Blood Of Silence, Tome 5 : Nirvana - EPILOGUE
Je descends de la moto puis m’étire de tout mon long. Je regarde l’engin que mon mari aligne a coté de celle de ses frères et je me demande si je vais vraiment regretter ces journées à avoir le cul dessus. Je suppose que oui, même si ce n’est pas ce qu’on fait de plus confortable pour voyager ça représente la liberté. Et ce mois en compagnie de Nir est tout à fait ce à quoi la liberté ressemble. Lui, moi, sa moto, les routes devant nous et rien d’autre.
Nir descend à son tour et je jette un œil au club devant nous, je souris comme une idiote, nous voilà de retour à la maison. Et si j’ai aimé voyager au dos de Nir, j’aime aussi me dire que je suis chez moi.
Partir c’est génial, quand on sait qu’on va rentrer. On savoure ces moments loin de tout, ces moments de retrouvailles par ce qu’on sait qu’ils vont prendre fin.
Ils prennent fin ce matin et je ne regrette pas une minute passée sur la route.
On en avait besoin, lui comme moi pour se retrouver, pour reformer notre nous et quoi de mieux que de revenir ou tout à commencer au Burning Man.
Dix ans qu’on n’y avait pas mis les pieds et c’était comme dans mes souvenirs, énormes. Avec plus de monde, chaque année le festival prend en ampleur et pourtant il conserve son âme d’antan. La célébration de toutes les cultures et croyances et la liberté. Au Burning Man on peut tout se permettre sans se sentir juger et j’ai toujours apprécié cette liberté totale de mouvement et de pensée. Dormir sous une tente ne m‘était pas arrivé depuis trop longtemps, fumer à en vomir et s’endormir au milieu d’une allée pour ensuite se faire réveiller par une fête et y être invitée sans connaître une seule personne présente, c’est ça le Burning Man et je sais déjà que l’année prochaine j’y retournerai.
Nir prend les sacs et s’approche de moi. Il regarde le club en baissant ses lunettes rondes qui lui donnent un charme fou.
Je suis retombée amoureuse de mon mari durant ce mois. J’ai appris à connaître le nouvel homme qu’il est et j’en suis totalement folle. Il m’a captivé par ses histoires, Nir c’est raconté en envoutant son public, durant nos campings improvisés, devant un feu de camp il me racontait, le club, ses frères, leurs aventures souvent drôles et je pouvais l’écouter durant des heures.
— Prête ? me demande Nir.
Je fronce le nez en l’observant, sa peau plus foncée que quand on est parti et je le trouve sacrément beau. J’ignore si j’ai envie de le partager.
— Quoi ? il demande en posant les sacs au sol.
Il m’attire à lui, mes bras viennent directement encercler son cou.
— J’aime bien t’avoir que pour moi.
Il me sourit avant de venir m’embrasser. Ce mois a finalement été court, une fois le Burnng Man terminé on est parti sur la route au gré de nos envies avant de rentrer. Même si Nir était heureux, il était préoccupé je l’ai senti à ses regards qui cherchent un éventuel ennemi et a son téléphone qu’il n’a pas quitté une seconde.
Il a fini par me parler, par me dire ce qui lui prend la tête au point de ne plus en dormir et j’ai pu l’aider. Je suppose que ça l’a libéré quelque part et il a commencé à se détendre, tout en restant prêt en cas de soucis et de retour inopiné au club.
— Moi aussi, dit-il contre mes lèvres, mais la vie continue.
Ses mains glissent sur mon corps pour me rapprocher de lui avant de pétrir mes fesses.
— Mais certaines choses ne vont pas changer, il reprend, on fera l’amour où et quand on veut
— Au milieu de la cuisine du club ?
Il rit puis mordille mon cou.
— Au milieu de la cuisine du club si t’en as envie.
J’en ai envie, j’ai envie de baptiser chacune des pièces de notre nouvelle vie ici, ou chez lui pour que quand il ne sera pas là j’ai un souvenir à me remémorer.
— T’as intérêt à tenir tes promesses je lance ne me reculant pour qu’on gagne le club.
Nir récupère les sacs et me lance un clin d’œil. On avance jusqu’à l’entrée, en vérité je suis contente de retrouver tout le monde. Pussy m’a manqué, Gina et ses jumeaux, les chattes, les frères et même la grande gueule de Klaxon.
On entre dans le club, la salle principale est déserte.
— Va vraiment falloir leur faire travailler leur sens de l’accueil, lance Nir en posant les sacs près des tables.
Il est encore tôt, la plupart doivent dormir et je suis bien partante pour qu’on fasse pareil. Je m’approche de Nir pour lui faire comprendre que quelques heures d’intimités en plus me vont très bien, quand des têtes surgissent de derrière le bar. Je sursaute en les entendant crier des bienvenues.
D’autres personnes arrivent du couloir et il ne manque que les cotillons pour célébrer notre arrivée.
— Leur sens de l’accueil, hein… je murmure à Nirvana.
Tout le monde nous rejoint et les embrassades commencent. Je souris heureuse de les retrouver avec leur joie de vivre contagieuses.
— Alors ces vacances ? me demande Gina.
— Épuisante, je réponds avec un clin d’œil.
L’Italienne me tape l’épaule en riant.
— M’en parle pas, des que je pars avec Liam je reviens plus crevé qu’a mon départ. Mais j’adore cette fatigue.
Moi aussi j’adore cette fatigue celle qui m’alanguit des heures durant et je sais que même si on est rentrée elle ne partira pas.
Les retrouvailles battent leur plein, il est à peine huit heures du matin est tout le monde est quand même venu nous accueillir. Je suis assez émue, surtout quand Harley traine Pussy sur ses jambes instables de nouvelles marcheuses pour me le rendre. Mon chat doit m’en vouloir de mon absence puisqu’il me fuit rapidement pour retourner jouer avec la fille de Lemon.
Je discute avec les Hells, elle m’informe du planning pour les prochaines semaines à leur club où je vais faire le service et j’apprends par la même occasion qu’une des filles est partie. Elle aurait trouvé un mari. Ce sont des choses qui arrivent, on appelle ça le syndrome « pretty woman » dans le milieu et généralement ça finit mal, mais j’espère qu’elle sera assez intelligente pour faire quelque chose de sa vie et ne pas compter sur un homme pour l’entretenir.
Mon mari s’apprête à disparaître avec le reste du club pour une de leur réunion. Il me rejoint un sourire éclatant sur son visage buriné par le soleil.
— Tu vas pouvoir te passer de moi ? il demande.
Je repense au bain qu’on a pris au Burning man, un bain de boue ou il « ma demandé la même chose avant de sortir et de me laisser dépêtrer avec la pente glissante pour m’extirper de la boue. Non, je ne pourrais plus me passer de lui, mais je peux le prêter quelques heures à ses obligations.
— Je survivrai, je lance dans un soupir théâtral.
Mon mari capture mon visage et pose rageusement ses lèvres sur les miennes pour un baiser dévorant qui en semble jamais s’arrêter. Et peut être qu’on aurait continué si des sirènes et des voitures qui entrent dans al cour du club ne nous avaient pas surpris.
Nir se redresse, je regarde autour du moi, les autres membres semblent aussi inquiet que lui lorsque al porte s’ouvre sur tout un tas de flics, certains, fusil à la main qui prennent littéralement d’assaut le club.
— C’est quoi ce putain de bordel ! grogne Klax.
C’est à peu près ce que tout le monde se dit en voyant débouler toute la cavalerie dans l’enceinte du club.
J’en reste bouche bée jusqu’à ce qu’une femme qui porte l’uniforme du shérif s’avance au milieu de ce débordement de testostérone. Harley et un des jumeaux pleure dans les bras de leur mère et les insultes pleuvent pour le reste.
— Bonjour, messieurs, lance la shérif d’une voix profonde ou traine un soupçon d’accent anglais, je suis le shérif Walsh.
— Et vous ne pouviez pas frapper pour vous présenter ? demande Liam agacé.
Elle lui tend un sourire puis ses yeux bardés de lunettes observent les lieux.
— Les surprises c’est sympa et tellement rare dans mon boulot.
Elle s’avance, ses hommes planqués derrière elle prêt à tirer en cas de problème. J’ai l’impression d’être dans un vieux western ou le shérif vient faire le gros dur devant les malfrats pour leur montrer qu’il n’a pas peur.
— Qu’est-ce que vous voulez ? demande Creed l’air froid qu’il arbore avec ceux qu’ils n’aiment pas.
— Joli club, dit-elle en replaçant une mèche blonde derrière son oreille tombée de son chignon impeccable.
— Shérif, reprend Hurricane si vous n’avez rien contre nous on va vous demander de partir. One st ne pleine réunion de famille comme vous voyez…
Il montre les enfants du menton.
— Et vous n’êtes pas invités. Mais une autre fois si vous voulez on passera prendre le thé à votre bureau.
La shérif sourit, pas vraiment amusé et croise ses bras sur sa poitrine.
— C’est donc vous le rigolo de la bande ?
J’entends Savage rire et je me tourne vers les autres frères. Creed tente de rester impassible a coté de Sacha, Liam son fils dans les bras est soutenu par sa femme qui à Ireland dans les seins, Sean et Lemon affiche le même regard froid et dur, leur fille en fait pas mieux dans les bras de son père. Rhymes semble perplexe et examine la shérif sous toutes les coutures quant au duo Klax Savage, leurs regards, malgré l’amusement de l’irlandais laisse bien penser qu’ils ne sont pas du tout en train de rire. Nir pour sa part serre me regarde d’un air étrange. Il baisse les yeux sur nos mains jointes et je me rends compte que je sus en train de lui broyer la sienne.
— Non, c’est vous, dit-elle en désignant Savage, un des deux Irlandais.
Elle passe en revue chacun des autres membres, tantôt elle sourit, tantôt elle prend un air dur et je commence à me demander à quoi elle joue quand elle arrive devant Rhymes.
Le Blood a l’air excédé qu’elle passe de lui à son jumeau en ricanant.
— Messieurs Brown, j’ai beaucoup entendu parler de vous…
— Ne croyez pas ce qu’on raconte, lance Rhymes, on est pire. Maintenant cassez-vous d’ici.
Elle s’approche du Blood et lève les yeux sur les siens en posant son doigt sur son torse. Ma main serre celle de Nir un peu plus fort en craignant que tout ça ne dégénère.
— Vous savez, dit-elle ne souriant, quand on m’a parlé de vous a mon élection, “j’imaginais le gang de gros durs qui compte les flingues et les kilos de soc au réveil. Au lieu de ça j’ai le droit à une jolie petite réunion de famille presque touchante.
— Déçue ? demande Rhymes sans se démonter.
— Presque, mais nous aurons tous le loisir d’en parler devant une tasse de thé et en compagnie de mes amis les fédéraux à mon bureau.
Elle recule, alors que des jurons font surface au sien du club.
— Embarquez moi tout ce qui porte un cuir et une paire de couilles, elle lance à ses hommes en faisant demi-tour vers la sortie.
— Nir, je gémis en voyant ses frères se faire passer les menottes.
— Ce n’est rien Sky, juste une démonstration de force ne t’inquiète pas.
Mon mari se fait passer les menottes à son tour et j’ai de plus en plus l’impression de rêver. On a traversé beaucoup de chose en une vie Nir et moi, on n‘a pas toujours été là, l’un pour l’autre quand on en avait besoin et pourtant au fond de moi je sais que même si le voir se faire arrêter est dure, je ne l’abandonnerai pas. Je viens de comprendre que si j’ai récupéré l’homme de ma vie et une famille je récupère aussi le mauvais côté, les emmerdes, les flics et les trafics. Et pour al première fois de ma vie je n’ai pas peur, je ne vais pas fuir devant l’adversité parce qu’il a besoin de moi, parce que toutes ses femmes qui se regroupent autour de moi qui ont des enfants dans les bras et qui comme moi regarde celui qui partagent leurs vies s’en aller escorter par la police du comté sont ma famille.
Et je ferais tout pour que cette famille soit heureuse et unie, pour Nir, pour notre vie et pour que le karma nous soit enfin favorable.
MARYRHAGE
À suivre…