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Tome 5 : Nirvana - Page 2

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    Mon cœur bat vite lorsque j’entends la porte d’entrer s’ouvrir suivis des pas du mac de Sky. Une colère née en moi quand je l’entends prononcer son nom, et comme un claquement de doigts, je perds mon self-control. Je sors mon flingue, retire le cran de sécurité, enclenche le silencieux et quitte ma planque en une fraction de seconde.

    Je découvre Josh, une main caressant la joue de Sky. Le peu que je vois suffit à me mettre hors de moi. L’homme qui se tient debout face à ma femme est grand, bien habillé, il possède un air sur de lui et un sourire que je vais rapidement lui faire avaler.

     

    — Sky, dans la salle de bain ! je hurle.

     

    Je vois le mac se tourner vers moi, surpris. Je constate que cet idiot est seul, ses potes doivent être déjà en train de bouffer le sol.

    Il me foudroie du regard, et lève sa main pour baffer la joue de Sky. Ma femme n’a pas le temps de reculer que la violence du geste la fait trébucher. Son corps tombe, elle se tient la joue, je peux voir une marque rouge apparaitre sur sa peau.

    La tension se fait de plus en plus présente dans le studio miteux, je sens la haine ressortir de chaque pore de ce salopard. Je n’aime pas la façon dont il regarde Sky, ni même la promesse silencieuse qu’il lui fait de se venger. Je le vois lever le pied.

     

    — SALOPE ! gueule le mac, tu te fous de ma gueule !

     

    Il s’apprête à lui donner un coup pied quand j’interviens en braquant mon arme sur sa tête.

     

    — N’essaye même pas, je le menace d’une voix tranchante.

     

    Le mac se rappelle soudain de ma présence. Il se fige en me lançant un regard outré de s’être fait aussi facilement duper, d’un côté je le comprends, les femmes savent tellement bien nous baiser. On n’est jamais méfiant, mais alors lui, je crois que c’est le type le plus débile que j’ai rencontré dans nos business. À croire qu’il ne faut pas un bac plus dix pour taper et terroriser des filles.

     

    — Alors c’est vous, le prince charmant tatoué qui pense pouvoir la sortir de là, crache Josh avec colère.

     

    Je jette un coup d’œil à ma femme qui se remet debout, la claque était violente et avec ce qu’il s’est passé ses dernières quarante-huit heures, ça ne m’étonne pas de la voir mal. Quand ce cirque sera fini, il faudra qu’elle voie un doc.

     

    — SKY ! je hurle, dégage !

     

    Elle me jette un regard apeuré que j’ignore, on n’a pas le temps pour ça. Je la tire en arrière, et enfin Sky réagit. Je l’entends faire les trois pas nécessaires pour pénétrer dans sa minuscule salle de bain, suivis du son du verrou qu’on tourne.

    Nous voilà seuls, face à face avec l’enfoiré qui a osé menacer ma femme.

     

    — C’est bien moi, mec, et tu te trompes si tu penses t’en sortir comme ça, je reprends d’un air sérieux.

     

    Le Josh secoue la tête en riant amèrement.

     

    — Mes gars vont débarquer lorsqu’ils ne me verront pas revenir, tente-t-il.

     

    Je laisse échapper un son amusé.

     

    — Tu crois sérieusement que je suis venu tout seul ? Mec, tu t’en es pris aux mauvaises personnes en faisant ton petit effet sur notre parking. T’as essayé de kidnapper deux femmes à groupe de bikers, on ne parle pas d’une dispute dans un bar, mais d’une putain d’agression.

     

    — Sky est à moi, elle bosse pour moi, elle me doit beaucoup, marmonne Josh.

     

    Mon doigt se pose sur la détente, je le regarde un instant, puis, je dévie ma trajectoire et viens coller une balle dans le genou de cet enfoiré. Le coup est étouffé par le silencieux, mais pas les cris de ce porc qui laisse échapper sa douleur en se laisser tomber sur le parquet miteux. Derrière moi, je chasse le cri de surprise de Sky.

     

    — N’ouvre pas la porte, Sky ! je lance assez fort pour qu’elle m’entende.

     

    Je m’approche du bourreau de ma femme et le regarde se tordre dans tous les sens en constatant sa plaie. Ouais, il n’aura même pas le temps de voir ce que ça donne de marcher avec une canne.

     

    — Sky, c’est ma femme, enfoirée. Elle n’appartient qu’à moi, et je ne la fous pas sur un trottoir.

     

    Je m’approche de lui alors qu’il gémit comme une fille en se tenant la jambe. Le sang commence à tacher le sol, Raccer va devoir frotter comme un dingue.

    Je le vois gémir de douleur et me supplier silencieusement du regard de l’épargner. Il croyait quoi ? Qu’on se sort aussi facilement d’un merdier pareil ? Dans quel monde il vit ?

     

    — Tu m’as tiré dessus connard ! se plaint Josh, tu vas vite le payer !

     

    Il roule sur le côté, je le vois tenter d’attraper quelque chose, très vite je comprends qu’il s’agit d’une arme. Je n’hésite pas, un deuxième coup part dans son bras, le type n’est même pas assez intelligent pour sauver sa peau.

    Un autre hurlement rempli de douleur s’échappe de sa gorge, il me foudroie du regard avec haine, et je ne bronche même pas. Ça ne me fait rien de le tuer, il n’a que ce qu’il mérite. On n’est pas un homme lorsqu’on s’en prend à une femme, on n’est rien lorsqu’on les utilise pour se remplir les poches. Ce mec ne mérite pas de vivre.

    Je reste accroupi vers lui en soupirant.

     

    — T’n’as pas le choix mec, d’habitude, on est du genre à accorder le bénéfice du doute, à cogner pour faire retenir la leçon…

     

    Mon poing atterrit dans sa tête de rat pour illustrer mes propos. Josh tombe à la renverse en crachant du sang, en plus d’être une nana, il n’a aucun savoir-vivre.

    Je marche vers lui, mon pied rencontre malheureusement son ventre, Josh se cambre en grognant. Je m’accroupis pour être à sa hauteur, ma main libre vient appuyer sur son genou pour voir l’étendue des dégâts. C’est vraiment moche, et ça semble faire super mal si je me fie au cri étouffé qu’il lance.

    Je m’essuie sur son jean de marque en le regardant attentivement. Ce n’est pas mon genre de faire durer les choses, mais au fond de moi, ça me défoule de lui en faire baver. Ce mec a cru qu’il pouvait se ne prendre à nous, à Sky, à Gina, au club sans en payer les conséquences ? Il se trompe. Cet événement a foutu en rogne l’irlandais, et ça ne m’étonnerait pas qu’il ait usé de ses talents de tireurs sur les gars d’en bas.

     

    — Malheureusement pour toi, je poursuis, t’as ramené ta gueule un peu tardivement et on n’a pas le temps de simplement te donner une leçon. De plus, je ne suis pas certains que tu comprendrais. Pas vrai ?

     

    Josh essaie de me donner un coup de pied avec sa jambe valide, mais mis à part se vautrer davantage, il ne fait rien d’autre.

     

    — Donc, t’es un problème qu’on doit régler rapidement, je continue, tu sais ce qui va se passer ?

     

    — Je vais te buter, mes gars vont te descendre d’une minute à l’autre, enrage Josh en me crachant dessus.

     

    Je le dévisage en prenant un air agacé et diverti. J’attrape sa tête en tirant sur ses cheveux pour retenir sa tête. Je vérifie que son arme est suffisamment loin pour qu’il ne puisse pas l’attraper. Aucun risque de ce côté-là. Le mec pisse tellement le sang entre sa jambe et son bras qu’il n’aurait pas la force de les utiliser.

     

    — Mec, mes frères se sont déjà occupés de tes potes à l’heure qu’il est. Comme je te l’ai dit, tu t’en es pris à la mauvaise personne. Au lieu de lâcher l’affaire avec Sky en voyant qu’elle était revenue vers moi, t’as voulu jouer, mais t’as perdu. Et ça va te couter la vie.

     

    Une part de moi est surprise de la froideur que j’affiche face à mes actes. Mais les épreuves de ces dernières années nous ont appris à se forger, à devenir plus dur et moins tendre. On ne peut pas montrer de la compassion envers des gars qui n’hésiteraient pas à retourner leur veste et aller toquer chez le FBI pour venir foutre la merde. On ne doit plus laisser de parasites autour de nous, de potentiels ennemis qui pourraient devenir des balances, pas avec les temps qui courent.

     

    — Tu ne me descendras pas, sale enfoiré, tu ne sais pas qui je suis… continue Josh dans son délire.

     

    Je pointe mon flingue contre sa tempe, il se raidit et commence à trembler comme une fillette.

     

    — Tu n’es personne et tu vas crever comme un inconnu qui cherchait la merde, comme un petit bandit qui sera rayé de la liste des délinquants dans un fichier, on ira cramer ton corps, et tu disparaitras comme la poussière. Oublie Sky mec, elle a retrouvé son mari, et je peux t’affirmer que je ne laisserais plus un taré comme toi s’en approcher.

     

    Josh se met à rire de bon cœur, je crois qu’entre la douleur et sa débilité, son cerveau n’arrive plus à lutter. Le grand blond secoue la tête en lâchant :

     

    — T’es peut-être son mari, mais moi je la baisais, et je la faisais baiser par tous les mecs pour qu’elle puisse manger, boire et se loger, t’aurais dû la voir, elle n’était qu’un putain de trou ! C’est un trou ! Une salope ! N’est-ce pas SKY ? Tu lui as dit comme t’étais une grosse pute !

     

    Mon sang ne fait qu’une tour en moi, la colère explose et la rage de l’entendre parler ainsi de la femme que j’aime décide pour moi. Je le relâche, sa tête cogne le sol, Josh rit toujours en me regardant. Il marmonne des horreurs sur Sky, et je perds patience.

    Je m’écarte d’un pas, lève mon arme à hauteur de sa tête, et sans même hésiter, je dévisage cette ordure, et tire trois coups dans sa tête. Les bruits sont toujours un peu atténués par le silencieux. Je sais qu’on n’aura pas d’emmerde avec le voisinage étant donné qu’il y a toujours du boucan dans ses quartiers malfamés, un coup de feu, ce n’est rien. Plusieurs ? Une banalité dont tout le monde se fou.

    Je reste un instant à regarder le corps sans vie de Josh, et l’espace d’une fraction de seconde, je me rends compte à quel point on a changé. Avant, on n’aurait jamais eu une telle facilité pour descendre ceux qui nous posaient problème, on aurait beaucoup pesé le pour et le contre, on aurait peut-être tenté autre chose, mais plus maintenant.

    Désormais, nous sommes pieds et poings liés dans notre milieu, où la violence et le sang sont les seules possibilités de vengeance.

    Je sors mon téléphone, compose le numéro de Klaxon que je connais par cœur et l’appelle. Le frère décroche au bout de la première sonnerie.

     

    — J’ai un autre paquet, je souffle.

     

    — OK, on en a trois autres nous. Ça a été ?

     

    Je souffle en ressentant l’envie de me fumer un truc pour détendre la tension qui règne dans mon corps à cet instant.

     

    — Ouais, plus de gueule que de courage.

     

    — Ton paquet il pisse le sang ? me demande Klax en laissant échapper un rire.

     

    J’observe la grosse tache de sang sous le corps de Josh, sa tête est dans un sale état, il est défiguré, et je commence à croire que j’aurai peut-être dû me calmer avant de presque vider mon chargeur sur lui, sans une once d’hésitation.

     

    — Ouais, et y’a pas que ça qui tache le parquet.

     

    — Tu fais chier Nir.

     

    Je me laisse aller à un rire avant de raccrocher, les gars ne devraient plus tarder à arriver pour l’emballer et le transporter à l’arrière du fourgon, direction le crématorium où on va prendre u abonnement là-bas si ça continue.

    Je range mon flingue et mon portable, puis, je me dirige vers la porte de la salle de bain et toque deux fois en murmurant :

     

    — Sky ?

     

    Ma femme ne répond, alors j’insiste avant de soupirer et de renchérir :

     

    — C’est fini, il est mort, et ses potes aussi. On en parlera plus, Josh n’existe plus, et nos secrets viennent de crever avec lui d’accord ?

     

    J’entends un reniflement, puis de quelques pas et du verrou. La porte s’ouvre, et ma tête brune se jette contre moi en laissant échapper la pression.

    Je sais qu’elle a tout entendu, je sais de quoi elle me sait capable.

    Ma femme hoche la tête, je l’attire contre moi, elle laisse échapper la pression, et depuis longtemps, j’ai la sensation d’avoir agir correctement. Notre monde, n’est plus comme celui d’avant, nous avons changé, tout a changé. Je ferme les yeux en embrassant son crâne, tout en espérant que ce type d’événement n’arrivera plus dans notre vie personnelle. On doit se retrouver plus calmement, sans emmerde.

    Si t’écoutes le karma, sache que c’est à toi de jouer, enfoiré !

     

     

    ***

     

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    — Dites donc les gars, faut pas vous faire chier, lancent Freddy avec son accent du sud.

     

    On l’aide à fourrer le dernier gars, après celui-là, il ne restera plus aucune trace de nos actes de cette nuit. On a descendu toute la bande de Josh, et on vient de passer la nuit avec Klax à aider Freddy, le gars du crématorium à bruler le corps. Il nous a remis également les cendres de Scream, on a fait une magnifique urne, sans nom qu’on disposera dans le club, derrière le bar.

    Je récupère mon souffle alors que Freddy entreprend de faire les derniers réglages. Je suis crevé, mon corps me fait mal de l’effort, ces enfoirés n’étaient pas en sucre, ils pesaient encore plus lourd une fois mort.

     

    — C’est toujours un plaisir de bosser avec toi Freddy, déclare Klaxon.

     

    Le croque-mort se met à rire en nous faisant un signe de la main. Mon meilleur pote est aussi dégueu que moi, entre la transpiration due à la chaleur du four, et le sang, on ressemble à deux mecs qui ont passé une sale nuit.

    Ça a été le cas.

     

    — Tu passes chercher les cendres demain matin ? Ça devrait être bon.

     

    — Parfait, répond Klax.

     

    Le sergent d’armes cherche sa liasse de billets dans sa poche arrière, et la fourre dans la poche de chemise de travail de Freddy. C’est une énorme liasse.

     

    — N’oublie pas, dans les WC d’un chiotte publique, y’a tellement de gens qui pissent et chient dedans que tes traces seront vite effacer, jamais chez toi, nous informe Freddy.

     

    Je comprends que ce sont des conseils que Klax doit appliquer, je sais que son taff de Sergent d’Armes l’amène à faire des actes très loin d’être catholique, mais passer un marché avec le rameur du coin semble moins risqué que découper des cadavres.

     

    — Je note, à plus tard, Freddy.

     

    Le mec tourne un bouton de son four, et un bruit sourd me fait sursauter. Bordel, j’ai hâte de rentrer pour ne plus sentir l’odeur de brûler et la chaleur. Je rêve d’une douche et d’une clope.

    Klax me fait signe qu’on y va. Il emporte avec lui, l’urne noir mat, celle de Scream. Je le suis, et nous quittons tranquillement alors que le jour se lève, le crématorium par la porte de service.

    En chemin, malgré le froid, on retire nos t-shirts dégueula.

    Je sais qu’on brulera tout une fois arrivée au MC, jean, et t-shirt. Il n’y a que nos cuirs qu’on a épargnés et qui dorment sur les sièges du pick-up de Creed.

    Klax me lance les clés pour que je conduise, je les attrape au vol et finis par demander, un brin curieux :

     

    — Tu fais quoi à ce mec pour qu’il t’apprécie autant ?

     

    Klax se laisse aller à un rire en retirant à son tour son t-shirt. Il grogne face au froid avant d’ouvrir la portière et de déclarer :

     

    — Hé bien, je m’arrange avec les Hell’s pour qu’il est quelques soirées au Pink, ainsi que quelques branches que tu fais pousser chez toi, mec.

     

    Je me fige en le foudroyant du regard.

     

    — Tu quoi ? je répète.

     

    Klax s’installe à sa place, l’air de rien. Quel con !

     

    — Tu croyais quand même pas que tu fumais autant ? J’ai toujours ta clé, mon pote, et parfois, tes quelques plans, m’arrange bien.

     

    Je monte à mon tour en lui lançant un coup dans l’épaule.

     

    — Enfoiré.

     

    — Mais de rien.

     

    Je comprends que je ne rentre vraiment pas souvent chez moi pour ne pas m’en être rendu compte avant.

     

    — Sky en a dégagé plus de la moitié, je l’informe.

     

    Klax se met à rire en jurant.

     

    — Bordel, ces nanas elles sont chiantes.

     

    Je souris, démarre le pick-up en lui lançant un regard en coin, remplis de sous-entendu.

     

    — À qui le dis-tu, je souffle.

     

     AMHELIIE