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Blood of Silence - Page 2

  • Blood Of Silence, Nouvelle - Poissons d'Avril

     

    Blood Of Silence

    « Poissons d’avril »

     

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    1er avril

     

     

    Cette année, c’est mon tour.

    Depuis qu’on est en âge de faire des blagues pourries et dégueulasses aux autres, on a décrété qu’une seule personne se prendrait les foudres des farceurs du Premier avril avec ces putains de poissons à la con. Lorsqu’on était gosse, on faisait ça en équipes. C’était ma sœur Faith et moi, contre Hurricane et Gina. On s’est fait les crasses les plus marrantes qui soient. Je me rappelle une année avoir fourré Gina dans un tas de poissons fraichement découpé sur le port. Elle a hurlé à la mort. L’année suivante, j’ai terminé noyé sous des litres de sang artificiels. H s’est retrouvé en piñata géante après s’être fait assommer par deux cachets de somnifères. Il a déambulé dans les rues de la ville en coq à plume multicolore.

    En grandissant, c’est devenu pire. Le MC a été créée et tout le monde a participé. Alors on a décrété qu’une seule personne se prendrait la charge de conneries des autres. Pour l’instant, Sean est le seul à avoir échappé à ce privilège, ce connard a une chance de cocu.

    Cette année, on n’a pas de prospect pour subir le mauvais sort d’un an d’attente où nous avons tous eu le temps de réfléchir aux plans les plus foireux à faire subir à l’élu. Savage a énormément morflé lors de son année, déjà qu’il a dégusté le restant du temps, cette journée-là en particulier, ça a été pire. Liam s’en est donné à cœur joie, tous les coups les plus dingues qui soient sont permis de toute façon, sauf mettre la vie du concerné en danger. Le reste, c’est carte blanche.

    On a tiré au sort il y a un mois, et j’ai perdu.

    Je serais donc la victime de ce premier avril. Et je sais qu’ils vont s’y donner à cœur joie. Parce que les règles de notre premier avril sont bien claires : pas de représailles en dehors du premier jour d’avril de l’année suivante.

    Il y a des rancœurs qui trainent depuis plusieurs années. Je sais que je vais prendre cher de la part de mes frères durant vingt-quatre heures. J’ai beau être le plus secret, certains ont pu découvrir mes talents de farceurs.

    Et l’idée de casse les couilles à l’un de leurs Présidents même l’espace de vingt-quatre heures, semble plus que les botter. Je les comprends.

    Aujourd’hui, je serais seul contre tous, et le poisson d’avril de Lina ne sera pas le pire à supporter, au contraire, il sera sans doute le plus adorable qui soit.

    Profitez les gars, profitez… mais bordel, je me vengerai salement.

     

     

    ***

     

     

    Je me suis réveillé sans mannequin de film d’horreur allongé à mes côtés, et sans jet d’œufs. À ma grande surprise, Hurricane et Sasha ont été très calmes durant le petit déjeuner. Au bout de vingt premier avrils à faire les cons, on commence à devenir légèrement paranos. Dès que j’ai foutu un pied hors de ma chambre, je savais que les festivités étaient ouvertes, et qu’ils allaient tous en profiter. Je suis sorti calmement sans faire de bruit. Sasha et H étaient dans la cuisine, ils déjeunaient en débattant du match de baseball d’hier soir, la chatte étant une accroc à ce sport. J’ai vérifié le café avant de le boire, il n’était pas salé comme une année. J’ai pris soin sentir le paquet de biscuit fourré, une année, H avait remplacé la crème par du dentifrice à la menthe. Autant dire que je ne suis pas friand du chocolat et du goût artificiel mentholé. Les deux me regardaient faire en riant. Je leur ai fait un doigt d’honneur en allant sortir de ma réserve, un paquet neuf de clopes. Il y a quatre ans, j’étais aussi l’heureux élu, et cet enfoiré de Nir avait trafiqué mes cigarettes en y fourrant de l’herbe et des épices de cuisines. Je me suis grillé les poumons avec sa putain de connerie.

    On devient paranos les premier avril.

    Je sais que la méfiance s’estompe au fil de la journée. Entre le boulot et le reste, on finit par oublier qu’on est le premier avril. Les coups bats arrivent à ce moment-là… et on n’y peut rien. Si ce n’est écouter les autres rires, et attendre que ça passe en riant discrètement.

    Le restant du petit-déj s’est passé calmement. Rien n’était piégé, et j’ai commencé à me détendre. En revenant dans ma chambre, je ne suis pas tombé sur mes tiroirs retournés comme H aime tant faire. Tout sembler nickel.

    Je me suis rapidement habillé en zieutant Sasha faire de même. La chatte n’est pas réputée pudique et j’aime la mater le matin, comme si de rien n’était. C’est lorsque je la vois sortir ses affaires de ma commode chaque jour que je me demande comment ses fringues et son bordel de gonzesse ont fini par petit à petit migrer de son appart à ma chambre.

    Je ne nous comprendrais sans doute jamais. Je ne réalise pas qu’elle est là… après tout ce temps, et que tout ça me semble normal tant que je n’y prête pas attention.

    Sasha arrive à ma hauteur une fois prête, elle glisse dans l’élastique de mon caleçon sa petite culotte. Je jure en regardant son adorable cul dans son short trop court. Elle n’a rien en dessous. La présidente m’allume comme elle le fait souvent, sans un mot, avec simplement un geste ou un regard.

    Elle quitte la pièce sans dire un mot de plus.

    Je chasse les maudites pensées chaudes de mon esprit en allant dans la salle de bains. J’allume le jet d’eau chaude avant d’attraper ma brosse à dents et le dentifrice. Je pense à cette nuit, lorsqu’elle m’a réveillé en grimpant sur moi pour me chevaucher. C’est ce que j’aime chez Sasha, cette spontanéité. Lorsqu’elle a envie de quelque chose, elle le prend, sans hésiter, sans se poser de questions.

    Sauf quand il s’agit de nous.

    Je fourre dans ma bouche ma brosse à dents en jurant, ouais, il y a des choses très compliquées qui nous lient, des choses auquel ni elle ni moi ne voulons aller se fourrer.

    Et la réalité de la journée me rattrape.

     

    — C’est quoi ce bordel ! je jure en recrachant le dentifrice.

     

    Derrière moi, deux personnes se mettent à rire. Je me tourne vers Hurricane et Sasha, les deux bikers rient aux éclats en se tapant dans la main. Je les fusille du regard en crachant le savon.

    Ils ont trafiqué mon dentifrice ces connards ! H a osé retourner ma propre blague foireuse contre moi. Il est pire que Liam.

     

    — Mission accomplie, déclare la Présidente des Hell’s Pussy.

     

    Je me rince la bouche en ayant un sale goût de gel douche bon marché.

     

    — Putain, même toi ! je lance à Sasha en esquissant un léger sourire.

     

    Mais contrarié le sourire et vraiment léger, attention.

    La chatte m’offre un clin d’œil amusé.

     

    — H m’a mise au courant.

     

    — Et tu m’as allumé pour me distraire ! je râle.

     

    Je crache de nouveau dans l’évier en bougonnant. Je suis légèrement mauvais perdant… légèrement. Le pire serait Sean s’il avait une la malchance d’être le bouffon d’un jour.

     

    — Tous les coups sont permis mon vieux, rétorque H. Et aujourd’hui, tu ne battras pas mon record.

     

    C’est ce qu’on va voir.

    Car oui, en plus de devoir subir les frasques des autres, on reste des mecs, on ne peut pas être les dindons de la farce sans au moins en tirer une

    Celui qui arrive à détrôner celui qui se fait le moins avoir, a le droit… de faire ce qu’il veut durant le run qui suit.

    Et le roi de l’esquive n’est autre qu’Hurricane. Il y a trois ans, il a échappé à huit pièges sur les dix de tendus, depuis personne ne l’a détrôné cet enfoiré d’italien.

     

    — Est-ce que je vais arriver à prendre une douche sans finir comme une Schtroumpf ? je déclare en montrant la douche.

     

    Y’a six ans, on avait trafiqué la douche de Liam en fourrant une pastille colorante dans son tuyau, ce con d’irlandais ressemblait aux gars d’Avatar. Depuis, je suis méfiant.

    Et je vais devoir l’être davantage.

     

    — Tente, déclare mon meilleur ami en refermant la porte, un sourire malicieux sur son visage.

     

    Je dévisage le pommeau de douche, je crois qu’un peu de plomberie s’annonce.

     

     

    ***

     

     

    Après avoir échappé à une douche colorée, je sors de la maison le dernier. Sasha ayant un rendez-vous au salon de tatouage et H devant conduire sa nièce à l’école.

    Je ferme la porte, malgré le café et la douche, j’ai encore la tête dans le cul. La journée s’annonce longue.

    Je me fige en apercevant la deuxième vanne foireuse de la journée.

     

    — Je vais les buter, je lance désespéré.

     

    Je dévisage ma moto couverte entièrement de cellophane. Dessus, il y a une énorme pancarte avec écrit :

     

    Bon courage Président !

    PS : H a pris tout ce qui coupe avant de partir, démerde-toi avec ce que t’as !

    PS 2 : Sasha m’a dit que ta bite ne te suffirait pas ce coup-ci. Ah ah ah !

    Savage

     

     

    Je regarde mon bébé, je le tue si jamais il l’a rayé. Je m’approche pour toucher l’œuvre plastifiée de l’irlandais. Et à vue de nez, il a mis la dose concernant les tours de cellophane.

    Instinctivement, je cherche ma bagnole, mais le pick-up est avec Hurricane, je suis coincé.

    Je cherche mon couteau de poche dans mon cuir, mais rien… même celui-là, H est passé par là. Je jure en dévisageant les clés de bécanes dans ma main. Ça va être pratique. Je vais devoir me contenter de ça. Autant s’y mettre tout de suite.

     

    — Encore un qui est concerné par le tri sélectif, déclare une voix de vieille pie.

     

    Je lève les yeux vers Madame Yeter, notre voisine d’en face. Son maudit chihuahua à poil long commence à aboyer en me voyant. Cette garce n’a pas un mot de sympathique à notre égard depuis qu’elle a emménagé il y a trois mois. Avec H, on aime bien la faire râler, il dit que ça la maintient en vie, la mamie grognon.

     

    — Parce que faire pousser du chite dans sa cabane a outil c’est plus écologique, vieille conne ? je rétorque sèchement.

     

    Notre voisine me fait un doigt d’honneur en avançant avec son maudit chien. Je jure en sortant une clope. Je l’allume en souriant. Savage se venge, je dois l’avouer. Lors de son année, j’avais planqué ses clés de bécanes au milieu de centaines d’autres clés. Il avait passé trois heures à toutes les essayé avant de trouver la bonne.

    Un prêté pour un rendue mon pote, j’ai compris.

     

     

    ***

     

     

    J’arrive au garage après avoir mis trois bons quarts d’heure à découper le cellophane à la clé de moto. J’ai mis le tas devant la porte de ma conne de voisine. Si j’avais eu plus de temps, j’aurais entouré sa boite aux lettres et l’entrée de sa cabane à outil. J’ai une bonne heure de retard sur le planning de la journée.

    Lorsque mon attention se porte vers le garage, je remarque qu’il n’y a personne. Tout est fermé, rien n’est sorti, il n’y a pas de clients, les bécanes sont encore toutes rangées.

    Qu’est-ce qu’il se passe.

    Je sors mon portable de la poche arrière de mon jean pour vérifier l’heure, il est dix heures passées, normalement, ça devrait être l’effervescence ici… mais il n’y a pas un chat.

    Ça pu Creed, ça pu salement la mauvaise blague.

    J’attrape mes clés en les maudissant tous sur cinquante générations, j’ouvre la porte de service, pénètre dans l’atelier plongé dans le noir. Je tends la main contre l’interrupteur sur ma droite. Le courant est coupé, comme par hasard. Je jure en mettant un pied devant avant de perdre l’équilibre comme un gros con. Je glisse sur je ne sais quoi, et finit la tête la première dans du… plastique mouillé ?

    C’est quoi ces conneries ?

     

    — Qui est l’enfoiré qui a fait ça ! je gueule dans le garage en sentant mes fringues se tremper.

     

    La lumière apparait soudainement. Ma vision d’abord embrouillée finit par s’éclaircir, je me fige en voyant ce qui se dresse sous mes yeux.

    Les enfoirés.

    Autour de moi, il y a un véritable champ de gobelets en plastique tapissant le sol. Certains sont reversés dû à ma chute. Je reste comme un idiot sur le sol alors que des rires près de l’autre entrée résonnent.

    Je me tourne vers Liam et Nirvana qui rient aux éclats en sortant leurs portables.

     

    — Souris pour la caméra Creed, se marre Liam en me prenant le nez dans les verres d’eau.

     

    Je suis trempé, le garage est noyé en plus d’être envahi par un nombre incalculable de verres en plastique remplis à ra-bord.

     

    — Pas trop froide ? renchérit Nir.

     

    — Allez vous faire foutre, je jure en gardant mon sourire pour moi-même.

     

    Je tente de me relever, avant de comprendre que ces deux connards ont bâché le sol et ont répandu une sorte de substance dégueulasse glissante.

    Quels esprits tordus ! On dirait que Liam s’est surpassé cette année et en a fait profiter tout le monde. J’admire la patience pour faire ça.

    Mais noyé le garage, c’est bâtard.

     

    — Bon courage vieux, on a savonné le sol du garage, ça glisse… poursuit Nirvana.

     

    — Comme ma bite dans ton cul si tu ne viens pas m’aider, je les menace en les foudroyant du regard.

     

    — Chacun sa merde, Prés, déclare l’irlandais en prenant des photos.

     

    Je me laisse aller dans les gobelets, vaincu pour le moment. Je retiens un fou rire avant de le laisser s’exprimer.

    La journée ne fait que de commencer, mon pote, t’as pas fini d’en baver avec ces clowns.

     

     

    ***

     

     

    Une fois changé, j’ai appelé – ordonné – à Liam et à Nir de tout nettoyer avant que le garage n’ouvre. Les Bloods avaient visiblement passé une annonce comme quoi les lieux étaient fermés la matinée. Ils sont de plus en plus doués. Je commence à croire qu’H s’est lâché dans l’organisation de ce premier avril, on dirait la supercherie du siècle.

    J’entre dans le bureau du garage pour faire le point sur la paperasse pour Gina. Il n’est même pas onze heures et j’ai déjà subi de sales trucs. Les gars sont fous.

    Je me jette sur le fauteuil, un bruit strident me fait sursauter. Mon cœur rate un battement, je me relève d’un bon en jurant.

    C’est pas vrai.

    Je me penche, sous le fauteuil, on a scotché un klaxon qui s’actionne sous la moindre variation de poids.

    Putain, c’est digne du tour le plus foireux et usé du premier avril.

    Les rires familiers de Klax et Rhymes résonnent de l’autre côté de la porte.

     

    — Sérieusement ? je lance à leur égard.

     

    Klax se met à imiter le bruit du klaxon. Je lève les yeux au ciel, ça ne peut venir que de lui un truc aussi con et facile. Le Blood ne se complique jamais la vie, mais réussit chacun de ses coups, sauf le saut d’eau pour H.

     

    — Attend, ce n’est pas fini mon pote, déclare le jumeau en me montrant d’un signe de tête le bureau.

     

    Je regarde ce dernier, l’enfoiré de VP a installé son maudit piège.

    Je soupire, merde, je viens de me changer.

     

    — Merci, les gars, je lance avec sarcasme, franchement, merci.

     

    — Mais de rien, rient-t-il en chœur.

     

    — Et pour info, la serpillière a disparu, m’informe Rhymes en se marrant.

     

    J’observe les verres d’eau pleins inversés qui menacent de noyé le bureau drapé des dernières notes de frais et de factures. J’espère pour eux qu’ils ont fait des copies.

    Je m’accroupis pour observer le mécanisme. Un jour, cet enfoiré devra m’expliquer comment il fait ça. Parce que ça reste un mystère pour moi et je sens que mes bottes vont de nouveau connaitre la flotte.

    Maudit sois-tu Creed aujourd’hui.

     

     

    ***

     

     

    J’arrive dans la cuisine vers treize heures après avoir noyé et sauver de justesse le pc des conneries de Rhymes. J’ai dû imprimer les factures que Gina avait déjà faites. J’ai eu deux heures de tranquillité dans le bureau, loin des gars tout en sachant très bien que j’allais sans doute me faire pulvériser par des œufs ou une connerie dans ce genre. Par chance, rien de tout ça ne s’est produit.

    Gina s’affaire en cuisine, elle termine de faire… des pommes d’amour, comme pour la Saint-Valentin. Sauf qu’aujourd’hui, c’est suspect.

    J’arrive à sa hauteur. Il se dégage un délicieux arôme de lasagnes mélangé au sucre et aux caramels colorés qu’elle utilise pour faire son glaçage.

    Je me penche pour embrasser sa joue. Le Premier avril a une saveur différente lorsque je me retrouve en tête à tête avec Gina. Ce jour me rappelle notre enfance, lorsque ma sœur était encore en vie, que nous faisions nos crasses en équipe. Faith adorait ce jour-là.

    Elle me manque tellement dans ces moments-là. Et quand je vois Gina, je la vois elle, ça fait autant de mal que de bien.

    Gina me salue en m’embrassant chaleureusement à son tour.

     

    — Tu n’as pas fait d’oignon, n’est-ce pas ? je lui demande en montrant son plateau.

     

    L’Italienne me jette un regard amusé.

     

    — Pas cette année, on ne fait pas de le réchauffer, nous, me répond-t-elle en souriant.

     

    Je la dévisage avec méfiance. Gina fait de même avant qu’un rire léger nous emporte. Elle enrobe une pomme sous mes yeux, c’est tellement chiant à faire, que je doute qu’elle les ait faites avec des putains d’oignon.

    Elle m’en tend une, je secoue la tête, je ne suis pas fou à ce point… mais comme son mari, j’adore ces maudites pommes. J’attrape une du milieu et croque dedans à pleins dents. Un jus amer et forte coule le long de ma gorge et le bruit crissant d’un oignon résonne à mes oreilles… ainsi que le goût écœurant.

     

    — Gina ! je râle.

     

    L’Italienne éclate de rire en voyant ma tête dégoutée. Trahis par un autre sourire.

    Je suis maudit.

    Gina me tend un papier pour que je crache, ce que je fais. Putain c’est dégueulasse.

     

    — Creed, t’es tellement adorable avec ta petite puce que tu te fais avoir à chaque fois. Les trucs les plus évidents t’échappent comme toujours, alors que les plus complexes te sautent aux yeux, c’est ça qui est marrant avec toi.

     

    — On ne fait jamais dans le réchauffé, je rétorque.

     

    Merde, c’est aussi important que le serment des scouts pour le premier avril. Il n’y a que Klax qui ne se creuse jamais le cerveau.

     

    — Pas cette année, me répond la sœur de mon pote.

     

    Gina saisit le plateau d’oignon d’amour qu’elle fourre directement dans la poubelle. Je dois admettre qu’ils se donnent tous un mal fou pour me faire mettre les deux pieds dans la merde.

    Je suis certain qu’H est l’investigateur de tous ces crimes à mon égard. Ce connard se venge.

    Et j’aime ça.

    Je m’approche du frigo pour avaler quelque chose qui m’enlève ce gout franchement répugnant. Je trouve une bouteille de jus de fruit entamé. Je l’enfile d’un trait avant d’aller au lavabo me laver les mains.

    Un silence étrange s’installe derrière moi, mon instinct me dit d’être méfiant.

    Ils préparent une couille.

     

    — Gina… je commence, si jamais tu…

     

    Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’un truc étrange se passe. D’une seconde à l’autre, je vois un plat géant sous mes yeux qui finit dans ma tête.

    Ouais… dans ma tête bordel !

    Je me fige devant le lavabo, alors qu’une sorte de crème sucrée glisse sur mon visage. Des rires retentissent derrière moi. Beaucoup de rire.

    Pourquoi je n’ai rien vu venir ?!

    J’essaye d’essuyer mon visage couvert de crème pâtissière sans bouger, j’entends le bruit sourd du plat tombant par terre.

    Je vais buter le connard qui a osé faire ça.

     

    — Tu l’avais pas vu venir celle-là, pas vrai ? lance Sean dans mon dos.

     

    Je secoue la tête en essayant de retrouver un semblant de vue. Je crois que je suis en train d’en foutre de partout. J’entends le son de l’appareil photo d’un portable. Ils comptent tous faire un album ou quoi ?

     

    — Et de six, mon pote, déclare H avec fierté dans la cuisine si je me fie au son de sa voix. Tu veux qu’on appelle Sasha pour qu’elle vienne lécher tout ça.

     

    Je lève mes majeurs pour répondre.

     

    — Je me vengerais, je bougonne en m’essuyant le visage avec les papiers que Gina me tend sans cacher son rire.

     

    Et au fond de moi, je ris en m’imaginant. Je pourrais rajouter à ma liste entartée par un glaçon… quelle destinée j’ai.

    Aujourd’hui, on a le droit d’être de grand enfant… on ne se l’autorise pas souvent le restant du temps. C’est bien pour ça que tout est permis le premier avril. Pour oublier que le restant de l’année, on n’a pas le droit à la légèreté dans notre milieu où règne le danger. Même moi je m’autorise à ressortir ce gamin insouciant enfoui au fond de moi, celui qui n’avait connu ni la drogue, ni la perte, et encore moins la déception de la vie.

     

     

    ***

     

     

    J’ai survécu à ce premier avril. C’est la première chose que je me dis en coupant le contact de ma bécane.

     

    — Ca y est, la journée est finie, pas vrai ? se moque gentiment H.

     

    Je retire mon casque en dévisageant l’italien assis sur les trois marches d’escalier menant à l’entrée de notre maison. Il boit une bière en m’attendant gentiment. Je vois que la vieille Yeber est passée manifester son mécontentement.

     

    — T’as excité notre voisine Creed ? déclare Hurricane, parce qu’elle était en forme ce soir.

     

    J’examine les déchets en papiers et autre joyeuseté laisser par la vieille Yeber sur notre pelouse.

     

    — Juste un peu, j’avoue en allant m’asseoir à ses côtés.

     

    On observe le capharnaüm de la vieille conne qui a pris notre jardin pour sa poubelle géante. Je reconnais que la mamie est amusante. Dommage pour nous qu’on est plus de prospect pour ramasser la merde. On va devoir se la jouer à pierre feuille ciseau avec H pour savoir qui va faire le ménage. Sans avoir à le dire, nos deux mains se lèvent. J’ai pierre, il a ciseau.

    J’ai gagné.

    H jure en secouant la tête, on ne le fera pas en une seconde manche.

    Y’a une putain de justice.

     

    — Mec, prie pour ne pas tirer l’année prochaine « POISSON D’AVRIL » dans le bocal, je rétorque.

     

    Mon meilleur ami se met à rire en levant sa bière comme pour trinquer.

     

    — Je suis chanceux. De toute façon, on ne pourra pas faire pire que ça…

     

    Il pose sa bouteille en verre, et attrape à côté de lui plusieurs photos.

    Cet enfoiré a déjà fait développer les clichés de mes désastres journaliers.

    Hurricane me les tend en se marrant, je les regarde un à un. Je tire une de ses têtes à chaque fois.

     

    — OK, t’as gagné, je me suis fait avoir comme un con, je finis par avouer, et tu es le roi de la manigance, ça te va ?

     

    H prend un air satisfait. Il a dû se tuer les neurones pour arriver à planifier une pareille journée, de quoi rendre fou n’importe quel homme saint d’esprit. Parce qu’après le club de strip, il y a eu la russe qui a essayé de me vendre son rein contre la réparation de sa caisse. Les toilettes au cellophane, le savon verni, les portes piégées, les beignets à la mayo, le déodorant en spray remplacé par une bombe de peinture, mes chaussettes dans mon casier toutes trouées.

    H ne s’est pas ennuyé.

    Ce dernier me tend l’autre bière, je secoue la tête en prenant un air « ne me prends pas pour un con ».

     

    — Tiens, prend ma bouteille, puisque t’es si méfiant, me nargue-t-il.

     

    — Te connaissant, c’est celle-là que remplie de je ne sais quel merdier.

     

    J’attrape l’autre bouteille décapsulée que je porte à mes lèvres sans hésiter, je rêvais d’une bonne bière pour me détendre de cette journée.

    Sérieusement quel est le con qui a eu l’idée de génie de faire ça.

     

    — Bordel H ! je jure en crachant le liquide ambré.

     

    L’italien part dans un énième fou rire en renversant sa bière. Ce connard a même trafiqué ma bière en y fourrant… je ne sais pas quoi, mais c’est âcre, sucré et salé à la fois. Comment on peut faire ça à une Guiness ?

     

    — Ma sœur a raison, t’es tellement facile à duper pour les choses simples, rit H.

     

    Il sort son portable qu’il braque dans ma direction.

     

    — Une petite photo pour terminer la journée ? se moque-t-il.

     

    Je soupire en lui souriant, jusqu’au bout, il aura usé de tous les vis pour me voir galérer.

     

    — Allez bouge-toi le cul cendrillon, je rétorque, je vais me pieuter.

     

    — Fais attention à ton lit, me prévient H.

     

    Je lui envoie un coup de poing dans l’épaule en me levant, je doute qu’il soit allé jusque-là. Quelques minutes plus tard, je m’effondre sur mon lit sans prêter attention à ce qu’il pourrait contenir. Je n’ai plus suffisamment de patience ni de courage pour réfléchir aux sales coups que j’ai faits aux autres. Je sais qu’une année, j’avais fourré le lit de Rhymes à la crème chantilly avec l’aide de Liam. Le jumeau avait mis un moment avant de s’en rendre compte d’ailleurs. Je ne prends pas la peine de virer mes fringues. Je me laisse aller dans les bras de Morphée en priant pour que ce dernier me laisse aussi en paix.

     

     

    ***

     

    C’est raté.

    Je me réveille en sursaut, prêt à répondre de mes actes et à vérifier qu’Hurricane ne se trouve pas dans mon putain de pieu. Lorsque ma vue devient net, l’obscurité est maitresse dans ma chambre, les draps de mon lit sont en désordre, il fait chaud. Dans la chambre règne une atmosphère étrange, ressemblant à une putain de baise.

    Mon cœur s’emballe, est-ce que j’ai perdu la tête ? Bordel, il ne manquerait plus que ça à rajouter au tableau du meilleur mauvais pote de la terre. Je viens de faire un sale rêve.

    H et moi dans le même pieu, à s’asticoter comme doivent le faire l’irlandais et Klax.

    Une sueur me traverse le corps. Je me frotte le visage, même mon subconscient se ligue contre moi.

     

    — Qu’est-ce qu’il t’arrive ? plaisante une douce voix féminine contre moi.

     

    Je me tourne vers Sasha allongée à mes côtés, mon t-shirt des Bloods Of Silence sur le dos. Ses longues jambes tatouées sont dénudées, tout comme le reste.

    Je reste assis comme un idiot à la regarder. Je suis en caleçon… comment j’ai atterri en caleçon ? Mystère.

     

    — Il a rêvé de moi et de mon corps d’athlète ! hurle Hurricane du salon.

     

    J’envoie un coup de poing dans le mur, ce qui le fait se marrer.

    Il a infiltré mon cerveau ou quoi ?

     

    — Putain d’italien, je souffle en me frottant les yeux.

     

    Sasha se met à rire en laissant vagabonder ses mains sur mon torse pour attirer mon attention.

     

    — Alors qu’est-ce qui t’a tiré de ce sommeil agité ? chuchote-t-elle à mon oreille.

     

    — Rien, je rétorque.

     

    J’ai rêvé qu’on se tripotait avec mon meilleur ami, si ça, ce n’est pas un cauchemar !

     

    — Tu vas te foutre de ma gueule, je finis par lancer en m’allongeant de nouveau.

     

    — Après cette journée ? Impossible mon vieux.

     

    Je vois qu’on la mise au parfum. Bordel, dès demain, ils vont tous trinquer à ma façon.

     

    — J’ai rêvé d’Hurricane… j’avoue dans la pénombre.

     

    — Et ?

     

    Je déglutis, partagé entre le malaise et l’hilarité de la chose. Je suis en train de devenir fou.

     

    — À ton avis ?

     

    Sasha écarquille les yeux avant de prendre un air amusé. J’aime quand elle est comme ça, il n’y a que lorsqu’on est ensemble, sans les autres qu’elle s’autorise cette légèreté si rare.

    Je me surprends à la trouver belle comme ça… si femme et si simple. Sans toutes les responsabilités que nos places nous poussent à avoir.

     

    — Oh comme c’est adorable.

     

    — Sasha… je commence d’une voix menaçante.

     

    La Hell’s part dans un fou rire.

     

    — Et qui faisait frotti-frotta avec l’autre ? se moque-t-elle, c’est l’effet des gogos danseur de cet après-midi qui t’ont retourné l’esprit ?

     

    Sa main glisse le long de mon torse vers mon entrejambe. Cet après-midi, après m’être fait entarter par Sean, je me suis rendu au (NOM CLUB). Toutes les filles avaient été remplacées par des drag-queens. L’espace d’un instant, j’ai cru halluciner, tout le monde agissait normalement. Comme si de rien n’était. On avait changé la déco du club et les affiches. J’ai surpris un numéro de french cancan dirigé par Savage, hilare dans le public.

    Ils sont tous fous.  

     

    — Même ton cerveau te fait des blagues pourries, mon pauvre Creed, ironise la Présidente.

     

    Je la dévisage en souriant, bon sang, cette journée est vraiment pourrie.

     

    — Il me faut du réconfort, je déclare en essayant d’attirer Sasha contre moi.

     

    La Hell’s me résiste en se tortillant.

     

    — Demande à Hurricane ! se moque-t-elle de sa voix cassée.

     

    — Demander quoi à Hurricane ? hurle le principal intéressé de l’autre côté du mur.

     

    — Rien ! je jure en me retournant dans mon lit.

     

    Je laisse tomber en fourrant ma tête sous mes oreillers tout en gémissant pitoyablement. Je suis le roi des cons, le Président qui s’est totalement fait avoir durant toute la journée, trop occupé à chercher ce qui ne se voit pas sans se méfier de ce qui était gros comme le nez au milieu de la figure. Mais je dois avouer, que bon sang, qu’est-ce que j’ai ri de leur connerie une fois seul. Ils se sont surpassés.

    Sasha se blottit contre moi en calmant ses rires, au moins, mes frasques la font se marrer. Qu’est-ce que dit l’irlandais déjà ? Femme qui rit à moitié dans son lit ? Je suis gagnant donc ?

    Je la prends dans mes bras en espérant que l’année prochaine, on élargisse notre cercle de participant aux chattes. Sasha découvrirait mes autres talents cachés… et sans doute, je riais autant qu’elle ce soir.

    Je décide de dormir de nouveau, en espérant que mon subconscient me laisse tranquille. Il ne manquerait plus que je rêve d’une partouze avec les deux Irlandais pour terminer la journée. Mon calvaire est fini, et l’année prochaine, l’élu de la journée va prendre cher. Parce que bordel j’en ai chié, ma patience a été mise à rude épreuve et ce qui m’a tiré de mon sommeil s’était… plus que je ne le reconnaitrais, même si ce n’était pas la réalité.

    Demain, les choses reprennent leur cours, tout le monde va redevenir sérieux et moi… je redeviendrais ce Président mystérieux au regard absent d’où pèse plus d’un maux.

     

     

    FIN

    Amheliie

  • Blood Of Silence, Tome 5 : Nirvana - EPILOGUE

     

     

    Je descends de la moto puis m’étire de tout mon long. Je regarde l’engin que mon mari aligne a coté de celle de ses frères et je me demande si je vais vraiment regretter ces journées à avoir le cul dessus. Je suppose que oui, même si ce n’est pas ce qu’on fait de plus confortable pour voyager ça représente la liberté. Et ce mois en compagnie de Nir est tout à fait ce à quoi la liberté ressemble. Lui, moi, sa moto, les routes devant nous et rien d’autre.

    Nir descend à son tour et je jette un œil au club devant nous, je souris comme une idiote, nous voilà de retour à la maison. Et si j’ai aimé voyager au dos de Nir, j’aime aussi me dire que je suis chez moi.

    Partir c’est génial, quand on sait qu’on va rentrer. On savoure ces moments loin de tout, ces moments de retrouvailles par ce qu’on sait qu’ils vont prendre fin.

    Ils prennent fin ce matin et je ne regrette pas une minute passée sur la route.

    On en avait besoin, lui comme moi pour se retrouver, pour reformer notre nous et quoi de mieux que de revenir ou tout à commencer au Burning Man.

    Dix ans qu’on n’y avait pas mis les pieds et c’était comme dans mes souvenirs, énormes. Avec plus de monde, chaque année le festival prend en ampleur et pourtant il conserve son âme d’antan. La célébration de toutes les cultures et croyances et la liberté. Au Burning Man on peut tout se permettre sans se sentir juger et j’ai toujours apprécié cette liberté totale de mouvement et de pensée. Dormir sous une tente ne m‘était pas arrivé depuis trop longtemps, fumer à en vomir et s’endormir au milieu d’une allée pour ensuite se faire réveiller par une fête et y être invitée sans connaître une seule personne présente, c’est ça le Burning Man et je sais déjà que l’année prochaine j’y retournerai.

    Nir prend les sacs et s’approche de moi. Il regarde le club en baissant ses lunettes rondes qui lui donnent un charme fou.

    Je suis retombée amoureuse de mon mari durant ce mois. J’ai appris à connaître le nouvel homme qu’il est et j’en suis totalement folle. Il m’a captivé par ses histoires, Nir c’est raconté en envoutant son public, durant nos campings improvisés, devant un feu de camp il me racontait, le club, ses frères, leurs aventures souvent drôles et je pouvais l’écouter durant des heures.

     

    — Prête ? me demande Nir.

     

    Je fronce le nez en l’observant, sa peau plus foncée que quand on est parti et je le trouve sacrément beau. J’ignore si j’ai envie de le partager.

     

    — Quoi ? il demande en posant les sacs au sol.

     

    Il m’attire à lui, mes bras viennent directement encercler son cou.

     

    — J’aime bien t’avoir que pour moi.

     

    Il me sourit avant de venir m’embrasser. Ce mois a finalement été court, une fois le Burnng Man terminé on est parti sur la route au gré de nos envies avant de rentrer. Même si Nir était heureux, il était préoccupé je l’ai senti à ses regards qui cherchent un éventuel ennemi et a son téléphone qu’il n’a pas quitté une seconde.

    Il a fini par me parler, par me dire ce qui lui prend la tête au point de ne plus en dormir et j’ai pu l’aider. Je suppose que ça l’a libéré quelque part et il a commencé à se détendre, tout en restant prêt en cas de soucis et de retour inopiné au club.

     

    — Moi aussi, dit-il contre mes lèvres, mais la vie continue.

     

    Ses mains glissent sur mon corps pour me rapprocher de lui avant de pétrir mes fesses.

     

    — Mais certaines choses ne vont pas changer, il reprend, on fera l’amour où et quand on veut

     

    — Au milieu de la cuisine du club ?

     

    Il rit puis mordille mon cou.

     

    — Au milieu de la cuisine du club si t’en as envie.

     

    J’en ai envie, j’ai envie de baptiser chacune des pièces de notre nouvelle vie ici, ou chez lui pour que quand il ne sera pas là j’ai un souvenir à me remémorer.

     

    — T’as intérêt à tenir tes promesses je lance ne me reculant pour qu’on gagne le club.

     

    Nir récupère les sacs et me lance un clin d’œil. On avance jusqu’à l’entrée, en vérité je suis contente de retrouver tout le monde. Pussy m’a manqué, Gina et ses jumeaux, les chattes, les frères et même la grande gueule de Klaxon.

    On entre dans le club, la salle principale est déserte.

     

    — Va vraiment falloir leur faire travailler leur sens de l’accueil, lance Nir en posant les sacs près des tables.

     

    Il est encore tôt, la plupart doivent dormir et je suis bien partante pour qu’on fasse pareil. Je m’approche de Nir pour lui faire comprendre que quelques heures d’intimités en plus me vont très bien, quand des têtes surgissent de derrière le bar. Je sursaute en les entendant crier des bienvenues.

     

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    D’autres personnes arrivent du couloir et il ne manque que les cotillons pour célébrer notre arrivée.

     

    — Leur sens de l’accueil, hein… je murmure à Nirvana.

     

    Tout le monde nous rejoint et les embrassades commencent. Je souris heureuse de les retrouver avec leur joie de vivre contagieuses.

     

    — Alors ces vacances ? me demande Gina.

     

    — Épuisante, je réponds avec un clin d’œil.

     

    L’Italienne me tape l’épaule en riant.

     

    — M’en parle pas, des que je pars avec Liam je reviens plus crevé qu’a mon départ. Mais j’adore cette fatigue.

     

    Moi aussi j’adore cette fatigue celle qui m’alanguit des heures durant et je sais que même si on est rentrée elle ne partira pas.

    Les retrouvailles battent leur plein, il est à peine huit heures du matin est tout le monde est quand même venu nous accueillir. Je suis assez émue, surtout quand Harley traine Pussy sur ses jambes instables de nouvelles marcheuses pour me le rendre. Mon chat doit m’en vouloir de mon absence puisqu’il me fuit rapidement pour retourner jouer avec la fille de Lemon.

    Je discute avec les Hells, elle m’informe du planning pour les prochaines semaines à leur club où je vais faire le service et j’apprends par la même occasion qu’une des filles est partie. Elle aurait trouvé un mari. Ce sont des choses qui arrivent, on appelle ça le syndrome « pretty woman » dans le milieu et généralement ça finit mal, mais j’espère qu’elle sera assez intelligente pour faire quelque chose de sa vie et ne pas compter sur un homme pour l’entretenir.

    Mon mari s’apprête à disparaître avec le reste du club pour une de leur réunion. Il me rejoint un sourire éclatant sur son visage buriné par le soleil.

     

    — Tu vas pouvoir te passer de moi ? il demande.

     

    Je repense au bain qu’on a pris au Burning man, un bain de boue ou il « ma demandé la même chose avant de sortir et de me laisser dépêtrer avec la pente glissante pour m’extirper de la boue. Non, je ne pourrais plus me passer de lui, mais je peux le prêter quelques heures à ses obligations.

     

    — Je survivrai, je lance dans un soupir théâtral.

     

    Mon mari capture mon visage et pose rageusement ses lèvres sur les miennes pour un baiser dévorant qui en semble jamais s’arrêter. Et peut être qu’on aurait continué si des sirènes et des voitures qui entrent dans al cour du club ne nous avaient pas surpris.

    Nir se redresse, je regarde autour du moi, les autres membres semblent aussi inquiet que lui lorsque al porte s’ouvre sur tout un tas de flics, certains, fusil à la main qui prennent littéralement d’assaut le club.

     

    — C’est quoi ce putain de bordel ! grogne Klax.

     

    C’est à peu près ce que tout le monde se dit en voyant débouler toute la cavalerie dans l’enceinte du club.

    J’en reste bouche bée jusqu’à ce qu’une femme qui porte l’uniforme du shérif s’avance au milieu de ce débordement de testostérone. Harley et un des jumeaux pleure dans les bras de leur mère et les insultes pleuvent pour le reste.

     

    — Bonjour, messieurs, lance la shérif d’une voix profonde ou traine un soupçon d’accent anglais, je suis le shérif Walsh.

     

    — Et vous ne pouviez pas frapper pour vous présenter ? demande Liam agacé.

     

    Elle lui tend un sourire puis ses yeux bardés de lunettes observent les lieux.

     

    — Les surprises c’est sympa et tellement rare dans mon boulot.

     

    Elle s’avance, ses hommes planqués derrière elle prêt à tirer en cas de problème. J’ai l’impression d’être dans un vieux western ou le shérif vient faire le gros dur devant les malfrats pour leur montrer qu’il n’a pas peur.

     

    — Qu’est-ce que vous voulez ? demande Creed l’air froid qu’il arbore avec ceux qu’ils n’aiment pas.

     

    — Joli club, dit-elle en replaçant une mèche blonde derrière son oreille tombée de son chignon impeccable.

     

    — Shérif, reprend Hurricane si vous n’avez rien contre nous on va vous demander de partir. One st ne pleine réunion de famille comme vous voyez…

     

    Il montre les enfants du menton.

     

    — Et vous n’êtes pas invités. Mais une autre fois si vous voulez on passera prendre le thé à votre bureau.

     

    La shérif sourit, pas vraiment amusé et croise ses bras sur sa poitrine.

     

    — C’est donc vous le rigolo de la bande ?

     

    J’entends Savage rire et je me tourne vers les autres frères. Creed tente de rester impassible a coté de Sacha, Liam son fils dans les bras est soutenu par sa femme qui à Ireland dans les seins, Sean et Lemon affiche le même regard froid et dur, leur fille en fait pas mieux dans les bras de son père. Rhymes semble perplexe et examine la shérif sous toutes les coutures quant au duo Klax Savage, leurs regards, malgré l’amusement de l’irlandais laisse bien penser qu’ils ne sont pas du tout en train de rire. Nir pour sa part serre me regarde d’un air étrange. Il baisse les yeux sur nos mains jointes et je me rends compte que je sus en train de lui broyer la sienne.

     

    — Non, c’est vous, dit-elle en désignant Savage, un des deux Irlandais.

     

    Elle passe en revue chacun des autres membres, tantôt elle sourit, tantôt elle prend un air dur et je commence à me demander à quoi elle joue quand elle arrive devant Rhymes.

    Le Blood a l’air excédé qu’elle passe de lui à son jumeau en ricanant.

     

    — Messieurs Brown, j’ai beaucoup entendu parler de vous…

     

    — Ne croyez pas ce qu’on raconte, lance Rhymes, on est pire. Maintenant cassez-vous d’ici.

     

    Elle s’approche du Blood et lève les yeux sur les siens en posant son doigt sur son torse. Ma main serre celle de Nir un peu plus fort en craignant que tout ça ne dégénère.

     

    — Vous savez, dit-elle ne souriant, quand on m’a parlé de vous a mon élection, “j’imaginais le gang de gros durs qui compte les flingues et les kilos de soc au réveil. Au lieu de ça j’ai le droit à une jolie petite réunion de famille presque touchante.

     

    — Déçue ? demande Rhymes sans se démonter.

     

    — Presque, mais nous aurons tous le loisir d’en parler devant une tasse de thé et en compagnie de mes amis les fédéraux à mon bureau.

     

    Elle recule, alors que des jurons font surface au sien du club.

     

    — Embarquez moi tout ce qui porte un cuir et une paire de couilles, elle lance à ses hommes en faisant demi-tour vers la sortie.

     

    — Nir, je gémis en voyant ses frères se faire passer les menottes.

     

    — Ce n’est rien Sky, juste une démonstration de force ne t’inquiète pas.

     

    Mon mari se fait passer les menottes à son tour et j’ai de plus en plus l’impression de rêver. On a traversé beaucoup de chose en une vie Nir et moi, on n‘a pas toujours été là, l’un pour l’autre quand on en avait besoin et pourtant au fond de moi je sais que même si le voir se faire arrêter est dure, je ne l’abandonnerai pas. Je viens de comprendre que si j’ai récupéré l’homme de ma vie et une famille je récupère aussi le mauvais côté, les emmerdes, les flics et les trafics. Et pour al première fois de ma vie je n’ai pas peur, je ne vais pas fuir devant l’adversité parce qu’il a besoin de moi, parce que toutes ses femmes qui se regroupent autour de moi qui ont des enfants dans les bras et qui comme moi regarde celui qui partagent leurs vies s’en aller escorter par la police du comté sont ma famille.

    Et je ferais tout pour que cette famille soit heureuse et unie, pour Nir, pour notre vie et pour que le karma nous soit enfin favorable.

     

     MARYRHAGE

     

    À suivre…

  • 33)

     

    Nous y sommes. Après deux semaines d’attente et de huit clos, le rendez-vous avec les bandits du coin va enfin débuter. 

    Nous avons tous suivi les règles de cette rencontre. Nous ne sommes pas venus à plus de quatre par MC ou gang. L’Argentin est venu seul cependant. Le Black avec son bras droit et deux autres hommes, les Santorra ont fait de même. Les Evils, nouvel arrivant sont venus avec le Président des Présidents, le président du chapter du coin, le VP et le Sergent d’arme. De notre côté, je n’aurais pas dû être là, mais puisque Klax a choppé une putain de grippe, le clouant au lit en crevant comme seul un homme peut le faire en étant malade, je suis du voyage avec H, Creed et Rhymes.

    Le Black et l’Argentin ont décidé que cette rencontre se ferait dans un ranch paumé à la frontière entre la Géorgie, la Caroline du Nord et le Tennessee.

    C’est la première fois qu’on assiste à ce genre de sauterie avec autant de membres du banditisme. Les Evils sont assez dérangeaient si on les observe physiquement. Tatoués de partout, percés, démarchent nonchalante, bécanes customisées avec leurs noms et des graffs de démons. On a découvert leur logo, c’est une tête de démon à barbe, ses cornes sont des flammes et une croix catholique est inversée sur le haut des couleurs.

    Ils sont arrivés en retard bien évidemment.

     

    — C’est confirmé, les FED et l’ATF arrivent bientôt. Nous ne pourrons pas les éviter, donc nous allons devoir se la jouer gentleman et passer un accord pour que la paix demeure durant leur séjour sans pour autant mettre en parenthèse nos business, explique le Black au bout d’un moment.

     

    Le Black Prime a effectivement des infiltrés dans la police des villes alentour et chez le Shérif, un vieux bougre qu’on achète facilement.

    J’écoute sans intervenir dans l’échange, je laisse ça aux présidents.

     

    — Mes indics m’ont informé que le bureau du shérif du comté allait être réorganisé pour éviter que l’enquête fédérale qui démarrera à leur arrivée soit entachée par de possibles fuites. Mes gars vont être transférés ailleurs.

     

    Une sensation amère envahit l’ambiance dans ce petit champ devant le ranch. La tombée de la nuit rend la rencontre davantage plus inquiétante. On ne sait pas comment nous allons la terminer. Si nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord, nous venons de tout nous griller et dès demain, une guerre de gang peut éclater. Le sang sera versé et il n’y aura plus que la vengeance qui nous intéressera.

    Autant dire que ce sera la merde la plus royale pour nous. Adrian et les Sons sont prévenus, si jamais cette rencontre n’aboutit pas à un pacte de cesser le feu, ils viendront nous prêter main forte pour nous défendre.

    Et personne chez les Bloods ne veut en arriver là.

    La nouvelle du Black Prime n’est pas rassurante. Plus d’indics, plus d’infos. Nous allons devoir tourner en étant aveugles. Ça ne sera pas pratique si nous n’avons pas un œil sur les

    Le Black finit d’expliquer ce qu’il sait sur le débarquement des FED d’ici quelques semaines. Nous l’avons appris juste avant que les Ritals n’arrivent ici au ranch, et le choc a encore du mal à passer. Cela va être compliqué pour tout le monde. Les business vont devoir être ralentis, nos faits et gestes seront contrôlés. Je me demande comment nous allons faire pour gérer nos livraisons avec des rats au cul.

    Putain de karma.

    Le silence se fait maitre du petit champ où est stationnées nos bécanes et véhicules. Nous nous dévisageons tous comme des chiens enragés prêts à se sauter dessus pour réclamer le sang versé.

    Nous n’avons rien à négocier nous, nous sommes là juste pour assister à la négociation entre les chefs de trafics.

    Ce sont les ritals qui prennent en premier la parole. Leur nain de chef, toujours en costume et dans un anglais où son accent ressort déclare d’un air supérieur :

     

    — Nous passerons par une autre route. Nos convois de drogues qui arrivent de New York dévieront vers l’Alabama pour livrer dans le sud. Mais dès que les flics se tireront, nous reviendrons, et nous leur donnerons une bonne excuse pour revenir à leur tour.

     

    Et il continue avec ces promesses de mort.

    Je jette un œil à H et Creed, ce dernier fume clope sur clope pour ne pas s’énerver. Je le sens tendu. Hurricane aussi même s’il l’exprime moins.

     

    — Vous savez très bien comment ça va se passer, déclare Hurricane, nous ne nous laisserons pas faire, mais nous ne tenterons rien tant que les FED seront là.

     

    — Ce que je crois, c’est qu’on a tous été pris pour des idiots. Nous avons tué votre branche des Santorra, mais nous ne sommes pas vos ennemis, lance à son tour l’Argentin.

     

    Il a retrouvé ses couilles le petit.

     

    — Les fédéraux sont notre principale menace pour le moment, renchérit Creed.

     

    Mon président est coupé par un rire grave provenant des Evils, resté calme jusqu’à maintenant. Le Président des Présidents du MC, un dénommé Abaddon Abe, un homme d’une cinquantaine d’années aux cheveux longs grisonnants et au regard sombre se met à applaudir en regardant son bras droit, le Président Zagan, un grand tatoué, le crâne rasé comme les militaires, percés de partout et aux yeux gris.

     

    — Vous savez quoi ? Vos promesses n’arrangeront pas nos problèmes. Le soucis étant qu’on s’est tous tapés sur la gueule pour le business, on ne pourra pas trouver un compromis pour qu’on puisse tous faire marcher nos affaires. Je propose qu’on règle une partie de nos comptes maintenant, et pour ça, je pense qu’une personne va pouvoir nous éclairer.

     

    — Pardon ? lance le Rital, qu’est-ce que tu racontes espèce de salopard ?

     

    Abe continue de se marrer avec sa grosse voix et quelque chose me dit que les Evils ne doivent pas être si innocents qu’ils tentent de le faire paraitre. Ils ne seraient pas venus s’ils n’avaient rien à se reprocher. À mon avis, il se passe un truc qu’on ne voit pas venir.

    Je sens la tension grandir de plus en plus entre nous.

     

    — Je propose qu’on retire les masques des traites pour expliquer à ces charmants messieurs ce qui se trame depuis plusieurs mois, poursuit le Grand Président des Evils Brothers.

     

    Il fait signe au président Zagan. Le biker regarde deux de ses hommes, le VP Caym et le Road Capitain Andras se déplacent, nous sommes tous sur nos gardes, à la recherche du moindre signe qui monterait qu’ils vont dégainer une autre et commencé à nous tirer dessus. 

    Au lieu de ça, nous les observons calmement se dirigeait vers le Black et l’Argentin.

    Qu’est-ce qu’ils foutent ?

     

    — Qu’est-ce que vous faites ? lance l’Argentin alors que les deux Evils le saisissent par les bras.

     

    Je fronce les sourcils, et l’incompréhension nous gagne tous alors que les deux bikers trainent l’Argentin au centre de nos rassemblements et le mettent à genou.

     

    — C’est quoi ce bordel, lâche le rital, on va m’expliquer ce qu’ils font !

     

    Zagan sort une clope qu’il allume en riant avant de se justifier.

     

    — Bande d’abrutis, on est au courant de tout ce merdier depuis des mois, et si on est venu, c’est parce qu’on se retrouve dans la merde. Mais avant d’essayer d’expliquer le pourquoi on est tous liés, laissons l’Argentin nous raconter une histoire.

     

    L’Argentin tente de se débattre, et de se relever, mais la Road Capitaine sort de derrière son dos son Beretta qu’il pointe sur la tête de notre boss.

    Tout le monde se raidit, on sent l’atmosphère devenir électrique, ma main vient se loger sur la crosse de mon arme, je suis prêt à tirer si jamais ça dégénère.

     

    — Woh, on se calme ! déclare Creed.

     

    — Qu’est-ce qu’il raconte, lance le Black d’un ton sec.

     

    Zagan applaudit en tirant sur sa cigarette.

     

    — Ne te pisses pas dessus l’Argentin, va y on t’écoute.

     

    L’Argentin nous dévisage tous en secouant la tête.

     

    — Je ne sais pas de quoi ils parlent, tente-il.

     

    Mais je ne sais pas pourquoi, je sens qu’il ment, tout comme Creed qui tire sur sa clope en le dévisageant d’un air méfiant.

    Ça sent mauvais.

     

    — Vous pensez que les armes viennent d’où ? poursuit Abe. Ce petit con n’est qu’un intermédiaire comme un autre en plus d’être une putain de taupe.

     

    Oh bordel. Le fournisseur de l’Argentin est en fait le MC des Evils ?

    Je dois avouer qu’on a jamais cherché à savoir de quelle branche provenaient les armes, nous ne sommes que des livreurs, nous ne stockons pas ni ne vendons. On ne cherchait pas à avoir les détails de nos histoires.

    Avec calme, Zagan se met à expliquer la raison de ce cirque.

     

    — On a usé d’une ruse pour semer le bordel. Nous sommes des bikers, pas des idiots, nous n’allions pas nous mettre à dos les Ritals, même si notre chapter du nord a essayé de faire les cons. Nous comptions sur les autres rivaux pour s’occuper du boulot. C’est l’Argentin nous a informés d’un tas de choses.

     

    — Comme ? lance amèrement le Black Prime pour essayer d’avoir une preuve.

     

    Rhymes me jette un regard inquiet alors que Creed et Hurricane sont tendus comme des piquets. En vérité, on est davantage impliqué qu’on ne le pensait.

    Putain de merde !

    Voyant que les choses s’apprêtent à lui échapper, l’Argentin commence à paniquer.

     

    — Je n’ai jamais cherché à trahir qui que ce soit ! lance-il.

     

    — Voyons, commente Zagan, c’est bien toi qui nous as dit que les Blacks voulaient se débarrasser des Ritals.

     

    Un vent froid, celui de la trahison s’abat sur nous. Je regarde Vyper. Son expression devient raide lorsqu’il comprend qu’on l’a dupé.

     

    — Ils ont buté le Black, se défend l’Argentin vers le Black, ce sont eux qui ont orchestré le massacre de la famille et du boss, Vyper, ils ont voulu nous tuer !

     

    Le Black Prime foudroie du regard son allié ainsi que les Evils qui se contentent de sourire. Ça va partir en couille, je le sens.

     

    — Vous…

     

    — Ouais, c’était eux, pas les ritals, affirme l’Argentin.

     

    C’est là que l’Argentin se met à nous avouer ce qu’il s’est passé. C’est un jeu de pions, où chacun a joué ses cartes pour tenter de gagner la bataille et l’État de Géorgie, point de passant menant vers le Sud. Pour remporter le gros lot, ils ont essayé de tous s’entretuer. Sauf que les plus malins ont été les Evils avant que le jeu ne se referme sur eux. Tout part d’eux.

    L’Argentin nous explique que les Evils ont voulu éliminer les deux concurrents installés en Géorgie, pour ça, étant infiltrés dans le réseau du Black depuis des années pour surveiller le petit gang, les Evils avaient une main sur ce qui se passait en interne.

    Mais lorsque les Ritals ont voulu partir également dans le sud, venant mettre en péril leur trafic d’armes en partenariat avec l’Argentin, les Evils ont décidé d’agir en déclarant une guerre de gang.

    Ils ont pris la décision de rayer de la carte leurs deux concurrents, à savoir : les Blacks, et les Santorra. En apprenant par le biais de l’Argentin que le Black First commençait à être emmerdé par les Santorra, les Evils ont décidé d’utiliser cette rivalité et de la mettre à profit. Les bikers ont alors orchestré la mort du chef des Blacks pour que son successeur le venge. N’ayant jamais eu affaire avec les Evils, les Blacks se vengeraient forcément sur les Ritals, seuls adversaires connus.

     

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    Mais là où le plan se corse, c’est que l’Argentin était également de mèche avec le gang du Black. Il a confié à Vyper après la mort de son chef l’idée des Evils. Le Black nous a alors engagés pour descendre les Santorra, et pour plus tard, nous obliger à descendre également le Chapter des Evils du Tennessee. Personne n’apprendrait que ça venait de la petite organisation étant donné que le Black nous enverrez nous et pas des mecs à lui. Lorsque les Santorra survivants voudraient se venger, ils iraient buter les Evils Brothers, principale adversaire des Italiens dans le nord du pays en apprenant qu’il s’agissait d’un groupe de blancs bikers et pas de noirs.

    La seconde erreur des Evils a été de faire confiance à l’Argentin qui a joué sur deux tableaux.  

     

    Les Santorra pensaient que c’était Evil Brothers qui avait tenté de les buter. Sauf qu’ils ignoraient que ce sont les Bloods donc le Black. Les Evils se sont alors retrouvés avec les Ritals au cul sans comprendre le pourquoi.

    Désormais, chacun se retrouve avec deux organisations qui veulent se descendre mutuellement. Les ritals veulent buter les Evils, et les Blacks, dont nous. Le Black veut buter les Ritals et les Evils, et les Evils veulent descendre les Blacks et les Ritals.

     

    — Vous n’êtes que des idiots ! conclut l’Argentin.

     

    Le VP des Evils lui envoie une baffe pour qu’il se taise, et vu ce qu’on vient d’apprendre, mieux vaut pour lui qu’il la ferme.

     

    — Nous avons un problème, se contente de dire Abe, visiblement vexé de s’être fait duper aussi.

     

    Je dois avouer sue je n’aurais pas cru l’Argentin aussi pervers et intelligent, je le pensais idiot, pas derrière une haute trahison, et le cul entre deux gangs.

    Le salopard !

     

    — Oui, confirme le Rital, nous avons un sérieux problème.

     

    Je regarde mes présidents, Creed termine sa clope. Il jette le mégot au sol, l’écrase du pied, et la seconde d’après, sans même hésiter, il dégaine son flingue et le pointe en direction de la tête de l’Argentin, le traitre.

     

    — À terre, exige Creed.

     

    — Vyper ! hurle l’Argentin à l’intention de son ami.

     

    Mais l’autre ne prend pas sa défense. Personne n’essaie de le retenir ni moi ni Rhymes et encore moins Hurricane, comme si chacun de nous savait que c’était ce qu’il fallait faire pour montrer qui nous sommes : un mc un vrai, un de ceux qui ne faut pas emmerder. Buter un traitre devant les yeux des autres chefs d’organisation, nous assure une certaine crédibilité.

    Mais bordel.

     

    — On n’aime pas les balances, déclare d’un ton froid et détaché le président à la cicatrice.

     

    Creed retire le cran de sécurité et sans l’ombre d’une hésitation, il appuie sur la détente et tire une balle dans le crâne de notre ancien boss.

    L’Argentin tombe raide mort sur le sol dans un bruit sourd, très vite accompagné par des applaudissements.

    Mon cœur s’emballe, et je vois qui réagit ainsi. Abe applaudit.

     

    — Bordel, ils sont chauds comme la braise ces gamins, je n’aurais pas cru que le MC des Blood Of Silence était si sanglant.

     

    Creed revient vers H sans un mot, sans même afficher une quelque conque expression. Il est froid, glacial comme à son habitude, dénué de colère. À croire que le Président vient de l’extérioriser en butant le traitre.

    Merde, comment on en est arrivé à devenir comme les pires de nos milieux ? À sortir notre arme, la brandir et tirer sans hésiter.

    Putain de karma, il nous fout dans une sacrée merde.

    Tout le monde dévisage le cadavre de l’Argentin. Je commence à croire que le sang excite les Ritals, ils semblent… satisfaits.

     

    — Je suppose que nous allons nous arranger pour trouver une solution provisoire pour nos business si on ne veut pas tous finir comme ça avant le départ des FED, déclare l’Italien.

     

    Le Black serre les poings.

     

    — Oui.

     

    S’en suit de longues minutes où les trois chefs de gangs discutent des itinéraires pour les livraisons de drogues et d’armes dans le sud. Les Ritals semblent trouver une solution provisoire, le Black garde la route principale pour la drogue.

    Tout le monde sait que ça ne va pas durer. Faire de grand détour pour arriver à Miami c’est de la folie, ça coute chez les intermédiaires. Lorsque les FED dégageront, on voudra tous s’approprier la route tranquille de Géorgie.

    Le seul hic, c’est les armes des Evils, leur drogue, ils feront autrement sans nous expliquer, mais les armes, nous étions leurs livreurs sans le savoir.

     

    — Pour que le business roule, lâche Abe, il faut la paix. Vous venez de buter notre plaque tournante vers le Sud, cela veut dire que nous allons devoir faire affaire messieurs.

     

    Putain.

    Je jure silencieusement alors que l’évidence se dessine : on va devoir bosser avec eux.

    Le Président du Chapter du Tennessee s’approche d’H et Creed, il tend sa main, un sourire sur le visage pour conclure cet accord de paix. Je remarque que les deux Bloods hésitent un instant avant que Creed ne lui rende sa poigne. Zagan l’attrape, H se raidit, mais le président des Evils parle suffisamment fort pour que j’entende également.

     

    — N’oubliez pas, les ennemis de mes ennemis sont mes amis, chuchote-t-il, la paix ne durera pas éternellement.

     

    Il le relâche et salue également H. S’en suit d’autres serrements de mains sur l’honneur pour assurer la paix durant ces prochains mois où le danger de la réalité de nos actes va roder.

    On salue à contrecœur les Ritals, puis le Black, on va devoir parler également, maintenant qu’on sait qu’il nous a envoyés au casse-pipe. Je doute que notre collaboration demeure. Nos business risquent de changer pour de bons.

     

    — Réfléchissez les Bloods, réfléchissez si nous voulons trouver une échappatoire à tout ça, conclut Zagan.

     

    — On reste en contact, messieurs, déclare Abe à son tour.

     

    Je reste figé face à ce retournement de situation.

    Nous venons d’obtenir un accord pour une paix de courte durée, où chacun va pouvoir préparer ses business avant l’arrivée des flics, mais également, préparer la vengeance. Une tonne de comptes devront se régler d’ici quelques mois.

    Les Evils Brothers seront sans doute notre sortie de secours des crochets du Black, mais également notre perte. La guerre n’aura peut-être pas lieu qu’avec les Ritals, sans doute, nous allons devoir combattre deux ennemis, dont un qui a la possibilité devenir un allié un temps pour descendre les Santorra, mais ensuite ? Que ce se passera-t-il ?

    Nir la vengeance est un plat qui se mange froid, et le nôtre, sera glacial.

    Je soupire en passant une main dans mes cheveux, le seul point positif dans ma vie en ce moment, c’est le retour de Sky. Si ça n’a pas été simple, depuis trois semaines et la mort de Josh, on essaie de se reconstruire ensemble doucement. Et c’est génial de se retrouver, de s’aimer de nouveau, d’être tout simplement ensemble, unis comme un mari et une femme le sont. Une voix dans ma tête ne cesse de me répéter que c’est ce qu’il me faudra, une conscience et une part de bonté extérieure pour survivre à ses temps, qui s’annoncent plus que violents et sanglants. Je crois que cette fois-ci, nous sommes définitivement dans une merde royale.

    Putain de karma.

     

     

    AMHELIIE