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  • Epilogue

     

     

     

     

     

    Quelques jours plus tard…

     

     

    Par Satan et toutes les putes qu’il se tape !

    Je grogne en sentant des frissons me parcourir le corps alors que je suis un amas de tension. Les jours qui viennent de s’écouler ont été rudes, j’ai attendu cette soirée depuis des heures, et l’autre enfoiré joue.

    Je serre mes doigts dans les draps. Ce soir, nous ne sommes pas chez moi, Klax m’a conduit chez lui, dans une maison au milieu de nulle part qu’il a construit lui-même. Je ne connaissais pas cette facette de lui et je n’ai pas eu le temps de la connaitre puisque nous sommes passés de l’étape porte d’entrée à chambre à coucher en une minute.

     

    — Klax ! je jure.

     

    Je tente de le repousser, il joue avec sa queue et met mes nerfs à rude épreuve. Le pire, c’est que j’aime ça. J’aime voir Klax s’abandonner, ne plus se poser de questions sur ce qu’il peut faire, veut faire, aime faire. Il le fait parce que la confiance s’est installée entre nous et plus. Beaucoup plus.

    Je tremble lorsqu’il fait courir sa langue le long de ma nuque moite, sa queue glisse entre mes fesses, me tentant désespérément. Un halètement m’échappe alors qu’il mordille le lobe de mon oreille, et c’en est trop. Je lui envoie un coup dans les côtes et me retourne pour m’échapper à sa prise.

    Klax éclate de rire, en se laissant faire. Je lui grimpe dessus, il se débat, faisant tomber ce qu’il y a autour de nous et sur le lit. Je me retrouve assis sur son ventre, mon sexe bandé contre ses abdos, et ses mains dans les miennes. Mon visage n’est qu’à quelques centimètres du sien quand je lui demande d’une voix rauque.

     

    — Dois-je foutre un flingue sur ta tempe pour que tu me baises ?

     

    Le regard sombre du Blood ne manque pas d’alimenter le feu en moi. Bordel, je suis foutu avec lui. Klax a enlevé les filtres qu’il s’imposait lorsqu’on était ensemble. Partir deux mois lui a permis de revoir ses priorités. Provoquer la mort change les gens, et ce road trip a tout remis en question pour lui. Il accepte les sentiments qui nous lient, même si parfois, j’ai l’impression qu’il est dépassé. Moi aussi, je suis dépassé par ce que je ressens tellement c’est dingue, tellement c’est intense. J’ai du mal à réaliser que le mec sous moi, qui me dévisage avec cette envie d’obtenir plus soit à moi.

    Klax lâche mes mains, et se redresse pour s’asseoir contre la tête de lit. Ses deux agrippent mes mèches en désordre, il rapproche mon visage du sien, je sens son souffle qui caresse ma barbe et ma bouche. Mon rythme cardiaque est aux abois.

    Je l’ai dans la peau.

     

    — Ferme ta gueule et embrasse-moi, me répond Klax.

     

    Je ris en levant les yeux au ciel, mes doigts glissent dans ses cheveux également, et mes lèvres s’écrasent contre les siennes avec empressement. Je l’embrasse à en perdre haleine, nos deux corps se frottent, la pression augmente, tout comme la température.

    On s’est quasiment croisé après son retour. Klax a dû rendre des comptes aux présidents, mais aussi à l’Argentin et à au Black. Il a passé du temps avec Nir, au club de strip, mais également avec Slayer. Je sais que les deux se sont parlé, je sais aussi qu’il ne s’est rien passé, la chatte est venue d’elle-même m’en parler, prétextant que la jalousie semblait me dévorer. Bordel, j’avais de quoi être sur les nerfs, le mec que j’aime passant une soirée chez son ancien plan cul, ça avait de quoi me rendre nerveux.

    Puis il y a eu le run, et nous voilà ce soir, dans sa chambre, loin du club, des responsabilités. Il n’y a rien de plus étrange et excitant de l’observer du coin de l’œil lorsque Klax l’ignore.

    La respiration de mon compagnon devient de plus en plus difficile, je me frotte contre son sexe bandé, sentant le feu naitre en moi grâce aux souvenirs de nos précédentes étreintes. La main de Klax vient s’accrocher à ma hanche.

     

    — J’ai envie de te monter comme ma putain de bécane, mec, je lance en mordillant son cou.

     

    — Bordel, ouais vas-y !

     

    Je me redresse, tends la main vers sa table de chevet en bois, récupère la petite bouteille et le sachet en argent. Klax les récupère. Je le laisse faire et me contente de torturer sa peau bronzée par le soleil lorsque je sens ses doigts froids et glissants contre mon cul.

    Le Blood les glisse en moi avec aisance, je ferme les yeux en savourant la sensation de le sentir. Nos deux queues se frottent l’un contre l’autre, et impulsivement, je me mets à remuer contre sa main pour en obtenir plus.

    Mon poing saisit nos deux érections, je commence à nous caresser en rythme avec ces doigts qui vont et viennent en moi. Le Blood étire mes muscles, se faisant de la place, il écarte ses doigts, créant une friction intense.

    Le regard de Klax accroche le mien alors que nous tentons l’autre. Je glisse ma main dans ses cheveux pour l’attirer de nouveau contre moi et l’embrasser. Klax continue son manège, s’enfonçant toujours de plus en plus loin, accélérant le rythme de ses doigts, changeant cette caresse délirante.

    Je termine haletant comme lui, un film de sueur recouvre nos deux peaux, et un sentiment puissant me tord les tripes tellement je suis damné par ce mec.

    Je cesse de torturer ses lèvres, mais je continue de m’attarder sur sa queue et sur son gland rougis par l’excitation. Le plaisir recouvre le visage de Klax et j’adore ça.

     

    — Prêt pour une virée ? je demande d’une voix enrouée.

     

    Klax me répond en enfonçant plus fort ses doigts, puis il les retire pour s’agripper à mon cul alors que je déchire l’emballage avec mes dents, sort la capote, et la glisse l’instant d’après sur sa verge tendue. Je prends mon temps pour placer la protection, caressant au passage son membre.

    Puis, je me redresse, mon torse tatoué se colle contre celui de Klax qui n’a pas bougé. Le Blood glisse une main entre nous pour guider sa queue, je sens le bout contre l’entrée de mon corps et lentement, je me laisse aller. Son sexe tendu me pénètre, j’ignore la pointe de douleur habituelle, je savoure seulement le fait de sentir Klax.

    Mon front s’appuie contre le sien alors qu’on retient tous les deux notre souffle. La tension est à son comble et un gémissement rauque m’échappe lorsqu’il vient buter contre ma prostate.

    Aucun de nous deux ne dit quelque chose, les gestes suffisent.

    Klax s’immobilise, il tremble autant que moi sous l’intensité. C’est comme ça depuis la première nuit. Un lien étrange se noue lorsqu’on se retrouve ainsi.

     

    — Qu’est-ce que t’attends ? je lance.

     

    Le Blood s’exécute l’instant d’après, il ressort de l’entrée de mon corps pour mieux revenir et je suis le mouvement. Je prends appui sur mes jambes, et m’empale sur sa queue en accélérant le rythme. Rendant l’union de nos deux corps plus franche, plus brutale, et plus physique. Klax se laisse aller contre la tête de lit, son visage est marqué par le plaisir, il s’accroche à mon corps, me suppliant silencieusement de mettre fin à ce supplice. Et j’en savoure chaque instant durant les longues minutes que dure notre étreinte. Je savoure chaque va-et-vient, le bout de son érection qui vient se frotter contre ce point sensible en moi et qui me provoque des décharges électriques dans tout le corps. Je savoure les gémissements qui résonnent dans la chambre, nos corps qui se touchent, sa main qui saisit mon érection pour me branler en rythme. Et j’attends ce point de non-retour où Klax craque, où la passivité là suffisamment rendue dingue. Le Blood prend les rênes, et me fait basculer sous lui, mos dos heurte le matelas, et les coups de reins s’accentuent l’instant d’après. Le biker me pilonne avec force et possessivité, ne se souciant de plus rien, je l’entoure de mes jambes et le laisse prendre ce que je lui donne. Des sensations familières m’envahissent, la chaleur, et cette brûlure qui n’annonce que du bon. La tête de Klax vient se loger dans mon cou alors qu’il ne ralentit pas le rythme. Ce n’est qu’au moment de basculer, lorsque je sens l’orgasme naitre au creux de mon ventre, et que sa queue heurte une dernière fois ma prostate qu’il saisit ma main, enlace nos doigts et nous offre le graal. Des gémissements de plaisir viennent perturber le calme de la pièce alors que chacun de nous est emporté par le plaisir. Des jets chauds tachent nos deux torses, et Klax s’effondre sur moi, tremblant, mais aussi satisfait que je le suis.

    Je ferme les yeux en reprenant mon souffle, mon rythme cardiaque est affolée, ma peau luisante de sueur et mon être repus d’une tension sexuelle qui me bouffe de l’intérieur.

    Je reste allongé à côté de Klax qui se remet également. Lentement il se laisse glisser sur le côté.

    J’ignore combien de temps, nous restons côte à côte dans le silence calme et apaisant avant que je ne décide de le briser en confiant ce que j’ai seulement confié à Liam.

     

    — Mon frère s’appelait Tadg, j’ai également une petite sœur qui se nomme Aveleen. Elle est toujours en Irlande. Une nuit d’hiver, je roulais avec mon frère sur sa bécane après une soirée trop arrosé, on était vraiment bourré et inconscient. On a percuté une voiture sur un pont. Le choc nous a propulsés dans la rivière en dessous. Mon frère est mort cette nuit-là, et j’ai failli me noyer si on ne m’avait pas sortie de l’eau gelée. Et… j’ai quitté l’Irlande parce que le club de mon père avait eu vent qu’un de leurs futurs membres se taper des mecs. J’ai appris au détour d’une conversation qu’ils avaient su ça par l’un des dealers qu’ils avaient butés la veille lors de leur tournée.

     

    Je me tais un instant avant de poursuivre ma confession.

     

    — J’ai dû me taper ce mec, à vrai dire, je n’en sais rien, mais nous n’étions que trois à entrer prochainement chez les Shamrock Riders. J’ignore pourquoi, mais j’ai été en tête de liste dès le lendemain. Je n’ai jamais aimé aller casser la gueule des pédales du coin, et je pense que mon regard me trahissait à chaque fois que je rentrais. Je n’ai jamais aimé faire mal pour le plaisir, quand je suis obligé de tabasser un mec, ou de le tuer, ce n’est pas sans une raison valable à mes yeux. Les Shamrock n’ont jamais eu la preuve que les rumeurs étaient fondées, ils ne peuvent pas véritablement prouver que je suis bi. Mais je ne pouvais pas rester dans un MC où on n’avait pas confiance en moi.

     

    Je dévisage mon amant, et je sais ce qu’il pense. Il sait très bien que j’ai conscience des risques qu’on prend parce que j’ai vécu en partie ce rejet au sein du club de mon père avec une simple suspicion. Mais j’ai appris de mes erreurs et dans cette histoire, nous sommes deux.

     

    — Tu pourras rentrer un jour en Irlande ? me demande Klax.

     

    Je secoue la tête en ignorant le pincement qui né au creux de ma poitrine quand j’y pense.

     

    — Je ne prendrais pas le risque de le faire. J’ignore si le MC en a appris plus, je n’ai pas envie de faire un allée simple. J’ai dit adieu à mon pays il y a presque trois ans, Klax. Parfois l’Irlande me manque, parfois ma famille me manque, parfois l’homme que j’étais à Belfast me manque. Mon ancienne vie était très différente de celle de maintenant.

     

    — Mais ?

     

    — Mais je n’avais pas l’impression d’être moi-même. J’étais une personne tellement plus torturée et violente que maintenant. Me regarder dans une glace le soir était difficile, touchez ma mère ou ma sœur d’autant plus. Je suis un homme dévoué pour sa cause, mais je ne suis pas un homme sanglant.

     

    Je ne suis plus cet homme-là.

    Klax ne dit rien, mais je vois bien qu’il est touché que je lui aie confié quelque chose que j’ai rarement donné.

     

    — Klax ? je lance d’une voix tendue.

     

    — Quoi ?

     

    Je le dévisage avec intensité alors que les mots sortent d’eux même. Ils trainent au fond de moi depuis son retour, comme un besoin viscéral de lui avouer certaines choses.

     

    — Je… je n’ai jamais aimé quelqu’un, j’avoue sans raison, je ne sais pas ce que ça fait. J’ai vu énormément de personnes tomber amoureuses, mais je n’ai jamais fait l’expérience moi-même d’être dans cette chute libre interminable. J’ai vu Liam devenir fou pour Gina, Sean fondre pour Lemon et sa miniature, et j’ai mis des années à percuter que je ressentais la même chose pour toi. J’ai vraiment pas envie de perdre ça. Je ne connais pas les codes et les règles. J’avance en terrain inconnu, mais je préfère tomber et avancer avec toi, que faire ça tout seul.

     

    Klax m’observe avec une certaine émotion, et j’y note cette part si rare chez lui, synonyme de tendresse, chose qu’il ne m’a jamais donner et dont je n’ai pas besoin, mais le sentir, ne manque pas d’accélérer la chose qui bat dans ma poitrine.

    Ce que je lui ai dit l’a touché.

     

    — Tu sais pourquoi les femmes baissent-elles les yeux quand on leur dit : « Je t’aime » ?

     

    Klax esquisse un sourire.

     

    — Je ne sais pas, me répond-il d’une voix enrouée.

     

    Je me rapproche de son visage.

     

    — Pour voir si c’est vrai, je termine.

     

    — Et alors ? me demande le Blood.

     

    Est-ce que tu m’aimes ?

     

    — Baisse les yeux, je chuchote.

     

    Klax secoue la tête en continuant de sourire.

     

    — J’ai pas besoin de vérifier.

     

    Il glisse une main sur ma joue râpeuse, je vois la fatigue dans son regard. Ces dernières semaines ont été éprouvantes et j’ai envie qu’il se repose davantage sur moi.

    Ces fardeaux sont les miens désormais.

     

    — Et toi, dis-moi un truc sur toi que j’ignore, je continue.

     

    — Qu’est-ce que tu veux savoir ?

     

    — N’importe quoi. Un truc que personne ne sait.

     

    Klax se tait quelques instants, avant de se mettre, et j’ignore pourquoi, à chantonner d’une voix très fausse qui me fait comprendre que le mec que je baise ne pourra jamais se reconvertir en chanteur.

     

    — Les hommes sages disent que seuls les fous s’y précipitent. Mais je n’y peux rien si je t’aime. Devrais-je rester. Serait-ce un péché. Si je ne peux m’empêcher de t’aimer[1].

     

    Je me fige, sidéré par les paroles que je viens d’entendre. Je suis partagé entre l’envie de rire ou de m’inquiéter.

     

    — Pourquoi tu me marmonnes du Elvis Presley ? Tu chantes comme une putain de casseroles mec, demain il va pleuvoir, je le taquine.

     

    Klax me pince en riant. Son regard croise le mien et je note son sérieux. Avec lui, il faut parfois lire entre les lignes.

     

    — À ton avis ?

     

    — Parce que t’es raide dingue de moi, et que tu ne sauras jamais me dire « je t’aime » ?

     

    Le Blood secoue la tête en insistant toujours de ses yeux pénétrants. Bordel, je vois venir la terrible confession, et j’ai beau réfléchir, mon cerveau se remet à peine d’une sacrée baise.

     

    — Qu’est-ce que t’as toujours voulu savoir sur moi ? Poursuis Klax.

     

    Tant de choses.

    Mais une en particulier.

    Je me fige alors que la vérité me frappe de plein fouet. Un sourire né sur mon visage, je me redresse pour le dévisager de près. Le choc doit se lire dans mon expression et un air amusé gagne le Blood.

    J’aurais parié sur tout, sauf ça.

     

    — Sérieusement ? je demande. C’est…

     

    Klaxon hoche en m’interrompant, comme si le dire à voix haute rendrait les choses différentes. Comme si les murs avaient des oreilles et qu’il voudrait que je sois le seul à comprendre cet aveu.

     

    — Voilà, tu sais un truc que tout le monde ignore.

     

    — Putain, sérieusement ? j’insiste.

     

    Klax éclate de rire en m’attirant de nouveau contre lui.

     

    — Remets-toi.

     

    Je me mords la lèvre pour éviter de rire, et Klax le remarque.

     

    — Qu’est-ce que tu veux, l’Irlandais, que je t’en mette une pour que tu te taises ?

     

    Je me laisse aller et retiens mon fou rire, je le remettrai pour plus tard, lorsque je serais seul ou qu’il dormira.

     

    — Toi. Juste toi, j’avoue.

     

    J’attrape le paquet de capotes que je lui montre avant de le jeter à travers la pièce.

     

    — Et je veux qu’on arrête ça.

     

    Je me penche vers sa bouche pour l’embrasser.

     

    — Et je veux que tu gardes la clé de chez moi.

     

    Ma main dérive plus bas, je tire légèrement sur le chapelet de mon frère qu’il ne quitte plus désormais, les perles noirs lui et cette croix imposante lui vont comme une seconde peau. C’est une part de moi qu’il emporte à chaque fois.

     

    — Et…

     

    Mais il m’interrompt.

     

    — Et tu deviens trop gourmand, l’irlandais, dans deux minutes tu me demandes un plan à trois avec Slayer.

     

    — Ça te ferait bander à mort de savoir qu’on nous mate, je le nargue.

     

    Klax me foudroie du regard avant de me faire basculer sous lui.

     

    — Je ne partage pas.

     

    Je le laisse s’installer entre mes jambes, je sens qu’un deuxième round va s’imposer, un truc encore plus intense que le précédent si je me fie au regard de braise que Klax me lance.

     

    — T’as raison, moi non plus.

     

    On s’est mis d’accord sur plusieurs points. D’abord, sur le fait que le club ne devra jamais apprendre pour notre relation. Ce qui veut dire faire comme si nous étions devenus amis pour justifier notre rapprochement. Mentir aux autres concernant nos conquêtes. Trouver des excuses pour justifier nos absences, se dépasser pour protéger ce secret, faire des sacrifices, ne jamais être ensemble aux yeux des autres, vivre une vie de célibataire envers nos frères.

    Mais ça en vaut la peine. Quand je vis des moments pareils, je me dis que je suis dans un rêve, un truc impossible et que je vais finir par me réveiller, mais non. J’aime Klax, et je suis désormais avec, et ça, malgré nos règles.

     

     

    ***

     

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    Deux mois plus tard.

     

     

    Je descends de ma bécane et pose mon casque sur ma selle en dévisageant mes frères faire pareil. Notre vie a repris son cours depuis deux mois. Les runs, le garage, le strip, les fêtes, l’ambiance familiale. Gina accouche bientôt, alors c’est une période amusante et plutôt plaisante qui ne nous fait pas de mal après tout ce qui s’est passé au court de ces six derniers mois.

    Ce soir, nous sommes de livraison, l’Argentin nous a convoqués plus tôt queue d’habitude, ce qui a légèrement agacé tout le monde. Depuis l’affaire des ritals, notre relation est légèrement tendue. Ils savent qu’ils ont merdé, mais ils ne le reconnaitront jamais. Alors on a décidé de passer au-dessus, les représailles auraient déjà dû avoir lieu s’ils nous avaient trouvés. C’est une page qu’on peut tourner.

    Je prête une attention toute particulière à un enfoiré qui me dévisage également en retirant son casque.

    Attends qu’on soit ce soir, connard.

    Klax est mon exutoire. Cette part de ma vie qui me fait oublier que notre monde est parfois dur, injuste, et compliqué. Lorsqu’il n’y a que lui et moi, rien d’autre ne compte.

    Je dois être fou d’aimer ce danger, fou d’aimer autant ce que je ressens.

    J’aime ces baisers dérobés derrière une porte. J’aime lorsqu’on doit dormir au club et que l’un de nos deux se glisse dans la chambre de l’autre par la fenêtre. J’aime me bagarrer avec lui, et baiser ensuite. J’aime quand Klax s’accroche à moi la nuit comme s’il craignait que je m’enfuie. J’aime le bordel qu’il laisse chez moi, et ces regards en coin qui en disent long. J’aime le rendre fou avec mes sous-entendus et l’énerver. J’aime partager nos fardeaux, nos difficultés, notre réussite, notre existence et bordel, je l’aime lui tout simplement.

    Alors ce n’est pas simple tous les jours d’être avec son Frère au sein d’un club. Il y a beaucoup de risque, beaucoup de contraintes, et pas mal de mensonges.

    L’Argentin est déjà là, il n’y a que deux berlines ce soir, et mis à part ces toutous, il n’y a personne d’autre. Ce qui nous amène à nous demander qu’est-ce qu’il cloche.

    Où est la cavalerie en chocolat.

     

    — Le Black ne vient pas ? demande Hurricane lorsque nous arrivons à la hauteur du boss.

     

    L’Argentin se tourne vers nous pour nous faire face, et je note dans la seconde que quelque chose ne va pas en allumant ma clope. Le type tire une gueule de dix pieds de long et semble fou de rage.

     

    — Vous n’êtes pas au courant ? lance-t-il sèchement.

     

    — Au courant de quoi ? renchérit Creed en prenant un air suspicieux.

     

    L’Argentin devient rouge de colère en déclarant froidement :

     

    — Le Black s’est fait descendre y’a deux jours, bordel ! Sur quelle putain de planète vous vivez les gars !

     

    Tout le monde se fige entendant ses mots, je reste comme un con, manquant de m’étouffer avec ma clope.

    Le Black est mort ? Bordel mais qu’est-ce qu’il s’est passé !

     

    — Pardon ? renchérit H.

     

    — Ouais, vous avez très bien entendu, poursuit l’Argentin. Lui et son bras droit se sont fait buter chez eux avec leurs femmes et leurs gamins. C’était un putain de bain de sang !

     

    — On rentre d’un run, explique Creed. On n’était pas au courant. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

     

    L’Argentin semble tendu. Je me tourne vers Klax qui est en retrait tout comme moi et Nir. Liam ne fait pas partie du run vu que Gina peut accoucher à n’importe quel moment. Mon compagnon est blanc comme neige, et visiblement fou de rage.

    Putain c’est la merde.

     

    — Hé bien vous l’êtes ! Je pensais que vous aviez régler le problème, nous reproche-t-il.

     

    Il se tourne vers Klaxon qui lui adresse un regard noir, ce qui ne manque pas d’agacer le Blood.

     

    — On l’a réglé. Dois-je vous rappeler qu’on n’est pas des pros ? L’emmerde est partie de votre faute.

     

    L’Argentin se met à rire jaune, il sort son flingue et le pointe vers mon mec. Je me retiens de réagir comme tous les autres, nous sommes tous à cran par la nouvelle et ce n’est pas le moment de montrer qui possède la plus grosse.

     

    — Calmez votre boucher avant que je ne le fasse moi.

     

    Il retire le cran de sécurité et Creed et H font calmer Klax en un regard. L’Argentin semble se détendre un peu, et nous en revenons au principal problème : qui a buté le Black.

     

    — Qui vous dit que ce sont les ritals ? demande Rhymes.

     

     

     

    — Ils ont tailladé les cadavres avec un S. Il n’y a qu’eux qui font ça bordel ! Les Santorra ripostent. Vous savez ce que ça veut dire !

     

    — C’est impossible, lance Creed.

     

    Pourtant ça l’est. Nous avons essayé de jouer face à de gros poissons, nous nous sommes plantés en beauté lors de la fusillade et malgré le road trop sanglant de Klax, nous n’avons pas réussi à réparer notre erreur. Une conséquence que nous payons désormais.

     

    — Nous allons être les prochains si on ne fait rien. On est dans le même bain, les Blood, et je crois bien que nous allons avoir de sacrés problèmes qu’il va falloir régler, ensemble et vite avant que ça ne dégénère.

     

    Au son de la voix de l’Argentin, tout le monde comprend que ce n’est pas une demande, mais un ordre. De nouveau, nous n’allons pas avoir le choix.

    En acceptant le deal avec lui, nous nous sommes jetées dans la gueule du loup. On a déclenché une guerre de rues qui va engendrer de terribles actes de violence au sein de la ville quand les ritals comprendront qui a tenté de les abattre.

    C’est ici que la lune de miel se termine, et c’est en dévisageant Klax que je comprends que nous venons d’atteindre un point de non-retour au sein du club. Le danger est en train de s’installer confortablement, nous promettant que du sang va venir tacher les rues. Et nous n’avons plus qu’à prier pour que ça ne soit pas le nôtre.

    La vengeance des ritals arrive et je prie pour que nous soyons suffisamment fort pour la combattre.

     

     

    À suivre…

     

     

    Amheliie

     

     

    [1] : Traduction d’un extrait de la chanson « Can’t Help Fallin in Love » d’Elvis Presley.