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  • Perso : Chapitre 11

     


     

     

    Chapitre 11

     

     

    « Je t'aimais d'une flamme ardente, maintenant elle se meurt. Et tu dis... Désolée. (…) Ce soir c'est trop tard pour s’excuser. »

    One Republic - Apologize

     

     

     

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    Une seule phrase, une seule, et cela avait tous chamboulé.

    - Moi aussi, j'aimerai te parler Mel...

    Je m'en douter un peu à vrai dire, c'est féminin, on le ressent quand quelques choses se termine, un homme envoie des tas de signaux jusqu'au moment où ils se sentent prêts à parler.

    C'était le moment venu, je le comprenais.

    Pourtant, je n'arrive pas à le regarder dans les yeux, je le redoute en fin de compte.

    - Ben...

    Je sens sa main se refermer sur la mienne.

    -Je me doute de ce que tu vas me dire Mel tu sais....

    J'ai un rire ironique, non, je ne suis pas sûr qu'il se doute de ça.

    Si seulement je prenais mon courage à deux mains, que je me retournai vers lui pour lui parler. Je ne veux pas passer pour une fuyarde, même si c'est ce que je suis.

    -Jamais je n'aurai cru qu'un jour je puisse faire ce que j'ai fait avec toi. Cela me paraissait si futile... Avant. Tu es la bonté incarnée, la gentillesse et... Tu es tellement de choses Benjamin. Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui t'a motivé à m'aider, je sais que tu dois le regretter maintenant, et je le comprends, moi aussi, je le regretterais... je suis bien trop difficile pour toi. Tu as un lourd passé que tu as réussi à mettre entre parenthèses par je ne sais quel miracle, je n'ai pas la même force que toi...

    J'espérais l'entendre m'interrompre, me dire que ce que je disais était faux, j'espérais au fond de moi-même qu'il me raisonne encore, comme il savait le faire. Qu'il me dise que j'y arriverais, qu'il me donne une dernière fois ce courage donc je manque tellement.

    - Je reconnais qu'au début... Je t'ai repoussé, je ne te voulais pas dans ma vie, encore moins sous mon toit. Tu m'as... Fait ressentir les pires choses, encore plus que d'habitude, je t'ai... Détesté d'être là, toi, ton sourire, ta joie de vivre ton... Tout. Je détestais tout chez-toi... Avant. Maintenant...

    Maintenant c'est différent, maintenant, j'ai remplacé mes points d'interrogation par de vrai point final. Je sais ce que je ressens, ce que je veux entreprendre... Ce que je veux faire, j'aimerai arriver à lui dire ce que j'ai sur le cœur pour une fois, parce que d'habitude c'est lui. Parce que je ne lui ai jamais rien dit.

    - J'ai trahis notre accord en continuant d'aller voir ma psy... Mais sache que sans elle j'aurais très certainement tout arrêté avant. Elle m'a beaucoup aidé. Parce que, reconnais le... Tu n'as pas toujours été tendre avec moi Ben, tu m'as malmené au début, mais c'était ce qu'il me fallait...

    Je ferme les yeux quand je ne l'entends pas me répondre, faut-il que je le provoque pour avoir son attention ?

    - Putain Ben mais dis moi quelques choses ! Je m'ouvre à toi et tu ne dis rien !

    - Je te laisse poursuivre, répond-il froidement

    Ses mots me font l'effet d'un coup de massue. Cela m'énerve, je sens la colère montait, ce qui me pousse à enfin lui faire face. Je voulais être calme, parler, essayer de... De faire passer ce que j'avais à lui dire sans le blesser...

    - C'EST CA QUE JE NE SUPPORTE PAS TU VOIS ! TON SARCASME BEN ! JE...

    J'inspire plusieurs fois, lui ne sait jamais énerver, Nan, lui est tellement si calme et parfait... Et... Je suis en colère après moi.

    - Tu m'as fait réaliser certaine chose que je redoutais, aujourd'hui, je... (je baisse les yeux) J'ai réalisé que j'avais des sentiments pour toi... Je ne le voulais pas parce que... Je ne suis pas assez bien pour toi, moi mentalement je ne vais pas bien, je te ferrai plus de mal que de biens...

    Benjamin se lève en une fraction de seconde, il marche dans le salon sans me regarder, je sens qu'une dispute va arriver quand je l'observe. Je ne l'ai jamais vu s'énerver, je crois que je ne vais pas tarder à connaître ça...

    - Ben...

    - Taie toi ! Lança-t-il durement, ne me dit pas que tu m'aimes.

    Je me lève à mon tour, il n'y pas à me parler sur ce ton. D'accord, je suis énervé, c'est mon droit, lui non... il n'a pas à me parler ainsi !

    - Non tu ne me parles pas comme ça ! Je ne suis pas un objet !

    - JE N'EN SUIS PAS UN NON PLUS MEL !

    Son cri me foudroie en plein visage, faisant taire instantanément ma colère.

    - Je ne veux pas te faire de mal Ben... c'est... j'ai... Mes... Sentiments pour toi...

    Ben s'arrête de bouger avant de se mettre à rire, un rire nerveux...

    - Oh arrête Mel St'eu plait ! Tu ne m'aimes pas ! Tu ne peux aimer personne...

    - Ben...

    Je reste bouche bée. Non je n'ai pas fui depuis qu'on est « ensemble »

    - Tu fuis... Là si tu es venue me parler c'est pour...

    - Pour te demander du temps Ben ! Tu ne me parles plus depuis des jours ! Merde qu'est-ce qui a ??!!

    Nous nous regardons en silence, je veux savoir pourquoi ! Qu'est-ce qui a changé entre nous comme ça ?

    - Dis moi Ben...

    Je soupire... Après c'est moi qui suis compliqué.

    - Mel je ne veux pas te faire de la peine...

    - Alors dis moi !

    Je refoule la monté de larmes qui me menacent... je sens que ce qu'il a me dire, je le sais déjà, je sais déjà que cela ne me plaira pas, que ses mots vont me faire mal... Résiste Mel.

    Benjamin sort de son silence,

    - Tu veux savoir la vraie raison du pourquoi j'ai décidé de t'aider ? (je l'entends marcher vers moi, je détourne le visage pour qu'il ne me voie pas pleurer) Parce que dès la première fois que je t'ai vu... j'ai su. J'ai su que tu allais me faire changer aussi, que depuis la mort de mon frère, j'avais enfin trouvé quelqu'un que j'aimerai. Je suis tombé sous ton charme... et... je me suis trompé... Je... je ne serai jamais assez bien pour toi, et je ne pourrais pas être avec toi parce que... tu es...

    Je sens ses doigts essuyer mes larmes...

    - Ben, je ne voulais pas le savoir sa...

    - Si tu dois le savoir pour...

    Je lève les yeux vers lui, les siens sont fermés comme s'il essayait de me dire quelques choses de difficiles.

    - Ben j'ai juste besoin de temps pour moi... je... j'aimerai du temps... pour qu'ensuite nous puissions être ensemble...

    - Mel c'est fini.

    - Pardon ?

    Ben s'écarte de moi. Je ne tente pas de le retenir, je dois être surprise. Il passe sa main nerveusement dans ses cheveux courts... Fini ?

    - Mel... j'en peux plus... Je pensais que ce n'était rien de plus qu'une amourette de vacances mais... là c'est moi qui n'en peux plus. Tu me bouffes Mel, ton passé me bouffe, j'ai l'impression que tant que je l'ignorais, j'arrivais à faire en sorte de te faire évoluer, sortir de ta routine infernale... Parce que je n'en connaissais pas la raison... je voulais te faire changer Mel mais...

    Il me regarde profondément, et je remarque une lueur de peine dans ses yeux, il n'imagine pas celle qu'il est en train de me faire.

    Je détourne le visage, je ne peux pas le voir sinon, je vais m'effondrer. Merde, ça fait mal... Je ne voulais pas que ce soit fini... je voulais du temps pour réfléchir seule, j'envisageai, je voulais un plus avec lui. En venant à lui ce soir, c'était pour lui annoncer ça... Jamais je n'aurais cru que notre conversation se termine ainsi.

    - Mais j'ai su Mel, j'admire le courage que tu as eu de m'en parler... je sais désormais que jamais je ne pourrais te changer, parce que tu en es incapable mais... ce n'est pas ta faute, ce sont tes blessures qui te l'en empêche... et...la je ne peux pas lutter. Sa me bouffe Mel... Pardonne-moi... Mais je ne peux plus là. Je ne peux pas faire d'avantage, je... j'ai besoin de prendre du recul...

    Je m'essuie les yeux en tentant de quitter la pièce, j'ai mal, il me fait mal. Je ne veux pas comprendre !

    - Mel !

    - LACHE MOI ! Je hurle, LACHE MOI !! Quand il essaie de me retenir.

    Je m'effondre dans ses bras, pleurant à chaudes larmes, c'est lui qui fuit, ce n'est pas moi ! Je veux lui faire mal, autant mal qu'il m'en fait à cet instant.

    - POURQUOI ?! POURQUOI ! JE T'AI DIT QUE JE T'AIMER !

    Benjamin me serre contre-lui.

    - J'ai fais ce que j'ai pu mon ange, c'est à toi maintenant de faire la suite du chemin... Seule. Je... j'aurais aimé être comme toi... t'aimer et... Mais...

    J'avais pensé la même chose chez ma psy, je pensais qu'il était temps de faire la suite toute seule mais en y réfléchissant je savais qu'en décidant de toute arrêté avec lui serait une erreur... Une erreur que lui a décidait de commettre. Je ne lui jette pas la pierre... je ne lui jetterai pas pour le moment...

    - Il y a des choses qu'il vaut mieux faire seul...

    Benjamin dépose un baiser sur le haut de mon crâne, je sens son étreinte m'échapper, je le retiens par le tissu de son t-shirt, non il ne partira pas comme ça.

    - Reste, je le supplie.

    - Mel... je t'en prie, ne rends pas les choses plus difficiles !

    J'inspire une grande bouffer d'air, elle me brûle les poumons, il me brise le cœur.

    - C'est toi qui fuit, et c'est toi qui me brise le cœur-là... je t'ai dit que je t'aimais ! Tu sais ce que cela représente pour moi ? T'aimer ? Je n'ai jamais aimer personne... pas comme je le ressens avec toi.

    Benjamin serre les poings. Ce que je dis ne sers à rien, il a prit sa désicion.

    - Mel... je t'en supplie, laisse moi partir...

    Que dire face à ça, je ne peux pas le retenir...

    - Serre moi contre toi une dernière fois avant...

    Je le vois hésiter... Puis ne pas bouger. C'est horrible, et je ne veux toujours pas comprendre, je suis en colère, briser, et mal, très mal d'être abandonner...

    - Ce sera encore pire après...

    Je ne l'écoute plus, je fonce droit vers lui, me plaquant violemment contre son corps, mes lèvres sur les siennes une dernière fois. Ce baiser à un goût de tristesse, je n'ai pas le temps d'en profiter qu'il s'écarte déjà.

    - C'est toi et tes problèmes qui me... j'aurai aimé t'aimer Mel... pardonne-moi pour le mal que je vais te causer... (il me caresse la joue) Pardonne-moi de tenir suffisamment à toi pour partir. Si je m'en vais... c'est pour toi... Pour que tu puisses devenir une personne exceptionnelle... Je suis de trop ici, et tu n'as pas besoin de quelqu'un qui n'a pas assez de courage pour t'aimer. Tu mérites quelqu'un de bien...

    - On ne se reverra plus alors ? j'arrive à prononcer.

    Benjamin ne répond pas, je crois que j'ai compris le message, c'est fini pour de bon... Je le regarde prendre ses affaires, il viendra récupérer le reste plus tard je pense... Je ne bouge pas incapable de le faire. Je lui en veux tellement...

    - Pardonne-moi Mel...

    Ce fut la seule chose qu'il prononça quand il quitta la maison. Me quittant par la même occasion, emportant mon cœur avec lui...

     

  • 1) Dîner...de cons ?




    Qu’est ce que j’ai fait ?

    Julia en était là de ses réflexions quand elle comprit que la soirée lui échappait totalement.  Elle avait pourtant bien imaginé des scenarios possible le plus amusant étant ce qu’il se passait en ce moment mais juste d’un côté pas des deux. Si ce soir elle était entre deux primates c’était pour le travail et un peu aussi pour se venger. Mais pour l’instant la soirée viré au combat de coq plus qu’à une vengeance. Quand la secrétaire de Ian l’avait appelé avec son ton froid et las pour lui proposer ce diner et finaliser le contrat qui allait les unir le temps de faire la déco de sa maison, Julia avait accepté en pensant le rendre dingue de ce qu’elle avait manigancé.

     C’est tout naturellement qu’elle en avait parlé a Zac pour qu’il se joigne à eux, si son fiancé avait trouvé à redire il n’aurait pas manqué de lui faire savoir, enfin elle l’imaginait ainsi. Zac ne lui cachait rien, si quelque chose n’allait pas dans leur relation c’était lui qui prenait l’initiative d’en discuter calmement a la manière d’un débat politique ou chacun avait un temps de paroles les coups bas en moins. Il avait accepté pensant Ian au courant mais au vu du regard qu’avait lancé ce dernier au fiancé de Julia en arrivant, Zac avait compris qu’il espérait diner seulement avec Julia.

    Elle aurait dû se sentir coupable de l’avoir invité à son insu mais il n’en fut rien, voir Ian se décomposer en tentant de se contrôler valait largement le débat qui l’attendait. Mais elle avait compté sur un Ian exécrable par ce qu’il avait été roulé mais pas sur Zac qui faisait pareil. Jamais elle ne l’avait vu si…énervé.

    La soirée se passait donc à la manière d’un match de boxe, un de ceux qu’elle regardait enfant à la TV assise par terre dans le salon au pied de son père qui s’extasiait à chaque coup. Elle aimait cette ambiance, dans le salon, mais ce soir non. Julia se faisait l’effet d’être l’arbitre d’une rencontre digne d’un championnat du monde poids lourds. La jeune femme voyait très bien le présentateur se tenant au milieu du restaurant sous l’énorme lustre qui diffusait une lumière aveuglante comme une douche sur scène. Le micro tombe et le présentateur à la dentition plus blanche que blanche sort son sourire des grandes représentations et commence son show sous les acclamations du public en délire.

    « Dans le coin gauche accusant 90 kilos a la pesée pour 1m88, en culotte rouge et noir, champion du monde des connards, plaqueur de première, enfoiré au sourire irrésistible, le regard vert émeraude envoutant, donneur d’orgasme comme personne et grand maitre dans l’art du jeu, le grand, l’unique et mon dieu heureusement, j’ai nommé : IANNNNNNNNNNNNNNNNNN HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAARSH »

    Julia se tourna vers Ian et l’imagina en culotte de boxe, le corps luisant de sueur, son beau visage amoché par les coups de Zac, elle soupira, même comme ça il serait encore sexy en diable.

    « Dans le coin droit accusant 95 kilos a la pesée pour 1m90 en culotte blanche et bleu, champion du monde de la gentillesse, pilier en matière de protection et de tendresse, sublime blond au sourire charmeur, faisant de l’amour sa priorité, utilisant son arme favorite : la communication, le doux, le généreux et bordel pourquoi tous les hommes de la terre n’étaient pas comme lui j’ai nommé : ZAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAC  EMEEEEEEEEEEEEEERSON ! »

    Elle voyait parfaitement les deux « coqs » se levaient de leur coins, les flashs des journalistes crépitaient dans leur yeux, chacun avec une lueur meurtrière dans le regard en s’approchant de l’autre avant de faire claquer leur poings dans un choc qui ferait trembler les spectateurs.

    Julia sursauta tiré de ses pensées par la main aventureuse de Ian sous la table. Elle le fusilla du regard alors que lui continuait de « discuter »avec Zac. Julia soupira en regardant son assiette que le serveur venait de déposer, ils n’en étaient qu’au plat principal la soirée aller être longue. Décidé à faire au mieux au moins pour Zac elle tenta de suivre la conversation. Elle prit une grande inspiration, dégagea la main de Ian lui écrasa le pied à l’aide de son talon et sourit quand elle le vit manquer de s’étouffer avec une crevette. Puis se tournant vers Zac elle déposa un baiser sur ses lèvres tendrement pour lui montrer qu’elle était là avec lui.

    - Quand comptes-tu commencer les travaux ? Demanda Ian en foudroyant Julia

    -Demain je viens faire les dessins, j’ai déjà pas mal d’idée à te soumettre mais certains détails reste à vérifier

    -Très bien dit Ian avec un petit sourire en coin qui ne disait rien qui vaille à Julia

    -Alors Emerson, comment marche les affaires ?

    On entrait doucement dans le vif du sujet et Julia sentit Ian au comble de l’excitation.

    -On ne peut mieux, je dois encore recruter pour un nouveau chantier répondit Zac en se calant sur le dossier de sa chaise.

    -La crise ne touche pas cette partie du pays on dirait ?

    Ian regarda Zac de haut en posant cette question, tout le monde savait parfaitement que la crise affectait le pays en entier et que les affaires se portait plutôt mal pour le secteur de Zac.

    Zac sourit avant de répondre

    -Bien sûr que si, mais j’ai su me développer sur d’autre secteurs que la construction pur et dur.

    Ian acquiesça, Julia savait pertinemment qu’il savait déjà tout de Zac de la taille de son caleçon au chiffre d’affaire de son entreprise

    -Et papa renfloue au cas où

    Julia posa sa fourchette incapable d’avaler une bouché de toute façon et tenta du mieux qu’elle put de faire comprendre à Ian qu’il allait trop loin. Elle aurait pu hurler qu’il n’aurait pas arrêté de toute façon.

    -Je n’ai pas besoin de mon père pour gérer mes affaires Harsh

    -Si tu le dit

    Zac voulut répondre mais son téléphone sonna le coupant dans son élan. Julia béni l’interlocuteur de son fiancée quand celui-ci se leva pour répondre. Il sortit du petit restaurant et Julia en profita.

    -Arrête ça tout de suite ! dit-elle à Ian

    Ian souriait de toutes ses dents avec arrogance comme à son habitude. Il se pencha vers elle et elle sentit une nouvelle fois sa main sur sa cuisse.

    -Quoi donc ?

    -Ne te moque pas de moi Ian, laisse Zac tranquille

    Elle retira la main de son ancien amant mais il la replaça encore plus haut. Julia se maudit de sentir son corps se crisper d’une simple main sur sa cuisse mais quel main, celle de Ian.

    -Tu me l’as imposé Julia et tu sais que je n’aime pas qu’on m’impose les choses. Alors tu as deux solutions

    Julia souffla.

    -Je t’écoute

    Ian se redressa sur sa chaise savourant déjà sa victoire.

    -Soit je continue et crois moi j’ai de quoi le faire sortir de ses gonds Mr Perfection ou…

    Il souriait en penchant la tête et Julia regarda vers la porte d’entrée espérant que quelqu’un ou quelque chose vienne la sauvé du chantage de Ian.

    -Ou ?

    -Ou c’est toi et moi…seul

    Julia le regarda perplexe cherchant à savoir si il parlait du diner ou de bien plus, ce qui ne serait pas étonnant quand on le connait.

    -Maintenant Julia

    Elle vit Ian regarder vers la porte et se retourna pour voir Zac revenir vers eux, magnifique dans son costume noir qui mettait en valeur ses épaules larges taillées par la force du travail. Elle s’en voulait de l’avoir mêlé à ça, Ian avait le don de l’énerver entre autre chose et Zac en payer le prix alors qu’il ne le méritait pas.

    -Très bien, toi et moi

    Zac revient l’air soucieux et Julia fronça les sourcils.

    -Tout va bien ? demanda-t-elle

    -On va devoir y aller, mon père (dit-il en foudroyant Ian du regard) à un problème

    Julia se leva prête à partir en voyant que Zac n’allait pas bien, quand elle sentit la main de Ian sur son poignet. Zac non plus n’avait pas manqué de la remarqué.

    - On n’a pas fini tous les deux

    Julia se tourna vers Ian avec des yeux ronds, il n’allait pas lui demander de rester alors qu’apparemment Zac avait besoin d’elle ? En voyant son sourire elle sut que si évidemment, il est question de Ian

    -Je crois que ça peut attendre demain répondit Zac

    -Je ne crois pas non, demain je ne serais pas là, c’est ce soir

    Zac se passa la main dans les cheveux visiblement énervé, Julia se dégagea de la prise de Ian sur son poignet et s’approcha de son fiancée.

    -Je te rejoins des que je finis avec lui

    -Julia…soupira Zac

    -Je ne serais pas longue. C’est ta mère ?

    -Oui

    -Très bien, va t’occuper d’elle et je me dépêche

    Elle prit sa main et la serra avant de l’embrasser, elle sentit le regard de Ian sur elle et intensifia ce baiser en plongeant sa langue dans la bouche de Zac. Il accrocha ses mains sur ses hanches et Julia mis les siennes autour de son cou sentant tout l’amour de son fiancée dans ce baiser et plus encore, la confiance qu’il avait en elle. Zac se recula, un signe de tête en vers Ian et sortit du restaurant.

    -Tu as besoin de ça ? demanda Ian alors que Julia s’asseyait près de lui

    -De quoi ?

    -De me montrer que tu l’aime ?

    Oui elle en avait besoin, lui faire comprendre qu’elle n’était plus son jouet qu’elle était amoureuse de Zac et que rien n’y changerait.

    -Non, tout ne tourne pas autour de toi

    Ian sourit et se leva en tendant la main à Julia.

    -Où tu vas ?

    - Toi et moi seul Julia, ici on n’est pas seul

    -Ian je ne coucherai pas avec toi

    Il se pencha vers elle, son visage a quelques centimètres, elle sentait son souffle sur son coup quand il vient lui souffler a l’oreille

    -Je sais, tu es fiancée

    Il dit ça en chuchotant comme si Julia était la seul à croire en ce lien qui l’unissait avec Zac et Ian n’y croyait pas une seconde. Julia se leva frôlant le torse de Ian et le précéda vers la sortis. Elle n’eut pas le temps de franchir la porte que Ian l’attrapa par la taille pour la trainer dans les toilettes.

    -Qu’est que tu fais ?!

    Il entra avec Julia dans ses bras, ferma à clef et la plaque contre la porte.

    -Ian…

    -Tu viens ici avec ton fiancé et tu espères de moi que je reste de glace quand je te vois dans cette robe

    Julia sourit, elle avait choisi cette robe exprès, celle qu’il lui avait offert au cours de leur « relation » par ce qu’il aimait le dos nus, savoir qu’elle n’avait pas de soutiens gorge et surtout le mouvement de ses hanches quand elle marchait devant lui.

    -Je croyais que cette robe n’existait plus

    Il était collé contre elle, son torse contre sa poitrine, son odeur envoutait Julia le pire des aphrodisiaque pensât-elle

    -Pourquoi n’existerait-elle plus ?

    Ian sourit en se penchant sur son cou, le frôlant de ses lèvres, Julia frissonna et sentit son sourire sur elle.

    -Il me semble, (dit-il en la picorant de baiser) que la dernière fois…que je l’ai vus…il n’en restait plus grand-chose

    Julia tenta de respirer calmement en se remémorant la dernière fois dont il parlait, ça multiplié par sa bouche sur son cou et sa main sur sa cuisse ça commençait à faire beaucoup.

    -Elle…je l’ai…faite recoudre

    Ian sourit de nouveau et sa main grimpa dangereusement sur sa jambe couverte de nylon

    -Seulement les coutures ajouta-t-elle

    -Julia tu n’as pas joué franc jeu avec moi ce soir

    Elle ne répondit pas c’était vrai, Zac ne rentrait pas dans l’équation : Julia+Ian= jeu

    -Alors moi non plus je ne vais pas jouer franc jeu avec toi

    Sa main atterrit sur sa peau et elle entendit un gémissement rauque de la part de Ian quand il baissa la tête pour regarder sa main à la lisière de son bas.

    Sa main continua sa progression sur la peau de la jeune femme, la rendant frissonnante de désir quand elle arriva sur sa fesse nu.

    -Nom de dieu Julia !

    Il continua et la jeune femme le laissa faire jusqu’à atteindre le haut de son string, puis sa main passa sur son ventre alors que leurs respirations devenaient erratique. Ian se colla a elle lui montrant à quel point il la désirait et continua sa découverte de ce corps qu’il connaissait parfaitement. Il glissa sa main sous son string, sur la toison de Julia qui se surprit à bouger son bassin contre cette main pour réclamer les caresses qu’elles lui faisaient miroiter.  De son autre main il caressa ses seins tendus qui ne demandait que ça, il tira sur les tétons qui pointaient envoyant encore plus de désir dans le ventre de Julia. Ian continua encore de descendre sur les replis de son intimité avant de trouver son clitoris qui n’attendait que ses doigts. Julia ne put s’empêcher de gémir quand enfin elle le sentit la caresser. Il fouilla son corps en introduisant un doigt en elle et elle serra ses épaules prise par le plaisir qu’il lui prodiguait.

    -Tu as envie de moi Julia

    Oui elle en avait envie, elle n’aurait pas dû mais quand le plaisir venait elle ne pensait à rien d’autre. Ian entreprit de mettre un deuxième doigt en elle et Julia ferma les yeux oubliant le décor mais n’oubliant pas l’homme qui lui infligeait ces caresses. Ian entama un va et vient avec ses doigts qui la fit gémir de plus belles, son corps criait a l’assouvissement que ses doigts faisait naitre. Ian pris le visage de Julia de son autre main et l’embrassa durement a la manière de ce qu’il faisait plus bas, sa langue entra en elle lui envoyant mille décharge se répercutant sur son entre jambe et Julia était perdus. Le sentir lui, contre elle en elle c’était trop pour son corps qui lâchait prise et n’attendait plus qu’il le comble encore et encore.

    -Tu m’as manqué Julia, te voir perdus dans le plaisir m’a manqué, ta chatte bien serrée contre mes doigts m’a manqué et mettre ma queue au fond de toi m’a manqué

    Il dit ces derniers paroles en enfonçant ses doigts profondément en elle et de sa voix rauque pleine de désir.

    -Ce qui m’a le plus manqué c’est t’entendre jouir et t’entendre me le demander

    Il caressa son clitoris avec son pouce et Julia trembla proche de l’orgasme si proche

    -Je sais que tu es si proche que tu me supplierais de te faire jouir

    Il avait raison elle était  au bord du gouffre et un seul mouvement la ferais jouir.

    -Mais pas ce soir Julia, tu ne jouiras pas

    Il retira ses doigts d’elle, Julia se sentit vide, et elle avait envie d’hurler qu’il continue

    -Ne l’emmène plus avec toi quand je te veux seul avec moi

     

    Il la fusilla du regard plus que sérieux, elle avait encore du mal à aligner deux pensées cohérentes puis….Zac. Mon dieu qu’avait-elle fait.


    Maryrhage

  • OS 3 : Paranormal

     

     

    Hello tous le monde !! Cette semaine, le défi des Os est sur le thème du "Paranormal"

     

     

     

    Nous postons les OS au fur et à mesure qu'elles sont écrites. Les prochaines ne devraient pas tarder a arriver ^^

     

     

     

    Bonne lecture à tous, à dimanche prochain ;)

     

     

     

     

     

     

     

    Amheliie & Maryrhage

     

     

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    Rencontre insolite.

     

     

    _ Foutu baraque qui tombe en ruine !

     

    Cela fait maintenant une semaine que j’ai emménagée dans cette maison a la campagne. Sur le papier c’était une charmante maison de campagne avec cheminé et lambris, esprit « chalet ». Dans les faits c’est une bicoque pas isolé, ou la cheminé est un tas de pierre amassé dans un coin avec au moins 3 nid d’oiseau a l’intérieur du conduit d’évacuation. Et en ce qui concerne l’esprit « chalet » je dirais plutôt cabane d’un trappeur dans le grand nord ! Et encore je suis gentil ! La cabane du trappeur doit être plus confortable !

    Je continu a pester tout seul lorsque qu’un fracas se fait entendre. Je sursaute malgré moi et me dirige dans la direction du bruit qui se situe au premier étage. Je monte tant bien que mal l’escalier branlant en vérifiant ou je mets les pieds afin de conserver mes deux jambes valide et arrive enfin à l’étage que je n’ai toujours pas aménagé.

    Je pousse la première porte et ne vois rien. La pièce est vide. J’allais ouvrir la seconde porte lorsque le bruit se répète. Cette fois le bruit semble provenir de la pièce du fond. Je n’ai ouvert cette porte qu’une fois le jour de l’emménagement. Un tas de bric et de broc est entassé las bas. A tel point que je ne pense pas pouvoir la débarrassé avant un bon moment vu l’ampleur des travaux qui m’attendent.

    A peine arrivé devant cette fameuse porte, le bruit se répète une fois encore mais en beaucoup plus fort cette fois. J’ouvre et un nuage de poussière m’attaque les yeux et le nez. Je tousse en reculant essayant de me protégé du mieux que je peux. Plié en deux dans le couloir je tente de reprendre ma respiration lorsque j’entends une voix. Une voix féminine et pas commode qui plus est.

     

    _ Saleté de robe ! Vas-tu te décoincé oui !

     

    J’essuie mes yeux larmoyant et tente de maitrisé ma toux quand une pensée me traverse subitement l’esprit. Qu’est-ce que cette femme fait ici ?

     

    Je me redresse et essuies mes yeux larmoyant tout en avançant une fois encore dans cette pièce. Je scan l’endroit à travers mes yeux toujours remplie de larmes mais ne voit rien.

     

    _ Ok cette fois c’est sur tu es complétement cinglé Luc !

     

    Pourtant j’étais sur d’avoir entendu une voix de femme. Tout en me repassant la scène, j’avance péniblement en direction de la fenêtre en évitant les divers objets au sol. Manque de chance cette satané fenêtre est coincée et ne s’ouvre pas.

     

    _ Evidemment !

     

    Je force un peu et ô miracle fini par réussir à l’ouvrir. J’ouvre ce qui devrait être des volets à une époque et laisse entré l’air frais.

     

    _ Vous êtes le nouveau locataire ?

     

    Je sursaute enfin plus exactement je fais un bond en me tenant la poitrine tellement j’ai peur.

     

    _ Qu.. Quoi ? Qui parle ?

     

    Je dois être aussi blanc que ma chemise mais je suis effrayé. Je n’ai donc pas rêvé. J’avais bien entendu une voix de femme. Comment est-elle arrivée là ? Qui est-elle ?

     

    _ Eh bien moi !

     

    Cette fois c’est sur on me fait une blague. Ou je deviens dingue, car malgré tout je ne vois personne.

     

    _ Qui, vous ? Sortez de votre cachette et expliquez-vous ! Que faites-vous chez moi ?

     

    Je scrute la pièce mais ne voit toujours personne. Mon cœur se remet à battre à vive allure mais de colère cette fois.

     

    _ Si je pouvais bouger je l’aurais fait ! Mais ma robe est coincée !

     

    _ Ok au moins tu n’aies pas totalement fou. Je marmonne pour moi-même.

     

    _ Ça ne me dit pas qui vous êtes et ce que vous faites chez moi !

     

    Je rêve ! Ce n’ai pas possible autrement !

     

    _ C’est très compliqué a expliqué voyez-vous et …

     

    _ Bien sûr ! J’entends un bruit chez moi, quand je vais voir, j’’entend la voix d’une femme. Là je crois que je suis fou, mais non il y a bien une femme quelque part mais je ne la vois pas ! Et pour couronné le tout cette femme me dit que la situation est compliqué a expliqué quand je lui demande ce qu’elle fait chez MOI !

     

    Cette fois je suis en colère pour de bon. Je n’aime pas qu’on me prenne pour un imbécile.

     

    _ Ho calmez-vous bon sang ! Je vais vous expliquer et la-vous pourrais croire que vous êtes fou et partir en criant a la sorcellerie ! Mais d’abord pourriez m’aider à sortir de la s’il vous plait ?

     

    Je prends une profonde inspiration et expire lentement. Je ne vais pas passer loin de l’AVC si je continu a ce rythme.

     

    _ Très bien ! Je vais vous aider mais AVANT vous allez m’expliquer ou vous êtes exactement et m’expliqué ce que vous faites ici ! Ensuite j’appellerais la police. Le soupir qui me répond ne me dit rien qui vaille.

     

    _ Ecoutez Luc je...

     

    _ Comment connaissez-vous mon nom ?

     

    Cela voudrait-il dire que je la connais ? Non sa voix ne me dit rien.

     

    _ Seigneur … je connais votre nom pour la simple est bonne raison que vous vous êtes parlez a vous-même tout à l’heure en disant : cette fois tu es complètement fou Luc. Ou quelque chose d’approchant.

     

    Là je me sens un peu ridicule. Mais j’ai le droit d’être surpris quand même !

     

    _ Ha. Bref, j’attends toujours vos explications. Et avant dite moi ou vous êtes parce que j’ai vraiment l’impression d’être fou à parler dans le vide !

     

    _ Mon dieu ! Quelle amabilité ! Soit. Je suis coincé au fond de la chambre. Ma robe c’est accroché et je n’arrive pas à la décoincé.

     

    _ Désolé si découvrir qu’une femme inconnue ayant élu domicile dans une piece de ma maison ne me fasse pas sauté de joie !

     

    Tout en parlant je me dirige tant bien que mal vers le fond de la pièce. Comment cette femme a-t-elle pu arriver là ? Les meubles et divers objets sont entassé les uns sur les autres jusqu’au plafond ! En déplaçant un meuble je m’égratigne la main.

     

    _ Aïe ! Bordel !

     

    _ Quel langage ! Vous ne devait pas être un gentleman pour parler ainsi devant une dame.

     

    Cette fois la coupe est pleine.

     

    _ Effectivement je ne suis pas un gentleman ! Et pour l’instant je parle au mur ! Donc je ne pense pas qu’il en a quelque chose à faire de comment je parle !

     

    _ Certes …

     

    Le ton hautin de cette femme m’agace prodigieusement. Pourquoi je n’ai tout simplement pas appelé la police ? Parce que l’histoire de cette femme t’intrigue et qu’après tout ce n’ai qu’une femme Persifle une voix dans ma tête.

    Je continu d’avancé lentement vu tous les objets que je dois déplacer pour me frayé un passage quand un éclat doré attire mon regard. Je poursuis mon chemin et vois enfin cet inconnu. Je reste bouche bée. Elle est n’est pas très grande, les cheveux brun presque noir, la peau halé. L’éclat doré que j’avais aperçu provenait de sa robe. Une robe de soirée des années folles d’après mon peu de connaissance. Plutôt courte, à paillette et à frange. Dos à moi elle lutte visiblement pour enlever les franges de sa robe prises dans un clou. Elle se retourne et c’est un deuxième choc. Un visage fin de grand yeux bleu très maquillé de noir et une bouche rouge vif.

     

    _ Hé bien qu’attendez-vous pour m’aider ?

     

    Je me reprends et me dit intérieurement qu’elle est aussi belle qu’agaçante.

     

    _ J’attends maintenant vos explications.

     

    Elle soupire encore et semble se lancé mais referme la bouche dans une moue adorable. Stop ! Retour à la réalité mon gars ! Les explications de la demoiselle d’abord ! Apres tu pourras fantasmer !

     

    _ Que faite vous dans ma maison mademoiselle ? Et qui êtes-vous ?

     

    Ma deuxième question semble l’apaisé quelque peu mais je ne comprends pas trop pourquoi.

     

    _ Je suis Louise Davenport.

     

    _ Très bien Louise. Maintenant dite moi ce que vous faites chez moi dans cette tenue à la nuit tombé.

     

    _ Qu’avez-vous à redire sur ma tenue je vous prie ?

     

    Elle semble vexée.

    _ Rien c’est jolie. Mais je ne pense pas que ce soit très pratique comme tenue pour cambriolé une maison.

     

    _ Cambriolé ? C’est ridicule !

     

    _ Oui c’est aussi ce que je pense. Surtout que cette maison est une ruine.

     

    _ Elle ne l’a pas toujours étais  murmure-t-elle.

     

    _ Comment savez-vous ça ?

     

    _ J’y ai vécu il y a longtemps.

     

    _ Ok. Ça ne me dit pas ce que vous faites ici !

     

    Elle semble réfléchir sérieusement à sa réponse quand une expression de pure lassitude s’affiche sur son visage.

     

    _ Très bien. Je vais tout vous dire. Mais sachez que si vous partez en courant ou vous moquez de moi les fait resteront tel que je vais vous les énoncé.

     

    J’hoche la tête sans vraiment comprendre. Quel histoire abracadabrante va-t-elle me conté ?

     

    _ Laisser moi aller jusqu’au bout avant de dire ou faire quoi que ce soit vous voulez bien ?

     

    _ D’accord.

     

    _Je vais d’abord finir de me présenter. Je m’appelle Louise Davenport. Je suis né en 1903.

     

    _ Pardon ?! Vous êtes …

     

    _ Vous étiez d’accord pour ne pas m’interrompre !

     

    Je ravale le flot de parole désagréable qui me vient.

     

    _ Continué.

     

    Cette femme est folle c’est sûr. C’est bien ma veine ! Une si jolie fille c’est dommage.

     

    _ Je suis née ici à Finley city. J’étais danseuse dans un cabaret. Et pour faire bref je suis morte à l’Age de 27 ans, quatre jours avant mon mariage avec Ethan. Depuis je ne sais pas pour quelle raison je reviens ici. Fantôme, apparition, appelé moi comme bon vous semble mais c’est ce que je suis.

     

    Elle se moque de moi ! Je la regarde dans les yeux mais ne vois rien qui me disent qu’elle me mente. Mais c’est impossible ! Cette fille est folle c’est sûr.

     

    _ Vous vous moquez de moi ?

     

    _ Non répond-elle en soupirant.

     

    _ Si ! Ce n’ait pas possible autrement !

     

    _ Non ! Je savais que vous ne me croiriez pas. Tout comme les anciens locataires et ceux d’avant et ainsi de suite. Allez y partez en courant, enfuyez-vous. Par contre je vous déconseille d’appelé la police. Ce serait vous qui passerait pour un fou.

     

    _ Et pourquoi donc ?

     

    _ C’est ce qui est arrivé à un des anciens locataires. Apparemment seul le propriétaire de cette maison me voit. Et puis mes disparaissions et apparition ne sont pas de mon fait. Cela arrive comme ça. Ce n’ai pas un acte de ma volonté.

     

    Bien sûr ! Je m’approche d’elle et lui touche le bras.

     

    _ Vous n’êtes pas un fantôme. En voilà la preuve. Ecoutez mademoiselle vous vous êtes bien amusé à mes dépends mais maintenant vous aller sortir de cette maison. C’est tout ce que je vous demande. Tout en parlant je décroche sa robe du clou en faisant un trou.

     

    _ Désolé pour votre robe. Maintenant je vous demande de partir.

     

    Je lui prends le bras et l’escorte vers la sortie. Elle me suit docilement sans rien dire. Nous sortons de la pièce et descendons l’escalier. J’entends le hoquet de stupeur qu’elle laisse échappé.

     

    _ Qui a-t-il ?

     

    _ Ri... rien. Je ne pensais pas que ma maison serait dans un tel état c’est tout.

     

    _ Eh bien oui c’est une ruine. Et même si il était vrai que vous aviez habité ici ce n’ai plus le cas et ne vous concerne plus.

    Des larmes scintillent au coin de ses yeux mais je ne peux rien pour elle.

     

    _ Voulez-vous que j’appelle quelqu’un ?

     

    Un ricanement amer sort de sa bouche.

     

    _ Non ce n’ai pas la peine. Merci.

     

    _ Nous traversons le salon et arrivé à la porte je renouvelle mon offre.

     

    _ Vous êtes sur de ne vouloir appeler personne ?

     

    Son expression et triste. Ses larmes ont disparu elle semble résigné.

     

    _ Bon hé bien dans ce cas voulez-vous que je vous emmène quelque part ?

     

    J’essaye de faire les choses comme il faut. Une jeune fille comme elle, seule, ne passerait pas inaperçue. Surtout avec sa robe pailletée. Même en pleine campagne.

     

    _ Non merci. Au revoir Luc.

     

    Mon téléphone sonne quelque part dans la maison. Je me retourne par reflexe. Puis fait de nouveau face à…. au vide. Je ne comprends pas elle était là il y a même pas 20 seconde ! Elle n’a pas pu ouvrir la porte sans que les clefs dans la serrure ne fasse de bruit. J’ouvre quand même la porte et sort pour voir. Mais non il n’y a personne. La maison est isolée. La plus proche maison est à 1 km. Je fais quelque pas et reste figé essayant de comprendre.

    J’entre à nouveau dans la maison et fait le tour des pièces a sa recherche.

     

    _ Louise !

     

    Pas un bruit ne se fait entendre.

     

    _ Louise ! Répondez-moi !

     

    Apres 20 minutes de recherche je comprends qu’elle n’ait plus là. Mais comment a-t-elle pu sortir si vite et sans bruit ?

    Je m’assoie à nouveau sur le canapé. Je cherche toujours à comprendre quand une idée me vient. Je cours presque chercher mon PC portable et revient au salon, m’installant sur la table basse. Malgré l’état pitoyable de la maison la connexion internet est bonne.

    Une fois ce dernier allumé je tape «  Louise Davenport Finley city » dans le moteur de recherche. Une quantité de réponse s’affiche. Une retient mon attention. C’est un encart de journal. On n’y voit nul autre que ma belle inconnue en tenue légère suspendu dans les airs sur une sorte de balançoire. La nouvelle star du Black Rose, dit la légende.

    Ce n’ai pas possible. Pourtant plus je regarde la photo et plus je me dis que si. Cette fille ressemble trait pour trait à ma belle inconnue. A tel point qu’on pourrait les croire jumelle. Je lis l’article en dessous.

     

    La jeune Louise Davenport dite « LOU »est désormais à l’affiche de la nouvelle revue du Black rose. Apres des débuts plus que prometteur la jeune fille accède enfin au rang très convoité de meneuse de revue. Cette jeune jolie et joyeuse jeune femme fait tourné les tètes mais son prochain mariage avec le très célèbre homme d’affaire Ethan PARKER va en décevoir plus d’un. L’homme d’affaire a fait savoir que le mariage aurait lieu ici même a Finley city au très célèbre ….

     

    Je suis sous le choc. Cela pouvait il être vrai ? Louise était-elle vraiment la louise de la photo ?

    Ecore sous le choc je vais dans la cuisine et me sert une vodka. La première gorgée me brule l'œsophage. Je ne sais pas si cette histoire est vraie ou si je deviens fou mais quoiqu’il en soit j’espère vraiment la revoir. Pourquoi je ne sais pas trop. Pour avoir des réponses c’est sûr mais aussi parce que malgré que tout ceci soit complétement dingue, j’ai envie d’y croire.

     

    Tahlly 

     

     

     

    La Justice des Murs

     

     

    Dans une geôle, en Espagne

     

    Elle allait mourir.

     

    Elle sentait sa vie s’écouler de son corps au rythme des gouttes de sang qui s’écrasaient sur le sol de sa prison humide et glacée.

     

    Elle s’était battue aussi longtemps qu’elle en avait eu la force mais elle était désormais au bout de sa résistance, tant morale que physique.

     

    Pas à dire, elle l’avait rendu vraiment furieux.

     

    Son refus de crier, de supplier ou d’implorer avait porté à son comble sa rage et exacerbé ses penchants les plus brutaux.

     

    Heureusement, après toutes ces heures de souffrance, son corps baignait désormais dans une apathie bienfaisante et ô combien bienvenue.

     

    Mais cela n’allait pas durer car il allait revenir. Il ne pourrait pas s’en empêcher. Il allait revenir pour tenter une fois encore de la briser. Mais il échouerait, comme précédemment. Et il se déchainerait sans plus se préoccuper du but ultime à atteindre : obtenir sa confession, l’entendre avouer son état de succube et de sorcière

     

    Ils l’avaient bien mal choisi, leur Grand Inquisiteur ! Torturer était devenu pour lui plus important que tout. Les missions que lui confiaient la Sainte Inquisition n’étaient rien d’autre qu’un prétexte pour donner libre court à son sadisme et à ses perversions. Sous la robe pourpre du Grand Inquisiteur se cachait une âme noire et souillée, un esprit dénué de toute empathie et vidé de toute humanité.

     

    Et il osait la traiter de monstre !

     

    A travers ses yeux boursouflés, elle apercevait les murs sur lesquels les instruments de torture étaient accrochés dans une mise en scène obscène destinée à inspirer davantage d’épouvante dans les esprits déjà éprouvés des pauvres victimes sur lesquelles ils allaient s’appliquer.

     

    Un feu rougeoyait dans un âtre immense, non pas dans un souci de procurer une quelconque chaleur à ces murs froids et moisis mais dans celui bien plus néfaste de chauffer à blanc les crochets, les chaines ou les couteaux avec lesquels le bourreau se plaisait à jouer avec des chairs déjà torturées.

     

    Elle gisait nue sur la croix en bois, les bras et jambes attachées par des fers qui s’étaient incrustés dans sa peau. Elle avait beau être courageuse et vouloir lui refuser la satisfaction de l’entendre supplier, elle n’avait pu s’empêcher de se débattre quand il l’avait violée, battue puis torturée.

     

    Ce monde sombrait dans le chaos et l’obscurité commençait à recouvrir toute source de lumière La bonté et la compassion ne pesaient pas bien lourd face à la colère et à la haine des esprits jaloux et étriqués.

     

    La chasse aux sorcières, vraies ou fausses, était ouverte en ce 15ème siècle et le chef des chasseurs s’appelait Torquemada.

     

     

     

     

     

    Quelque part dans les Murs

     

    Trop de cris, trop de souffrances, trop de sang…

     

    Cela faisait bien trop de temps qu’ils absorbaient toute la misère humaine sans aucun espoir de la voir un jour s’atténuer. Témoins silencieux de l’humanité depuis l’aube des temps, ils ne cessaient cependant d’être étonnés et épouvantés par la folie, par l’inépuisable énergie et l’incroyable imagination dont les êtres humains faisaient preuve pour dispenser la douleur et la mort. Du temps des Cavernes, les hommes préhistoriques avaient au moins eu l’excuse de leurs instincts primitifs et du besoin de survivre. Rien de tel ici et maintenant.

     

    Les Murs pleuraient, et leurs lamentations exprimaient mieux que les mots l’insoutenable sentiment de perte pour toutes les âmes pures et généreuses dont la disparition ne faisait que renforcer la présence toujours plus pesante et menaçante du Vide Absolu.

     

    Les Murs pleuraient, et leurs sanglots résonnaient comme un chant funèbre qui glaçait le sang de tous ceux qui, sans le savoir, vivaient sur la même harmonie que la Vie.

     

    Les Murs pleuraient, et leurs larmes sonnaient le glas des espoirs, des idéaux et des rêves qui avaient pour un temps réchauffé le cœur des hommes.

     

    Les Murs pleuraient, inconsolables, sur le sacrifice de l’innocence, de la beauté, de l’insouciance, de la générosité, du pardon et du concept même d’humanité. Trop de justes et d’innocents avaient connu une mort atroce, prématurée et injuste.

     

    Les Murs pleuraient, meurtris par une tristesse incommensurable.

     

    Mais les Murs étaient aussi fatigués et inquiets. Bientôt, ils ne seraient plus assez vastes pour contenir tant de haine. Ils avaient assisté à tant d’agonies que les milliards de derniers soupirs qu’ils avaient recueillis avaient fini par se transformer en une symphonie assourdissante dont le crescendo faisait trembler les fondations même des Pierres Premières.

     

    Cela faisait un moment - des années ou des siècles, comment le savoir avec certitude -, que les Pierres Premières, submergées et engorgées par les flots du sang versé, peinaient de plus en plus à purifier les miasmes issus des atrocités auxquels se livrait le genre humain.

     

    Bientôt, le point de non-retour serait atteint et la Vie toute entière sombrerait dans l’abime du Vide absolu.

     

    Oui, décidément, le temps des larmes était révolu.

     

    Alors, pour la première depuis la création du monde, les Murs décidèrent d’abandonner leur statut de témoins silencieux et passifs. Ils prirent partie et conçurent un plan audacieux destiné à enrayer la lente destruction de l’humanité. Un nouveau pacte fut conclu avec la Vie.

     

    Les Murs allaient prendre Chair. Les Murs allaient prendre Vie. Mais ils n’auraient droit qu’à un seul essai.

     

     

     

    Dans la prison

     

    La jeune fille entendit le verrou de la lourde porte s’ouvrir et un air froid vint caresser sa peau quand la porte s’écarta pour laisser passer le Grand Inquisiteur.

     

    Son corps martyrisé n’aspirait qu’au repos et son âme à la délivrance.

     

    Le Grand Inquisiteur l’avait traitée de sorcière, de suppôt de Satan, de putain du Diable. Pourtant, ce n’est pas à ce dernier que s’adressaient ses prières. Certaine de vivre ses derniers instants, elle adressait son âme à Dieu et la remettait entre Ses Mains qu’elle espérait miséricordieuses et bienveillantes.

     

    Elle avait assisté au supplice et à la mort de sa mère et de sa grand-mère, elles aussi accusées de sorcellerie. La bigoterie, la bêtise et l’intolérance avaient transformé la vie de ces guérisseuses en un véritable enfer avant de les y envoyer pour de bon via les flammes d’un bûcher.

     

    Les prêtres, jaloux de leur indépendance et de leur savoir, ulcérés par leur incapacité à les assujettir à la vision réductrice que l’Eglise avait des femmes, avaient entamé une guerre sournoise mais efficace pour les mettre au pas ou, le cas échéant, pour les exterminer.

     

    Dans tout le pays, c’est par centaines que les condamnations pleuvaient et que ces servantes de Mère Nature mouraient. Les quelques voix sensées et horrifiées qui osaient s’élever contre ce carnage étaient impitoyablement réduites au silence et l’odeur des chairs calcinées empuantissait l’air à tel point que certains prétendaient que les oiseaux périssaient empoisonnés.

     

    L’Espagne sombrait dans la paranoïa et la folie. L’Inquisition, avec ses prêtres fanatiques et ses rites barbares, semblait déterminer à plonger le pays dans la crainte toute puissante d’un dieu vindicatif et despotique.

     

     

     

    Le Grand Inquisiteur s’approcha à pas lourds de sa victime, impatient de jouir de sa vulnérabilité et sa souffrance. Il reconnaissait à la sorcière une force de caractère et une endurance peu communes chez une telle engeance, mais au lieu d’en éprouver du respect, il ne voyait là qu’une preuve supplémentaire de son commerce coupable avec le Malin. Il avait eu beau couper, taillader, poignarder, brûler, violer, mutiler ce corps souillé, il n’avait pas réussi à atteindre et à extirper la source même du Mal.

     

    Il s’était persuadé que chaque coup de butoir qui le poussait au fond de ce sexe de pécheresse avait été guidé par la volonté de sauver cette âme en perdition. Pour une raison inexpliquée, il voulait l’entendre supplier et il voulait la briser. Quelque chose en cette fille mettait à mal son assurance et ses convictions et il le lui faisait payer par un supplément de tortures. Alors il revenait tous les jours pour reprendre son travail de sape, certain qu’il serait au bout du compte le vainqueur de cette lutte inégale.

     

    Mais elle résistait. Contre toute attente, elle résistait.

     

    Il ne pouvait cependant plus différer l’inéluctable : il venait d’être rappelé dans la capitale pour rendre compte de ses progrès dans l’éradication des hérétiques. Il devait en finir. Maintenant.

     

    Il était revenu pour la tuer.

     

    N’ayant plus désormais le loisir de jouer, il avait décidé de l’achever rapidement, se privant du plaisir d’une longue agonie. Mais après tout, il considérait en avoir amplement profité. Il s’approcha du mur Nord et saisit l’un des poignards, presque au hasard. Il se dirigea ensuite vers la croix de bois sur laquelle la fille était attachée et la redressa en position verticale.

     

    Malgré sa résolution, l’impulsion fut trop forte et il ne put s’empêcher de faire courir la lame le long des lèvres de la fille, puis de son cou et de sa gorge, faisant naître des frissons sur la peau livide. Il continua son chemin sur les seins et le ventre de sa victime, et poussa même jusqu’à ses cuisses. Une puissante excitation fit dresser son sexe dans ses chausses et il regretta de ne pouvoir passer davantage de temps à chorégraphier le macabre ballet du couteau dansant sur ce corps impuissant. A défaut de pouvoir la briser, il voulait la marquer.

     

     

     

    A l’intérieur des Murs, l’Acte de Création commença.

     

     

     

    La jeune fille tremblait sous la caresse blessante de la lame. Elle avait compris qu’elle vivait ses derniers instants. Refusant de lui accorder le plaisir de sa frayeur, elle chercha en elle ce refuge où déposer son esprit et son âme. Si elle le trouvait, elle pourrait abandonner son corps à son bourreau et s’affranchir de la douleur. Elle n’avait plus beaucoup de temps ; alors, elle mobilisa ses toutes dernières forces, ferma les yeux et, adressant une ultime prière à Dieu et un remerciement à la Vie, elle lâcha prise.

     

     

     

    A l’intérieur des Murs, l’Acte de Création grandit.

     

     

     

    Le Grand Inquisiteur sentit tout de suite le relâchement soudain de sa victime et ragea de ne pas la voir plus réactive. Cette sorcière était en train de lui gâcher son plaisir. Alors, fou de rage, il ne put contenir davantage sa violence et commença à taillader frénétiquement le corps désormais insensible.

     

     

     

    A l’intérieur des Murs, l’Acte de Création s’envola.

     

     

     

    La jeune fille était au-delà de toutes sensations. Elle avait l’impression de flotter au-dessus de son propre corps et assistait avec un détachement étonné à la frénésie meurtrière du Grand Inquisiteur. Libéré de toute entrave matérielle, son esprit prenait la pleine mesure de la folie qui motivait cet homme hypocrite qui se cachait derrière des discours pieux et utilisait la religion et l’Eglise pour satisfaire son sadisme et sa lubricité. Il était inconcevable pour tout esprit sensé que Dieu ait pu choisir un jour pour le présenter sur terre un être aussi corrompu et amoral.

     

     

     

    Les Murs s’ouvrirent pour laisser passer l’Acte de Création.

     

     

     

    Le Grand Inquisiteur, perdu dans son paradis personnel, ne vit pas le feu s’éteindre dans l’âtre du Mur Est, pas plus qu’il ne vit la flamme des torches des Murs Ouest et Sud s’affaiblir puis totalement disparaitre.

     

     

     

    La jeune fille attendait avec courage le coup fatal. Ses adieux à cette terre et à cette vie avaient été faits.

     

     

     

    L’Acte de Création reconnut la Vie à laquelle il était destiné.

     

     

     

    Le Grand Inquisiteur, comme au sortir d’un rêve, reprit lentement ses esprits et contempla d’un air hébété le corps atrocement mutilé de la sorcière. Soudain très fatigué, il n’eut plus qu’un désir : en finir. Alors, d’un geste décidé, il trancha la gorge de la condamnée.

     

     

     

    La jeune fille vit sans le sentir le poignard trancher tout à la fois sa gorge fine et le fil fragile de sa vie. Son dernier soupir s’’échappa de ses lèvres et elle accueillit la mort comme une vieille amie revenant d’une longue absence.

     

     

     

    L’Acte de Création saisit cet ultime souffle pour s’incarner dans cette Vie.

     

    Puis, il regagna la sécurité des Murs. Il allait avoir besoin de temps, de beaucoup de temps, pour s’accomplir et devenir ce qu’il devait être.

     

    La Vie avait offert le Souffle Initial, celui de cette jeune fille innocente, et les Murs allaient quant à eux veiller sur le processus d’Incarnation.

     

    Oui, il allait falloir du temps mais, même si le compte à rebours avait commencé, les Murs étaient patients. Bientôt, leur Chair accomplirait son destin.

     

     

     

     

     

    De nos jours. Dans une ville.

     

    L’homme rasait les murs, furtif et sournois, impatient de regagner sa tanière pour profiter de sa toute dernière proie. Le souvenir de la traque et de l’enlèvement de sa victime suffisait à le faire trembler rétrospectivement d’excitation et il devait se contenir pour ne pas se mettre à courir. Mais les flics étaient sur les dents et il ne pouvait se permettre de prendre le moindre risque.

     

    Il sourit en pensant au désarroi dans lequel se débattait les forces de police. Il avait été extrêmement prudent et il n’avait laissé sur ses victimes aucun indice susceptible de remonter jusqu’à lui.

     

    Tout en avançant prudemment dans la nuit, il se sentait empli d’une jubilation incroyable : cela faisait plus de dix ans qu’il commettait en toute impunité ses meurtres et, franchement, il ne voyait aucune raison pour que cela change. Ces crétins de flics n’avaient pas la moindre piste. Il était tellement euphorique qu’il avait envie de se trouver un putain de paquebot, de poster son cul à l’extrémité de la proue et d’écarter les bras en grand tout en gueulant vers le ciel : « je suis le roi du monde ! »

     

    Cette nuit, ça allait vraiment spécial. Il avait particulièrement bien choisi. Cela faisait des mois qu’il en crevait d’envie mais il avait hésité longtemps avant de franchir le pas : ce type de victime représentait de très gros risques. Mais le besoin avait surpassé les dernières hésitations dictées par la prudence et il était passé à l’acte hier.

     

    Son cadeau l’attendait, bien au chaud dans sa cage. Il salivait à la perspective des jeux qu’il avait préparés pour lui.

     

    Ouais, cette nuit, c’était comme qui dirait Noël avant l’heure, et son cadeau était un gosse de 12 ans.

     

     

     

    Ailleurs dans la ville

     

    Dans l’entrepôt désaffecté, les rats affairés couraient en couinant comme une minuscule armée en déroute. Malgré le nid accueillant qu’ils s’étaient créé dans ces murs, leur instinct mis en alerte les poussait à l’évacuer aussi vite que possible. A leur manière, ils réagissaient à l’étrange atmosphère qui commençait à imprégner les lieux. Sans trop pouvoir l’expliquer, ils avaient été pris d’un irrépressible sentiment d’urgence et, en bons rats qu’ils étaient, ils abandonnaient purement et simplement le navire.

     

    Pour n’importe quel observateur extérieur, ces lieux n’étaient pourtant rien d’autre qu’une zone laissée à l’abandon, ce qui n’avant en soit rien de très inhabituel pour cette partie de la ville où la crise avait lourdement impacté l’économie locale.

     

    Pourtant, il aurait suffi à l’observateur extérieur d’un regard un peu plus attentif pour percevoir une aura mystérieuse et pesante. Sans être franchement menaçante, l’impression dégagée par le bâtiment était profondément anormale et perturbante. En effet, parfois, les murs donnaient l’impression qu’ils « respiraient ». Simple illusion d’optique ou effet d’une perception faussée… allez-savoir. A moins que toute la drogue et l’alcool qui avaient été consommés à un moment ou à un autre dans ce no-man’s land aient tellement imprégnés les murs qu’ils en exsudaient des miasmes capables d’intoxiquer les rares visiteurs suffisamment inconscients pour s’y égarer.

     

    Ce lieu, comme abandonné de Dieu et des hommes, préfigurait un monde où le désespoir et la résignation régnaient en maître, un lieu où les pleurs et les appels à l’aide d’un enfant n’obtenaient pour réponse qu’un écho lugubre.

     

     

     

    L’homme arriva enfin à destination ; il pénétra dans l’entrepôt et se dirigea vers la pièce où l’attendait son invité en cette nuit extraordinaire. Se forçant au calme, il défit les verrous qui protégeaient l’entrée et entra enfin de son saint-des-saints.

     

    La cage était posée à même le sol et l’enfant, les yeux bandés, les pieds et les mains attachés, était adossé contre l’un des montants. Ce petit morveux lui avait donné du fil à retordre malgré sa petite taille et son manque de force. Un bon petit coup sur la tête avait calmé ses ardeurs. La suite avait été un jeu d’enfant, pour ainsi dire.

     

    - Laissez-moi partir, s’il vous plaît, laissez-moi partir. Je promets, je dirai rien à personne….

     

    L’enfant ne put s’empêcher de supplier, même s’il savait en son for intérieur qu’il n’y avait aucune chance pour que son ravisseur exauce ses prières. Mais après les longues heures qu’il avait passé dans cette cage, comme un animal, il était épuisé et terrorisé.

     

    - La ferme, le môme. Garde ta salive, tu auras besoin pour plus tard.

     

    L’homme éclata d’un rire énorme et obscène, sans doute en réponse à l’image particulièrement excitante qui venait de lui traverser l’esprit.

     

    - On va passer de bons moment ensemble, le môme. Enfin, moi surtout !

     

    Nouveau rire tonitruant et jubilatoire ….

     

    - J’ai tout plein de projets pour toi et t’as pas intérêt à faire le mariole et à me gâcher mon plaisir sinon je te ferai vraiment mal. T’as compris ?

     

    La voix rauque de l’homme instillait un sentiment de frayeur inouie dans l’esprit de l’enfant qui, malgré son jeune âge et l’ignorance qui allait de pair, se doutait bien qu’aucun des projets de l’homme n’était destiné à lui apporter du plaisir à lui. Il savait qu’il allait avoir mal et que certainement en mourir.

     

    - J’ai encore quelques trucs à préparer et on pourra commencer. T’inquiètes pas, le môme, je vais bien m’occuper de toi, tu verras.

     

    L’enfant entendit la porte de la cage s’ouvrit et il hurla et se débattit quand l’homme le prit par les bras.

     

    - Du calme, le môme ! Je veux t’enlever ton bandeau. J’ai envie que tu profites du spectacle. Mais tu vas rester tranquille, merde !

     

    L’homme lui donna une gifle violente pour mieux faire passer son message puis lui libéra enfin les yeux. Il fut repoussé brutalement à l’intérieur de la cage, que l’homme verouilla avant de s’éloigner.

     

    Pour la première fois, l’enfant put voir l’endroit où il se trouvait, et l’homme qui l’y avait amené.

     

    Son niveau de terreur montra de plusieurs crans supplémentaires quand il croisa les yeux de son ravisseur. Des yeux brillants d’une lueur mauvaise, des yeux de fou, des yeux de monstre mangeur d’enfant, des yeux sans âme, sans pitié, sans conscience.

     

    Et l’enfant comprit avec une certitude absolue qu’il n’y aurait aucun miracle et qu’il allait mourir dans cet entrepôt, mais pas avant d’avoir souffert sous les tortures que lui infligerait ce détraqué.

     

    Alors il se mit à pleurer, écrasé par un intolérable sentiment de vulnérabilité et d’impuissance.

     

    Le spectacle de ses larmes fit hurler littéralement de joie l’homme qui, levant les bras au ciel, se mit à tourner sur lui-même en criant :

     

    - Je suis le roi du monde, je suis le roi du monde !

     

    Et il se dirigea vers la sortie, abandonnant l’enfant à son désespoir, du moins pour un temps.

     

     

     

    Dans la cage

     

    L’enfant, à bout de nerfs, se balançait d’avant en arrière dans la cage et, entre deux sanglots, gémissait :

     

    - Je veux rentrer à la maison, s’il vous plaît, laissez-moi rentrer à la maison…

     

    Il fermait les yeux très fort et priait de toutes ses forces pour se trouver ailleurs. Mais il était trop grand maintenant pour croire que Superman allait venir le délivrer et tuer le méchant. Des trucs comme ça, ça n’arrivait que dans les bandes dessinées, pas dans la vraie vie.

     

    Il ne maîtrisait pas bien le concept de la mort mais il comprenait déjà très bien les concepts de cruauté et de méchanceté.

     

    Son balancement répétitif eu un effet hypnotique sur lui et permet à la fatigue d’engourdir ses sens et son corps.

     

    Si bien qu’il fut à peine conscient de la subtile modification de l’air qu’il respirait. Ce fut d’abord comme si l’air était pris de légers frissons, ou alors comme une mare dans laquelle on aurait jeté une pierre et dont l’impact créerait des vaguelettes concentriques et régulières. L’air frissonnait et ses frissons se transformaient en souffles fragiles et délicats qui voyagèrent jusqu’à lui et se déposèrent sur sa peau moite.

     

    Et puis, ensuite, il y eut comme un murmure, tout léger, tout ténu, tout bas…. Un murmure qui venait de nulle part et de partout, un murmure comme un chant silencieux, un murmure qui effleura son corps comme une caresse…

     

    Etrangement apaisé, l’enfant cessa de pleurer et releva la tête.

     

    L’endroit était toujours pareil : froid, humide, immense, désolé. Pourtant, quelque chose avait changé.

     

    Il promena son regard partout il put le poser, cherchant à comprendre, incertain de ce que cela signifiait pour lui. Il se sentait inexplicablement en sécurité et serein alors que tout, dans sa situation, hurlait « attention, danger, mort imminente ».

     

    Chut….

     

    N’aie pas peur, nous sommes là… et nous arrivons...

     

    Ces mots, mais d’où pouvaient-ils venir ? Il n’y avait personne d’autre que lui dans cette pièce. Il était en train de devenir fou, oui, c’est ça. C’était comme dans les films quand le prisonnier sait qu’il va mourir et qu’il se réfugie dans la folie pour échapper à la souffrance….

     

    Chut…

     

    N’aie pas peur, Petit Homme, nous venons pour toi…. Regarde-nous, nous sommes là…

     

    Ce fut comme si l’injonction avait prononcé le sésame nécessaire pour ouvrir la porte sur une réalité jusqu’alors soigneusement cachée. Les murs se mirent à « respirer » ; il les voyait vraiment respirer. S’incurver en avant et en arrière comme un ventre sous l’effet d’inspirations et expirations successives. Le mouvement n’était pas uniforme mais se propageait le long des murs de béton en une vague gracieuse et infinie.

     

    - Qui est là ? Vous êtes qui ? demanda le garçon, tout à la fois fasciné et effrayé.

     

    Nous sommes les Murs…

     

    - Quoi, vous êtes dans les murs, c’est ça ? Vous êtes prisonniers ?

     

    Non, nous ne sommes pas dans, nous SOMMES les Murs… Regarde et vois-nous…

     

    Soudain, la respiration s’accéléra et, de tous les côtés, les murs palpitèrent et vibrèrent à une cadence régulière et synchrone. Pendant ce temps, le murmure, jusqu’alors tout juste audible, se rassembla en une note basse et sublime, de celle qui résonne au tréfonds de votre corps et s’adresse à votre niveau le plus élémentaire.

     

    L’enfant, les yeux écarquillés, assistait à un spectacle fabuleux et inconcevable. Les murs étaient vivants, vraiment vivants, et le murmure toujours plus fort avait désormais adopté un rythme régulier parfaitement reconnaissable : celui d’un cœur qui bat.

     

    L’air de la pièce parut se rassembler en un seul point, à un mètre du plafond. Chaque respiration générait un courant supplémentaire qui venait s’ajouter à la masse tournoyante.

     

    Boum, boum, boum…. Les battements du cœur invisible gagnaient en intensité.

     

    Les expirations amples et puissantes émanant des murs alimentaient encore et encore le tourbillon aérien qui n’en finissait plus de grandir.

     

    Et soudain, alors que les battements du cœur atteignaient leur paroxysme, le tourbillon aérien cessa sa folle rotation, sembla se solidifier et alla s’écraser violemment contre l’un des murs.

     

    L’enfant sursauta tant sous l’effet de la surprise que sur celui du bruit causé par le choc.

     

    Pourtant, il n’y eut ni poussière, ni trou. Rien, pas même la plus infime trace du plus petit impact.

     

    Et l’enfant ne comprit pas comment cela était possible car le bruit qu’il avait entendu avait été aussi fort que celui produit par un avion qui franchit le mur du son.

     

    Comment une telle chose était-elle possible ?

     

    Un silence assourdissant régnait maintenant dans l’entrepôt. Un silence irréel et lourd de promesses.

     

    L’enfant sentait, attendait qu’il se passe quelque chose. Il devait se passer quelque chose. Les événements qui venaient de se produire n’avaient aucune signification mais, de son point de vue, ils en auraient encore moins si tout devait s’arrêter là. Il ne comprenait pas bien cette impatience qui l’habitait mais il espérait quelque chose…

     

    Et le spectacle auquel il assista dépassa ses plus folles espérances…

     

    La partie du mur que l’air avait heurtée se mit à ondoyer doucement, comme une mare d’eau caressée par le souffle du vent. L’ondulation prit peu à peu de l’ampleur et de la force, malaxant la surface pourtant solide du mur au point de la rendre malléable. Les contours d’une silhouette commencèrent alors à se dessiner. D’abord grossière, la forme devient au fil des ondulations de plus en plus précise pour finir absolument parfaite.

     

    Sur ce mur, dans ce mur, là où logiquement rien ne devrait se trouver, se tenait une femme, non plus en deux dimensions, mais une VRAIE femme…. qui sortit du mur d’un seul pas assuré.

     

     

     

    Dans les Murs

     

    Voilà, c’était accompli. Initié dans une prison infecte d’Espagne il y a près de cinq cents ans, nourri par l’ultime Souffle de Vie d’une innocente, l’Acte de Création, puisant dans les Pierres Premières, avait enfanté. Comme annoncé, les Murs avaient pris Chair, Les Murs avaient pris Vie.

     

    Et cette Incarnation mettait un terme définitif au temps des larmes et de la neutralité. La Vie réclamait justice et les Murs entendaient bien qu’Elle l’obtienne.

     

     

     

    Dans l’entrepôt

     

    L’enfant contemplait médusé la femme qui venait de sortir du Mur. S’il avait eu les idées assez claires, il aurait comparé cette sortie à une naissance. Par un miracle qu’il ne parvenait même pas à concevoir, les murs de béton avaient été à cette femme ce que l’utérus était pour un fœtus : une matrice. De la chair issue de la pierre.

     

    Il sentait son cœur s’emballer dans sa poitrine et ne savait plus quel était le danger le plus grand : cette mystérieuse créature qui s’avançait vers lui ou le détraqué qui avant tant de projets le concernant.

     

    - Ne crains rien, Petit Homme….

     

    Cette voix…. Cette voix portait en elle les sonorités du murmure qu’il avait entendu tout à l’heure et qui l’avait tant apaisé. Cette voix promettait la sécurité et le bien-être… Inconsciemment, il se détendit et sa respiration reprit un rythme normal.

     

    Il osa la regarder plus attentivement, rassuré sur le fait qu’elle était du côté des gentils. Il était trop jeune pour avoir une véritable connaissance des filles, c’est en tout cas ce que lui répétait sa mère à longueur de journée, mais même sans disposer encore du vocabulaire nécessaire, il savait dire s’il trouvait une fille jolie, gentille, marrante ou intelligente.

     

    Elle, ce n’était pas une fille, c’était une femme. Les filles, c’était tout plat de partout et ça portait des appareils dentaires et des couettes. Elle, elle était faite comme maman, comme quand papa disait « qu’elle avait de quoi remplir les mains d’un honnête homme ». Elle était relativement petite, sans doute aussi grande que sa maman qui, comme le disait aussi son papa, « appartenait plus à la race de rase-moquettes qu’à celles des hauts sommets ». Malgré cela, elle dégageait un air d’autorité et de puissance qui la rendait bien plus imposante que le vigile pourtant baraqué qui surveillait d’un œil de lynx les allées du centre commercial.

     

    Elle continua à s’avancer vers lui, tranquillement, posément, comme si elle avait tout le temps du monde et que cet entrepôt n’était pas sur le point de devenir le théâtre d’actes défiant la décence.

     

    Quand elle ne fut plus qu’à un mètre environ de la cage dans laquelle il était enfermé, elle s’agenouilla près de l’enfant et, d’un geste presque désinvolte, fit sauter la grille et la lança sur le côté. Alors, le regardant bien droit dans les lieux, elle lui tendit la main avec ce simple mot :

     

    - Viens.

     

    Le garçon plongea les yeux dans les siens et en eut le souffle coupé. Ce ne fut pas tant l’absence de pupilles qui le surpris que la couleur inhabituelle des iris, un mélange spectaculaire de gris, de noir et de bleu foncé, qui tranchait d’une façon étonnante sur le fond blanc de l’œil. Pourtant, malgré leur aspect pour le moins singulier, ces yeux véhiculaient une chaleur et une bonté infinies. Vue de près, elle était vraiment jolie : un visage délicat aux pommettes hautes, des lèvres pleines harmonieusement dessinées, et une chevelure d’un bleu profond. Pas noir, non, mais bien bleu, un bleu très foncé. Et sa peau avait, mais en beaucoup plus claire, cette même tonalité bleutée.

     

    Assez bizarrement, elle était habillée très simplement d’un jean noir, d’une veste courte cintrée noire elle aussi et d’une banale paire de baskets tout aussi noires que le reste de sa tenue.

     

    Malgré cette tenue pour le moins passe-partout, elle semblait aussi peu humaine que le premier martien venu.

     

    Ce qui n’empêcha pas l’enfant de saisir la main qu’elle lui tendait, sans la moindre hésitation et en toute confiance.

     

    - Mais vous êtes qui ? demanda-t-il dans un murmure émerveillé.

     

    - Je m’appelle Corenda Miereleth et je suis des Murs. Viens avec moi, tu n’as rien à craindre.

     

    - ….

     

    - Viens, n’aie pas peur. Je dois te mettre à l’abri avant son retour.

     

    - Vous êtes une espèce d’ange, c’est ça ?

     

    Elle eut un franc sourire et secoua la tête.

     

    - Non, Petit Homme, je ne suis pas ange. Je te l’ai dit, je suis des Murs.

     

    - Mais ça veut rien dire, ça ! On peut pas venir d’un mur ! C’est pas possible.

     

    - Chut, je n’ai pas le temps de tout t’expliquer. Je dois m’occuper de lui.

     

    - Non, non, il faut partir, tout de suite…. !

     

    L’enfant la repoussa pour sortir précipitamment de la cage, sans jamais lui lâcher la main.

     

    - Viens, on s’en va… Viens, vite, on doit partir avant qu’il revienne…

     

    Il essayait désespérément de l’amener vers la sortie mais elle ne bougeait. Alors, il se mit à pleurer.

     

    - Tu comprends pas, il est méchant, il va nous tuer… Il faut qu’on s’en aille…

     

    D’un geste doux mais ferme, la jeune femme ramena vers elle l’enfant terrifié et posa sa main libre sur l’épaule secouée de sanglots.

     

    - Chut… Calme-toi…. Regarde-moi…. REGARDE-MOI.

     

    Sous l’injonction, l’enfant releva la tête et la fixa dans les yeux. Aussitôt, il se sentit envahi par un grand calme.

     

    - Il ne te touchera plus jamais, je te le promets. Je suis des Murs et j’ai été envoyée pour le punir, lui et tous ceux qui sont comme lui. Comprends-tu ?

     

    L’enfant secoua la tête en signe de dénégation.

     

    - Pourquoi tu dis que « tu es des murs » ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Pourquoi tu veux pas partir ? Je veux rentrer chez moi !

     

    - Je sais et tu vas pouvoir rentrer. Mais je dois m’occuper de lui avant. Ecoute-moi.

     

    -…

     

    - Tu vas dormir et quand tu te réveilleras, tout sera fini. Le monstre sera mort et plus jamais il ne fera de mal à qui que ce soit. REGARDE-MOI… c’est bien… Dors maintenant, tout ira bien.

     

    Le corps de l’enfant se détendit et s’affaissa contre la jeune femme, plongé dans un profond sommeil. Elle prit dans ses bras et, sans un regard en arrière, se dirigea vers les Murs dans lesquels elle s’enfonça.

     

     

     

    Plus tard, dans l’entrepôt.

     

    L’homme revint dans l’entrepôt, très satisfait de lui-même. Il avait récupéré son caméscope et mis au point les derniers détails de son départ vers des contrées plus hospitalières. Il se doutait bien que dès que les flics retrouveraient le corps du gamin, la région serait bouclée et les accès étroitement surveillés.

     

    Il sifflotait joyeusement en traversant les grandes pièces vides et obscures, anticipant le tête à tête qu’il allait s’offrir avec le gosse. C’était la première fois qu’il allait s’amuser avec une victime aussi jeune et il avait hâte d’expérimenter et de découvrir toutes les joies que lui procurerait cette chair toute fraîche. C’est pour ça qu’il avait eu besoin du caméscope. C’était comme au théâtre : une avant-première qui méritait d’être immortalisée pour une consommation ultérieure.

     

    Complètement concentré sur le plaisir à venir, il ne remarqua pas tout de suite la cage vide. Au début, il crut même à une illusion d’optique et cligna des yeux à plusieurs reprises comme pour rappeler à lui la réalité à laquelle il s’attendait.

     

    Quand il réalisa que le petit oiseau s’était bel et bien envolé, il poussa un épouvantable cri de rage à en faire trembler les murs.

     

    - T’es mort, le môme ! Tu m’entends ! Je vais t’arracher les boyaux et te les faire bouffer !

     

    Pris d’une colère indescriptible, il se mit à renverser et à envoyer valser contre les murs tout ce qui lui tombait sous la main.

     

    Il postillonnait de rage et proférait en boucle une litanie de jurons à faire rougir n’importe quel mur de pierre. Cet entrepôt minable devint pour un temps le réceptacle de ses imprécations et son propre Mur des Lamentations.

     

    Il tournait comme un fou sur lui-même dans l’espoir de repérer le gosse quand soudain, il la vit. L’instant d’avant, l’espace était vide et celui d’après, elle était là.

     

    Debout. Immobile. Les bras le long du corps. Narquoise. Provocante. Une drôle de petite bonne femme, avec une peau et des cheveux bizarres, un regard à vous percer des trous dans le mur et un air qui, pendant un court instant, lui fit froid dans le dos.

     

    Au début, ce fut comme pour la cage : il se crut victime d’une hallucination. Jusqu’à ce qu’il entende sa voix :

     

    - On n’aurait pas perdu quelque chose par hasard ?

     

    La voix basse lui vrilla les nerfs comme la roulette du dentiste, alors que les deux sons n’avaient pourtant absolument rien en commun. Son agressivité naturelle reprit le dessus et il brailla :

     

    - Putain, mais t’es qui, pétasse ? Qu’est-ce que tu fous dans ma piaule ? Qu’est-ce t’as fait du môme ?

     

    Elle se contenta de rester là, impassible.

     

    - RENDS-LE MOI ! IL EST A MOI !!!

     

    Elle inclina légèrement la tête sur le côté, puis esquissa une légère courbette et lui répondit :

     

    - Tu le veux ? Viens le chercher !

     

    C’est alors qu’il vit derrière elle le corps du gamin.

     

    - C’est ça que tu veux, pétasse ? D’accord… Voilà comment je vois les choses : je te flanque une raclée, mais gentiment, histoire de pas trop t’abimer. Et après, je m’occupe de vous deux ! Putain, c’est comme si c’était Noël et mon anniversaire. J’suis sûr que tu vas être bonne, presque aussi bonne que le môme !

     

    Ses yeux luisaient d’un éclat malsain et dément alors qu’il commençait à lui tourner autour, lui débitant tout un flot d’insanités.

     

    Elle ne bougeait toujours pas, se contentant de le suivre des yeux.

     

    - T’es débile ou quoi ? T’as pas suffisamment de jugeote pour avoir peur, c’est ça ? Tu crois que je plaisante ? Tu crois que tu as la moindre chance de sauver ton joli p’tit cul ? Rêve pas ! Quand j’en aurai fini avec toi, tu me supplieras de te t’achever comme la pauvre merde que tu seras devenue !

     

    - Tu parles décidément beaucoup. Besoin de temps pour que les petites pilules bleues que tu dois avaler pour avoir une érection digne de ce nom fassent effet ? Ou alors tu comptes sur ton haleine puante pour me faire mourir d’empoisonnement ?

     

    Il poussa un rugissement de rage et se rua sur elle sans plus réfléchir.

     

    Elle l’évita d’un mouvement souple et lui fit un croche pied qui l’envoya valdinguer la tête la première dans le mur.

     

    - T’aurais pas dû, pétasse ! J’étais prêt à être gentil avec toi mais là, c’est bien fini. Tu vas en baver, je le jure. Tu sais quoi, je vais commencer par t’arracher toutes les dents et après, je fourrerai ma queue dans la bouche et tu me suceras. Et tu feras bien de tout avaler quand j’éjaculerai car c’est tout ce que tu auras à boire pendant les prochains jours. T’as compris, pétasse ?

     

    Pour toute réponse, elle fit un grand sourire qui dévoila sa dentition parfaite.

     

    Il se rua à nouveau sur elle et, une fois encore, elle parvint à l’éviter. Elle semblait anticiper ses moindres gestes et n’avait aucun mal à l’envoyer au tapis.

     

    - Puisqu’on doit passer quelque temps ensemble, on pourrait jouer, tu ne crois pas ? lui dit-elle d’un ton moqueur ?

     

    - Jouer, tu veux jouer ? Mais t’es conne ou quoi ? Je veux pas jouer avec toi je veux t’massacrer !

     

    - L’un n’empêche pas forcément l’autre. Allez, sois beau joueur. Qu’est-ce que ça coûte ? Au pire, tu vas devoir attendre un peu avant de m’initier à l’art délicat de la fellation …

     

    - Art quoi… Fellation…. Tu te crois en train de vendre des dicos ou quoi ?

     

    Son regard était chargé de tant d’incrédulité que c’en était risible.

     

    - Allez, un jeu avant de mourir….

     

    - …

     

    - Donne-moi un chiffre compris entre 1 et 206. S’il te plait, ajouta-t-elle d’un ton cajoleur.

     

    Elle lui faisait toujours face, mince et légère, apparemment inconsciente du danger et de la menace qu’il représentait. Tant d’assurance et de décontraction contribuèrent au bout d’un moment à le déstabiliser, voire à l’inquiéter.

     

    - Tu veux un chiffre, pétasse ? Très bien. J’t’en donne un et après j’te baise ! 10 !

     

    - 10 ? Tu es sûr ?

     

    - T’es sourde ou quoi ?

     

    - D’accord. Va pour 10. Mais rappelle-toi que c’est toi qui as choisi.

     

    Et sans plus attendre, elle se mit en mouvements. Son action fut si rapide et si fluide qu’il n’eut aucune chance ni de la voir venir, ni de la contrer. Sa vitesse était proprement stupéfiante et les coups qu’elle lui porta d’une rare violence.

     

    Cinq secondes ne s’étaient pas écoulées qu’il gisait à genoux, le nez et trois côtes cassés.

     

    - Pour ton information, 206 est le nombre d’os dits constants composant un squelette humain. Comme tu as choisi le nombre 10, je vais de casser 10 os.

     

    Il se releva péniblement et la regarda, incrédule.

     

    - Putain, mais c’est quoi ce put…

     

    Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il encaissa ce qu’il convient d’appeler une mémorable raclée. Pendant tout le temps que les coups pleuvaient, elle énumérait :

     

    - Tibia, rotule, fémur,

     

    Il entendait les bruits sinistres accompagnant le broiement de ses os. Et elle continuait toujours :

     

    - Radius, poignet ….

     

    Crac, crac…. Il commençait à avoir la nausée.

     

    - Et…. Crac… un petit dernier, la clavicule. Le compte est bon.

     

    Et lui aussi. Sa vision commença à se troubler et il se demanda vaguement si l’une des côtes qu’elle lui avait cassées ne lui avait pas transpercé le poumon.

     

    Il leva des yeux larmoyants vers elle et lui demanda d’une voix blanche :

     

    - Putain, mais t’es qui ?

     

    Il eut juste le temps de l’entendre répondre un « enfin une bonne question » avant de perdre connaissance.

     

     

     

    Le retour à la conscience fut particulièrement douloureux et désagréable. Il avait un mal de crâne carabiné et avait l’impression d’être passé sous un rouleau compresseur. Au début, il ne parvint à comprendre où il se trouvait.

     

    Oh, il se souvenait parfaitement qui il était et ce qui s’était produit. Tout dans les moindres détails, même le fait qu’il s’était fait dérouillé par une pétasse haute comme trois pommes mais avec des poings comme des enclumes.

     

    Petit à petit, il se réappropria son corps - bonjour les sensations - et son environnement.

     

    Avec stupéfaction, il se rendit qu’il était contre le mur, bras et jambes écartés, à dix centimètres du sol, et QUE RIEN NE L’Y RETENAIT. Pourtant, quand il se débattit, il ne parvint pas à bouger ses membres ne serait-ce que d’un centimètre. Mais c’est quoi ce bordel ?

     

    Il se mit à tirer sur ces liens invisibles de plus belle tout en hurlant à pleins poumons.

     

    - C’est peine perdue. Tu ne pourras pas te libérer.

     

    Il cessa immédiatement ses gesticulations et la vit apparaître dans son champ de vision. Toujours aussi calme, toujours aussi fragile d’apparence. Toujours aussi mystérieuse.

     

    Il lui reposa la question :

     

    - Mais t’es qui, bordel ?

     

    - Il est en effet grand temps de faire les présentations.

     

    - …

     

    - Je suis Corenda Miereleth et suis des Murs…

     

    Elle se rapprocha de lui et il prit de plein fouet l’impact du regard acéré de ses yeux incroyables, qu’il voyait pour la première fois. Il en fut subjugué, comme le lapin par les yeux du serpent.

     

    - Je suis la Chair des Murs…

     

    Une drôle de sensation commença à parcourir toutes les parties de son corps collées au Mur.

     

    - Je suis née dans le sang des Pierres Premières pour servir la Vie…

     

    Elle commençait à lui foutre les jetons.

     

    - Je suis le Guerrier Sentinelle et je suis venue pour toi.

     

    Le Mur derrière lui pulsait et c’est comme si un deuxième cœur lui avait poussé dans le dos.

     

    - Tu t’es échappée d’un asile, c’est ça ? Putain, t’es encore plus barge que moi !

     

    Elle se rapprocha encore, jusqu’à ce que leurs visages ne soient plus séparés que de quelques centimètres. Et ces yeux le transpercèrent jusqu’à l’âme qu’il avait perdue depuis si longtemps.

     

    - Tu aimes faire souffrir, n’est-ce pas ? Tu aimes sentir la peur de tes victimes, tu jouis de leurs douleurs et de leur agonie… Tu ne peux pas t’en passer… C’est comme une drogue et c’est pour ça que tu continues à tuer et c’est pour ça que tu ne pourras jamais t’arrêter de ton plein gré.

     

    - …

     

    - Les Murs ont décidé de débarrasser la Vie des monstres dans ton genre et de lutter contre le Vide Absolu dont ils sont les artisans.

     

    Le cœur palpitant du Mur derrière son dos se mit à accélérer et les boum boum résonnèrent dans son corps et forcèrent son propre organe cardiaque à s’aligner sur ce rythme étranger.

     

    - Je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison.

     

    Putain, il ne savait pas ce qu’elle prenait comme camelote mais c’était de la bonne si ça la mettait dans des états pareils.

     

    Elle posa les mains de chaque côté de son visage, et il frissonna au contact de sa peau glacée. Une peur irraisonnée l’envahit tout à coup.

     

    - Je sens ta peur, et tu as raison d’avoir peur. Car je vais te donner ce que tu souhaites le plus au monde.

     

    Il parvint à balbutier :

     

    - Tu me donnes envie de gerber avec toutes tes parlottes. T’es qu’une gonzesse. Alors bute-moi sans faire de chichis et qu’on en finisse.

     

    - Oh mais je n’ai pas l’intention de te tuer. Non, tu vas vivre et tu vas regretter chaque seconde de cette vie.

     

    Le sourire qu’elle lui adressa en prononçant ses paroles lui donna froid dans le dos et il se dit que, finalement, il avait peut-être fini par trouver plus fort que lui.

     

    La pression des mains sur son visage se fit plus insistante et il dut fermer les yeux sous l’afflux de cette douleur supplémentaire. Le Mur derrière son dos se mit à ondoyer et, si la situation n’avait pas été si dangereuse et bizarre, il aurait pu se croire allongé sur un waterbed.

     

    - Je vais exaucer tes vœux les plus fous…

     

    Leurs bouches étaient à quelques centimètres l’une de l’autre et il sentit son souffle léger sur ses lèvres.

     

    - Je vais t’offrir un chant ininterrompu de gémissements, de cris, de supplications, de plaintes, de hurlements…

     

    La pression des mains encore plus forte sur sa tête, l’empêchant de bouger d’un centimètre.

     

    - Je vais t’offrir les sensations d’un milliard de supplices, de tortures, d’agonies et de morts…

     

    Des lèvres froides presque sur les siennes, un souffle froid presque dans sa bouche…. Il craqua et se pissa dessus comme le trouillard qu’il n’avait jamais cessé d’être.

     

    - Je vais t’offrir une infinité de tourments à savourer pendant toute une éternité…

     

    Et les lèvres finirent par se poser fermement sur sa bouche, avalant le cri silencieux qu’il s’apprêtait à lâcher. Aussitôt, ce fut comme si une main en fusion s’était introduit dans son crâne pour s’emparer de son cerveau. Il voulut échapper à cette étreinte douloureuse mais il avait l’impression d’être enchâssé dans le Mur et de s’y enfoncer toujours plus.

     

    Le souffle de la femme s’engouffrait dans ses poumons, progressant dans ses vaisseaux comme une coulée de feu.

     

    Elle détacha ses lèvres des siennes et commença une étrange mélopée :

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    L’emprise sur son cerveau se raffermit et ses yeux se révulsèrent…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Des images commencèrent à naître sous ses paupières closes…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Des bûchers, des corps calcinés, des membres arrachés….

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Des souffrances indicibles et atroces, des vies brisées, et des flots de sang…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Et arriva le rappel de ses propres victimes, le rappel de ses propres crimes…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    C’est comme si tous ces morts venaient prendre racine dans son cerveau et posséder son corps…

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Toute la douleur du monde en offerte en un seul souffle…

     

    Il finit par ne plus entendre ses mots et sombra dans un puits sans fond fait des meurtres de tant d’âmes innocentes qu’il n’était pas étonnant que des Murs s’en soient émus et révoltés.

     

    Il fut bientôt au-delà du concept même de souffrance pour DEVENIR souffrance à part entière. Il lui resta suffisamment de lucidité pour comprendre ce qu’elle avait voulu dire quand elle lui avait dit qu’elle allait lui donner ce qu’il désirait le plus. Lui qui n’avait vécu que pour se repaître du spectacle des vies qu’il détruisait se trouvait désormais le dépositaire de l’incommensurable douleur de toutes les victimes innocentes ayant jalonné l’histoire de l’humanité.

     

    Ce qui était plaisir devint souffrance.

     

    - Et il en sera ainsi pour l’éternité, lui souffla-t-elle à l’oreille.

     

    Alors il se mit à hurler, sans pouvoir s’arrêter.

     

    Il hurlait encore quand elle pressa son corps contre le sien, l’enfonçant plus encore dans le Mur, toujours plus, toujours plus, jusqu’à ce que seul son corps à elle soit visible. Elle se plaqua de tout son long sur le Mur, la joue de côté, ferma les yeux et répéta :

     

    - Je suis Corenda Miereleth, je suis des Murs et je suis le Guerrier Sentinelle. Je suis le Juge, je suis la Punition et je suis la Prison….

     

    Un formidable frisson parcourut son corps et, après quelques minutes d’immobilité, elle se détacha du Mur et se recula.

     

    Le corps de l’homme avait disparu.

     

    Elle releva la manche de sa chemise et sur son avant-bras apparaissait désormais une marque en forme de petite brique.

     

    La marque de la première cible de Corenda Miereleth, Guerrier Sentinelle, née de Murs, Juge, Punition et Prison au nom de la Vie.

     

     

     

    Les policiers, prévenus par un appel anonyme, retrouvèrent le petit garçon sain et sauf dans l’entrepôt désaffecté. La dernière chose dont il se souvenait, c’était que l’homme était parti après lui avoir ôté le bandeau des yeux. Il avait soif et faim, il avait froid, mais à part ça, il allait très bien.

     

     

    HDM61