Perso : Chapitre 2
Chapitre 2
Tous à un début... c'est juste qu'on ne sait pas quand viendra la fin
Le début de quelques choses ? Non, le début de rien du tout. Pour moi, ce n'était rien. Une réaction banale, un effet secondaire à ce que j'ai pu éprouver avant. C'est normal pour une femme d'éprouver... Non, non, je ne dirais pas le mot attirance, rien ne m'attire. Enfin... pas exactement. Je sais reconnaître la beauté chez quelqu'un ou quelques choses... mais je ne l'avouerai pas.
Je suis assise confortablement dans mon fauteuil. Les pieds poser sur le dossier de devant et j'avale un à un les pop-corn vidant presque toute la boîte avant que le film commence.
Je ne calcule pas ma meilleure amie à mes côtés, elle est trop occupée à rouler des patins à son nouveau « mec ».
Je sors mon téléphone portable et j'enfouis mes écouteurs dans mes oreilles pour me noyait dans les notes de musique.
Je ferme les yeux et je me laisse bercer par les paroles de U2. Oui, pour une adolescente de mon âge, les musiques électro ce n'est pas trop mon truc.
C'est le frottement contre ma jambe, et la pression sur mon bras qui me font sortir de mon sommeil superficiel.
J'ouvre les yeux, prête à bondir et à foudroyer du regard celui ou celle qui vient de me déranger.
-Tu n'avais pas remarqué que le film venait de commencer ?
Cette voix...
Je me ravise en voyant Benjamin assis à côté de moi. La salle est plongée dans le noire et sur l'écran défile des publicités.
Il est penché vers moi. Le sourire aux lèvres, mais bordel qu'est-ce qu'il fout à côté de moi ?
-Non...
Je retire mes écouteurs. Et les ranges ainsi que mon téléphone.
-Qu'est ce que tu fais là ?
Je me retourne vers lui. Il est con ou quoi ? Je peux lui retourner la question
-Et toi ?
Benjamin éclate de rire, les gens autour de nous, nous font signe de nous taire. Bordel, mais qu'est ce qu'ils peuvent être con tous ! C'est bon, le film n'a pas encore commencé, au lieu nous avons encore droit au pub spéciale coca-cola. Elle aussi, on la connaît par cœur ! Jamais on ne change de refrain ?
Benjamin, lui, se met à l'aise, il fait comme moi, ses longues jambes viennent s'appuyer sur le dossier devant lui. Je l'entends soupirait... Attends, je rêve ou il compte rester là ?
Je soupire à mon tour. Il n'en est pas question !
-Qu'est ce que tu fous là ? Je répète
Il se retourne vers moi, son sourire ne le quitte pas. Comment peut on sans cesse sourire ? Il n'attrape pas mal à la mâchoire à force ? Comment fait il ? Il ignore que la vie est légèrement... triste ? Que sourire ne sert à rien ? Pff, je ne comprends vraiment plus les gens. Il l'énerve avec son sourire, Bad boy. Il est beau, il le sais, il fait son « mannequin » là, à sourire... Argh il m'énerve.
Benjamin se penche vers moi. Je sens son souffle sur mon oreille.
-Je suis ici comme toi, j'accompagne un copain pour son rencart, et je vais regarder un film cinématographiquement pourrie.
Ah putain sa voix !!
Là, il ne répond pas à ma question. Je veux savoir, ce qu'il fous LA ! ICI !! A COTE DE MOI !
-Non, je m'en tape de la raison de ta venue, je veux simplement savoir ce que tu glande ici ?! Là, à côté de moi ? Ton ancienne place ne te plaisait pas ?
Je me renfrogne. Les pubs laissent place au générique du début du film. Je pense que mon nouveau voisin va se taire. J'espère, je l'espère vraiment.
- Je n'avais pas envie de rester tout seul là-bas
Pardon ? Je me retiens de m'étouffer. C'est une blague ? Je me tourne vers lui, pour lui faire face, sa gueule d'ange ne m'effraie pas.
-Donc tu t'es dit que c'était mieux de venir me faire chier ?
-Mais non, bien sur que non, je ne te fais pas chier ! Toi aussi tu t'ennuies à mourir et tu te demandes pourquoi tu as accepté de venir aujourd'hui hein ?
Hum... très perspicace ce jeune homme ! Je ne lui répond pas, ça lui ferais trop plaisir... Je n'ai pas envie de lui accorder, pas à lui, pas à ce Benjamin, pas à ce bad boy aux yeux ravageur et au sourire mannequin.
-Non.
-Bien sût que si.
-Mais puisque je te dis non !
-Mademoiselle taisez vous !
Je me retourne pour faire face à la femme qui me dit de me taire. D'accord, je le reconnais, ce n'est pas polie de parler au cinéma mais franchement, là, je n'en ai rien à faire !
-QUOI ? C'est bon ! Votre film on sait tous comment il va finir, si on a lu le bouquin ! La nénette va finir avec le héros voilà ! Ne venait pas me faire chier OK !
***
-C'est un cinéma pas un salon de thé !
L'agent de la sécurité ferme les portes derrière nous. Je dévisage Benjamin à mes côtés qui lui, est en pleine crise de fou rire. Parce que lui ça l'amuse ? Moi pas ! Jamais je ne me suis fait virer d'un cinéma ! JAMAIS ! Et grâce à lui et son besoin de combler son ennuie, j'ai pété ma crise et on nous a virer.
-Ça te fait rire ?! Je lance froidement.
Benjamin hoche la tête. Ça n'a pas l'air de le déranger lui. Peut être qu'il a été mal élever, mais ce n'est pas mon cas.
-Pourquoi pas toi ?
-Non.
Le vent s'écrase contre mon visage. J'ai des frissons et je vais bientôt avoir froid. Je ferme ma veste et ajuste mon écharpe noire en laine autour de mon cou. Je réfléchis à ce que je peux faire à présent. Rester ici et attendre la fin du film à me geler ou rentrer chez moi ? Ambre ne m'en voudra pas si je m'en vais, elle le comprendra étant donner les circonstances. J'ai une bonne raison.
Justement, mon psy me répète sans cesse qu'il ne faut pas que je mette cette raison en excuse, sinon, jamais je ne m'en sortirai.
Benjamin remue sans cesse. Lui aussi doit sentir le froid glacial de la brise du bord de mer. Mais quelle idée j'ai eu d'aller au cinéma un mois de mars !
-Bon...
Je me retiens de soupirer de joie. Enfin il va s'en aller ! Je ne vais pas le retenir.
-Tu t'en vas ? Je demande-t-elle
-Pourquoi, tu aimerais que je parte ?
Il se met devant moi pour me faire face. Il est plus grand que moi, au moins deux têtes de plus. Il est baraqué, il doit faire de la musculation lui aussi... Son corps me barre la route, et je commence à paniquer. Je regarde autour de moi. Le soleil va se coucher, et peu de personnes sont présente dans les alentours. Je baisse les yeux, je ne veux pas le regarder, je n'en ai pas la force. C'est trop me demander.
-Tu ne regardes jamais personne dans les yeux quand on te parle ?
-Tu n'en vaut pas la peine.
Benjamin s'esclaffe de rire. Je ne trouve rien de drôle dans ce que je viens de dire. Il me pointe du doigt, amusé.
-Tu me plaît bien Mel. Ton côté, rebelle me plaît énormément.
-Moi pas. Et arrête de dire ça merde ! Tu ne me connais pas !
-Non, c'est vrai je ne te connais pas, mais j'aimerais bien...
Je prends mon courage à deux mains et j'affronte son regard. Ma psy serait content de moi. Je viens de réaliser un sacré pas en avant. Je cache ma peur, celle qui me bouffe de l'intérieur. Qu'est ce que je fous là ?! Qu'est ce qui m'a pris de dire oui ?!!
-Je n'ai pas envie de te connaître moi, ton numéro de charme ne marche pas ! Tu fais le beau gosse, le mec sur de lui, qui a de l'humour, mais au fond, tu dois être un raté comme les autres. Tu donnes une impression sur de toi, mais tu n'es qu'un gros connard. Maintenant je vais me casser, merci d'avoir pourris ma journée !
Je le pousse, mais il ne bouge pas. Je n'ai pas un petit gabarie. Bien au contraire. Je ne fais pas du 38, mais un bon 42. Mon corps ne fait pas concurrence avec un fil de fer. J'ai fait, plus jeune, du sport à haute dose. J'ai de la force. Du moins, un minimum. Et ma hargne et ma colère me donnent de l'adrénaline.
-Putain l'humour tu ne connais pas !
-Non, laisse moi passer maintenant !
Benjamin me saisit par le bras et je me fige. Je ferme les yeux.
Calme toi, calme toi, ne hurle pas, ne dit rien. Il ne va rien te faire, prie pour qu'il ne te fasse rien...
-Je plaisantais juste... Oh Mel je riais... regarde moi s'il te plat.
-Non, lâche moi, fou moi la paix, je ne te connais pas, tu m'énerves, je vais rentrer chez moi et taché de t'oublier.
Il me relâche et je soupire de soulagement. Il s'écarte un peu. Trop peu à mon goût.
-T'as froid ? D'accord ne me répond pas !
Je ne lui réponds pas et je remarque que je claque des dents, je tremble... Mon cœur bat à tout rompre. Je n'ai pas froid, ce n'est pas ça qui me met dans cet état c'est...
LA PEUR. La peur d'être touché par quelqu'un de plus fort que moi. Sa présence m'effraie il est....
Non, je ne dois pas y penser. Je dois vivre avec et recommencer à vivre normalement...
Oublie cette peur qui te ronge, car elle, elle ne t'oubliera pas.
Je regarde Benjamin, il a l'air blessait. J'éprouve soudainement un sentiment de regrets.
-Benjamin...
-Ben.. mes amis m'appelle Ben.
-Je ne suis pas ton ami.
-Tu pourrais le devenir.
-Benjamin...
-Ben.
Je soupire, mais ce qu'il peut être chiant. Je l'entends rire et je vois qu'il n'est pas rancunier.
-Tu boudes souvent ?
-Non, juste pour te faire chier vu que d'après toi, je ne sais faire que ça.
Je retire ce que je viens de dire, c'est un rancunier. Je commence à grelotter pour de bons. La nuit est tombée, et je commence vraiment à avoir froid.
-Sa te dit d'aller prendre un café ? Je connais un bar pas très loin. Le gérant est super sympa. C'est un habitueé de la Côte. Il pourrait te raconter des tas de scandales sur la Côte d'Azur ! Et puis... la vue est superbe !
Aie... on y vient. Benjamin à voulut sympathiser, maintenant un café. Après une chambre d'hôtel et les jambes en l'air ? Euh... non merci.
-Je...
-La tu cherches une excuse potable pour me dire non.
-Non...
-Allez si, avoue le, je t'énerve, et ça en seulement une heure. Je suis fort quand même ?
Je souris. Une première depuis longtemps. Certes, il m'énerve, mais son côté, rieur, me plaît beaucoup. Et son sourire...
-J'arrive quand même à te faire sourire ! Et ben, je n'ai pas tout perdu aujourd'hui, plaisante Benjamin.
-Non...
-Bon, c'est toujours non pour ce café ?
-Navrée mais...
Benjamin lève les mains en signe de défense, en souriant.
-D'accord, je vais tacher de comprendre... mais donne moi ton numéro au moins.
-Ben... je ne peux pas.
-Ne me dis pas que tu n'as pas de téléphone ! Seigneur non ! Ce n'est pas possible !
-Non... j'en ai un, mais je ne te le donnerai pas.
-Pourquoi ?
-Parce que.
Il soupire à son tour. Et oui, navré d'être moi. D'être chiante et de ne rien supporter. Je ne peux pas lui faire confiance, je ne le connais pas. Il n'est rien pour moi. Il est bien gentil, mais je ne file pas mon numéro à un inconnu.
-J'obtiendrai ton numéro, tu sais.
-Tu n'as pas intérêt.
-Et pourquoi ?
-Parce que.
-T'est chiante avec tes « parce que ». Et si je te dis que j'ai envie de te revoir ?
-Tant mieux pour toi.
-Non, mais t'a pas compris que je voulais te revoir. Là tu es censé me dire « moi aussi »
-A plus Benjamin.
C'est bon les longues conversation sans fin ne m'intéresse pas. Je le contourne et je marche en direction de l'arrêt de bus.
Je me sens soulager, je suis loin désormais de tout danger. C'est un danger pour moi. Cette homme... c'est...
-Qu'est ce qu'on t'a fait pour que tu deviennes comme ça ?
Avait il sut ? Ce jour-là ? L'avait il deviné sans que j'ai à le dire ? Étais-ce écrit à l'encre noire sur mon front. La tare que j'étais devenue... Le mot que je suis, que je serais à jamais. Je ne le saurais pas. Comme je n'ai jamais sut, pourquoi ce jour là, c'était moi et pas une autre. Pourquoi il avait voulutde tout ça ? Moi qui n'étais rien, rien de plus qu'une personne sale et froide. J'ai été froide et ça, tout le long. Jamais je n'avais croisé quelqu'un d'aussi drôle. L'humour figeait sur son visage, comme la colère sur le mien. Je n'avais rien pour lui, je ne voulais rien. Encore moins le connaître, je ne m'en sentais pas la force. Je voulais continuais à paraître ce que je m'efforçais de montrer à la Terre entière. Une personne froide, et sans cœur. Lui qui affichait un sourire constant sur ses lèvres... je ne le connaissais pas et pourtant lui, il paraissait me connaître. !
Amheliie
Commentaires
Ben à l'air super
et il pose la bonne question "-Qu'est ce qu'on t'a fait pour que tu deviennes comme ça ?" et vu qu'elle supporte pas les contacts elle a peur ... ca ressemble au traumatisme d'un viol
merci
bizzz
J'adore ton talent d'analyse Pris ;)
Ben sera super, j'espere qu'il continuera a te plaire.
Merci a toi
Bizz
J'aime énormément c'est intense et puissant; tu nous transporte dans sa vie, dans sa peur et sa douleur sans pour autant qu'on la prenne en pitié ce qui révèle et a juste titre tout ton talent. Ben a vraiment l'air génial et j'adore le caractère de Mel, c'est pour moi celui d'une survivante et c'est ce qui a mon sens la rend très attachante. Vu l'heure tardive je vais suspendre la ma lecture mais c'est avec impatience et plaisir que je l'a reprendrais demain. Bravo en tout cas pour ce texte brillant et poignant...
Waouh... je ne sais que répondre à ton commentaire, à part qu'il me touche vraiment. Je suis contente que ce début d'histoire te plaise, elle est à présent fini, (il manque deux chapitres à posté qui sont en attente de l'être ^^) Comme tu le découvriras, Mel est quelqu'un d'assez renfermer, et Ben dans sa vie... c'est un gros BOUM.
Merci beaucoup pour ton commentaire :)
Bizz