Criminals Dark, Epilogue
Red
EPILOGUE
La vie de Famille
Trois ans plus tard…
— « Les grandes personnes aiment les chiffres. Quand vous leur parlez d’un nouvel ami, elles ne vous questionnent jamais sur l’essentiel. Elles ne vous disent jamais : “Quel est le son de sa voix ? Quels sont les jeux qu’il préfère ? Est-ce qu’il collectionne les papillons ? »[1]
— Papa, est-ce que tu collectionnes les papillons ?
Je souris en glissant le marque-page dans le vieux livre abimé. Je pose ce dernier sur la table de chevet et me tourne vers ma fille, cette petite curieuse qui ne peut jamais s’empêcher de poser des questions.
— Non ma puce, je collectionne autre chose, je réponds d’une voix amusée.
Les culottes à ta mère par exemple. Tes dessins, les gueules apeurées des futurs agents fédéraux, les photos des leurs bizutages. Je collectionne des tas de choses futiles, mais pas de papillons.
Maddy me dévisage, ma réponse semble l’intriguer, j’aime ce regard suspicieux qui ne lui va pas pour son âge, mais que je trouve adorable.
— Et quel jeu tu préfères ? m’interroge ma fille.
— Ceux avec ta mère, je réponds, en prenant ce regard même regardent.
— Oui, mais lesquels ? insiste Maddy en me faisant son sourire qui lui fait battre des paupières.
— Ceux pour les grands.
Ma fille soupire, elle prend un air ronchon qui amuserait le pire des glaçons, même son oncle Tyler en rit.
Je tente de la prendre dans mes bras, mais ma fille me fuit, en m’échappant à l’autre bout du lit.
— Hé, c’est qui l’Agent du FBI dans cette pièce et qui doit poser les questions, comme « Maddy, est-ce que tu t’es lavé les dents ? ».
— Maman, me répond Maddy en croisant les bras.
Sale gosse.
Je ris, Maddy fait semblant de bouder, je le sais, parce qu’elle a le même rictus aux coins de ses lèvres lorsqu’elle essaie de se retenir de rire. Je le trouve adorable.
Mon regard se pose affectueusement sur cette petite tête blonde, elle a trois ans maintenant, et elle me rend complètement gaga. Je suis fan de ma gamine, de toutes ces petites choses qu’elle est et qu’elle m’apporte.
La journée, elle est à l’école, le matin c’est moi qui l’amène avant d’aller à Quantico pour gérer nos classes. Le soir, je rentre pour la chercher. Je la ramène à la maison, on discute de sa journée, elle me raconte des trucs que seul un gamin de trois ans comprend l’importance. Des choses que nous les adultes, nous prenons trop à la légère. On se dispute pour savoir lequel de nous deux aura le dernier cookie, puis on part jouer. Avoir une fille nous apprend à foutre sa virilité et sa fierté de côté. J’ai accepté de me faire maquillé et coiffé pour l’amuser, de jouer à la maitresse, et au supermarché.
Je me rappelle d’un soir, pendant que je faisais à manger et que Maddy colorier sur le plan de travail, J’avais ramené des évaluations à corriger, quand ma fille, me les a montrés toutes coloriés en disant « moi aussi je suis une maitresse ». Je me souviendrais toujours de la tête des élèves lorsque je leur ai rendu leur copie. Oui, l’Agent Red Calvagh, l’enfoiré qui vous fait courir en short en janvier, qui te hurle dessus pour te mettre la pression et qui n’hésite pas à organiser des séances en immersion avec des agents du SWATT pour les faires flippé quand ils deviennent trop chiants.
Je ne pensais pas que regarder quatre fois dans la même journée La Reines des Neiges 2, et l’entendre chanter faux m’amuserait autant.
J’aime passer tout ce temps avec elle, en tête à tête. Je ne regrette pas d’avoir lâché le terrain pour aller former les futurs Agents. Ça me permet de vivre tous ces moments avec Maddy, la voir grandir, être présent pour elle me semble le plus important. J’ai fait mon temps en tant qu’acteur au sein de notre institution. Je préfère savourer les petites choses, m’occuper de ma famille, et ne pas me lever le matin en me disant « est-ce que je serais là ce soir pour croiser de nouveau le regard gris de Maddy ? ».
Tempe est beaucoup présente aussi, elle aime ça, avoir sa famille, elle arrive mieux que moi à jongler avec son statut d’Agent et son rôle de mère. Je crois que c’est un truc de femme, pouvoir faire plusieurs choses à la fois, et les faire bien.
En ce moment, Tempérance a énormément de boulot, elle est sur une affaire de cyberterrorisme contre plusieurs industries, elle rentre tard, et passe plusieurs jours de repos au bureau avec sa partenaire, une nana charmante, l’Agent Helen Ward. J’ai été content de voir que c’était une femme qui allait me remplacer, une part de moi n’aurait pas aimé que ce soit un homme.
— Et toi, tu préfères quel jeu ? je finis par demander à Maddy.
— Ceux avec Maman.
— C’est vrai ce mensonge ? je la taquine.
Je me mets à lui chatouiller les pieds, elle rit en secouant la tête. Puis, pour me faire m’arrêter, elle revient vers moi, et me grimpe dessus pour me faire un câlin. Je la laisse faire, cette gamine sait me mener par le bout du nez quand elle veut, et quand je peux me le permettre, je la laisse faire.
Ses petites mains se posent sur mes joues, elle prend un air sérieux en me demandant de sa douce voix :
— Papa ?
— Oui ma puce.
L’organe dans ma poitrine fait un bond lorsque j’entends ce mot sortir de sa bouche. Après la lutte que nous avons eue avec Tempérance pour la garder, lorsqu’elle est née à la fin de l’année 2016, j’ai vu mon monde changé. Notre vie a été bouleversée par son arrivée. L’accouchement s’est bien passé, je pensais que me prendre une balle était douloureux, je n’avais pas pensé que se faire écraser la main par une femme qui donne la vie était pire. Le plus dur a été de garder son sérieux alors que je me faisais incendier de toutes les façons possibles durant près de treize longues heures. C’était une journée fabuleuse. Le retour à la maison aussi avec Tempérance surtout s’est bien passé. Ma miss Amérique avait vraiment peur de ne pas s’y attacher, de ne pas être ce genre de mère qui ferait tout pour sa fille. Elle avait tort. Même si elle n’est pas aussi présente que moi à la maison, quand elle est avec Maddy, plus rien d’autre ne compte. Elle éteint son portable, et le monde pourrait s’écrouler qu’elle s’en ficherait. Lorsqu’elles sont toutes les deux, j’ai l’impression d’avoir obtenu une huitième merveille du monde à la maison. Car oui, on a déménagé en banlieue entrent Washington et Quantico pour fuir la ville et se partager les trajets.
Alors certes, notre famille ne ressemble peut-être pas aux autres familles conventionnelles, mais qu’importent, la nôtre nous plait.
— Tu peux me faire un bisou et partir ? Je suis fatiguée et j’aimerai dormir.
J’éclate de rire.
Ça s’appelle se faire virer de la chambre de sa fille avec classe.
Je glisse Maddy sous sa couverture rose, et rajoute le plaid Olaf sur elle en me levant de son lit.
— Dors trésor, il n’y a personne sous ton lit.
— Demain on ira à l’école ?
— Oui.
— Toi aussi ?
Je souris.
— Oui, j’irais à l’école.
— Sois sage, déclare-t-elle en fermant les yeux.
— Toi aussi, je murmure en embrassant son front.
Je la regarde un instant encore, elle tient fermement son doudou affreux que son oncle Topher lui a acheté. Une sorte de poupée vaudou immonde. Maddy ne la quitte jamais.
J’éteins la lumière et active sa veilleuse avant de quitter sa chambre et de descendre à l’étage inférieur. La maison que nous avons achetée est grande sans trop l’être, c’est un mix de décoration entre une enfant de trois ans, et deux adultes ayant des goûts totalement différents. La dernière marche grince toujours, et ça m’amuse de savoir que personne ne pourra entrer ou sortir sans que je ne le sache.
Trois ans ont passé depuis ma dernière affaire en tant qu’Agent du FBI sur le terrain. J’ai formé dix classes, soit près cent-cinq agents du FBI réparti dans tout le pays. Certains seront des hommes et des femmes d’exception, capable de faire beaucoup de choses. D’autres seront des casse-cous dont les supérieurs ne supporteront pas leurs présences. Si je pensais m’ennuyer et couler des jours heureux à l’Académie, je me trompais. Former les futurs Agents est un job épuisant et très enrichissant, transmettre son savoir est quelque chose que je ne pensais pas aimer à ce point. Je n’ai aucune pédagogie, les autres Agents Profs ne m’aiment pas plus que ça, mais les personnes, assises en face de moi la journée, elles, elles semblent apprécier ce côté décalé.
Je regagne le salon, ou une table pour deux est dressée depuis une bonne heure, lorsque je vois quelqu’un assis.
Je ne l’ai pas entendu rentrer.
— Elle dort enfin ? me demande une voix familière.
Tempérance est là. Elle m’a pourtant envoyé un message pour me dire qu’elle serait en retard, visiblement, elle a fait vite.
Mon ancienne partenaire se lève, je me rapproche, mes bras encerclent sa taille, je me penche vers ses lèvres rouges et l’embrasse fiévreusement. Tempe répond à mon baiser en souriant. La tension monte rapidement, ne plus se voir tous les jours, tout le temps, n’a fait que booster notre complicité et cette alchimie entre nous.
Elle finit par s’écarter, un sourire tentateur sur son visage, une lueur qui en dit long dans son regard et qui promet une nuit sympa.
— Joyeuse Saint Valentin, Agent Calvagh.
— Toi aussi, je réponds en l’embrassant de nouveau.
Ses pouces glissent sur le côté de mes yeux, là où des petites rides se sont formées.
— Tu serais sexy avec des lunettes, constate ma partenaire en souriant.
— Dis que je suis un vieux ! je proteste.
J’ai quarante-quatre ans, pas soixante.
Tempérance se lève de sa chaise, elle me fait signe de me reculer un peu et monte sur mes jambes.
— Vieux mais toujours sexy.
Ses bras encerclent mon cou, elle sent contre son entre jambes, mon érection qui prend de plus en plus de place dans mon jean en sa présence.
Je la dévisage un instant, ses cheveux sont plus courts, mais toujours aussi blonds. Son expression est moins stricte et plus douce, la trentaine lui va à ravir.
— J’ai un cadeau pour toi, déclare-t-elle en fouillant dans la poche de son jean slim, tu te rappelles d’une conversation que nous avons eue, il y a quelques années ?
— On en a eu beaucoup des conversations, toi et moi.
Des bonnes et des mauvaises, des drôles et des tendus, des compliqués et des amusées. Six ans avec elle, et il faudrait que je me souvienne d’une conversation en particulier ? Elle me demande la lune.
— Mais celle-ci, elle aurait pu jouer un rôle décisif dans nos vies.
Je me fige, intrigué par ce qui va venir, je n’arrive pas à voir ce qu’elle sous-entend, alors j’attends que Tempérance me le dise, tout simplement.
Elle me montre une petite photo carrée en noir et blanc. Mes yeux s’écarquillent lorsque je la vois, je comprends ce que c’est. Il y en a quelques dans l’album de naissance de Maddy.
Tempérance sourit de plus belle en constant que je suis sous le choc, mais très heureux. La joie doit se lire sur mon visage alors que je comprends que je vais être de nouveau papa. Nous sommes en février 2019, et comme elle me l’avait promis, sa promesse a tenu.
— Tu trouvais que ma poitrine avait grossi, et je te disais non. Mais si je te disais qu’un petit Red Calvagh viendrait troubler nos nuits en juillet, qu’est-ce que tu me dirais ?
— Je te dirais que tu as tenu ta promesse, je réponds en la saisissant par les hanches.
Je nous pose à l’autre bout de la table, je me glisse entre ses jambes, mes mains sont déjà sur l’ouverture de son jean.
— Hé doucement ! rit Tempérance.
— Je suis très heureux, Silver, sincèrement. Et je t’aime.
Je me penche vers elle, ma bouche capture la sienne alors que nos mains commencent à retirer la surcharge de vêtements. Ma chemise s’en va, la sienne aussi. Il fait chaud dans le salon, la cheminé diffuse la chaleur nécessaire pour ne pas frissonner le cul à l’air.
— Et qu’est-ce que tu as dit à Cooperman ? je demande contre ses lèvres.
— Je lui ai dit que j’allais devoir calmer le terrain pour quelques mois.
— Et qu’est-ce qu’elle t’a répondu ?
— Elle a souri en me disant que j’avais de la chance d’avoir un compagnon présent pour se lever la nuit.
La garce.
Je dégrafe son soutien-gorge, ces deux petits seins pointent dans ma direction, je m’attaque à son jean que je retire en même temps que son string. Elle se retrouve nue, face à moi, et bon sang comme j’ai envie d’elle. Savoir qu’elle est enceinte de nouveau me réjouit, et emplis ma fierté de mâle.
— Tempérance Silver, tu ne veux toujours pas m’épouser ? je la questionne.
Elle se mord la lèvre en m’attrapant du bout des doigts mon menton rasé pour m’attirer contre sa bouche.
— Non, mais dis-moi encore que tu m’aimes, que tu es content, et montre-le moi sur la table, qu’on fête dignement cette Saint-Valentin.
Je baisse ma fermeture éclair et mon jean avant de grimper sur elle, et la table du salon. Je vais lui montrer tout ça et pas seulement une fois.
Nous allons faire ce que nous avons toujours aimé faire, lutter l’un contre l’autre, que ce soit sur le terrain ou dans le privée, pour ensuite succomber, et tout simplement, s’aimer.
FIN
AMHELIIE
[1] : Extrait du PETITE PRINCE d’Antoine Saint-Exupéry