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Fucking Love #1 - For Play - Chapitre 7

Chapitre 7

Dereck

 

 

NOVEMBRE 2016

 

Trois mois plus tard…

 

 

Il pleut rarement à Los Angeles et le seul jour où le ciel a décidé de faire la gueule, on va se faire un footing sur les hauteurs des collines, loin de la ville, loin du monde.

Jax m’a envoyé un SMS très tôt ce matin pour que je le rejoigne courir. Il m’a dit que le meilleur endroit pour le jooging sans croiser des enfoirés prétentieux c’était le Mont Lee.

En plus Jax a eu vent de l’absence de mes visites touristiques de la région et semble se charger avec sa fille de me montrer les endroits les plus célèbres de Los Angeles et d’Hollywood.

Le Griffith Observatory a été sa première proposition. Jax adore y aller et en apprenant que j’étais un féru d’astronomie et d’étoiles, il a exigé ma présence. On a emmené Sage un samedi après-midi, il y avait beaucoup de monde, mais étrangement, le Planétarium était assez déserté. J’en ai profité pour faire découvrir à la fille de Jax toutes les choses que j’avais apprises au cours des années. Sage est géniale pour une gosse, elle est drôle, remplie de petites mimiques, son caractère est coriace, parfois elle me fait penser à son père lorsqu’elle est dans son entêtement.

Dix jours plus tard, on est allé faire les studios d’Hollywood avec Mason et Mack, avant de faire de long en large le « Walk of Fame » sur Hollywood Boulevard pour trouver les étoiles de Bob Marley, Michael Jackson, Mickey Mouse, Muhammad Ali et même le chat qui tire la gueule Grumpy Cat.

On a enchainé quelques semaines plus tard sur les empreintes au Chinese Theatre. On a trouvé celles de Will Smith, de l’équipe d’Happy Potter, de Sylvester Stallone, Johnny Depp, Marylin Monroe et même Harrison Ford. Sage n’arrêtait pas de mettre ses mains et ses petits pieds dans les marques en disant qu’elles étaient trop grosses.

La semaine dernière, Jax et Archer m’ont trainé au Warner Bros, comme de vrais touristes on a embarqué pour un tour organisé des studios. On a pu découvrir les coulisses de certains de nos films préférés. C’était très sympa, un peu attrape couillon comme visite, ne montrant que le beau et pas le reste. Mais on s’est marré.

On fait des tas de trucs tous ensemble, que ce soit avec certains gars du studio, de l’équipe, ou seulement Jax et moi.

J’ai compris que Jax tenait vraiment à que tout se passe bien entre nous. Il m’a confié qu’il avait l’impression que les départs répétés de ses anciens partenaires allaient lasser Scarlett et qu’un jour, ce serait peut-être à lui qu’on demanderait de partir.

On a tenté une soirée entre mecs au cinéma en allant voir l’avant-première d’un film d’horreur. Ça n’a pas eu son grand succès, Demon n’est pas venu, Archer est sorti au bout de vingt minutes, Lake un quart d’heure après lui. Zane s’est endormi, Mason était assez blanc à la fin du film et Brooks riait des conneries de montages. Jax et moi avons été les seuls à commenter le film de façon intelligente sur l’intrigue et le reste.

J’ai découvert un autre monde du porno que celui que je connaissais. Avant, je n’avais que des collègues, des gars avec qui je baisais et que je recroisais de temps à autre, la plupart, étant des concurrents. Il n’y avait as de réelles relations d’amitié, il n’y avait que la concurrence, rester le meilleur pour ne pas être dans l’ombre des petits nouveaux. C’est dans ce genre de situation qu’on sombre facilement.

Et je sais de quoi je parle.

La pluie se fait de plus en plus forte alors que nous continuons de courir sur la route déserte. Quand des torrents d’eau nous trempent, on décide de rebrousser chemin.

Sur le retour, Jax est très concentré et j’ai découvert un certain talent pour agacer le père de famille. Je pense que Jaxson devrait se détendre parfois. J’ai compris que sa vie était loin d’être simple. À vingt-cinq ans, il a des responsabilités que je n’ai pas encore à trente et sans doute, que je n’aurais jamais.

Sa fille est le centre de son univers, plus je passe de temps avec eux, plus je constate qu’il fait tout pour elle, en se sacrifiant lui. Pas une seule fois, Jax m’a parlé d’une femme, et lorsque je lui ai posé la question l’autre jour, il m’a simplement répondu qu’il n’avait pas le temps pour ça. « Quel genre de femme voudrait d’un mec qui baise d’autres gars et qui a une fille à vingt-cinq ans ? Aucune et pour le moment, je n’ai pas envie de ça. ». Je le comprends aussi. Quand on sait ce que son ex lui a fait…

Est-ce qu’on guérit d’une telle blessure ? Ça doit prendre énormément de temps et sans doute, ça ne se referme jamais vraiment.

Jax se fixe énormément de règles aussi. Que ce soit dans sa vie de père ou d’homme.

Pas d’histoire sans lendemain.

Pas de coups de folie.

Pas d’inconscience.

Presque pas d’alcool.

Pas de drogue.

Pas de vagues ni de scandales.

Pas de surexposition.

Pas de mélange entre vie pro et perso.

Quand je lui ai demandé si de temps en temps, il se permettait de relâcher la pression autre qu’au boulot, j’ai eu droit à des révélations surprenantes. C’est là que j’ai appris qu’il avait déjà eu une relation un peu… sexfriend avec Mackenna, mais que les choses étaient devenues trop compliquées. Parfois, mieux vaut rester de simples amis, et ces deux-là, le sont vraiment. Mackenna a la place féminine la plus importante dans la vie de Sage. C’est sa marraine. Jax compte sur elle pour des tas de petites choses et on sent bien que ça gêne le jeune père de famille de ne pas pouvoir tout faire tout seul.

Mis à part elle, Jax n’a pas répondu. Me prouvant que l’acteur se mettait réellement de côté en tant qu’homme.

Quant à moi, je n’arrive toujours pas à parler de Miami à mes nouveaux collègues. Même à Jax qui est devenu un ami. Quand le sujet arrive, je bloque. Un sentiment oppressant me gagne et des brides de souvenirs de ce qu’il s’est produit là-bas me font perdre contenance. Il n’y a qu’avec mon frère Vinz que j’en parle lorsque ça devient trop compliqué. L’autre nuit, je me suis réveillé en sueur, l’esprit torturé par Miami. Certains gestes au boulot me font me raidir. Je me rends compte que tout est loin d’être totalement terminé. Il me reste malgré tout pas mal de bagages sur les épaules. Et j’espère qu’avec le temps, je finirais par tirer un trait définitivement sur ces années de ma vie.

Je l’espère vraiment.

Comme deux gamins, on se bouscule l’un l’autre en courant, je déconcentre mon partenaire qui essaie d’éviter mes gestes. Je manque de trébucher. Jax s’arrête de courir en riant.

 

— Dereck, tu vas finir dans la boue si tu continues !

 

— Tu me demandes un combat au corps à corps Howard ? je le nargue en m’appuyant sur mes genoux pour reprendre mon souffle.

 

L’endurance, je l’ai davantage à l’horizontale qu’à la verticale.

 

— Tu perdrais ! renchérit Jax avec assurance.

 

La pluie ne s’arrête pas, le tonnerre gronde. Il est neuf heures du matin, on penserait que la nuit va bientôt tomber.

Nos regards se croisent, un sourire se dessine sur chacun de nos visages et je comprends qu’on va se lancer un défi. Je romps ce silence soutenu le premier.

 

— Le dernier arrivé à ta caisse paye un café à l’autre.

 

Je commence à courir avant même de terminer ma phrase et Jax fait de même. On courre, j’essaie de tenir le rythme et dès que nous voyons le 4X4 de Jax, ce dernier se tape un sprint hallucinant en se foutant de ma gueule.

J’en reviens pas.

 

— Gagné ! déclare l’acteur en touchant son capot.

 

J’arrive quelques instants après lui, trempé, le corps en feu et le souffle en vrac. Ce salop m’avait caché ça.

Je tente de reprendre une respiration normale malgré l’effort.

 

— Dereck Cole, tu me dois un café !

 

— Et toi, tu me dois un poumon ! je lance, essoufflé.

 

Un rire nous gagne et quelque chose se produit l’instant d’après. Isolés, au milieu de rien, nos regards se trouvent de nouveau. Jax cesse de sourire et moi aussi. La tension nait de nulle part, mon rythme cardiaque s’accélère, je vois mon partenariale retenir son souffle.

Qu’est-ce qu’il se passe ?

Jax me demande silencieusement la même chose et la seconde d’après, tout bascule.

On se retrouve contre la portière, mon corps vient se coller contre celui de Jax. Ma main se fourre dans ses cheveux et nos bouches se posent l’une sur l’autre avec avidité.

Qui a fait le premier pas ?

Pas un instant il ne me repousse, pas un instant, nous n’hésitons.

Sous la pluie torrentielle, nos fringues nous collent à la peau. Aucun de nous n’y prête attention, il n’y a que nos bouches qui se dévorent avec brutalité. Le contact de nos deux barbes naissantes qui se frottent l’une contre l’eau, enflammant nos peaux. Sa langue frôle la mienne, nos dents s’entrechoquent et les succions envoient des déchargent électriques dans tout mon corps.

Qu’est-ce qu’il me prend de faire ça et diable pourquoi je n’arrive pas à m’arrêter ?!

Ma main s’immisce entre nous, elle tâtonne à la recherche du lacet du short de Jax. Je sens son érection naissante contre ma cuisse. L’excitation se décuple, l’intimité qui se créer au bord de la route déserte ne manque pas de me filer une myriade d’idées pour éteindre ce feu. Je n’aurais qu’à l’attirer contre le capot de la voiture, le pencher dessus, baisser son bas et me mettre à genoux pour le faire grogner.

Les hanches de l’acteur remuent contre moi, me ramenant à l’instant T.

Les doigts de Jax retirent ma capuche pour s’agripper à mes cheveux trempés. Ma langue frôle la sienne avant de dessiner le contour de ses lèvres, Jax jure en me plaquant davantage contre lui. Il revient à l’assaut avec plus de virulence. Chaque caresse de sa bouche sur la mienne est pressante. Nos dents s’entrechoquent, nos gestes deviennent imprécis.

J’arrive à glisser ma main dans son caleçon, son sexe tendu se durcit davantage lorsque je referme mes doigts autour. Un son étouffé sort de sa bouche. 

Mon poignet commence à aller et venir de haut en bas. J’essaie de bouger au mieux malgré notre proximité et le mince espace dont je dispose. Ce besoin de contact est incompréhensible, mais terriblement excitant. Les hanches de Jax remuent d’elles-mêmes. L’acteur se défoule sur ma bouche, sa langue frôlant la mienne, et dès que mon pouce passe sur son gland, il défaille.

 

– Dereck…

 

Au son de la voix du brun, le choc me heurte de plein fouet. Je me fige, conscient que c’est notre réalité, qu’il ne s’agit pas d’une fougue qu’on peut s’autoriser parce qu’elle est devant les caméras. Ici, il n’y a ni tournage ni scénario. C’est vrai. Ma main est bien autour de la queue de mon partenaire. C’est sa bouche que je dévore et c’est lui qui m’excite comme un fou.

Quel merdier !

Mon front repose contre celui de Jax. Dans ma tête, c’est un bordel sans nom. Je ne peux pas faire ça. Je ne peux pas aller au bout, continuer sans nous arrêter. Je vais tout faire foirer.

Je lâche tout en m’éloignant.

 

– Merde ! je jure.

 

Ma main a encore en mémoire la chaleur de son érection. Je la frotte contre mon short pour effacer cette impression qui me fait bander. Il faut que je me calme, mais difficile quand l’objet de son excitation est juste en face de vous.

Et puisque j’aime me faire mal, je reste là, à observer chacune de ses réactions. Jax reste haletant contre la portière, il n’ose pas bouger. Mes yeux verts se baissent vers son entrejambe, je me maudis de le faire.

Il bande toujours. Comme moi.

La tension entre nous ne descend pas. L’excitation bouillonne, le martèlement dans ma poitrine fait échos dans mon esprit.

Je le veux alors que je ne devrais pas.

 

– Qu’est-ce qu’on vient de faire ? souligne Jax en rompant le silence.

 

À ton avis ?

 

– Est-ce qu’on pourrait oublier ? je demande en essayant de contrôler l’envie que j’ai de rompre les trois pas qui nous séparent pour faire taire ce questionnement.

 

Mais est-ce que j’ai envie d’oublier ?

Nos regards se croisent, et la première idée qui me vient à l’esprit est bien celle de recommencer. De sentir de nouveau le contact de sa bouche contre la mienne, de son corps trempé contre le mien et le frissonnement de sa peau sous mes doigts le touchant. Je serre les poings, en colère contre moi-même. Qu’est-ce qu’il m’a pris de l’embrasser lui, alors que je sais pertinemment les limites à ne pas franchir. Je n’aurais pas dû faire ça… mais Jax ne m’a pas repoussé. Pas un instant. Et je me demande qui a commencé le premier, lui ou moi ?

 

— Oui, me répond mon partenaire en détournant le regard.

 

Il sort ses clés de la poche de son short, ouvre la voiture et s’y engouffre comme pour me fuir. L’espace d’un instant, je me demande si Jax va m’attendre ou partir. Je reste une minute dehors à sentir l’eau glacer mes pulsions. Et lorsque je monte à mon tour dans le 4X4, Jax a démarré sans dire un mot. Sur le trajet nous menant au studio, nous n’en avons jamais mentionné ce qu’il s’est produit, pourtant j’ai senti un certain malaise. Un malaise qui n’est pas près de passer tant que nous ne savons pas ce qu’il s’est passé.

 

***

 

— Stop ! nous coupe Scarlett.

 

Je jure en me maudissant. Je cesse de toucher l’érection de Jax qui est tendu comme un arc contre le lavabo de la grande salle de bains. L’acteur détourne le regard, agacé de ne pas rentrer non plus dans l’action. On n’a jamais eu ça. D’habitude, il suffit d’entendre « allez-y » et nos cerveaux se déconnectent de la réalité.

Plus depuis que le fictif est entré dans cette réalité.

Aujourd’hui, tout comme hier et avant-hier, je ne suis bon à rien. Toutes les prises où je mène l’action ont dû se tourner en plusieurs fois. Je suis nerveux. Depuis notre interlude dans les bois, un certain malaise s’est créé entre nous. On se fuit un peu avec Jax. Nos regards ont du mal à rester l’un dans l’autre.

À quoi tu penses ? J’aimerai lui dire. Est-ce qu’il t’arrive de penser au Mont Lee depuis qu’on a quitté la route boueuse ?

C’est drôle, chez certains, le malaise se produit quand on a vu l’autre jouir, quand on a fait en sorte de le faire succomber et chez nous, c’est la manière dont nous avons cédé à une pulsion qui nous rend maladroits.

De mon côté, j’y pense. J’y pense le soir, j’y ai pensé l’autre matin en essayant de calmer ma putain d’érection et là, tout de suite, en voyant la réaction de Jax face à ma main se serrant autour de sa queue, j’ai repensé au Mont Lee. À son cul contre la portière, à nos fringues trempées et à cette maudite attirance. Violente, incontrôlable et trop courte.

 

— Dereck, reprend Scarlett, tu es en plein champ de la caméra, bien que ton cul soit superbe, c’est ce que tu fais avec la queue de Jax qui m’intéresse.

 

— Désolé, je lance en m’asseyant sur le rebord de la baignoire.

 

Même mon érection, je n’arrive pas à la tenir cet après-midi. Je suis trop irrité, agacé et je n’aime pas ce qu’il se passe. Ça va bientôt faire cinq mois qu’on bosse ensemble et c’est la première fois qu’ils nous arrivent ça.

J’entends des chuchotements de la part de l’équipe, je sais que tout le monde se demande ce qu’il se passe, j’en serais le premier heureux de le savoir.

 

— Est-ce qu’on peut nous laisser un instant ? demande mon partenaire.

 

Je me tourne vers lui, surpris. Scarlett, Ciera et Leila nous jettent un coup d’œil tout aussi étonnées avant d’acquiescer en laissant tout sur place. Même pas une minute après, nous sommes seuls dans la salle de bain moderne aux tons bleu clair et blanc.

Jax inspire un bon coup, il garde appuie contre le comptoir entourant le lavabo design.

L’excitation et la tension sexuelles ne sont pas au rendez-vous non plus aujourd’hui.

Son regard bleu trouve le mien, je note que son expression porte l’incompréhension.

 

— Qu’est-ce qu’il se passe ? me demande-t-il avec calme.

 

— Et toi ? Pourquoi tu es si distant ? je renchéris en me redressant.

 

Jax détourne le regard à son tour. Et je comprends. Il partage le même malaise que moi vis-à-vis de Mont Lee. Est-ce qu’il regrette ? Est-ce qu’il culpabilise comme moi ? Est-ce qu’il s’interroge ? Pourquoi on se prend la tête pour ça ? Ce n’était qu’un baiser.

C’était plus qu’un baiser. Ta gueule !

 

— Je pense à l’autre jour, Jax. Ça ne me sort pas de l’esprit, je finis par avouer.

 

Jax se raidit, il passe une main nerveuse dans ses cheveux avant de lâcher à son tour :

 

— Moi non plus je n’arrive pas à comprendre.

 

L’organe dans ma poitrine se fige. Surpris de nouveau par sa confession. Pourquoi ça tourne dans nos têtes ? Jax est hétéro, je suis gay, on est amis, ça s’arrête là.

Alors pourquoi on s’est embrassé ?

 

— Je crois que ça ne s’explique pas, je soupire. Est-ce que d’une certaine façon, j’ai dépassé les bornes sans m’en rendre compte ?

J’aurais pu, je sais que même si j’ai repris le contrôle de moi-même, il m’arrive de royalement me planter. Le baiser contre la voiture pourrait en être un exemple.

 

— Je crois que c’est moi qui t’ait attiré pour t’embrasser, souligne Jax, je n’ai rien à te reprocher. C’est plutôt toi qui doit m’en vouloir.

 

Lui en vouloir ? Il déconne ? C’était… tentant et délirant.

N’y pense pas !

 

— OK on fait quoi alors ? Parce qu’on agit comme deux ados et c’est stupide. On couche ensemble presque tous les jours pour le boulot, pourquoi un baiser sur le bord d’une route nous rend si mal à l’aise ?

 

Jax se raidit

Parce que c’était dans la réalité.

Mon partenaire se ressaisit le premier, il soupire en tentant de minimiser les choses, et je sais qu’il a raison. Ce n’était qu’un baiser.

 

— Je ne veux pas que notre relation au boulot ou dans le privé change. On s’est embrassé, ça s’est produit, on ne sait pas trop les raisons, peut-être le moment ?  Qu’importe, on est adulte pas vrai ? Et tu ne veux pas autre chose que de l’amitié ?

 

J’acquiesce. Non, je ne veux pas m’engager, l’engagement c’est terminé pour moi. Les histoires qui vont au-delà du cul aussi. J’en ai trop chié l’année dernière, c’est compliqué et dangereux, je veux repartir pour moi, changer de vie et ne pas me la compliquer.

Même si tu n’as pas eu quelqu’un en dehors du boulot depuis longtemps Dereck, murmure une petite voix que je chasse.

 

— Je ne veux que de l’amitié Jax et tu le sais.

 

Ma réponse semble le soulager. Je comprends que cette histoire lui pèse sur les épaules. Normal après trois gars qui lui ont fait le coup.

 

— Alors, oublions comme tu l’as dit. C’était… un truc surprenant. Agréable, mais surprenant.

 

Je souris, je suis content de savoir que ma main sur sa queue et ma bouche le dévorant sont des choses agréables.

 

— J’ai confiance en toi Dereck, reprend Jax, et je sais que tu n’es pas comme les autres. Tu ne dépasseras pas la limite. Ne culpabilise pas et je tâcherai de ne pas être mal à l’aise. On ne va pas se prendre la tête pour ça.

 

— C’est sincère ce que tu dis ?

 

Jax m’offre un sourire amusé à son tour, son visage retrouve cette expression familière qui rend l’acteur si agréable.

 

— Oui. Maintenant que je suis certain que tu n’as pas d’arrières pensés suite à ça, je pense que la tension et l’interrogation vont disparaitre au cours de la journée. Diable pourquoi n’en avons-nous pas parlé de suite ? plaisante-t-il.

 

Parce que le choc était rude, parce que ni Jax ni moi ne nous y attendions. Mais nous aurions dû. J’espère qu’au prochain coup dur, ça se produira ainsi.

 

— Ça ne m’a jamais fait ça avec un autre de mes partenaires, m’explique Jax. J’étais ami avec eux, mais je ne m’entendais pas autant qu’avec toi. Est-ce que ça y joue ? Sûrement. Mais entre nous, ça colle tellement pour le boulot et dans le reste, que je ne veux pas que ça change.

 

— Moi non plus, je reconnais.

 

Nous restons un instant à nous dévisager, le malaise s’est atténué et sans doute, il disparaitra ce soir. On a beau être des mecs, ne pas trop réfléchir sur ce qu’il se passe, à certains moments, ils nous arrivent de nous tourmenter comme le font des nanas.

Et pour le coup, il y avait de quoi.

Trop à perdre et trop soudain.

Jax se penche pour récupérer son caleçon au sol. Je résiste pour ne pas regarder le mouvement de son corps qui s’articule.

Calme-toi Dereck, calme ça de suite, ce désir un peu trop pressant qui a commencé à naitre au court des dernières semaines.

Parce que la vérité est là. Ce n’est pas une histoire de sentiments, seulement de sexe. Mon partenaire m’excite plus qu’il ne le devrait et je ne comprends pas pourquoi.

Je ferais mieux de me trouver un mec à baiser en dehors d’ici. La ville doit en regorger.

Qu’est-ce que t’attends alors ?

Je flippe enfoiré !

Jax me sort de mes pensées en lançant une vanne :

 

— Concernant les jeux de spermes de cette après-midi, je pense qu’on peut dire à l’équipe qu’on reporte ça à demain. Je vais accompagner Ciera voir les rushs, peut-être qu’on aura une ou deux bonnes prises.

 

Jax m’envoie un coup de poing amical dans l’épaule, je tente de l’éviter, mais pris dans mes pensées, je termine le cul dans la baignoire, les jambes en l’air. Jax se prend un fou rire monumental en me voyant. Il rit tellement fort que Scarlett pénètre dans la salle de bain pour voir ce qu’il se passe.

Notre conversation se termine sur un cliché de la réalisatrice de nous deux, lui essayant de me sortir de la baignoire et moi riant.

Si je suis toujours sincère, cependant j’ai menti sur une chose : oublier me semble compliquer. Pour ma part, ce sera ranger dans un coin de ma tête à quel point embrasser Jaxson Howard sous la flotte était bandant.

 

***

 

Je regarde mon compte INSTAGRAM en supprimant les commentaires homophobes de la photo. Il n’y en a pas beaucoup, mais pour éviter d’enflammer les foules, je préfère qu’ils disparaissent. J’attends que Ciera ait fini de monter le premier rush du film que nous tournons avec Jax pour savoir si nous avons l’après-midi de libre ou pas.

 

— Zane, bordel !

 

Le cri rempli de colère de Mason me tire de mon affaire. Je me tourne vers les deux LivePlayers qui pénètrent la salle. Zane a quelques pas d’avance sur son collègue. Ses traits sont marqués par la colère. L’homme aux cheveux noirs et aux yeux marrons semble être au bord de l’explosion. Mason arrive et dès que Zane le voit, il craque.

 

— Ta gueule, Mace, n’essaie même pas de te justifier, je ne veux pas savoir !

 

Savoir quoi ?

Je reste comme un con assis dans le canapé à les regarder. Mason perd son calme. Il jure avant d’attraper son partenaire par les pans de et le plaque contre le mur entre différentes photos. Je m’apprête à intervenir quand Demon entre à son tour dans la salle commune, l’air décontracté, presque amusé de voir les deux se mettent sur la gueule. Il passe devant Zane et Mason en lâchant un simple :

 

— Vous faites chier à vous disputer comme des gonzesses, allez vous taper dessus dans votre piaule !

 

Zane et Mason s’affrontent méchamment du regard, la tension dans la pièce devient palpable. Un sentiment de rage pure les gagne. Qu’est-ce qu’il s’est produit entre les deux ?

Le Live Player aux yeux marron pousse Mason.

 

— Ferme là Dem et occupe-toi d’abord de tes merdes.

 

Zane foudroie du regard les deux acteurs. Il les bouscule en quittant la pièce. Mason reste un instant figé, sa main contre le mur à calmer ses nerfs. Puis, l’instant d’après, il disparait à son tour, laissant la salle commune dans une stupéfaction.

Demon se laisser aller à un rire en voyant ma tête figée.

 

— Ça se voit que tu es nouveau. Mais tu t’habitueras à Zane et Mason qui se tapent sur la gueule sans cesse. C’est un des partenariats les plus incompréhensibles de ce studio… un peu comme toi et Jax.

 

Je soupire en ne cachant pas mon agacement.

 

— Ça faisait longtemps que tu n’étais pas venu à la charge, Demon, je souligne en lui prêtant peu d’attention.

 

Mais le Dom en a décidé autrement.

Il vient s’installer juste à côté de moi sur l’un des trois canapés formant un U dans la pièce. Une tension électrique plus vive que l’interaction entre Zane et Mason envahit la salle. Je me concentre sur mon fil d’actualité FACEBOOK quand Demon me demande :

 

— J’aimerai savoir qu’est-ce qu’il s’est produit, Dereck, pour qu’on te laisser partir de ce merdier dans lequel on était fourré ?

 

Je me fige, comme si je venais de me prendre une gifle. Je refoule du mieux que je peux le martèlement dans ma poitrine.

Il n’y a pas une once de reproches dans les propos de l’Hardeur pour une fois. Je quitte du regard mon portable pour croiser les yeux sombres de Demon. Un sentiment d’insécurité me gagne en y pensant. Depuis que j’ai quitté la clinique privée de New York, je n’en ai parlé à personne et je ne m’attendais pas à côtoyer quelqu’un de mon propre passé dans cette nouvelle vie.

 

— On ne m’a rien autorisé, Demon. Je suis parti, je lance en dévisageant le vide.

 

N’y pense pas, me murmure une petite voix.

Demon se raidit à mes côtés, je sais que ça ne s’est pas passé comme pour moi. Il n’a pas eu la même chance. Mais si j’ai évité un certain nombre de choses que Demon n’a pas pu contourner, j’en ai vécu d’autres, plus violentes.

 

— Tu es parti, se contente de répéter mon ancien collègue.

 

— Demon si tu es venu remuer la merde…

 

— Non, me coupe-t-il, je suis venu te montrer un truc qui nous concerne toi et moi.

 

L’Hardeur fouille dans la poche arrière de son jean, il en sort une enveloppe pliée qu’il me tend. J’hésite une fraction de seconde à la saisir, mais je le veux. Je veux savoir de quoi il parle.

Je l’ouvre en ayant l’impression que l’enfer n’est pas loin.

Quel bordel !

Je me décompose en voyant des clichés tirés de vidéos qui ne sont pas à la portée de tout le monde. Il y a des photos de Demon… et de moi.

 

— Je crois que le passé est en train de nous rattraper, Dereck Blacks et j’ai bien l’impression que ton départ impayé n’a pas plus à tout le monde, déclare Demon, nerveux.

 

Je retourne les clichés et en découvre des menaces bien claires qui ne mettent pas le doute sur l’origine de l’expéditeur.

Les enfoirés.

 

— Ce n’est que des mots, je lâche en rangeant les photos dans l’enveloppe.

 

Demon se met à rire nerveusement, je vois dans son regard sombre l’inquiétude. Je le comprends. Quand on sort la tête de l’eau, on n’a plus envie de se noyer de nouveau.

 

— Pour l’instant. T’es parti, mais visiblement, ils ont pigé où tu étais.

 

Je ferme les yeux en chassant les brides de souvenirs qui me reviennent avec violence en mémoire. Le Donjon crée dans l’entrepôt, l’ambiance morbide et dangereuse, les autres.

J’ai quitté ce monde parce qu’il m’a détruit.

J’ai quitté ce monde parce que je n’étais plus rien.

Mais ce monde ne m’a pas quitté pour autant.

Quand j’ouvre de nouveau les yeux, Demon a disparu en me laissant l’enveloppe. La salle commune baigne dans une atmosphère pesante mélangeant crainte et tension.

Ne craque pas.

J’attrape d’une main tremblante le contenu que je photographie à l’aide de mon portable. Je n’hésite pas en ouvrant une de mes seules conversations Messenger.

 

MOI, 15h26 : Hé Bro, on a un problème.

 

Je lui envoie en pièce jointe les photos prises. Mon frère met peu de temps à me répondre, même à l’autre bout du pays.

 

VINZ, 15h28 : Les chiens ! Je m’en occupe. Je te tiens au jus.

 

Je laisse aller ma tête contre le dossier du canapé, mes mains tremblent sous l’angoisse. J’ai trente ans, je fais bad boy en apparence, mais cette histoire m’a rendu aussi frêle qu’une gonzesse durant plusieurs années et sur certains points.

Il faut que je sorte, que je quitte les studios pour la fin de la journée. J’ai besoin d’air, de m’éloigner de ce qui pourrait me déclencher une myriade de souvenirs auquel je ne veux pas penser.

Ma poitrine me serre et j’ai l’impression de manquer d’air.

Je sursaute en entendant vibrer mon portable, mon frère a fait vite… mais ce n’est pas Vinz.

 

JAX, 15h32 : On oublie vraiment ?

 

L’air me manque encore plus en lisant ses trois mots. Jax est soucieux d’avoir la confirmation que notre interlude n’a pas eu d’impact sur le reste.

Je réponds rapidement sans trop me poser de questions.

 

MOI, 15h34 : Que tu gémis quand on te chatouille ? Mec, impossible !

 

JAX, 15h35 : Enfoiré !... Au fait, on doit TOUT recommencer à cause d’un demi-Australien qui cache ma queue à chaque séquence. Je ne te savais pas égoïste à ce point ;).

 

Un léger rire arrivé à me gagner lorsque je verrouille mon portable. Pourtant, un autre serrement gagne ma poitrine devant une constatation évidente. On oublie, mais je n’ai pas envie d’oublier ce que ça faisait d’être ainsi avec Jax. Parce que l’alchimie et l’attirance sont deux choses qui ne se comprennent pas. On a beau essayer de résister, on ne peut que se battre un temps.

Pourtant, je ferais taire ça, même si ça ne dure qu’un moment parce que de ce que j’ai compris, Jax en a assez de l’instabilité de ses partenariats. Et d’un certain point de vue, je le comprends. J’en ai besoin aussi pour me reconstruire durablement.

À la différence de ses anciens collègues, je ne veux rien de lui, pas d’avenir, pas de plus. Ce n’est que de l’attirance. Qu’une histoire de sexe et le sexe, d’une certaine façon, je l’ai déjà. Je devrais me contenter de ça. Et c’est ce qu’on va faire, pour éviter que l’interlude dans les bois se reproduise.

On oublie vraiment, mais moi, j’aurai du mal à l’oublier lui, comme je n’arrive pas à oublier le reste

 

AMHELIIE

Commentaires

  • Hello les girls
    Purée cette histoire est juste géniale
    Comme je les aime ces 2 mâles
    Alors non non non on oublie rien du tout cette alchimie, cette attirance est trop forte, lâchez vous les gars
    Love love fucking love

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