Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Fucking Love - Page 2

  • Fucking Love #2 - For You - Chapitre 18

    Chapitre 18

    Dereck

     

     

    Enfin seuls.

    Je profite d’un moment inespéré pour rejoindre Jax dans la salle de bain. Vivre sous le même toit que mes parents et le restant de ma famille n’aident pas vraiment pour se retrouver en tête à tête.

    Je saisis celui-ci. Sage est dans la cuisine en compagnie de ma mère et de ma sœur pour commencer à préparer le repas de ce soir. Mon père est parti chercher Vinz et Isobel à l’aéroport, il n’y a personne à l’étage quand je verrouille la porte. Le son me fait vriller le cœur d’impatience.

    Jax est dans la baignoire, sous le jet brûlant qui fait également douche. De la buée se propage dans la pièce, elle tache les miroirs et la petite vitre devant Jax.

    Je pianote sur mon téléphone avant de le poser contre le mur face à lui.

    J’ai envie de ça toutes les nuits depuis notre arrivée, surtout quand Jax se colle contre moi durant son sommeil, que je sens son érection matinale frotter mes fesses et la chaleur de son corps blotti contre le mien. C’est de la torture. J’ai réussi à la coincé il y a deux jours dans les toilettes pour faire retomber la pression. En quelques minutes, j’ai joui dans sa main et lui dans la mienne. Entre la situation, entre l’abstinence qui finalement ne nous ressemble pas, ça devient compliqué de ne pas sentir un homme contre moi, m’écrasant sur un matelas ou n’importe quelle surface plane pour me prendre. Je compte bien l’obtenir ce jour de réveillon de Noël.

    Je me déshabille en vitesse, Jax n’a pas l’air d’avoir compris mon intrusion. Il est dos à moi, ses mains nettoient ses cheveux bruns, l’eau savonneuse glisse le long de sa colonne vertébrale jusqu’à ses fesses musclées. Mon érection pulse dans mon caleçon que je dégage en dernier. Je n’hésite à faire les derniers pas qui nous séparent pour le retrouver. J’enjambe le rebord de la baignoire et mes mains se posent sur sa taille.

    Jax frisonne avant de sourire et de se laisser aller contre mon torse. Mon cœur fait des putains de bons de savoir que cet homme est à moi. Et il se serre en sachant que j’ai pris une décision des plus difficiles qui le blesse. Mais Jax est tellement exceptionnel qu’il sait être de raison même quand le cœur n’y ait pas.

     

    — T’as fermé la porte ? me demande mon partenaire.

     

    — Je l’ai même verrouillé.

     

    Je laisse trainer ma langue sur son cou. J’embrasse sa mâchoire piquante d’une barbe qu’il n’a pas encore rasée. L’eau chaude commence à me mouiller, mes mains gravitent sur lui, les siennes restent sages pour un court laps de temps.

     

    — Ça me rappelle un bon moment, m’avoue Jax.

     

    Je souris contre son cou que je mordille. Oui moi aussi, même si ça a frôlé la catastrophe sur la fin, c’était intense. C’était inespéré et tellement jouissif de l’avoir ainsi. Il n’y a rien de mieux qu’un Jax perdant le contrôle.

     

    — Moi aussi.

     

    Je lèche sa nuque trempée, il frissonne. Un juron lui échappe quand il sent mon sexe bandé contre ses fesses. L’atmosphère dans la pièce devient plus tendue. Une tension nerveuse nous gagne, celle révélant l’excitation et la passion vive.

     

    — J’ai envie de toi, déclare Jax d’une voix rauque.

     

    J’aime qu’il s’exprime aussi clairement. Il ne réfléchit plus depuis quelque temps à tout ça et c’est là que je vois que Jax a évolué. Mon amant désire et ne refoule plus ses envies. Il a accepté de vouloir un homme et n’hésite pas à l’exprimer.

    Mes mains caressent son torse, je frôle ses tétons et dérive plus au sud.

     

    — J’ai une question à te poser avant.

     

    Mon souffle s’emballe, mon rythme cardiaque aussi. A ma demande, l’ambiance s’enflamme.

     

    — Fais vite.

     

    Jax termine de se rincer les cheveux pour être opérationnel. Je souris en le voyant faire, tout comme j’apprécie de voir déjà naitre une superbe érection entre ses cuisses musclées.

     

    — J’ai allumé mon téléphone sur VIDÉOS et ça tourne. Si t’es partant, nous pouvons réaliser notre premier LIVE pour FUCKING BOYS. Si tu ne l’es pas, je garderai le film pour moi.

     

    Jax se fige, son regard se tourne vers moi, je ne le quitte pas des yeux alors qu’il réfléchit à ma proposition. Du sexe, oui, toujours, entre nous, mais est-ce qu’en dehors des caméras mon partenaire voudrait être filmé dans son intimité ?

     

    — OK, me répond-il. Baisons et voyons.

     

    Je ris face à son commentaire que je sais rempli d’humour. Il termine de se rincer en sachant très bien que nous retournerons nous laver après notre étreinte.

    Peut-être que je pousserai le vice à demander à ma sœur de veiller sur Sage lors d’une de nos dernières nuits à Sydney pour kidnapper son père et le faire transpirer dans les draps durant des heures avant de tomber de fatigue.

     

    — On a combien de temps ? m’interroge mon amant.

     

    — Un quart d’heure sans doute.

     

    Jax se retourne d’un seul coup, il m’attire contre lui et me plaque contre le carrelage mural. Mon dos encaisse l’impact avec plaisir. Je croise le regard lumineux de mon amant. Jax ne cache pas l’envie qui le ronge. C’est si bon d’être ensemble de cette façon-là. Toujours fort et apaisant.

    Et tellement jouissif.

     

    — Alors, ne perdons pas de temps, conclut l’acteur en écrasant sa bouche contre la mienne.

     

    Je savoure l’impact de ses lèvres sur moi. Je les embrasse avec fougue et envie. Je sais que chez mes parents, je n’ai pas de malaise à avoir. Même si c’est la première fois qu’ils me voient avec quelqu’un, je n’hésite pas à embrasser Jax si j’en ai envie. Lui se fait plus discret, il n’est pas habitué à ça, à ce que des inconnus le regardent apporter de l’affection à un autre homme. Cette légère pudeur me plait et m’excite à la fois. Surtout quand on sait de quoi l’acteur est capable en privé. Sage rit toujours en nous voyant faire. Elle trouve ça mignon les bisous.

    Moi, j’adore ça. C’est le premier contact que j’ai eu avec Jax et le plus simple auquel j’ai droit en dehors du sexe. Je ne pourrais pas m’en passer. Il se dégage tellement d’intimité dans un seul baiser.

    Ma langue joue avec la sienne. Des frissons me gagnent. Je remue contre lui à la recherche de plus de friction. Le sexe de Jax glisse contre le mien dans un mouvement lent et excitant. La douche prend quelques degrés encore. Mes mains pressent ses hanches, je crève d’envie qu’il me soulève légèrement pour que je puisse le coincer entre mes jambes et laisser faire la gravité faire son job, mais mon compagnon en a décidé autrement.

    Jax s’écarte et s’agenouille face à moi. L’eau de la douche continue de nous tremper. Je n’ai pas le temps de me préparer à l’assaut qu’il s’exécute. Sa main se referme sur ma verge et ses lèvres emprisonnent mon gland sensible.

    Mon poing finit dans ses cheveux que je tire en essayant de retrouver du souffle. Mon cœur tambourine dans ma poitrine alors que j’observe Jax me prendre dans sa bouche chaude. Sa langue tournoie autour de ma queue, l’acteur exerce un succion approfondi qui me fait jurer. Il m’accueille profondément, j’ignore ce qui est le plus excitant. Voir Jax à genoux pour moi, ou le voir me sucer avec envie. Parce que l’acteur ne joue pas, il s’active avec la même envie que d’ordinaire lorsque nous sommes en tête à tête. Je ne vois pas l’ombre d’une hésitation dans son regard. Il aime ce qu’il fait, il aime être avec moi, il m’aime et bordel, ce mec me rend tellement fou. C’en est jamais assez d’êtres à ses côtés.

    Je respire plus vite alors que la bouche de Jax augmente son rythme, entre coup de langue et aspiration, des spasmes de plaisir inondent mon ventre, tendent ma queue, la rendant encore plus sensible.

    Je manque de défaillir lorsque Jax se met à fredonner autour de moi, des vibrations rajoutent au plaisir du moment. Mais c’est surtout lorsque sa langue s’emploie à torturer le bout de mon sexe que je manque de jouir. Voir Jax me regarder, son poing refermé sur ma verge, sa langue lapant mon gland, léchant la petite goutte salée et taquinant la veine gonflée.

     

    — Bordel, tu suces comme un putain de Dieu, Jax, je souffle en bougeant des hanches.

     

    Sa main accompagne mes mouvements, il me laisse m’enfoncer dans sa bouche quelques coups de reins. Les doigts libres de Jax s’immiscent entre mes jambes pour venir effleurer mes bourses. Je halète, le rythme cardiaque affolé. La pression de ses doigts me malaxant ne manque pas de me faire réagir. Je glisse plus rapidement entre ses lèvres ouvertes. Je suis fasciné par sa façon de faire, j’ai toujours aimé ça, regarder un homme me prendre en lui. C’est une vision des plus excitantes surtout quand le mec en question est le sien.

    Quand l’acteur glisse vers mon cul, je cède. La légère pression de son majeur contre mon orifice met mon self-control à mal. Après presque une semaine sans sexe, je ne veux pas joueur : je veux tricher et passer de la case départ à l’arrivé en sautant tous les points de contrôle.

     

    — Jax, je déclare en m’écartant à contrecœur.

     

    J’aide mon amant à se relever. On manque de déraper quand il se redresse, et je sens venir le fait divers : « deux hommes pimentent leur douche et se retrouve le crâne explosé contre le sol ». Ce serait moyen comme Noël.

    Je ne réfléchis pas, j’attrape la main de Jax pour le guider hors de la baignoire. Mon amant prend soin de couper l’eau. Je jure, il va falloir être discret.

     

    — Des idées ? me taquine Jax alors qu’il m’observe scruter la pièce.

     

    Toujours.

    Je lui offre un clin en allant ajuster le téléphone dans le bon angle. Je reviens vers lui, ma peau est aussi trempée que la sienne, Jax sent le gel douche, bordel, si j’avais le temps, je laisserais courir ma peau sur toutes les zones, jusqu’aux meilleures pour le faire frémir.

    Malheureusement, j’ai bien peur qu’il ne nous reste que très peu de temps avant que notre absence ne soit remarquée.

    Et j’ai besoin de ça, de lui.

     

    — Assis toi contre la baignoire, j’ordonne d’une voix rauque.

     

    — Tu veux la jouer cow-boy australien ? me questionne Jax en haussant un sourcil.

     

    Je souris de plus belle.

     

    — Exactement.

     

    Jax se laisse tomber sur les fesses, sur le tapis de bains à moitié trempé. Son dos s’appuie contre le carrelage bleu. Il me fait signe de venir vers lui d’un geste de la main. Je ne perds pas de temps.

    Je le chevauche, mes jambes de chaque côté de ses cuisses mouillées. Le contraste de nos peaux va se faire ressentir. Ça va claquer quand nous nous mettrons à bouger. Je passe un bras autour de ses épaules pour me maintenir, puis je commence à bouger des hanches, allant et venant sur lui. J’intime un mouvement sexy qui stimule nos deux sexes l’un contre l’autre. Nos visages sont proches, à un geste de capture les lèvres de Jax. Au lieu de ça, je profite de l’expression qui se dessine sur ses traits. Ce mec est trop beau pour être à moi.

     

    — On n’a rien sous la main, Dereck, remarque Jax en pressant les siennes sur ma taille en mouvement.

     

    — Comme si ça allait m’arrêter.

     

    Il sait que j’adore ça en plus. Le sexe brutal, où la douleur persiste plus qu’un instant. C’est tellement bon d’être marqué de l’intérieur, de tout ressentir. Jax s’impose en moi et je me souviens de lui quelques heures après son passage. C’est l’une des choses que je préfère.

    Je crache dans ma main, mon poing se referme sur son sexe que je lubrifie. Jax tressaille à mon contact, un juron lui échappe, son souffle augmente.

     

    — Dereck…

     

    Mon pouce frotte son gland, je prends un certain plaisir à le rendre nerveux. Le pousser à bout le rend instable et tellement plus passionné. Nos étreintes n’en sont que meilleures.

    L’atmosphère dans la salle de bain ne fait qu’augmenter. On respire le sexe et l’envie.

    Ses doigts se présentent à ma bouche, je les laisse entrer. Je les suce sans quitter le regard de mon amant qui devient fou. Je laisse trainer ma salive dessus, glisse ma langue. Ses doigts entament un mouvement de va-et-vient entre mes lèvres. Bordel, c’est tellement excitant. La sensation est semblable à celle de sa queue allante et venante en moi. J’ai envie de ça.

    Jax semble le comprendre, j’accélère ma prise autour de lui, l’acteur jure. Ses doigts humides trouvent mon cul, dès qu’ils s’enfoncent en moi, je retiens mon souffle. Je contacte mes muscles autour de lui pour faire sentir à Jax combien j’en ai besoin, maintenant. Je me fous de la douleur, elle m’excite. Je ne veux pas faire les choses lentement, je veux qu’on se perde dans le feu de la passion. Que le sexe devienne un peu brutal. On aime ça, cette fougue qui nous perd.

     

    — Jax, je te veux toi, je murmure en posant mon front contre le sien, viens.

     

    Ses doigts continuent de jouer avec mon cul. Glissant plutôt facilement, m’attirant des frissons. On dirait qu’il tente d’atteindre son but habituel, mais dans notre position, c’est plutôt compliqué.

     

    — Ne t’en fais pas pour ma prostate, je le taquine, ta queue se chargera de la trouver.

     

    Je m’embrasse avec fougue pour faire le faire taire. Je frissonne néanmoins sous les mouvements de sa main. C’est tellement bon, mais rien n’est meilleur que ce qui va suivre.

    Je me hisse sur lui, ses doigts écartent à présent mes fesses, je me positionne pour que son gland presse mon entrée. Un spasme de plaisir me contacte le ventre sous l’excitation. J’en crève d’envie. Qu’importe la douleur, qu’importe la rapidité, qu’importe le comment, tant que c’est avec Jax, je ne me soucis plus du reste.

    On retient nos souffles un instant avant que tout bascule. Je laisse faire la gravité, je m’empale sur lui, laissant son sexe entrer en moi. Je me raidis sous la brûlure intense, Jax se contracte sous moi. Il tente de m’écarter, mais je reste contre lui et l’embrasse pour le distraire. Je laisse mon corps s’adapter. Une multitude de sensations me gagnent, Jax tremble contre moi. Je palpite autour de lui, et j’imagine très bien ce qu’il ressent : cette sensation d’être totalement possédé et prisonnier.

    Bordel, je dois être totalement à fleur de peau pour bander à ce point alors que la douleur familière est plus forte que d’ordinaire.

     

    — Touche-moi, je demande d’une voix presque suppliante alors que je commencer à bouger sur lui.

     

    Je monte et descends sur son sexe tendu avec rapidité. Mon cul claque contre ses cuisses, je l’enfonce profondément en moi, j’en apprécie chaque sensation, chaque pression et chaque caresse. Je frissonne quand je change d’angle pour que son gland vienne toucher ma prostate.

    La main de Jax se referme sur ma queue, on commence à bouger en rythme. Nos gestes sont coordonnés, brusques et rapides. Le but étant de basculer le plus vite possible. J’ai rarement partagé un tel moment avec lui. La passion nous fait arborer un masque des plus sexy, Jax est perdu dans la montagne de sensations qu’il ressent, je suis rapidement au bord du gouffre. L’empalement de son sexe en moi, sa main me malmenant, les spasmes de plaisir qui irradient dans mon corps à leur contact.

    Un dernier contact, une dernière pression, un dernier mouvement de reins, et nous basculons avec violence, l’un contre l’autre, sur le sol de ma salle de bain. Je jouis dans la main de mon amant qui s’enfonce une dernière fois en moi avant de céder à son tour. Je sens la chaleur me noyer de l’intérieur. Mon orgasme prolonge le sien. Je palpite autour de lui, le souffle court, nos deux fronts posés l’un contre l’autre. Je nous maintiens blottis ainsi. Le cœur au bord de l’explosion, et un sourire de génie sur le visage.

    Jax met quelques instants à revenir sur terre, il me lâche en m’entendant gémir. Sa bouche embrasse le coin de la mienne avant de déclarer :

     

    — Sans doute notre baise la plus rapide.

     

    — Vite fait, bien fait.

     

    Je l’embrasse à nouveau en savourant cette ambiance apaisante qui nous entoure après le sexe. J’avais besoin de ça pour affronter la journée, et surtout mon frère. Ce dernier va sans doute sceller mon avenir proche. Et si le réveillon de Noël commence bien, j’ai peur qu’il se transforme en fête dédiée au père Fouettard.

     

    ***

     

    Mon frère me tend une cigarette que j’accepte volontiers. On s’est éloigné un peu avant le début du repas. J’ai enfin rencontré mon petit neveu, Aaron, il est magnifique. Il parle très bien et m’a reconnu. Je vois qu’Isobel n’a pas manqué de lui parler de moi, de montrer mes photos, et ça m’a ému. Ce petit bonhomme est magnifique. Sage était sous le charme aussi. Elle n’a pas cessé de nous demander si elle aurait cette chance, avec son père ou avec sa mère d’avoir un petit frère. Jax n’a rien dit, j’ai ri de la voir aussi au courant du sujet. Brooks ne s’est visiblement pas gêné de lui expliquer comment lui et Lake auraient un jour des gamins. Ils ont bien fait. Parler d’avenir me semble éphémère pour l’instant, mon présent actuel est tellement instable que mes désirs sur le court terme pourraient être compromis.

    J’allume la clope en tirant dessus. On partage aussi une bière et ça me rappelle ces soirs d’été ou nous habitions tous ici encore. On écoutait un match à la radio en profitant de la vie du quartier. Ce soir c’est plus calme, mais je ne le suis pas. J’ai besoin de savoir ce que mon frère a à me dire. Il est arrivé il y a quelques heures, nous avons tous fait en sorte de ne pas mentionner l’affaire pour profiter de retrouvailles bien méritées, mais désormais il est temps, sinon, je vais finir fou.

     

    — J’attendais le bon moment pour te parler de tout ça, mais tu m’as l’air bien à cran.

     

    — Laisse-moi passer un réveillon de Noël l’esprit en paix. Je me fais des films, je lance à mon frère en lui tendant la clope.

     

    Il zieute derrière lui pour vérifier qu’Isobel ne le voit pas faire. Il tire deux trois lattes avant de me la redonner. Un silence étrange s’installe entre nous. Vinz boit plusieurs gorgées de bière avant de soupirer. Il ne croise pas un instant mon regard.

    Qu’est-ce qu’il se passe ?

    Depuis l’accident de Sage, Vinz m’a dit qu’il avait mis les bouchés doubles et que les choses allaient changer à la nouvelle année. Je me demande ce qui pourrait être pire : si mon frère a trouvé de quoi m’inculper dans son enquête en dénichant une véritable snuff, ou bien… si je suis totalement écarté de l’affaire pour X ou Y raisons.

    La vérité ne tarde pas à être révélée.

     

    — Je n’ai plus besoin de toi, Dereck, murmure-t-il doucement.

     

    — Quoi ?!

     

    Bordel, mon sang ne fait qu’un tour face à cette annonce. J’ai l’impression de me prendre une baffe en pleine gueule. L’organe dans ma poitrine se serre, mon rythme cardiaque s’accélère et je n’ai qu’un mot en tête : pourquoi ?

     

    — Vinz, tu déconnes !

     

    Mon frère passe une main nerveuse dans ses cheveux.

     

    — Il y a plusieurs raisons Dereck. D’abord, on nous a affecté un nouveau procureur, une femme géniale qui a repris le dossier depuis le début. Elle a trouvé nos propres failles… et ton témoignage a été jugé trop bancal. Nous le savions. Et puis… j’ai eu un retournement de situation qui m’a confirmé ce que j’espérais : j’ai pris la décision de t’écarter de cette affaire. Je pense que tu mérites de tourner la page, je pense que tu en as assez fait, et grâce à toi, j’ai réussi à trouver plus que ce que j’imaginais.

     

    Je tire sur ma clope en essayant de calmer la colère qui nait en moi. Je me sens… comme une merde qu’on jette quand on trouve mieux. J’entends les propos de mon frère, mais j’ai du mal.

    Je savais que je pouvais être considéré comme étant un témoin instable à cause de mon passé de drogué, mais après autant de temps pour combattre mon addiction, j’aurai pu aider…

    Cette affaire m’a tellement maintenu à flot, elle m’a donné envie de me battre, de surmonter le plus dur. J’avais un but, et Vinz me le retire.

     

    — Je ne comprends pas.

     

    Je tente de rester calme, mais j’ai du mal.

     

    — J’ai réussi à trouver la preuve qu’il me manquait.

     

    Nos regards se croisent dans cette animosité. On se tourne pour faire face à nos proches qui s’emploient à terminer les derniers préparatifs. Je tire sur ma clope en voyant l’avenir devant nous, bien loin du passé qui nous a rapprochés avec Vinz. Mon frère me fait la révélation de l’année, celle auquel je ne suis totalement pas prêt.

     

    — Matthews Riggs, Demon. Il est venu à New York avant mon départ, il avait en sa possession sa propre snuff movie.

     

    Mon cœur rate un battement. Deuxième choc. Je me tourne vers Vinz qui boit à sa bière en acquiesçant. Il me confirme que c’est bien vrai. Mais comment est-ce possible ? Comment Demon a fait ?

    Je réfléchis pendant que mon frère tente d’apporter quelques réponses à mes questions, je vois certaines parties du puzzle s’emboiter dans mon esprit, expliquant enfin le comportement de Demon. Il s’éloignait de FUCKING BOYS pour replonger dans le passé. Il a dû se produire un déclic à un moment donné pour que l’Hardeur se lance dans cette quête, j’ignore quoi cependant, mais Demon n’agit pas sans rien.

    Je n’ose même pas imaginer ce qu’il a dû faire ou qui rencontrer pour atteindre son but.

    Merde, j’en ai de l’arythmie.

     

    — Il l’a retrouvé. J’ignore comment il a fait, mais Demon me l’a apporté, il m’a garanti que c’était la seule copie, et qu’il était prêt à témoigner pour faire plonger Battle. Peut-être pour une partie de ses crimes, mais suffisamment pour le condamner à perpétuité étant donné les accusations. Quand on a visionné la cassette, bordel… personne ne peut simuler ce qu’il a vécu, Dereck, c’était une boucherie.

     

    Je ferme les yeux en refoulant la culpabilité. Je me souviens encore de son visage défoncé ce jour-là, quand il m’a annoncé qu’il partait. Il semblait mal, mais avec la drogue, je n’ai pas dû voir à quel point il était détruit physiquement et mentalement.

    J’observe mon frère, il a l’air tellement mal. Il termine sa bière d’un trait en poursuivant notre échange tendu.

     

    — La procureure a authentifié son témoignage avec la casette. Voilà pourquoi Demon ne sautera pas et sera un des principaux acteurs de la condamnation de Battle. J’ignore comment il faut pour rester aussi stable.

     

    Ce n’est qu’apparence, j’ai envie de lui dire. Demon ressemble à une bombe prête à exploser.

    Qu’est-ce qu’il a dû faire pour la récupérer ?

    Cette question qui n’aura jamais de réponse me hante. Pourquoi n’a-t-il rien dit ?

    Parce que c’est Matthews.

    Je reste sans voix face à tout ça. Je comprends mieux que mon frère décide de m’évincer. Je ne servirai à rien face à Dem.

     

    — Et puisqu’une nouvelle n’arrive pas seule. J’ai appris par mes collègues à la sortie de l’aéroport qu’ils avaient arrêté Garret et Kyle à la frontière du Mexique. Ils avaient presque réussi le coup parfait pour disparaitre, mais le sort en a décidé autrement.

     

    Nouveau choc.

    J’observe mon frère en haussant un sourcil. Il acquiesce. Nous sommes d’accord, ce n’est pas le fruit du hasard que deux suspects soient retrouvés aussi vites. On a dû les balancer. Mais je sais que Vinz ne cherchera pas pour l’instant à trouver le pourquoi du comment. Il sait qu’il marche sur des braises, à tout moment, tout peut foirer s’il s’approche trop des grands méchants. Ces derniers lui donnent de quoi bosser sans creuser plus.

    Ils ne connaissent pas encore Vinz.

     

    — C’est fini Dereck, ils vont plonger, conclut Vinz, après presque quatre ans d’enquête.

     

    — Pas les acheteurs. Ils trouveront d’autres fournisseurs de ce genre de vidéos… je soupire.

     

    Mon frère serre mon bras pour avoir mon attention. Il semble aussi contrarié que moi, mais je note cette lueur d’espoir, celle qui soulagera un peu les familles des victimes en sachant que le responsable de la mort ou des sévices de leur proche paiera. Peut-être que Vinz réussira à faire le lien entre sa liste de noms et celles de Battle. Peut-être pas. Mais au moins, cet enfoiré sera condamné pour ces actes.

     

    — Cette partie du combat, nous ne pouvons pas la gagner pour l’instant. Peut-être que si nous remportons le procès, on montera une équipe qui se chargera de ce problème. L’affaire ne va pas rester sous silence quand elle éclatera dans les journaux. Demon est prêt à ça.

     

    Vinz montre d’un signe de la main, Jax qui installe confortablement Sage dans un fauteuil. On est tous habillés des t-shirts rouge et blanc, avec des touches de verts. On ressemble à la famille kitch. J’observe mon amant et sa fille. Ils rigolent à une blague de mon père. Ils semblent… bien, tous ensemble. Jax accepté, Sage. Ça ressemble à l’avenir tout ça. Mais quelque part, je sens les bribes du passé, ce combat, j’ai du mal à le lâcher, à aller de l’avant. Il m’a tellement maintenue à flot qu’il est dur de lâcher la bouée maintenant que je sais nager.

     

    — Mais toi, tu as tellement à perdre Dereck, tellement. Je sais que tu es quelqu’un de bien, de confiance, mais on ne prendra pas en compte ton témoignage. Pas à côté de celui de Demon. Ni à côté de ceux qui étaient plus clean que toi à l’époque. Et même si je crois en toi, je ne veux pas t’embarquer dans une bataille ou tu seras le soldat qu’on mettra sur le côté. Tu as œuvré dans l’ombre, mais tu as permis de prouver qu’il y avait des moyens de parvenir jusqu’à la lumière. Merci Dereck, pour tout ce que tu as fait. Je sais que c’est dur, mais je préfère être un enfoiré et te jeter avant qu’on ne s’en prenne à toi. Je t’aime trop pour ça, et quand tu m’as appelé pour me dire que ta famille était en danger à cause de mon incapacité.

     

    La confession de mon frère me touche plus qu’il ne le pense. L’entendre dire que j’ai une famille, autre que là nôtre me chamboule. Ça prouve tellement de choses aux yeux de tous. Ça montre que j’ai changé, que j’ai su accepter un peu de normalité dans ma vie de dingue. Mon frère est plus sage que moi à cet instant. Il me retire du combat quand je me saurais maintenant tête baissée, prêt à tout sacrifier encore pour des enfoirés.

     

    — S’il y avait eu Demon…

     

    — Je t’aurai viré quand même. La vie d’un enfant ne vaut pas une preuve dans une affaire. J’en aurais trouvé d’autres, m’interrompt Vinz.

     

    J’acquiesce. Merde, c’est douloureux d’accepter que le combat était perdu d’avance. D’un côté, je suis soulagé, d’un autre, j’espère que ça suffira pour que Vinz et les autres remportent cette bataille finale, qui se fera sans moi désormais.

     

     

    ***

     

     

    — Je suis désolé, s’excuse Jax.

     

    On s’est isolés un instant après un début de repas des plus sympathiques. J’avais oublié à quel point ma mère cuisinait bien. J’avais oublié l’ambiance chaleureuse.

     

    — Je ne pensais pas que mon témoignage soit à ce point irrecevable. Depuis le début de cette histoire, mon frère ne compte que sur moi. J’avais l’impression de servir à quelque chose. Ce combat m’a donné une raison de me battre encore plus. Je soupçonne mon frère de le savoir depuis un petit moment déjà.

     

    — Dereck…

     

    Nos regards se croisent, j’en suis à ma sixième clope de la soirée, mais mon amant n’a rien dit. Je pense qu’il a compris que j’ai besoin d’évacuer la tension qui règne en moi. Et à défaut de le faire avec lui… je fais comme je peux. Jax semble soulagé, et en même temps soucieux.

     

    — Je vais avoir du mal à accepter que ça se poursuive sans moi. Mais je suis soulagé que le FBI ait trouvé de quoi avancer.

     

    — Demon le fera plonger, et s’il le fait, c’est grâce à toi. Tu as réussi à faire ce que tu souhaitais, peut-être pas comme tu le voulais, mais tu as contribué à faire plonger les monstres du passé. Je suis tellement fier de toi. De cet homme courageux que je n’ai pas connu, et de celui que je découvre un peu plus chaque jour.

     

    Mon cœur s’emballe face aux propos de mon compagnon.

     

    — Est-ce que tu rentres avec nous ? demande mon amant.

     

    — Je ne comptais pas rester ici sans vous désormais.

     

    Je vois le soulagement se peindre à nouveau sur son visage. Sa main glisse dans mes cheveux, il m’attire à lui et m’embrasse le front. Je me laisse faire dans cette étreinte. Je suis soulagé aussi. Je redoutais le moment des séparations. Je n’avais pas envie de quitter ce que nous étions en train de construire. Et puis, à la rentrée, le procès pour la garde de Sage se conclura, et en fonction du verdict, ce sera à son tour d’avoir besoin de moi.

     

    — La vidéo donne là à Scarlett, je crois qu’elle sera heureuse de comprendre par ce biais que ces deux acteurs sont plus qu’amis. Je ne doute pas qu’elle fera un succès fou, chuchote-t-il à mon oreille.

     

    Je me fige face à cette soudain révélation. Je m’apprête à lui demande pourquoi, quand il me devance. Ses bras enlacent ma taille, il m’attire à lui pour que je lui fasse face. L’atmosphère devient étrangement agréable, elle m’enlève un peu du poids que j’ai dans la poitrine. Dans la pénombre de la nuit, alors que j’entends mon père, ma sœur et Sage chantaient de célèbres chansons de Noël, je partage un moment réconfortant avec l’homme dont je suis fou. Celui que je n’aurai jamais pensé avoir ainsi.

     

    — On ne lâche pas, renchérit Jax. On ne prend plus de décisions aussi violentes que la tienne. On avance Dereck et on doit avancer là aussi. Alors… si tu es d’accord, je veux que tout le monde sache qu’on est ensemble. Je veux t’aimer en public, dire que tu es à moi pour qu’on ne me propose plus aucune vidéo sans toi. Je te veux encore et après toutes ces épreuves, même avec celles qui nous reste, je suis sûr d’une chose : je t’aime et je n’ai jamais ressenti ça pour personne. Ce tel besoin d’appartenir à quelqu’un. D’être avec quelqu’un, de le revendiquer.

     

    Jax se tait un instant, son visage s’approche du mien. Son souffle chaud m’attire des frissons. Je ne pense pas m’habituer un jour que c’est ma réalité. Que j’ai quelqu’un à présent. Ça me semble encore irréel.

     

    — Je te revendique Dereck Cole, t’es à moi. Gay ou pas gay, témoin ou pas, Hardeur ou simple acteur, australien et américain, acteur porno ou globe trotteur. Amant et ami. Tu n’es pas un lâche, me confirme-t-il, et sans toi, peut-être que cette histoire n’aurait jamais vu le jour. Peut-être que Battle n’aurait pas payé pour ces crimes. Tu es un héros à mes yeux, le mien, un de ceux de ma fille. Et je vais être là pour t’aider à surmonter ça.

     

    Son front s’appuie contre le mien. Je le serre contre moi en savourant la chaleur qu’il dégage et en imprimant ses mots dans ma mémoire.

     

    — C’est l’heure des cadeaux ! s’exclame Ella en nous interrompant.

     

    On ne sursaute pas quand elle arrive, on s’éloigne juste un peu pour lui faire face, mais on garde cette proximité. Celle qu’ont tous les autres couples. Je jette un regard avec Jax, il n’a plus cette gêne qu’il avait au début de notre partenariat.

    On avance, ensemble, on se découvre, on découvre ça tous les deux.

     

    — Vous êtes trop mignons, commente ma sœur en prenant une moue adoratrice.

     

    Je garde un bras autour de ses hanches.

     

    — Quelle chance qu’il soit à moi, je renchéris.

     

    Mon partenaire me le confirme en embrassant le coin de ma joue, bordel, ce simple geste me fait frissonner et fondre mon cœur de gros dur. Son naturel charmeur et tendre me séduit autant qu’une pipe.

     

    — Hum… je n’ai pas de chance pour te refaire basculer du côté obscur ? plaisante Ella.

     

    Un rire gagne Jax qui claque mes fesses avant de s’écarter pour entrer.

     

    — Désolée belle-sœur, mais ton frère a des atouts que tu ne pourras jamais avoir.

     

    — Une queue ?

     

    Jax lui offre un clin d’œil en se penchant vers son oreille. Je l’entends quand même murmurer :

     

    — Et tellement plus que ça.

     

    Les deux se tapent dans la main avant que mon compagnon n’aille retrouver sa fille pour qu’elle aide à distribuer les cadeaux que le père Noël a apportés.

    Quant à nous, Ella me jette un regard qui en dit long. Celui qui insinue ; ne laisse pas partir cet homme quoiqu’il arrive. Jax est foutu, quand je fais une promesse, je la tiens, surtout quand il s’agit de nous.

     

    ***

     

    On a réussi à apporter quand même pas mal de cadeaux avec nous. On attend que Aaron et Sage aient terminé d’ouvrir leur paquet. La petite puce a eu plein de livres sur les princesses ainsi qu’un… sabre laser. J’ignore ce qu’elle va faire de ça, mais ça avait l’air de l’éclater.

    Mes parents se sont offert des livres ainsi qu’un tas de bricoles. Ma sœur a reçu une collection entière de Disney en DVD, mon frère et ma sœur un séjour en Australie. Le message subliminal de mes parents pour voir leur petit fils plus souvent. J’ai horreur à Jax un immense intégral de Série TV et lui, il me tend mon cadeau. Une boite carrée.

    J’entends plein de vannes sur le contenu. Jax reste discret en souriant. Je me demande ce qu’il y a à l’intérieur.

     

    — Une clé USB ? je l’interroge.

     

    — Ouvre et tu verras, me lance mon amant en se frottant les mains.

     

    Je lui jette un coup d’œil amusé en déchirant le papier cadeau sobre. Je découvre une boite rouge. Je l’ouvre en retirant le couvercle et le contenu manque de m’échapper quand je vois de quoi il s’agit.

    Il n’a pas fait ça.

    Mon cœur s’emballe.

     

    — Qu’est-ce que c’est ? demande Sage en se penchant vers ma boite.

     

    Je me tourne vers Jax qui sourit, fier de lui.

     

    — Est-ce que… je commence.

     

    — Le père Noël t’a apporté la clé de l’appartement. Je crois que ça serait sympa que tu l’aies. Surtout si tu as envie d’emménager avec Sage et moi.

     

    Seigneur.

    Je dévisage la clé posée sur un mini cousin. Il y a un porteclé avec écrit « HOME ». Ma main se met à trembler, je sens l’émotion me gagner. Je ne m’y attendais pas.

     

    — Oh, ça veut dire que Dereck va enfin venir habiter avec nous ? demande Sage, ravie.

     

    Jax la prend sur ses genoux. La petite fille semble heureuse. Elle scrute ma réaction, comme toute ma famille. Ils restent suspendus à mes lèvres.

    Laissez-moi deux minutes.

     

    — T’es content ? poursuit la petite princesse.

     

    Mes yeux deviennent légèrement humides. Merde, je n’arrive pas à le contrôler, mais… c’est tellement pour moi. Cette clé représente un avenir. Jax me demande d’emménager chez lui. C’est énorme. C’est… un grand pas. Un des plus grands. Jax me prouve encore une fois que notre histoire n’est pas un coup de folie, une crise de la trentaine. Non, il le veut. Il a envie que je sois avec lui, qu’on construire quelque chose.

    Bordel, si nous étions en tête à tête, la clé aurait fini par terre et nous aussi. Je l’aurai baisé contre ce sol pour le remercier de me faire sentir aussi vivant et aimé.

     

    — Oui, je suis tellement content.

     

    — Tu acceptes ?

     

    Jax semble hésiter de ma réponse.

    Je souris comme un con en glissant une main autour de sa nuque pour l’attirer contre moi.

     

    — J’accepte.

     

    Je l’embrasse avec fougue sous les applaudissements de mes proches. J’imagine mon compagnon rougir devant toute cette attention. Le contact de nos lèvres ne dure qu’un instant, mais suffisamment pour lui communiquer tout ce que je ressens.

    Je t’aime, résonne autour de nous.

     

    — Ils vont enfin pouvoir faire cracra biscotte sans que Dereck n’ait à partir sur la pointe des pieds le matin, commente Sage.

     

    Un élan de rire nous gagne face à la déclaration de la petite fille, apparemment, on s’était fait bien griller. On laisse finir de déballer Aaron qui avait planqué certains de ses paquets et je savoure ce moment de calme où pour la première fois, même si l’avenir va changer, il ne me semble plus aussi incertain et dangereux. Je le dois à trois hommes : mon frère, Demon et Jax.

  • Fucking Love #1 - For Play - Epilogue

    Epilogue

    Dereck

     

     

    Je tourne mes clés dans la serrure quand mon portable se manifeste dans ma poche. Je le sors en ouvrant la porte, je vois que c’est Vinz. Mon frère tente de me joindre après que j’ai trouvé le courage de l’appeler pour lui raconter ce qu’il s’était produit la semaine dernière à Chicago.

    J’attrape mon sac et au moment où je m’apprête à décrocher pour lui dire de me rappeler demain, je me reçois un violent coup de poing.

    Je recule en chancelant, désorienté. Du sang s’échappe de mon nez. La douleur est fulgurante.

    Je n’ai pas le temps de faire quoi que ce soit que l’assaillant me décroche un autre coup de son droit qui me fait perdre l’équilibre. Je heurte le sol, mon portable s’éclate par terre dans un bruit étouffé par celui de mon corps. Ma tête cogne le parquet de l’entrée de mon appartement. Tout le côté droit de mon visage me brûle. L’odeur du sang annihile mes sens. Je suffoque alors qu’il glisse dans ma bouche. Je crache, je tente de respirer mais mon agresseur ne m’en donne pas le temps.

    L’intrus se met à ma hauteur, il m’écrase de son poids. Ma vue redevient plus nette, je vois un homme imposant, cagoulé, vêtu de noir. La silhouette est imposante.

    Je me débats, mon poing part heurté l’inconnue. Une lutte violente commence. Je tente de prendre le dessus, de le faire basculer sur moi pour le frapper en retour, mais mon agresseur cagoulé m’assène un coup d’une telle violence que ma tête part heurté le sol.

    Une de ses mains agrippe mon t-shirt et il frappe. Encore et encore.

    Le choc est là, l’adrénaline me parcourt. Je m’ordonne de réagir, je suis capable de me battre, mais le mec me domine à présent.

    Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive. Je suis sonné, les coups sont si forts que ma tête tourne. Ma vue se brouille, j’essaie de respirer mais l’air ne semble pas entrer.

     

    — Tu as perdu, lance une voix grave. Et tu vas chèrement le payer.

     

    Et l’homme cogne, il frappe encore. Mon visage s’ouvre, des plaies s’y forment et je saigne. Je me demande ce qu’il m’arrive. Pourquoi on me fait ça, et quelle force faut-il pour mettre KO un gars comme moi.

     

    — Cette fois-ci, ce sera bien réel, tu as voulu jouer, tu as perdu, poursuit cette voix qui me semblerait familière à présent.

     

    Et je comprends. Ce n’est pas le fruit du hasard, c’est quelqu’un que je connais. Ces menaces ne sont pas l’œuvre d’un fou, mais du passé : des membres de SPIT OR SMALOW. Puisque j’ai refusé de me plier à leur menace à Chicago, ils ne perdent plus de temps. Bravant les menaces de mon frère, bravant les interdits et les risques.

    Mon agresseur est missionné pour ça.

    Bordel, il est venu chercher la cassette.

     

    — Garrett, je murmure en crachant du sang, ne fait pas ça.

     

    Je ne reconnais même pas ma voix. J’entends un rire. Malgré ma vue trouble, je vois clairement mon agresseur brandir ce qui me semble être une seringue.

    Mon cœur s’emballe, je me débats, je ne veux pas de ça. J’essaie de me tourner pour ramper et échapper à Garrett, mais ce dernier me saisit par le t-shirt et plante dans mon bras l’aiguille du destin. Il se penche à mon oreille, je sens son souffle et sa cagoule se frotter à ma peau alors qu’il m’assène pour de bon le coup de grâce.

     

    — Bon retour en enfer, Dereck.

     

    Je sens le produit se dissiper dans mes veines, l’effet est tellement rapide, je proteste, mais ma voix ne résonne plus. Je sens seulement l’aiguille qu’on me retire du bras, suivis de l’absence du poids de Garrett sur moi. Vient le bruit des objets qu’on retourne et brise. Il fouille. Il la cherche, cette cassette, mon unique preuve de liberté.

    Et je ne peux pas la défendre. J’espère seulement qu’il ne la trouvera pas.

    Comme dans mes souvenirs les plus sombres, la magie de la drogue s’opère. Mon système nerveux se détend, ma respiration ralentit, une sensation agréable commence à noyer les douleurs de mon corps passé à tabac. Les battements de mon cœur se font moins rapides et dans un élan de lucidité, je me demande si mon agresseur ne m’a pas injecté une dose trop conséquente et si mon corps supporte encore la drogue après tant de temps sans en avoir eu.

    Lorsque mes yeux se ferment pour me faire tomber dans l’inconscience, je sais pertinemment qu’à mon réveil, ce sera pire. Mes démons seront de retour, ainsi que le manque et la folie.

    Surtout la folie. Et c’était le but recherché, que je redevienne cet homme que j’ai détesté être et qui a failli me détruire… si je survis à cette nuit.

     

     

    AMHELIIE

     

    À suivre.

  • Fucking Love #1 - For Play - Chapitre 18

    Chapitre 18

    Jax

     

     

     

    Je termine de raconter à Mackenna devant un café ce qu’il s’est produit ce week-end. Le rapprochement inévitable avec Dereck, notre virée dans Chicago à découvrir ce que ça faisait d’être avec un homme, près d’un homme, de toucher un homme et même plus que ça.

    Je lui ai confié l’audace de Dereck en me proposant son deal et le reste. Mack est restée sans voix quand je lui ai dit ce qu’il s’était produit la nuit même. Elle a rougi à la mention de certains détails et je voyais qu’elle mourrait d’envie d’en avoir plus. J’ai ri en lui disant qu’elle avait même eu la chance de voir ce que ça donnait en live, alors pas besoin de détailler.

    Je lui ai fait le débriefing de la cérémonie et j’ai montré en photos ma statuette qui restera dans ma loge au studio. Puis, j’ai raconté la partie la moins sympathique du week-end : celle où j’ai ramassé mon partenaire chancelant, terrorisé et en proie à une crise de panique. J’ai compris que les choses avaient dérapé et que Dereck cachait des secrets qui l’avaient profondément marqué. Il a un passé plus inquiétant que la drogue, et quand je l’ai vu dans cet état, si faible alors qu’il semble si fort en apparence, j’ai disjoncté intérieurement. Ça m’a fait mal de le voir ainsi. J’ai ressenti le besoin de prendre soin de lui. De le protéger de toute cette merde et de lui prouver qu’il pouvait compter sur moi.

    Dereck ne m’a pas parlé. Il s’est endormi et au petit matin, il avait disparu en me laissant un simple texto disant qu’on se retrouvait pour le départ. Dans l’avion, il était tellement tendu que je n’ai pas osé lui parler. Je lui ai simplement tendu un écouteur et on s’est maté la suite de la série avec les pompiers.

    Ce n’est que lorsqu’il m’a ramené chez moi, dans un silence pesant où je me torturai l’esprit pour savoir comment l’aborder, que mon partenaire m’a demandé de lui laisser le temps d’encaisser tout ça. Quand je l’ai interrogé pour savoir s’il comptait m’en parler, il m’a confié qu’il réfléchissait à ça aussi.

    On s’est quitté furtivement, mais Dereck a osé me saisir par le bras et m’attirer à lui pour m’embrasser chastement et déclencher des putains de frissons dans tout mon corps.

    Ensuite, il s’est renfermé et il m’a lâché un simple « à bientôt », qui semblait être un « à dans longtemps ». Je n’ai pas envie qu’on fasse machine arrière, pas lorsque j’avance.

    Je ne veux pas que Dereck s’échappe parce qu’il pense que je ne suis pas bien pour lui. C’est moi qui ne vais pas dans l’histoire, c’est moi l’hétéro flippé.

     

    — Je n’aurais pas cru que ce week-end prenne cette tournure, j’avoue.

     

    — Qu’est-ce que vous vous êtes dit au final ? m’interroge Mack en torturant son café.

     

    Je soupire en sentant son regard sur moi.

     

    — Il m’a dit que je devais réfléchir à tout ça, que je devais prendre le temps de penser à ce qu’il pouvait se passer. Et Dereck semble d’accord pour m’attendre. Pour essayer, même si…

     

    Je me tais un instant en pensant à ce que Dereck m’a dit, à ce qu’il serait capable de tenter, juste pour moi, juste pour essayer, pour ne pas me brusquer et apporter le regard des autres sur moi.

     

    — Même si c’est caché, je conclus, un peu honteux d’imposer ça.

     

    Mais quand je pense à Sage, pour le moment, ça me ferait faire machine arrière et je ne peux pas. J’ai besoin de Dereck plus que je ne le voudrais. C’est tout ce que je craignais mais qu’importe.

     

    — Putain, je ne m’attendais pas à ça, souffle Mack en souriant.

     

    Elle semble heureuse pour moi, et je suis moi-même surpris du bilan de ce week-end qui m’a ouvert les yeux sur certains points.

     

    — Moi non plus.

     

    — Et qu’est-ce que tu as ressenti ? Je veux dire, face à une pareille déclaration.

     

    Je souris en passant une main dans mes cheveux bruns.

     

    — C’était le bordel le plus total, mais j’ai aimé ça. J’ai aimé quand il m’a dit que c’était plus que de l’amitié.

     

    Merde, comme un adolescent, mon cœur s’emballe en y repensant. Ce moment dans la piscine m’a provoqué des sensations de dingue.

     

    — Mon quatrième partenaire est tombé amoureux de moi alors que je n’ai rien fait pour si ce n’est être moi. Et pour la première fois depuis Bell, je crois que j’aime ça. Même si c’est un homme, ce n’est pas comme ça que je le vois. Je le vois lui. Lui et lui seuls, je constate en regardant Mack.

     

    C’est Dereck. Il y a une telle alchimie entre nous, une telles attraction et attirance. Je n’ai jamais ressenti ça. Et puis, au fil des mois semble s’être tissé des « un peu plus que ça ». Ce week-end à Chicago m’a ouvert les yeux sur ce que je ressentais. Même si mon naturel inquiet désire prendre le dessus, être avec Dereck m’a montré une autre réalité. Celle d’être avec quelqu’un qui vous veut en étant prêt à faire n’importe quoi pour ça.

    Aujourd’hui, malgré les zones sombres qui entourent encore l’Australien, je crois que je me laisserai à essayer. Parce que c’était bon, parce que ça me semblait vrai, parce que quelque chose au fond de moi me disait de le faire, de ne pas réfléchir et de céder. Je le voulais.

     

    — Réfléchis alors Jax, mais ne réfléchis pas trop, se contente de me conseiller Mack en jouant avec le piercing à sa lèvre.

     

    Ma meilleure amie blonde glisse une main dans mes cheveux, puis sur ma nuque et s’approche pour m’embrasser.

     

    — Tu mérites d’être heureux à présent, même si c’est avec un homme. On s’en fou des étiquettes. Tu es toi. Tu aimes qui tu veux. Et ta fille sera heureuse si tu l’es, ne l’oublie pas.

     

    Le silence suit ses propos qui demeurent en moi, je vais réfléchir c’est certain. Au mieux et pour tout le monde.

    Très vite, ce dernier interrompu par des bruits de pas et une voix enfantine qui m’avait beaucoup manqué. Je vois apparaitre Sage, en short et t-shirt panda, des couettes sur la tête qui ne sont pas au même niveau, son visage a subi quelques coups de crayon.

     

    — Papa regarde mon dessin.

     

    Je la prends sur mes genoux et elle me montre ce qu’elle vient de dessiner. Ma fille était contente que je rentre, elle ne m’a pas lâché d’une heure avant de partir vaquer à ses occupations tel un enfant de son âge.

    On discute de tous et de rien pendant un moment avec Mack, jusqu’à ce que Sage me parle de roue géante et de pomme d’amour bien rouge.

    J’adore cette gosse, elle a le don de soumettre une demande de façon intelligente sans que ça semble en être une.

     

    — Sage ? je demande l’air de rien.

     

    — Hum ?

     

    Ma fille se tourne pour me faire face, ses deux petites couettes manquent de fouetter mon visage.

     

    — Ça te dit si on va ce soir à la fête foraine ?

     

    Ses beaux yeux bleus s’illuminent, demain, il y a école, mais on ne rentrera pas tard et je crois que j’ai envie de me faire pardonner mon absence.

    Sage descend de mes genoux en sautillant, elle fait le tour de la table sous le rire de Mack. Puis, elle se fige, comme si elle percutait quelque chose.

     

    — Avec qui ?

     

    La grande question.

    Mack me jette un coup d’œil et je sens venir l’embrouille.

     

    — Dereck voyons, commente-t-elle.

     

    Traitre.

    Je secoue la tête, il m’a demandé de souffler quelques jours lui aussi, de prendre le temps de penser à tout ce qu’il s’était produit. J’ai accepté, ce n’est pas pour que quelques heures après notre séparation.

     

    — Ah oui, Dereck ! Papa, s’il te plait, appelle Dereck !

     

    Sage me supplie du regard en sautillant.

     

    — Ma puce…

     

    — Ou Demon ! ça fait longtemps que je n’ai pas joué avec ses cheveux, Demon me manque, il est drôle.

     

    Les gosses !

    Mack se retient de rire. Demon n’est pas celui qu’on qualifierait de plus drôle. Je doute d’ailleurs qu’il accepte de venir. Il s’est fait plus distant depuis un bon moment, je ne le croise qu’au boulot, et toutes les façons de m’ignoraient étaient exploitées. On verra si la carte Sage marchera.

     

    — J’appelle Demon, ma puce.

     

    Avant qu’elle ne me demande de faire pareil avec Dereck, je me lève pour quitter la cuisine et prendre mon portable pour téléphoner à l’Hardeur. En espérant qu’il ne me repousse pas encore. Parce que malgré tout, cet enfoiré me manque.

     

    ***

     

    Je fais signe à Sage depuis le carrousel, elle s’éclate comme seul un enfant peut le faire en s’imaginant en princesse allant sauver son prince charmant.

    Je m’assois à côté de Demon. À ma grande surprise, il m’a répondu et quand je lui ai soumis l’invitation de Saga avant qu’il trouve une excuse bidon pour me fuir, il m’a dit oui.

    Avoir une gamine adorable aide bien.

    Je dévisage mon meilleur ami, ses traits fermés, ses cheveux noirs aux mèches rouges, ses vêtements sombres et cette impression qu’il va exploser d’une minute à l’autre.

    Il est plutôt calme en tenant la pomme d’amour de Sage.

     

    — Alors avec Archer ? je demande en essayant de découvrir ce qu’il ne va pas, maintenant que c’est moins le bordel dans ma tête.

     

    Mais Demon se raidit à la mention de son partenaire. Il ne me regarde pas et reste fixé sur Sage qui tourne et rit toute seule.

     

    — Il n’y a rien, soupire-t-il en serrant la mâchoire.

     

    Un rire amer me gagne, ce sont des conneries.

     

    — Arrête, j’ai passé le week-end avec lui. Il était ivre la moitié du temps, il faisait n’importe quoi. Ça ne lui ressemble pas. Et j’ai l’impression que vous vous êtes éloignés depuis quelque temps. Pourquoi mec ? Pourquoi tu t’es mis à l’écart ? Je croyais que ça allait mieux…

     

    À propos de la drogue aussi. Demon est comme Dereck, il a eu un passé merdique, plongé dans la drogue et la violence, et il y a quatorze mois, il a fait une violente rechute qui l’a mis très mal. Archer l’a aidé et ils s’étaient rapprochés… jusqu’à un stade que j’ignore, jusqu’à ce que quelque chose ait tout fait basculer.

    Demon ne me dit rien, mais je sais qu’il m’écoute. Il faut juste que je trouve les bons mots pour déclencher une réaction chez lui.

     

    — Je te connais Dem, je reprends, et depuis quelques mois, t’es… étrange. Et j’ai compris après beaucoup de réflexion, que c’était depuis l’arrivée de Dereck. Pourquoi ?

     

    Je ne suis pas aveugle et les autres non plus. Archer surtout, et la fois où Demon m’a surpris quittant la loge de mon partenaire m’a émis une hypothèse que je veux confirmer.

    Contre toute attende, Demon délie sa langue, sans me regarder, les yeux braqués sur ma fille, il se contente de me demander :

     

    — Qu’est-ce que tu sais réellement de ton nouveau partenaire, Jax ? Mis à part qu’il était autant camé que moi ?

     

    Le ton de Demon est beaucoup trop sombre pour laisser présager quelque chose de bon.

     

    — C’est-à-dire ? je l’interroge en croisant les bras.

     

    — Tu sais que c’est un Hardeur.

     

    — Oui.

     

    Demon inspire en me jetant un coup d’œil sérieux et inquiétant.

     

    — SPIT OR SMALOW appartient également à mon ancien label.

     

    Je me fige en encaissant ses propos. Il a bien dit que…

    Oui Jax, il l’a dit.

     

    — Est-ce que t’es en train de me dire…

     

    Demon m’interrompt dans la foulée sans exprimer la moindre compassion.

     

    — Il était avec moi durant deux ans chez SHADOWS HOUSE.

     

    — Tu déconnes ! j’explose d’une voix virulente.

     

    Mon meilleur ami hausse un sourcil en laissant échapper un soupir amusé. Néanmoins, je sens la tension grimper en flèche chez lui. Il serre la pomme d’amour à peine mangée de ma fille en lâchant sèchement :

     

    — J’ai l’air ?

     

    Je ferme les yeux en encaissant sa révélation. Je me souviens d’un soir chez moi, alors qu’on était tous les trois avec Archer et que Demon s’est mis à nous parler de son passé avec une bière de trop de nez. Le porno trash, BDSM et violent, la drogue dans laquelle il était tombé, les choses qu’il avait dû faire.

    Pourquoi je n’ai pas fait le lien plutôt !

    Parce que Demon n’a jamais dit qu’il avait habité à Miami.

     

    — Il ne t’en a pas parlé, c’est ça ? me fait remarquer Demon avec sarcasme.

     

    Je secoue la tête en jetant un coup d’œil à ma fille qui tend un autre ticket à la dame du manège en nous faisant « coucou ».

    L’organe dans ma poitrine se serre, les révélations de Demon me laissent perplexe.

     

    — Jax ?

     

    — Ouais ?

     

    Demon me regarde et je lis le malaise en lui. Ses traits durs sont encore plus marqués. Il hésite et finit par m’avouer quelques instants après :

     

    — Quand je suis parti, il est resté. Je ne sais pas comment il s’est sorti de ça, Jax, je ne sais pas, mais… moi j’ai dû faire des choses extrêmes pour m’en aller.

     

    Du genre ? Mais je n’ose pas poser la question vu la tête que tire Demon.

    Je me tais durant un instant, réfléchissant à ce que je viens d’apprendre, puis la colère me gagne.

     

    — Pourquoi tu m’en parles maintenant seulement ! je déclare, contrarié.

     

    Demon se met à rire en frottant ses cheveux.

     

    — Parce que tu as la même tête qu’Archer, en ce moment !

     

    — C’est faux.

     

    Demon secoue la tête, pensant l’inverse de moi. L’atmosphère entre nous explose la seconde d’après, sans que je ne puisse le prévoir. Mon meilleur ami s’emporte, sa voix devient dure et il perd son calme.

     

    — Tu veux que je te dise la vérité ? T’es exactement comme Archer, sauf qu’il a les couilles de l’assumer. T’es hétéro, OK ce n’est pas simple pour toi. Mais vous voulez deux personnes qui ne sont pas stables ! Dereck s’en sort visiblement mieux que moi, mais la réalité est là : on est déglingué. Ce n’est pas un gars pour toi. Est-ce que t’as une idée de ce qu’on tournait là-bas Jax ? Mis à part ce que je t’ai raconté ?!

     

    Il insiste en me foudroyant du regard. Bien sûr que j’ignore le reste, mais je sais qu’il y a autre chose. Et c’est ce qui est le plus compliqué : savoir les gens qu’on aime dans la détresse sans moyen de les aider.

     

    — Alors, pose-toi les bonnes questions, Jax, pose-toi-les et pose-les à Dereck.

     

    Sur ces mots, il me tend la pomme d’amour de ma fille que je récupère et se lève.

     

    — Tu m’excuseras auprès de Sage, mais je dois rentrer, je dois… rentrer.

     

    Et avant que je puisse le retenir, Demon se met à marcher rapidement, je le perds dans la foule et je comprends que je viens de remuer des choses sans doute plus douloureuses que je ne le pensais, comme Dereck en a remué en venant ici.

     

    ***

     

    Une semaine plus tard...

     

     

    — Allô ?

     

    — Enfin ! je réponds d’une voix parsemée de reproches.

     

    Silence de l’autre côté du téléphone. Un soupir finit par résonner quelques instants plus tard.

     

    — C’est traitre de m’appeler du numéro de ta baraque alors que je ne l’ai pas d’enregistré, souligne Dereck sur un ton grave.

     

    — Tu me filtrais.

     

    Dereck laisse échapper un rire. Je l’ai piégé comme un gosse mais au bout d’une semaine de silence radio, il fallait que je trouve un moyen de lui parler sans débarquer chez lui à l’improviste, au risque de tomber sur quelque chose qui ne m’aurait pas plu.

    Je me laisse aller dans mon canapé et change de chaine pour une série TV policière.

     

    — Tu m’évites, je déclare, t’es venu bosser à des heures indues avec Ciera pour ne faire que des solos.

     

    Quand j’ai demandé à Scarlett ce qu’il foutait, elle s’est contentée de me répondre que Dereck prenait quelques jours de recul dans notre partenariat mais continuerait de tourner seul pour faire quelques vidéos en stock. J’étais furieux parce que je savais que ces raisons étaient dues au week-end à Chicago et à ce que je n’aurai pas dû voir.

     

    — Jax…

     

    — Tu me manques Dereck, j’avoue sans hésitation.

     

    Je sens de l’électricité statique dans l’air. Bordel, même à travers un putain de téléphone, l’excitation arrive à me gagner. Et je regrette d’avoir cette conversation ainsi.

     

    — Ne me dis pas ça., souffle mon partenaire d’une voix crispée.

     

    — C’est la vérité.

     

    Dereck ne dit rien et je comprends qu’il n’est vraiment pas bien. Et pour une fois, c’est à moi de ne pas être le plus paumé de nous deux. Il a besoin de quelqu’un de costaud et de franc pour le secouer.

    Et je veux être cette personne.

     

    — Écoute, je ne te laisserai pas.

     

    — J’ai eu besoin de prendre du recul.

     

    — Je ne t’en veux pas. Mais j’aimerais que tu reviennes. Ça fait une semaine Dereck.

     

    Je m’attends à un « et alors ? » mais rien de tout ça n’arrive.

     

    — Pourquoi ? me demande Dereck.

     

    Je frotte mes joues râpeuses, est-ce que l’ancien Hardeur en profite pour me sortir les vers du nez ? Sans doute, et je crois que ça me plait qu’il ait besoin d’un pas vers lui me concernant.

     

    — Parce qu’il est toujours question d’essayer. Et là-dedans, il y a toi me parlant. Écoute… ça m’a fait terriblement mal, Dereck, de te voir dans cet état. Parce que je ne savais pas quoi faire. Et dans ce mal, j’ai compris une chose : je tiens à toi. Je ne veux pas que tu sois seul avec tes problèmes. Tu es mon ami et tu es plus que ça même. Ce n’est pas une question de fort ou de faible, de courage ou de pitié. J’ai peur Dereck, peur de ce qu’il va se passer. Peur de ne pas être à la hauteur et de te faire du mal parce que je ne suis comme aucun des hommes que tu as connus. Et en même temps, j’ai peur de te laisser filer et de comprendre par la suite que je t’ai manqué. J’ai réfléchi Dereck, et je veux essayer. Parce que ces trois jours à Chicago m’ont fait comprendre une certaine réalité. Parce que ce que j’ai ressenti en étant avec toi, je pensais ne plus jamais le ressentir et d’une certaine façon, je n’ai jamais vécu ce que j’ai eu à tes côtés. L’abandon, la confiance, le lâché prise…

     

    Je ferme les yeux en sentant l’adrénaline me gagner alors qu’un mot me brûle la langue. Je sens Dereck suspendu à mes lèvres.

     

    — L’attirance et ce mot qui m’effraie autant, je poursuis.

     

    L’amour. J’ai vécu de nouveau ce sentiment bouleversant qui noue les entrailles, provoque le cœur, bloque la respiration et nous fait planer.

    J’inspire en essayant de trouver les mots les plus adéquats pour lui dire que je veux qu’il soit là. Maintenant.

     

    — Reviens, et essayons, je tente. Je ne connais pas tout de ton passé et j’ai beaucoup de questions, mais je présume que dans une histoire, même si on se doit de garder un jardin secret, parler à l’autre fait partie de l’intimité. OK, tu as besoin de temps suite à ce qu’il s’est passé à Chicago avec ton ancien partenaire,  sache que tu n’as pas à le faire seul. Je suis là, je comprends et je veux comprendre ce que tu ne me dis pas. Parce que je pense que tu as besoin d’en parler. J’ai bien compris que ta fierté masculine en avait pris un sale coup, parce que j’ai la même. Tu n’as pas supporté que j’assiste à ta… descente en enfer.

     

    — Jax, arrête, finit-il par m’interrompre après mon long monologue.

     

    Bingo ! J’ai touché le fond du problème.

     

    — Pourquoi Dereck ? Je comprends, j’ai compris le mal que ça t’a fait de croire que tes efforts pour sortir de la drogue et la peur de devoir tout recommencer. Ça ne fait pas de toi un faible, bien au contraire bordel. C’est les géants qui chutent et se relèvent qui sont les plus forts. Même si ça ne voit pas, j’ai compris que ta lutte était quotidienne, parce que tu ne laisses jamais rien paraitre en public. Mais ne t’isole pas parce que MOI, je t’ai vu dans cet état. Je veux te prouver que tu peux être ainsi avec moi… comme je pourrais l’être si nos rôles étaient inversés.

     

    Silence. Mon cœur se met à battre à tout rompre, j’attends une réaction et je trouve que mes propos ont été à la hauteur de ce que je voulais. Ça fait une semaine que j’y pense il faut dire.

     

    — Dereck ? je tente.

     

    Un soupir amusé résonne à mes oreilles.

     

    — Tu as foutrement raison.

     

    Dieu merci !

     

    — C’est comment d’avoir tort ? je le taquine en sentant mon rythme cardiaque s’affoler davantage.

     

    — Douloureux pour ma fierté.

     

    — Viens chez moi et je tâcherai de la soigner.

     

    Je me tais en fermant les yeux devant ma proposition des plus osées. Merde, j’essaie vraiment.

     

    — On n’est pas obligé de parler… dans un premier temps.

     

    Dereck se met à rire et je l’imagine chez lui, en train de sourire à mes tentatives foireuses de le convaincre. Je sais qu’il n’est pas bien, je veux y remédier.

     

    — Tu me proposes un plan baise sur ton canapé avec ta fille à côté ?

     

    — Qui a dit qu’on allait baiser sur mon canapé ? Sage est chez une de ses copines.

     

    — Et tu as réussi à donner ta fille pour la soirée à quelqu’un ?

     

    Un point pour lui également.

     

    — J’essaie Dereck, je réponds sans honte.

     

    — Je le vois… Jax ?

     

    — Oui ?

     

    — Je maintiens que je ne mérite pas ce qu’il se passe.

     

    Conneries !

     

    — Et moi, je reprends avec conviction, je t’affirme que le plus malchanceux de nous deux c’est toi. Parce que si tu crois qu’un ancien camé ne me mérite pas, je suis certain qu’un homme comme toi ne mérite pas d’avoir quelqu’un qui est flippé à l’idée de laisser entrer quelqu’un dans sa vie. Pourtant, je veux que tu saches que c’est l’homme qui m’a plaqué contre un mur d’ascenseur et baisé comme un fou dans une chambre d’hôtel que je veux. Je veux l’homme avec qui je ris et avec qui je m’entends bien. Je veux ça… mais je veux aussi celui qui s’autoriserait à être faible. Je veux essayer.

     

    J’entends Dereck jurer de l’autre côté du téléphone, et au fur et à mesure que je me refais mes propos, je sens naitre une putain d’érection dans mon jean.

    Bordel, quand est-ce que les choses ont changé à ce point pour qu’un homme me mette dans un tel état ? Parce que c’est Dereck, c’est lui, tout simplement.

     

    — J’arrive dans dix minutes, me répond Dereck en me sortant de mes pensées.

     

    — Tu ne me dis pas ça pour me faire taire et te débarrasser de moi ? je demande, inquiet.

     

    — Si.

     

    Je souris, mais je ne suis pas certain que ce soit complètement faux.

     

    — Je déconne Jax, mais je ne veux pas avoir la suite de cette conversation au téléphone.

     

    — Dépêche-toi d’arriver alors.

     

    Pour qu’on puisse se voir, discuter et sans doute même plus que ça.

    Dereck ne dit rien, il raccroche et je reste un instant suspendu à ce silence. Mon cœur se met à battre de plus en plus vite alors que je l’imagine quitter son appartement pour me rejoindre.

    J’ai quinze ans à cet instant, pas vingt-six. Je ressens la même chose qu’à mon adolescence et ça fait du bien.

    Je suis nerveux, mais j’ai hâte, l’impatience me noue l’estomac et je me demande ce que notre future conversation va donner. J’ai beaucoup pensé aux propos de Demon et j’espère que Dereck va avoir suffisamment confiance en moi pour m’en parler, même si c’est affreux, je veux l’aider.

    Et bordel, je ne tiens pas en place.

    Vingt minutes plus tard, la sonnette de mon appartement résonne. Je me lève comme un fou, et gagne l’entrée de l’appartement pour ouvrir. Je tourne les clés dans la serrure le cœur au bord du gouffre.

     

    — Mec, tu t’es perdu en chemin… je déclare en ouvrant la porte.

     

    Je me fige net en découvrant la personne qui me fait face. Mon cœur s’arrête de battre, un frisson me gagne sous le choc et une voix que je pensais oublier, résonne dans le couloir.

     

    — Salut Jaxson.

     

    Je n’arrive pas à répondre ni à dire quoi que ce soit. Je n’arrive pas à y croire.

    Ce n’est pas Dereck qui se trouve devant moi. C’est un fantôme du passé, un que je ne pensais ne plus jamais revoir.

    C’est elle. Elle est là.

    C’est Bell.

     

    AMHELIIE