parler de ce... pari ?
« Donne-moi ton été » Merde ! Je cherchais de l'aide chez Caro... et voilà qu'elle pense comme Benjamin, que c'est le moment...
-Il...
-Parle moi, tu sais que tu peux tout me dire...
Je le sais... mais... il y a un mais à cette instant.
-Il... c'est con... je vais dire non mais... il veut deux mois avec moi, l'été. Il m'a dit qu'avec lui... je changerais... ce qui est bête... je ne peux pas changer il...
-Il...
-Ne peux rien pour moi.
-Qui te dit qu'il ne peux rien ? Mel, il faut arrêter de refuser toute aides, même la mienne tu n'en veux pas et pourtant, tu es la ? Tu attends quoi au juste, que je te dise quoi faire ?
Sans réfléchir, je hoche la tête.
-Mel...
-Caro... je t'en supplie, dis moi que c'est de la folie !
Sa main caresse ma joue.
-Non c'est ton unique chance. Ta dernière.... Fait confiance à ce jeune homme, même si tu ne le connais pas, même si tout sa t'effraie, fait lui confiance, dit lui ce qui t'est arriver... confie toi.. ; et surtout,si jamais tu devais... ne repousse pas ce sentiment. Tu es quelqu'un de bien a qui il est arrivé de mauvaises choses... tu dois arrêter de te croire responsable. Vie un peu...
***
Je sors de l'immeuble de ma psy, en même temps que mon téléphone dans mon sac, je sais que je vais prendre une décision sur un coup de tête, mais tant pis. Mes mains tremblent quand je compose le numéro.
-Allô ?
-Ben ?
-Mel ? Tu as gardé mon numéro...
-Oui...
-Tu... voulais me dire quelques choses ?
J'inspire un grand coup. Je ne risque rien après tout non ?
-C'est oui Ben.
-Pour ?
Si ce n'est pas trop tard...
-Je te donne mon été... c'est oui.
Amheliie