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  • Fucking Love #1 - For Play - Chapitre 17

    Chapitre 17

    Dereck

     

     

    La soirée des Grabbys se termine avec un quadruplé pour FUCKING BOYS. Scarlett est heureuse comme jamais, elle va pouvoir se vanter

    Le label a raflé l’Awards du meilleur actif pour Jax, son statut de gay for play semble plaire aux jurées et ses prouesses ont été saluées. On repart également avec le meilleur solo grâce à Brooks, ce dernier nous a fait un show sur scène en récupérant son prix, un mime de branlette qui a éclaté la foule. Très différent du sourire timide de Jax.

    Nous avons eu la chance avec Jax d’être élue duo le plus hot de l’année, ex-aequo avec deux gars de MENS.

    Et pour finir, je rentre avec une statuette du meilleur newcomer pour la première fois. D’habitude, je n’étais jamais nommé. SPIT OR SMALOW a tellement d’acteurs qu’on est noyé sous la masse, et ce n’était sans doute pas plus mal étant donné l’état dans lequel j’étais.

    La cérémonie de remise des prix était des plus chaudes. L’ambiance était électrique et ceux qui se sont occupés de monter le show ont fait un sacré boulot de recherches. Ils ont diffusé des extraits de films qui ont fait monter la température. Pour notre duo, c’était un bout du plan de notre trio, lors du final. Putain j’en ai bandé comme un fou durant plusieurs minutes.

    Jax a mes côtés, me jetait des regards plus qu’équivoques. Ces dernières heures ont été folles et d’une intensité palpable. Je ne rêve que d’une chose, le coincé dans une zone discrète et lui enlever ce sourire.

    Nous n’avons presque pas dormi de la nuit, nous avons passé des heures à user du corps de l’autre entre les draps, tachant nos peaux des preuves de nos ébats. On s’est envoyé en l’air comme jamais, dans une dizaine de positions, dans la douche, sur le fauteuil de sa chambre, par terre et contre le mur. Et ce matin, alors que la journée se levait sur Chicago, on a commencé ce jour de célébration sur le balcon de sa chambre, nu, lui contre mon dos à me faire transpirer et gémir avec possessivité.

    C’était délirant et tellement bon. Jax m’a surpris comme jamais. Quand il lâche les rênes, il le fait à fond. Je ne l’aurais pas pensé si passionné en privé. À Los Angeles, il contrôle ce qu’il dit, ce qu’il pense, ce qu’il fait parce qu’il y a Sage, mais sans sa fille, Jax m’a chamboulé.

    Il est encore plus drôle que d’ordinaire et j’ai découvert quelqu’un de tendre et d’affectueux qui n’avait pas peur de montrer par des gestes, ce qu’il n’arrivait pas à dire avec des mots. Je crois que les idées fusent dans son esprit, qu’il se pose beaucoup de questions.

    Lorsque nous étions en présence des autres pour un super repas dans un restaurant branché, nous avons ri, bavardé, partagé un moment d’amitié entre potes. Chacun a raconté des anecdotes de tournages, avant ou depuis qu’ils sont affiliés à FUCKING BOYS.

    Brooks et Lake se sont montrés encore plus proches l’un de l’autre, j’ai appris qu’ils venaient tous les deux d’Angleterre, mais je n’avais pas fait le lien avec le léger accent qui peut apparaitre à certains moments.

    Ils sont partis de chez eux à dix-huit ans et j’ai cru comprendre que c’était pour des raisons qui n’étaient pas sympathiques. Ils affirment clairement qu’ils sont ensembles et amoureux, ce qui n’a pas cessé de faire rire Archer.

    Jax m’a confié que ça allait de moins en moins entre lui et Demon, mais je n’ai pas réussi à savoir pourquoi, même si j’ai déjà une petite idée en tête.

    Scarlett nous a raconté ses péripéties de réalisatrices, elle devait caster deux mecs pour former un nouveau duo et ils ont essayé de la brancher elle.

    Jax n’a pas raconté des choses extraordinaires, par exemple, son premier partenaire ne comprenait pas qu’il n’arrivait pas à bander juste en le voyant. J’ai ri aux éclats, celui-là devait avoir un sacré égo.

    Et je crois que ce qui me plait c’est son silence qui en dit long en public, les petits pics qu’on s’envoie, et les gestes volés dans l’obscurité discrètement.

    Il essaie et bordel, je suis fou. Tout comme je suis fou de lui avoir demander ce plus qui le fait flipper à cause de son passé.

    Et je suis dingue de lui avoir dit que j’étais tombé amoureux de lui, pourtant, c’est le cas.

    Mais je ne suis pas Bell, je ne suis pas une femme, et ça peut être différent. Ça l’est déjà. Je n’ai jamais vécu ça avec un homme. Cette sensation d’être possédé physiquement et intellectuellement par une personne. Jax me met dans des états de nerfs intenses, il me chamboule le restant du temps.

    C’est dangereux pour un ex-camé, mais je n’ai pas envie que ça cesse.

     

    — Bon, on salue fièrement les gars qui ont sauvé l’honneur des studios ! scande Archer en levant sa bière.

     

    Nous faisons tous comme lui. L’Hardeur est en forme, je crois qu’il n’a pas dessoulé du week-end. Brooks et Lake nous ont raconté au petit déjeuner qu’il avait fait un peep-show plutôt hot avec deux mecs de MENS, dragué la moitié des acteurs gay ou bi. Il parait qu’il a fait sensation aux deux after des studios NO LIMITS et PLEASURE. Les deux Anglais s’en sont amusés, mais Jax a tiré une sale tête.

     

    — Mais avant ça, il faut faire un toast !

     

    Archer se tourne vers Brooks qui se fait tripoter par Lake. Le brun mordille l’oreille de son partenaire qui se mord la lèvre en rougissant.

    Ces deux-là semblent insatiables.

    Mais Brooks devient subitement sérieux en voyant tous les regards dans sa direction. Archer lui jette un clin d’œil en annonçant :

     

    — À Brooks, parce que bordel, même si l’extrait n’a duré que vingt secondes, tu te branles comme un dieu !

     

    Tout le monde l’applaudit en faisant taper ses bières sur le comptoir du bar de la discothèque, la musique n’est pas assez forte pour être désagréable et beaucoup sont aller au défilé deMENS.

     

    — Et il branle comme un dieu, commente Lake en lui pinçant les fesses.

     

    Ce dernier lui lance un regard équivoque, Brooks l’attrape par la nuque pour plaquer sa bouche contre la sienne et l’embrasser avec cette passion qu’ont les gamins à peine sortit de l’adolescence.

     

    — Ils sont partis pour se tripoter toute la soirée, commente Autumn en souriant.

     

    — Tu viens quand tu veux ma belle, plaisante Lake.

     

    La petite rousse vire au rouge tomate, les mecs se moquent gentiment d’elle.

     

    — J’en connais un aussi qui astique comme personne, taquine Jax en buvant à sa bière.

     

    Je me tourne vers lui en prenant un air offusqué. Tout le monde fait de même.

     

    — Est-ce que tu t’en plein ? je souligne en attrapant sa bière.

     

    Jax me la pique de nouveau en haussant un sourcil.

     

    — Et toi ?

     

    Une tension nous gagne alors que nous nous affrontons silencieusement. Un frisson nait sur ma peau Un frisson nait sur ma peau ainsi qu’une putain d’excitation.

    Une nuit n’a pas suffi à faire redescendre ce qu’on avait emmagasiné depuis plusieurs mois.

     

    — Est-ce que notre duo de l’année aurait des choses à nous dire ? plaisante Scarlett en se glissant entre nous.

     

    Nous rompons tout contact visuel et nous nous contentons de boire à nos bières respectives. Notre réalisatrice vêtue de sa superbe robe de soirée rose moulante est magnifique, encore plus avec quelques verres, elle fait moins sérieuse.

     

    — J’exprimais les talents de mon partenaire, se contente de répondre Jax.

     

    Et moi, je me contente de vivre les siens.

    Archer nous sort de notre séquence compliments en brandissant sa bière à moitié vide et nous offre un toast digne de son taux d’alcoolémie.

     

    — À Jax et Dereck, parce que BORDEL, c’était putain d’excitant de voir l’extrait où j’ai moi-même participé, même si on ne me voyait pas. Continuez de baiser c’est un régal pour les yeux !

     

    Un rire commun nous gagne et nous poursuivons la soirée en se remémorant la cérémonie avant que la fête ne commence. Et j’apprécie le fait d’être avec des gars bien, sans drogue, sans animosité. Juste entre amis. Ça me change tellement de ce que j’ai vécu avec SPIT OR SMALOW que j’en arrive presque à baisser ma garde.

     

    ***

     

    Je percute que je n’ai pas été suffisamment prudent lorsque je me retrouve plaquer contre le mur de l’ascenseur et que des gars pénètrent après moi.

    Mon cœur s’emballe. Je mets quelques secondes à comprendre ce qu’il vient de m’arriver. L’adrénaline parcourt mon corps en un instant, mon souffle devient plus rapide lorsqu’une voix familière résonne à mes oreilles.

     

    — Dereck, enfin seul !

     

    On me retourne brutalement pour que je fasse face à mes agresseurs. Je ne suis même pas surpris de voir que Garrett et Dan me maintiennent fermement, j’essaie de me sortir de leur prise, mais ces deux enfoirés ont plus de force que moi en étant seuls.

    Bordel.

    Je tente de garder mon calme, je dévisage le réalisateur qui tente de m’impressionner en me jetant un regard noir.

     

    — Dit à tes deux sbires de me lâcher, Battle, j’ordonne.

     

    Mon ancien boss est un gars d’une cinquantaine d’années, habillé comme un mac à pute, les cheveux grisonnants brossés en arrière, un piercing à l’oreille et une barbe grise soigneusement taillée. C’est un salopard doublé d’un truand.

    Il se met à rire, retrouver les manches de sa veste de costume, puis de sa chemise et avant que je n’aie le temps de renchérit mes propos, le coup de poing dans mon ventre, part.

    Je me plis en deux, mon souffle se bloque, Garrett et Dan me tirent en arrière pour que je me redresse.

    Merde !

    Battle appuie sur le bouton de l’ascenseur pour le stopper.

     

    — Ça ne va pas durer longtemps. J’ai quelques mots à te dire. Puisque les signes que je t’ai envoyé à ton nouveau studio et à Demon ne t’ont pas suffi.

     

    Je me doutais que c’étaient eux, les investigateurs des courriels que Scarlett recevait, Jax m’en a parlé. Tout comme j’avais compris qu’ils étaient les responsables du saccage d’une partie du studio. Scarlett ne voulait pas d’ennuis, n’a jamais porté plainte. Elle aurait dû, mais la réalisatrice cultive le secret et ne veux pas faire de vagues.

    Et moi ? Je ne peux pas en parler.

    Sa voix est toujours profonde et dure à l’oreille. Il est autoritaire de nature, mais je ne suis plus le camé qu’on pouvait manipuler en lui faisant marchander une dose.

    Je résiste, et même s’il compte me tabasser, je résisterai parce que je refuse d’être faible de nouveau.

     

    — Et moi je n’ai rien à te dire, je réponds en essayant de dégager mes bras.

     

    Garrett et Dan, le grand roux aux yeux verts secoue la tête pour me dire de rester calme.

    Sinon quoi ?

    Battle ignore clairement mes propos. Il s’approche de moi sans me dévisager, comme si je n’en étais pas digne et poursuis son laïus.

     

    — Quand tu vas rentrer de Chicago, tu vas retourner chez toi et tu vas me réexpédier ma casette en prenant soin que…

     

    Je le coupe sans hésitation en riant, outré.

     

    — Non, je ne ferais pas ça. On te voit sur cette putain de casette ! On t’entend ordonner à ton enfoiré d’acteur de lui tirer une balle entre les deux yeux pour l’achever ! je hurle, furieux.

     

    Il a fait assassiner un gamin qui n’avait rien demandé et sur la vidéo filmée sans montage, on entend tout.

    Je ne lâcherai pas. Mon ancien Boss paiera.

     

    — Enfoiré, t’es foutu, j’ai une dizaine de copies remise à des gens de confiance, s’il m’arrive quelque chose, tu vas directement en taule.

     

    Je bluffe, mais j’espère être suffisamment convaincant.

    L’atmosphère dans l’ascenseur devient tendue, il baigne un sentiment de danger mêlé à la colère. Je vois mon ancien réalisateur inspirer en serrant les poings, furieux.

    Battle s’approche de moi en prenant sa démarche qui m’inquiétant avant, celle imprévisible qui ne me permettait pas d’anticiper ces gestes.

    Il attrape mes cheveux et me tire vers lui en me foudroyant du regard furieux.

     

    — Tu ne prendrais pas le risque que ton unique preuve contre moi s’altère en tentant de faire des copies. Je te connais Dereck, tu as le souci du détail et de l’authentique.

     

    Je ne me retiens pas, je lui envoie un coup de pied bien placé qui me vaut d’être sonné par Garrett qui réagit encore plus vite. Son crochet m’explose le visage avec violence. La douleur se répercute dans toute ma tête, mon souffle se coupe, ma joue me brûle et par miracle, je ne saigne pas. Mais bordel ce que ça fait mal.

    Je ne suis pas le seul à souffrir de cet interlude. Mon ancien réalisateur explose en jurant, plié en deux.

     

    — C’en est assez de ce jeu ! Tu me renvoies la casette ou je viendrai la chercher moi-même, qu’importe les risques ! Qu’importe ton frère ! Je serai prêt à faire intervenir mes amis haut placés pour régler ce problème !

     

    Silence.

    Je suis toujours bloqué contre le mur par Garrett et Dan qui a glissé son bras sous ma gorge et fais une pression suffisante pour m’empêcher de bouger à nouveau.

    Au son de sa voix furieuse, je comprends qu’il ne plaisante pas. Et j’avais raison, le plan de Vinz ne suffisait pas. Son enquête est au point mort, mais pas mes bourreaux.

    Battle m’affronte durement du regard et conclut notre échange de la façon la plus flippante :

     

    — Et avant que nous nous quittions, je tiens à ce que le message passe, histoire que tu piges que je ne plaisante plus !

     

    Il fait signer à Garrett, mon cœur s’emballe, je me demande ce que cet enfoiré va faire.

    Et je ne tarde pas à le savoir.

    Je le vois sortir de la poche de sa poche un tube semblable à une seringue pleine. Mon cerveau pige à la seconde. Mon sang ne fait qu’un tour.

     

    — Garrett, bordel, ne fais pas ça ! je lance en commençant à paniquer.

     

    Mon ex me sourit avec sarcasme. Je me débats malgré leur prise, des coups partent. Tout se passe si vite que mon esprit se déconnecte. Ma tête tape. C’est comme s’il s’arrêtait de marche quelques secondes pour encaisser le choc à venir.

    Je sens une violente douleur dans le bras, quelque chose se brise en moi. Je me débloque, et le reste suit. La peur m’envahit, doublée de la colère face à cette putain d’injustice.

    J’entends le ding des ascenseurs ainsi que les portes s’ouvrir à mon étage.

    Je respire violemment en essayant de reprendre contenance et lorsque mes yeux s’ouvrent de nouveau, je croise un regard que j’espérais ne pas voir.

    Celui de Jax.

    Il était parti se changer pour la soirée en boite de la cérémonie, son costume le mettait mal à l’aise. Au départ, j’étais parti voir s’il s’en sortait quand ma route a croisé Battle, Garrett, et Dan.

    Putain de karma.

    Tout le monde se fige en voyant Jax. Mon partenaire se raidit et à travers mon état de stupeur, je pense le voir froncer les sourcils, furieux en constatant qu’il s’est produit quelque chose de grave.

    Battle réagit rapidement cependant. Il fait signer à Garrett et il s’exécute.

     

    — A bientôt Dereck.

     

    Garrett me pousse vers la sortie de l’ascenseur, Jax m’attrape au vol, et mon ancien partenaire sélectionne un étage pour disparaitre l’instant d’après.

    Les portes se ferment, l’ascenseur disparait. Je vois trouble, je tremble, ma respiration est erratique, j’entends à peine la voix de Jax.

    Par contre, je sens ses bras qui tentent de me maintenir à flot.

    J’arrive à me dégager de sa prise, je dois m’isoler, je dois me protéger d’eux, je dois prendre une douche, me mettre en sécurité, attendre que ça passe.

    Je perds la tête.

     

    — Dereck ! Merde ! Qu’est-ce qu’il s’est passé ! Qu’est-ce qu’ils t’ont fait !

     

    Je marche comme un fou en tanguant tellement j’encaisse le choc. J’essaie de me dire que ce n’est pas possible, mais les réactions sont là : ils m’ont injecté de la drogue et elle est en train de se diffuser dans mon organisme.

    Je traverse la moitié du couloir vide d’étranger, il n’y a que Jax sur mes pas. Mes yeux me brûlent, mon corps se serre, j’ai envie de m’effondrer tellement c’est dur. Tellement la réalité me frappe de plein fouet.

    Je vais rechuter. Ils m’ont fait le pire.

    Je perds l’équilibre, je respire de plus en plus vite, je sens monter l’angoisse. Je vais exploser.

    Je m’arrête contre le mur du couloir, prend appuie contre ce dernier, j’essaie de chasser cette boule dans ma gorge, mais rien n’y fait.

     

    — Dereck…

     

    La voix de Jax n’est qu’une déchirure à l’oreille. Je le sens dans mon dos, je frissonne, je veux pas être ce type-là devant lui.

    Je tente de le repousser, mais je heurte le vide. Jax se rapproche davantage, ses mains se referment sur mes épaules, je le vois double devant moi.

     

    — Va chier Dereck, je ne te laisse pas, lance-t-il à mon oreille en me serrant contre lui.

     

    À la pression de ses bras sur moi, je m’effondre pour de bon.

    Je m’écroule sur le sol et entraine Jax dans ma chute. Je me laisse aller, assis contre le mur. L’étreinte de Jax est rompue.

    Je ferme les yeux, les larmes me brûlent à l’intérieur, mon cœur bat si vite que je crains de virer dans les paumes.

    Ce n’est pas juste.

     

    — Parle-moi, me demande Jax près de moi, dis-moi ce qu’il s’est produit avant que j’aille faire quelque chose que je vais sévèrement regretter.

     

    — Ne fais pas ça… je murmure, ne va pas te frotter à eux…

     

    Je sens son regard, mais je n’ai pas le courage de l’affronter. Je tremble de plus belle, à l’intérieur de moi, des plaies anciennes s’ouvrent de nouveau et saignent. J’ai envie d’hurler, envie que ce poison qu’ils m’ont injecté sorte, envie de tout recommencer, que cet instant n’est jamais existé.

     

    — Je ne voulais pas que tu voies ça, je souffle.

     

    Jax essaie de m’attirer contre lui, je le repousse. Des larmes de rage glissent le long de mes joues, je suis défait. Je frotte mon bras comme pour faire partir la sensation.

     

    — Je voulais tourner la page, je voulais oublier. Je voulais tout recommencer, mais ça ne fait que revenir.

     

    Ce putain de passé revient.

    Perdu dans mes pensées sombres, Jax arrive enfin à m’attirer contre lui, je me laisse faire, incapable de lutter contre lui et contre moi-même.

    Je continue de frotter mon bras en tanguant, je n’arrive pas à faire face. Je ne peux pas encaisser ce qu’il s’est produit.

     

    — Je ne suis pas quelqu’un de bien, je murmure contre lui.

     

    — Bien sûr que si.

     

    Je secoue la tête, je n’y vois rien, les larmes coulent, la peine me dévore et la violence de ce qu’il s’est passé par leur geste me rappelle ce contre quoi je me suis battue depuis des mois.

     

    — Non Jax, je ne suis pas quelqu’un de bien, je répète.

     

    — Ce n’est pas parce que tu baignais dans la drogue que tu es quelqu’un de mal, m’explique Jax en essayant de m’attirer plus à lui.

     

    Je m’accroche à sa veste, il ne comprend pas. Il ne comprend pas que la drogue ce n’est rien à côté de ce qu’on m’a fait faire pour ça. Je ne suis qu’un putain de monstre qui a tourné des choses affreuses pour le fric, pour une dose. Et aujourd’hui, je paie cher ma liberté parce que je veux dénoncer ce système qui a entretenu mes vices.

     

    — Dereck, parle-moi… continue Jax.

     

    — J’ai fait une grave erreur en voulant entrer dans ta vie, je marmonne d’un air absent, je suis un camé, un putain de mec qui ne méritent pas tout ça.

     

    — L’erreur que tu fais, c’est en disant de pareilles conneries, répond Jax avec sérieux.

     

    Je ferme les yeux, l’eau salée continue de brûler mes joues. Mon partenaire me secoue, je ne réagis pas, je me balance en laissant échapper des sanglots de plus en plus bruyants. Je ne me reconnais pas. J’ai l’impression d’avoir fait un bon dans le temps.

     

    — Merde qu’est-ce qu’on t’a fait pour qu’on arrive à te mettre dans un tel état ?

     

    Le ton de la voix de Jax ne cache pas son inquiétude. Je tente de m’exprimer du mieux que je peux. Mon partenaire est juste devant moi, je le vois flou, mais je sens ses mains essuyant les larmes brûlantes.

     

    — Ils m’ont injecté quelque chose. Ils m’ont injecté de la drogue bordel… je délire.

     

    — Dereck, laisse-moi faire.

     

    Jax essaie de me sortir de mon état de transe. Il tente de retirer ma main de mon bras pour voir, mais je continue.

     

    — Je n’ai rien pris depuis des mois… je gémis malade à l’idée qu’ils aient gâché ça.

     

    Je fais cette terrible constatation, mon travail sur moi-même est parti en fumée. Je suis tellement paniqué à l’idée de ce qu’ils m’ont injecté dans l’organisme.

    Héroïne ? Pire ?

    Jax arrive à retirer ma veste et à soulever mon t-shirt gris. Je sens sa main sur moi et la nausée me gagne. Je sais ce qu’il va voir et ce qu’il va comprendre ensuite.

    Je ne suis qu’un camé.

     

    — Dereck, regarde-moi, me presse-t-il avec calme.

     

    Jax pose son front contre le mien. Sa main libre se fourre dans mes cheveux, il embrasse ma peau brûlante en essayant de m’apporter la paix.

     

    — Il n’y a aucune trace d’injection. Ce n’est qu’une illusion. Ils ont fait semblant, m’explique-t-il sur un ton compatissant.

     

    Ses doigts touchent de nouveau mon triceps, comme pour me prouver qu’il n’y a pas de zones meurtries. Je ne ressens rien, pas la sensation qu’on a sur la peau lorsqu’une aiguille nous la transperce. Juste le toucher tendre de mon partenaire qui cherche par n’importe quel moyen de m’aider.

     

    — Ils ne t’ont rien fait de ce côté-là, m’assure Jax d’une voix serrée.

     

    Je ferme les yeux en me laissant aller, et pour la première fois depuis des mois, des sanglots brûlants glissent le long de mes joues dues au soulagement. Le déchirement résonne. Ils ne m’ont pas injecté une merde, ils ne m’ont pas fait replonger.

    Je sens le regard désarmé de Jax sur moi. Il doit me prendre pour un fou, il doit ne pas comprendre comment un gars comme moi, Dereck – Blacks – Cole, si fort, je me retrouve à 31 ans, à me taper une crise de panique telle un enfant.

    La peur m’a tellement dévoré l’espace d’un instant que j’ai cru être de nouveau tombé. J’ai vu défiler ses premières semaines de sevrages ignobles où le manque me tordait les tripes parce que la drogue me manquait et parce que j’avais atteint des limites sans retour. Je n’ai jamais touché à l’héroïne, mais tout le monde sait que c’est ce qu’il y a de pire pour un ancien camé. Quand j’ai vu Dan sortir cette seringue, j’ai compris que j’étais foutu. Le travail que j’avais fait sur moi allait partir en fumée et je devrais quitter ma place chez FUCKING BOYS, rappeler mon frère et me faire interner pour recommencer.

    Je pleure silencieusement en séchant d’un geste brusque les larmes salées sur mon visage. Jax m’attire contre lui, je ne résiste pas.

    Je ne veux pas être cet homme-là.

    Pourtant Jax n’en a rien à faire. Assis en plein milieu du couloir, il me serre contre lui en caressant mes cheveux et en embrassant ma tempe. Je trempe sa veste en m’agrippant à elle. Mon corps tremble. Je suis sous l’emprise de la peur et de l’adrénaline qui redescend. 

     

    — Je suis là, même si je ne comprends pas, je suis là, chuchote mon partenaire à mon oreille.

     

    Des gens passent devant nous, mais ne nous prêtent pas attention. Je crois qu’un regard noir de mon compagnon leur suffit à poursuivre leur route.

    J’ignore combien de temps nous restons ainsi, mais en voyant que je ne me calme pas, Jax réagit. Il se redresse, sort de la poche arrière de son pantalon de costume sa carte magnétique pour ouvrir la porte. J’entends à peine le clic de l’ouverture de sa chambre.

    Je ressemble à un putain de pantin qui n’y voit rien. Jax me tire par le bras pour que je me relève et me prends dans les siens en me soulevant. Il glisse mes jambes autour de sa taille, je me tiens à son cou en me blottissant contre lui telle une âme en peine. Mon partenaire me serre contre lui en nous faisant pénétrer dans sa chambre. La pénombre nous accompagne, fidèle compagne de mon état d’esprit.

    Jax nous porte jusqu’au lit, où il nous y allonge. Mon corps sent à peine le matelas et l’odeur légère de l’acteur dans les draps. Il se glisse dans mon dos et me serre contre son torse. Ses bras musclés m’enserrent avec force. Ma vue se brouille de plus belle et je n’arrive pas à résister au choc. Je sombre, pour ce soir, je m’autorise à lâcher du lest.

    C’était censé être le week-end déboire, où nous aurions dû nous chauffer à danser dans toutes les soirées, nous amuser ensemble avec Jax et les mecs. Mais ça ne s’est pas passé ainsi ce soir.

    Le passé m’a rattrapé au moment où j’aurai voulu penser à l’avenir seulement. Si je suis fort pour affronter n’importe quoi, quand il s’agit de ça, je ne me reconnais pas.

    Je ferme les yeux en m’agrippant au bras de Jax. Je n’arrive pas à lui faire face alors qu’il tente de me tirer vers lui. Je doute d’avoir le courage de l’affronter, de lire le doute et l’inquiétude.

     

    — Je suis là, répète Jax en embrassant ma nuque, et ça va aller Dereck, je te le promets.

     

    Nous sommes restés là, blottis l’un contre l’autre durant un long moment avant que je m’endorme. Mon partenaire a calmé ma crise de panique lentement, chassant ma peur par le réconfort de ses mots et la chaleur de son corps. Ça m’a vaguement rappelé une nuit similaire lorsque mon amant était dans un sale état à son tour.

    Jax n’a pas posé de questions même s’il en avait. Il n’a pas essayé de comprendre pourquoi mon ancien label avait essayé de m’agresser, il n’a pas demandé les raisons qui pouvaient m’amener à avoir de telles emmerdes. Il a été là. Et l’espace d’un instant, je me suis rendu compte ce que ça faisait d’être réellement avec quelqu’un.

     

    AMHELIIE