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Vampires et Rock Stars & Co - Page 5

  • Fucking Love #2 - For You - Chapitre 18

    Chapitre 18

    Dereck

     

     

    Enfin seuls.

    Je profite d’un moment inespéré pour rejoindre Jax dans la salle de bain. Vivre sous le même toit que mes parents et le restant de ma famille n’aident pas vraiment pour se retrouver en tête à tête.

    Je saisis celui-ci. Sage est dans la cuisine en compagnie de ma mère et de ma sœur pour commencer à préparer le repas de ce soir. Mon père est parti chercher Vinz et Isobel à l’aéroport, il n’y a personne à l’étage quand je verrouille la porte. Le son me fait vriller le cœur d’impatience.

    Jax est dans la baignoire, sous le jet brûlant qui fait également douche. De la buée se propage dans la pièce, elle tache les miroirs et la petite vitre devant Jax.

    Je pianote sur mon téléphone avant de le poser contre le mur face à lui.

    J’ai envie de ça toutes les nuits depuis notre arrivée, surtout quand Jax se colle contre moi durant son sommeil, que je sens son érection matinale frotter mes fesses et la chaleur de son corps blotti contre le mien. C’est de la torture. J’ai réussi à la coincé il y a deux jours dans les toilettes pour faire retomber la pression. En quelques minutes, j’ai joui dans sa main et lui dans la mienne. Entre la situation, entre l’abstinence qui finalement ne nous ressemble pas, ça devient compliqué de ne pas sentir un homme contre moi, m’écrasant sur un matelas ou n’importe quelle surface plane pour me prendre. Je compte bien l’obtenir ce jour de réveillon de Noël.

    Je me déshabille en vitesse, Jax n’a pas l’air d’avoir compris mon intrusion. Il est dos à moi, ses mains nettoient ses cheveux bruns, l’eau savonneuse glisse le long de sa colonne vertébrale jusqu’à ses fesses musclées. Mon érection pulse dans mon caleçon que je dégage en dernier. Je n’hésite à faire les derniers pas qui nous séparent pour le retrouver. J’enjambe le rebord de la baignoire et mes mains se posent sur sa taille.

    Jax frisonne avant de sourire et de se laisser aller contre mon torse. Mon cœur fait des putains de bons de savoir que cet homme est à moi. Et il se serre en sachant que j’ai pris une décision des plus difficiles qui le blesse. Mais Jax est tellement exceptionnel qu’il sait être de raison même quand le cœur n’y ait pas.

     

    — T’as fermé la porte ? me demande mon partenaire.

     

    — Je l’ai même verrouillé.

     

    Je laisse trainer ma langue sur son cou. J’embrasse sa mâchoire piquante d’une barbe qu’il n’a pas encore rasée. L’eau chaude commence à me mouiller, mes mains gravitent sur lui, les siennes restent sages pour un court laps de temps.

     

    — Ça me rappelle un bon moment, m’avoue Jax.

     

    Je souris contre son cou que je mordille. Oui moi aussi, même si ça a frôlé la catastrophe sur la fin, c’était intense. C’était inespéré et tellement jouissif de l’avoir ainsi. Il n’y a rien de mieux qu’un Jax perdant le contrôle.

     

    — Moi aussi.

     

    Je lèche sa nuque trempée, il frissonne. Un juron lui échappe quand il sent mon sexe bandé contre ses fesses. L’atmosphère dans la pièce devient plus tendue. Une tension nerveuse nous gagne, celle révélant l’excitation et la passion vive.

     

    — J’ai envie de toi, déclare Jax d’une voix rauque.

     

    J’aime qu’il s’exprime aussi clairement. Il ne réfléchit plus depuis quelque temps à tout ça et c’est là que je vois que Jax a évolué. Mon amant désire et ne refoule plus ses envies. Il a accepté de vouloir un homme et n’hésite pas à l’exprimer.

    Mes mains caressent son torse, je frôle ses tétons et dérive plus au sud.

     

    — J’ai une question à te poser avant.

     

    Mon souffle s’emballe, mon rythme cardiaque aussi. A ma demande, l’ambiance s’enflamme.

     

    — Fais vite.

     

    Jax termine de se rincer les cheveux pour être opérationnel. Je souris en le voyant faire, tout comme j’apprécie de voir déjà naitre une superbe érection entre ses cuisses musclées.

     

    — J’ai allumé mon téléphone sur VIDÉOS et ça tourne. Si t’es partant, nous pouvons réaliser notre premier LIVE pour FUCKING BOYS. Si tu ne l’es pas, je garderai le film pour moi.

     

    Jax se fige, son regard se tourne vers moi, je ne le quitte pas des yeux alors qu’il réfléchit à ma proposition. Du sexe, oui, toujours, entre nous, mais est-ce qu’en dehors des caméras mon partenaire voudrait être filmé dans son intimité ?

     

    — OK, me répond-il. Baisons et voyons.

     

    Je ris face à son commentaire que je sais rempli d’humour. Il termine de se rincer en sachant très bien que nous retournerons nous laver après notre étreinte.

    Peut-être que je pousserai le vice à demander à ma sœur de veiller sur Sage lors d’une de nos dernières nuits à Sydney pour kidnapper son père et le faire transpirer dans les draps durant des heures avant de tomber de fatigue.

     

    — On a combien de temps ? m’interroge mon amant.

     

    — Un quart d’heure sans doute.

     

    Jax se retourne d’un seul coup, il m’attire contre lui et me plaque contre le carrelage mural. Mon dos encaisse l’impact avec plaisir. Je croise le regard lumineux de mon amant. Jax ne cache pas l’envie qui le ronge. C’est si bon d’être ensemble de cette façon-là. Toujours fort et apaisant.

    Et tellement jouissif.

     

    — Alors, ne perdons pas de temps, conclut l’acteur en écrasant sa bouche contre la mienne.

     

    Je savoure l’impact de ses lèvres sur moi. Je les embrasse avec fougue et envie. Je sais que chez mes parents, je n’ai pas de malaise à avoir. Même si c’est la première fois qu’ils me voient avec quelqu’un, je n’hésite pas à embrasser Jax si j’en ai envie. Lui se fait plus discret, il n’est pas habitué à ça, à ce que des inconnus le regardent apporter de l’affection à un autre homme. Cette légère pudeur me plait et m’excite à la fois. Surtout quand on sait de quoi l’acteur est capable en privé. Sage rit toujours en nous voyant faire. Elle trouve ça mignon les bisous.

    Moi, j’adore ça. C’est le premier contact que j’ai eu avec Jax et le plus simple auquel j’ai droit en dehors du sexe. Je ne pourrais pas m’en passer. Il se dégage tellement d’intimité dans un seul baiser.

    Ma langue joue avec la sienne. Des frissons me gagnent. Je remue contre lui à la recherche de plus de friction. Le sexe de Jax glisse contre le mien dans un mouvement lent et excitant. La douche prend quelques degrés encore. Mes mains pressent ses hanches, je crève d’envie qu’il me soulève légèrement pour que je puisse le coincer entre mes jambes et laisser faire la gravité faire son job, mais mon compagnon en a décidé autrement.

    Jax s’écarte et s’agenouille face à moi. L’eau de la douche continue de nous tremper. Je n’ai pas le temps de me préparer à l’assaut qu’il s’exécute. Sa main se referme sur ma verge et ses lèvres emprisonnent mon gland sensible.

    Mon poing finit dans ses cheveux que je tire en essayant de retrouver du souffle. Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que j’observe Jax me prendre dans sa bouche chaude. Sa langue tournoie autour de ma queue, l’acteur exerce un succion approfondi qui me fait jurer. Il m’accueille profondément, j’ignore ce qui est le plus excitant. Voir Jax à genoux pour moi, ou le voir me sucer avec envie. Parce que l’acteur ne joue pas, il s’active avec la même envie que d’ordinaire lorsque nous sommes en tête à tête. Je ne vois pas l’ombre d’une hésitation dans son regard. Il aime ce qu’il fait, il aime être avec moi, il m’aime et bordel, ce mec me rend tellement fou. C’en est jamais assez d’êtres à ses côtés.

    Je respire plus vite alors que la bouche de Jax augmente son rythme, entre coup de langue et aspiration, des spasmes de plaisir inondent mon ventre, tendent ma queue, la rendant encore plus sensible.

    Je manque de défaillir lorsque Jax se met à fredonner autour de moi, des vibrations rajoutent au plaisir du moment. Mais c’est surtout lorsque sa langue s’emploie à torturer le bout de mon sexe que je manque de jouir. Voir Jax me regarder, son poing refermé sur ma verge, sa langue lapant mon gland, léchant la petite goutte salée et taquinant la veine gonflée.

     

    — Bordel, tu suces comme un putain de Dieu, Jax, je souffle en bougeant des hanches.

     

    Sa main accompagne mes mouvements, il me laisse m’enfoncer dans sa bouche quelques coups de reins. Les doigts libres de Jax s’immiscent entre mes jambes pour venir effleurer mes bourses. Je halète, le rythme cardiaque affolé. La pression de ses doigts me malaxant ne manque pas de me faire réagir. Je glisse plus rapidement entre ses lèvres ouvertes. Je suis fasciné par sa façon de faire, j’ai toujours aimé ça, regarder un homme me prendre en lui. C’est une vision des plus excitantes surtout quand le mec en question est le sien.

    Quand l’acteur glisse vers mon cul, je cède. La légère pression de son majeur contre mon orifice met mon self-control à mal. Après presque une semaine sans sexe, je ne veux pas joueur : je veux tricher et passer de la case départ à l’arrivé en sautant tous les points de contrôle.

     

    — Jax, je déclare en m’écartant à contrecœur.

     

    J’aide mon amant à se relever. On manque de déraper quand il se redresse, et je sens venir le fait divers : « deux hommes pimentent leur douche et se retrouve le crâne explosé contre le sol ». Ce serait moyen comme Noël.

    Je ne réfléchis pas, j’attrape la main de Jax pour le guider hors de la baignoire. Mon amant prend soin de couper l’eau. Je jure, il va falloir être discret.

     

    — Des idées ? me taquine Jax alors qu’il m’observe scruter la pièce.

     

    Toujours.

    Je lui offre un clin en allant ajuster le téléphone dans le bon angle. Je reviens vers lui, ma peau est aussi trempée que la sienne, Jax sent le gel douche, bordel, si j’avais le temps, je laisserais courir ma peau sur toutes les zones, jusqu’aux meilleures pour le faire frémir.

    Malheureusement, j’ai bien peur qu’il ne nous reste que très peu de temps avant que notre absence ne soit remarquée.

    Et j’ai besoin de ça, de lui.

     

    — Assis toi contre la baignoire, j’ordonne d’une voix rauque.

     

    — Tu veux la jouer cow-boy australien ? me questionne Jax en haussant un sourcil.

     

    Je souris de plus belle.

     

    — Exactement.

     

    Jax se laisse tomber sur les fesses, sur le tapis de bains à moitié trempé. Son dos s’appuie contre le carrelage bleu. Il me fait signe de venir vers lui d’un geste de la main. Je ne perds pas de temps.

    Je le chevauche, mes jambes de chaque côté de ses cuisses mouillées. Le contraste de nos peaux va se faire ressentir. Ça va claquer quand nous nous mettrons à bouger. Je passe un bras autour de ses épaules pour me maintenir, puis je commence à bouger des hanches, allant et venant sur lui. J’intime un mouvement sexy qui stimule nos deux sexes l’un contre l’autre. Nos visages sont proches, à un geste de capture les lèvres de Jax. Au lieu de ça, je profite de l’expression qui se dessine sur ses traits. Ce mec est trop beau pour être à moi.

     

    — On n’a rien sous la main, Dereck, remarque Jax en pressant les siennes sur ma taille en mouvement.

     

    — Comme si ça allait m’arrêter.

     

    Il sait que j’adore ça en plus. Le sexe brutal, où la douleur persiste plus qu’un instant. C’est tellement bon d’être marqué de l’intérieur, de tout ressentir. Jax s’impose en moi et je me souviens de lui quelques heures après son passage. C’est l’une des choses que je préfère.

    Je crache dans ma main, mon poing se referme sur son sexe que je lubrifie. Jax tressaille à mon contact, un juron lui échappe, son souffle augmente.

     

    — Dereck…

     

    Mon pouce frotte son gland, je prends un certain plaisir à le rendre nerveux. Le pousser à bout le rend instable et tellement plus passionné. Nos étreintes n’en sont que meilleures.

    L’atmosphère dans la salle de bain ne fait qu’augmenter. On respire le sexe et l’envie.

    Ses doigts se présentent à ma bouche, je les laisse entrer. Je les suce sans quitter le regard de mon amant qui devient fou. Je laisse trainer ma salive dessus, glisse ma langue. Ses doigts entament un mouvement de va-et-vient entre mes lèvres. Bordel, c’est tellement excitant. La sensation est semblable à celle de sa queue allante et venante en moi. J’ai envie de ça.

    Jax semble le comprendre, j’accélère ma prise autour de lui, l’acteur jure. Ses doigts humides trouvent mon cul, dès qu’ils s’enfoncent en moi, je retiens mon souffle. Je contacte mes muscles autour de lui pour faire sentir à Jax combien j’en ai besoin, maintenant. Je me fous de la douleur, elle m’excite. Je ne veux pas faire les choses lentement, je veux qu’on se perde dans le feu de la passion. Que le sexe devienne un peu brutal. On aime ça, cette fougue qui nous perd.

     

    — Jax, je te veux toi, je murmure en posant mon front contre le sien, viens.

     

    Ses doigts continuent de jouer avec mon cul. Glissant plutôt facilement, m’attirant des frissons. On dirait qu’il tente d’atteindre son but habituel, mais dans notre position, c’est plutôt compliqué.

     

    — Ne t’en fais pas pour ma prostate, je le taquine, ta queue se chargera de la trouver.

     

    Je m’embrasse avec fougue pour faire le faire taire. Je frissonne néanmoins sous les mouvements de sa main. C’est tellement bon, mais rien n’est meilleur que ce qui va suivre.

    Je me hisse sur lui, ses doigts écartent à présent mes fesses, je me positionne pour que son gland presse mon entrée. Un spasme de plaisir me contacte le ventre sous l’excitation. J’en crève d’envie. Qu’importe la douleur, qu’importe la rapidité, qu’importe le comment, tant que c’est avec Jax, je ne me soucis plus du reste.

    On retient nos souffles un instant avant que tout bascule. Je laisse faire la gravité, je m’empale sur lui, laissant son sexe entrer en moi. Je me raidis sous la brûlure intense, Jax se contracte sous moi. Il tente de m’écarter, mais je reste contre lui et l’embrasse pour le distraire. Je laisse mon corps s’adapter. Une multitude de sensations me gagnent, Jax tremble contre moi. Je palpite autour de lui, et j’imagine très bien ce qu’il ressent : cette sensation d’être totalement possédé et prisonnier.

    Bordel, je dois être totalement à fleur de peau pour bander à ce point alors que la douleur familière est plus forte que d’ordinaire.

     

    — Touche-moi, je demande d’une voix presque suppliante alors que je commencer à bouger sur lui.

     

    Je monte et descends sur son sexe tendu avec rapidité. Mon cul claque contre ses cuisses, je l’enfonce profondément en moi, j’en apprécie chaque sensation, chaque pression et chaque caresse. Je frissonne quand je change d’angle pour que son gland vienne toucher ma prostate.

    La main de Jax se referme sur ma queue, on commence à bouger en rythme. Nos gestes sont coordonnés, brusques et rapides. Le but étant de basculer le plus vite possible. J’ai rarement partagé un tel moment avec lui. La passion nous fait arborer un masque des plus sexy, Jax est perdu dans la montagne de sensations qu’il ressent, je suis rapidement au bord du gouffre. L’empalement de son sexe en moi, sa main me malmenant, les spasmes de plaisir qui irradient dans mon corps à leur contact.

    Un dernier contact, une dernière pression, un dernier mouvement de reins, et nous basculons avec violence, l’un contre l’autre, sur le sol de ma salle de bain. Je jouis dans la main de mon amant qui s’enfonce une dernière fois en moi avant de céder à son tour. Je sens la chaleur me noyer de l’intérieur. Mon orgasme prolonge le sien. Je palpite autour de lui, le souffle court, nos deux fronts posés l’un contre l’autre. Je nous maintiens blottis ainsi. Le cœur au bord de l’explosion, et un sourire de génie sur le visage.

    Jax met quelques instants à revenir sur terre, il me lâche en m’entendant gémir. Sa bouche embrasse le coin de la mienne avant de déclarer :

     

    — Sans doute notre baise la plus rapide.

     

    — Vite fait, bien fait.

     

    Je l’embrasse à nouveau en savourant cette ambiance apaisante qui nous entoure après le sexe. J’avais besoin de ça pour affronter la journée, et surtout mon frère. Ce dernier va sans doute sceller mon avenir proche. Et si le réveillon de Noël commence bien, j’ai peur qu’il se transforme en fête dédiée au père Fouettard.

     

    ***

     

    Mon frère me tend une cigarette que j’accepte volontiers. On s’est éloigné un peu avant le début du repas. J’ai enfin rencontré mon petit neveu, Aaron, il est magnifique. Il parle très bien et m’a reconnu. Je vois qu’Isobel n’a pas manqué de lui parler de moi, de montrer mes photos, et ça m’a ému. Ce petit bonhomme est magnifique. Sage était sous le charme aussi. Elle n’a pas cessé de nous demander si elle aurait cette chance, avec son père ou avec sa mère d’avoir un petit frère. Jax n’a rien dit, j’ai ri de la voir aussi au courant du sujet. Brooks ne s’est visiblement pas gêné de lui expliquer comment lui et Lake auraient un jour des gamins. Ils ont bien fait. Parler d’avenir me semble éphémère pour l’instant, mon présent actuel est tellement instable que mes désirs sur le court terme pourraient être compromis.

    J’allume la clope en tirant dessus. On partage aussi une bière et ça me rappelle ces soirs d’été ou nous habitions tous ici encore. On écoutait un match à la radio en profitant de la vie du quartier. Ce soir c’est plus calme, mais je ne le suis pas. J’ai besoin de savoir ce que mon frère a à me dire. Il est arrivé il y a quelques heures, nous avons tous fait en sorte de ne pas mentionner l’affaire pour profiter de retrouvailles bien méritées, mais désormais il est temps, sinon, je vais finir fou.

     

    — J’attendais le bon moment pour te parler de tout ça, mais tu m’as l’air bien à cran.

     

    — Laisse-moi passer un réveillon de Noël l’esprit en paix. Je me fais des films, je lance à mon frère en lui tendant la clope.

     

    Il zieute derrière lui pour vérifier qu’Isobel ne le voit pas faire. Il tire deux trois lattes avant de me la redonner. Un silence étrange s’installe entre nous. Vinz boit plusieurs gorgées de bière avant de soupirer. Il ne croise pas un instant mon regard.

    Qu’est-ce qu’il se passe ?

    Depuis l’accident de Sage, Vinz m’a dit qu’il avait mis les bouchés doubles et que les choses allaient changer à la nouvelle année. Je me demande ce qui pourrait être pire : si mon frère a trouvé de quoi m’inculper dans son enquête en dénichant une véritable snuff, ou bien… si je suis totalement écarté de l’affaire pour X ou Y raisons.

    La vérité ne tarde pas à être révélée.

     

    — Je n’ai plus besoin de toi, Dereck, murmure-t-il doucement.

     

    — Quoi ?!

     

    Bordel, mon sang ne fait qu’un tour face à cette annonce. J’ai l’impression de me prendre une baffe en pleine gueule. L’organe dans ma poitrine se serre, mon rythme cardiaque s’accélère et je n’ai qu’un mot en tête : pourquoi ?

     

    — Vinz, tu déconnes !

     

    Mon frère passe une main nerveuse dans ses cheveux.

     

    — Il y a plusieurs raisons Dereck. D’abord, on nous a affecté un nouveau procureur, une femme géniale qui a repris le dossier depuis le début. Elle a trouvé nos propres failles… et ton témoignage a été jugé trop bancal. Nous le savions. Et puis… j’ai eu un retournement de situation qui m’a confirmé ce que j’espérais : j’ai pris la décision de t’écarter de cette affaire. Je pense que tu mérites de tourner la page, je pense que tu en as assez fait, et grâce à toi, j’ai réussi à trouver plus que ce que j’imaginais.

     

    Je tire sur ma clope en essayant de calmer la colère qui nait en moi. Je me sens… comme une merde qu’on jette quand on trouve mieux. J’entends les propos de mon frère, mais j’ai du mal.

    Je savais que je pouvais être considéré comme étant un témoin instable à cause de mon passé de drogué, mais après autant de temps pour combattre mon addiction, j’aurai pu aider…

    Cette affaire m’a tellement maintenu à flot, elle m’a donné envie de me battre, de surmonter le plus dur. J’avais un but, et Vinz me le retire.

     

    — Je ne comprends pas.

     

    Je tente de rester calme, mais j’ai du mal.

     

    — J’ai réussi à trouver la preuve qu’il me manquait.

     

    Nos regards se croisent dans cette animosité. On se tourne pour faire face à nos proches qui s’emploient à terminer les derniers préparatifs. Je tire sur ma clope en voyant l’avenir devant nous, bien loin du passé qui nous a rapprochés avec Vinz. Mon frère me fait la révélation de l’année, celle auquel je ne suis totalement pas prêt.

     

    — Matthews Riggs, Demon. Il est venu à New York avant mon départ, il avait en sa possession sa propre snuff movie.

     

    Mon cœur rate un battement. Deuxième choc. Je me tourne vers Vinz qui boit à sa bière en acquiesçant. Il me confirme que c’est bien vrai. Mais comment est-ce possible ? Comment Demon a fait ?

    Je réfléchis pendant que mon frère tente d’apporter quelques réponses à mes questions, je vois certaines parties du puzzle s’emboiter dans mon esprit, expliquant enfin le comportement de Demon. Il s’éloignait de FUCKING BOYS pour replonger dans le passé. Il a dû se produire un déclic à un moment donné pour que l’Hardeur se lance dans cette quête, j’ignore quoi cependant, mais Demon n’agit pas sans rien.

    Je n’ose même pas imaginer ce qu’il a dû faire ou qui rencontrer pour atteindre son but.

    Merde, j’en ai de l’arythmie.

     

    — Il l’a retrouvé. J’ignore comment il a fait, mais Demon me l’a apporté, il m’a garanti que c’était la seule copie, et qu’il était prêt à témoigner pour faire plonger Battle. Peut-être pour une partie de ses crimes, mais suffisamment pour le condamner à perpétuité étant donné les accusations. Quand on a visionné la cassette, bordel… personne ne peut simuler ce qu’il a vécu, Dereck, c’était une boucherie.

     

    Je ferme les yeux en refoulant la culpabilité. Je me souviens encore de son visage défoncé ce jour-là, quand il m’a annoncé qu’il partait. Il semblait mal, mais avec la drogue, je n’ai pas dû voir à quel point il était détruit physiquement et mentalement.

    J’observe mon frère, il a l’air tellement mal. Il termine sa bière d’un trait en poursuivant notre échange tendu.

     

    — La procureure a authentifié son témoignage avec la casette. Voilà pourquoi Demon ne sautera pas et sera un des principaux acteurs de la condamnation de Battle. J’ignore comment il faut pour rester aussi stable.

     

    Ce n’est qu’apparence, j’ai envie de lui dire. Demon ressemble à une bombe prête à exploser.

    Qu’est-ce qu’il a dû faire pour la récupérer ?

    Cette question qui n’aura jamais de réponse me hante. Pourquoi n’a-t-il rien dit ?

    Parce que c’est Matthews.

    Je reste sans voix face à tout ça. Je comprends mieux que mon frère décide de m’évincer. Je ne servirai à rien face à Dem.

     

    — Et puisqu’une nouvelle n’arrive pas seule. J’ai appris par mes collègues à la sortie de l’aéroport qu’ils avaient arrêté Garret et Kyle à la frontière du Mexique. Ils avaient presque réussi le coup parfait pour disparaitre, mais le sort en a décidé autrement.

     

    Nouveau choc.

    J’observe mon frère en haussant un sourcil. Il acquiesce. Nous sommes d’accord, ce n’est pas le fruit du hasard que deux suspects soient retrouvés aussi vites. On a dû les balancer. Mais je sais que Vinz ne cherchera pas pour l’instant à trouver le pourquoi du comment. Il sait qu’il marche sur des braises, à tout moment, tout peut foirer s’il s’approche trop des grands méchants. Ces derniers lui donnent de quoi bosser sans creuser plus.

    Ils ne connaissent pas encore Vinz.

     

    — C’est fini Dereck, ils vont plonger, conclut Vinz, après presque quatre ans d’enquête.

     

    — Pas les acheteurs. Ils trouveront d’autres fournisseurs de ce genre de vidéos… je soupire.

     

    Mon frère serre mon bras pour avoir mon attention. Il semble aussi contrarié que moi, mais je note cette lueur d’espoir, celle qui soulagera un peu les familles des victimes en sachant que le responsable de la mort ou des sévices de leur proche paiera. Peut-être que Vinz réussira à faire le lien entre sa liste de noms et celles de Battle. Peut-être pas. Mais au moins, cet enfoiré sera condamné pour ces actes.

     

    — Cette partie du combat, nous ne pouvons pas la gagner pour l’instant. Peut-être que si nous remportons le procès, on montera une équipe qui se chargera de ce problème. L’affaire ne va pas rester sous silence quand elle éclatera dans les journaux. Demon est prêt à ça.

     

    Vinz montre d’un signe de la main, Jax qui installe confortablement Sage dans un fauteuil. On est tous habillés des t-shirts rouge et blanc, avec des touches de verts. On ressemble à la famille kitch. J’observe mon amant et sa fille. Ils rigolent à une blague de mon père. Ils semblent… bien, tous ensemble. Jax accepté, Sage. Ça ressemble à l’avenir tout ça. Mais quelque part, je sens les bribes du passé, ce combat, j’ai du mal à le lâcher, à aller de l’avant. Il m’a tellement maintenue à flot qu’il est dur de lâcher la bouée maintenant que je sais nager.

     

    — Mais toi, tu as tellement à perdre Dereck, tellement. Je sais que tu es quelqu’un de bien, de confiance, mais on ne prendra pas en compte ton témoignage. Pas à côté de celui de Demon. Ni à côté de ceux qui étaient plus clean que toi à l’époque. Et même si je crois en toi, je ne veux pas t’embarquer dans une bataille ou tu seras le soldat qu’on mettra sur le côté. Tu as œuvré dans l’ombre, mais tu as permis de prouver qu’il y avait des moyens de parvenir jusqu’à la lumière. Merci Dereck, pour tout ce que tu as fait. Je sais que c’est dur, mais je préfère être un enfoiré et te jeter avant qu’on ne s’en prenne à toi. Je t’aime trop pour ça, et quand tu m’as appelé pour me dire que ta famille était en danger à cause de mon incapacité.

     

    La confession de mon frère me touche plus qu’il ne le pense. L’entendre dire que j’ai une famille, autre que là nôtre me chamboule. Ça prouve tellement de choses aux yeux de tous. Ça montre que j’ai changé, que j’ai su accepter un peu de normalité dans ma vie de dingue. Mon frère est plus sage que moi à cet instant. Il me retire du combat quand je me saurais maintenant tête baissée, prêt à tout sacrifier encore pour des enfoirés.

     

    — S’il y avait eu Demon…

     

    — Je t’aurai viré quand même. La vie d’un enfant ne vaut pas une preuve dans une affaire. J’en aurais trouvé d’autres, m’interrompt Vinz.

     

    J’acquiesce. Merde, c’est douloureux d’accepter que le combat était perdu d’avance. D’un côté, je suis soulagé, d’un autre, j’espère que ça suffira pour que Vinz et les autres remportent cette bataille finale, qui se fera sans moi désormais.

     

     

    ***

     

     

    — Je suis désolé, s’excuse Jax.

     

    On s’est isolés un instant après un début de repas des plus sympathiques. J’avais oublié à quel point ma mère cuisinait bien. J’avais oublié l’ambiance chaleureuse.

     

    — Je ne pensais pas que mon témoignage soit à ce point irrecevable. Depuis le début de cette histoire, mon frère ne compte que sur moi. J’avais l’impression de servir à quelque chose. Ce combat m’a donné une raison de me battre encore plus. Je soupçonne mon frère de le savoir depuis un petit moment déjà.

     

    — Dereck…

     

    Nos regards se croisent, j’en suis à ma sixième clope de la soirée, mais mon amant n’a rien dit. Je pense qu’il a compris que j’ai besoin d’évacuer la tension qui règne en moi. Et à défaut de le faire avec lui… je fais comme je peux. Jax semble soulagé, et en même temps soucieux.

     

    — Je vais avoir du mal à accepter que ça se poursuive sans moi. Mais je suis soulagé que le FBI ait trouvé de quoi avancer.

     

    — Demon le fera plonger, et s’il le fait, c’est grâce à toi. Tu as réussi à faire ce que tu souhaitais, peut-être pas comme tu le voulais, mais tu as contribué à faire plonger les monstres du passé. Je suis tellement fier de toi. De cet homme courageux que je n’ai pas connu, et de celui que je découvre un peu plus chaque jour.

     

    Mon cœur s’emballe face aux propos de mon compagnon.

     

    — Est-ce que tu rentres avec nous ? demande mon amant.

     

    — Je ne comptais pas rester ici sans vous désormais.

     

    Je vois le soulagement se peindre à nouveau sur son visage. Sa main glisse dans mes cheveux, il m’attire à lui et m’embrasse le front. Je me laisse faire dans cette étreinte. Je suis soulagé aussi. Je redoutais le moment des séparations. Je n’avais pas envie de quitter ce que nous étions en train de construire. Et puis, à la rentrée, le procès pour la garde de Sage se conclura, et en fonction du verdict, ce sera à son tour d’avoir besoin de moi.

     

    — La vidéo donne là à Scarlett, je crois qu’elle sera heureuse de comprendre par ce biais que ces deux acteurs sont plus qu’amis. Je ne doute pas qu’elle fera un succès fou, chuchote-t-il à mon oreille.

     

    Je me fige face à cette soudain révélation. Je m’apprête à lui demande pourquoi, quand il me devance. Ses bras enlacent ma taille, il m’attire à lui pour que je lui fasse face. L’atmosphère devient étrangement agréable, elle m’enlève un peu du poids que j’ai dans la poitrine. Dans la pénombre de la nuit, alors que j’entends mon père, ma sœur et Sage chantaient de célèbres chansons de Noël, je partage un moment réconfortant avec l’homme dont je suis fou. Celui que je n’aurai jamais pensé avoir ainsi.

     

    — On ne lâche pas, renchérit Jax. On ne prend plus de décisions aussi violentes que la tienne. On avance Dereck et on doit avancer là aussi. Alors… si tu es d’accord, je veux que tout le monde sache qu’on est ensemble. Je veux t’aimer en public, dire que tu es à moi pour qu’on ne me propose plus aucune vidéo sans toi. Je te veux encore et après toutes ces épreuves, même avec celles qui nous reste, je suis sûr d’une chose : je t’aime et je n’ai jamais ressenti ça pour personne. Ce tel besoin d’appartenir à quelqu’un. D’être avec quelqu’un, de le revendiquer.

     

    Jax se tait un instant, son visage s’approche du mien. Son souffle chaud m’attire des frissons. Je ne pense pas m’habituer un jour que c’est ma réalité. Que j’ai quelqu’un à présent. Ça me semble encore irréel.

     

    — Je te revendique Dereck Cole, t’es à moi. Gay ou pas gay, témoin ou pas, Hardeur ou simple acteur, australien et américain, acteur porno ou globe trotteur. Amant et ami. Tu n’es pas un lâche, me confirme-t-il, et sans toi, peut-être que cette histoire n’aurait jamais vu le jour. Peut-être que Battle n’aurait pas payé pour ces crimes. Tu es un héros à mes yeux, le mien, un de ceux de ma fille. Et je vais être là pour t’aider à surmonter ça.

     

    Son front s’appuie contre le mien. Je le serre contre moi en savourant la chaleur qu’il dégage et en imprimant ses mots dans ma mémoire.

     

    — C’est l’heure des cadeaux ! s’exclame Ella en nous interrompant.

     

    On ne sursaute pas quand elle arrive, on s’éloigne juste un peu pour lui faire face, mais on garde cette proximité. Celle qu’ont tous les autres couples. Je jette un regard avec Jax, il n’a plus cette gêne qu’il avait au début de notre partenariat.

    On avance, ensemble, on se découvre, on découvre ça tous les deux.

     

    — Vous êtes trop mignons, commente ma sœur en prenant une moue adoratrice.

     

    Je garde un bras autour de ses hanches.

     

    — Quelle chance qu’il soit à moi, je renchéris.

     

    Mon partenaire me le confirme en embrassant le coin de ma joue, bordel, ce simple geste me fait frissonner et fondre mon cœur de gros dur. Son naturel charmeur et tendre me séduit autant qu’une pipe.

     

    — Hum… je n’ai pas de chance pour te refaire basculer du côté obscur ? plaisante Ella.

     

    Un rire gagne Jax qui claque mes fesses avant de s’écarter pour entrer.

     

    — Désolée belle-sœur, mais ton frère a des atouts que tu ne pourras jamais avoir.

     

    — Une queue ?

     

    Jax lui offre un clin d’œil en se penchant vers son oreille. Je l’entends quand même murmurer :

     

    — Et tellement plus que ça.

     

    Les deux se tapent dans la main avant que mon compagnon n’aille retrouver sa fille pour qu’elle aide à distribuer les cadeaux que le père Noël a apportés.

    Quant à nous, Ella me jette un regard qui en dit long. Celui qui insinue ; ne laisse pas partir cet homme quoiqu’il arrive. Jax est foutu, quand je fais une promesse, je la tiens, surtout quand il s’agit de nous.

     

    ***

     

    On a réussi à apporter quand même pas mal de cadeaux avec nous. On attend que Aaron et Sage aient terminé d’ouvrir leur paquet. La petite puce a eu plein de livres sur les princesses ainsi qu’un… sabre laser. J’ignore ce qu’elle va faire de ça, mais ça avait l’air de l’éclater.

    Mes parents se sont offert des livres ainsi qu’un tas de bricoles. Ma sœur a reçu une collection entière de Disney en DVD, mon frère et ma sœur un séjour en Australie. Le message subliminal de mes parents pour voir leur petit fils plus souvent. J’ai horreur à Jax un immense intégral de Série TV et lui, il me tend mon cadeau. Une boite carrée.

    J’entends plein de vannes sur le contenu. Jax reste discret en souriant. Je me demande ce qu’il y a à l’intérieur.

     

    — Une clé USB ? je l’interroge.

     

    — Ouvre et tu verras, me lance mon amant en se frottant les mains.

     

    Je lui jette un coup d’œil amusé en déchirant le papier cadeau sobre. Je découvre une boite rouge. Je l’ouvre en retirant le couvercle et le contenu manque de m’échapper quand je vois de quoi il s’agit.

    Il n’a pas fait ça.

    Mon cœur s’emballe.

     

    — Qu’est-ce que c’est ? demande Sage en se penchant vers ma boite.

     

    Je me tourne vers Jax qui sourit, fier de lui.

     

    — Est-ce que… je commence.

     

    — Le père Noël t’a apporté la clé de l’appartement. Je crois que ça serait sympa que tu l’aies. Surtout si tu as envie d’emménager avec Sage et moi.

     

    Seigneur.

    Je dévisage la clé posée sur un mini cousin. Il y a un porteclé avec écrit « HOME ». Ma main se met à trembler, je sens l’émotion me gagner. Je ne m’y attendais pas.

     

    — Oh, ça veut dire que Dereck va enfin venir habiter avec nous ? demande Sage, ravie.

     

    Jax la prend sur ses genoux. La petite fille semble heureuse. Elle scrute ma réaction, comme toute ma famille. Ils restent suspendus à mes lèvres.

    Laissez-moi deux minutes.

     

    — T’es content ? poursuit la petite princesse.

     

    Mes yeux deviennent légèrement humides. Merde, je n’arrive pas à le contrôler, mais… c’est tellement pour moi. Cette clé représente un avenir. Jax me demande d’emménager chez lui. C’est énorme. C’est… un grand pas. Un des plus grands. Jax me prouve encore une fois que notre histoire n’est pas un coup de folie, une crise de la trentaine. Non, il le veut. Il a envie que je sois avec lui, qu’on construire quelque chose.

    Bordel, si nous étions en tête à tête, la clé aurait fini par terre et nous aussi. Je l’aurai baisé contre ce sol pour le remercier de me faire sentir aussi vivant et aimé.

     

    — Oui, je suis tellement content.

     

    — Tu acceptes ?

     

    Jax semble hésiter de ma réponse.

    Je souris comme un con en glissant une main autour de sa nuque pour l’attirer contre moi.

     

    — J’accepte.

     

    Je l’embrasse avec fougue sous les applaudissements de mes proches. J’imagine mon compagnon rougir devant toute cette attention. Le contact de nos lèvres ne dure qu’un instant, mais suffisamment pour lui communiquer tout ce que je ressens.

    Je t’aime, résonne autour de nous.

     

    — Ils vont enfin pouvoir faire cracra biscotte sans que Dereck n’ait à partir sur la pointe des pieds le matin, commente Sage.

     

    Un élan de rire nous gagne face à la déclaration de la petite fille, apparemment, on s’était fait bien griller. On laisse finir de déballer Aaron qui avait planqué certains de ses paquets et je savoure ce moment de calme où pour la première fois, même si l’avenir va changer, il ne me semble plus aussi incertain et dangereux. Je le dois à trois hommes : mon frère, Demon et Jax.

  • Inside Lines, Epilogue

    Six ans plus tard.

     

     

    Je souris comme un putain d’idiot en retirant son caleçon pour dévoiler ce superbe cul qui m’appelle. Asher est encore endormi, sur le ventre, presque nu et contre moi. Comment résister ? Ça fait déjà dix minutes que je lutte contre l’envie, et je n’ai jamais su vraiment me brider de ce côté-là. Cette flamme, celle du sexe ne perd jamais en intensité, tout comme le reste, ça ne fait que s’accroitre au fil des années.

    Une fois mon coach nu, je repousse les draps pour m’installer entre ses jambes que je plie. Je saisis la bouteille transparente sur la table de nuit, m’enduis les mains, avant de les faire courir sur le corps familier sous moi.

     

    — Kade…

     

    Asher se réveille lentement, ou est-il déjà sorti du sommeil quand j’ai commencé à le tripoter ? Je l’ignore, les deux sont possibles, mais j’aime bien l’idée qu’il se laisse aller.

     

    — Laisse-moi dormir… bougonne-t-il.

     

    Un rire m’échappe, il a parfaitement compris ce que j’étais en train de faire. Ses hanches se frottent contre moi sans le vouloir.

    Toute résistance sera inutile.

     

    — Tu n’as pas envie de dormir, je plaisante, pas vrai ?

     

    J’enfonce deux doigts en lui, un frisson le gagne, son souffle s’accélère. Ses muscles palpitent autour de moi. Seigneur, ce mec me rend dingue.

     

    — T’as envie de ça, oui ou non coach ? je demande d’une voix rauque.

     

    Je me penche pour mordiller son oreille alors que ma queue se presse contre sa cuisse. Ma putain d’érection matinale que je bénis quand je suis dans cet état.

    Son visage se tourne vers moi, ses yeux verts croisent les miens et j’y lis tout le désir qu’il a. Ce n’est jamais assez. Même si c’est parfois différent, il nous arrive encore de faire des trucs fous de ce côté, comme baiser dans les chiottes d’une cérémonie officielle ou tester les vestiaires. J’aime cette passion qui ne s’éteint pas.

     

    — Oui, souffle-t-il. J’adore quand tu fais ça.

     

    Et je sais qu’il aime quand je fais plus.

    Je m’écarte en laissant trainer ma langue le long de sa colonne vertébrale. Mon poing se referme autour de ma queue, je me caresse rapidement. Asher se cambre pour faire pareil, et j’admire l’homme magnifique allongé dans ce lit. Celui qui est à moi.

    Je prendrais le temps plus tard de faire grimper la tension, je prendrais le temps ce soir de nous pousser à bout. Parfois, c’est simplement bon de se retrouver, d’aller droit au but et de profiter de l’instant. Surtout quand on sait qu’on peut obtenir dix fois plus, plus tard.

    Je saisis les hanches de mon amant, ses jambes s’écartent davantage, mon sexe se place contre son orifice, et comme d’habitude, je m’enfonce en lui en appréciant cette putain de sensation qui nous gagne. L’envie, le besoin, l’excitation, mais surtout, cette impression que les mots prennent corps pour dire « je t’aime ».

     

     

     

    ***

     

     

    — Alors, n’est-ce pas le meilleur des réveils ? je déclare en me laissant aller à ses côtés.

     

    Asher me jette un regard en coin, ses joues sont encore rougies par l’orgasme, et son souffle est encore désaccordé. J’adore le voir dans cet état. J’adore le voir ainsi.

     

    — T’es insatiable, commente-t-il.  

     

    — Tout serait plus simple pour toi, si t’étais moche.

     

    Mon coach éclate de rire, je fais de même en allant me blottir contre lui.

     

    — C’est donc ma faute si tu ne peux jamais t’empêcher de bander ?

     

    Je hausse les épaules en acquiesçant. Asher s’apprête à me faire basculer sous lui, quand un son familier résonne dans la chambre. On se fige, nos regards se croisent, l’instant baise est terminé, mais il fût palpitant.

     

    — J’y vais, m’annonce Asher en s’écartant.

     

    Je le retiens par le bras pour qu’il reste là.

     

    — Non, reste, j’y vais, va prendre une douche.

     

    — OK.

     

    Asher m’embrasse en me laissant filer, il marmonne qu’il reste encore quelques instants là. La simple pensée de le quitter de notre lit, là où il est encore nu, transpirant de notre étreinte matinale m’excite encore, malheureusement, le devoir m’appelle.

    J’enfile un short, celui qu’Ash m’a presque arraché hier soir et pars arpenter la maison pour rejoindre une autre chambre.

    La porte est ouverte, et je remarque que son occupant est déjà dans le speed de la journée. Son visage s’illumine en me voyant.

     

    — Alors bonhomme, t’es déjà réveillé ?

     

    Mon cœur se met à battre plus vite quand je vois Tyler debout qui m’appelle en tendant les bras.

    Je suis dingue de ce gosse, pas parce que c’est le mien… bon si, mais il est tellement beau. Je n’aurai jamais cru qu’on puisse faire quelque chose d’aussi parfait. Il ressemble tellement à son père que parfois, je me demande si on ne nous a pas donné un clone.

    Je le prends contre moi, mon fils rit, je l’embrasse en lui faisant des chatouilles alors qu’on part s’occuper des différentes tâches du matin.

    À vingt-six ans, j’ai presque tout, mais j’ai l’essentiel. Je suis un compagnon, un footballeur reconnu et j’ai un enfant.

    Tyler Grant-King a un an et il fait notre bonheur depuis qu’il est né. Je crois que ça a été mon meilleur combat pour l’avoir. Je crois qu’Asher avait fait le deuil de tout ça. Il ne voulait pas d’enfants avec Gabrielle quand il était footballeur, préférant se consacrer à sa carrière. Après sa chute dans le cycle de la violence, puis dans le contrôle, devenir père devait lui foutre une putain de trouille.

    Quand on bascule une fois de l’autre côté de la ligne en ayant conscience que son acte est intolérable, on garde la peur terrible que tout recommence. Asher avait peur de replonger, sa pire hantise était de devenir comme ces pères violents qui lèvent la main sur leur gosse. Il a flippé, énormément, et passé les doutes, passé l’interrogation et les discussions, une fois que je lui ai fait comprendre qu’il n’était plus le même, qu’il était quelqu’un d’exceptionnel et qu’il ferait un bon père, on s’est lancé.

    J’ai toujours voulu fonder une famille, celle que je n’avais jamais eue, celle qui aujourd’hui encore est éphémère, bien que nos relations se soient miraculeusement améliorées depuis la naissance de notre fils. Ma mère ressemble à une grand-mère, et mon père est méconnaissable avec son petit fils. Même si moi, je reste… Kade, je ne suis pas Tyler. Mais je préfère qu’ils soient là pour lui, j’ai fait le deuil d’une vraie relation avec eux.

    Mais fonder une famille sans Ash n’avait pas de sens. C’était avec lui que je voulais tout ça. Un foyer, de la stabilité, et tout le package. Après tout, c’est lui qui nous a lancé dans cette histoire, on ne fait que la poursuivre ensemble.

    Ce n’est pas parce qu’on est gay qu’on ne mérite pas de connaitre la paternité. Et même si certains trouvent ça encore bizarre, nous sommes devenus des adeptes du « on s’en branle de l’avis des autres ».

    Ça a été un chemin sinueux, mais une expérience bouleversante. Je crois que je n’oublierai jamais.

     Asher arrive dans la chambre. Il passe derrière moi pendant que je termine d’habiller notre fils. Je ne suis pas vraiment doué avec les fringues pour gamin.

    Mon compagnon fait exprès de se coller dans mon dos, ses mains se posent sur mes hanches, son visage se niche dans mon cou, il bouge légèrement des hanches pour obtenir un juron de ma part. ça l’amuse.

    Il s’éloigne avant que ça devienne intéressant et part saluer notre mini footeux qui se met tout de suite en mode extase devant son père.

     

    — Va te préparer Kade, lance Asher quelques instants plus tard. La journée va être longue. Je prends le relais.

     

    Je m’exécute, Tyler se met à grogner, je crois que son ventre prend le relais. Difficile de laisser ce gosse trop loin d’un biberon ou d’un truc sucré.

     

    — Coach ?

     

    Asher frisonne toujours quand je l’appelle ainsi. C’est une habitude que je n’ai jamais perdue et que je ne perdrai sans doute jamais. Parce que même s’il n’est plus mon entraineur, il reste mon coach, même quand je suis obligé de le partager avec vingt-trois autres gars, même quand ils l’appellent ainsi, ça n’a pas la même signification.

     

    — On deale pour soir ? Si je gagne, je te laisse tranquille, si tu perds…

     

    — Non, m’interrompt-il avec sérieux.

     

    Comme d’habitude, sa réponse de ne me surprend pas. Asher ne cède pas facilement sur tout. Il faut le travailler au corps, mais quand il craque, bordel, c’est grandiose.

     

    — Tu n’es pas joueur, je le taquine.

     

    — Je sais ce que tu vas me demander et c’est non.

     

    — Un jour, j’arriverai à te faire dire oui.

     

    Asher sourit en coin avant de soupirer. Nos regards se croisent, ça l’amuse lui aussi.

     

    — C’est bien pour ça que je résiste tant que je peux. Va te doucher, tu sens la corruption par le sexe.

     

    Je glisse une main dans l’élastique de son short pour l’attirer contre moi. Asher lève les yeux au ciel, j’adore quand il résiste, vraiment. Je m’apprête à faire plus quand une petite voix résonne.

     

    — Papa !

     

    Je me mords la lèvre pour ne pas rire alors que notre fils nous rappelle qu’il est là. Asher le prend dans ses bras, il lui pince gentiment le nez, ce qui le fait rire.

     

    — C’est ta meilleure arme de défense, coach, profite bien, un jour il saura marcher et tu n’auras plus d’excuse pour m’échapper, je déclare.

     

    Je l’embrasse quand même, rapidement, un simple contact sur sa bouche. Avant de faire de même sur le front de Tyler.

    Je reste un instant à les observer, Asher se met à parler à notre fils comme s’il comprenait tout. Il l’emmène dans la cuisine pour nous préparer le petit déjeuner. C’est simple, c’est efficace, ça nous ressemble. Et bordel, j’adore ça.

    Passer un an à l’étranger m’a fait beaucoup de bien. Même si ça n’a pas été facile, même si j’ai dû faire mes preuves à nouveau, ça m’a tellement apporté que je ne regrette pas.

    Le Championnat italien m’a permis d’évoluer. Couper avec la Champion League m’a permis de sortir des filets de mon père, je me suis épanouie, même si j’en ai chié. Même si ça été compliqué et parfois douloureux d’être séparé avec Asher, cette année nous a rapprochés comme jamais. Chaque retrouvailles avaient des allures de retour au pays et chaque départ, une preuve encore plus singulière qu’on était fait l’un pour l’autre, malgré nos défauts.

    Mais surtout, un autre homme m’a donné ma chance et a cru en moi quand j’en avais le plus besoin. Si Asher m’a permis de changer et de devenir ce sportif moins colérique et sans dopage. Je dois tout à Wade Perkins. C’est lui qui m’a permis de réaliser ce que je voulais le plus : un avenir.

    La fin de mon prêt à Naples concordé avec sa retraite de footballeur et Manchester United lui a proposé le poste de coach.

    J’ignore si j’ai eu une putain de bonne étoile, si Asher a fait jouer ses relations, mais avant que les négociations reprennent avec Arsenal, j’ai reçu un coup de fil qui me demandait si je n’avais rien contre le fait de devoir être en concurrence avec un certain Emperador et des Gunners pour les cinq ans à venir.

    J’ai cru que c’était une putain de blague. Ça me semblait tellement impossible que mon retour en Angleterre se passe ainsi. Asher était déjà en train de parlementer avec un club d’Italie de seconde division pour me rejoindre si jamais Naples désirait me garder. Ce qu’ils voulaient. Même si nous n’étions pas d’accord sur tout, même s’ils y avaient des tensions, nous avions une entente sur le terrain.

    Je n’ai pas hésité, je n’ai même pas eu besoin d’en parler à Asher, je lui ai fait la surprise. Et il a adoré ça. Mon père a prolongé son contrat sans discuter, comment refuser ? Mon coach a fait des Gunners une des trois meilleures équipes d’Angleterre. C’est un dieu du stade, qu’il soit sur la pelouse ou sur le banc de touche. On a fini par trouver une solution à notre problème et j’accueille chaque nouvelle journée comme un don du ciel, parce que nous n’aurions pu rien avoir. Maintenant j’ai un tout, et je le chéris précieusement.

    Je sors de mes pensées, et pars à la douche, même si je n’ai rien contre l’idée de garder l’odeur de l’Emperador sur moi, pour le bien de tous, on évitera.

     

    ***

     

    Quelques heures plus tard.

     

     

    Je suis stressé. Pourtant, j’ai l’habitude de faire des discours depuis que nous avons créé l’association avec Wade Perkins et Nikki Jones. Les représentations et tout le blabla mondain, je connais, j’ai grandi là-dedans et c’est toujours moi qu’on envoie parler, parce qu’il parait que j’ai un certain talent pour dire les choses avec « humour ». C’est surtout parce que je suis le dernier des quatre fondateurs de « Let's Play Freely » encore dans les crampons en tant que joueur actif. Je parle à la « jeune génération », je suis quelqu’un de plus médiatisé, même si Nikki est devenu un putain de commentateur sportif, le genre qui sait ouvrir sa gueule et ne mâche pas ces mots, j’adore l’écouter à la radio ou durant les matchs de la Champion League.

    Mais ce soir, c’est différent, nous ne sommes pas à un gala pour représenter notre combat, il s’agit de moi. D’une putain de surprise auquel je ne m’attendais pas.

    Pourtant, c’est bien mon nom que le président de la FIFA vient de nommer, c’est bien moi que les gens applaudissent.

    Je viens de remporter mon premier ballon d’or, à vingt-six ans. Je suis titré.

    Bordel de merde.

    Je monte les marches pour rejoindre la scène, je tente de ne pas montrer ma surprise, mais bon sang, je ne m’y attendais pas.

    Je salue les représentants qui me félicitent, une belle journaliste me remet le ballon d’or, et ils me laissent seul devant le pupitre, face aux caméras du monde entier qui relaient la cérémonie.

    Je souris en imaginant à quel point les Russes doivent être agacés.

     

    — Bonsoir tout le monde, je dois vous dire que je ne m’y attendais absolument pas, donc… je n’avais pas fait de discours, enfin pas vraiment.

     

    Une ambiance légère se dégage de l’immense salle qui me fait face. Je prends mes airs charmeurs, en lorgnant ce trophée, puis la foule.

     

    — Sérieusement, je pensais que notre Brésilien l’aurait encore cette année, c’était déjà énorme pour moi d’être nominé, alors remporter ce trophée, celui si prestigieux dans notre milieu, me rend très heureux.

     

    Mon humour me sauve du stress. Je suis encore sous le choc de cette nouvelle. Je suis venu ici avec l’entière satisfaction d’être nominé, d’être reconnu déjà comme l’un des dix meilleurs joueurs de l’année. Je ne suis pas de nature gourmande, je sais accepter quand un rêve peut n’en rester qu’un, mais là… j’entre dans l’histoire, après mon compagnon.

     

    — Mais vous avez de la chance et j’en ai, d’avoir toujours des choses à dire, et puisque le prompteur tourne dans le vide en disant « DISCOURS GAGNANT » avec du vide, je ne vais pas perdre plus de temps. Je remercie ceux qui ont cru en moi, ceux qui ont voté pour moi et m’ont donné cette chance. Ce n’était pas gagné. Et je pensais que je n’accéderais jamais à ce titre pour plusieurs raisons. Ce soir, le monde du football prouve qu’il vient de faire un pas en avant. Celui de ne pas juger un joueur pour ce qu’il est en dehors des terrains, mais surtout ce qu’il fait accompagné d’un ballon.

     

    C’est ce qu’ils ont fait. Je suis le premier joueur ouvertement gay à recevoir ce trophée, alors que Nikki Jones le méritait davantage au cours de ces dernières années en tant que footballeur pro. Wade Perkins n’a plus jamais remporté de ballon d’Or malgré sa carrière fracassante à Manchester. Ce soir, on a évolué, vraiment.

     

    — Mon combat contre l’homophobie a toujours été rythmé et engagée, aujourd’hui, j’aimerai faire plus. Aujourd’hui, j’aimerai dédier ce trophée, ce saint Graal dans le monde du football, à tous ces jeunes qui pensent que leur rêve ne se réalisera pas parce que notre milieu est intolérant. Notre milieu change lentement, mais grâce à des personnes qui se foutent des étiquettes des autres, il évolue plus vite. Aujourd’hui, je commence à être serein, parce que si un jour, mon fils voudra devenir footballeur, je veux qu’il le soit dans un milieu ou l’intolérance ne représentera que l’injustice d’une décision d’arbitrage plutôt que d’une orientation sexuelle. Je veux qu’il connaisse un nouvel âge d’or de football celui qui dit qu’on croit en chaque personne, chaque joueur. Qu’importe leur race qu’importe leur sexe qu’importe leur opinion et qu’importe leur orientation sexuelle. La bataille est longue et comme tous les combats, ce n’est jamais définitivement gagné, mais profitons de chaque petite victoire, aujourd’hui, c’est pour nous, pour tous ceux qui font bouger les choses dans l’ombre, pour ceux qui n’ont plus peur de s’assumer, pour les membres de notre association. Et parce que je vois qu’il y a écrit « DISCOURS 70% », je vais me dépêcher. Je dédie ce trophée à trois personnes en particulier. À mon père, parce que je sais qu’il n’a pas pu influencer le jury et qu’on ne pourra pas donner de bon titre d’accroche aux journaux demain.

     

    Mon commentaire humoristique ne manque pas de faire rire la salle, mais il n’y a plus de rancœur dans mes propos.

     

    — À Wade Perkins, mon coach, le nouveau, celui qui ne réchauffe pas mon lit, mais qui m’a donné ma chance.

     

    Mon regard scrute la foule pour trouver celui d’Asher qui a du mal à cacher le sourire déformant son visage. Mon cœur se met à battre plus vite, toujours quand il s’agit de lui.

     

    — À l’homme de ma vie, celui qui tient dans ses bras notre fils en me regardant avec fierté. Tu m’as rendu meilleur et sans toi, jamais je ne serai là aujourd’hui. C’est notre victoire à tous les deux. Et pour finir, ce trophée, il est pour tous ceux qui aiment le football et contribuent à le rendre meilleur. Merci de m’avoir écouté. Merci de croire en moi.  

     

    Je lève ce Ballon d’Or, celui qui ira rejoindre celui d’Asher dans notre maison, des applaudissements retentissent dans la salle de Londres. Et même si tous ne sont pas d’accord avec moi, je savoure cet instant, celui que je n’aurai cru jamais voir arriver. Et qui comme le reste, a fini par se réaliser.

     

    ***

     

    Je rejoins les coulisses en encaissant encore ce choc. Bordel, j’ai remporté le Ballon d’Or 2024, ça me semble totalement insensé, pourtant, il y a mon nom dessus.

    Je croise des personnes qui me saluent, mais ce n’est pas des collaborateurs de la fédération que je cherche. Je veux retrouver mon compagnon et partager cette joie avec lui.

    Je ne tarde pas à le trouver d’ailleurs, Asher semble avoir eu la même idée. Il me rejoint près des accès, avec Tyler dans ses bras qui applaudis en me voyant.

    Mon cœur s’emballe, je souris comme un idiot en m’approchant d’eux. Mon fils me demande les bras, je n’hésite pas. Je le récupère contre moi, il est tellement mignon avec son petit nœud papillon et son costume de grand. Sa tante l’habille comme un vrai mannequin.

     

    — Papa avec le ballon ! me félicite Tyler de sa voix de bébé qui a encore du mal à bien s’exprimer. Bravooo !

     

    Je ris en le remerciant. Tyler tripote le trophée que j’ai dans l’autre bras. Je crois qu’il est fan de la couleur.

     

    — Ce sont les meilleures félicitations que je n’ai jamais reçues, je déclare à Asher.

     

    Mon coach acquiesce à son tour. Il glisse une main dans mon dos en venant embrasser ma joue. Ce simple contact me fait l’effet d’un shoot d’adrénaline, je frissonne, mon corps s’embrase. Je suis dingue de la pudeur d’Ash, ça le rend tellement sexy. Il dégage une tension palpable qui rend l’ambiance entre nous haletante. Ce soir, fatigué ou pas, je m’envoie en l’air avec lui pour fêter ça.

     

    — Je suis tellement fier de toi, murmure-t-il à mon oreille.

     

    Nos regards se croisent, je me penche pour l’embrasser sur la bouche. Sa main vient se fourrer dans mes cheveux bruns. Et c’était tout ce que je voulais. Partager ces instants intenses en famille. L’accomplissement de tant d’années à bâtir quelque chose pour le voir enfin récompensé.

    Je romps notre baiser avant que mon corps ne réagisse à cette proximité, pourtant, je ne m’écarte pas. Je reste contre Ash, il récupère Tyler qui marmonne tout seul. Ça me fait toujours le même effet quand je les vois ensemble.

     

    — Dis-moi oui, je déclare avec envie.

     

    Ash remet la tétine de Tyler dans sa bouche, celle qu’il a toujours accrochée à ses vêtements. Notre fils se laisse aller contre son épaule, il commence à être fatigué.

    L’atmosphère devient plus électrique alors que mon coach me répond en souriant :

     

    — Non.

     

    Je me mords la lèvre, je ne suis même pas déçu, à vrai dire, j’adore cette résistance. J’adore que Asher me fasse croire qu’il n’a pas envie de ça. Il me l’a dit un soir, à Naples, lors de l’une de nos retrouvailles très alcoolisées parce que je le voulais totalement relaxer, on a fini ivre mort chez moi, à se livrer comme nous l’avions rarement fait sans la désinhibition de l’alcool.

     

    — C’est toi qui vas me dire oui, reprend-il avec sérieux. Pas maintenant, mais bientôt, au moment où tu t’y attendras le moins. Parce que si tu as réalisé ton rêve ce soir, je veux être celui qui t’offre le dernier. 

     

    Je me fige, surpris par l’aveu de mon amant. Le choc doit se lire sur mes traits parce que Tyler et Asher se mettent à rire.

    Il est sérieux ? Il a vraiment dit ça ?

    Mon coach acquiesce, et je crois que l’organe dans ma poitrine va exploser quand il m’achève par l’une des plus belles promesses qu’il m’ait fait à ce jour :

     

    — Je veux toujours être le dernier avec toi. Ce n’est pas des premiers dont on se souvient le plus, mais de la dernière personne. Aujourd’hui, et comme tous les jours, je suis fier de toi Kade King, je suis fier de l’homme et du joueur que tu es devenu, je suis dingue du père que tu es, de l’amant qui me soutient et un jour, je serai fier de dire que tu seras totalement à moi, même si à mes yeux, tu l’es déjà.

     

    Je saisis la cravate d’Asher pour l’attirer contre moi et l’embrasser dans la pénombre d’une salle qui ne nous écoute et ne nous regarde pas. Pourtant, toute mon attention est sur l’homme qui m’a donné un fils, qui m’aime pour ce que je suis, et qui restera toujours mon coach. Si le monde change, et il change, on fera tout pour, on a déjà gagné quelques petites batailles, on peut se préparer aux suivantes, tant qu’on les mène ensemble. Que ce soit sur le terrain ou en dehors des lignes d’une surface de réparation, l’Emperador saura toujours comment dérober mon ballon, comme il l’a fait avec mon cœur pour me remettre sur le droit chemin et m’offrir ce que je désirais tant : un avenir et une famille.

     

     

    FIN

  • Légion #2, Epilogue

    Épilogue

    Tristan

     

     

    Cinq ans plus tard.

    30 Avril 2018, Fête de Cameron.

    Camp Raffalli, Calvi, Corse.

     

     

    Je termine de saluer mes hommes en les félicitant pour le défilé. La cérémonie vient de se clôturer au Camp Raffalli où nous venons de fêter un an de plus à la Bataille de Camerone. Les festivités vont pouvoir commencer.

    Je cherche du regard si je vois mes proches. Mes parents doivent être venus avec Ezra et les siens. Notre compagnie est rentrée quelques jours avant Camerone d’une OPEX dont je suis bien heureux d’avoir terminé. C’était compliqué et difficile. Le genre de mission dangereuse qui rappelle de mauvais souvenirs.

    Même si on est des fous d’adrénaline, que d’une certaine façon, on aime aller à la guerre et servir la France, quand on prend de l’âge, avec l’expérience, on est simplement content de retrouver les siens après de longues séparations.

    Je n’ai pas besoin d’attendre bien longtemps, j’en connais une qui dès qu’elle a dû recevoir le feu vert, s’est mise à arpenter la place d’armes à ma recherche.

     

    — Papa !

     

    Je me tourne en entendant une voix d’enfant qui m’est plus que familière. Je découvre une tornade brune qui courre dans ma direction, un immense sourire déformant son visage d’ange, ses yeux bleus sont brillants de joie.

     

    — Livia, ma puce !

     

    J’éclate de rire en voyant la tenue de ma fille. Ma mère lui a effectivement fait son costume de parade qu’elle nous réclame depuis des mois.

    Livia continue de courir en riant, j’en profite pour l’observer.

    Elle a une ceinture bleue autour de la taille, des épaulettes semblables aux miennes, le tissu de sa robe est beige, et vert. Un adorable chapeau qui ressemble à mon képi trône fièrement sur sa petite tête. On dirait une version miniature d’un Repman en jupe.

    Je la prends dans mes bras quand elle arrive à ma hauteur pour la soulever. Elle ne pèse trois fois rien. Dès qu’elle est à hauteur de mon visage, ses petites mains encerclent mon cou et elle commence à me faire plein de bisous en riant.

     

    — Tu m’as manqué ! je lance à ma fille.

     

    — Toi aussi, papa !

     

    Je reviens de quatre mois d’OPEX en Syrie. On a envoyé fin 2017, des troupes militaires faire face au conflit grandissant des menaces terroristes de plus en plus présentes.

    Je ne dis pas que ça a été simple, c’est faux. La Syrie et l’Irak sont pires que l’Afghanistan. On voit des choses affreuses, on assiste à des affrontements d’une rare violence avec des hommes qui ne reculent devant rien. Les gens se rendent compte de l’importance des forces armées, même si tous ne sont pas d’accord avec nos agissements, la guerre contre le terrorisme est très médiatisée. Mais comme dans n’importe quel conflit, on ne parle que de ce qui est supportable pour la population, certaines horreurs sont tues, certains massacres et discriminations des populations sont mises sous silence également.

    Je continue de parler avec le Capitaine Louis Wagner, qui est devenu au fil des années, un véritable ami. Les choses n’avancent pas tellement concernant le traitement des SSPT. On a envoyé trois gars voir Wagner au cours de ses dernières années, les autres attendent de quitter la Légion ou d’atteindre le point de non-retour pour craquer. Parce qu’un roc finit toujours par s’effondrer en voyant ce que nous voyons, en vivant ce que nous vivons. Certains mettent des années à déclencher des signes que leur limite est atteinte. D’autres non.

    Mais ce contrôle total n’aide pas à extérioriser ce qu’on nous demande de taire et d’oublier.

    Je reconnais que l’aide du doc m’a permis de garder la tête sur les épaules suite à mon premier retour d’Afrique après Djibouti. Mais surtout, c’est de savoir que je n’avais pas le droit de flancher à nouveau parce que j’avais une famille qui m’attendait, qui comptait sur moi, m’a véritablement aidé. Certaines choses ont changé par rapport à mes premières années en tant que légionnaire. Surtout en ce qui concerne les missions et ce qui s’y passe.

    Ezra sait beaucoup de choses, certaines dont elle ne devrait pas savoir, mais ma femme est une tombe, une prison qui enferme les maux et prend soin de celui qui les porte.

    Livia commence à toucher mon képi, je fais de même avec le sien. On se taquine, elle rit et je savoure ce moment en tête à tête.

     

    — Plus tard, je serai légionnaire ! m’avoue Livia.

     

    — Avec ce charmant uniforme, tu as toutes tes chances, ma puce !

     

    Je commence à marcher dans la foule pour essayer de trouver sa mère. Nous n’avons pas pu nous voir avant aujourd’hui. Ezra était à Nice chez mes parents, mon frère Yoann était en pleine mission Sentinelle, ma petite sœur entre deux sorties entre filles et la fac de droit voulait voir sa nièce. On s’est croisé. Mais quoi de mieux que des retrouvailles aujourd’hui, alors que c’est un jour de fête.

    Je cherche Ezra parmi les visages inconnus, il y a beaucoup de monde cette année, je suis surpris.

     

    — Maman elle dit que tu es très beau aujourd’hui, m’explique Livia en tripotant mes insignes.

     

    — Maman trouve toujours que je suis beau, je réponds sans l’ombre d’une modestie.

     

    Livia me dévisage en prenant un air absolument pas convaincu.

    Ma fille m’a fait un bien fou. Je ne pensais pas qu’avoir un enfant me rende à ce point fier et heureux. Elle a tout basculé en arrivant. Comme sa mère, Livia m’a rendu dingue à la minute où je l’ai pris dans mes bras.

    Quand je la vois, elle me montre que le monde est encore beau et innocent. Elle me donne la motivation pour me battre encore et encore pour la savoir en sécurité.

    Livia est une raison de plus de s’accrocher quand je me retrouve dans un sacré merdier. Comme Ezra, elle représente ma paix, ma maison, et ce sentiment bouleversant d’appartenir à une famille aimante.

    Bien sûr, depuis sa naissance le soir de Noël, il y a toujours cette peur de briser le cœur de ma petite fille. Souvent je marche sur du charbon brûlant. Mais Livia est une enfant courageuse qui comprend beaucoup de choses. Nous ne lui cachons rien avec Ezra. Elle sait que son père fait un métier dangereux, elle apprend à vivre avec mon absence en savourant les moments où nous sommes tous réunis. C’est compliqué pour tout le monde, mais pas impossible. Livia m’amuse quand elle me dit : « je n’ai pas peur, parce que tu reviens toujours. ».

    Elle me rend fier, c’est mon carburant lorsque les choses deviennent compliquées. Je sais que ce n’est pas facile pour elle, comme ça ne l’est toujours pas pour Ezra. Savoir que je m’en vais, dans un autre conflit semblable à celui en Afghanistan pour combattre des hommes sans pitié.

    Ses copines ont un papa présent tous les jours, parfois, nous ne nous voyons pas pendant plusieurs mois, c’est très long pour elle, comme pour moi. Mais fonder une famille est dans l’ordre des choses, fonder une famille dans notre situation, c’est montrer aux autres que nous sommes comme eux, c’est se donner une raison de plus de se battre pour rentrer indemne. C’est un tout, une force qui peut se transformer en faiblesse, mais qui apporte tellement.

    Je me fige en sentant un corps se coller dans mon dos, suivis de deux mains froides se poser sur mes yeux, Livia rigole. Une voix féminine et très sexy résonne :

     

    — Alors, Adjudant Vial, on ne vient pas saluer sa femme ?

     

    — J’étais justement en train de la chercher, chef.

     

    — C’est vrai ! confirme Livia.

     

    Ezra s’écarte, je me tourne, pose Livia qui râle un peu. Je retrouve ma superbe corse. Ezra est magnifique, toujours aussi attirante, expressive et courageuse. Elle possède toujours son fort caractère et continue de me soutenir autant qu’elle me passionne.

    Je viens d’être nommé Adjudant, j’ai pris la tête de la section 2 depuis cinq mois. C’est étrange, mais ça me plait, je ne me verrais pas faire autre chose. Ma femme était presque plus heureuse que moi lorsque j’ai appris la nouvelle.

    Je lui souris, elle fait de même, je l’attire contre moi en passant une main autour de sa taille. Je retrouve son odeur gagne mes sens, je me penche pour l’embrasser. Nos bouches se retrouvent, un frisson nous gagne. La tension des retrouvailles mêlant désir est toujours aussi explosive.

    C’est nous.

    Je sais très bien qu’Ezra a déjà marchandé avec ses deux pères pour qu’ils nous gardent la petite toute la soirée, histoire qu’on se retrouve seuls quelques heures à profiter de l’autre et à user de notre devoir conjugal.

    J’essaie de la convaincre depuis deux ans d’avoir un autre enfant, mais la photographe au caractère bien trempée ne se laisse pas convaincre facilement, ça m’offre mainte et mainte possibilité de la travailler au corps. Je crois qu’au fond, elle aimerait profiter encore de Livia seule avant d’accepter qu’un autre mini Repman vienne squatter neuf mois.

    Sa main caresse ma joue, je sens déjà que sa proximité ne me laisse pas indifférent. Le temps passe, mais les sentiments qui nous lient ne s’estompent pas. J’ai l’impression que plus c’est fort. Je suis mordu d’elle.

     

    — Hé ! proteste notre fille de sa petite voix d’enfant, en secouant mon pantalon.

     

    Ezra rompt notre baiser en souriant contre ma bouche avant de jeter un coup d’œil un brin sermonneur à Livia. Quand on a deux femmes à la maison, il faut savoir leur partager le même temps. Si durant mon absence, elles sont collées l’une à l’autre comme deux sangsues, quand je reviens, elles adorent se livrer bataille.

     

    — Prête-moi ton père deux minutes.

     

    J’embrasse ma femme encore et encore en savourant le plaisir de la retrouvant. Elle m’a terriblement manqué. Même si nous cultivons l’art des lettres, des mails et des appels Skype tard le soir, c’est différent. Ça ne remplace pas sa présence, mais ça entretient la flamme.

    Je la regarde avec admiration, je mémorise de nouveau chacun de ses traits, ses yeux bleus qui brillent, sa peau blanche qui sera bientôt bronzée, ses cheveux noirs qui s’ondulent.

    Je suis fou d’elle, je ne lui dis pas souvent parce que malgré les années, certains mots sont toujours complexes pour moi, mais elle le sait, et je lui prouve. Je suis tellement fier d’elle, de ce qu’on a accompli ensemble durant ces cinq dernières années.

    Ezra continue les reportages à travers le monde sur des périodes plus courtes pour ne pas laisser Livia seule trop longtemps.

    On essaie de s’organiser entre nos deux métiers pour passer du temps tous ensemble le plus possible.

    La photographe vadrouille dans divers endroits plus beaux les uns que les autres. Je sais qu’un jour, la Corse voudra retenter l’expérience de rapporteur sur le terrain. Je me prépare doucement à cette idée. Pour l’instant, je fais mon possible pour l’éloigner et avec l’actualité, elle est plutôt raisonnable.

    Avec Livia, lorsque je ne suis pas là, elles continuent de créer ma grosse boite à souvenirs. M’emportant avec elles dans leur quotidien. Désormais, il y a six boites à polaroids.

    Les choses n’ont pas tellement changé en cinq ans. Savio travaille toujours pour le STARSO où il a pris des fonctions plus importantes. Le Corse s’est remis à chanter. James parcourt l’Europe pour jouer du piano, alternant entre composition et concert. Les deux hommes sont très présents dans notre vie et je ne saurais jamais comment les remercier suffisamment.

    Mes parents que j’aperçois nous faire signe restent tranquillement sur la Côte d’Azur. Mon frère est devenu Sergent de l’armée de terre française. On se croise quand on peut.

    Dario et Lésia font toujours partie de notre vie, l’autre belle corse a rencontré quelqu’un de proche à mon existence de militaire. Je n’en reviens toujours pas. Et Dario continue ses vadrouilles.

    On peut dire que nous sommes heureux même si tout n’est pas simple, même s’il y a des jours compliqués, des conflits, des problèmes à surmonter. On a atteint le pire, on sait gérer le reste.

    Je récupère ma fille dans mes bras, il n’en faut pas beaucoup à cette enfant pour être satisfaite. J’attrape la main de ma femme et nous rejoignons notre famille.

    On salue tout le monde, on échange quelques banalités avant de laisser notre fille aux bras de ses grands-parents pour s’éclipser quelques minutes.

    Avant que Livia nous repère, j’amène la photographe dans un coin tranquille pas trop éloigné, mais suffisamment pour profiter d’un instant encore en tête à tête. Je regarde qu’aucun gradé ne soit dans les parages, et me lance.

    Ezra me sourit lorsque son dos heurte le mur. Ses bras se nouent autour de mon cou, on se colle l’un à l’autre, c’est plus fort que moi, j’ai envie d’elle.

     

    — On ne saute pas cette année ? me demande-t-elle, taquine.

     

    Je souris à mon tour.

     

    — Comme une envie de s’envoyer en l’air, Madame Vial ?

     

    — Toujours, Repman, toujours.

     

    Sa main caresse ma joue.

     

    — Je t’aime.

     

    J’inspire en savourant l’effet que ces deux mots ont sur moi.

     

    — Moi aussi.

     

    Je profite de ce moment de calme avant d’aller passer la journée avec ma fille pour faire diverses activités.

    Je regarde Ezra qui fait de même, je la surprends à compter mes dix doigts en me scrutant avec attention pour vérifier que je suis toujours entier. Elle n’a pas changé.

    Je finis par l’embrasser de nouveau, puisque je ne peux rien faire d’autre.

    Un jour Ezra m’a écrit que je n’étais pas seulement un grade ni un matricule, que j’étais un homme en plus d’être un légionnaire.

    Dorénavant, elle m’a apporté la fierté d’être un mari et un père. Elle m’avait dit que je faisais partie du cercle très fermé des héros. Je n’ai pas besoin d’être le héros d’un monde, tant que je suis le leur, tout me va.

    Et comme dit ma mère avec son air sérieux, l’amour triomphe de tout, même de la guerre.

     

     

    FIN

     

     

    AMHELIIE