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Fucking Love #1 - For Play - Chapitre 18

Chapitre 18

Jax

 

 

 

Je termine de raconter à Mackenna devant un café ce qu’il s’est produit ce week-end. Le rapprochement inévitable avec Dereck, notre virée dans Chicago à découvrir ce que ça faisait d’être avec un homme, près d’un homme, de toucher un homme et même plus que ça.

Je lui ai confié l’audace de Dereck en me proposant son deal et le reste. Mack est restée sans voix quand je lui ai dit ce qu’il s’était produit la nuit même. Elle a rougi à la mention de certains détails et je voyais qu’elle mourrait d’envie d’en avoir plus. J’ai ri en lui disant qu’elle avait même eu la chance de voir ce que ça donnait en live, alors pas besoin de détailler.

Je lui ai fait le débriefing de la cérémonie et j’ai montré en photos ma statuette qui restera dans ma loge au studio. Puis, j’ai raconté la partie la moins sympathique du week-end : celle où j’ai ramassé mon partenaire chancelant, terrorisé et en proie à une crise de panique. J’ai compris que les choses avaient dérapé et que Dereck cachait des secrets qui l’avaient profondément marqué. Il a un passé plus inquiétant que la drogue, et quand je l’ai vu dans cet état, si faible alors qu’il semble si fort en apparence, j’ai disjoncté intérieurement. Ça m’a fait mal de le voir ainsi. J’ai ressenti le besoin de prendre soin de lui. De le protéger de toute cette merde et de lui prouver qu’il pouvait compter sur moi.

Dereck ne m’a pas parlé. Il s’est endormi et au petit matin, il avait disparu en me laissant un simple texto disant qu’on se retrouvait pour le départ. Dans l’avion, il était tellement tendu que je n’ai pas osé lui parler. Je lui ai simplement tendu un écouteur et on s’est maté la suite de la série avec les pompiers.

Ce n’est que lorsqu’il m’a ramené chez moi, dans un silence pesant où je me torturai l’esprit pour savoir comment l’aborder, que mon partenaire m’a demandé de lui laisser le temps d’encaisser tout ça. Quand je l’ai interrogé pour savoir s’il comptait m’en parler, il m’a confié qu’il réfléchissait à ça aussi.

On s’est quitté furtivement, mais Dereck a osé me saisir par le bras et m’attirer à lui pour m’embrasser chastement et déclencher des putains de frissons dans tout mon corps.

Ensuite, il s’est renfermé et il m’a lâché un simple « à bientôt », qui semblait être un « à dans longtemps ». Je n’ai pas envie qu’on fasse machine arrière, pas lorsque j’avance.

Je ne veux pas que Dereck s’échappe parce qu’il pense que je ne suis pas bien pour lui. C’est moi qui ne vais pas dans l’histoire, c’est moi l’hétéro flippé.

 

— Je n’aurais pas cru que ce week-end prenne cette tournure, j’avoue.

 

— Qu’est-ce que vous vous êtes dit au final ? m’interroge Mack en torturant son café.

 

Je soupire en sentant son regard sur moi.

 

— Il m’a dit que je devais réfléchir à tout ça, que je devais prendre le temps de penser à ce qu’il pouvait se passer. Et Dereck semble d’accord pour m’attendre. Pour essayer, même si…

 

Je me tais un instant en pensant à ce que Dereck m’a dit, à ce qu’il serait capable de tenter, juste pour moi, juste pour essayer, pour ne pas me brusquer et apporter le regard des autres sur moi.

 

— Même si c’est caché, je conclus, un peu honteux d’imposer ça.

 

Mais quand je pense à Sage, pour le moment, ça me ferait faire machine arrière et je ne peux pas. J’ai besoin de Dereck plus que je ne le voudrais. C’est tout ce que je craignais mais qu’importe.

 

— Putain, je ne m’attendais pas à ça, souffle Mack en souriant.

 

Elle semble heureuse pour moi, et je suis moi-même surpris du bilan de ce week-end qui m’a ouvert les yeux sur certains points.

 

— Moi non plus.

 

— Et qu’est-ce que tu as ressenti ? Je veux dire, face à une pareille déclaration.

 

Je souris en passant une main dans mes cheveux bruns.

 

— C’était le bordel le plus total, mais j’ai aimé ça. J’ai aimé quand il m’a dit que c’était plus que de l’amitié.

 

Merde, comme un adolescent, mon cœur s’emballe en y repensant. Ce moment dans la piscine m’a provoqué des sensations de dingue.

 

— Mon quatrième partenaire est tombé amoureux de moi alors que je n’ai rien fait pour si ce n’est être moi. Et pour la première fois depuis Bell, je crois que j’aime ça. Même si c’est un homme, ce n’est pas comme ça que je le vois. Je le vois lui. Lui et lui seuls, je constate en regardant Mack.

 

C’est Dereck. Il y a une telle alchimie entre nous, une telles attraction et attirance. Je n’ai jamais ressenti ça. Et puis, au fil des mois semble s’être tissé des « un peu plus que ça ». Ce week-end à Chicago m’a ouvert les yeux sur ce que je ressentais. Même si mon naturel inquiet désire prendre le dessus, être avec Dereck m’a montré une autre réalité. Celle d’être avec quelqu’un qui vous veut en étant prêt à faire n’importe quoi pour ça.

Aujourd’hui, malgré les zones sombres qui entourent encore l’Australien, je crois que je me laisserai à essayer. Parce que c’était bon, parce que ça me semblait vrai, parce que quelque chose au fond de moi me disait de le faire, de ne pas réfléchir et de céder. Je le voulais.

 

— Réfléchis alors Jax, mais ne réfléchis pas trop, se contente de me conseiller Mack en jouant avec le piercing à sa lèvre.

 

Ma meilleure amie blonde glisse une main dans mes cheveux, puis sur ma nuque et s’approche pour m’embrasser.

 

— Tu mérites d’être heureux à présent, même si c’est avec un homme. On s’en fou des étiquettes. Tu es toi. Tu aimes qui tu veux. Et ta fille sera heureuse si tu l’es, ne l’oublie pas.

 

Le silence suit ses propos qui demeurent en moi, je vais réfléchir c’est certain. Au mieux et pour tout le monde.

Très vite, ce dernier interrompu par des bruits de pas et une voix enfantine qui m’avait beaucoup manqué. Je vois apparaitre Sage, en short et t-shirt panda, des couettes sur la tête qui ne sont pas au même niveau, son visage a subi quelques coups de crayon.

 

— Papa regarde mon dessin.

 

Je la prends sur mes genoux et elle me montre ce qu’elle vient de dessiner. Ma fille était contente que je rentre, elle ne m’a pas lâché d’une heure avant de partir vaquer à ses occupations tel un enfant de son âge.

On discute de tous et de rien pendant un moment avec Mack, jusqu’à ce que Sage me parle de roue géante et de pomme d’amour bien rouge.

J’adore cette gosse, elle a le don de soumettre une demande de façon intelligente sans que ça semble en être une.

 

— Sage ? je demande l’air de rien.

 

— Hum ?

 

Ma fille se tourne pour me faire face, ses deux petites couettes manquent de fouetter mon visage.

 

— Ça te dit si on va ce soir à la fête foraine ?

 

Ses beaux yeux bleus s’illuminent, demain, il y a école, mais on ne rentrera pas tard et je crois que j’ai envie de me faire pardonner mon absence.

Sage descend de mes genoux en sautillant, elle fait le tour de la table sous le rire de Mack. Puis, elle se fige, comme si elle percutait quelque chose.

 

— Avec qui ?

 

La grande question.

Mack me jette un coup d’œil et je sens venir l’embrouille.

 

— Dereck voyons, commente-t-elle.

 

Traitre.

Je secoue la tête, il m’a demandé de souffler quelques jours lui aussi, de prendre le temps de penser à tout ce qu’il s’était produit. J’ai accepté, ce n’est pas pour que quelques heures après notre séparation.

 

— Ah oui, Dereck ! Papa, s’il te plait, appelle Dereck !

 

Sage me supplie du regard en sautillant.

 

— Ma puce…

 

— Ou Demon ! ça fait longtemps que je n’ai pas joué avec ses cheveux, Demon me manque, il est drôle.

 

Les gosses !

Mack se retient de rire. Demon n’est pas celui qu’on qualifierait de plus drôle. Je doute d’ailleurs qu’il accepte de venir. Il s’est fait plus distant depuis un bon moment, je ne le croise qu’au boulot, et toutes les façons de m’ignoraient étaient exploitées. On verra si la carte Sage marchera.

 

— J’appelle Demon, ma puce.

 

Avant qu’elle ne me demande de faire pareil avec Dereck, je me lève pour quitter la cuisine et prendre mon portable pour téléphoner à l’Hardeur. En espérant qu’il ne me repousse pas encore. Parce que malgré tout, cet enfoiré me manque.

 

***

 

Je fais signe à Sage depuis le carrousel, elle s’éclate comme seul un enfant peut le faire en s’imaginant en princesse allant sauver son prince charmant.

Je m’assois à côté de Demon. À ma grande surprise, il m’a répondu et quand je lui ai soumis l’invitation de Saga avant qu’il trouve une excuse bidon pour me fuir, il m’a dit oui.

Avoir une gamine adorable aide bien.

Je dévisage mon meilleur ami, ses traits fermés, ses cheveux noirs aux mèches rouges, ses vêtements sombres et cette impression qu’il va exploser d’une minute à l’autre.

Il est plutôt calme en tenant la pomme d’amour de Sage.

 

— Alors avec Archer ? je demande en essayant de découvrir ce qu’il ne va pas, maintenant que c’est moins le bordel dans ma tête.

 

Mais Demon se raidit à la mention de son partenaire. Il ne me regarde pas et reste fixé sur Sage qui tourne et rit toute seule.

 

— Il n’y a rien, soupire-t-il en serrant la mâchoire.

 

Un rire amer me gagne, ce sont des conneries.

 

— Arrête, j’ai passé le week-end avec lui. Il était ivre la moitié du temps, il faisait n’importe quoi. Ça ne lui ressemble pas. Et j’ai l’impression que vous vous êtes éloignés depuis quelque temps. Pourquoi mec ? Pourquoi tu t’es mis à l’écart ? Je croyais que ça allait mieux…

 

À propos de la drogue aussi. Demon est comme Dereck, il a eu un passé merdique, plongé dans la drogue et la violence, et il y a quatorze mois, il a fait une violente rechute qui l’a mis très mal. Archer l’a aidé et ils s’étaient rapprochés… jusqu’à un stade que j’ignore, jusqu’à ce que quelque chose ait tout fait basculer.

Demon ne me dit rien, mais je sais qu’il m’écoute. Il faut juste que je trouve les bons mots pour déclencher une réaction chez lui.

 

— Je te connais Dem, je reprends, et depuis quelques mois, t’es… étrange. Et j’ai compris après beaucoup de réflexion, que c’était depuis l’arrivée de Dereck. Pourquoi ?

 

Je ne suis pas aveugle et les autres non plus. Archer surtout, et la fois où Demon m’a surpris quittant la loge de mon partenaire m’a émis une hypothèse que je veux confirmer.

Contre toute attende, Demon délie sa langue, sans me regarder, les yeux braqués sur ma fille, il se contente de me demander :

 

— Qu’est-ce que tu sais réellement de ton nouveau partenaire, Jax ? Mis à part qu’il était autant camé que moi ?

 

Le ton de Demon est beaucoup trop sombre pour laisser présager quelque chose de bon.

 

— C’est-à-dire ? je l’interroge en croisant les bras.

 

— Tu sais que c’est un Hardeur.

 

— Oui.

 

Demon inspire en me jetant un coup d’œil sérieux et inquiétant.

 

— SPIT OR SMALOW appartient également à mon ancien label.

 

Je me fige en encaissant ses propos. Il a bien dit que…

Oui Jax, il l’a dit.

 

— Est-ce que t’es en train de me dire…

 

Demon m’interrompt dans la foulée sans exprimer la moindre compassion.

 

— Il était avec moi durant deux ans chez SHADOWS HOUSE.

 

— Tu déconnes ! j’explose d’une voix virulente.

 

Mon meilleur ami hausse un sourcil en laissant échapper un soupir amusé. Néanmoins, je sens la tension grimper en flèche chez lui. Il serre la pomme d’amour à peine mangée de ma fille en lâchant sèchement :

 

— J’ai l’air ?

 

Je ferme les yeux en encaissant sa révélation. Je me souviens d’un soir chez moi, alors qu’on était tous les trois avec Archer et que Demon s’est mis à nous parler de son passé avec une bière de trop de nez. Le porno trash, BDSM et violent, la drogue dans laquelle il était tombé, les choses qu’il avait dû faire.

Pourquoi je n’ai pas fait le lien plutôt !

Parce que Demon n’a jamais dit qu’il avait habité à Miami.

 

— Il ne t’en a pas parlé, c’est ça ? me fait remarquer Demon avec sarcasme.

 

Je secoue la tête en jetant un coup d’œil à ma fille qui tend un autre ticket à la dame du manège en nous faisant « coucou ».

L’organe dans ma poitrine se serre, les révélations de Demon me laissent perplexe.

 

— Jax ?

 

— Ouais ?

 

Demon me regarde et je lis le malaise en lui. Ses traits durs sont encore plus marqués. Il hésite et finit par m’avouer quelques instants après :

 

— Quand je suis parti, il est resté. Je ne sais pas comment il s’est sorti de ça, Jax, je ne sais pas, mais… moi j’ai dû faire des choses extrêmes pour m’en aller.

 

Du genre ? Mais je n’ose pas poser la question vu la tête que tire Demon.

Je me tais durant un instant, réfléchissant à ce que je viens d’apprendre, puis la colère me gagne.

 

— Pourquoi tu m’en parles maintenant seulement ! je déclare, contrarié.

 

Demon se met à rire en frottant ses cheveux.

 

— Parce que tu as la même tête qu’Archer, en ce moment !

 

— C’est faux.

 

Demon secoue la tête, pensant l’inverse de moi. L’atmosphère entre nous explose la seconde d’après, sans que je ne puisse le prévoir. Mon meilleur ami s’emporte, sa voix devient dure et il perd son calme.

 

— Tu veux que je te dise la vérité ? T’es exactement comme Archer, sauf qu’il a les couilles de l’assumer. T’es hétéro, OK ce n’est pas simple pour toi. Mais vous voulez deux personnes qui ne sont pas stables ! Dereck s’en sort visiblement mieux que moi, mais la réalité est là : on est déglingué. Ce n’est pas un gars pour toi. Est-ce que t’as une idée de ce qu’on tournait là-bas Jax ? Mis à part ce que je t’ai raconté ?!

 

Il insiste en me foudroyant du regard. Bien sûr que j’ignore le reste, mais je sais qu’il y a autre chose. Et c’est ce qui est le plus compliqué : savoir les gens qu’on aime dans la détresse sans moyen de les aider.

 

— Alors, pose-toi les bonnes questions, Jax, pose-toi-les et pose-les à Dereck.

 

Sur ces mots, il me tend la pomme d’amour de ma fille que je récupère et se lève.

 

— Tu m’excuseras auprès de Sage, mais je dois rentrer, je dois… rentrer.

 

Et avant que je puisse le retenir, Demon se met à marcher rapidement, je le perds dans la foule et je comprends que je viens de remuer des choses sans doute plus douloureuses que je ne le pensais, comme Dereck en a remué en venant ici.

 

***

 

Une semaine plus tard...

 

 

— Allô ?

 

— Enfin ! je réponds d’une voix parsemée de reproches.

 

Silence de l’autre côté du téléphone. Un soupir finit par résonner quelques instants plus tard.

 

— C’est traitre de m’appeler du numéro de ta baraque alors que je ne l’ai pas d’enregistré, souligne Dereck sur un ton grave.

 

— Tu me filtrais.

 

Dereck laisse échapper un rire. Je l’ai piégé comme un gosse mais au bout d’une semaine de silence radio, il fallait que je trouve un moyen de lui parler sans débarquer chez lui à l’improviste, au risque de tomber sur quelque chose qui ne m’aurait pas plu.

Je me laisse aller dans mon canapé et change de chaine pour une série TV policière.

 

— Tu m’évites, je déclare, t’es venu bosser à des heures indues avec Ciera pour ne faire que des solos.

 

Quand j’ai demandé à Scarlett ce qu’il foutait, elle s’est contentée de me répondre que Dereck prenait quelques jours de recul dans notre partenariat mais continuerait de tourner seul pour faire quelques vidéos en stock. J’étais furieux parce que je savais que ces raisons étaient dues au week-end à Chicago et à ce que je n’aurai pas dû voir.

 

— Jax…

 

— Tu me manques Dereck, j’avoue sans hésitation.

 

Je sens de l’électricité statique dans l’air. Bordel, même à travers un putain de téléphone, l’excitation arrive à me gagner. Et je regrette d’avoir cette conversation ainsi.

 

— Ne me dis pas ça., souffle mon partenaire d’une voix crispée.

 

— C’est la vérité.

 

Dereck ne dit rien et je comprends qu’il n’est vraiment pas bien. Et pour une fois, c’est à moi de ne pas être le plus paumé de nous deux. Il a besoin de quelqu’un de costaud et de franc pour le secouer.

Et je veux être cette personne.

 

— Écoute, je ne te laisserai pas.

 

— J’ai eu besoin de prendre du recul.

 

— Je ne t’en veux pas. Mais j’aimerais que tu reviennes. Ça fait une semaine Dereck.

 

Je m’attends à un « et alors ? » mais rien de tout ça n’arrive.

 

— Pourquoi ? me demande Dereck.

 

Je frotte mes joues râpeuses, est-ce que l’ancien Hardeur en profite pour me sortir les vers du nez ? Sans doute, et je crois que ça me plait qu’il ait besoin d’un pas vers lui me concernant.

 

— Parce qu’il est toujours question d’essayer. Et là-dedans, il y a toi me parlant. Écoute… ça m’a fait terriblement mal, Dereck, de te voir dans cet état. Parce que je ne savais pas quoi faire. Et dans ce mal, j’ai compris une chose : je tiens à toi. Je ne veux pas que tu sois seul avec tes problèmes. Tu es mon ami et tu es plus que ça même. Ce n’est pas une question de fort ou de faible, de courage ou de pitié. J’ai peur Dereck, peur de ce qu’il va se passer. Peur de ne pas être à la hauteur et de te faire du mal parce que je ne suis comme aucun des hommes que tu as connus. Et en même temps, j’ai peur de te laisser filer et de comprendre par la suite que je t’ai manqué. J’ai réfléchi Dereck, et je veux essayer. Parce que ces trois jours à Chicago m’ont fait comprendre une certaine réalité. Parce que ce que j’ai ressenti en étant avec toi, je pensais ne plus jamais le ressentir et d’une certaine façon, je n’ai jamais vécu ce que j’ai eu à tes côtés. L’abandon, la confiance, le lâché prise…

 

Je ferme les yeux en sentant l’adrénaline me gagner alors qu’un mot me brûle la langue. Je sens Dereck suspendu à mes lèvres.

 

— L’attirance et ce mot qui m’effraie autant, je poursuis.

 

L’amour. J’ai vécu de nouveau ce sentiment bouleversant qui noue les entrailles, provoque le cœur, bloque la respiration et nous fait planer.

J’inspire en essayant de trouver les mots les plus adéquats pour lui dire que je veux qu’il soit là. Maintenant.

 

— Reviens, et essayons, je tente. Je ne connais pas tout de ton passé et j’ai beaucoup de questions, mais je présume que dans une histoire, même si on se doit de garder un jardin secret, parler à l’autre fait partie de l’intimité. OK, tu as besoin de temps suite à ce qu’il s’est passé à Chicago avec ton ancien partenaire,  sache que tu n’as pas à le faire seul. Je suis là, je comprends et je veux comprendre ce que tu ne me dis pas. Parce que je pense que tu as besoin d’en parler. J’ai bien compris que ta fierté masculine en avait pris un sale coup, parce que j’ai la même. Tu n’as pas supporté que j’assiste à ta… descente en enfer.

 

— Jax, arrête, finit-il par m’interrompre après mon long monologue.

 

Bingo ! J’ai touché le fond du problème.

 

— Pourquoi Dereck ? Je comprends, j’ai compris le mal que ça t’a fait de croire que tes efforts pour sortir de la drogue et la peur de devoir tout recommencer. Ça ne fait pas de toi un faible, bien au contraire bordel. C’est les géants qui chutent et se relèvent qui sont les plus forts. Même si ça ne voit pas, j’ai compris que ta lutte était quotidienne, parce que tu ne laisses jamais rien paraitre en public. Mais ne t’isole pas parce que MOI, je t’ai vu dans cet état. Je veux te prouver que tu peux être ainsi avec moi… comme je pourrais l’être si nos rôles étaient inversés.

 

Silence. Mon cœur se met à battre à tout rompre, j’attends une réaction et je trouve que mes propos ont été à la hauteur de ce que je voulais. Ça fait une semaine que j’y pense il faut dire.

 

— Dereck ? je tente.

 

Un soupir amusé résonne à mes oreilles.

 

— Tu as foutrement raison.

 

Dieu merci !

 

— C’est comment d’avoir tort ? je le taquine en sentant mon rythme cardiaque s’affoler davantage.

 

— Douloureux pour ma fierté.

 

— Viens chez moi et je tâcherai de la soigner.

 

Je me tais en fermant les yeux devant ma proposition des plus osées. Merde, j’essaie vraiment.

 

— On n’est pas obligé de parler… dans un premier temps.

 

Dereck se met à rire et je l’imagine chez lui, en train de sourire à mes tentatives foireuses de le convaincre. Je sais qu’il n’est pas bien, je veux y remédier.

 

— Tu me proposes un plan baise sur ton canapé avec ta fille à côté ?

 

— Qui a dit qu’on allait baiser sur mon canapé ? Sage est chez une de ses copines.

 

— Et tu as réussi à donner ta fille pour la soirée à quelqu’un ?

 

Un point pour lui également.

 

— J’essaie Dereck, je réponds sans honte.

 

— Je le vois… Jax ?

 

— Oui ?

 

— Je maintiens que je ne mérite pas ce qu’il se passe.

 

Conneries !

 

— Et moi, je reprends avec conviction, je t’affirme que le plus malchanceux de nous deux c’est toi. Parce que si tu crois qu’un ancien camé ne me mérite pas, je suis certain qu’un homme comme toi ne mérite pas d’avoir quelqu’un qui est flippé à l’idée de laisser entrer quelqu’un dans sa vie. Pourtant, je veux que tu saches que c’est l’homme qui m’a plaqué contre un mur d’ascenseur et baisé comme un fou dans une chambre d’hôtel que je veux. Je veux l’homme avec qui je ris et avec qui je m’entends bien. Je veux ça… mais je veux aussi celui qui s’autoriserait à être faible. Je veux essayer.

 

J’entends Dereck jurer de l’autre côté du téléphone, et au fur et à mesure que je me refais mes propos, je sens naitre une putain d’érection dans mon jean.

Bordel, quand est-ce que les choses ont changé à ce point pour qu’un homme me mette dans un tel état ? Parce que c’est Dereck, c’est lui, tout simplement.

 

— J’arrive dans dix minutes, me répond Dereck en me sortant de mes pensées.

 

— Tu ne me dis pas ça pour me faire taire et te débarrasser de moi ? je demande, inquiet.

 

— Si.

 

Je souris, mais je ne suis pas certain que ce soit complètement faux.

 

— Je déconne Jax, mais je ne veux pas avoir la suite de cette conversation au téléphone.

 

— Dépêche-toi d’arriver alors.

 

Pour qu’on puisse se voir, discuter et sans doute même plus que ça.

Dereck ne dit rien, il raccroche et je reste un instant suspendu à ce silence. Mon cœur se met à battre de plus en plus vite alors que je l’imagine quitter son appartement pour me rejoindre.

J’ai quinze ans à cet instant, pas vingt-six. Je ressens la même chose qu’à mon adolescence et ça fait du bien.

Je suis nerveux, mais j’ai hâte, l’impatience me noue l’estomac et je me demande ce que notre future conversation va donner. J’ai beaucoup pensé aux propos de Demon et j’espère que Dereck va avoir suffisamment confiance en moi pour m’en parler, même si c’est affreux, je veux l’aider.

Et bordel, je ne tiens pas en place.

Vingt minutes plus tard, la sonnette de mon appartement résonne. Je me lève comme un fou, et gagne l’entrée de l’appartement pour ouvrir. Je tourne les clés dans la serrure le cœur au bord du gouffre.

 

— Mec, tu t’es perdu en chemin… je déclare en ouvrant la porte.

 

Je me fige net en découvrant la personne qui me fait face. Mon cœur s’arrête de battre, un frisson me gagne sous le choc et une voix que je pensais oublier, résonne dans le couloir.

 

— Salut Jaxson.

 

Je n’arrive pas à répondre ni à dire quoi que ce soit. Je n’arrive pas à y croire.

Ce n’est pas Dereck qui se trouve devant moi. C’est un fantôme du passé, un que je ne pensais ne plus jamais revoir.

C’est elle. Elle est là.

C’est Bell.

 

AMHELIIE

Commentaires

  • Nnnnoooooooooooooooooonnnn
    Je ne veux pas que ça s'arrête !pas là
    Ooohhh que tu es cruelle Am !
    Ahahahahahah fucking love, i'm in love ♥

  • Ça pue la merde bordel, cette connasse va foutre le bordel et non non non et non Jax et Dereck sont fais pour être ensemble !!!!! Aller Bell casse toi et ne reviens jamais !!!!

  • nonnnnnnnnnnnn pas une fin comme ca JAX qui se lache enfin et qui se devoile un peu merde merde merdeeeeeeeeeeee obligé d'attendre la suite mais QUAND les filles ????? et elle qu'est ce qu'elle vient faire la maintenant ?? a pil ce moment M c'est pas bien pour nos pauv'pti coeur ca
    PITIE ne nous faites pas trop attendre hein

  • Moui pfff on savais ... je le savais qu'elle aller revenir pile a ce moment là COMME PAR HASARD putain putain putain, oopps moi énervé ?? mais naaaan un chouilla xD. Sans déconner elle va foutre le bordel je le sens pas celle-là --'. Par contre j'ai vraiment la trouuille pour c'qu'il va s'passer par la suite concernant cette affaire avec Dereck et la cassette.Mais pour le moment c'est ELLE qui me fou la trouille j'espere pour sa jolie petite tête qu'elle va pas foutre la merde entre les deux xD parce que ca va euuuhhh bon je vais aller boire mon café ça va peut-étre me détendre xD

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